vendredi 31 mars 2023

Histoire des Sioux, des siècles de liberté à la réserve (George E. Hyde)

 

George Elmer Hyde (1882-1968) était le “doyen des historiens amérindiens”. Il a écrit de nombreux livres de référence sur les tribus indiennes, en particulier les Sioux et les Pawnee, ainsi qu’une mémorable biographie du guerrier cheyenne George Bent qui avait combattu dans l’armée confédérée. Ses ouvrages ont la particularité précieuse d’avoir été rédigés non seulement sur les sources écrites et archives que personne n’avait jusque là pensé consulter mais aussi sur les témoignages directs que l’auteur a recueillis auprès d’Indiens qui ont vécu les dernières décennies de la fin d’un monde.

Les éditions du Rocher viennent de rééditer en un gros volume de plus de mille pages sa célèbre trilogie sur l’histoire des Sioux, à laquelle il consacra des dizaines d’années de sa vie à la façon d’un travail de bénédictin. Il s’agit là d’un indispensable ouvrage pour quiconque s’intéresse véritablement aux Indiens d’Amérique.

Hyde y laisse deviner l’affection qu’il éprouve pour ces Indiens. Il dresse dans son intégralité l’histoire des Sioux dont les gens ne connaissent généralement que les noms de Sitting Bull, de Crazy Horse et de la bataille de Little Big Horn. Il retrace l’évolution du peuple sioux des origines jusqu’à son confinement dans une réserve imposé par le gouvernement des Etats-Unis dont la politique à l’égard des Indiens contribua à l’éclatement de ce groupe.

Tout est passé au crible, les faits et les hommes. Rien ni personne n’est épargné : l’indiscipline des jeunes guerriers qui fit échouer au dernier moment les plans savamment élaborés par les chefs, les graves erreurs commises par les Indiens souvent dues à l’incompréhension, à de mauvaises traductions (souvent volontaires) d’interprètes protégeant certains intérêts, les querelles d’ego entre chefs et/ou guerriers de haut rang, la politique indienne des Blancs, de l’armée, les comportements des colons, des pionniers, des chasseurs de bison, des agents de réserve et surtout la notable nuisance des “Amis des Indiens” qui avec leurs “bons sentiments” n’ont eu de cesse que de briser le pouvoir des chefs mettant ainsi à bas les structures tribales et réduisant à néant une civilisation qu’ils prétendaient “protéger” en instaurant l’illusion démocratique.

Histoire des SiouxGeorge E. Hyde, éditions du Rocher, collection Nuage rouge, 1054 pages, 36 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

https://www.medias-presse.info/histoire-des-sioux-des-siecles-de-liberte-a-la-reserve-george-e-hyde/141811/

Histoire mondiale des impôts, avec Éric Anceau

jeudi 30 mars 2023

Bonaparte comme précurseur, de Fabrice Bouthillon

 

Bonaparte comme précurseur, de Fabrice Bouthillon

Avec son récent essai Bonaparte comme précurseur, Fabrice Bouthillon, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bretagne occidentale, poursuit l’une des réflexions centrales de son triptyque L’ironie de l’histoire consacré à la genèse des grands totalitarismes du XXe siècle.

Jusque-là, à travers une analyse successive du communisme soviétique (Brève histoire philosophique de l’Union soviétique, 2003), du républicanisme français (L’illégitimité de la République : Considérations sur l’histoire politique de la France au XIXe siècle, 2005) et du national-socialisme (Nazisme et révolution : histoire théologique du national-socialisme, 2011), l’historien des idées a tenté d’analyser les grandes dynamiques politiques du monde contemporain en les faisant remonter aux grandes ruptures entamées par la Révolution française. Cette fois, c’est à Napoléon Bonaparte qu’il consacre un ouvrage, car, comme l’annonce déjà le titre (et l’image de couverture), c’est en lui qu’il voit la préfiguration des dictateurs du XXe siècle.

Qu’on ne s’y trompe pas. Si l’on ne peut pas suspecter l’auteur de nourrir des sympathies pour l’Empereur, son livre ne se donne pas pour objectif de déboulonner les statues ou de procéder à un réquisitoire contre un mythe national. On doit au contraire saluer le ton dépassionné avec lequel l’auteur avance ses thèses. De fait, dans cette étude, la personne de Bonaparte ne joue qu’un rôle mineur, et il ne saurait être question d’une quelconque responsabilité morale envers les développements historiques ultérieurs. Ce qu’analyse Fabrice Bouthillon, c’est d’abord Napoléon en tant que phénomène politique, et partant, c’est du bonapartisme bien plus que de Bonaparte dont il est question.

L’auteur accorde la place centrale à sa thèse des deux centrismes, déjà évoquée par le passé, et qu’il expose ici comme une réfutation de la traditionnelle conception de la droite proposée par René Rémond. En effet, Fabrice Bouthillon considère que seule la tendance légitimiste peut être considérée comme une droite authentique, produit de la polarisation politique dont a accouché la Révolution française. Avec cette dernière, c’est un clivage irréconciliable qui a vu le jour, entre une gauche idéaliste, tendant à l’universel, à la démocratie, à l’égalité des individus, et une droite de la coutume, attachée au local, aux hiérarchies, rétive aux projections spéculatives – pour reprendre les termes de l’auteur, « la propension du progressiste au système, du conservateur au particulier ». L’orléanisme et le bonapartisme, quant à eux, plutôt que des courants de la seule droite, formeraient en réalité deux centrismes, opposés l’un à l’autre. L’orléanisme est conçu comme un centrisme par exclusion des extrêmes, c’est-à-dire une tendance modérée, rejetant à la fois les tendances les plus affirmées du progressisme et du conservatisme, dans le but d’aboutir à un consensus. Le bonapartisme est conçu quant à lui comme un centrisme par addition des extrêmes. En toute logique, il est à la fois plus à gauche et plus à droite que l’orléanisme.

Ainsi, là où le Directoire formait la préfiguration du centralisme orléaniste, le Bonaparte s’est imposé pour mettre un terme à la guerre civile ouverte par la Révolution entre la gauche et la droite grâce à un régime d’autorité, avec le retour à une hiérarchie forte, tout en intégrant nombre d’éléments du jacobinisme dont il était le produit, asseyant notamment sa légitimité sur l’instauration directe d’un lien entre le pouvoir suprême et le peuple sous la forme du plébiscite, reproduit ensuite par Napoléon III.

C’est donc cette option politique, d’un centrisme par addition des extrêmes, que Fabrice Bouthillon met en relation avec les régimes dictatoriaux du XXe siècle : « la vague des totalitarismes de l’entre-deux-guerres a été une seconde mouture de ce qu’avaient été en leur temps les deux bonapartismes, et ce, parce que les uns et les autres faisaient face au même défi politique : trouver une solution à la séparation révolutionnaire de la Gauche et de la Droite, après l’échec en la matière des centrismes par exclusion des extrêmes. » Le développement du régime et sa relation à la guerre (les parallèles entre le 1er Empire et le IIIe Reich sont particulièrement frappants, et pas seulement à l’égard de la campagne de Russie), le rapport des différents régimes à l’Église, la référence à l’idée impériale héritée de Rome, mais aussi la filiation concrète d’une politique de dépassement de la gauche et de la droite via le Second Empire et le boulangisme français, apportent une argumentation solide à la théorie d’une généalogie du césarisme autoritaire, dont Bonaparte forme le précédent historique.

L’auteur, par goût des formules qui font mouche, a certes tendance à forcer le trait de son argumentation, ce qui ne joue pas toujours en sa faveur (le sous-titre « Rapport sur la banalité du mâle » le montre bien, la dimension virile du bonapartisme occupant tout au plus une place anecdotique dans l’ouvrage). Des libertés que tendent cependant à effacer les véritables morceaux de bravoure qu’il livre, lorsqu’il expose la relation du premier bonapartisme à l’Église sous la forme d’une analyse minutieuse du Sacre peint par David, ou quand, dans le dernier chapitre, il sonde le thème de la colère dictatoriale à l’exemple de la relation orageuse entre l’Empereur et Chateaubriand, pour ne citer que deux perles dans un livre qui en compte beaucoup.

Ce qui semble plus problématique, c’est le cadre général dans lequel Fabrice Bouthillon a souhaité inscrire sa thèse. Une fragilité de taille, qui le conduit plus d’une fois à recourir à des généralisations préjudiciables, par exemple lorsqu’il étend la « bégayante répétitivité du phénomène totalitaire » des Pharaons d’Égypte à Hitler, en passant par César, Napoléon ou encore Staline. Et la tentation à établir de grands arcs métahistoriques, sursollicitant les analogies et des références formelles, n’est ici que partiellement responsable. On ne peut s’empêcher de penser que la remise en cause de la définition rémondienne des droites aurait aussi pu être l’occasion de soustraire cette réflexion à l’encombrante terminologie des totalitarismes, à laquelle était déjà adossée son triptyque, sous-titré a posteriori « Pour une grammaire du phénomène totalitaire ». Mais on comprend que l’usage du concept est aussi une manière pour l’auteur de placer le stalinisme parmi les héritiers de l’expérience bonapartiste. Une association qui, précisément, pose problème à plusieurs égards, surtout si l’on prend au sérieux la thèse du centrisme par addition des extrêmes.

Car le stalinisme ne peut qu’à grand-peine être compris comme le résultat d’une réunion programmatique, ni même historique, de la droite et la gauche. Bien au contraire, le régime de Staline est le produit d’un triomphe absolu et définitif d’un extrême, au moyen d’une élimination totale de l’autre. La forme dictatoriale et nationale du communisme stalinien, les raisons endogènes de l’idéologie mises à part, semble être en effet bien plus le fait des nécessités que présentait le maintien répressif de ce monopole idéologique que d’un choix doctrinal consistant à lui adjoindre une dimension de droite, dans l’espoir de dépasser un clivage qui, du fait même des politiques d’épuration, n’existait plus. Il en va bien sûr tout autrement pour le fascisme italien et le national-socialisme, qui portent dans leur doctrine, tout comme dans la condition d’arrivée au pouvoir, la volonté de rendre inopérants les clivages internes à la nation par la réunion de tendances opposées.

Une fois ces réserves exprimées, on n’en ressort que plus convaincu de l’intérêt qu’offre la thèse de l’auteur. Une thèse susceptible de compléter, et peut-être de rééquilibrer celles d’Ernst Nolte, auxquelles on a souvent reproché l’importance quasi exclusive accordée au maurrassisme comme première forme du fascisme en France. En recentrant cette filiation sur la tradition bonapartisme, qui comprend notamment l’aventure boulangiste, de nouvelles perspectives viennent inévitablement à s’ouvrir.

Fabrice Bouthillon, Bonaparte comme précurseur. Rapport sur la banalité du mâle, Brest, éditions Dialogues, 2020, 295 p.

https://institut-iliade.com/bonaparte-comme-precurseur-de-fabrice-bouthillon/

Les grands enjeux du XXe siècle [3/3], avec Florian Louis

Tyrans d’Afrique : les mystères du despotisme postcolonial (Vincent Hugeux)

 

Vincent Hugeux a passé plus de trois décennies à traiter les sujets africains pour différents médias. Il enseigne aussi à Sciences-Po et avait déjà publié chez Perrin un ouvrage historique consacré aux Reines d’Afrique. C’est à nouveau chez Perrin qu’il vient de signer Tyrans d’Afrique.

Plusieurs nations africaines ont soufflé les 60 bougies de leur indépendance. Mais qu’ont-elles à célébrer ? Dès les premières heures du nouvel âge sont apparus de nouveaux fléaux. A commencer par l’insatiable appétit de pouvoir de chaque Caligula subsaharien, toujours prêt à jeter opposants et rivaux au fond d’un puits, d’un cachot, d’une fosse commune, à moins qu’il ne les ait livrés à la torture, à la potence, au peloton ou aux crocodiles. Il faut aussi parler des faveurs accordées à l’ethnie du chef ou de la “privatisation de la mangeoire” par la famille présidentielle et son clan.

Ce livre nous fait (re)découvrir une galerie de personnages sanguinaires, cruels, sadiques. Egocrates africains, bouffons despotes, versatiles imprévisibles, caricatures vivantes rassemblant tous les défauts des hommes détenant le pouvoir qui rend fou. On sourit à la lecture des foucades et de la vanité puérile d’un Bokassa. Mais que dire des lubies et de la brutalité d’un Amin Dada ou d’un Robert Mugabe ? Les tyrans africains qui nous sont présentés ont été capables de tous les excès : cupidité illimitée, accaparement sordide des proies sexuelles y compris les femmes de leurs ministres, prétentions messianiques, violences extrêmes et même cannibalisme pour certains !

Cet ouvrage souligne aussi qu’on ne peut pas comprendre l’Afrique et ses tyrans sans tenir en compte que la nuit venue ceux-ci s’en remettent souvent aux présages d’un marabout ou à des rites de sorcellerie. Le livre rappelle qu’il fut un temps où trouver un féticheur à Brazzaville pendant le Congrès du Parti congolais du travail, formation convertie à la logomachie marxiste-léniniste, relevait de l’exploit. Logique : toute la corporation hantait alors les couloirs de la réunion, louant ses services aux apparatchiks avides de se blinder contre une éventuelle disgrâce. Comme bien d’autres de ses homologues africains, le Camerounais Paul Biya quémandait tour à tour les conseils d’un prêtre catholique, d’un sorcier vaudou, d’un occultiste rosicrucien et d’un rabbin kabbaliste.

L’Afrique est capable de tous les syncrétismes entre les croyances les plus opposées et les plus improbables. On y passe de la magie au christianisme, du christianisme à l’islam, de l’islam à la franc-maçonnerie…

Au final, tout le discours anti-colonialiste vient se fracasser contre cette terrible réalité : les Africains n’ont jamais tant été asservis que par d’autres Africains.

Tyrans d’Afrique, Vincent Hugeux, éditions Perrin, 416 pages, 23 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

https://www.medias-presse.info/tyrans-dafrique-les-mysteres-du-despotisme-postcolonial-vincent-hugeux/141949/

Rome : aux origines de la domination méditerranéenne, avec Pierre-Luc Br...

mercredi 29 mars 2023

De la théologie politique américaine 3/4

  

◊ b) En conséquence de l’universalisation de l’inté­rêt na­tio­nal américain et de sa légitimation transna­tio­nale dans les institutions servant de façade de supra-légitimité, survient la délégiti­mation visible des intérêts natio­naux d'autres pays. Du fait de la doctrine Mon­roe, les pays latino-américains se virent dénier tout intérêt national distinct ou opposé à celui américain, bien qu'une analyse his­torique objective montre clairement que l’authentique intérêt na­tio­nal de ces pays est op­po­sé, en règle générale et par nécessité, à l’intérêt national des États-Unis. L’effet de la Doctrine Mon­roe fut de contraindre ces pays à cesser d’exister po­li­tiquement, en devenant des protecto­rats et des nations captives au vrai sens du ter­me.

◊ c) Avec le Pacte Briand-Kellog, les États-Unis amor­cèrent l’étape suivante dans la globalisa­tion de leur théologie politique. Les guerres me­nées pour des intérêts nationaux diffé­rents de ceux des États-Unis sont dénoncées comme des “guerres d’agression”, tan­dis que les guerres agressives me­nées par les États-Unis sont considérées comme des “guerres justes”. Les réserves américaines concernant le Pacte de Kellog revêtent une im­portance particulière : les États-Unis se ré­servent le droit d’être seuls juges de ce qui constitue une guer­re d’agression. La doctrine américaine de reconnais­sance et de non-re­con­naissance des États est éga­le­ment signifi­ca­tive : les États-Unis se réservent le droit d’être seuls juges pour décider quel État doit être reconnu ou non et les raisons pour reconnaître un État sont son adéquation aux intérêts nationaux des États-Unis. Pour constater à quel degré d'absurdité dangereuse mais aussi grotes­que cela peut me­ner, serait éloquent l’exemple historique de la non-reconnaissance par les États-Unis de la Chine après 1949, alors qu’ils re­connaissaient le régime fantoche de Tchang Kaï-chek qu’ils avaient installé et contribué à main­te­nir. Les États-Unis ont utilisé leur doctrine de non-reconnaissance, bloquant l’admission de la Chi­ne aux Nations Unies, dans le but précis de sa­boter cette organisation et aussi plus concrètement pour s’assu­rer, par cet ar­tifice, deux sièges au Conseil de Sé­curité des Na­tions Unies, la Chine de Tchang Kaï-chek leur étant dévotement inféodée.

◊ d) L’appropriation idéologique du concept de guer­re — et des principes de reconnaissance et de non-recon­naissance — conduit également à la dés­hu­manisation médiatique des adversaires de l’Amérique : d'ennemi qui défend des inté­rêts nationaux équivalents, il est devenu un paria international.

◊ e) La conséquence finale du développement de la théo­logie politique américaine est l’identifi­ca­tion du droit international — le Droit des Na­tions — avec le sy­stème de l’impérialisme amé­ri­cain. Car la source de ce droit n’est, dans le “Nouvel Ordre mondial”, plus rien d’autre que la volonté géo­politique et stratégique des États-Unis. Un tel “droit international” n’est assurément plus le Droit des Nations, au sens classique et habi­tuel du terme, mais bien le droit du pays le plus fort — une incarnation de l’hégémonie et de l’ex­pansionnisme amé­ricains. Dans le “Nouvel Ordre mondial”, l’intérêt national des États-Unis a été universalisé jusqu’à être l’intérêt de la communauté internationale. En outre, les États-Unis eux-mêmes, en tant que sujet transnational et omnipotent, ont été universalisés, sans pourtant cesser d’être eux-mê­mes et rien qu’eux-mêmes, en tant que représentant sans médiation la communauté mondiale elle-même.

Les autres États n’existent plus que comme entités non politiques

La théologie politique américaine est intrinsèquement incom­pa­tible non seulement avec le principe d'égalité des États et celui de leur souve­rai­neté, mais aussi avec toute or­ganisation entendant tenir un rôle international véritable, telle que les Nations U­nies. Dans le “Nouvel Ordre mondial”, un État n'a droit d'exister seulement comme entité non-po­li­tique ; les prérogatives de toute instance po­li­tique concrète, telle que définies par la ter­mi­nologie de Carl Schmitt, sont réservées uniquement aux États-Unis, de même que le droit afférent de les exercer. Et une organisation internationale ne peut exister que si elle n’est plus rien d’autre qu’un équivalent fonctionnel de l’Organisation des É­tats A­méricains (OAS soit Organization of American States), à savoir seulement une façade multilatérale pour la lé­gitimation de la volonté hé­gémonique américaine.

L’hi­sto­rien britannique Ed­ward Hallet Carr (1892-1982), dans son livre, The Twen­ty Years’ Crisis – 1919-1939, publié pour la première fois en 1939, remarqua que, peu avant l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, dans un dis­cours au Sénat sur les objectifs de la guerre, le Pré­sident Wilson, expliquant d'abord que les États-Unis avaient été « fondés pour le bien de l’hu­ma­nité » (16) (sic !), affirmait catégori­que­ment : « Ce sont des principes américains, ce sont des politiques amé­ricaines… Ce sont les principes du genre humain et ils doivent pré­valoir » (17). Carr souligne qu' « on observe que des dé­cla­rations de ce genre proviennent presque exclusivement d’hommes d’État et d’é­cri­vains anglo-saxons. Il est vrai que lors­qu’un éminent natio­nal-socialiste affirmait que "tout ce qui bénéficie au peuple al­lemand est juste, tout ce qui cause du tort au peu­ple allemand est mauvais", il pro­posait qua­siment la même équation entre intérêt na­tional et droit universel que celle déjà établie par Wilson pour les pays de langue an­glaise ».

Les deux explications de Carr : mystification idéologique et impérialisme culturel

Carr donne deux explications alternatives à ce pro­ces­sus d’universalisation d'un intérêt na­tional particu­lier. La première se re­trouve fréquem­ment dans la littérature poli­ti­que des pays continen­taux : elle avance que les peuples de langue anglai­se sont passés maîtres dans l’art de dissimuler leurs intérêts na­tionaux égoïstes sous le masque du bien général, et que ce genre d’hy­­po­crisie est une particularité spéciale et carac­té­ristique de l'esprit anglo-sa­xon. La seconde explication est plus sociolo­gi­que : les discours théoriques sur la moralité sociale sont tou­jours le pro­duit d’un groupe dominant, qui s’i­dentifie d’emblée à la communauté dans son ensemble et qui pos­sède des facilités déniées aux groupes ou individus subordonnés pour imposer sa vision des choses à la communauté. Les théories de la moralité internationale sont, pour les mê­mes rai­sons et en vertu du même processus, le produit des nations ou groupes de nations dominantes. Durant les cent dernières années, et plus particulièrement de­puis 1918, les nations de lan­gue anglaise ont formé le groupe dominant dans le monde ; les théories actuelles de moralité inter­na­tio­na­le ont été conçues par eux pour perpétuer leur suprématie et se sont généralement d’a­bord ex­primées dans l’idiome qui leur est pro­pre (18).

Le vocabulaire de l’émancipation

Autre aspect important de la théologie politi­que : la pratique de mythifier et d’idéaliser l’ex­pansionnisme américain pour en faire une mo­ralité internationale u­ni­verselle. Quelles sont les caractéristiques de la my­thologie uni­ver­saliste ? C’est de transformer la si­gni­fication de la réalité politique classique pour n’en faire qu’une illusion répres­sive et ainsi vider de sens et de lé­gitimité tout discours [politique] ou tout acte de ré­sistance  attenant. En d’au­tres termes, la my­tho­logie universaliste con­siste toujours à confisquer le réel, à l’é­liminer et à l’évacuer. Dans ce contexte, tout discours politique solidement construit, voire tout acte de ré­sistance, refusant cette logi­que universaliste, offrent peu de ré­sistance, car leur contenu s'est vu neutralisé. Pour pa­raphraser Roland Barthes (19), la théologie politique est expansive ; elle s’invente el­le-mê­me sans cesse. Elle s'empare de tout ce qui compte pour elle, aussi bien des aspects des relations internationales, de la di­plomatie, que du droit international. Les pays opprimés ne sont rien : ils ne peuvent produire qu’un seul langage, celui de leur é­mancipation le cas échéant, or cette éman­cipation a par avance déjà été dé­légitimée. L’oppres­seur, en l’oc­cur­rence les États-Unis, sont tout, son langage politico-théologique a été élevé au rang de dog­me. En d’autres termes, dans le cadre de la théo­logie politique, les États-Unis ont le droit exclu­sif de produire un méta-langage, celui qui vise à pérenniser l’hégémonie américaine. La théo­logie politique, en tant que mythe, nie le caractère empirique de la réa­lité politique. Par conséquent, toute résistance à celle-ci se doit de reprendre à nouveaux frais la réalité em­pirique et de l'émanciper.

À suivre

CFR : Le think tank privé qui contrôle les États-Unis

 

Pour ce premier numéro de notre nouvelle Lettre Confidentielle, Pierre-Antoine Plaquevent vous livre une analyse détaillée du CFR, le Think Tank le plus influent des États-Unis :

Le CFR (Council on Foreign Relations) est l’un des plus anciens think tanks états-uniens.

Il regroupe certaines des personnalités les plus importantes du monde de la finance et de la politique aux USA et donne le ton de la politique étrangère américaine depuis les années 1920.

Le CFR peut être considéré comme l’une des instances les plus influentes de la puissance impériale américaine depuis 100 ans.

Son siège se situe à New York avec un bureau à Washington.

Il est composé d’environ 5000 membres, principalement des personnalités influentes issues du monde des affaires, de la communauté du renseignement, de la diplomatie et de la politique, mais aussi des médias et même du spectacle (soft power oblige).


sourceGéopolitique Profonde

https://reseauinternational.net/cfr-le-think-tank-prive-qui-controle-les-etats-unis/

Réédition des Mémoires de Bismarck

 

Les éditions Perrin viennent de rééditer les Mémoires de Bismarck (1815-1898) avec une présentation de Jean-Paul Bled, grand spécialiste de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie.

Otto von Bismarck est un personnage important de l’histoire du XIXème siècle tant allemand qu’européen et sa marque a perduré après lui. Par ses origines, il appartient au milieu des Junkers. Il en épouse les valeurs et le mode de vie. Mais ce n’est là qu’une face de la personnalité de Bismarck, qualifié de “réactionnaire rouge” par Frédéric-Guillaume IV. Bismarck se montre rapidement comme un partisan de l’éviction de l’Autriche hors du corps germanique, ce qui passera immanquablement par un conflit armé avec la monarchie habsbourgeoise. Ce qui, pour les conservateurs allemands, est une abomination qui pousserait l’Allemagne à devenir l’alliée de la France considérée comme l’incarnation de la Révolution.

Mais Otto von Bismarck entre avant tout dans l’histoire comme le bâtisseur de l’unité allemande au terme de trois guerres victorieuses (1864, 1866 et 1870-1871) et l’architecte de la grandeur prussienne. A ce titre, il désigne les catholiques comme des “ennemis du Reich” car ils dont accusés de constituer un corps étranger au sein de l’Allemagne protestante. Bismarck va développer la Kulturkampf dont l’objectif est d’écarter tant les catholiques que les socialistes au nom de l’unité allemande. Mais il obtient l’effet inverse à celui escompté. Catholiques comme socialistes, rejetés, vont développer des cultures autonomes de plus en plus influentes. Finalement, Bismarck doit quitter le pouvoir, chassé de la chancellerie par Guillaume II.

Bien avant d’avoir quitté le pouvoir, Bismarck conçoit le projet d’écrire ses Mémoires. Mais c’est à partir de 1890 qu’il se met à rédiger ce monument à sa gloire qui doit lui permettre de prendre sa revanche par l’écrit. En mai 1892, la première mouture de l’ouvrage, prévu pour paraître en deux tomes, est achevée. Mais Bismarck continue d’y apporter des corrections. Ce n’est en définitive qu’après sa mort que sortent en librairie les Mémoires de Bismarck. Elles connaissent aussitôt un énorme succès de vente. La traduction française paraît dès l’année suivante. Bismarck rejoint ainsi Frédéric II au panthéon de l’Allemagne.

Mémoires, Bismarck, éditions Perrin, 656 pages, 27 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

https://www.medias-presse.info/reedition-des-memoires-de-bismarck/142051/

mardi 28 mars 2023

De la théologie politique américaine 2/4

  

Kenneth M. Coleman cite Sal­va­dor de Ma­da­riaga qui décrivit la nature de la doctrine Monroe dans les termes suivants : « Je sais seulement deux choses à propos de la doc­trine Monroe : l’une est qu’aucun Américain que j’ai rencontré ne sait ce que c’est ; l’au­tre est qu’aucun Américain que j’ai rencontré ne consentirait à ce que l’on tergiverse à son pro­pos… J’en conclus que la doctrine Monroe n’est pas une doctrine mais un dogme… pas un seul dogme, mais, à bien y regarder, deux, à savoir : le dogme de l’in­faillibilité du Pré­sident américain et le dog­me de l’immaculée con­ception de la politique étrangère américaine » (11).

Les intérêts des États-Unis sont les intérêts de l’humanité toute entière

La croyance selon laquelle les Américains sont un peuple choisi par Dieu pour amorcer une expansion sans fin était in­hérente tant à la doctrine de la Des­ti­née Manifeste qu’à la doctrine Monroe. « L'expression qui exprimait ce sens de certitude morale de l’expansion géo­graphique — la “Destinée Ma­ni­fes­te” — trahissait la certitude calviniste assurée que Dieu révélera au monde ceux qui assureront Sa grâ­ce en les rendant prospères ». Si les États-Unis re­pré­sentent la Terre Promise du Peuple Élu, alors « il est presque impossible de concevoir une si­tua­tion dans laquelle les in­té­rêts du genre humain ne sont pas hautement similaires à ceux des États-Unis. En faisant mon­tre d’une telle présomption, l’oppo­si­tion à la Destinée Manifeste (des États-Unis) n’était pas une simple opposition politique — elle ne re­pré­sentait pas même une quelconque différence d’o­pinion —, elle se posait plutôt comme une hé­ré­sie contre le peuple élu par Dieu lui-même… Si les autorités des États-Unis — les autorités choisies par le peuple favorisé par Dieu lui-même — étaient en faveur d’u­ne politi­que donnée, alors critiquer la justice ou la mo­­ra­lité de cette politique s’avérait moralement im­possible » (12).

À cet égard on peut rappeler la conclusion  de Werner Sombart pour qui « le calvi­nis­me est la victoire du judaïsme sur la chrétienté » et « l’Amérique est la quin­tessence du judaïsme ». L’immoralité politique de la doctrine de la « Destinée Manifeste », l’ex­pansionnisme géopolitique derrière la doctrine Monroe conquérante de territoires et l’impérialisme économique, tel qu’il se manifeste sous la for­me de la politique des « portes ouvertes » (Open Doors Po­licy), deux options qui ont été par la suite combinées sous la dénomination de “wil­so­nisme” (Doctrine Wilson), sont en fait des traductions historiquement mal­ignes de la vieil­le immoralité talmudique, re­pérable dans l’his­toire.

C. Schmitt a fait ressortir que la transformation de la doctrine Monroe, à partir d’un Grand espace (Großraum) concret en un principe universel, autrement dit la « théologisation » d’un im­périalisme américain spécifique et particu­lier en un Monde universel et à forte puissance capitalistique, servant prétendument les intérêts du genre humain, est aussi le com­men­cement de la “théo­lo­gisation” des objectifs de la politique étrangère améri­caine (13). Ce pro­ces­sus de “théologisation” débu­ta au cours de la présidence de Théodore Roosevelt, mais le Président Woodrow Wilson fut le premier à élever la doctrine Monroe au rang d’un prin­cipe mon­dial (Weltprinzip), à véritablement “mondialiser” une doctrine qui, auparavant, était censée se li­miter au seul hé­misphère occidental, pana­mé­ricain. Dans la moralité calviniste, talmudi­que et axée sur la Prédestination de Woodrow Wilson, l’idée-projet de règne mondial (Weltherrschaft) de l’Amérique devient la substance même de son plaidoyer pour une doctrine Monroe à ap­pliquer au monde entier.

L’immoralité foncière de Wilson le “moraliste”

Un cas d'école est le slogan américain de la “De­s­tinée Manifeste” servant à accroître l’ai­re d’ap­pli­cation de la Doctrine Monroe par le biais du prin­cipe de l’autodétermination des peuples. C'est ce dernier dont usa le Président Wilson lors de la Conférence de paix de Paris (Versailles), pour étendre de fait — et sub­tilement — les sphè­res d’influence anglo-saxonne et pour créer un Cordon Sanitaire en Europe, composé d’États-tampons, autour de l’Alle­ma­gne et de la Russie Soviétique. Évi­demment, le Président Wilson, dans son em­pressement à faire va­loir en Europe le droit à l’autodétermination, n’a jamais dénoncé la doc­trine Monroe qui incarnait, à son épo­que, dans l’hémisphère américain, la né­ga­tion absolue de ce droit qu’il proclamait au bénéfice des petits peuples des anciens môles impé­riaux d’Eu­­rope centrale et orientale. En fait, ce qu’il entendait par droit à l’auto­dé­termination était déjà clairement apparu en 1914, lorsque les États-Unis, corrompant le gou­vernement élu du Mexique, bombardèrent la cité portuaire mexicaine de Vera Cruz, tuant ain­si des cen­taines de civils. Après le bombardement, qui conduisit finalement à la chute du gou­ver­ne­ment mexicain et à l’installation d’un pantin à la solde des États-Unis, le Président Wil­son, soulignant avec emphase l'iden­tité entre politique américaine et jus­tice universelle, assura au mon­de que « les États-Unis se rendirent au Mexique [renverser le gouvernement] pour rendre service à l’humanité » (14) (sic !). Le Président Wilson croyait sincèrement au rô­­le assigné aux États-U­nis par la Providence pour diriger le monde.

Aujourd’hui, si l’on regarde la situation de la You­go­slavie, on peut constater qu’une fois en­co­re le prin­cipe pseudo-universel du droit à l’au­todétermination a été utilisé comme un mo­yen idéologique pour ren­verser un statu quo existant, via un règlement fron­talier en Europe, alors que les frontières euro­péennes a­vaient été définitivement reconnues et ac­ceptées comme telles par les Accords d’Hel­sin­ki. De même, ce fameux droit à l’autodéter­mi­nation, in­ven­té jadis par Wilson, a servi à lé­gi­timer les atrocités musulmanes lors de la guer­re en Bosnie d’abord, puis celles, innom­ma­bles, des bandes armées des Albanais du Ko­sovo, en fait un équivalent européen des “Contras” du Ni­cara­gua, armés, entraînés et financés par les États-U­nis. L’Europe est désormais traitée de la même ma­nière que les anciennes ré­pu­bliques latino-amé­ri­cai­nes. [ndt : Pire, dans le cas de la Bosnie et du Ko­sovo, les dirigeants des principales puissances euro­péennes ont ap­plaudi et participé à ces horreurs, en po­sant, via les relais médiatiques, les assassins bos­niaques et albanais comme des héros de la li­berté ou des défenseurs des droits de l'hom­me]

Quand l’Allemagne hitlérienne reprenait à son compte les concepts forgés par Wilson

Ironie historique : l’Allemagne nazie em­prun­ta, en son temps, de nombreux concepts idéo­logiques venus d’Amérique. Ainsi elle fonda en un premier temps ses requêtes pour réviser le statu quo du Traité de Versailles sur le principe d’égalité que le Traité de Versailles avait violé. Comprenant que le droit international en place n’était rien d’autre que l’universalisation de l’hé­gémonie anglo-saxonne ainsi que la “théo­lo­gi­sation” d'un intérêt national par­ticulier, les juristes allemands se sont donc mis à parler d’un nouveau droit interna­tio­nal qui servirait l’intérêt national allemand, comme le droit en place servait les intérêts na­tio­naux américains. Ils usèrent égale­ment du concept d’un « Nouvel Ordre mondial juste » destiné à justifier l’expansionnisme ger­ma­nique et à préparer le renversement du sta­tu quo international, qui s’était établi après la guerre de 14-18.

Délégitimer les intérêts nationaux des autres pays

Les principes de bases de la théologie politique a­mé­ricaine peuvent se résumer comme suit :

◊ a) L’intérêt national des États-Unis est univer­sa­lisé jusqu'à devenir l’intérêt universel du genre humain ou de la communauté inter­na­tio­nale. Par conséquent, l’expansionnisme im­périaliste américain est alors considéré comme un avancement de la race hu­maine, une promo­tion de la démocratie, une lutte con­tre le totalita­ris­me, etc. Les intérêts américains, le droit in­ter­national, et la moralité internationale de­vien­nent équivalents. Ce qui sert les intérêts a­mé­ri­cains est posé, avec morgue, com­me faisant progresser la morale et le droit — dans tous les cas de figure (15).

À suivre

Jésus, les historiens et les mythistes

 

• Il s’appelle Éric Leser. Il se dit journaliste et il essaie de montrer, sur le très conformiste site Slate, que Jésus-Christ n’a jamais existé. La preuve ? « Aussi étonnant que cela puisse paraître », on n’a jamais pu retrouver « son certificat de décès » (sic, 12 juillet 2015).

• Il s’appelle Christian Eyschen. Il est porte-parole de l’AILP (Association Internationale de la Libre Pensée). Il dénonce, lors d’un congrès de cette organisation, « la pseudo-existence de l’escroc nommé Jésus-Christ, qui n’a jamais existé » (sic, 27 août 2019).

• Il s’appelle Michel Onfray. Il soutient en 2005, dans son Traité d’athéologie, que Jésus ne peut être un vrai homme car, dans l’évangile, « il n’a pas faim, ni soif, il ne dort jamais » (sic, p. 157) ¹.

• Il s’appelle Francesco Caretta. Depuis 1999, il proclame que Jésus Christ n’est que la déification de la figure de Jules César. Outre l’identité des initiales J.C. – si surprenante, n’est-ce pas, entre deux personnages ayant vécu « presque » à la même époque dans le même Empire romain – il a en effet remarqué, qu’on trouve dans la vie de chacun des deux un cours d’eau (le Rubicon, le Jourdain), une femme (Cléopâtre, Marie-Madeleine) et un traître (Brutus, Judas). Si l’on ajoute que César a été en Gaule (Gallia), tandis que Jésus a vécu en Galilée, dont le nom est étrangement similaire (Galilea), comment ne pas conclure à l’identité des deux personnages ?

Avouons-le franchement : les arguments des négateurs de l’existence historique de Jésus Christ – dit mythistes – sont souvent d’une indigence qui décourage le commentaire. Aussi, quand on découvre dans Le Sel de la terre 115 un long article intitulé « Jésus face aux mythistes », on se demande d’abord s’il était nécessaire de consacrer 44 pages à ces farfelus.
Mais en fait, plus que des « mythistes », l’article traite des sources historiques sur Jésus.
En se limitant aux deux premiers siècles, il recense cinquante auteurs – chrétiens, juifs ou païens – affirmant tranquillement l’existence de Jésus, alors qu’il n’y a, en face, pas un seul négateur.
Parmi les textes les plus importants, l’article examine de près :
– les épîtres de saint Paul, dont tous les historiens (même mythistes) admettent l’authenticité, et qui apportent déjà pas mal d’éléments ;
– la très curieuse lettre de Mara bar Sérapion (vers l’an 73), dont les spécialistes discutent beaucoup depuis 20 ans ;
– la notice de Flavius Josèphe (vers l’an 93), avec et sans les trois phrases dont l’authenticité est aujourd’hui débattue ;
– le témoignage de Tacite (vers 110) et les sources d’information dont celui-ci disposait ;
– les deux mentions de Suétone (vers 119),
– enfin, le témoignage des différents ennemis de l’Église, au 2e siècle.
Indépendamment des « mythistes », qu’on ne rencontre pas forcément tous les jours, il est intéressant de connaître l’état actuel des travaux sur chacun de ces documents.

Quant au « mythisme », il est aujourd’hui favorisé par la généralisation du mensonge, qui entraîne automatiquement, par réaction, la généralisation du doute.
Découvrant combien les prétendues « élites » leur mentent, les Français sont de plus en plus tentés de jeter le bébé avec l’eau du bain et de nier systématiquement tout ce qu’ils ne peuvent pas personnellement vérifier. Et comme, en même temps, Internet rend accessibles même les thèses les plus farfelues qui ne touchaient autrefois que des cercles marginaux, quelques solides références contre les « mythistes » peuvent toujours être utiles.

Le Sel de la terre
Couvent de la Haye-aux Bonshommes – 49240 Avrillé
Sommaire du numéro 115 (hiver 2020-2021)

Commander un numéro

Pour commander un ou des numéros du Sel de la terre, envoyez un message à seldelaterre@wanadoo.fr en indiquant :

  • le(s) numéro(s) souhaités
  • votre adresse postale.

Nous vous renverrons un courriel dans lequel nous vous indiquerons le coût de votre commande.

Pour régler :

  • par paypal à seldelaterre@wanadoo.fr,
  • par virement à IBAN : FR34 2004 1010 1101 6571 0D03 235 ; BIC : PSSTFRPPNTE
  • par chèque à l’ordre de : «Le Sel de la terre», 6 Allée Saint-Dominique, 49240 Avrillé
    (pour la Suisse, par CCP Suisse : 25–12330–0)

¹— Michel Onfray donne d’autres arguments, tous du même niveau. Il juge invraisemblable que Jésus ait pu dialoguer avec Pilate, car « Ponce Pilate parle latin et Jésus araméen » (p. 161). Apparemment, il n’a jamais entendu parler du grec, langue officielle de la partie orientale de l’Empire romain. — Il nie la crucifixion, car « l’histoire témoigne : à l’époque, on lapide les juifs, on ne les crucifie pas » (p. 162). Tant pis pour Flavius Josèphe, qui témoigne si souvent du contraire (Guerre des juifs, livre 1, § 97 et 113 ; livre 2 § 72, 241, 252, 305 ; livre 3 § 316 ; livre 5, § 284, 446 ; etc.) — Il imagine que les évangélistes ont donné à Pilate le titre de « procurateur » (p. 161), alors qu’on ne trouve ce mot que dans une traduction latine, etc. — Il est vrai qu’Onfray se veut philosophe, et non historien. Mais comment qualifier l’éditeur Grasset qui publie sans rougir et diffuse à des centaines de milliers d’exemplaires un ouvrage dont chaque page contient trois ou quatre énormités de ce genre ?

https://www.medias-presse.info/jesus-les-historiens-et-les-mythistes/142061/

lundi 27 mars 2023

De la théologie politique américaine 1/4

  

C’est un paradoxe apparent de l’histoire de voir comment un nationalisme précis (et particulièrement puissant) se déclare non seulement “prophétique” mais aussi universel, tout en se matérialisant dans de nombreux actes d’expansion ou d’interventionnisme. (Anders Stephenson) *

L’éminent juriste allemand Carl Schmitt a ca­rac­térisé l’idéologie de l’expan­sion­nisme et de l’im­périalisme américains comme une théolo­gie politique, à la fois totali­tai­re, dogmatique et proclamée universaliste, et qui s’in­gé­nie — avec le zèle et la fer­veur d’un Torquemada — à rendre équivalents in­térêt particulier in­ter­national des États-Unis et in­té­rêt du genre humain.

Hans Morgenthau (1904-1980) remarque que l’universa­lis­me est une idéologie qui répond aux besoins de l’impéria­lis­me et de l’expansionnisme. L’ex­pansionnisme est sans cesse en opposition avec l’ordre international dominant et le statu quo existant. L’expansionnisme tend à prouver que le statu quo qu’il cherche à vaincre mérite d’être vaincu et que la légitimité morale qui, dans l’esprit de beaucoup, est attachée aux cho­ses telles qu’elles sont, sera finalement ob­ligée de céder face à un principe de plus gran­de moralité faisant appel à une nou­velle distribution de pouvoir (1).

« Dans la mesure où les idéologies typiques de l’impé­ria­lisme usent de concepts de droit, elles ne peuvent aisément faire référence de manière correcte au droit international positif, c’est-à-dire au droit international tel qu’il existe aujourd’hui. Dans le do­mai­ne du droit, c’est la doctrine du droit naturel, c’est-à-dire du droit comme il de­vrait être [et non pas tel qu'il est, ndt], qui répond aux besoins idéo­lo­giques de l’im­péria­lisme… Lorsque la politique impé­rialiste expan­sionniste n’est pas dirigée contre un sta­tu quo particulier résultant d’une guerre perdue mais fait fond sur un vacuum de puissance s'offrant à la conquête, l'arsenal idéologique moralisateur, faisant de la conquête un devoir inévitable, prend le relais d'une loi naturelle juste invoquée contre une loi positive injuste » (2).

La doctrine de la “Destinée manifeste”

L’objectif principal de l’idéologie impérialiste est d'identifier aspirations po­litiques d’une nation précise, d’une part, et lois morales qui gou­vernent l’univers, d’autre part ; nous avons là une idéologie spécifique­ment anglo-saxonne pour habiller les aspi­ra­tions particulières et les actions impérialistes d’un objectif moral, qui correspondrait aux lois de l’univers. Cette idéologie a d’abord été ty­pi­quement britannique, mais elle a été perfec­tion­née et parachevée par les États-Unis.

« Le fait que savoir que les nations soient soumises à la loi mo­rale est une chose, mais prétendre sa­voir avec as­surance ce qui est bon et mauvais dans les relations entre les nations, est d’un au­tre ressort. Il y a un mon­de de différence en­tre la croyance que toutes les nations sont sous le couvert du jugement de Dieu, impéné­trable au genre humain, et la conviction blas­phé­matrice que Dieu est toujours de son côté et que ce que cette puissance alliée à Dieu veut pour elle-même ne peut pas connaître l’é­chec, parce que cette volonté est aussi celle de Dieu » (3).

L’exemple d’école d’un tel blasphème se re­trou­ve dans l’assertion du Président McKinley [ci-contre] qui affirmait que l’annexion des Philippines (et la série de mas­sacres de civils qui s’ensuivit) était un signe de la Providence divine. Cette con­quête et ces massacres avaient été entre­pris après que le président ait reçu un signe de la Providence. L’Amiral Dewey reven­di­quait le fait que la conquête des Philippines était un ga­ge d’approbation divine. « Il me faut dire que la main de Dieu y prenait part » (4).

Les arguments avancés pour justifier la con­quê­te des Philippines étaient centrés sur des thèmes re­ligieux. « Ces thèmes s’exprimaient par les mots De­voir et Destinée. Selon le pre­mier terme, refuser l’annexion des Philippines au­rait signifié manquer de remplir une obliga­tion solennelle. Selon le second ter­me, l’annexion des Philippines en parti­culier et l’expansion en général étaient inévitables et ir­ré­sistibles » (5). Ainsi entendu, l’expan­sion­nis­me impérial américain était une « Desti­née manifeste » sous le signe de la Providence.

Une doctrine calviniste

La doctrine calviniste devint de facto une arme idéo­lo­gique pour la guerre d’agression et l’ex­pansion­nis­me. « Les victoires rapides gagnées par les forces américaines ont renforcé les po­si­tions psycholo­gi­ques des impérialistes. L’im­pres­sion de commettre un acte répréhensible ne se renforce que si l’action contestable est suivie de revers. Inversement, la mauvaise cons­cience diminue ipso facto si le projet est exécuté avec brio. L’échec s’interprète comme une punition de la Providence ; mais la réus­si­te, telle que la décrit le schéma calviniste, est considéré comme le signe extérieur d’un état de grâce intérieur… »

« Le devoir, disait le Pré­si­dent McKinley, détermine la destinée ». Tandis que le devoir signifie que nous avons une obli­gation morale, la destinée signifie que nous al­lons certainement remplir cette obligation, que la capacité à le faire nous est inhérente. « Notre histoire a toujours été une histoire ininterrom­pue d’expansion ; notre pays était toujours par­­venu autrefois à s’étendre, ainsi il était cer­tain qu’il réus­sirait de la même façon dans le fu­tur. La force d’ex­pansion est un héritage na­tio­nal et "racial", une profonde et irréductible nécessité intérieure... La Providence a été si in­dulgente envers nous, en nous pro­curant une telle abondance de succès, que nous nous rendrions coupables si nous n’acceptions pas les res­ponsabilités qu'elle nous exhorte à as­sumer » (6).

L’impérialisme américain a développé une puis­­­sante théologie de l’élection. L’idée améri­caine d’élection historique ou providentielle, in­hérente à la Doctrine de la Destinée Mani­fes­te, fusionne Dieu et la géopolitique en un tout parfaitement instrumen­ta­lisable et apporte ainsi “légi­ti­mi­té” à la conquête et à l’expansionnisme.

Un charabia moraliste et religieux

Le charabia moral et religieux de la Doctrine de la Destinée Manifeste, si typiquement américain dans son profond primitivisme, est aisé à écarter tant il n’est qu’un bric-à-brac idéo­logique. Et pourtant, nonobstant sa nature de bric-à-brac, cet abominable bricolage est devenu l’assise de la théologie politique et de la politique étrangère américaines [s'accordant avec la vision américanocentrée du monde transmise par l'éducation au citoyen américain]. L’expansionnisme impéria­lis­te se voyait élevé au rang d’obligation positive, de devoir. Plus l’expansionnisme était im­pi­toyable, plus on le justifiait par une appro­ba­tion divine. La volonté des impérialistes amé­ricains était d’égaler la volonté de Dieu. L’im­pé­rialisme de­vint « une vertu dérivée de l’ap­pel de Dieu ». Rester en deçà équivalait à « re­jeter la direction divine ». Le Sénateur Al­bert J. Beveridge déclara un jour que « Dieu n’a pas passé son temps pour rien durant un millier d’années à préparer les peuples anglo­pho­nes pour qu’ils ne se livrent à rien d’autre qu’à une vaine et ridicule contemplation et à une au­to-admiration. Non ! Il a fait de nous les maî­tres-organisateurs du monde pour établir des systèmes ordonnés là où régnait le chaos. Il a fait de nous des virtuoses de la bonne gou­vernance pour que nous puissions, le cas é­chéant, gérer la politique chez les peuples sau­vages ou séniles » (7).

Pris dans la spirale du destin

Le thème de la Destinée était un corollaire du thè­me du Devoir.  Il fut régulièrement dé­cla­ré que l’ex­pansion était le résultat d’une “tendance cosmique”, que “c’était le destin”, que c’était “la logique ine­xorable des événe­ments”, etc. La doctrine affir­mant l’ex­pan­sion comme inévitable était bien sûr depuis long­temps familière aux Américains ; nous savons tous ô com­bien la Destinée Manifeste fut invoquée au cours du XIXe siècle. Albert Weinberg souli­gne, toutefois, que cette expression prit un sens nouveau dans les années 90. Auparavant, Destinée si­gnifiait, dans son sens premier, que l’ex­pansion a­mé­ricaine, quand on le voulait, pou­vait être con­tre­carrée par d’autres qui pou­vaient se mettre en tra­vers de notre chemin.

Au cours des années 90, elle en vint à signifier que « les A­méricains ne pouvaient pas, par leur propre volonté, refuser cette expansion », car ils étaient pris, qu’ils le veuillent ou non, dans la spi­rale du destin. Toute tentative de réti­cence se trouve réfrénée : « ce n’était pas tout à fait ce que nous voulions faire ; c’était ce que nous de­vions faire. Notre agressivité conquérante se vo­yait implicitement définie comme obligatoire, — le produit non de nos propres volontés mais de la nécessité objective (ou de la volonté de Dieu) » (8). La Destinée avait toujours une desti­na­tion, cette dernière étant identifiée à l’ex­pan­sion­nisme géopolitique, et donc la source de l’impé­ria­lisme américain était la volonté de Dieu confiée aux élus en tant que Destinée.

La mythologie politique de la Doctrine Monroe

Kenneth M. Coleman définit le corollaire politi­que (et géopolitique) de la doctrine de la Des­tinée Manifes­te, avatar de la doctrine Monroe, com­me une mythologie po­litique : « Une mytholo­gie politique a émergé par­mi les Nord-Amé­ri­cains pour justifier la réalité de leur hégémonie dans les Amériques. La doctrine Mon­roe con­sti­tue un exemple de création d’un mythe politique qui a accompagné la création de l’empire américain. Il apparaissait néces­saire, à l’époque, de trouver un vé­hicule rhétorique qui sug­gèrerait non point une intention expansionniste mais une abné­gation… Dès sa genèse, la doctrine Monroe a été un artifice rhétorique con­çu pour réconcilier les valeurs proclamées de désin­té­res­se­ment et d'esprit de sacrifice des Américains avec leurs intentions expansionnistes réelles qui vi­sent à réaliser leurs intérêts stratégiques et éco­nomiques majeurs. Ainsi la première carac­té­ri­stique dans la définition d’une mythologie po­litique est son actua­lité… L’hégémonie, à l'instar d'un Empire, requiert la création d’une my­tho­logie légitimante… Dans le cas d’un Empire, la mythologie doit faire raisonner les Améri­cains comme suit : « Nous vous dominons parce qu’il est dans votre intérêt que ce soit nous qui le fassions »… Dans le cas d’une hégémonie, la my­thologie doit générer la croyance que les re­lations existantes sont mutuellement bénéfiques aux parte­nai­res et que ceux qui ne les perçoivent pas ainsi sont soit  dans l'erreur soit malveillants… » (9).…

Le message normatif de la Doctrine Monroe

« La mythologie politique de l’hégémonie se distingue en ce qu'elle nie l’existence de la do­mination politique et éco­no­mique. Elle rejoint néanmoins la mythologie de l’im­périalisme en ce qu’elle affirme que les re­la­tions existantes sont justes, appropriées, i­né­vitables ou encore normativement défendables ». La doctrine Monroe véhicule un mes­sa­ge normatif selon lequel « les cau­ses actuelles, dé­fendues par l’Amérique, sont ju­stes, moralement dé­fendables, et en accord avec les principes les plus élevés d’un ordre poli­ti­que supérieur à tout autre » (10) et pour lequel l’impérialisme américain sert un dessein moral plus grand : la Destinée Ma­ni­feste prédestinée par Dieu lui-même.

À suivre

Chef de Guerre – Au cœur des opérations spéciales avec un commando marine (Louis Saillans)

 

Tout est vrai dans ce récit et le cahier photos, tout en couleur de 26 pages en appuie la véracité.

Agir et non subir…  Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello étaient des commandos marine. Ils ont été tués lors d’une opération au Burkina Fasso pour libérer deux otages français détenus par un groupe djihadiste… Le principe fondateur des unités spéciales de l’armée est de secourir ceux qui sont en détresse, quels qu’ils soient. C’est leur raison d’être, leur responsabilité.

Un homme de l’ombre n’a pas vocation à apparaitre dans la lumière. Si l’auteur a pris la plume c’est par de voir. Devoir de faire comprendre aux français les enjeux de la guerre contre le terrorisme islamique mais aussi de leur faire prendre conscience qu’il existe des hommes qui risquent leur vie pour préserver leur liberté.

Ces unités spéciales rassemblent 2000 opérationnels toutes armes confondues et environ 400 pour les commandos marine. Sélection drastique, profil spécifique, mental éprouvé par un stage parmi les plus durs. Se rendre sur le théâtre des opérations signifie se confronter au feu. « C’est ce qui fait la différence avec le reste du monde. Le terrain ne ment jamais : certains se révèlent capables de dominer leur peur, d’autres flanchent … En mission nous veillons les uns sur les autres, pas d’abandon ce qui crée une indescriptible fraternité. »

Un arc allant de la Mauritanie à l’Egypte est aujourd’hui frappé par le djihadisme salafiste, toute l’Asie du Sud-Est est gangrénée… et dans le reste du monde, des cellules agissent plus ou moins dans l’ombre… Les djihadistes sont convaincus qu’ils finiront par gagner la guerre. Notre regard occidental sur le rapport de force militaire n’a rien en commun avec leur vision des choses. « Nul ne peut tuer une idée avec une balle. Eux le savent, leur cause ne mourra jamais ». Les orientaux et les occidentaux n’ont pas la même notion ni de temps ni de la guerre. « Le grand théoricien Clausewitz le résume parfaitement avec cette célèbre phrase « La guerre est la continuation de la politique ». Dans les pays orientaux nous sommes confrontés à l’exact contraire : le politique est le prolongement de la guerre. Nous devons être conscients de tout cela. Les opérations militaires permettent de remporter des batailles mais pas la guerre, la confrontation idéologique doit prendre le relais. Et seules les idées peuvent combattre sur le champ des idées.

Il faut retrouver le sens du devoir, des responsabilités, la préservation de nos valeurs et de notre civilisation est à ce prix

Au-delà des clichés, surgit la réalité des forces spéciales ; des pages jamais contées, frappées habituellement du sceau du secret ou rendus public avec une extrême parcimonie. Si l’auteur a combattu les ennemis de la France sur le terrain il est venu pour lui le temps de combattre ces mêmes ennemis sur le plan des idées. Et s’adressant aux jeunes Français : « il revient à chacun d’entre nous de jouer un rôle dans ce combat ».

Chef de Guerre, Louis Saillans, aux éditions Mareuil, 192 pages, 19.90 €

Plus d’informations et commande sur Livres en Famille

https://www.medias-presse.info/chef-de-guerre-au-coeur-des-operations-speciales-avec-un-commando-marine-louis-saillans/142205/

dimanche 26 mars 2023

Grand Angle exclusif : Enfin, la vérité sur la guerre de Vendée ! (avec Philippe de Villiers, Reynald Secher...)

 

thumb_23438_program_bigSlider.jpg

Le succès et la polémique autour du film "Vaincre ou mourir" ont braqué les projecteurs sur le drame des guerres de Vendée. Le temps est-il venu de regarder courageusement en face l’histoire de ce drame absolu ? TVL a décidé de participer à ce travail en proposant une émission réunissant quatre sommités, quatre spécialistes et en prenant le temps de saisir les vérités sur cette période, en tous points, abominable. Une émission exclusive et qui va faire référence.

Pour connaitre la vérité sur la guerre de Vendée , les invités de Martial Bild sont :

- Philippe de Villiers , ancien député, ancien président du Conseil départemental de Vendée, écrivain et créateur du Puy du Fou,

- Reynald Secher, écrivain et historien de la Vendée,

- Jacques Villemain, diplomate et énarque, auteur de plusieurs ouvrages sur les guerres de Vendée, 

- Guillaume Bernard, historien du droit, professeur à l’ICES, l’Institut catholique de Vendée.  

Une émission qui va faire date et qu’il convient de partager et de faire connaitre.


https://tvl.fr/grand-angle-exclusif-enfin-la-verite-sur-la-guerre-de-vendee-avec-philippe-de-villiers-reynald-secher

L’Empire assyrien (Josette Elayi)

 

Josette Elayi, historienne, diplômée d’hébreu, d’araméen et d’akkadien, spécialiste de la Phénicie, a enseigné aux universités de Beyrouth et de Bagdad. Elle vient de publier un nouveau livre chez Perrin, consacré à l’histoire de l’Empire assyrien.

Ce que nous appelons aujourd’hui l’Empire assyrien est une désignation moderne, car les Assyriens appelaient leur territoire le “pays du dieu Assur”. L’histoire de cet empire s’étend de 744 à 610 avant notre ère, soit pendant un peu moins d’un siècle et demi, mais l’histoire de l’Assyrie depuis son origine a préparé la naissance de cet empire. A son apogée, l’empire assyrien comprenait tout le Proche-Orient, le Zagros et l’Elam, la Turquie jusqu’en Cappadoce, Chypre et l’Egypte. Cet empire impressionnant s’est éteint avec la chute d’Assur (en 614), de Ninive (en 612) et et de Harrân (en 610). Babyloniens et Mèdes en ont partagé les dépouilles.

Ce livre fera donc entreprendre au lecteur un voyage jusqu’au cœur de l’Assyrie. Il nous fait traverser le désert syrien et s’aventurer dans la fertile Mésopotamie, à la suite des pionniers qui ont découvert les prestigieuses cités assyriennes.

Rois féroces, campagnes militaires de conquêtes, croyances, architecture et arts de cet empire assyrien sont décrits par l’auteur à la lumière des enseignements archéologiques.

L’Empire assyrien, Josette Elayi, éditions Perrin, 352 pages, 23 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

https://www.medias-presse.info/lempire-assyrien-josette-elayi/142326/

samedi 25 mars 2023

Les navigateurs celtes du haut Moyen Âge, voyage initiatique

Les navigateurs celtes du haut Moyen Âge, voyage initiatique

Après avoir publié chez le même éditeur un livre sur les Pictes en 2018, Frédéric Kurzawa, docteur en théologie catholique avec une thèse soutenue en 1994 sur la figure de Saint Patrick, propose ici un ouvrage retraçant des voyages entrepris par des navigateurs celtes dans des textes du haut Moyen Âge.

Plusieurs récits de navigations en haute mer sont attestés dans la tradition celtique irlandaise. Ils se divisent en deux catégories : d’un côté les immrama (« voyages »), de l’autre les ecthrae (« aventures » / « sorties »). Les premiers désignent des navigations chrétiennes, les seconds des voyages païens qui n’ont pas toujours lieu sur les flots. La plupart de ces textes sont rédigés en vieil irlandais, à l’exception du Voyage de Saint Brendan, qui est une œuvre latine.

Si les œuvres diffèrent de par leur caractère religieux, elles ont néanmoins un but commun : la quête de l’Au-delà, qui conduit les païens au monde des divinités du panthéon celte et les chrétiens au Paradis terrestre dans lequel les saints du Seigneur attendent le Jugement dernier, la Terra Repromissionis Sanctorum. L’Autre Monde celtique est lié à la notion du síd (ou sidh), qui est « un univers parallèle au nôtre, qui tout en étant différent ou lointain, s’y superpose ou le baigne, et dans lequel des êtres élus, choisis ou appelés, peuvent pénétrer à tout moment. Ses habitants sont par définition des dieux ou des héros divinisés ». Cet Autre Monde connaît trois types de localisations possibles : 1) par-delà la mer, à l’ouest, dans des îles qui ne peuvent être gagnées que par voie maritime ; 2) dans la mer ou au fond des lacs, dans des palais faits d’or et de cristal ; 3) dans des collines ou sous des tertres.

L’Autre Monde « océanique » est le type de lieu le plus fréquemment rencontré dans les textes, où il est désigné par plusieurs noms : Tír na mBéo « Terre des Vivants », qui est liée à la cosmologie indo-européenne ; Tír na nÓg « Terre des Jeunes », qui représente une conception de l’au-delà où la jeunesse triomphe sur le temps et la vieillesse ; Mag Mór « Grande Plaine », qui renvoie à une représentation fort ancienne de la terre antérieure aux dieux du panthéon celtique. On retrouve des vestiges de cet Autre Monde océanique dans les Lais de Marie de France, qui est dépositaire de la tradition celtique en s’inspirant pour partie des lais bretons. Les lais qui évoquent le passage d’une rivière ou d’un lac pour passer dans l’Autre Monde sont GraelentGuingamorLanval et Guigemar. Il est intéressant de noter que ces passages d’un monde vers l’autre ont souvent lieu pendant des épisodes de chasse, au cours desquels sont parfois traqués des sangliers et plus souvent des cerfs blancs. La tradition d’une telle chasse est attestée dans de nombreuses œuvres médiévales, répertoriées dans un mémoire de Sergio Cigada, La leggenda medievale del cervo bianco e le origini della « matière de Bretagne » en 1965. Dans les œuvres héritières de cette tradition, ces chasses conduisent parfois le héros vers une aventure plus rationnelle (ainsi la chasse au blanc cerf sur laquelle s’ouvre Erec et Enide de Chrétien de Troyes), ou, en délaissant la couleur symbolique, vers des contrées féériques (à titre d’exemple, le roman Partonopeu de Blois).

L’Autre Monde celtique est encore défini comme un monde sous-marin (ainsi que le conçoit le lai de Tydorel), un monde souterrain, voire un monde ouvert. Il est en effet possible pour les hommes de voyager vers les terres des dieux, mais non sans rencontrer quelques difficultés ou subir des effets néfastes. « Le temps divin étant suspendu, le retour parmi les humains risque de s’accompagner de certains désagréments. » Ainsi que l’écrit F. Kurzawa, « la période la plus propice pour permettre des échanges entre les deux mondes a lieu lors de la fête de Samain (Samain signifiant « la fin ou la récapitulation de l’été) ».

Si les immrama sont des textes christianisés, ils reposent néanmoins sur un fond traditionnel plus ancien (les parts de merveilleux médiéval et de merveilleux celtique ne sont pas négligeables). Ils ont pour modèles les ecthrae, qui sont plus anciens, plus nombreux et dont le contenu a dû circuler oralement. Les immrama ont peut-être à voir avec la Peregrinatio pro Dei amore du monachisme irlandais, une motivation religieuse favorable à de tels voyages maritimes.

La plus grande partie du livre concerne la présentation de cinq immrama – même si, comme l’auteur fait bien de le rappeler, Le Voyage de Bran tend à être rangé du côté des ecthrae par les celtisants – et trois textes en annexe. Un mot sur les traductions de ces œuvres. Rédigées en vieil irlandais, il est difficile pour un francophone de les lire. L’auteur comble ce besoin en proposant des versions françaises. Toutefois, si l’intention de faire connaître des textes inédits est louable, la méthode l’est beaucoup moins. La traduction du Voyage de Mael Dúin est une reproduction de celle procurée par Ferdinand Lot en 1892, à une époque où l’historien et philologue faisait ses premiers pas dans les études celtiques. Autrement dit, et ce d’autant plus qu’il s’est écoulé 130 années depuis, une traduction tout à fait perfectible, qui, selon F. Lot lui-même, n’avait « pas de prétention scientifique ». S’il est dommage que F. Kurzawa soit allé chercher une traduction datée, il est plus problématique, quant à la rigueur philologique, d’avoir traduit tous les autres textes à partir de traductions anglaises préexistantes, souvent dues à Whitley Stokes, l’un des grands noms de la philologie celtique. Un travail de première main, sur les textes originaux, aurait été souhaitable. Si les langues celtiques anciennes sont redoutables, et cette renommée ne faisant pas défaut, il paraît en revanche critiquable d’avoir traduit Le Voyage de Saint Brendan non pas à partir du latin mais de l’anglais…

Les immrama sont des textes particulièrement intéressants pour l’historien des religions comme pour l’homme de lettres, en ce qu’il dépeint des hommes ayant un fort attrait pour des territoires inconnus, menant une quête de l’Absolu, qu’elle soit païenne ou chrétienne. Peut-être faut-il y voir « un désir de l’éternité… un vieux rêve de l’humanité ». Le genre du voyage initiatique a longtemps nourri l’imaginaire des Européens, en renvoyant à ces nombreux Autres Mondes magiques que l’on retrouve dans la littérature européenne ancienne (à l’instar du Glæsisvellir « Plaines étincelantes » et du Ódainsakr « Prairie des non-morts » scandinaves), dans le folklore, ou dans la littérature contemporaine (ainsi les Terres Immortelles dans le Légendaire de John Ronald Reuel Tolkien, auteur qui a par ailleurs composé un poème intitulé Imram en 1955, qui narre l’aventure maritime de Saint Brendan).

Frédéric Kurzawa, Les navigateurs celtes du haut Moyen Âge. À la recherche de l’Autre Monde, Fouesnant, Yoran Embanner, 2022, 292 p.

https://institut-iliade.com/les-navigateurs-celtes-du-haut-moyen-age-voyage-initiatique/

Introduction à la géopolitique 2/2

  

• 6) Quels sont les principaux théoriciens de la géopolitique ?

Je viens de vous les énumérer. Ratzel a affiné la géographie politique, étayant cette science d'arguments d'ordre anthropologique et ethnologique. Ratzel, par ex., étudiait les agricultures du globe, les modes de vie qu'elles généraient, et tirait de remarquables conclusions quant à l'aménagement du territoire. Mackinder a surtout énoncé la théorie de la « terre du milieu » dont je viens de parler. Il a créé un remarquable réseau d'enseignement universitaire et post-universitaire (réservé aux enseignants et aux militaires) pour la géographie, auparavant négligée dans le monde académique britannique. Haushofer a vulgarisé et popularisé les thèses de Mackinder, mais dans une optique très allemande et continentale, résolument hostile aux puissances anglo-saxonnes et favorable au Japon. Spykman a élaboré les grandes lignes de la stratégie globale américaine au cours de la Seconde Guerre mondiale. Disciple de Mackinder, Spykman sera également à la base de la pratique géostratégique du containment.

Kjellen, qui se situe chronologiquement entre Mackinder et Haushofer, a brillament commenté et étudié les lignes de force des pratiques géopolitiques de chacune des grandes puissances engagées dans la Première Guerre mondiale. Ces commentaires étaient certes circonstanciels ; il n'en demeure pas moins vrai que leur pertinence garde toujours une validité aujourd'hui, à plus forte raison quand le canon tonne à nouveau dans les Balkans et que la zone austro-hongroise se reforme de manière informelle. Relire Kjellen à la lumière des événements de l'ex-Yougoslavie serait, pour nos diplomates, du plus grand intérêt.

• 7) La géopolitique a-t-elle été mise en pratique ?

Je viens de citer la politique du containment, celle de l'OTAN, de l'OTASE et du CENTO au cours de notre après-guerre, l'organisation du « cordon sanitaire » à la suite du Traité de Versailles (1919), etc. Plus près de nous, la Guerre du Golfe, menée pour restaurer intégralement la souveraineté koweitienne, procède d'une vieille stratégie anglo-saxonne, déjà appliquée dans la région. En effet, c'est un retour de la « question d'Orient », qui avait secoué les passions au début de notre siècle. La Turquie ottomane avait accès au Golfe Persique et à l'Océan Indien. Les Britanniques usent de leur influence pour que l'on accorde l'indépendance aux cheikhs de la côte, en conflit avec leurs maîtres ottomans. L'Angleterre se fait la protectrice de ce nouveau micro-État. De cette façon, elle peut barrer la route de l'Océan Indien aux Ottomans.

Quand Français, Suisses, Belges et Allemands se concertent pour créer un chemin de fer Berlin-Istanbul-Bagdad-Golfe Persique, les Britanniques s'interposent : l'hinterland arabe ou ottoman ne peut pas contrôler la côte koweitienne du Golfe, a fortiori s'il est appuyé par une ou plusieurs puissances européennes. Les Américains ont pratiqué, toutes proportions gardées et en d'autres circonstances, la même politique en 1990-91. Le conseiller du Président algérien Chadli, Mohammed Sahnoun, fin analyste de la politique internationale et bon géopoliticien, a écrit, notamment dans un numéro spécial du Soir et de Libération consacré au « nouveau désordre mondial » que si les Américains se désengageaient en Europe et en Allemagne, ils allaient jeter tout leur dévolu sur la région du Golfe (Émirats, Arabie Saoudite et Koweït), de façon à ce que ni l'Europe ni le Machrek arabe n'aient de débouchés directs sur l'Océan Indien. c'est une belle leçon de continuité géopolitique que les Américains nous ont donnée.

Examinons l'histoire de l'ex-Yougoslavie. En 1919, à Versailles, les puissances victorieuses créent l'État yougoslave de façon à ce qu'Allemands, Autrichiens, Hongrois et Russes n'aient plus d'accès à la Méditerranée. Ils rééditent de la sorte la tentative napoléonienne de créer des « départements illyriens », directement administrés depuis Paris, pour couper Vienne de l'Adriatique. En proclamant leur indépendance, Croates et Slovènes veulent rendre cette politique caduque. Et en faisant reconnaître leur indépendance par Vienne, Rome, Bruxelles et Berlin, en proclamant leur volonté de s'intégrer à la dynamique européenne en marche, ils donnent un accès à la Méditerranée à l'Autriche, à la Hongrie et à l'Allemagne réunifiée. Couplée à l'ouverture prochaine du canal de grand gabarit Rhin-Main-Danube, cette dynamique à l'œuvre montre que les énergies européennes sont en train de s'auto-centrer et que les logiques atlantiques, qui ont prévalu dans notre après-guerre, vont perdre de leur vigueur. Les conséquences géopolitiques et géostratégiques de cet « euro-centrage » et de cette lente « dés-atlantisation » sont d'ores et déjà visibles : chute de l'Angleterre et de la livre sterling, guerre sur le cours du Danube à hauteur d'Osijek (là où se trouvent nos casques bleus), velléités indépendantistes en Italie du Nord, revitalisation de l'industrie lourde autrichienne, mort lente de l'Ouest et du Sud-Ouest de la France, etc.

• 8) On reparle beaucoup de géopolitique ; ceci est-il à mettre en rapport avec l'évolution actuelle de l'Europe de l'Est ?

Évidemment. Si l'Europe n'est plus coupée en deux, elle se ressoude et centre ses énergies sur elle-même. L'Europe de l'Est n'est plus l'Europe de l'Est mais l'Europe centrale. Et la CEI, voire la seule République russe de Boris Eltsine, est l'Europe de l'Est. Les relations récentes entre la Turquie et les républiques islamiques turcophones ex-soviétiques sont le signe qu'une géopolitique nouvelle est en train de se dessiner en Asie Centrale.

• 9) Y a-t-il un avenir pour la géopolitique ?

Plus que jamais. Les instituts de réflexion géopolitique sortent du sol depuis peu comme des champignons ! En France, les travaux d'un prof. Michel Foucher (auteur de Fronts et frontières chez Fayard) font désormais autorité : son institut, basé à Lyon, dessine la plupart des cartes prospectives que vous découvrez dans la grande presse ou dans les revues spécialisées (L'Expansion par ex.). Ouvrez l'œil et vous verrez que ces cartes font partie du décor quotidien dans la galaxie Gutenberg. Citons encore Gérard Chaliand, à qui nous devons un magnifique Atlas stratégique (chez Fayard), devenu lecture obligatoire pour tous nos étudiants en sciences politiques. N'omettons pas non plus la belle revue, significativement intitulée Géopolitique et éditée par Marie-France Garaud, candidate malchanceuse aux élections présidentielles françaises de 1981. En France toujours, l'IFRI (Institut Français des Relations Internationales) se préoccupe beaucoup de géopolitique, de même que son homologue britannique, le célèbre RIIA (Royal Institute of International Affairs), où sévissaient déjà Mackinder et le célèbre historien Toynbee. En Russie, le débat est ouvert : l'idée de « terre du milieu », la volonté de donner cohérence à celle-ci, les souvenirs des théoriciens de l'espace sibérien et du ministre du Tsar Witte reviennent à la surface. On peut véritablement parler d'un retour en force.

• 10) La géopolitique nous enseigne-t-elle quelque chose sur le devenir de l'Europe du Nord-Ouest, ainsi que sur celui de la Wallonie ?

Bien sûr. Mais rien n'a été systématisé. Espérons toutefois qu'on y remédiera vite. Quelques idées : l'espace du Nord-Ouest, le nôtre, est déterminé par les trois fleuves (Escaut, Meuse, Rhin) qui nous conduisent vers le centre de l'Europe. L'ouverture du canal Rhin-Main-Danube doit nous obliger à repenser l'histoire de ces trois fleuves. Nous sommes la zone portuaire de l'hinterland rhénan et suisse. Nous sommes un nœud autoroutier. Nos Ardennes sont un tremplin vers une Lorraine ruinée par le centralisme parisien. Vers une Alsace en prise directe avec l'Allemagne et la Suisse (notamment le centre industriel de Bâle). Mais aucune synergie transrégionale n'est possible tant que toutes les scories du jacobinisme statolâtre et centraliste ne seront pas impitoyablement éliminées chez nos voisins du Sud.

Le devenir de la Wallonie ne pourra être à nouveau expansif que si un gouvernement régional wallon peut dialoguer sur pied d'égalité avec un gouvernement régional lorrain ou alsacien ou « nord-pas-de-calaisien » (traduit de l'hexagonal : Flandre, Artois, Hainaut), exactement comme, sous l'impulsion de Jean-Maurice Dehousse, un gouvernement régional wallon non encore sevré dialogue avec le gouvernement de Rhénanie-Westphalie ou de Rhénanie-Palatinat. L'avenir est au dialogue entre régions, que nous devons faire triompher, au nom d'une idéologie pacifiste dictée par la raison (plus de guerres franco-allemandes, car nous en faisons les frais).

• 11) Comment s'initier à la géopolitique ? Quelles sont les publications actuellement accessibles ?

Pour le débutant, je conseille d'abord l'achat d'un bon atlas historique, notamment celui qu'édite Stock. L'atlas historique éclaire sur la mouvance des frontières et sur les enjeux territoriaux des guerres de l'histoire. Ensuite, le Que-sais-je ? des PUF (n°693 ; Charles Zorgbibe, Géopolitique contemporaine). Les ouvrages de Hervé Coutau-Bégarie, également parus aux PUF ou chez d'autres éditeurs (Économica not.), les ouvrages de Michel Foucher (Fayard), l'Atlas stratégique de Gérard Chaliand (Fayard), les entrées consacrées aux figures historiques de la géopolitique dans l'Encyclopédie des Œuvres philosophiques des PUF qui sortira de presse ce mois-ci et que l'on consultera à l'Albertine ou dans les grandes bibliothèques universitaires.

http://www.archiveseroe.eu/recent/24