L’ancien candidat aux élections présidentielles conte l’histoire de légionnaires gaulois refusant d’aller servir en Orient et organisant alors une manifestation « boulevard Saint-Michel » dans l’actuel quartier de la Sorbonne. Si l’existence d’un tel événement ne peut être réfutée, M. Mélenchon ne perd pas de temps à prendre des raccourcis historiques, quitte à se tromper : le boulevard Saint-Michel ne fut percé qu’en 1855 par le baron Haussmann. Il est vraisemblable que cette manifestation antique ait eu lieu plutôt rue Saint-Jacques, l’ancien cardo maximus (voie majeure des villes gallo-romaines) de Paris.
Il semble aussi évident que l’humanité n’a pas attendu l’existence de Paris afin de montrer son désaccord face à certaines décisions à travers des manifestations définies par le Larousse comme un « rassemblement […] organisé, en un lieu donné, sur la voie publique, ayant un caractère revendicatif ou symbolique ». Si nous devions nous borner à qualifier le but de ces éléments comme politique et non culturel ou religieux comme semble le faire Jean-Luc Mélenchon, nous pourrions dire que le monde romain a connu, à travers son histoire, de nombreuses émeutes, rébellions et manifestations avant son effondrement en 476. La simple fondation de la République romaine, en 509 avant Jésus-Christ, est issue d’une manifestation du peuple ayant entraîné le départ du roi tyran Tarquin le Superbe, comme le décrit l’auteur antique Eutrope dans son Abrégé de l’histoire romaine.
Tant d’erreurs historiques, de la part d'un ancien ministre délégué de l’Éducation nationale en deux minutes, étonnent : oublis ou manipulation politique des faits historiques ? Dans sa courte explication, Jean-Luc Mélenchon se concentre sur le lieu et les acteurs de la manifestation, sans aller plus loin, prétextant un manque de temps et sans préciser aucun contexte ni aucune finalité de cet événement.
L’évocation du quartier de la Sorbonne, haut lieu de la vie étudiante, n’est pas innocent et sans but, car parler d’un Paris révolutionnaire, c’est bien, mais parler d’un quartier de la Sorbonne révolutionnaire depuis l’Antiquité, c’est encore mieux, surtout quand les étudiants composent une partie de l’électorat LFI et NUPES.
Arrive la description des acteurs de cette manifestation : des légionnaires refusant d’obéir aux ordres de l’Empire, c’est-à-dire des serviteurs de l’État refusant d’obéir au pouvoir. Dans le contexte actuel de notre pays, ne serait-ce pas un énième appel du pied maladroit aux forces de l'ordre, les poussant à désobéir aux consignes au gré de leurs envies ? À rejoindre le camp de l’anarchie, de Sainte-Soline contre celui de la République et du devoir ?
Un discours bien médiocre, à l’image du dernier entretien du chanteur Gims, pour ceux dont l’Histoire n’est pas une vérité mais un outil démontable et transformable selon ses envies et son idéologie. Objectif : mythifier un roman révolutionnaire de la France et de Paris et légitimer tout acte rebelle contre le pouvoir, qu’importe sa justification afin de créer une histoire de la « bordélisation » de la France.
Eric de Mascureau
https://www.bvoltaire.fr/le-faux-paris-antique-et-revolutionnaire-de-jean-luc-melenchon/
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