samedi 31 mai 2008

Des crimes du PC ne faisons pas table rase

Le livre noir du communisme (II)
« Du passé faisons table rase » : ce début de couplet de l'Internationale a toujours été appliqué par les communistes de tous poils, surtout à propos de leurs échecs et de leurs crimes, innombrables. En son temps, Le Livre Noir du Communisme, publié sous la direction de Stéphane Courtois, malgré son épaisseur, et en dépit de son caractère très méritoire, n'avait pas tout dit. Ce que proclame, avec honnêteté, la bande qui entoure le dernier-né fin 2002, réalisé sous la direction du même, Du passé faisons table rase, qui part à la recherche d'atrocités du communisme en Europe. A l'heure où Chirac, prisonnier de sa jeunesse marxiste, rend hommage sur hommage au PC "français", il est utile et nécessaire de se rafraîchir la mémoire au sujet d'une « utopie meurtrière » dont les crimes européens sont tout aussi monstrueux que les tueries asiatiques, africaines ou sud-américaines.

Seize historiens de plusieurs pays, dont un Français, Philippe Baillet, ont déterré les dossiers que les communistes et leurs ailiés souhaitaient oubliés à jamais, Le tabou qui interdisait de stigmatiser les horreurs marxistes a certes été ébranlé par la chute des bastions les plus importants du système, et d'abord à Moscou, mais son influence perverse et dangereuse subsiste, Quand on voit, comme le cite S Courtois une Arlette Laguillier, la trotskiste si sentimentale, aux pleurs si spontanés, dire à propos du Livre Noir, que ses auteurs étaient de « prétendus historiens », des « falsificateurs à l'œuvre », il ne suffit pas de hausser les épaules, car Chirac agit officiellement en accord avec Lutte Ouvrière, Et toute une campagne systématique, l'organe officieux Le Monde en tête, se sert de Hitler pour tenter d'effacer le caractère criminel du communisme, Le directeur du Monde en personne, Jean-Marie Colombani, se distingue avec une hypocrisie consommée, parlant d'« absence de méthode » lorsqu'on évoque les tueries communistes, et caressant l'idée d'un Livre noir du capitalisme, ce qui réserverait des surprises, car Colombani apprendrait alors, qu'il le veuille ou non, l'étroite collaboration entre les financiers mondiaux, d'une part, Lénine, Staline, Mao d'autres part. Face aux auxiliaires honteux des Tchékas, Securitate et Stasi, le devoir de vigilance et de mémoire s'impose, car l'occultation du passé préparera demain l'acceptation d'autres crimes de même inspiration.

L'ordinaire des tueurs rouges


Alexandre lakovlev, dirigeant du PC soviétique finissant, et qui fut un artisan de sa liquidation, donne dans cette œuvre collective une remarquable analyse des schémas d'assassinats, du point de vue des léninistes, copiés tous leurs successeurs, Il qualifie de manière pertinente le bolchevisme de « maladie sociale du XXe siècle », et il énumère les responsabilités qui furent d'emblée celles du communisme : le coup d'Etat, sanglant et illégal, d'« Octobre Rouge » ; le déclenchement de la plus terrible des guerres, la guerre civile (13 millions de morts en tout) ; la destruction de la paysannerie russe; l'anéantissement des Eglises chrétiennes et non chrétiennes exécution des prêtres, mise à bas des lieux de culte) ; liquidation des couches traditionnelles de la société (officiers, nobles, intellectuels, commerçants, industriels, etc,) instauration des exécutions administratives, sans jugement, généralisation de la torture, installation des camps de concentration où sont internés même des enfants, usage des gaz asphyxiants (vingt millions de morts) ; étouffement de toute liberté (interdiction de tous mouvements de pensée, de toute expression non contrôlée) ; représailles écoeurantes contre les prisonniers de guerre sovietiques rapatriés après 1945, alors que le PC était responsable de leur capture au cours du conflit; persécutions systématiques contre les scientifiques, les médecins, les écrivains, les artistes; pratique des proces racistes et de campagnes criminelles contre les « dissidents »; ruine économique et morale d'un pays immense; enfin, « instauration d'une dictature contre l'être humain, son honneur, sa dignité et sa liberté », Tout ceci fut rigoureusement imitée par les marxistes du monde entier.

Estonie, pays martyr


Quand on regarde un petit pays de un million d'habitants au début du siècle passé, l'Estonie, - le communisme dès décembre 1918 se déchaîne avec toutes ces caractéristiques léninistes. Voici des « échantillons » concernant la religion: un pasteur a les yeux crevés et périt sous la torture. En janvier 1919, dans la cave d'une Caisse d'Epargne, les rouges tuent dix-neuf personnes, dont un aumônier luthérien, un évêque orthodoxe, un archiprêtre, qui s'était opposé, une décennie plus tôt, à ce qu'on mette hors d'état de nuire des révolutionnaires. Les Soviétiques furent vaincus militairement et durent pour le moment arrêter leurs crimes, Mais ils se rattrapèrent sur les Estoniens vivant en URSS, en jetant près de 70 000 dans des camps de concentration où ils périrent par milliers. Les chefs du PC d'Estonie en exil furent abattus en 1937-1938. Début 1939, 2.360 Estoniens communistes étaient dans le goulag. Fin septembre 1939 l'Armée rouge de Staline occupe l'Estonie, qui n'oppose pas de résistance. En juin 1940, le pays est annexé à l'URSS. La terreur se déclenche, Des arrestations par milliers, des exécutions, des massacres purs et simples (78 personnes abattues dans des villas au printemps 1941). L'élite estonienne, traduite en justice, vit pleuvoir les condamnations à mort, perpétrées après minuit. Les déportations « familiales » se développèrent, plus de dix mille personnes, à quoi il faut ajouter 12 000 soldats estoniens « arrêtés ». Dans un pays de un million d'habitants. A partir de la guerre germano-soviétique, fin juin 1941, ces chiffres sont pulvérisés, et des méthodes sauvages de mise à mort remplacent les balles dans la nuque et les pelotons de fusilleurs, Les incendies de bâtiments sont la règle. A l'été 1941, 3.247 fermes sont détruites, ainsi que 19 mairies, 102 bâtiments coopératifs, 79 écoles, et beaucoup de maisons. Le tout sans la moindre utilité militaire. Le 8 juillet 1941, à la prison de Tartu, 192 détenus, parce que « bourgeois » sont massacrés, dont des écrivains, des artistes, des prêtres. Dans des îles côtières, le sadisme communiste battit tous les records: prisonniers ébouillantés, yeux arrachés, seins coupés aux femmes (95 cadavres sur une seule île). Au total, sur cette période, on n'a pu identifier que 2.199 assassinés.
Et la France ?

La suite fut de la même horreur ordinaire pendant la guerre, où Staline se servit comme de chair à canon des Estoniens sur son sol. Afin de se disculper de leurs premières vagues de crimes, les communistes tentèrent au procès de Nuremberg de charger au maximum les Allemands. Les recherches effectuées ont fait tomber les 125 000 victimes imputées au Reich à 6 600, En revanche, les communistes ajoutèrent à leur palmarès de 1918-1919 et de 1939-1941 celui de 1944-45, d'une ampleur sans précédent 75 000 arrestations dont au moins 35 % de fusillés, ou tués autrement, et des déportations eurent lieu encore en 1949. Arrêtons là cet unique exemple, sur un peuple de un million d'habitants.

De bien plus grands pays Roumanie, Hongrie, Grèce... ont subi le déferlement des barbares.
Ce qui est arrivé chez eux aussi ne doit pas être oublié. Du passé ne faisons pas table rase. Reste un souhait : qu'un jour, le tableau des crimes du communisme en France soit établi de façon exhaustive. Car sur notre sol aussi, les disciples de Lénine ont sévi, tuant dans toutes les catégories (paysans, « bourgeois » ou ouvriers), toutes les opinions (gens de droite ou d'extrême gauche, gaullistes ou maréchalistes), assassinant des réfugiés accueillis par la France, A quand ce travail ?

Alexandre MARTIN, National Hebdo du 16 au 23 janvier 2003.
Du passé faisons table rase, sous la direction de Stéphane Courtois, éditions Robert Laffont, 576 pages, 22,95 euros.

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