vendredi 4 octobre 2024

Les huit péchés capitaux de notre civilisation (Konrad Lorenz)

Solidarność : le syndicat qui a changé le cours de l’histoire en Pologne et en Europe

 

La création du syndicat Solidarność (Solidarité) en Pologne en 1980 marque un tournant décisif dans l’histoire de la lutte contre le communisme et l’Union soviétique en Europe de l’Est. Ce mouvement ouvrier, né dans les chantiers navals de Gdansk, est bien plus qu’une simple organisation syndicale : il incarne la résistance pacifique contre un régime oppressif et annonce la désagrégation du bloc soviétique. Au cœur de cette lutte se trouve un homme, Lech Wałęsa, électricien devenu figure emblématique du mouvement, et dont le combat contre le communisme a profondément marqué la fin du XXe siècle.

Le contexte historique : la Pologne sous domination communiste

Après la Seconde Guerre mondiale, la Pologne, comme une grande partie de l’Europe de l’Est, est passée sous l’influence soviétique. En 1947, un régime communiste s’installe, faisant de la Pologne une république populaire, entièrement subordonnée à Moscou. Pendant des décennies, le Parti ouvrier unifié polonais (POUP) contrôle l’État et l’économie, imposant une répression politique et sociale sur un peuple qui souffre de pénuries, de pauvreté et d’un contrôle idéologique strict. Les tentatives de soulèvement, comme celles de Poznań en 1956 ou des étudiants en 1968, sont brutalement réprimées.

À la fin des années 1970, la situation se détériore. Les réformes économiques échouent, et la misère augmente. L’inflation est galopante, les produits de première nécessité manquent et le mécontentement gronde. Le mépris croissant de la population envers un régime qui ne représente plus leurs intérêts prépare le terrain pour une contestation généralisée.

La naissance de Solidarność

C’est dans ce climat de tension que se déclenche, en août 1980, la grève des ouvriers des chantiers navals Lénine de Gdansk. Leur leader, Lech Wałęsa, électricien et syndicaliste, galvanisé par la visite de Jean-Paul II, premier pape polonais, appelle à une grève générale pour protester contre la répression et les conditions de travail.

Le mouvement ne se limite pas à des revendications salariales. Très vite, il s’agit de lutter contre la répression politique et pour la liberté. Les grévistes exigent la création d’un syndicat indépendant du Parti communiste, une idée radicale dans un régime où tout est contrôlé par l’État. Ce syndicat voit le jour sous le nom de Solidarność.

Avec le soutien de l’Église catholique et d’une partie de l’intelligentsia polonaise, Solidarność devient rapidement un symbole d’unité et d’espoir pour un pays écrasé par des décennies de dictature. Les ouvriers ne sont plus seuls : intellectuels, étudiants, paysans et autres groupes sociaux rejoignent le mouvement.

Un mouvement anti-communiste puissant

Dès sa création, Solidarność incarne un combat frontal contre le communisme. Contrairement aux syndicats contrôlés par le Parti communiste, Solidarność est indépendant, libre et démocratique. Il porte les aspirations d’un peuple désireux de reprendre son destin en main. Le syndicat lutte non seulement pour de meilleures conditions de vie, mais surtout pour la liberté d’expression, la fin de la censure, et la possibilité de contester pacifiquement un régime autoritaire.

Le pouvoir communiste voit en Solidarność une menace existentielle. En 1981, sous la pression soviétique, le général Wojciech Jaruzelski, chef de l’État polonais, décrète la loi martiale pour briser le mouvement. Des milliers de militants, dont Lech Wałęsa, sont arrêtés, les rassemblements sont interdits, et le syndicat est officiellement dissous. Mais malgré la répression, Solidarność continue d’exister clandestinement, grâce au soutien international, notamment des États-Unis et du Vatican.

Le rôle de Lech Wałęsa

Lech Wałęsa joue un rôle central dans le succès de Solidarność. Charismatique, déterminé et capable de rallier différentes factions de la société, il devient rapidement le visage du mouvement. Après son arrestation en 1981, il continue de symboliser la résistance pacifique contre le communisme. Libéré en 1982, Wałęsa reçoit en 1983 le prix Nobel de la paix pour son engagement en faveur de la liberté et des droits humains.

Wałęsa incarne une nouvelle forme de leadership. Il refuse la violence, et prône la négociation et la désobéissance civile pour obtenir des changements politiques. Son combat inspire d’autres mouvements en Europe de l’Est et contribue à affaiblir le contrôle soviétique sur la région.

La fin du bloc de l’Est

Les événements en Pologne, notamment la résilience de Solidarność, ont un effet domino sur l’ensemble du bloc de l’Est. En 1989, après des années de pression sociale, économique et politique, le régime communiste polonais entame des négociations avec Solidarność. Ces discussions, connues sous le nom des « accords de la Table ronde », mènent aux premières élections semi-libres dans un pays communiste.

Solidarność remporte une victoire écrasante. Lech Wałęsa, désormais leader de la transition démocratique, devient en 1990 le premier président élu de la Pologne post-communiste. La chute du mur de Berlin en novembre 1989 symbolise l’effondrement du bloc soviétique, mais c’est en Pologne, avec la naissance de Solidarność, que les premières fissures apparaissent.

L’héritage de Solidarność

L’héritage de Solidarność dépasse les frontières de la Pologne. Ce mouvement a démontré que la résistance pacifique et organisée peut venir à bout des régimes les plus autoritaires. Il a aussi révélé la puissance de l’unité nationale dans la lutte contre l’oppression. Solidarność reste un symbole de liberté, de lutte sociale et de démocratie, inspirant des mouvements similaires à travers le monde.

L’histoire de Solidarność, et celle de son leader Lech Wałęsa, est une leçon pour toutes les nations en quête de justice et de liberté. Un rappel aussi des conséquences du communisme quand il est au pouvoir. Cette organisation a non seulement contribué à la chute du communisme en Europe de l’Est, mais elle a également montré que, même dans les moments les plus sombres, il est possible de se relever et de changer le cours de l’histoire.

https://www.breizh-info.com/2024/09/08/237393/solidarnosc-le-syndicat-qui-a-change-le-cours-de-lhistoire-en-pologne-et-en-europe/

COLBERT : le génie économique derrière LOUIS XIV

jeudi 3 octobre 2024

Comment le joug tataro-mongol a-t-il causé la formation de l’État russe ?

 

par Gueorgui Manaïev.

Il est faux de penser que les Tataro-Mongols ont envahi la Russie en tant qu’État unique, car cet État ne s’est en réalité formé qu’en réponse à cette invasion, pour y résister et la renverser. Comment cette menace venue d’Asie a-t-elle donc paradoxalement permis à Moscou de s’imposer ?

Le prince Iaroslav II de Vladimir a été empoisonné par la femme de Güyük, le khan (chef mongol) des khans. À l’âge de 67 ans, le prince Michel de Tchernigov a été exécuté dans la capitale de la Horde d’or (le plus puissant des khanats mongols) pour avoir refusé de vénérer les idoles mongoles. Le prince Michel III de Vladimir s’est quant à lui fait arracher le cœur dans cette même capitale, selon la Chronique des temps passés. La population russe était obligée de payer des tributs substantiels aux khans, et les princes russes n’étaient autorisés à gouverner leurs territoires qu’avec la permission du khan de la Horde d’or. Voici donc quelle était la situation durant cette domination que l’on appelle aujourd’hui le joug tataro-mongol.

Le prince Alexandre Nevski demandant la pitié pour la Russie au khan Batu. Getty Images

Il est difficile de croire que de tels événements ont contribué à la formation de l’État russe. Mais c’est bel et bien l’opposition à ces actions qui a uni les princes russes – malheureusement, pas dans l’amitié, mais sous la poigne de fer du plus fort d’entre eux. « Moscou doit sa grandeur aux khans », a d’ailleurs écrit l’illustre historien russe Nikolaï Karamzine (1766-1826).

Au moment de l’invasion de la Rus’ médiévale, les Mongols étaient avancés tant sur le plan militaire que sur celui des systèmes de gouvernance. Seule l’unité pouvait donc aider les Russes à renverser leur régime. Comment cela a-t-il débuté ?

Par quoi l’invasion mongole a-t-elle été déclenchée ?

Tout a commencé lorsque Gengis Khan (1155-1227), le fondateur de l’Empire mongol, a envoyé son fils Djötchi (1182-1227) à la conquête des terres de l’actuelle Sibérie, de la Russie centrale et de l’Europe de l’Est.

Gengis Khan

Des armées géantes de guerriers mongols (clairement plus de 100 000 hommes, un nombre considérable au XIIIe siècle) ont alors facilement vaincu les forces faibles et peu nombreuses des princes russes, qui étaient déjà en guerre les uns contre les autres avant l’invasion.

En 1237, les Mongols, menés par le khan Batu, ont ainsi envahi la Rus’. Ils ont pris, ravagé et brûlé Riazan, Kolomna, Moscou, Vladimir et Tver, soit toutes les principales villes russes. L’invasion s’est poursuivie jusqu’en 1242 et a été un coup terrible pour les terres russes – il leur faudra presque 100 ans pour se remettre complètement des dommages causés par l’armée mongole. De plus, les terres et les villes du Sud – Kiev, Tchernigov, Galitch – ont été réduites en cendres, permettant aux cités du Nord-Est, notamment Tver, Moscou, Vladimir et Souzdal, de voir leur rôle être renforcé après l’invasion.

Souzdal ravagée par le khan Batu en février 1238. Miniature de la Chronique des temps passés

Cependant, les Mongols ne voulaient pas conquérir complètement ces terres, mais désiraient simplement des paiements de tribut réguliers. Et ils savaient comment obtenir ce qu’ils souhaitaient.

Comment le pouvoir mongol fonctionnait-il ?

En 1243, Iaroslav II de Vladimir (1191-1246) a été le premier prince russe à recevoir la permission de gouverner : convoqué auprès de Batu, il lui a juré allégeance et a été nommé « plus grand prince de tous les Russes ».

Le khan Batu, dessin médiéval chinois

La cérémonie de serment d’allégeance aux Mongols était très similaire à la cérémonie française d’hommage, où le vassal s’agenouillait aux pieds de son souverain assis. Mais dans la capitale de la Horde d’or, Saraï, les princes russes étaient parfois obligés de marcher à genoux jusqu’au trône du khan et étaient globalement traités comme des inférieurs. C’est d’ailleurs ce même Iaroslav II qui a reçu le premier yarlyk et qui a été empoisonné par la suite.

Le yarlyk (un « cri », une « annonce », dans l’ancienne langue mongole) était la façon dont les Mongols appelaient les lettres de créance diplomatiques – des chartes de protection qu’ils écrivaient et remettaient aux princes et aux prêtres russes. Une partie importante de la politique des Mongols résidait dans le fait qu’ils protégeaient les églises orthodoxes russes, ne les ravageaient jamais et assuraient la sécurité du clergé. Pour sa protection, l’Église était cependant obligée de prêcher à ses paroissiens l’allégeance aux Tatars mongols.

Les baskaks recevant le tribut, toile de Sergueï Ivanov

Les tributs étaient d’abord contrôlés et collectés par les baskaks, les percepteurs mongols, qui vivaient dans les villes russes avec leur suite et leurs gardes. Pour recueillir les versements, les Mongols procédaient à un recensement de la population des principautés soumises. Les tributs allaient ensuite à l’Empire mongol, mais après 1266, lorsque l’État tataro-mongol de la Horde d’or a pris son indépendance vis-à-vis de l’Empire mongol, cet argent a été redirigé vers Saraï, sa capitale. Plus tard, après de multiples révoltes locales et suite aux supplications des princes russes, la collecte des tributs a été remise aux princes eux-mêmes.

Comment les Russes ont-ils utilisé les Mongols à leur profit ?

Les Mongols n’ont jamais imposé de présence militaire constante aux Russes, mais si ces derniers se révoltaient contre leur régime, ils pouvaient envoyer des armées. Cependant, les khans mongols, rusés et politiquement sophistiqués, manipulaient les Russes, les incitaient à la haine et aux guerres entre eux pour mieux contrôler ces États faibles et divisés. Bientôt, les princes ont néanmoins appris eux aussi cette tactique et ont commencé à l’appliquer contre les Mongols.

Révolte de Tver en 1328

Pendant un siècle, d’innombrables campagnes militaires ont éclaté entre les Mongols et les Russes. En 1328, la Principauté de Tver s’est par exemple révoltée contre les Mongols, tuant le cousin du khan Özbeg. Tver a alors été brûlée et détruite par la Horde, cette dernière bénéficiant de l’aide des princes de Moscou et de Souzdal. Pourquoi ?

Dans une guerre entre les principautés, le prince moscovite a compris que quelqu’un devait prendre la tête du combat contre les Mongols en soumettant les autres souverains russes à son autorité. Après la disparition de Tver, Ivan Ier Kalita de Moscou est donc devenu le premier prince à recueillir les tributs des terres russes au lieu des baskaks – c’est ce qu’il a obtenu pour avoir aidé les Mongols à assassiner ses compatriotes de Tver. Cela a étonnamment contribué à apporter la fameuse « Trêve de 40 ans », durant laquelle les Mongols n’ont pas attaqué les terres moscovites (mais ont ravagé d’autres principautés). Pendant ce temps, Moscou a donc utilisé les défaites des autres princes pour ses propres intérêts.

La plus ancienne forme de correspondance officielle russe : la charte contractuelle de Novgorod avec le prince de Tver Iaroslav III sur les conditions de son règne à Novgorod. Viatcheslav Rounov/Sputnik

Les Russes ont aussi rapidement appris des Mongols à utiliser des contrats écrits, à signer des actes, à promulguer des lois ; ils ont même utilisé le système des yams – des stations routières, employées d’abord par Gengis Khan à des fins multiples : abris pour les voyageurs, relais de chevaux pour les messagers de l’armée, etc. Ce système a été installé sur les terres russes par les Mongols pour leurs propres besoins, mais a finalement commencé à être utilisé par les Russes afin de connecter leurs terres entre elles.

Comment s’est terminé le joug mongol ? 

Ce que les princes de Moscou ont également appris des impitoyables Mongols, c’est que soit vous tuez votre ennemi, soit vous le mettez hors d’état de nuire pour qu’il ne puisse se venger. Or, simultanément au renforcement des princes de Moscou, la Horde d’or est tombée dans une crise politique. En 1378, Dmitri de Moscou, connu sous le nom de Dmitri Donskoï (1350-1389), a ainsi, pour la première fois depuis longtemps, écrasé l’une des armées de la Horde.

Bataille de Koulikovo, par le peintre Mikhaïl Avilov. Global Look Press

En 1380, Dmitri Donskoï, qui avait auparavant cessé de verser son tribut à la Horde, a également vaincu l’armée de 60 000 à 110 000 hommes du khan Mamaï lors de la bataille de Koulikovo, un grand moment de liesse pour toutes les terres russes. Cependant, en 1382, Moscou n’a pas tardé à être brûlée par Tokhtamych, un khan d’une autre fraction de la Horde démantelée.

Pendant une centaine d’années, les terres russes ont livré de temps en temps des tributs aux différents khans, mais en 1472 (ou 1476 selon les sources historiques), Ivan III de Moscou (1440-1505) a refusé de rendre cet hommage aux Tatars. Cette fois, la Grande-principauté de Moscou apparaissait en mesure de défier l’autorité mongole, Ivan, et avant lui son père Vassili II, ayant entamé le rassemblement des terres russes sous l’autorité de Moscou, un tournant crucial dans l’histoire du pays.

Ahmed, le khan de la Horde d’or, a alors tenté de faire la guerre à Ivan, mais après la fameuse Grande halte sur la rivière Ougra en 1480, il s’en est retourné chez lui sans avoir combattu. Ce face-à-face étrangement pacifique a marqué la fin de la domination et du contrôle mongols, mais pas des tributs. La Russie a continué à envoyer de l’argent et des biens de valeur à différentes parties de l’ancienne Horde dans le simple but de faire la paix avec les Tatars. On appelait ces versements « pominki » (signifiant approximativement « hommages ») en russe.

Dmitri Donskoï

La Russie a payé des pominki à différentes anciennes dynasties de la Horde jusqu’en 1685. Officiellement, les hommages n’ont été interdits par Pierre le Grand qu’en 1700, conformément au traité de Constantinople entre le Tsarat de Russie et l’Empire ottoman. Le Khanat de Crimée, l’un des derniers bastions mongols de l’époque, vassal de l’Empire ottoman, était le dernier à qui la Russie a versé un tribut. Le traité disait :

« Parce que l’État de Moscou est autonome et libre – le tribut qui était jusqu’à présent versé annuellement aux khans de Crimée ne sera désormais plus versé par Sa Sainte Grandeur le Tsar de Moscou, ni par ses descendants ».

Il est très symbolique que Pierre, le dernier grand tsar de Moscou et le futur premier empereur de Russie, ait signé ce traité en 1700, la première année qui a commencé en Russie non pas à partir du 1er septembre, comme dans la Rus’ médiévale, mais à partir du 1er janvier – tout comme en Europe.

illustration : Cadre du film « Mongol » de Sergueï Bodrov. Sergueï Bodrov/Compagnie cinématographique STV, 2007 

source : https://fr.rbth.com

https://reseauinternational.net/comment-le-joug-tataro-mongol-a-t-il-cause-la-formation-de-letat-russe/

Les Spartiates, sacrifiés à la bataille des Thermopyles, n’étaient que des hommes

 

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À l’heure où l’homme blanc, constamment dévalorisé, est sommé de se déconstruire, il est bon de se remémorer des histoires qui ont fait sa grandeur. L’une d’entre elles a traversé les siècles et son écho résonne encore dans le cœur de chaque Européen : la bataille des Thermopyles. Cette sanglante défaite qui s’est déroulée en août ou septembre -480 est plus actuelle que jamais.  Voici pourquoi.

La criminalisation du mâle blanc est l’une des manœuvres en acte les plus dégueulasses et les plus délétères qui soit. Elle se base sur la mystification et le mensonge : on fait croire à d’entières générations que ce dernier n’aurait fait montre de virilité, de force, de courage et d’honneur que pour son profit personnel, pour dominer arbitrairement. On fait croire que l’Européen est et a toujours été en quête de pouvoir pour une fin en soi, feignant d’ignorer que la puissance fonde la liberté.

La bataille des Thermopyles, acmé du sacrifice d’hommes pour la communauté, rappelle que la liberté se conquiert par de grands actes. Concept dévoyé par excellence, nos boomers et nos petites bourgeoises nés dans la paix et l’abondance, pensent que la liberté revient à « faire ce que l’on veut quand on veut ». Mais la liberté c’est pouvoir choisir son destin. C’est choisir ses actes sans y être contraint par aucune force extérieure. Et pour ce faire, il faut bien être plus fort que ces forces extérieures. Une banalité au Ve siècle avant notre ère, une incompréhension aujourd’hui. Ainsi, c’est pour ne pas subir le joug de l’empire perse et disparaître dans sa masse que des Spartiates ont fait don de leur vie. Une poignée de Spartiates – et leurs alliés thébains et thespiens – sont allés aux devants d’une mort certaine pour le destin du monde grec. On est loin de l’image de masculinistes assoiffés de guerre et de pouvoir…

Les Spartiates sont morts depuis longtemps, et tout semble séparer les citoyens d’aujourd’hui de ces glorieux soldats. Pourtant, les Spartiates étaient des hommes, faits de chair et d’os, de peurs et de courage, de vilenie et de noblesse. Mais c’est le choix et le respect – sévère et implacable – des valeurs auxquelles ils devaient tous obéir, qui en fit des hommes supérieurs. À l’heure des insipides « valeurs de la République » qui n’ont pas plus de sens que de réalité, il est bon de le réaffirmer.

Ces soldats étaient des hommes et rien ne témoigne mieux de cette humanité que les mots d’Agathocle (1), un de ces trois cents héros qui ont choisi de se sacrifier pour faire barrage à l’Autre, et permettre à leurs fils, leurs filles, leur femme et leurs parents de pouvoir rester eux-mêmes.

“ Moi qui dois mourir demain, j’écris ces mots à la lumière d’une torche, en attendant le matin. Je contemple la splendeur des étoiles : l’éclat est très différent de l’obscurité qui enveloppe les cadavres qui s’étendent devant moi. Les mêmes corps qui teignent de rouge la boue que je piétine, dont l’odeur âcre me répugne autant que de savoir que demain je serai l’un d’entre eux. Moi, Agathocle, soldat spartiate, je suis de garde ce soir au col des Thermopyles. Je sais qu’ils nous ont encerclés aujourd’hui et que cet endroit sera ma tombe. À cette seule pensée mon estomac se contracte de froid, comme si le gel de la mort voulait déjà envahir mon corps. C’est pourquoi j’écris avec attention et – ce faisant – mes mains cessent de trembler et je sens que mes craintes s’estompent. Non, je n’essaierai pas de fuir devant les ténèbres. Je préfère écrire. Et ces mots parleront pour moi quand je serai mort. Ils expliqueront pourquoi j’accepte mon destin et pourquoi nous attendons la mort ici. Nous, les spartiates de la garde du roi Léonidas, on dit que nous sommes des hommes justes, que nous avons été choisis parmi ceux qui méprisent le plus les richesses et le luxe, que nous ne nous sommes jamais laissé corrompre par l’or.

Mais, en vérité, je vous le dis, celui qui affirme cela ment.

À Corinthe, nous vîmes pour la première fois de l’or et de l’argent en abondance. Nous nous sommes jetés dessus, impatients de butin. Mais bien vite, nous vîmes un frère se battre avec un autre pour une coupe d’argent, nous vîmes des hommes qui avaient lutté côte à côte se disputer une esclave aux yeux verts. Léonidas nous vit possédés par la cupidité et nous convoqua dans l’agora. Là, il jeta au sol ce qui lui était échu et dit :

« Voici ma part, maintenant vous pouvez vous entre-tuer pour elle ».

Nous, les trois cents hommes de la garde, nous avons eu honte et nous nous sommes débarrassés de nos richesses. Depuis cette nuit-là, nous abandonnâmes les palais de marbre et dormions dans le froid, hors de la ville, sous nos tentes en lin. Tous les hommes de l’armée spartiate nous saluèrent et dirent : « Ceux-là sont des hommes justes qui ne se laissent pas corrompre », en se partageant notre or. Mais il nous en importait peu, car on avait vu le prix de l’opulence et il nous semblait si élevé que pas même un des trois cents n’eut le courage de rester en ville. C’est pourquoi, quand nous reconnûmes Xerxès sur la colline, vêtu de soie et de pierres précieuses, nous le méprisâmes. Ce soir-là, il nous offrit une cargaison d’or pour laisser le passage libre. Nous sentîmes à nouveau le ver de la cupidité en nous et je crois que chacun de nous se trouva à désirer ces richesses et à vouloir abandonner le passage des Thermopyles, et vivre. Mais Léonidas se tenait devant nous. Il nous connaissait et c’est pourquoi il ne nous a pas parlé d’honneur, de gloire ou de patrie, parce qu’il savait qu’en cette occasion ces termes seraient vides à nos oreilles face au mot « vie ».

« Peut-être que l’un d’entre vous veut-il encore vivre à Corinthe ? », dit-il. « Qui le veut peut prendre sa part et m’abandonner, mais à celui qui le fera je lui recommande de charger beaucoup d’or pour oublier le visage des amis qu’il laissera derrière lui, et il lui en faudra prendre encore plus pour oublier le sang de ceux qui mourront pour sa trahison au-delà du col. »

Il dit cela et nous regarda en silence ; personne ne bougea, et aucun d’entre nous ne jeta ses armes. Pendant un instant, juste un instant, nous nous sommes réjouis d’être là avec notre roi. On dit de nous, Spartiates de la garde du roi Léonidas, que nous sommes des hommes de grande valeur, que nous ne méprisons pas la mort mais la lame des armes des ennemis.

Moi, en vérité, je vous dis que celui qui dit cela ment.

Car, en voyant le déploiement de l’ennemi, le cœur se serre. Et nous craignons le tranchant et la douleur des blessures, mais beaucoup plus que cette douleur, nous craignons le mépris de l’ami qui se bat à nos côtés, la honte de la femme qui attend notre retour et le rejet du vieil homme qui a jadis lutté pour nous. Pour tout cela, nous dominons nos craintes et nous luttons, possédés par la force qui brille dans nos yeux.      

Mais ce regard n’est pas de la haine pour les ennemis, c’était un regard de frayeur sachant que la mort marche toujours à nos côtés et que n’importe lequel d’entre nous peut être le prochain.

On dit de nous, Spartiates de la garde du roi Léonidas, que nous avons été des hommes loyaux, et que nous avons combattu pour la liberté des Grecs, pour la justice et la loi.

Mais en vérité, je vous dis que celui qui dit cela ment.

Demain à l’aube, nous saisirons nos boucliers et après avoir pris nos lances, nos hymnes de guerre résonneront au rythme de nos pas et nous chargerons les hordes des barbares. Je marcherai coude à coude, occupant ma place dans la phalange, et je sentirai la chaleur et la lumière du soleil, l’odeur du fer et la sueur des hommes, sachant que je ferai tout cela pour la dernière fois. Ma lance se couvrira de sang : je tuerai 10, 100, 1000 barbares, mais cela ne servira pas à grand-chose, parce que mon corps sera transpercé par les lances de l’ennemi, et je mourrai. Mais je ne le ferai pas pour la liberté des Grecs, ni pour la justice, ni pour la loi, et je ne mourrai pas non plus pour Sparte. Je mourrai pour ne pas être esclave, en traînant les chaînes de la servitude dans les déserts de la moyenne. Je mourrai pour venger Agésilas, mon ami, que j’ai vu tomber hier, percé d’une flèche égyptienne. Je mourrai avec Archiloque, qui m’a couvert de son bouclier pendant dix batailles, et me couvrira pour la dernière fois demain.             

Je mourrai pour Léonidas qui nous conduit à la mort, mais à qui nous sommes reconnaissants parce qu’avant cela, il fit de nous des hommes. Demain, quand la nuit tombera, de la garde du roi Léonidas il ne restera qu’un monceau de corps sans vie, puis une poignée d’os, et puis plus rien. Peut-être alors, quand on aura oublié le nom de Sparte et que même le vaste empire perse aura succombé à l’oubli, peut-être quelqu’un se souviendra-t-il de notre sacrifice et verra que pour notre mort nous étions justes, courageux et loyaux. Nous étions tout ce que nous ne pouvions pas être en vie. Et alors, ils diront :

« Les Spartiates de la garde du roi Léonidas moururent il y a longtemps, mais leur souvenir reste immortel ». « 

***

Manifestant l’intérêt atemporel du mythe de Sparte, trois ouvrages ont récemment été publiés :

  • Sparte et l’idée spartiate, Des origines au déclin. Frédéric Éparvier, La Nouvelle Librairie éditions, 2024. Dans ce bref ouvrage, l’auteur retrace l’histoire de Sparte et de l’idée spartiate, depuis ses origines à sa chute, exposant en détail les raisons de son âge d’or et les causes de son déclin. Vous pouvez vous le procurer ici.

  • Sparte comme modèle, Histoire, hérédité et mythe d’une civilisation immortelle. Collectif, Éditions du Paillon, 2024. Ce recueil de textes insolites retrace lui-aussi l’histoire de la célèbre cité du Péloponnèse dans une première partie. Mais une seconde, plus fournie et plus éclectique, évoque le mythe de Sparte. L’idée de Sparte à travers les siècles, comment a-t-elle été perçue et valorisée par différents courants de pensée, qu’est-ce qui, en Sparte, est éternel. 196 pages. Vous pouvez vous le procurer ici.
  • Titans – Tome 1: IrisPaul Peru et Laci, Éditions Oxymore, 2024Une BD mettant en scène une guerrière spartiate, que nous avons recensé ici.

Audrey D’Aguanno

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

(1) Nous remercions Les Éditions du Paillon  qui nous ont aimablement autorisés à reproduire ce texte, présent dan l’ouvrage Sparte comme modèle, Histoire, hérédité et mythe d’une civilisation immortelle.

https://www.breizh-info.com/2024/09/01/237023/les-spartiates-sacrifies-a-la-bataille-des-thermopyles-netaient-que-des-hommes/

V.RUSSIE - 30/09/24 - NOUVELLES DU FRONT DONT VOS MEDIAS NE VOUS PARLENT...

Espagne, il y a 90 ans, les gauches prenaient les armes pour abattre le régime

 

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Michel Festivi

C’est toujours la même chose avec les gauches, qui se sont auto-auréolées par proclamation dans le camp du bien, avec bien souvent les complicités des fausses droites, des mous, des peureux et des tièdes qui refusent de les combattre sur le terrain des idées. Elles s’auto désignent être les parangons de la démocratie luttant contre le « fascisme », « siamo tutti antifascisti » comme elles l’ont beuglé scélératement lors des manifestations à la mémoire de la pauvre Philippine, ces derniers jours.

Il est donc plus qu’utile, indispensable même, de rappeler en permanence leurs permanentes déviances totalitaires staliniennes, qui consistent à interdire à leurs adversaires de les combattre au nom des libertés, défendues par ceux et celles qui ne pensent pas comme la doxa socialo-communiste, comme le résumait Saint Just « Pas de libertés pour les ennemis de la liberté. »

Justement, l’occasion m’en est donnée en ce 90ème anniversaire de la révolution des Asturies, qui vit en Espagne républicaine, les gauches, dont le PSOE, fomenter un coup d’état armé contre les institutions, tout simplement parce que ces mêmes gauches refusaient le résultat des urnes qui leur était défavorable.

Petit retour en arrière. Le 14 avril 1931, le surlendemain d’élections municipales qui avaient vu largement triompher les candidats monarchistes sur les candidats républicains dans la proportion de 8 sur 1 selon tous les observateurs dont l’historien Hugh Thomas, le Roi Alphonse XIII, soucieux d’éviter tous troubles et bains de sang, quitte l’Espagne, car dans les grandes villes seulement, les républicains l’ont emporté et ils menacent la paix publique (on notera que le résultat de ces élections ne fut jamais ni établi ni publié officiellement). Le régime républicain s’est alors auto-proclamé sans referendum ni consultation. En juin 1931, les élections constituantes donnent une large majorité aux gauches, qui élaboreront une constitution très anticléricale en décembre 1931.

Mais devant l’impéritie généralisée des gouvernements de gauche dirigés par Manuel Azaña  qui ruinent le pays, en septembre 1933, le Président de la République, Niceto Alcala Zamora, est contraint de dissoudre les Cortès et d’appeler à de nouvelles élections. En novembre 1933, c’est le coup de tonnerre, les gauches sombrent, le PSOE qui avaient 150 députés tombe à 50 élus. Ce sont les droites qui l’emportent largement, la Confédération des droites espagnoles, la CEDA, dirigée par José Maria Gil Roblès devient le 1er parti d’Espagne, suivi par le parti républicain radical dirigé par Alejandro Lerroux, un modéré opposé aux gauches. (Lors de ces élections et pour la 1ere fois les femmes comme les hommes de plus de 23 ans purent voter).

Or, contre toute attente, le Président de la République, menacé par le PSOE et les gauches, va refuser de nommer Gil Roblès Chef du gouvernement et va même lui refuser tout ministre. C’est Alejandro Lerroux qui va assumer ce poste. Les gauches refusent le résultat des élections et menacent de prendre les armes si d’aventure des membres de la CEDA arrivaient au gouvernement.

Pendant toute l’année 1934, en prévision d’une éventuelle nomination de ministres Cédistes, les gauches se regroupent, s’organisent pour préparer un coup d’état révolutionnaire. A Oviedo, capitale des Asturies, un pacte organisationnel révolutionnaire est convenu, le 28 mars 1934, entre les anarchistes, les socialistes et des franges communistes. Depuis 1932, des armes de contrebande avaient été acquises et dispersées dans toute la péninsule. En Catalogne, les leaders catalans multiplient les proclamations révolutionnaires. Le 11 septembre 1934, un navire affrété par des socialistes, rempli de caisses d’armes est découvert par les autorités.

Le 1er octobre 1934, la CEDA retire son soutien au gouvernement centriste. Dès lors devant la crise institutionnelle, Alcala Zamora accepte à contre-cœur, de nommer 3 ministres de la CEDA mais toujours sous la Présidence d’un centriste du parti républicain radical. C’est l’étincelle qui va provoquer comme le dira bien plus tard l’historien espagnol Luis Pio Moa « la première bataille de la guerre civile. »

Aussitôt, dans tout le pays, les gauches redoutablement armées, attaquent des bâtiments officiels, des soldats, des policiers. A Madrid, Barcelone et dans la plupart des grandes villes des combats meurtriers se déroulent. Mais le gouvernement, après quelques jours de flottement, réussit à faire cesser les émeutes révolutionnaires, surtout en Catalogne (46 morts et plus de 100 blessés). Partout ? Sauf dans les Asturies où se sont regroupés dans cette région minière, la plupart des révolutionnaires les plus déterminés. En plus des armes, les mineurs disposent de la dynamite qu’ils savent parfaitement manier, les fameux dynamiteros.

Le gouvernement est débordé, près de 30 000 révolutionnaires lourdement armés conquièrent les principales villes de la région, la république asturienne y est proclamée. Les insurgés parviennent à s’emparer des manufactures d’armes de Trubia et de La Vega. Ils assassinent des prêtres, des commerçants, des personnes qualifiées de « bourgeois », comme en URSS. Des soviets sont installés, ils pillent des banques. Ils incendient les symboles religieux, La Cathédrale d’Oviedo est en partie brûlée, dont plus de 55 000 volumes remarquables de la bibliothèque universitaire.

Devant ces émeutes révolutionnaires, le gouvernement se résigne à faire appel au plus brillant général d’alors, un certain Francisco Franco, et ce d’autant que beaucoup de généraux républicains voire francs-maçons ont failli, Franco les destituera. En 15 jours, grâce à sa détermination calme mais implacable, et grâce surtout à ses soldats d’Afrique, du Maroc qu’il fait débarquer par le port de Gijón, il réussit à vaincre les rebelles et à rétablir l’ordre public. L’un des chef révolutionnaire Berlamino Tomas concèdera « Notre défaite n’est que momentanée, et bien que nous ayons des fusils, des mitrailleuses et des canons, nous n’avons plus de munitions... nous n’abandonnerons pas la lutte des classes... notre reddition d’aujourd’hui n’est qu’une simple halte...et nous nous préparons aux prochaines batailles ». Les combats qui recommenceront à partir du 18 juillet 1936, prouveront cette harangue. Le Lénine espagnol, chef du PSOE, Largo Caballero n’avait-il pas déclaré « je veux une république sans classe, mais pour cela il faut qu’une classe disparaisse ».

Cette première bataille de la guerre civile, voulue par les gauches laissera sur le tapis 256 militaires qui déploreront aussi 639 blessés, les insurgés pour leur part auront 940 morts et 1449 blessés. L’historien Ricardo de la Cierra écrira « la guerre civile commença en octobre 1934, il n’y a aucun doute à ce sujet ». Je laisse le mot de la fin à un républicain modéré, qui à partir de 1931 sera nommé ministre, puis ambassadeur d’Espagne aux USA, puis en France, il déclarera en exil bien après la fin de la guerre civile, lui qui fut membre de l’Académie Royale espagnole : « Le soulèvement de 1934 fut impardonnable. La décision du Président de la République d’appeler des membres de la CEDA au gouvernement était inattaquable, inévitable et même pas mal attendue depuis pas mal de temps. L’argument selon lequel Mr Gil Roblès cherchait à détruire la constitution pour instaurer le fascisme, était à la fois hypocrite et mensonger. Avec la révolte de 1934, la gauche espagnole perdait jusqu’à l’ombre d’une autorité morale pour condamner le soulèvement de 1936. »

Nous devons sans cesse rappeler l’histoire sanglante des gauches, nous avons tous les arguments pour le faire partout et en tout lieu. Il faut impérativement gagner la bataille des idées, c’est capital et ne pas laisser les gauches nous déverser sans réagir leurs mensonges permanents.

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2024/10/02/espagne-il-y-a-90-ans-les-gauches-prenaient-les-armes-pour-a-6517141.html

Réchauffement climatique : un physicien détruit les mythes - Daniel Husson

 Wikipedia • La variabilité du climat correspond à tous les changements du système climatique qui persistent plus longtemps qu'un évènement météorologique.

 2 oct. 2024  

Réchauffement climatique : un physicien détruit le mythe


 Avec Daniel Husson Docteur en physique des particules, chercheur, enseignant à l’Université de Strasbourg sur la thermodynamique et la relativité. 

Co-auteur de l'ouvrage collectif “La physique pour les nuls” (Editions pour les nuls), Auteur récemment de “Climat, de la confusion à la manipulation” (Ed. Artilleur) 

 Se procurer l’ouvrage : https://www.editionsartilleur.fr/prod... 

Pour nous soutenir : https://www.tocsin-media.fr/soutien www.tocsin-media.fr

https://by-jipp.blogspot.com/2024/10/rechauffement-climatique-un-physicien.html

mercredi 2 octobre 2024

Les coulisses d’un blogueur solitaire – Comment fonctionne Moon of Alabama ?

 

La salle de presse de MoA

Dans l’une des interviews que Seymour Hersh a données l’année dernière sur sa vie de journaliste, il lui a été demandé de donner des conseils à d’autres écrivains. Il a offert trois conseils :

  • Lisez avant d’écrire.
  • En savoir plus que ce que vous écrivez.
  • Ne vous impliquez pas dans l’histoire.

Les écrits de Moon of Alabama essaient de suivre ces préceptes. Ceci n’est cependant qu’un guide, lorsque j’écris pour Moon of Alabama, la troisième règle ne s’applique pas.

Publier cinq à six articles originaux par semaine, chacun sur un problème différent, nécessite des outils appropriés, du temps et un travail discipliné.

La première moitié de mes journées est consacrée à la collecte des nouvelles. Cela commence à 7h00 ou 8h00 avec le défilement des tweets de la nuit précédente en provenance des 600 comptes Twitter que je surveille. S’il existe des liens d’intérêt, ils sont ouverts pour une lecture ultérieure. Vient ensuite une promenade à travers les grands titres des journaux et les sites des agences de presse. À la fin de ce processus, une vingtaine d’onglets de navigateur ouverts, ou plus, nécessitent une attention particulière.

Après un rapide coup d’œil, ils sont abandonnés ou enregistrés. Les liens et les titres seront copiés dans Notepad++ dans des dossiers généraux dédiés – Syrie, Boeing 737 MAX, sanction commerciales contre la Chine, etc. S’il existe des extraits ou des citations utilisables, ils sont également ajoutés. Il est à peu près midi au moment où la lecture générale est terminée.

Après un déjeuner rapide, un rapide coup d’œil de vérification du site Moon of Alabama. Les commentaires piégés dans le dossier spam demandent à être libérés. Les fils de discussion de la nuit précédente pourraient avoir besoin d’un nettoyage.

Un autre tour de lecture suit les dizaines de blogs de notre page Liens. Entre temps des choses nouvelles apparaissent sur Twitter qui méritent l’attention. Maintenant, six heures après le début de la journée de travail, la phase de collecte d’informations est presque terminée.

Vient ensuite la grande question du jour. Sur quoi dois-je écrire ? Quelles sont les questions où je pourrais faire valoir un point intéressant que d’autres ont manqué ?

Parfois, la réponse est évidente. D’autre jours, il n’y a absolument aucune idée et même une balade dans le quartier n’aide pas à prendre cette décision.

Heureusement, il y a aussi des jours où je reçois l’aide de mes voisins et amis.

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L’écriture elle-même est assez rapide. La saisie de la version brute d’une histoire de 800 mots ne prend que deux heures environ. La plupart des détails proviennent de recherches antérieures ou de liens précédemment collectés. Le processus éditorial et de production qui suit prend désormais souvent plus de temps que cela.

La première lecture de l’histoire brute vérifie la logique de base et l’exhaustivité d’un article. Cela sert-il vraiment l’argument qu’il est censé faire valoir ? Y a-t-il des allégations qui doivent être étayées ? Est-ce que tel ou tel détail est nécessaire pour la compréhension ou est-ce juste des fanfreluches ? Les citations ou extraits ont-ils un sens ? Si nécessaire, des détails et des liens sont ajoutés ou coupés à ce stade. Les images devront être trouvées, recadrées, redimensionnées, téléchargées et liées.

Jusqu’à présent, tout cela se fait en HTML de base directement dans l’éditeur fourni par le système Typepad. Seulement maintenant suit le passage au mode de texte riche plus lisible que vous voyez finalement affiché.

La deuxième lecture s’intéresse aux problèmes de style et de mise en page. Y a-t-il des répétitions ennuyeuses ou une longue construction imbriquée sur laquelle un lecteur pourrait trébucher ? Cette phrase utilise-t-elle le bon temps verbal ? L’anglais n’est pas ma langue maternelle et je n’ai jamais vécu dans un pays anglophone. J’ai souvent besoin d’aide pour cela. J’utilise Leo.org pour trouver des synonymes ou une meilleure expression anglaise correspondant au sens que j’ai en tête.

La dernière lecture s’abstrait du contenu et se concentre strictement sur l’élimination des coquilles. Inévitablement, certaines y échapperont.

Est-il temps de publier ? Pas encore. Une pause est nécessaire pour s’éloigner du texte. Remplir la machine à laver ou faire certaines courses y aide.

Suivent enfin les trois dernières tâches – trouver un titre, rédiger une phrase d’introduction résumée et formuler la fin. Tous trois sont importants pour l’attractivité d’un article auprès des lecteurs et des commentateurs.

Ce n’est qu’après correction et revérification de ces trois derniers points que le bouton «Publier» est pressé. Le travail de la journée est enfin en route vers vous, lecteurs de ce site.

Ce sont aussi vous, les lecteurs, qui rendez possible Moon of Alabama.

Votre écrivain et hôte vit seul et assez chichement. Mon appartement se trouve dans une petite ville qui fait maintenant partie d’une grande ville. Tout ce dont j’ai besoin est facilement accessible à pied. C’est l’endroit idéal pour effectuer un travail aussi long.

Mais il y a aussi un besoin de revenus. Je compte sur vous qui lisez ceci pour y contribuer. Envoyez-moi un courriel à «MoonofA@aol.com» pour les détails, ou rendez-vous sur le site et utilisez le bouton Paypal ou votre carte bancaire pour envoyer tout ce que vous êtes prêt à épargner.

Merci beaucoup.

Bernhard alias b.

Par Moon of Alabama − Le 12 décembre 2019 

Note du Saker Francophone  

Nous avons voulu vous faire vivre de l'intérieur le travail d'un blogueur pour vous faire prendre conscience, autant que nécessaire, du boulot et du dévouement que cela représente  chaque jour de l'année.

Nous sommes, au Saker Francophone, un peu à la même enseigne - et gratuitement :-)

Traduit par jj, relu par Wayan et San pour le Saker Francophone

Note de H. Genséric

Même commentaire que celui du Saker. Mon travail ressemble à celui de b., mais en plus simple et moins chargé.

Mon processus de recherche  des sujets du jour sont évidents : les points chauds qui nous menacent tous en tant que vivants sur cette terre.  Aujourd'hui : (Axe de la Résistance) Vs Israël et Russie Vs OTAN.

Mes sources sont diverses: en anglais, en français et en arabe. La tv est exclue, à une seule exception : la chaîne libanaise al-Mayadeen, focalisée sur la Palestine  et le Liban, dont le Hezbollah.

Lorsque je veux réfléchir et / ou me reposer, je vais jardiner ou simplement m'assoir sous un arbre.

Mon jardin a une surface d'un hectare planté d'oliviers (50 oliviers, dont certains sont centenaires) , 10 amandiers, 3 figuiers, 3 caroubiers (magnifiques arbres, dont 1 centenaire), et des figuiers de barbarie sur tout le pourtour du jardin.

Le village le plus proche est à 1 km. Mis à part les hauts parleurs des mosquées (en fonction de la direction du vent) , c'est la tranquillité et la paix.

Amis lecteurs, merci de votre fidélité.

H. G. 

Le 2 Octobre 2024

https://numidia-liberum.blogspot.com/2024/10/les-coulisses-dun-blogueur-solitaire.html#more

Comment l’URSS a-t-elle retiré ses troupes d’Europe de l’Est ?

 

par Boris Egorov.

Le retrait des troupes soviétiques d’Allemagne a été la plus grande opération militaire de l’histoire menée en temps de paix.

Les contingents militaires que l’URSS détenait en Europe de l’Est à la fin des années 1980 étaient impressionnants. Environ un demi-million de soldats (sans compter les centaines de milliers de civils), plus de 9 000 chars, 5 800 pièces d’artillerie, 12 000 véhicules de combat, 1 700 avions militaires, 700 hélicoptères et des systèmes de missiles tactiques étaient déployés en RDA, en Hongrie, en Pologne et en Tchécoslovaquie.

Le retrait des troupes russes d’Estonie. Le dernier navire russe dans le port de Miinisadam, près de Tallinn. Anatoli Morkovkine/TASS

Les changements fondamentaux dans la vie politique de l’Union soviétique, et plus tard des États d’Europe de l’Est, ont cependant complètement bouleversé le système établi de relations entre Moscou et ses alliés de l’organisation du Pacte de Varsovie, allant jusqu’à remettre en question l’existence même de l’« OTAN soviétique ».

Retrait des troupes de l’ancienne URSS du territoire de la Lituanie. Une unité de défense aérienne. Alguirdas Sabaliaouskas/TASS

Les dirigeants soviétiques, agissant dans l’esprit de la perestroïka, du désarmement et de la normalisation des relations avec l’Occident, ont répondu aux demandes de leurs partenaires du bloc de l’Est de se retirer de leurs territoires. En conséquence, en 1989-1990, l’Union soviétique a discuté avec chaque pays de la manière dont ce processus allait se dérouler, des modalités et de la durée de celui-ci.

Retrait des troupes de Lettonie. Un échelon se préparant au départ vers la Russie. Anatoli Morkovkine/TASS

Les premières unités du Groupe des forces Sud (avec un total de 70 000 hommes) ont commencé à quitter la Hongrie en juin 1989. « Le Groupe Sud a été facile à retirer, a témoigné le colonel général Matveï Bourlakov. L’Union soviétique était encore là. Les soldats, bien sûr, se sont précipités chez eux. Il était plus facile de servir dans l’Union qu’en Hongrie. Là-bas, nous ne les laissions pratiquement pas sortir des casernes. Une excursion à Budapest et aussitôt de retour à la caserne ».

Retrait des troupes du territoire hongrois. Miroslav Louzetski/Sputnik

Le retrait du Groupe des forces central (92 000 soldats) de Tchécoslovaquie a commencé le 26 février 1990 et s’est déroulé en trois étapes, soit en un an et demi. Lorsque les premiers échelons avec les chars soviétiques se sont étendus de la ville de Frenštát, en Moravie du Nord, jusqu’à l’URSS, des centaines de journalistes du monde entier se sont rassemblés. « Nous pensions que les Tchèques jetteraient des malédictions sur les « occupants », leur jetant des tomates pourries, s’est souvenu Stanislav Pogorjel, colonel à la retraite de l’armée tchécoslovaque. Mais au final il y a eu un rassemblement émouvant, avec un orchestre, des fleurs, des mots d’adieu chaleureux ».

Retrait des troupes soviétiques de Tchécoslovaquie, 1989. Les pionniers d’une école locale font leurs adieux chaleureux aux soldats soviétiques. TASS

Le 8 avril 1991, le retrait du Groupe des forces Nord (45 000 hommes) de la Pologne a débuté, et s’est terminé en septembre 1993. De cette manière, les derniers soldats arrivés chez eux n’étaient déjà plus considérés comme des soldats de l’armée soviétique mais de l’armée russe.

V. Kisseliev/Sputnik

Le Groupe des forces Ouest, stationné en Allemagne, était considéré comme le plus important de tous en Europe. En 1990, il comptait, entre autres, plus de 300 000 soldats, 200 000 civils, 5 000 chars et 1 700 hélicoptères et avions. Le retrait d’un si grand nombre de personnes et d’équipements a été la plus grande opération militaire de l’histoire en temps de paix.

Chargement de matériel militaire dans le port de Rostock, dans le cadre du retrait des troupes soviétiques d’Allemagne. Boris Babanov/Sputnik

Ayant reçu l’ordre de retirer les troupes, le commandant du groupe, le général Boris Snetkov, a refusé de s’y conformer : « Je ne retirerai pas le groupe ! Le maréchal Joukov a fondé le Groupe des forces d’occupation soviétiques en Allemagne, créé par d’éminents commandants, et moi, le quinzième chef, je vais le retirer ? Je ne le ferai pas ! ». Pour cela, il a été démis de ses fonctions et remplacé par le colonel général Matveï Bourlakov, qui avait auparavant dirigé le Groupe Sud.

Retrait des troupes soviétiques de RDA. Iouri Abramotchkine/Sputnik

Le retrait des troupes d’Allemagne a pris fin en 1994. Les dirigeants des deux pays ont décidé de célébrer solennellement l’événement, et le 31 août au parc de Treptow, près du monument au soldat libérateur soviétique, avec la participation du président russe Boris Eltsine et du chancelier allemand Helmut Kohl, s’est tenu un dépôt conjoint de couronnes de fleurs par les soldats de la Bundeswehr et de l’armée russe.

Retrait des derniers soldats russes en Allemagne, en 1994. TASS

« Pendant quarante-neuf ans de présence de nos troupes en Allemagne, nous n’avons jamais effrayé personne, mais personne ne nous faisait non plus peur. En tant que groupe le plus puissant des forces armées soviétiques et russes, le Groupe Ouest a honnêtement rempli sa mission historique d’assurer la paix et la stabilité en Europe. On ne sait toujours pas comment la paix d’après-guerre se serait développée sans les troupes soviétiques en Allemagne, en Tchécoslovaquie, en Hongrie et en Pologne », a déclaré Bourlakov.

Iouri Abramotchkine/TASS

illustration : Retrait des unités militaires soviétiques du territoire de la RDA. Rassemblement dans la ville de Wittenberg consacré au départ du premier échelon de chars soviétiques, le 5 décembre 1979.
Iouri Abramovitch/Sputnik

source : https://fr.rbth.com

https://reseauinternational.net/comment-lurss-a-t-elle-retire-ses-troupes-deurope-de-lest/