L’Union Européenne, pionnière du vieillissement démographique
Ceci signifie que l’Union Européenne entame désormais son déclin démographique, et que, selon la variante basse de la révision 1998 des projections officielles des Nations Unies, qui semble la moins improbable à ce jour, la population de l’Union Européenne régresserait en 2030 de plus de 10%, retrouvant son effectif de 1970 (340 millions d’habitants), et de près d’un quart en 2050, retrouvant son effectif de 1950 (290 millions d’habitants), mais les proportions des seniors et des personnes âgées dans la population étant alors le triple voire le quadruples des proportions de 1950.
Pionnière du vieillissement démographique, de l’inversion des pyramides des âges et du déclin de la population dans le monde, l’Union Européenne est déjà marquée de ce fait par un processus qui mine tant sa croissance économique que son existence politique sur la scène internationale. Retournement impressionnant de son évolution séculaire, le déclin démographique qui caractérise désormais une Europe et une Union toujours plus vieillies, manifestera ainsi chaque année davantage au reste du monde leur langueur et leur vulnérabilité et faiblesse politiques.
Aussi peut-on craindre, pour reprendre en anticipant sur ma conclusion, à propos de l’Europe et de l’Union, l’expression qui courrait les chancelleries dès l’époque du traité de Berlin, et surtout à la fin du XIXe siècle, à propos de l’empire Ottoman, une génération avant que les puissances ne procèdent à son démantèlement et à son dépeçage, que oui décidément, démographiquement, politiquement, diplomatiquement et militairement l’Europe et bel et bien devenue, l’homme malade du monde des prochaines décennies.
L’entrée du Royaume-Uni : rupture ontologique fondamentale
Nous avons rappelé plus haut les principales étapes de la Construction Européenne. Je voudrais y revenir pour souligner la longueur de la première étape de cette construction géo-économico-politique : étape de 16 années, entre 1957 et 1973, marquant le passage de la Communauté Européenne des 6 États membres fondateurs, à l’Europe des 9, après l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté en 1973, entrée à laquelle le Général De Gaulle s’était toujours résolument opposé.
Leurrés par l’illusion des étiquettes, nous avons l’habitude de prêter implicitement une continuité à l’histoire de la Construction Européenne, alors que 1973 et l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté marquent en réalité une rupture ontologique fondamentale dans la construction de cette entité, sur la scène politique mondiale. De 1958 à 1970, la volonté farouche d’indépendance face aux Super puissances, et d’abord face aux tentations hégémoniques des États-Unis, du Général De Gaulle aura marqué très fortement cette longue période de la construction européenne, lui imprimant une identité et une volonté politique claire aux yeux du monde, lors même que les 6 pays fondateurs manifestaient au monde à la fois leur résurrection et leur rajeunissement démographique, ainsi que leur prospérité et leur dynamisme économique.
Trente ans plus tard, l’Union à 15 n’a plus rien à voir avec celle du Général de Gaulle ; on pourrait dire qu’elle en constituerait plutôt l’antithèse, celle-là recherchant aujourd’hui toujours plus la passivité et la soumission sur la scène mondiale, là où celle-ci s’efforçait de manifester sa volonté d’initiative et d’indépendance face aux volontés hégémoniques des autres puissances.
Si la construction européenne a entamé sa mutation « mondialiste » au service du centre anglo-saxon dès 1973, 18 ans plus tard, la réunification en 1991 des deux Allemagnes, en voie toutes deux d’implosion démographique très avancée, parachève et « verrouille » cette évolution létale, en traduisant l’effacement quasi-total de Paris, face à Washington, Londres et Berlin, la France étant désormais noyée au sein d’une Union à 15 et bientôt à 27 ou 28, sur laquelle elle perd chaque année un peu plus d’influence. Cette construction européenne désormais sans limite et sans frontière apparaissant de plus en plus se transformer en « Cheval de Troie » pour éliminer les possibilités d’indépendance résiduelles des vieilles nations européennes, face aux nouvelles ambitions mondiales, de l’hyperpuissance américaine, désormais seule en lice sur la scène mondiale, depuis la dislocation de l’ex-Union Soviétique.
Ce n’est pas ici le lieu de démontrer que la Turquie constitue le pilier de la géostratégie des intérêts de Washington face à la Russie et au monde Slave en Europe, comme au Proche Orient. Aussi les États-Unis font-ils désormais une stricte obligation à leurs satellites de l’Union, en particulier l’Allemagne réunifiée et la France, d’accueillir au plus tôt la Turquie, comme membre à part entière au sein de l’Union Européenne.
L’entrée de Chypre annonce celle de la Turquie
Du reste, la toute prochaine entrée de Chypre au sein de l’Europe, comme nouvel État membre à part entière, est discrètement conçue en vue de l’admission quasi automatique de la Turquie au tour suivant, puisque l’île de Chypre est aujourd’hui partagée entre secteurs Grec et Turc.
L’admission préalable de Chypre au sein de l’Union est un moyen d’imposer aux opinions publiques européennes réticentes l’entrée de la Turquie dans l’Union, exigée par le gouvernement des États-Unis.
A suivre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire