Alain Sanders, journaliste et écrivain, est un passionné de l’histoire des Etats-Unis, particulièrement de la guerre de Sécession. On ne s’étonnera donc pas de le retrouver en auteur d’une biographie du général Robert E. Lee, commandant en chef des forces confédérées.
La guerre de Sécession fut une guerre fratricide dont les Européens n’ont souvent qu’une vision déformée et simpliste d’un Nord se battant « pour abolir l’esclavage » en vigueur dans le Sud. Cette ignorance fait passer à côté du véritable enjeu de ce conflit : la résistance désespérée des Etats du Sud face à un projet centralisateur.
Robert E. Lee, entré à 16 à l’école militaire de West Point, s’illustre d’abord à la guerre contre le Mexique. Quand s’annonce la guerre entre le Nord et le Sud, le président Lincoln lui offre le commandement de l’armée fédérale (nordiste). Fidèle à la Virginie de ses ancêtres, il refuse cette opportunité de carrière et prend quelques jours plus tard le commandement confédéré !
Lee est un de ces héros tragiques dont la gloire a traversé le temps. Les premières campagnes se passent mal. Le Sud essuie de nombreux revers. La renommée de Lee naît avec la campagne des Seven Days, du 26 juin au 1er juillet 1862, couverte de succès. Mais cette période de victoires ne dure pas. Pire, en septembre, une copie des notes des mouvements de troupes confédérées décidés par le général Lee tombe entre les mains de l’adversaire. Pourtant, le 17 septembre, au prix de combats meurtriers, les Confédérés infligent à nouveau une défaite aux Fédéraux à Antietam. La popularité de Lee atteint alors des sommets. C’est seulement à ce moment-là que Lincoln prononce l’Emancipation Proclamation qui donne à son combat un vernis moral avec la lutte contre l’esclavage.
Le Sud remporte une nouvelle victoire à Fredericksburg mais son armée n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les soldats sont en guenilles, beaucoup n’ont plus de chaussures et les rations de nourriture sont maigres. Pourtant, Lee conserve toute la confiance de ses hommes et les fait remporter de nouvelles batailles jusqu’au printemps 1863. A Gettysburg, le vent tourne en défaveur de l’armée confédérée. Pour Lee, mal obéi, cette bataille perdue est une gifle. Mais c’est ce sont les batailles de Richmond et de Petersburg qui sonnent le début de la fin.
La guerre prend alors une tournure exterminatrice. Le général Grant qui commande l’armée des Fédéraux écrira que cette guerre ne peut se terminer « que par la mise du Sud sous le joug » et qu’il faut détruire tous ses moyens de subsistance. Un autre officier nordiste, le général Sherman, écrit : « Il y a toute une classe de Sudistes, hommes, femmes, enfants, qui doivent être tués ou déportés avant que l’on puisse espérer rétablir l’ordre et la paix. » Le Sud est à genoux. Il n’y a pas d’autre choix que la reddition.
Retourné à la vie civile, Robert E. Lee meurt quelques années plus tard, à 63 ans, prématurément vieilli. Ses obsèques rassembleront des milliers de personnes.
L’auteur de cette agréable biographie conclut par une série de citations de diverses personnalités au sujet du général Robert E. Lee, devenu une légende sudiste.
Robert E. Lee, Alain Sanders, collection Qui suis-je ?, éditions Pardès, 128 pages, 12 euros
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