vendredi 3 octobre 2008

Les communistes du «souterrain»

Jean Moulin, le héros de la Résistance, l'envoyé spécial du général de Gaulle en France sous l'Occupation, et dont la dépouille repose au Panthéon, était-il tout bonnement un agent du KGB ?
Question quasiment sacrilège qui m'aurait valu, si je m'étais permis de la formuler, une très lourde condamnation. D'autant que le célèbre résistant Henri Frenay, qui avait seulement suggéré ses attaches communistes, s'était vu, en la circonstance, condamné.
Et voici que la question resurgit, brutale. Coup sur coup, avec un grand article d'Annie Kriegel et d'Henri-Christian Giraud, qui fait la « Une » du Figaro-Magazine ; avec un livre bourré de révélations de Thierry Wolton, Le grand recrutement (1), interviewé dans le même numéro du Fig-Mag, et lors d'une émission, « La marche du siècle ».
« Descendre dans le souterrain » est une expression propre à certains militants communistes qui signifiait : passer à l'action clandestine.
Cette action pouvait prendre Deux formes : militer pour l'appareil clandestin du parti communiste qui a existé dès sa fondation, mais qui a pris une importance plus grande dans certaines circonstances tendues : l'occupation de la Ruhr en 1923 ; l'action défaitiste du parti communiste français, après sa dissolution, prononcée par le ministre de l'Intérieur, le socialiste Sérol ; la période qui va, sous l'Occupation, de juin 1941 (après entrée des troupes allemandes en Union soviétique), à août 1944 ; la guerre d'Indochine, celle d'Algérie ...
Dans son interview au Fig-Mag, Wolton évoque la figure d'un agent du GRU (service de renseignement de l'armée soviétique), Harry Robinson, qui opère comme recruteur d'espions dans les milieux communistes, ou para-communistes, tout de suite après la création du Komintern par Lénine en 1919 .
Robinson a continué à agir pendant la guerre. Et Wolton assure qu'il a obtenu, auprès d'un service occidental, la collection de ses messages secrets expédiés à Moscou. Il indique de même que Robinson a été livré à la Gestapo par le fameux Trepper, le « héros » de l'Orchestre Rouge, selon le très communisant Gilles Perrault.
Le service créé par Robinson n'est qu'une section des activités soviétiques en France, avant la guerre. Opère aussi le réseau du fameux général Muraille (pseudonyme d'un Balte dont l'identité, à notre connaissance, n'a jusqu'ici jamais été percée, mais que les archives soviétiques devraient aujourd'hui révéler).
Muraille, secondé par un communiste français, Emile Bougère (que j'ai bien connu et qui a laissé un volume de souvenirs inédits), est à la tête du réseau des « Rabcors ».
Rabcors est l'abréviation de « Rabonichki Korrespondanti » correspondants ouvriers). Ceux-ci en Russie, avant la prise du pouvoir par Lénine, étaient les agents d'information du parti bolchevik dans les entreprises.
A partir de 1927, un réseau identique qui regroupe plus de 2 000 correspondants, est constitué dans les entreprises françaises. Une page spéciale lui est consacrée dans L'Humanité.
En réalité, il s'agit d'une simple couverture pour l'espionnage industriel, particulièrement dans les entreprises qui travaillent pour la Défense nationale.
L'homme qui sélectionne ces agents pour le compte de Muraille, n'est autre qu'Emile Bougère. Des travailleurs dans les entreprises deviennent ainsi les espions des Soviétiques sans même s'en douter. Quelque temps plus tard, un autre réseau est constitué sous la direction d'un Polonais d'origine juive, Isaïa Birr, alias « Fantômes ». Trepper aurait pu travailler avec lui (2).
La gauche du parti radical
C'est dire l'importance et la diversité du « souterrain ».
Revenons à Robinson. Annie Kriegel et Giraud, dans leur article, établissent un parallèle entre le Trinity College de Cambridge, dans les années 30, et, à la même période, l'aile gauche du parti radical.
En Grande-Bretagne, le Trinity College de Cambridge fut la matrice des célèbres agents soviétiques Burgess, MacLean, Anthony Blunt et Philby
Ils indiquent que du militantisme politique, ils glissèrent à l'espionnage. Ils ne précisent pas que pour certains d'entre eux, l'homosexualité fut un facteur non négligeable.
« En France, écrivent-ils, mutatis mutandis, le scénario fut le même. Le vivier, ce n'est pas Trinity College et ses jeunes étudiants, mais l'aile gauche du parti radical et ses jeunes politiciens groupés d'abord autour du plus titré et du plus brillant d'entre eux, Pierre Cot, puis au sein de son cabinet quand Pierre Cot devient ministre, qui plus est ministre de l'Air. »
Ici, il faut citer un livre, complètement occulté par les médias, L'affaire Jean Moulin. La contre-enquête (préface de Jacques Soustelle), de Charles Benfredj, qui fut l'avocat du résistant Henri Frenay.
C'est Henri Frenay, le premier, qui attira l'attention sur la personnalité énigmatique de Jean Moulin. Avant guerre, celui-ci avait été surnommé le « Préfet rouge » lorsqu'il était en poste à Rodez, en 1937, et « Moulin rouge » à Amiens, en 1935.
Dans une lettre qu'il écrivit au colonel Passy le 13 juillet 1950, Frenay indiquait : « Jean Moulin avait été avant la guerre le chef de cabinet de Pierre Cot, communiste déguisé en radical, prototype accompli des actuels fellow-travellers (compagnons de route). Qui a-t-il choisi pour le seconder, c'est-à-dire pour user de ces pouvoirs dictatoriaux que nous avons si durement combattus ? Ils étaient trois : le colonel Manhès, l'actuel président de la Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes, organisation communiste.
Meunier et Chambeiron, tous deux actuellement députés communistes ... Jean Moulin, selon nous, a été l'homme du parti communiste.» (3)
Être l'homme du parti communiste est une chose. Être un agent soviétique en est une autre.
D'où l'intérêt du livre de Wolton. En fonction de documents de la Gestapo récupérés par les Alliés, il établit la réalité du contact entre Moulin et Robinson.
« Moulin et Robinson commentent Annie Krieger Giraud - ont collaboré dès la guerre d'Espagne... mais aussi pendant la guerre de 1939 à 1942. »
Réseau secret
Toujours selon cette source :
1) Les relations Robinson-Moulin sont antérieures à la désignation de ce dernier par De Gaulle, comme délégué de la France libre auprès de Résistance intérieure.
2) Interrogé par le KGB après la guerre, Trepper déclare. « Harry (Robinson) obtenait des informations de grande valeur de la part de Moulin. »
3) « "Les papiers Robinson" publiés par Wolton indiquent d'autre part que Moulin a fourni des informations à Robinson à l'époque du pacte germano-soviétique, donc avant son départ pour Londres. »
Passons à d'autres personnages qui constituent ce qu'il faut bien appeler un réseau secret. Dans le livre de Benfredj (4), on lit :
« Cot et Moulin ont été en relation quasi hebdomadaire nous le savons par ses déclarations (celles de Cot) dans Action (15 juin 1945) - comme vraisemblablement ils l'étaient tout aussi secrètement avec André Labarthe.» L'un était donc aux USA, l'autre auprès de Giraud, et le troisième au cœur du dispositif de De Gaulle.
Toujours selon la même source (c'est-à-dire Frenay), Pierre Cot était en liaison avec une madame Dangon. Elle le recevait fréquemment et s'occupait avant-guerre de sa propagande électorale.
Cette madame Dangon n'était autre que la femme de l'imprimeur communiste (de L'Humanité entre autres). C'est ce personnage que les communistes Tréand et Denise Ginollin « contactèrent », aussitôt après leur entrevue avec le lieutenant Weber de la Propagandastaffel, le 18 juin 1940, en vue de faire reparaître L'Huma. Ce qui ne put se faire, en raison de l'opposition de Vichy.
Récapitulons : sous l'Occupation, Moulin est à Londres, auprès de De Gaulle. Quand il vient clandestinement en France, il est l'homme-clé qui distribue les fonds aux divers mouvements de résistance. Le second, Pierre Cot, opère aux Etats-Unis, dans les milieux américains. Et le troisième homme, André Labarthe, est bien placé à Alger, auprès du général Giraud, c'est-à-dire de la Résistance de droite. Voilà une «troïka» redoutablement efficace.
A propos de Labarthe, on lit dans les Mémoires de Peter Wright, ancien directeur du MI 5 (Services secrets britanniques) publiés aux Etats-Unis sous le titre Spycalcher (Dell International Edition, août 1988) :
« En 1964, nous décryptâmes un message qui prouvait sans doute possible que Labarthe avait, durant cette période, travaillé comme espion soviétique... je découvris qu'un autre politicien français, Pierre Cot, ministre de l'Air du gouvernement Daladier d'avant-guerre, était également un espion soviétique ... J'obtins l'autorisation de fournir à la DST les renseignements prouvant que Cot et Labarthe étaient des espions soviétiques. Ils étaient âgés mais encore actifs sur le plan politique et cela me paraissait de bonne précaution. J'allais à Paris, au siège de la DST, au début de 1965. Je fus reçu par Marcel Chalet, sous-directeur du service ... II était violemment anticommuniste et pourtant admirait Jean Moulin, lui-même communiste plus que tout autre.. Malheureusement, Labarthe mourut d'une crise cardiaque pendant que Marcel [Chalet] l'interrogeait, et on laissa Cot en paix. » (5)
Ce texte est étonnant. Cot y est traité d'espion dans un livre paru aux Etats-Unis. Le fils Cot a-t-il engagé des poursuites ?
Mais il y a plus étonnant encore. Quoi ! Labarthe meurt d'une crise cardiaque pendant son interrogatoire, dans une enceinte de police ? Quelle magnifique occasion, pour un Gilles Perrault, par exemple, de s'indigner et de crier à l'assassinat ! Avec toute l'orchestration de la presse communiste, du Monde, de Témoignage Chrétien, de La Croix, de la Télévision, des chaînes de radio, etc...
Dites, avez-vous entendu quelque chose ? Pour ma part, rien.
Cela prouve que la cause de Labarthe était indéfendable. Et quand un espion soviétique meurt, son décès est escamoté.
Dernier point qui n'est pas abordé dans l'article du Figaro-Magazine, ni dans le livre de Wolton.
Dans le livre Lamia, nom de code de l'auteur, Thyraud de Vosjoli, agent de renseignement de la Résistance, resté aux Etats-Unis après la perte de l'Algérie française, il est clairement indiqué qu'à l'Elysée, dans l'entourage immédiat de De Gaulle, opérait un espion soviétique. Trois ou quatre pistes à ce sujet ont été évoquées. Peut-être les archives soviétiques nous livreront-elles un jour le nom attendu ?
Voilà qui pourrait intéresser Pierre Joxe qui, sous Gorbatchev, est allé rendre une petite visite aux successeurs du KGB et dont le père occupa avant-guerre le poste de directeur-adjoint du cabinet de Pierre Cot.
Roland GAUCHER National Hebdo du 11 au 17 février 1993
(1) Ed. Grasset
(2) Sur ces réseaux, cf. Roland Gaucher. Histoire secrète du Parti communiste français (Albin Michel, éd.)
(3) Benfredj L'Affaire Jean Moulin p. 62 et p. 63 (Albin Michel)
(4) o.c. p. 85
(5) o. p.65

2 commentaires:

Pharamond a dit…

A l'époque de Jean Moulin c'était le NKVD et non le KGB.

Anonyme a dit…

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