vendredi 26 décembre 2025

Il y a 70 ans, le bataillon français s’illustrait en Corée

 

La guerre de Corée : quand la guerre froide devient « chaude ...

Au « Pays du matin calme », la guerre dure depuis 70 ans, les deux Corée continuant de s’affronter de part et d’autre du 38e parallèle. Pour Pyongyang et Séoul, la paix n’est qu’un espoir aussi fugitif qu’un mirage dans le désert.

Comme quoi, depuis l’Antiquité, l’histoire du monde s’est toujours écrite entre le Nord et le Sud. C’est ainsi.

Ce fut d’abord la Muraille de Chine pour protéger les dynasties des invasions mongoles et  le Mur d’Hadrien, bâti par les légions romaines pour protéger l’Empire des barbares venus du nord de l’Angleterre.

Les invasions vikings, les croisades, la guerre de Sécession, la guerre du Vietnam de part et d’autre du 17e parallèle, et bien d’autres conflits, ont toujours opposé le Nord et le Sud.

Même l’Europe des 27 n’échappe pas à ce cliché, entre les fourmis laborieuses d’Europe du Nord et les cigales insouciantes du Sud.

C’est le 25 juin 1950 que le leader nord-coréen Kim-II-sung, le grand-père de Kim-Jong-un, lance une offensive sans déclaration de guerre sur la Corée du Sud. Le belliqueux leader communiste espère réunifier la péninsule, avec le feu vert de Staline et le soutien de la Chine de Mao. Côté américain, la surprise est totale et les revers s’enchaînent.

Mais à l’appel de Washington, 26 nations, dont la France, s’engagent sous la bannière de l’Onu pour mener la contre-offensive.

Ce premier conflit de la guerre froide mènera le monde au bord de la guerre nucléaire, Mac Arthur étant bien décidé à utiliser l’arme atomique contre la Chine.

Notre général 5 étoiles, l’un des plus décorés de l’armée américaine, affirme que 30 à 50 bombes atomiques lui suffisent pour terminer la guerre en 10 jours, quitte à arroser  la Chine et éventuellement l’URSS si besoin !!

Un D-Day atomique pour créer une ceinture radioactive entre la mer Jaune et la mer du Japon, interdisant à jamais toute incursion chinoise ou soviétique par le Nord.

Paix, réunification, justice : en Corée, tout est lié (édito d'une ...

http://www.amitiefrancecoree.org/article-guerre-de-coree-comment-l-arme-nucleaire-a-failli-etre-utilisee-par-les-americains-119169153.html

Cette option nucléaire fut longuement examinée à Washington, les Soviétiques ayant  positionné 200 bombardiers en Mandchourie, pouvant atteindre les bases américaines du Japon. De leur côté, les Chinois ont massé de nombreuses troupes en Corée du Nord.

Pour le président Truman, l’emploi du feu nucléaire reste l’ultime option pour sauver la Corée du Sud. Mais craignant un usage intempestif de l’arme atomique par l’impétueux général Mac Arthur, Truman relève ce dernier de son commandement en avril 1951.

En définitive, la tension retombe d’un cran, aussi bien du côté soviétique que chinois et l’option atomique semble s’estomper.

La guerre de Corée durera trois ans et fera 3 millions de morts, dont de nombreux civils.

Le 27 juillet 1953 un armistice est signé, mais il ne sera jamais suivi d’un traité de paix.

Officiellement, les deux Corées sont donc toujours en guerre et 23 000 soldats américains sont en poste en Corée du Sud. Et plus de 50 000 soldats sont présents au Japon, les États-Unis surveillant de près l’expansionnisme chinois en mer de Chine méridionale.

On oublie souvent qu’un bataillon français de 3 421 soldats a participé à ce conflit. 269 d’entre eux y ont perdu la vie.

Le Figaro nous retrace l’exploit oublié de ce bataillon, pris dans la nasse de Chipyong-ni, où 5 600 soldats américains, français et sud-coréens résistèrent à l’assaut de 20 000 Chinois qui les encerclaient. En ce mois de février 1951, le thermomètre descendait jusqu’à  – 28°.

« Tuer sans merci pour survivre », tel était l’ordre du général Monclar, vétéran des deux guerres mondiales, à la tête du bataillon français.

« Les Chinois dévalaient des collines comme des poussins dans la neige, au son du clairon et du tambour. Il y a en avait tellement ! Je n’avais pas le temps d’avoir peur. Je ne pensais qu’à tirer, tirer, pour en abattre le plus possible », se souvient un vétéran sud-coréen du bataillon français.

Ainsi sont les guerres, stupides, cruelles, inutiles, mais malheureusement trop souvent  inévitables. L’Humanité est incapable de vivre durablement en paix.

Durant trois jours, les assauts des soldats chinois vont se briser sur la résistance franco-américaine.

Enfin, la cavalerie américaine arrive, avec un régiment de chars et  les avions de l’US Air Force. Les assaillants en fuite laissent 1 000 morts et 2 000 blessés sur le terrain.

« Un ratio de pertes énorme »,  juge Alain Nass, ancien attaché de défense à l’ambassade de France à Séoul.

« Chipyong-ni a changé le cours de la guerre de Corée, en évitant la débâcle et la perte de la péninsule par les Américains », estime Alain Nass. Ce succès, après les revers des premiers mois de guerre, a sans doute freiné les ardeurs des tenants du feu nucléaire et  a remonté le moral des alliés.

Dès le mois suivant, Séoul était reconquise et l’option atomique s’éloignait.

Le successeur de Mac Arthur, le général Ridgway, louera avec force l’exploit de Chipyong-ni.

« Je veux dire que les combattants américains et leurs camarades français ont fait preuve sur le champ de bataille d’une conduite digne des plus hauts faits de leurs histoires respectives ».

Un exploit qui vaudra au bataillon français, une Citation présidentielle américaine, distinction rarissime décernée pour des actes militaires héroïques.

Et une bataille qui sera étudiée à  l’École de guerre par nos officiers.

Il y a 70 ans, le monde a frôlé une Troisième Guerre mondiale et une guerre nucléaire.

Mais aujourd’hui, c’est le petit-fils de Kim II-sung qui perpétue la menace atomique, soufflant le chaud et le froid, en parfait dictateur communiste qui vomit le monde libre.

La réunification de la péninsule coréenne n’est visiblement pas d’actualité, du moins aussi longtemps que régnera la dynastie des Kim.

Et la montée en puissance de la Chine n’augure rien de bon.

On est déjà loin de l’historique poignée de mains entre Trump et Kim Jong-un  en 2018, à Singapour.

Pyongyang multiplie les tests de missiles et la menace militaire face à Séoul reste totale, malgré les sanctions économiques, que Pékin s’empresse d’alléger…

Pour le dernier bastion communiste de la planète, l’Histoire s’est figée en 1953 et la guerre continue.

Jacques Guillemain

https://ripostelaique.com/il-y-a-70-ans-le-bataillon-francais-sillustrait-en-coree.html

dimanche 21 décembre 2025

Un « écolo-traître » réhabilite la notion d’environnement

 

Un « écolo-traître » réhabilite la notion d’environnement

Bertrand Alliot, ingénieur-maître en gestion de l’environnement, docteur en science politique et porte-parole de l’association Action Écologie était l’un des intervenants du dernier forum de Polémia consacré à l’alarmisme climatique. Après avoir milité dans des associations de protection de la nature pendant plus de trente ans, ses critiques de l’écologisme lui ont valu d’être considéré comme un « traître à la cause » et de perdre le poste de direction qu’il occupait à l’université. Son dernier livre, Comprendre l’incroyable écologie — Analyse d’un écolo-traître (Éditions Salvator, 180 pages, 20 euros), éclaire les concepts et les enjeux du « phénomène écologie ».

Le récit officiel

L’alarmisme climatique avancé par le GIEC (qui n’est pas un organisme scientifique mais une instance intergouvernementale répondant à des règles de nature politique) est devenu la thèse officielle des États.

« Les gouvernants se sont convertis très progressivement au discours de l’écologie lorsque celle-ci a délaissé ses thèmes “historiques” au profit de celui du changement climatique provoqué par l’homme et ses émissions de gaz à effet de serre. »

Des oligarques et des têtes couronnées promeuvent activement cette cause, tout en soutenant « la constitution d’une planification à grande échelle pour qu’advienne un “nouvel ordre mondial” », seul capable selon eux d’empêcher la survenue de la crise écologique. Leur état d’esprit est parfois loin d’être philanthropique, à l’instar de feu le prince Philip, Duc d’Edimbourg et président du Fonds mondial pour la nature (WWF), qui souhaitait se réincarner en virus mortel pour contribuer à résoudre le problème de la surpopulation…

Tout un « écosystème » composé d’ONG, de fondations, de chercheurs, d’intellectuels, d’entreprises vendant des éoliennes, des panneaux solaires, des bilans carbone, des diagnostics énergétiques, etc., profite également de cet engouement pour gagner en revenus et en reconnaissance sociale.

En 2015, la COP21 a conduit à la signature des Accords de Paris, basés sur les projections du GIEC, qui prévoient de limiter l’augmentation de la température à 2 °C, voire d’aller vers l’objectif de 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

« L’Union européenne s’est alors engagée à diminuer ses émissions de 40 % d’ici 2030. Elle a ensuite revu à la hausse ses ambitions dans le cadre du Pacte vert européen. L’objectif est maintenant de diminuer les émissions de 55 % d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. »

Des travaux de scientifiques marginalisés mettent pourtant en avant la part négligeable des gaz à effet de serre sur les évolutions climatiques, la variabilité du climat (liée à des paramètres comme les inclinaisons de l’axe de rotation de la Terre, les cycles solaires, l’activité volcanique, les courants marins, etc.), les changements climatiques observés de longue date dans l’histoire humaine, l’absence de fiabilité des modèles mathématiques utilisés par le GIEC pour évaluer l’évolution des températures dans l’avenir, etc.

Un discours de rechange, la biodiversité

Loin de se contenter du succès des thèses alarmistes, les écologistes sont « en train d’essayer de hisser l’inquiétude relative à la biodiversité au même niveau que l’inquiétude climatique ».

En 2012 a été créée, sous l’égide de l’ONU, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), appelée familièrement le « GIEC de la biodiversité ». Là encore, les États sont enjoints à mettre en œuvre des mesures urgentes.

Cette nouvelle priorité ne manque pas de générer des contradictions internes au sein du milieu écologiste du fait que la préservation de la faune et de la flore peut être incompatible avec l’installation de fermes éoliennes, par exemple.

Une précédente contradiction idéologique est déjà apparue avec l’énergie nucléaire, ce qui a amené des activistes à abandonner leur combat initial (le fameux « Nucléaire ? Non merci ! ») en soutenant désormais l’atome pour lutter contre les émissions de CO2.

En outre, de nombreux écologistes « rencontrent des difficultés à adopter un mode de vie conforme à leurs convictions »…

La distinction entre environnement et écologie

Dans la préface du livre, l’écrivain et philosophe Chantal Delsol souligne que « la défense de l’environnement est une affaire politique, sociale et culturelle, affaire importante qui peut utiliser la technologie du moment, et dont les gouvernants élus doivent débattre en utilisant les données de l’expérience et de la science », alors que « l’écologie, elle, est un récit dramatique déployant la certitude de la proche catastrophe à venir, qu’il faut prévenir et empêcher par tous les moyens ».

Les écologistes estimant urgent de « sauver la planète », tous les sacrifices économiques, agricoles et autres sont à leurs yeux légitimes, y compris celui des libertés.

« Bertrand Alliot ne croit pas à l’apocalypse, mais plutôt à une énième rupture à laquelle nous devons faire face avec toutes les ressources imaginatives et technologiques dont nous disposons. »

L’environnement

L’auteur souligne la nécessité de comprendre préalablement « l’environnement » avant d’appréhender le « phénomène écologie ».

« Classiquement, on définit l’environnement comme l’ensemble des éléments naturels ou artificiels qui entourent un individu ou un groupe d’individus. Cet ensemble lui permet de satisfaire des besoins. Il peut aussi contenir des éléments dangereux ou hostiles. »

« L’environnement est ce domaine de l’action publique qui, en “temps normal”, se développe pour corriger les effets pervers du développement économique. » Il s’agit, par le biais de normes, d’interdictions, d’incitations, etc., de traiter les pollutions, les nuisances et les risques de façon à les contenir à des niveaux acceptables.

Contrairement à ce que prônent les militants écologistes, les mesures requises interviennent alors à un niveau secondaire par rapport au développement économique.

Le « développement durable » consiste quant à lui à « mettre en œuvre de simples politiques sociales et de protection de l’environnement » : « Ces démarches sont volontaires, même si certains principes ou mesures inspirés par cette démarche seront ensuite inscrits dans la réglementation. » Cette orientation connaît un succès considérable dans les milieux des affaires et de l’entreprise, qui en font un des éléments stratégiques de leur communication institutionnelle (ce que les écologistes qualifient de « greenwashing ») car elle ne leur demande « en aucune manière de revoir de fond en comble leur fonctionnement ou d’abandonner des marchés pour répondre à une urgence écologique ».

Fait remarquable, « le mot “écologie” s’est progressivement imposé partout et, dans le même temps, le mot “environnement” et l’expression “développement durable” se sont beaucoup raréfiés. Cette évolution sémantique est un témoin fidèle d’un changement d’époque, de la prise du pouvoir de l’esprit écologique sur nos institutions ».

L’écologie

Les écologistes, qui sont en grande majorité des gens éduqués de la ville, « sont nostalgiques du temps — mythique — où les hommes vivaient en harmonie avec la nature ».

« Concrètement, le mouvement de l’écologie est né d’une indignation qui s’est vite doublée d’une intuition. L’indignation est provoquée par les dégradations esthétiques causées par la société industrielle. L’intuition qui succède à cette indignation est que la course effrénée de transformation de l’environnement va entraîner le monde à sa perte. »

Après avoir été une discipline scientifique qui se donnait pour objectif de comprendre les interactions entre les espèces et leur milieu de vie, l’écologie est devenue un mouvement politique à tendance catastrophiste, voire apocalyptique, dont l’attention se porte aujourd’hui presque exclusivement sur le changement climatique.

« Les écologistes ont été accusés, logiquement, de vouloir revenir à la “lampe à pétrole”, c’est-à-dire à des niveaux de développement moins élevés et donc de dégrader, dans le même temps, les conditions sociales d’existence. On les a qualifiés, pour cette raison, d’antihumanistes. »

Selon Bertrand Alliot, ce dernier qualificatif est infondé car les militants écologistes cherchent à préserver la planète pour que l’aventure humaine se poursuive, mais il observe que la proclamation d’un « état d’urgence » pour « préserver la société du désastre » en font « des despotes en puissance ».

« Finalement, l’écologie veut renouer avec un homme du passé, le plus souvent fantasmé, ce qui revient à vouloir forger un homme nouveau. En cela, elle se rapproche des deux grandes idéologies du XXe siècle, le national-socialisme et le communisme, qui sont, elles aussi, entraînées dans la recherche de salut en voulant forger un homme nouveau. »

L’écologie est une « religion séculière, marquée à la fois à l’échelle individuelle et à l’échelle collective par l’espérance du salut », où l’être humain est à la fois destructeur et sauveur. « Cette religion écologique est particulièrement vivace en Occident où les individus, pour des raisons diverses, rencontrent de plus en plus de difficultés à s’inscrire dans les communautés de destin plus restreintes comme la famille, la tribu, la patrie, la religion. »

« Il est remarquable que cette religion séculière s’appuie constamment sur ce qu’elle nomme la “Science”. » Cette dernière ne désigne pas une méthode utilisée pour étudier le monde, « mais une nouvelle entité ayant les caractéristiques d’une divinité dont le rôle est de donner une existence incontestable à la “crise écologique” ».

Le dogmatisme des « gardiens du Temple » et leur « invocation systématique de la “Science” » constituent pourtant un signe tangible de l’affaiblissement du récit écologique. L’auteur gage que, bientôt, ce discours « ne fera plus recette au-delà d’un petit groupe d’orthodoxes », dans un monde où les pays occidentaux vont devoir tenter de résoudre les véritables crises qui s’abattent sur eux.

Dès lors, « le mot “écologie” va se raréfier et le mot “environnement” va renaître de ses cendres »…

Johan Hardoy 20/12/2025

https://www.polemia.com/un-ecolo-traitre-rehabilite-la-notion-denvironnement/

Un lecteur de l’Évangile, Charles Péguy

 

Par Gérard Leclerc

Charles Péguy était un grand lecteur, qui voyait dans les livres un moyen d’échapper aux « prisons mentales de l’instant présent ».

 Est-il vrai que notre temps a perdu le goût de la lecture, notamment dans les jeunes générations ? Beaucoup se plaignent d’un usage compulsif des réseaux sociaux qui accapareraient tout le temps de loisir de la jeunesse. Une forme de lecture il est vrai, mais qui a peu à voir avec l’attention que sollicite un texte littéraire. L’attention sans laquelle il n’y a ni vie intellectuelle, ni vie spirituelle selon Simone Weil. Mais l’écrivain qui a, peut-être, le plus insisté sur les vertus d’une véritable lecture s’appelle Charles Péguy. L’universitaire Philippe Villaret vient de consacrer à ce propos tout un essai : Charles Péguy, maître de lecture.

À la recherche de l’implicite

« Savoir lire est la grande question péguienne, le centre névralgique de quasiment tous les écrits en prose qu’il a fait paraître pendant près de quinze ans. Apprendre à lire et à lire ensemble fut, à coup sûr, la grande passion de sa vie. » Il y a plusieurs étapes dans cet apprentissage. D’abord le simple déchiffrement des lettres et des mots, que le jeune garçon apprit grâce à sa mère, rempailleuse de chaises. Puis comprendre la signification exacte d’un texte, à travers la syntaxe et la cohésion du discours. Plus en avant encore, chercher l’implicite et la culture qu’il s’agit d’approfondir. Au fur et à mesure que l’adolescent gagne en connaissances, singulièrement avec le latin et le grec, la lecture élargit son univers en l’émancipant « des prisons mentales du seul instant présent, de cet ici et maintenant auquel il est rivé par les nécessités de la vie immédiate et les urgences de l’action et de l’actualité ».

Est-ce à dire que l’homme des Cahiers de la quinzaine fut ce qu’on appelle un grand lecteur ? Grand, il le fut incontestablement par sa force de pénétration, mais non pas par le caractère encyclopédique de ses lectures. Rien de comparable avec ce qu’un des auteurs de référence de Philippe Villaret, c’est-à-dire George Steiner, fut en capacité d’emmagasiner. Un seul rayon de bibliothèque, paraît-il, aurait pu réunir les ouvrages de référence de Péguy. Mais quels ouvrages ! Ouvrages capables de l’éclairer sur les grands mystères de la vie. Son Pascal, son étonnant Corneille avec Polyeucte, et même son Victor Hugo dont il sut saisir le meilleur.

La mort de Jésus en Croix

Cependant, aux côtés des textes classiques, il convient de distinguer « les textes sacrés », c’est-à-dire les Évangiles. L’attention la plus forte, Péguy la porte sur le chapitre 26 de l’Évangile de Matthieu, qui se rapporte à la mort de Jésus sur la Croix. Il s’agit bien du texte le plus poignant et le plus déstabilisant. S’il est un livre qui doit nous réveiller « d’un coup de poing sur le crâne », qui doit être comme « la hache qui brise la mer glacée en nous », c’est bien cet évangile. Péguy s’emploie à lutter contre « le faiblissement perpétuel » dû à des traducteurs effrayés de ce qu’ils rapportent.

Si l’on me permet un rapprochement que Philippe Villaret n’opère pas mais qui me semble correspondre à son sentiment, je dirais que la façon dont Péguy envisage la Passion est plus proche de la vigueur du film de Mel Gibson que de celui de Pasolini. Les pages consacrées à cette thématique sont particulièrement bienvenues, à force de pertinence théologique : « Le Dieu fait homme n’est pas d’abord une abstraction théologique, ni même un dogme, mais l’insertion inouïe de la vie divine dans la condition humaine. »

Voilà ce que produit in fine toute l’attention d’un maître de lecture. 

https://www.actionfrancaise.net/2025/12/21/un-lecteur-de-levangile-charles-peguy/

Les Africains ont participé au trafic d’esclaves pendant des siècles

 

Je me suis permis, dans un récent article, de proposer un cours de l’histoire de l’esclavage à une partie de ce peuple noir qui semble, ou préfère, l’ignorer totalement afin de pouvoir accuser les Blancs de tous les maux et d’exiger d’eux une perpétuelle repentance ou, pour le moins, ce qui est la mode actuellement : des génuflexions de soumission.

Les Noirs n’apprécieront peut-être pas que ce soit un Blanc qui leur balance certaines vérités, alors, comme selon le dicton « on n’est jamais si bien servi que par soi-même », et qu’ils ont la chance, dans leur ignorance supposée, de posséder quelques lumières, je leur propose aujourd’hui de poursuivre leur apprentissage grâce à l’anthropologue sénégalais Tidiane N’Diaye et à son remarquable ouvrage « Le génocide voilé » (Éditions Gallimard – 2008).

En voici un extrait significatif : « Les trafics d’esclaves n’auraient pas été possibles sans la collaboration active des Africains et la collaboration des Arabo-musulmans.

Par lâcheté intellectuelle, ou opportunisme politique, souvent le voile a été jeté sur cette réalité incontestable : les États nègres d’Afrique ont participé et se sont enrichis grâce à ce commerce, à l’exemple de royaumes comme le Ghana ou le Bénin, au cours de plusieurs siècles de traite d’esclaves, tout d’abord avec la complicité des Arabo-musulmans puis, plus tard, celle des Occidentaux.

Ce sont là des faits historiques négligés, ou occultés par les principaux intéressés : les Noirs descendants de l’esclavage.

Les Africains ont participé à la traite transatlantique et au trafic d’esclaves durant des siècles.

Tout d’abord des razzias étaient organisées par des sultans arabes afin d’approvisionner les marchands qui vendaient les captifs africains. Par exemple celui du sultan de Bornou (actuel Nigeria).

Tous profitaient de ce trafic d’esclaves et notamment les monarques du Dahomey. Ils ont vécu du sang, de la sueur et de l’agonie de leurs peuples, qu’ils livraient aux Arabo-musulmans, puis ce fut l’arrivée providentielle, pour les débouchés de leur commerce, des « négriers blancs », qui leur ont permis une ouverture internationale, qui leur a permis d’écouler leur surplus de captifs.

La responsabilité de ces « roitelets » cupides ne fait aucun doute. Ils se souciaient peu de la destinée de leurs frères. Ils sont surtout, et même davantage, coupables que les premiers négriers arabes ou égyptiens puis, plus tard, européens.

Dès le début, afin de se procurer de la main-d’œuvre, les guerres tribales se font de plus en plus nombreuses et violentes. Les tribus victorieuses obligaient les vaincus à subir leur domination et à accepter une position de subordination : ils devenaient captifs des vainqueurs.

D’autre part, les famines étaient si fréquentes que même des hommes libres se vendaient directement comme captifs, ou vendaient leurs propres enfants.

Le système de caste a toujours existé, et existe toujours de par le monde, mais il est une constante dans les sociétés négro-africaines, et c’est ce système qui procure de nombreux asservis dans bien des civilisations. Il est appliqué depuis des millénaires en Afrique. Il a engendré une classe de seigneurs qui ont soumis au servage l’Afrique subsaharienne.

Ce sont eux qui devraient reconnaître officiellement leurs responsabilités dans le trafic des millions d’esclaves et auraient dû le faire bien avant les pays occidentaux qui l’ont fait.

Ils auraient dû reconnaître le rôle honteux qu’ils ont joué durant des siècles et qui se poursuit de nos jours dans certains États.

Les évêques africains, en octobre 2003, avaient réclamé « Le pardon de l’Afrique à l’Afrique ».

Ils s’exprimaient : « Commençons donc par avouer notre part de responsabilité dans la vente et l’achat de l’homme noir, hier et aujourd’hui. Nos pères ont pris part à l’histoire d’ignominie qui a été celle de la traite et de l’esclavage noir. Ils ont été vendeurs dans l’ignoble traite atlantique et transsaharienne. Les Noirs n’ont pas le droit d’ignorer leur immense responsabilité dans le trafic de l’esclavage ni d’écarter les siècles de complicité intéressée des Arabo-musulmans, dans l’organisation et l’exploitation des Noirs africains.

Ce sont eux les premiers et principaux responsables de ce commerce juteux car quand il n’y a rien à acheter, on n’achète pas. »

** Que tous les Noirs issus de l’esclavagisme accusent les vrais responsables et non pas ceux qui ont aboli l’esclavage : les Blancs.

Manuel Gomez

https://ripostelaique.com/les-africains-ont-participe-au-trafic-desclaves-pendant-des-siecles.html

samedi 20 décembre 2025

Le mythe du progrès

 

Un vingt-et-unième texte de notre rubrique « Souvenez-vous de nos doctrines » est à retrouver aujourd’hui, de Frédéric Le Play une nouvelle fois.

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Dans la pensée de ceux qui invoquent sans cesse le progrès, ce mot fait allusion à un ordre de choses chimériques qui n’a aucun rapport avec la réalité. Il se réfère à une force occulte, à un aveugle destin, qui grandirait les nations, comme la circulation du sang anime le corps humain. L’amélioration se produirait sans relâche en vertu de cette force ; et les peuples en tireraient profit sans être tenus de s’imposer les durs sacrifices qu’exige la pratique du travail et de la vertu.

Ce fatalisme du bien n’est pas moins dangereux que celui d’un destin créant indifféremment le bien et le mal. La fausseté de cette conception est d’ailleurs démontrée par l’état actuel de nations qui, après avoir brillé au premier rang, ont successivement perdu, avec l’ordre moral, toutes leurs éminentes aptitudes. Cette erreur, alors même qu’elle n’est pas dans la pensée de ceux qui abusent du mot progrès, se présente naturellement à l’esprit des classes peu éclairées qui l’entendent répéter sans cesse. Elle est d’ailleurs séduisante : ceux, en effet, qui font le mal, sans perdre tout sentiment du bien, sont heureux de se persuader qu’en s’abandonnant à leurs passions ils ne compromettent pas les destinées de leur race.

Le faux dogme du progrès a une contrepartie ; celle qui proclame la décadence fatale et irrémédiable des nations, après une courte époque de prospérité. Cette autre forme de l’erreur est fort répandue chez nous, et elle porte au découragement beaucoup d’hommes réfléchis. Mais en général le faux dogme de la décadence fatale des nations reste dans le secret de la pensée : car les hommes d’Etat, imbus de cette triste doctrine, n’ont guère intérêt à l’invoquer auprès de leurs clientèles.

En constatant que la guerre devient plus que jamais l’objet de la culture intellectuelle et des activités nationales, on est surtout en droit de condamner hautement les novateurs qui nous enfoncent dans une fausse sécurité avec leur théorie préconçue du « progrès continu ».

La grande erreur de ceux qui repoussent aujourd’hui l’esprit de tradition consiste à admettre que le bien-être des classes vicieuses et imprévoyantes aura pour base, à l’avenir, quelque invention amenée par « le progrès de la science ». Les novateurs de cette sorte, « les hommes de progrès », accroissent le mal des classes souffrantes en leur signalant comme remède cette pierre philosophale dont la découverte ouvrirait, pour le genre humain, une ère nouvelle de prospérité.

https://www.actionfrancaise.net/2025/12/20/le-mythe-du-progres/

Écologie et médias : la politique du mensonge et de la peur

 

Les écolos veulent le pouvoir. Or ils savent qu’ils ne peuvent l’obtenir démocratiquement. Même au prix d’alliances crapuleuses avec les islamo-gauchistes, les antisémites et les apprentis terroristes. Alors ils espèrent que la population apeurée va les appeler au secours. Contre des dangers imaginaires mis en scène avec la complicité des médias.

Exagérer, amplifier, extrapoler, entretenir le malaise, la recette a fait ses preuves

Leur cible principale est la jeunesse. Selon des études apparemment fiables, 45 % des moins de 35 ans se déclarent sujets à une anxiété lancinante. Ils ne sont pas plus fragiles que les générations précédentes. Mais le matraquage des télés et d’internet et le niveau scientifique extrêmement bas de l’inéducation anti-nationale ont fait des ravages.

Il ne s’agit pas de croyances métaphysiques ou de lubies des professeurs Philippulus. La peur du lendemain a évolué pour certains en une forme de nouvelle maladie mentale. En France, l’ADEME qui est pourtant une officine gouvernementale destinée à terroriser le bon peuple avec l’urgence climatique et la fin des ressources naturelles, confirme le diagnostic d’une pathologie dont elle est en partie responsable.

Selon les « experts » gauchisants de l’Agence française pour la transition écologique, une appellation vide de sens inspirée par des publicitaires socialauds, 4,2 millions de personnes présentent une éco-anxiété forte ou très forte, avec 450 000 chtarbés développant un syndrome psychopathologique grave. Mais les empoisonneurs de l’esprit, plutôt que d’y voir un problème de santé publique à traiter d’urgence, l’instrumentalisent pour renforcer l’activisme de leurs militants et recruter de nouveaux adeptes pour leur secte.

Le CERU, Centre d’Études et de Recherche Universitaire qui regroupe des personnalités d’un niveau intellectuel surclassant celui des potiches de l’ADEME, a publié une étude intitulée « La fabrique de la peur : comment l’activisme radical instrumentalise la science ». Cette étude analyse et documente une mécanique bien huilée. Des imposteurs commencent par créer l’angoisse. Des séditieux désignent des coupables qui n’ont pas le droit de répliquer. Enfin des provocateurs transforment l’anxiété en colère anticapitaliste.

Avec ces propagandistes, la science n’a plus vocation à analyser et décrire le réel, mais à fournir des raisonnements partiels, partiaux et truqués dans le but de nourrir un narratif hostile au progrès technique, à l’innovation et à l’industrie. Objectif : le retour au Moyen Âge en chars à bœufs et en bouffant de l’herbe, pudiquement appelé décroissance.

Des exemples qui illustrent leurs techniques d’enfumage, de provocation et de délation

Depuis début décembre, un chiffre sature l’espace médiatique, repris ad nauseam, renforçant l’éco-anxiété ambiante. Selon une étude détournée de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) « 92 % de l’eau en France serait contaminée aux PFAS ». Ça fout la trouille ! Les PFAS sont des composés polyfluoroalkylés, dont les propriétés spécifiques sont utilisées dans de nombreux produits de la vie courante.

Depuis les années 1950, on trouve des PFAS dans des textiles, des emballages alimentaires, des mousses anti-incendie, des gaz réfrigérants, des revêtements antiadhésifs, des cosmétiques, des médicaments, des produits sanitaires, liste son exhaustive. Sans que cela ait provoqué une catastrophe mondiale.

Sur les RS, les militants escrolos brandissent leurs 92 % comme des gousses d’ail sous le nez des vampires. Ignorance, mauvaise foi, bêtise ? Sûrement un peu des trois comme dans tout ce qui est écolo. Car l’étude de l’ANSES n’a jamais dit cela ! Leurs analyses ne portaient pas sur les PFAS en général, mais seulement sur le TFA (acide trifluoroacétique) la plus petite molécule parmi plus de 10 000 PFAS existants. La majorité d’entre eux n’exposant à aucun risque sanitaire.

Quant au TFA, cette molécule n’est considérée comme dangereuse par les autorités sanitaires que lorsque sa concentration dépasse les 60 microgrammes/litre. Or, dans les mesures réalisées par l’ANSES, celle-ci dépasse à peine 1 microgramme/litre soit 60 fois moins que la valeur sanitaire critique. Mais qu’importe. Avec les escrolos, on n’est plus dans le domaine de la science mais en plein dans la propagande où un tour de passe-passe rhétorique mélange hypothèses et dangers avérés.

La peur est désormais mise au service d’un programme politique, celui de la décroissance réussie après la mondialisation heureuse

Les meneurs veulent en finir avec la société de consommation dont ils profitent mais dont ils veulent exclure les moins favorisés qu’eux. Surfer sur des peurs fantasmatiques est cynique. Comme avec le prétendu réchauffement planétaire. Après l’anxiété qui sidère, viendra la colère qui mobilise. Et ensuite la dénonciation des boucs émissaires. Il suffit de nourrir un sentiment de révolte et d’injustice, puis de revanche nourrie par la panique chez les QI à deux chiffres.

Jusqu’en 2018, les PFAS étaient un sujet technique inconnu en dehors des chimistes. À partir du moment où des ONG gauchistes ont imposé avec l’aide des médias le terme de « polluants éternels », tout a changé dans l’esprit d’un public ignare et panurgique. Une famille de plus de 10 000 molécules aux propriétés radicalement différentes a été réduite à une catégorie unique amalgamée dans un condamnation pseudo-morale.

En ciblant les poêles antiadhésives, ils ont alimenté leurs imprécations sur une contamination généralisée. La cible n’était pas la santé publique dont ils n’ont rien à foutre, mais un des fleurons de l’industrie française, leader mondial de son secteur (c’est rare !), le groupe SEB/Tefal, qu’il fallait abattre. Au nom de la lutte anticapitaliste et au prétexte que leurs ustensiles de cuisine contiennent des PFAS inoffensifs. En se gardant bien de rappeler que Tefal a banni dès 2012, huit ans avant son interdiction européenne, la molécule PFOA pouvant être cancérogène.

La manipulation écolo-crapuleuse aurait fonctionné si les parlementaires n’avaient pas été éclairés par des scientifiques non liés à l’industrie, et avaient refusé de se plier aux exigences intimidantes des verdâtres. Mais dans l’opinion publique, le mal était fait. La panique de la propagande a atomisé les données de la science.

Ce mécanisme pervers se retrouve dans d’autres dossiers trafiqués

En 2012, le biologiste Gilles-Éric Séralini entreprenait une opération médiatique destinée à inspirer la terreur avec des photos de rats déformés par des tumeurs, soi-disant causées par le glyphosate. La méthodologie était indigente, la fraude avérée, l’imposture flagrante. Les militants avaient sélectionné une race de rats dégénérés développant naturellement des tumeurs dans 45 % des cas.

L’étude a été dépubliée en 2023 après le rejet convergent de l’EFSA (European food safety authority) de l’ANSES et de six académies scientifiques. Mais les photos restent gravées dans les mémoires des petites têtes comme « preuves irréfutables ». La même technique a été employée dans le grand Nord canadien pour montrer de malheureux ours polaires soi-disant victimes du réchauffement climatique.

Des zoologistes et des vétérinaires ont conclu que l’ours cachexique était atteint d’un cancer osseux tandis que le boiteux avait eu une patte prise dans un piège. Rien à voir avec le CO2. Mais ces images fortes sont restées indélébiles dans l’esprit des débiles et des ignares. Et Suzan Crockforddocteur en zoologie virée de l’université de Victoria pour avoir dénoncé l’arnaquen’a pas retrouvé son poste.

Le cas du nucléaire en Allemagne est encore plus emblématique puisqu’il repose sur des faux établis par des politiciens véreux et des fonctionnaires corrompus. En avril 2024, le magazine Cicero révélait que les experts du ministère de l’Économie avaient conclu en 2022 que la prolongation des centrales nucléaires était indispensable. Mais cette conclusion contredisait les lubies du ministre Vert Robert Habeck. Les avis des ingénieurs ont donc été réécrits, et leurs conclusions inversées.

Résultat : fermeture des centrales nucléaires produisant une énergie décarbonée et réouverture de celles au charbon et au lignite. Produisant plus d’émissions de CO2 et un surcoût estimé de 600 milliards d’euros pour l’industrie allemande. Et ces écolos magouilleurs osent encore donner des leçons de morale au monde entier !

Christian Navis

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https://ripostelaique.com/ecologie-et-medias-la-politique-du-mensonge-et-de-la-peur.html

La guerre des Soviétiques : 1939-1949, avec Alexandre Sumpf

vendredi 19 décembre 2025

L’histoire du Code noir de Colbert et l’inculture de ces Africains vivant en France

 

La vente de captifs par les tribus noires aux négriers blancs

Nous avons droit chaque jour aux donneurs de leçons diverses et celles de certains Noirs gauchistes, dits « indigénistes » alors même que ce sont bien les Français de souche qui sont, de fait, les vrais indigènes dans ce pays, et non ceux qui sont des allogènes, arrivés il y a peu en France, et parfois même, à peine naturalisés.

Ces immigrés de fraîche date, ces étrangers d’hier, ont comme complices des acculturés, c’est-à-dire des femmes et des hommes indigènes ayant eu le cerveau lavé à la javel du politiquement correct, de tous ces professeurs d’écoles trop lâches pour enseigner, trop faibles intellectuellement, et préférant renoncer plutôt que de lutter comme l’ont fait les hussards noirs d’hier. Que dire de ces professeurs des lycées et de facultés qui parfois ont enseigné la trahison plutôt que l’amour de leur pays.

L’histoire d’un peuple de plus de 1 300 d’âge n’a jamais été un long fleuve tranquille de Bisounours, de gentils, d’anges, d’amour et piété. Chacun le devine, et chacun en sait assez sur notre Histoire de France pour savoir qu’il y a eu du bon et du mauvais dans la glorieuse et tragique histoire de notre pays. Outre que c’est l’un des plus vieux pays du monde avec la Chine sans doute, la France n’est pas exempte de défauts, et de qualités diverses et variées.

Saint Louis ne fut pas un ange pour les Juifs, et le Pont Neuf s’en souvient encore. Pas plus que Philippe Auguste, etc. (Source)

Que faisaient donc les autres peuples ?

Les différents massacres au Moyen-Orient par les Arabo-musulmans jusqu’aux Indes sont connus, ceux des Turcs esclavagistes en Europe, ceux des Africains entre eux (Lire l’Histoire de l’Afrique de Bernard Lugan), les marchés d’esclaves partout dans le monde, de l’Asie à l’Afrique sans compter le cannibalisme fréquent en Afrique comme en Océanie, et ailleurs ! Pas besoin de remonter aux Grecs, aux Carthaginois, aux Romains, aux Arabes durant les massacres des Berbères et leur mise en esclavage. C’est l’histoire de l’humanité où le captif devient une nourriture, un esclave, un produit, une force de travail, et ce, depuis la nuit des temps.

Les razzias et les captures d’esclaves noirs par les Arabo-musulmans durant 14 siècles.

La France fut avec l’Angleterre celles qui mirent fin à ces horreurs tribales en Afrique, qui mirent fin à l’esclavage, et qui poursuivirent les négriers sur toutes les latitudes, et chassèrent les roitelets esclavagistes en Afrique. Ce sont des Serbes, des Polonais, des Autrichiens qui mirent fin à la traite des Blancs par l’Empire ottoman. C’est la France qui mit fin à la chasse aux esclaves des barbaresques en conquérant Alger. 

Au XVIIe siècle, Colbert imagina d’introduire de l’humain dans cette traite négrière qu’en 2020, nous trouvons infâme à juste titre.

Le XVIIe siècle n’est pas le XXIe. De l’eau a coulé sous la Seine. Il inventa le Code noir ! Celui-là même que d’autres Noirs, des Africains, 300 ans plus tard dénoncent alors même que les plus légitimes seraient les Antillais ! Ceux que les Africains appellent « les Bounty », noir devant, blanc dedans, comme ils disent. J’ai longtemps fréquenté, dans le cadre de mon travail, des Antillais et des Africains. J’ai souvent été frappé par le mépris que beaucoup d’Africains avaient envers les Antillais, alors que moi j’étais fasciné par la créativité de ces Antillais. Ils ont su créer de toutes pièces une véritable culture, une langue, le créole, une cuisine, des vêtements, et une histoire.

On ne peut pas dire que l’Africain a su faire la même chose. L’Antillais a subi dans sa chair, la douleur et la violence de l’esclave que ses ancêtres africains ont vendu aux négriers. L’Antillais a souffert de sa condition de bête de somme. L’Africain dit qu’il a conquis son indépendance, tandis que l’Antillais était un esclave libéré par les Blancs. Deux mentalités… C’est le vendeur, le voleur qui se moque de sa victime.

Colbert était un homme de son temps, qui lui était esclavagiste.

Pourtant, il a fait un Code pour faire de l’esclave un humain à respecter. Il fut maudit par les esclavagistes pour ça, et aujourd’hui, 300 ans plus tard, ce sont des Africains qui voudraient refaire l’Histoire de France et condamner à la destruction tous nos hommes politiques, grands et moins importants.

Est-ce que nous, Français de métropole et d’Outre-mer, demandons à ces Africains de démolir leurs idoles, leurs grands hommes africains, leurs écrivains, leurs savants, leurs inventeurs ? Non, et pour cause… Seuls des Africains récents sont connus en Afrique à commencer par l’incontournable Nelson Mandela, soutien du FLN à une époque, et de grands écrivains comme Léopold SenghorHouphouët Boigny qui sont passés par des écoles prestigieuses française et un que j’aime beaucoup, Tidiane N’Diaye et son livre Le Génocide Voilé.

Le Code noir, qu’est-ce que c’était ?

Une aberration à notre époque, une avancée sociale pour les esclaves au XVIIe  siècle. Une série d’articles énonçant les droits et les devoirs des maîtres et des esclaves. Ne jamais perdre la dimension du contexte historique.

Savoir s’élever, prendre de la hauteur, et comprendre que le Code noir, ce n’était pas le Code civil de Napoléon 1er qui, à certains égards, était loin d’être sympathique en matière des droits de la femme et de son égalité en droits avec les hommes.

Toujours juger en fonction du contexte et non faire comme ces abrutis de gauchistes acculturés et autres abrutis d’antiracistes, prendre le texte au premier degré.

Quelques exemples :

Art. 1 : Voulons que l’édit du feu roi de glorieuse mémoire, notre très honoré seigneur et père, du 23 avril 1615, soit exécuté dans nos îles ; se faisant, enjoignons à tous nos officiers de chasser de nos dites îles tous les juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis déclarés du nom chrétien, nous commandons d’en sortir dans trois mois à compter du jour de la publication des présentes, à peine de confiscation de corps et de biens.

Code noir antisémite donc ! Je n’ai jamais entendu un juif se référer au Code noir pour défendre sa cause.

Art 2/ 3/ 4/ 5 : Ces articles ont trait au baptême et à l’instruction religieuse des esclaves, et à l’interdiction aux protestants de convertir les esclaves.

Où sont les réclamations des protestants se référant au Code noir ?

Art 6/ Enjoignons à tous nos sujets, de quelque qualité et condition qu’ils soient, d’observer les jours de dimanches et de fêtes, qui sont gardés par nos sujets de la religion catholique, apostolique et tomaine. Leur défendons de travailler ni de faire travailler leurs esclaves auxdits jours depuis l’heure de minuit jusqu’à l’autre minuit à la culture de la terre, à la manufacture des sucres et à tous autres ouvrages, à peine d’amende et de punition arbitraire contre les maîtres et confiscation tant des sucres que des esclaves qui seront surpris par nos officiers dans le travail.

On peut, pour l’anecdote, se rappeler qu’en ce moment, où est remis en cause le repos hebdomadaire du dimanche des travailleurs, et qu’un minable Raffarin a trouvé lui, tout à fait normal de supprimer le lundi de Pentecôte.

Art 9/ Les hommes libres qui auront eu un ou plusieurs enfants de leur concubinage avec des esclaves, (…) seront chacun condamnés en une amende de 2 000 livres de sucre, et, s’ils sont les maîtres de l’esclave de laquelle ils auront eu lesdits enfants, voulons, outre l’amende, qu’ils soient privés de l’esclave et des enfants, et qu’elle et eux soient adjugés à l’hôpital, sans jamais pouvoir être affranchis. N’entendons toutefois le présent article avoir lieu lorsque l’homme libre qui n’était point marié à une autre personne durant son concubinage avec son esclave, épousera dans les formes observées par l’Église ladite esclave, qui sera affranchie par ce moyen et les enfants rendus libres et légitimes.

En clair, les maîtres mariés ayant eu des enfants avec une esclave qui ne lui appartient pas, devaient être condamnés. Celui qui n’était pas marié, et a eu des enfants avec son esclave, devait se marier avec elle. Celle-ci était affranchie ainsi que ses enfants devenus légitimes. Elle y a comme ça, une soixantaine d’articles codifiant les règles et la conduite.

Art 7/8 : ayant trait aux protestants à qui l’on interdisait de fait leurs présences et leur commerce.

On se doute bien que la réalité sur le terrain, les hommes en place, la mentalité des esclavagistes a fait qu’être un esclave en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane et autres, n’a pas été un camp de vacances et que l’horreur d’une situation ne pouvait pas être compensée par un Code, même noir. Cependant, c’était le seul Code qui existait dans le monde et servait de maigre protection, sous la surveillance des officiers du roi. Ailleurs, c’était la castration, le fouet, les sévices, et la mort programmée. Se souvenir du contexte de l’époque. (Source)

Ces Noirs mis en esclavage furent vendus par les ancêtres de ces Africains qui, aujourd’hui, manifestent et revendiquent la mort de l’Occident blanc.

Quelle entourloupe tout de même ! Certes, ces enfants d’Africains vendeurs de Noirs aux négriers ne sont pas responsables des crimes de leurs ancêtres. Pour autant, leur manque de culture historique est flagrant. Ils doivent savoir qu’ils ont des ancêtres pas si innocents que ça, et donc pas si victimes qu’ils le disent.

 Nous, les Blancs de France, nous ne sommes pas responsables des crimes des équipages de négriers, des marins et de leurs commanditaires de Bordeaux et de Nantes qui vivaient à cette époque. Pas plus d’ailleurs que les habitants de ces villes en 2020 ! Eux non plus ne sont pas responsables. Ils n’ont aucune raison de mettre un genou à terre comme ces lâches qui le font.

Par contre, les gauchistes, ces gosses à papa, ces Antifas, ces Black-Blocs, tous ces imbéciles de petits Blancs demeurés qui participent à ces manifestations, sont de vrais collabos dignes des années noires, et se comportent comme de vrais fascistes.

Gérard Brazon

https://ripostelaique.com/lhistoire-du-code-noir-de-colbert-et-linculture-de-ces-africains-vivant-en-france.html

175 - P. Viguié Desplaces & P. Melun pour leur livre "Et si le prochain ...

jeudi 18 décembre 2025

Constantinople 1453, de Sylvain Gouguenheim

 

Constantinople 1453, de Sylvain Gouguenheim

Avec Constantinople 1453, Sylvain Gouguenheim nous fait revivre les cinquante-cinq jours qui précipitèrent la chute de Constantinople. Entre stratégie militaire, luttes de pouvoir et héritage impérial, l’ouvrage restitue les enjeux et les affrontements spectaculaires d’un siège qui fit vaciller l’Europe.

Quand Jean Lopez a souhaité ajouter à la jeune et déjà riche collection « Champs de bataille » qu’il dirige chez Perrin, en coédition avec le ministère des Armées, un volume sur le siège et la chute de Constantinople, c’est à Sylvain Gouguenheim, professeur à l’ENS de Lyon, qu’il a confié la tâche.

Si le médiéviste prévient modestement le lecteur qu’il ne se considère pas lui-même comme un spécialiste du sujet, on rappellera néanmoins qu’outre la direction d’un ouvrage consacré aux Empires médiévaux (Perrin, 2019), Sylvain Gouguenheim a déjà consacré plusieurs travaux à Byzance (sous l’angle de la transmission culturelle vers l’Europe occidentale, dans La gloire des Grecs, Cerf, 2017) ou à une histoire militaire certes plus septentrionale (Tannenberg 15 juillet 1410, Tallandier, 2012). Cela conduit son dernier ouvrage à être davantage que la « synthèse de travaux de spécialistes » annoncée en avertissement, et qui aurait certes déjà pu satisfaire le lecteur. Outre une riche bibliographie secondaire à laquelle il ajoute sa propre finesse d’analyse, l’auteur s’est en effet efforcé de s’appuyer sur les sources primaires, commentées en avant-propos ; si les récits latins l’emportent sur les témoignages grecs ou ottomans, il ne faut pas y voir un biais de l’historien occidental plus à l’aise avec l’italien qu’avec le turc, mais surtout constater la moindre richesse des sources orientales ou, ce qui peut expliquer celle-ci, le retentissement particulier qu’eut l’évènement en Occident.

L’ouvrage est structuré en trois parties de taille et d’intérêt assez comparables : une mise en contexte sur le temps long (« La mort lente d’un empire »), le récit de l’évènement lui-même (« Les cinquante-cinq jours de Constantinople ») et enfin la portée de celui-ci (« Un drame inoubliable : interprétations et mémoires »). Si ce type de prolongement est devenu un classique aussi bien chez les biographes que chez les historiens du fait militaire qui veulent dépasser le récit trop conventionnel ou l’« histoire -bataille » traditionnelle, sa taille ici (près d’une centaine de pages) suffirait à montrer l’importance de la chute de Constantinople dans l’histoire universelle (cf. les réflexions d’Hervé Inglebert sur cette dernière notion). On mesure sa réception plus ou moins apocalyptique en Europe ou dans le monde islamique à l’aube des temps modernes, mais aussi la place qu’occupe le drame dans le renouveau nationaliste grec à l’époque contemporaine, autour en particulier de la « Grande Idée » courant de Kolletis à Vénizélos voire au-delà.

Mais l’importance de l’évènement n’est pas pour autant réductible à sa dimension de mythe, ni à son utilisation comme repère académique pour marquer le passage du Moyen Âge à l’époque moderne (en concurrence avec l’expédition de Colomb, qui n’est d’ailleurs pas sans lien avec le traumatisme du Bosphore). L’auteur montre dans sa première partie sur « la mort lente d’un empire », sans excès de téléologie (il s’était lui-même permis une variation uchronique dans un hors-série de Guerres & Histoire), les nombreux facteurs qui conduisirent à la chute de Constantinople, aussi bien du côté de la « marche turque » que du côté de sa cible, affaiblie depuis des décennies et même des siècles. La chute, « inimaginable, impensable » (Marie-Hélène Blanchet), était en même temps prévisible, et même prévue. Les Latins, qui allaient parfois ressentir si vivement le choc de 1453 (« Maintenant, nous sommes frappés chez nous, dans notre patrie, l’Europe », écrivit alors l’humaniste Enea Silvio Piccolomini, futur pape Pie II), jouèrent un rôle ambigu dans la préparation du drame, du sac de 1204 et du jeu trouble des républiques maritimes italiennes jusqu’aux ultimes croisades bourguignonnes (cf. les travaux de Jacques Paviot), de la « mortelle déconfiture » de Nicopolis face à Bayezid jusqu’au tardif et inabouti « Vœu du faisan » prononcé par Philippe le Bon et sa cour à Lille en février 1454. Le tout sur un fond séculaire : l’impossibilité de surmonter le schisme entre catholiques et orthodoxes, malgré l’union des Églises à laquelle consentit Jean VIII Paléologue au concile de Florence.

Au cœur de cette histoire tissée sur des siècles, entre racines profondes et mémoire prolongée, le nœud de l’évènement lui-même : le siège de cinquante-cinq jours, jusqu’au 29 mai 1453 (« un mardi, le jour de Mars… », souligne l’auteur en commentant une formule de l’humaniste Chalkokondylès). La narration de Sylvain Gouguenheim est particulièrement enlevée, malgré les incertitudes laissées parfois par les récits contemporains dont il fournit de nombreux extraits au lecteur. Des préparatifs de la puissante armée du jeune sultan Mehmed II jusqu’aux horreurs attestées, meurtres, viols et pillages, qui suivirent la mort du dernier Constantin sur la muraille écroulée, on suit le déroulement du siège, des différents assauts qui le ponctuent et des opérations spectaculaires qui l’accompagnent, tel le transfert terrestre de dizaines de navires ottomans vers la Corne d’Or fermée par la chaîne de Galata. Au-delà de l’histoire précise et rigoureuse faite ici, le lecteur sent qu’il assiste aussi à une tragédie, nourrie d’héroïsme et de trahison.

L’auteur insiste à juste titre sur la puissance décisive de l’artillerie ottomane, au-delà de la monstrueuse et emblématique bombarde conçue par l’ingénieur Orban, dont le désargenté Constantin XI avait dû refuser les services avant qu’il n’aille les vendre à son ennemi turc… La défaite de Byzance est aussi le résultat d’un manque de moyens, qui n’avait cessé de s’aggraver à mesure que les territoires de l’empire étaient pillés ou conquis ; il n’est pas inutile de rappeler à cet égard que quelques semaines plus tard à Castillon, la France de Charles VII remportait de son côté sur les Anglais une victoire décisive qui était aussi celle de l’armée permanente et de l’impôt qui rendait celle-ci possible. Force est en tout cas de constater que, si l’art de la guerre ottoman est d’abord né dans la steppe, le dispositif déployé par Mehmed II participe bien de cette « révolution militaire » dont les historiens débattent depuis plusieurs décennies. Cette modernité des canons turcs n’empêche certes pas l’évènement de résonner d’accents antiques ou archaïques : avant Gibbon, qui prolongeait jusque 1453 sa fameuse Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, nombreux furent les contemporains qui, au prix de bien des contradictions, lurent la victoire turque comme une vengeance des Troyens anéantis jadis par les Grecs…

Sylvain Gouguenheim livre donc avec cet ouvrage passionnant non seulement le récit précis et enlevé d’un évènement majeur, tournant de l’histoire européenne et mondiale, mais montre également qu’on peut construire sur l’histoire-bataille, comme on le sait depuis Duby et son Dimanche de Bouvines, une véritable histoire totale, embrassant un vaste champ allant de l’histoire des techniques jusqu’à celle des mentalités.

Fabien Niezgoda
17/04/2025

Sylvain Gouguenheim, Constantinople 1453, « La Ville est tombée ! », Paris, Perrin, « Champs de bataille », 2024, 372 p.

https://institut-iliade.com/constantinople-1453-de-sylvain-gouguenheim/

Liban, 1985 : l’histoire d’un enlèvement, la mémoire d’un fils, avec Gré...

mercredi 17 décembre 2025

Repentance à sens unique ? Et si Alger payait pour ses esclaves blancs !

 

C'est la petite musique habituelle, celle qui ne s'arrête jamais. La « rente mémorielle », comme l'appellent certains, bat son plein. Alger exige, encore et toujours, des excuses, des réparations, une génuflexion perpétuelle de la France pour les 130 années de présence sur l'autre rive de la Méditerranée.

Mais dans ce grand bal de l'auto-flagellation nationale, une tribune courageuse publiée récemment dans Le Figaro Histoire par l'universitaire Marie-Claude Mosimann-Barbier vient mettre un grand coup de pied dans la fourmilière de la bien-pensance. Et si, pour une fois, on regardait l'Histoire avec les deux yeux ouverts ? Et si c'était à Alger de nous verser des réparations pour les siècles de razzias et d'esclavage subis par nos ancêtres ?

Le mythe de l'innocence brisé

Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire la réalité historique que nos manuels scolaires s'évertuent à gommer. On nous vend une Algérie victime éternelle. Or, comme le rappelle Mme Mosimann-Barbier, avant 1830, la région n'était pas une nation, mais une province sous férule étrangère constante : romaine, arabe, puis ottomane dès 1526.

Mais le plus tabou, c'est l'économie même de cette Régence d'Alger : la piraterie et la traite des êtres humains.

Pour la plupart de nos contemporains, formatés par la repentance d'État, l'esclavage est exclusivement transatlantique et le fait de méchants Européens. C'est un mensonge par omission colossal. La tribune nous rappelle une vérité cinglante : la traite a commencé bien avant, en Afrique, sous l'impulsion des conquêtes arabes. Dès le VIIe siècle, le général Abdallah ben Sayd imposait déjà le bakht aux chrétiens de Nubie : un tribut humain de 360 esclaves par an !

Un million d'Européens aux fers : des chiffres qui dérangent

En creusant un peu le sujet, les chiffres donnent le vertige. Des historiens sérieux, comme Robert C. Davis de l'Université d'État de l'Ohio, estiment qu'entre le XVIe et le XIXe siècle, plus d'un million d'Européens ont été réduits en esclavage sur la côte des Barbaresques (Tunis, Tripoli, et surtout Alger).

Qui étaient-ils ? Des marins, certes, mais aussi des paysans, des femmes et des enfants, enlevés lors de razzias sur les côtes de Provence, de Corse, d'Italie, et même jusqu'en Bretagne ou en Islande !

Prenons quelques exemples concrets qui glacent le sang :

1631 : le sac de Baltimore, en Irlande. Des corsaires algérois débarquent de nuit et enlèvent 107 habitants, hommes, femmes, enfants. Le village est déserté pour des décennies. Ces Irlandais catholiques finiront leurs jours enchaînés à Alger, jamais rachetés.

1544 : l'île d'Ischia, au large de Naples. Le pirate Barberousse (Khayr ad-Din), amiral de la flotte ottomane et basé à Alger, razzie l'île entière : 4 000 personnes sont emmenées en esclavage. Les femmes jeunes finissent dans les harems, les hommes aux galères.

1798 : les côtes de Sardaigne et de Sicile sont encore régulièrement dévastées. Les tours de guet qui parsèment aujourd'hui le littoral méditerranéen ne sont pas décoratives : elles ont été construites pour prévenir les raids barbaresques qui terrorisaient les populations pendant trois siècles.

À Alger, ces "chiens de chrétiens" étaient vendus sur les marchés aux esclaves (le bedesten), traînés dans les rues sous les huées, enchaînés dans des bagnes insalubres, forcés de ramer sur les galères jusqu'à la mort ou de construire les palais des Deys.

« Alger, qui ne cesse de demander réparation [...], semble avoir oublié son active participation à la traite et à l'esclavage. »

C'est là que l'hypocrisie atteint son comble. Alger a bâti sa puissance d'alors sur le vol des cargaisons et la rançon des hommes. En France, des ordres religieux entiers (les Trinitaires, les Mercédaires) passaient leur temps à quêter dans nos villages pour réunir l'argent nécessaire au rachat des captifs. Combien de familles françaises ruinées pour sauver un fils ou un père des griffes du Dey d'Alger ?

Les témoins gênants qu'on préfère oublier

L'image est symbolique : Miguel de Cervantès, l'auteur de Don Quichotte, capturé en 1575 après la bataille de Lépante, présenté enchaîné à Hassan Pacha, le roi d'Alger. Lui-même a passé cinq longues années de captivité à Alger. S'il a survécu pour raconter, combien d'anonymes ont péri sous le fouet ?

Mais il n'est pas le seul. Vincent de Paul, le futur saint patron des œuvres de charité, fut lui aussi capturé en 1605 et vendu comme esclave à Tunis avant d'être transféré vers Alger. Deux ans d'enfer avant qu'il ne parvienne à s'évader.

Emanuel d'Aranda, un Flamand capturé en 1640, a laissé un récit glaçant de ses années d'esclavage à Alger. Il décrit les marchés, les tortures, les conversions forcées, le désespoir absolu de ces milliers de chrétiens oubliés d'Europe.

Et que dire du Père Dan, rédempteur trinitaire, qui négocia le rachat de centaines d'esclaves et qui écrivit en 1637 son Histoire de Barbarie et de ses corsaires ? Un témoignage accablant sur l'ampleur du système esclavagiste algérois.

Ces voix, aujourd'hui étouffées par le politiquement correct, méritent d'être entendues. Elles rappellent une réalité brutale : pendant que l'Europe commençait timidement à abolir la traite atlantique, Alger continuait tranquillement son commerce d'esclaves blancs.

1830 : la France libératrice, version censurée

La colonisation française de 1830 ne s'est pas faite par hasard ou par pure avidité territoriale. À l'origine, l'expédition visait à détruire ce nid de pirates qui terrorisait la Méditerranée depuis trois siècles et à mettre fin à cet esclavage blanc que l'Europe ne supportait plus.

Rappelons les faits : en 1816, une escadre anglo-néerlandaise bombarde Alger pour obtenir la libération des esclaves chrétiens. Le Dey promet, puis recommence. En 1830, la France intervient militairement. C'est la France qui a mis fin à la traite à Alger, pas l'inverse !

Quand les troupes françaises entrent dans la ville, elles libèrent les derniers esclaves chrétiens des bagnes. Ce détail historique, pourtant majeur, est soigneusement évacué des récits officiels. Il ne cadre pas avec le narratif imposé.

L'heure des comptes a sonné : la réciprocité ou rien !

Alors, soyons clairs. Si l'on doit ouvrir les livres de comptes de l'Histoire, ouvrons-les en grand. Pas de repentance à sens unique. Pas de mémoire sélective.

Ce que la France a apporté (qu'on le veuille ou non)

Pendant 130 ans de présence française, l'Algérie a connu :

  • La fin de l'esclavage et de la piraterie
  • La construction de milliers de kilomètres de routes, de voies ferrées
  • L'édification d'hôpitaux, d'écoles, d'universités (l'Université d'Alger date de 1879)
  • L'assèchement des marais, l'irrigation, la mise en valeur de terres arides
  • La vaccination de masse, l'éradication d'épidémies séculaires
  • Une population multipliée par cinq entre 1830 et 1960

Oui, la colonisation a comporté des injustices, des violences, des erreurs tragiques. Personne ne le nie. Mais réduire 130 ans d'histoire à un crime contre l'humanité relève de la falsification pure et simple.

Ce que l'Algérie doit reconnaître (et payer ?)

Si la France doit payer des réparations, alors l'Algérie, héritière de la Régence barbaresque, doit payer pour :

1. Les milliers de Français et d'Européens razziés et réduits en servitude pendant trois siècles. Chaque famille concernée mérite reconnaissance et compensation.

2. Les sommes astronomiques versées en rançons par la France, l'Espagne, l'Italie pendant des siècles. Qu'on en fasse le calcul actualisé, avec intérêts composés. Le résultat sera vertigineux.

3. Le traumatisme séculaire des populations côtières méditerranéennes, contraintes de vivre dans la terreur permanente des razzias. Combien de villages vidés, de vies brisées, de destins anéantis ?

4. La piraterie systématique qui a ruiné le commerce méditerranéen pendant des siècles, appauvrissant des régions entières.

5. Les conversions forcées à l'islam, les humiliations publiques, les tortures infligées aux captifs chrétiens qui refusaient d'abjurer leur foi.

Comme l'écrit si justement l'universitaire Marie-Claude Mosimann-Barbier, la région a "oublié son active participation". Il est temps de lui rafraîchir la mémoire.

Le piège de la repentance unilatérale

La machine à repentance tourne à plein régime. Emmanuel Macron multiplie les déclarations sur les "crimes" français en Algérie. Mais où est la réciprocité ? Où sont les excuses d'Alger pour les siècles d'esclavage infligés aux Européens ?

Cette asymétrie est insupportable et dangereuse. Elle installe dans l'esprit public une vision manichéenne : l'Occident coupable, le reste du monde innocent. C'est historiquement faux et moralement inacceptable.

La vraie réconciliation ne peut se construire que sur la vérité complète, pas sur le mensonge ou l'oubli sélectif.

Si Alger veut sincèrement tourner la page, qu'Alger commence par reconnaître ses propres crimes. Qu'on érige des monuments aux esclaves blancs. Qu'on enseigne dans les écoles algériennes l'histoire complète de la Régence. Qu'on présente des excuses officielles aux descendants des victimes.

Pas de repentance sans réciprocité. C'est la seule voie vers une vraie paix mémorielle.

Conclusion : pour une histoire décolonisée... des deux côtés

Le débat mémoriel franco-algérien est verrouillé par une idéologie qui refuse d'admettre que l'histoire est complexe, que les victimes d'hier furent parfois les bourreaux d'avant-hier, et que la repentance à géométrie variable n'est qu'une nouvelle forme de domination intellectuelle.

Les Français n'ont pas à ramper éternellement devant un pays qui refuse d'assumer son propre passé esclavagiste. L'histoire de la Méditerranée est une histoire de conflits, de dominations croisées, d'atrocités réciproques. Assumons-la entièrement, ou taisons-nous définitivement.

Mais surtout, cessons cette hypocrisie insupportable qui fait de la France le seul coupable d'une histoire millénaire où les rôles de victimes et de bourreaux se sont constamment inversés.

Ilustration : Esclaves chrétiens, Maîtres musulmans : L'esclavage blanc en Méditerranée (1500-1800) Poche – 7 septembre 2007
de Robert C. Davis (Auteur), Manuel Tricoteaux (Traduction)

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/repentance-a-sens-unique-et-si-265252