samedi 23 juillet 2011

LES PROMOTEURS DU COMMUNISME – FABIO GROBART (6)

Fabio Grobart, de son véritable nom Abraham Simjovitch, naît à Bialystock, Pologne, en 1905 dans une famille juive. Dès 1922, il rejoint les jeunesses communistes polonaises. Son activisme lui vaudra de sérieux ennuis qui le conduiront à souhaiter changer d’air. Direction … Cuba*.Il n’y perdra pas son temps puisque dès 1925 – il a 20 ans – il fonde avec trois autres juifs ashkenazes : Goldberg, Vasserman et Garbich, sur ordre du Komintern, le parti communiste cubain.
Le spécialiste de l’histoire juive Moisés Asis nous le dit en ces termes : « By 1925, there were 8,000 Jews in Cuba (some 2,700 sephardic, 5,200 ashkenazic, and 100 Americans). Four ashkenazic Jews were in the small group that founded the first Communist Party of Cuba in 1925: Grimberg, Vasserman, Simjovich aka Grobart, and Gurbich. They opposed the religious and community life of the other Jews.”
A partir de ce moment-là, il sera l’ incontestable « idéologue » du parti et le mentor de Fidel Castro qu’il est censé avoir lui-même recruté en 1948. On lui attribue généreusement – car on ne prête qu’aux riches – un rôle majeur, quoique plutôt occulte, dans la révolution cubaine de 1959 et les événements qui la précédèrent. Les quelques décennies entre 1925 et 1959 furent officiellement occupées par lui à des activités syndicales et à des voyages en Europe de l’est, sous diverses identités et à des fins tout aussi diverses.
Bref, il fut l’éminence grise du pouvoir communiste cubain jusqu’à sa mort à Cuba, en 1994. À l’âge respectable de 89 ans, soit notablement plus que celui auquel parvinrent généralement les innombrables victimes de la terreur castriste. Le New York Times rapportera en ces termes des plus softs son décès, le 24 octobre 1994 :
« Fabio Grobart, a founder of Cuba's Communist Party, has died, state news organizations reported. He was 89 years old. The report from the state news agency A.I.N. did not say when he died or the cause of death, but it said he was buried on Saturday. Mr.Grobart, who emigrated from Poland to Cuba when he was 19, was a founding member of the Cuban Communist Party in 1925. At one time he owned a tailor shop in Havana. In the years after the 1959 revolution that brought Fidel Castro to power, Mr. Grobart served on the party's Central Committee and as a member of Parliament.”
Pour compléter ce portrait sommaire, voyons cette présentation, parue dans Libération, du livre de Serge Raffy, Castro, l'infidèle, paru en 2003 (Fayard) :
« Le scanner est sans pitié. Ainsi en est-il de celui que Serge Raffy fait subir à Fidel Castro. Le résultat de l'examen est accablant. Il surprendra même ceux qui n'ont jamais participé au culte du caudillo des Caraïbes et qui se sont toujours méfiés des images d'Epinal «made in La Havane». Il en est une, en particulier, que pulvérise l'enquête du journaliste Raffy : celle du révolutionnaire romantique, poussé presque malgré lui vers le communisme, après sa prise du pouvoir en 1959, par l'intransigeance absolue des États-Unis. Une vraie imposture. Non seulement parce que Castro a très vite accordé fort peu d'importance à la vie des autres mais surtout parce que, depuis 1952, sinon 1948, l'agitateur étudiant Castro, peu regardant sur ses alliances conjoncturelles mais qui ne manque jamais une occasion de proclamer son anticommunisme, émarge au réseau «Caraïbes» mis en place par les services secrets soviétiques.
Il a été recruté par la «tête» du réseau, Abraham Semjovitch, un juif polonais connu à Cuba sous le nom de Fabio Grobart. Sa mission : brûler les étapes classiques de la prise du pouvoir en suscitant des mouvements révolutionnaires en marge des partis communistes traditionnels (trop surveillés et pas assez audacieux), capables de s'imposer par la force et par la ruse. Ce sera le rôle du M26, le Mouvement du 26 juillet, ainsi nommé en souvenir de la calamiteuse attaque de la Moncada, en 1953, devenue par la grâce de la propagande castriste un haut fait militaire.
La chronologie de l'année 1959, qui débute par la fuite de Batista et l'entrée des «barbudos» de la Sierra Maestra dans La Havane, ne dément pas, loin de là, ce qui précède : après avoir nommé un gouvernement «démocratique» où sont représentées toutes les sensibilités de l'opposition à Batista, Fidel Castro dissout dès le mois de février l'Assemblée nationale, se proclame Premier ministre ; et trois mois plus tard, il impose la collectivisation des terres sous le contrôle de l'armée. De quoi satisfaire Fabio Grobart et un certain Nikolaï Leonov, un autre agent du KGB, très lié au frère omniprésent de Fidel, Raoul, dépêché à Prague dès 1953 aux fins de formation à la clandestinité. Cette accélération de la révolution en direction d'un soviétisme tropical, le rôle accru des communistes cubains dans des instances paragouvernementales quasi clandestines et l'autoritarisme croissant dont fait preuve Castro lui-même, ne sont pas du goût de certains de ses compagnons de la première heure.
Le plus prestigieux d'entre eux, affirme Serge Raffy, détails et témoignages à la clé, sera éliminé sur ordre de Fidel et de Raoul, ce dernier définitivement spécialisé dans les basses besognes. Il s'agit de Camilo Cienfuegos, chef de l'Armée rebelle ; cette figure légendaire de la révolution, presque aussi populaire que Castro mais tellement plus «cubain» donc spontané, va périr le 28 octobre 1959 dans le mitraillage de son avion par un pilote qui croyait «descendre» un appareil ennemi. Un autre héros emblématique de la «longue marche» castriste, Huber Matos, sera, lui, condamné à vingt ans de prison en décembre 1959 à la suite d'un procès dont Staline n'aurait pas désavoué la mise en scène. La même scène se rejouera trente ans plus tard lorsqu'il s'agira de faire fusiller un autre «héros de la révolution» qui s'était ensuite illustré dans les combats d'Angola, où Castro avait engagé son peuple en tant que supplétif de l'Union soviétique, le général Ochoa. »
* Les premiers juifs y arrivèrent à l’époque de Christophe Colomb, fuyant l’inquisition. D’autres arrivèrent au 19e siècle en provenance d’Europe de l’est. Puis d’autres encore à partir de 1910, de Turquie cette fois. A la seconde guerre mondiale arrivèrent d’autres juifs, qui furent bien accueillis, dont des diamantaires d’Anvers (c’est vrai qu’ils sont toujours bien accueillis, ceux-là). Hélas, ils repartiront en 1946.
En 1945, il y avait 15 000 juifs à La Havane, essentiellement des commerçants. Au début des années 60, soit à la révolution – ils voulaient bien la faire mais pas la subir – 90% d’entre eux repartiront aux USA et en Israël. Sans rancune …

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