mercredi 2 octobre 2024

Comment l’URSS a-t-elle retiré ses troupes d’Europe de l’Est ?

 

par Boris Egorov.

Le retrait des troupes soviétiques d’Allemagne a été la plus grande opération militaire de l’histoire menée en temps de paix.

Les contingents militaires que l’URSS détenait en Europe de l’Est à la fin des années 1980 étaient impressionnants. Environ un demi-million de soldats (sans compter les centaines de milliers de civils), plus de 9 000 chars, 5 800 pièces d’artillerie, 12 000 véhicules de combat, 1 700 avions militaires, 700 hélicoptères et des systèmes de missiles tactiques étaient déployés en RDA, en Hongrie, en Pologne et en Tchécoslovaquie.

Le retrait des troupes russes d’Estonie. Le dernier navire russe dans le port de Miinisadam, près de Tallinn. Anatoli Morkovkine/TASS

Les changements fondamentaux dans la vie politique de l’Union soviétique, et plus tard des États d’Europe de l’Est, ont cependant complètement bouleversé le système établi de relations entre Moscou et ses alliés de l’organisation du Pacte de Varsovie, allant jusqu’à remettre en question l’existence même de l’« OTAN soviétique ».

Retrait des troupes de l’ancienne URSS du territoire de la Lituanie. Une unité de défense aérienne. Alguirdas Sabaliaouskas/TASS

Les dirigeants soviétiques, agissant dans l’esprit de la perestroïka, du désarmement et de la normalisation des relations avec l’Occident, ont répondu aux demandes de leurs partenaires du bloc de l’Est de se retirer de leurs territoires. En conséquence, en 1989-1990, l’Union soviétique a discuté avec chaque pays de la manière dont ce processus allait se dérouler, des modalités et de la durée de celui-ci.

Retrait des troupes de Lettonie. Un échelon se préparant au départ vers la Russie. Anatoli Morkovkine/TASS

Les premières unités du Groupe des forces Sud (avec un total de 70 000 hommes) ont commencé à quitter la Hongrie en juin 1989. « Le Groupe Sud a été facile à retirer, a témoigné le colonel général Matveï Bourlakov. L’Union soviétique était encore là. Les soldats, bien sûr, se sont précipités chez eux. Il était plus facile de servir dans l’Union qu’en Hongrie. Là-bas, nous ne les laissions pratiquement pas sortir des casernes. Une excursion à Budapest et aussitôt de retour à la caserne ».

Retrait des troupes du territoire hongrois. Miroslav Louzetski/Sputnik

Le retrait du Groupe des forces central (92 000 soldats) de Tchécoslovaquie a commencé le 26 février 1990 et s’est déroulé en trois étapes, soit en un an et demi. Lorsque les premiers échelons avec les chars soviétiques se sont étendus de la ville de Frenštát, en Moravie du Nord, jusqu’à l’URSS, des centaines de journalistes du monde entier se sont rassemblés. « Nous pensions que les Tchèques jetteraient des malédictions sur les « occupants », leur jetant des tomates pourries, s’est souvenu Stanislav Pogorjel, colonel à la retraite de l’armée tchécoslovaque. Mais au final il y a eu un rassemblement émouvant, avec un orchestre, des fleurs, des mots d’adieu chaleureux ».

Retrait des troupes soviétiques de Tchécoslovaquie, 1989. Les pionniers d’une école locale font leurs adieux chaleureux aux soldats soviétiques. TASS

Le 8 avril 1991, le retrait du Groupe des forces Nord (45 000 hommes) de la Pologne a débuté, et s’est terminé en septembre 1993. De cette manière, les derniers soldats arrivés chez eux n’étaient déjà plus considérés comme des soldats de l’armée soviétique mais de l’armée russe.

V. Kisseliev/Sputnik

Le Groupe des forces Ouest, stationné en Allemagne, était considéré comme le plus important de tous en Europe. En 1990, il comptait, entre autres, plus de 300 000 soldats, 200 000 civils, 5 000 chars et 1 700 hélicoptères et avions. Le retrait d’un si grand nombre de personnes et d’équipements a été la plus grande opération militaire de l’histoire en temps de paix.

Chargement de matériel militaire dans le port de Rostock, dans le cadre du retrait des troupes soviétiques d’Allemagne. Boris Babanov/Sputnik

Ayant reçu l’ordre de retirer les troupes, le commandant du groupe, le général Boris Snetkov, a refusé de s’y conformer : « Je ne retirerai pas le groupe ! Le maréchal Joukov a fondé le Groupe des forces d’occupation soviétiques en Allemagne, créé par d’éminents commandants, et moi, le quinzième chef, je vais le retirer ? Je ne le ferai pas ! ». Pour cela, il a été démis de ses fonctions et remplacé par le colonel général Matveï Bourlakov, qui avait auparavant dirigé le Groupe Sud.

Retrait des troupes soviétiques de RDA. Iouri Abramotchkine/Sputnik

Le retrait des troupes d’Allemagne a pris fin en 1994. Les dirigeants des deux pays ont décidé de célébrer solennellement l’événement, et le 31 août au parc de Treptow, près du monument au soldat libérateur soviétique, avec la participation du président russe Boris Eltsine et du chancelier allemand Helmut Kohl, s’est tenu un dépôt conjoint de couronnes de fleurs par les soldats de la Bundeswehr et de l’armée russe.

Retrait des derniers soldats russes en Allemagne, en 1994. TASS

« Pendant quarante-neuf ans de présence de nos troupes en Allemagne, nous n’avons jamais effrayé personne, mais personne ne nous faisait non plus peur. En tant que groupe le plus puissant des forces armées soviétiques et russes, le Groupe Ouest a honnêtement rempli sa mission historique d’assurer la paix et la stabilité en Europe. On ne sait toujours pas comment la paix d’après-guerre se serait développée sans les troupes soviétiques en Allemagne, en Tchécoslovaquie, en Hongrie et en Pologne », a déclaré Bourlakov.

Iouri Abramotchkine/TASS

illustration : Retrait des unités militaires soviétiques du territoire de la RDA. Rassemblement dans la ville de Wittenberg consacré au départ du premier échelon de chars soviétiques, le 5 décembre 1979.
Iouri Abramovitch/Sputnik

source : https://fr.rbth.com

https://reseauinternational.net/comment-lurss-a-t-elle-retire-ses-troupes-deurope-de-lest/

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