Des fouilles méticuleuses
À la demande de l’État et de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) du Centre-Val de Loire, l’INRAP a été chargé d’effectuer des recherches archéologiques sur le territoire de cette commune de la Champagne berrichonne, et cela avant que ne soit construite une nouvelle route. Lors des fouilles, des premiers restes de bâtiments, de fossés et de routes médiévales, datant des Ve et VIe siècles, ont été retrouvés. Cependant, le plus intéressant restait à venir. En continuant de chercher et creuser, les scientifiques sont tombés sur neufs fosses datées par le radiocarbone de la fin de la période gauloise au début de l’Antiquité romaine en France, soit entre 100 avant et 100 après Jésus-Christ. Dans ces fosses, de nombreux chevaux reposaient ainsi là, dans le sol, depuis 2.000 ans.
Les dépouilles retrouvées pour l’instant sont toutes, sans exception, couchées sur le flanc droit avec la tête en direction du sud. Les corps ont été aussi disposés sur deux rangées et sur deux niveaux et enfouis rapidement après leur mort, selon les experts. Selon Séverine Braguier, archéozoologue, « on est sur des individus qui ont au moins quatre ans […] Il s’agit de mâles […] de chevaux de petites tailles, entre 1,15 m et 1,20 m ». D’autres animaux dans d’autres fosses ont aussi été retrouvés, comme par exemple des chiens, mais à la différence des chevaux, couchés sur le flanc gauche et la tête en direction de l’ouest.
Sacrifice, épidémie ou bataille ?
Ces découvertes amènent alors plus de questions que de réponses aux archéologues. La disposition précise de tous ces corps montre un certain respect et un soin apportés par les Gaulois lors de l’enterrement de ces restes. Ces inhumations sont-elles alors les dernières traces d’un rituel, d’un sacrifice ou bien d’une épidémie, voire d’une bataille ? Pour l’instant, les scientifiques doivent encore déterminer si la mort de ces animaux est accidentelle ou volontaire. Cependant, les historiens peuvent s’appuyer sur les connaissances apportées par une ancienne découverte archéologique faite en 2002 dont la similarité troublante pourrait apporter un élément de réponse. Ainsi, en Auvergne, sur plusieurs sites de la plaine où a eu lieu la bataille de Gergovie - Gondole et L’Enfer, pour ne pas les nommer - furent retrouvés pas moins de 53 chevaux, eux aussi enfouis dans de nombreuses fosses et dans la même position que ceux de Villedieu-sur-Indre. Comme à Villedieu, il n’y a point de mobiliers ou d’autres ornements funéraires, mais ces charniers sont tous situés à quelques centaines de mètres d’un oppidum. Ce mot désigne des ensembles de fortifications celtiques construites sur des hauteurs. Ainsi la corrélation de ces informations rend « séduisant le lien entre l’enfouissement de ces chevaux et les batailles de la guerre des Gaules ». C’est ainsi un combat oublié qui aurait eu lieu à Villedieu-sur-Indre entre nos ancêtres les Gaulois et les envahisseurs romains qui pourrait être découvert. Néanmoins, les thèses d’un sacrifice afin d’obtenir les faveurs des dieux ou en hommage à des guerriers tombés au combat ne sont pas écartées non plus. En fin de compte, pour l’INRAP, dans l’attente de trouver des réponses définitives aux énigmes qu’apportent les découvertes de Villedieu-sur-Indre, ces dernières « complètent aujourd’hui celles réalisées voici deux décennies en Auvergne et amènent à reconsidérer les pratiques religieuses ou funéraires de la fin de l’âge du fer et du début de l’époque romaine ».
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