vendredi 24 juin 2011

MAI 45 EN ALGERIE : STOP AUX MANIPULATIONS HISTORIQUES !

Correction de la vérité trafiquée par une connivence franco-algérienne
À l’approche du mois de juillet, qui est une période de nostalgie noire pour beaucoup de Français et Européens rapatriés d’Algérie en 1962, nous ne revenons pas sur cette date, qui clôt – dans la malheur - un cycle. Nous avons choisi plutôt un épisode historique, antérieur de deux décennies.
Des historiens en ont fait – peut être à tort - l’ouverture de ce cycle. Pour en exagérer l’importance, des esprits partisans n’ont pas hésité, de part et d’autre de la Méditerranée, à maquiller la matière, à la recherche d’oreilles complaisantes ou naïves. Un film français récent, promu par des acteurs d’origine maghrébine, participe de cette manipulation.
Il nous a semblé que l’auteur de l’ouvrage récent, que nous vous présentons - « Sétif – Guelma Mai 1945 – Massacres en Algérie » -  conciliait dans ces travaux les qualités se raréfiant par les temps qui courent, dans une discipline où elles devraient être les premières exigences : la soumission aux faits, la probité intellectuelle et l’empathie équilibrée. Cela méritait de faire connaître son travail.
Guilhem Kieffer: Le livre, que vous publiez sur les événements de mai 1945 en Algérie, a été bien accueilli par la critique et les historiens. Il  a reçu le prix Robert Cornevin, décerné par l'Académie des Sciences d'Outre-mer. Pourtant, ce sujet a déjà fait couler beaucoup d'encre. Pourquoi un nouvel ouvrage sur ce thème ?
Roger Vétillard: Il s'agit en effet du quatorzième ouvrage sur ce sujet. Il traite des événements de Sétif survenus en 1945 qui, curieusement depuis une quinzaine d'années, reviennent chaque année sur le devant de la scène médiatique. Évidemment, pour moi qui suis né à Sétif et qui ne suis pas historien, ces faits m'ont interpellé.
J'ai voulu en savoir plus et je me suis mis à la recherche des témoins et des documents inédits. Et j'ai constaté que beaucoup de choses affirmées à ce sujet sont inexactes. J'apporte aussi des éléments nouveaux sur plusieurs points importants, ma connaissance des lieux et des gens, une analyse des publications précédentes, une bibliographie importante.
Guilhem Kieffer: Pouvez-vous rappeler ce que furent ces événements ?
Roger Vétillard: Nous sommes au temps de l'Algérie Française. Le 8 mai 1945,, jour de la capitulation de l'armée allemande, à Sétif ville de 45000 habitants, à 300 km à l'est d'Alger, une manifestation autorisée des groupements indépendantistes musulmans, à la suite d'un affrontement avec les forces de l'ordre, tourne à l'émeute et au Djihad. 89 Européens sont tués à Sétif et dans les villages environnants.
À Guelma, 160 km plus à l'Est, les choses sont un peu différentes. La manifestation indépendantiste est interdite. Les forces de l'ordre tentent de l'interrompre, des Musulmans sont tués. Le sous-préfet André Achiary, en l'absence de l'armée, devant un risque qu'il surévalue, crée une milice d'autodéfense, comme la loi l'y autorise, et un tribunal de guerre.
Celui-ci va faire procéder à l'interpellation de plus de 3 000 Musulmans. La plupart seront relâchés, mais plusieurs seront condamnés à mort et exécutés. Dans les campagnes environnantes, les fellahs se révoltent et tuent une vingtaine d'Européens. L'armée intervient dans les deux régions: la répression est terrible. Elle fait plusieurs milliers de morts. Vraisemblablement 4 000 à 7 000, loin des 45 000 annoncés par l'histoire officielle algérienne.
Guilhem Kieffer: Parmi ces éléments nouveaux quels sont ceux qui sont importants ?
Roger Vétillard: Le plus important, historiquement parlant, c'est l'information qui avait été oubliée : le premier mort à Sétif, ce 8 mai 1945, est un Européen, tué dès avant 7 heures du matin. Jusqu'ici, l'histoire avait retenu que, à la suite des premiers incidents, il y avait eu, vers 9 heures, des morts musulmans et européens. Certains disent qu'il n'est pas possible de savoir avec certitude qui est le premier mort. Les Algériens parlent de Saal Bouzid, le porte-drapeau.
Non seulement, je détruis la légende de Saal Bouzid, porte-drapeau et scout (il n'était ni l'un ni l'autre ; le porte-drapeau était Aissa Cheraga) mais, en plus, j'apporte des témoignages et des documents qui permettent de penser, avec une quasi-certitude que, dès 7 heures du matin au moins, un français (Gaston Gourlier), voire même deux, ont été tués par les insurgés.
Car, il y a eu une tentative de soulèvement à l'initiative du PPA (Parti du Peuple Algérien de Messali Hadj). J'en fais la démonstration. On ne peut plus dire que ces événements ont résulté d'une provocation des forces de l'ordre françaises, qui sont intervenues face à des manifestants pacifiques et désarmés.
Et j'apporte des éléments, que je crois décisifs, permettant de penser que le préfet, André Lestrade-Carbonnel, qui a été accusé, surtout par les médias algériens, des pires méfaits lors de la répression, n'a aucune responsabilité particulière, sinon celle d'avoir sous-estimé les signes avant-coureurs qui annonçaient le prochain soulèvement.
Je souligne que les territoires concernés sont vastes comme trois départements français et que parler des « massacres de Sétif » est inadapté. Parlerait-on des massacres d'Orléans si 109 morts avaient été dénombrés dans le Loiret, le Loir et Cher et l'Eure et Loire, mais seulement 28 à Orléans ?
Enfin, je rappelle que, s'il y a eu une répression démesurée qui a touché souvent des innocents, alors que les responsables avaient mis leurs familles à l'abri, il est fondamental de préciser que cette répression n'a eu lieu que là où la communauté européenne a été agressée. S'il y  avait eu provocation programmée des autorités françaises, cette répression ne se serait pas arrêtée à ces seuls endroits.
Guilhem Kieffer: Pourquoi revenir sur des faits qui se sont produits il y a maintenant 66 ans ?
Roger Vétillard: Il faut savoir qu'il y a, à ce propos une controverse sérieuse entre l'histoire officielle algérienne et les historiens français. Curieusement d'ailleurs, une partie des médias français reprend, sans se poser de questions, la dialectique algérienne. Ces gens, en dépit de tout ce qui a été écrit sur ce sujet par des historiens français et algériens, de ce que les milieux informés algériens pensent, de ce que les témoins et les documents disent, continuent de soutenir que c'est une manifestation pacifique des musulmans qui a été réprimée sans raison et qui a fait 45 000 morts. Ce serait un véritable génocide.
Or la plupart des historiens français sérieux, spécialistes de l'histoire de l'Algérie, de Guy Pervillé à Jacques Frémeaux, de Gilbert Meynier à Daniel Lefeuvre, Jacques Valette, Jean-Jacques Jordi et même Benjamin Stora, ne me contredisent pas sur ces points : il n'y a pas eu 45 000 morts (mes estimations sont inférieures à 7 000) ; la manifestation de Sétif n'était pas interdite ; les manifestants étaient armés et il n'y a pas eu de provocation des forces de l'ordre. Si provocation il y a, elle est le fait des indépendantistes.
Pourtant, c'est sur ces données erronées que la Fondation algérienne du 8 mai, initiée par Bachir Boumaza, personnalité politique algérienne de premier plan à la fin des années 80, réclame la condamnation de la France pour crime contre l'humanité. Et je fais l'analyse suivante : c'est pour des raisons intérieures que cette fondation a été créée, afin de dire aux Kabyles, qui ont donné l'essentiel des participants à ce soulèvement, qu'ils étaient parmi ceux qui avaient suscité la création de la nation algérienne  et qu'il ne pouvaient pas vouloir l'autonomie de leur région et, à plus forte raison, l'indépendance.
Il est dit aussi aux islamistes, dont on rappellera qu'ils étaient en passe de gagner les élections législatives en 1991, après avoir gagné les municipales, que les hommes au pouvoir avaient, eux aussi, participé à un Djihad et, enfin, à ceux qui prônaient un rapprochement avec la France qu'elle avait été à l'origine de massacres importants.
L'Algérie est, en ces années 90, au bord de l'implosion et cette revendication, qui dirige les regards vers le bouc émissaire facile que constitue l'ancien pays colonisateur, permet de ressouder les diverses composantes des communautés nationales autour d'un projet commun.
Et puis j'écris certes pour les lecteurs d'aujourd'hui, mais, surtout, pour l'histoire, afin que des informations et des analyses inédites ne tombent pas dans l'oubli.
Guilhem Kieffer: Avez-vous un nouveau sujet d'études ?
Roger Vétillard: Je termine un travail de recherches sur une période tout aussi dramatique de l'histoire de l'Algérie : les journées d'août 1955, dans le nord-constantinois, qui constituent pour moi, vraisemblablement, un tournant dans la guerre d'Algérie. Peut-être même dans l'histoire des 50 dernières années dans le monde, celles qui voient le terrorisme acquérir des lettres de légitimation. Le livre devrait paraître avant la fin de l'année 2011.
Source : Metamag (Merci à Jean-Pierre) http://www.legaulois.info/


Sétif Guelma mai 1945 Massacres en Algérie de Roger Vétillard aux Éditions de Paris 605p à 39 €

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