lundi 26 novembre 2007

Le mensonge Hô Chi Minh

L'oncle HÔ, mort en septembre 1969, aurait eu cent ans en mal. L'Unesco commémorera cet anniversaire. Pour célébrer la contribution d'Hô Chi Minh à "l'indépendance de son pays, à la lutte des peuples pour la paix, au retour de la démocratie et de la liberté au Vietnam, au Cambodge et au Laos, à la lutte contre les impérialismes. Enfin, à la promotion des arts et de la culture".
Exit la conquête brutale du Cambodge, la colonisation du Laos, les massacres des ethnies montagnardes, l'Intolérance religieuse, les camps de concentration, les déportations de populations, les tortures, la ruine économique du Vietnam transformé en une gigantesque caserne, les boat people et les sept millions de morts de quarante années de guerre inutile.
C'est un stalinien convaincu que l'Unesco s'apprête à glorifier. Mao, Staline, Pol Pot, Ceausescu peuvent...
Il y a quinze ans, tombaient les régimes non-communistes de l'ancienne Indochine. Coup sur coup, le Cambodge, le Viêtnam, le Laos. A quelques semaines d'intervalle, le rideau de bambou s'abattait sur les trois pays que l'intervention américaine n'avait pu empêcher de basculer.
Première date catastrophe: le 17 avril 1975. Démoralisée, trahie par les Etats-Unis, l'armée républicaine du maréchal Lon Nol remet ses armes aux « petits frères de la forêt», les Khmers rouges. Les premiers témoignages sur les atrocités commises depuis plusieurs mois dans les régions tombées sous le contrôle des maquisards, la trentaine de journalistes jamais ressortis de leurs zones, n'ont pas suffi à convaincre les Cambodgiens de l'horreur à venir et de l'importance de résister. Seules quelques unités d'élite se battent jusqu'aux dernières cartouches autour de l'aéroport de Potchen-tong, autour des brasseries indochinoises, et sur la route numéro 1. Pourtant, en ce matin du 17, les guérilléros qui encerclent Phnom Penh ne sont qu'une poignée. Au bas mot cinq fois moins nombreux que les forces gouvernementales. Mais les militaires ont décidé de croire à la réconciliation nationale, et aux fadaises martelées jour après jour dans les médias internationaux.
La presse de gauche, il faut le rappeler, a joué son rôle désinformateur à merveille. Dans son édition. qui paraît le lendemain de la prise de la capitale cambodgienne
Le Monde titre: « Phnom Penh, c'est la fête ».
La fête durera quatre ans. Et coûtera au pays entre deux et trois millions de morts, victimes de l'utopie meurtrière du régime Pol Pot qu'avaient appelé de leurs vœux tant de journalistes et d'autorités morales. Rien qu'en France: Lacouture, Todd, Ponchaud, Pic, Bertolino ...
Ironie du sort, il faudra attendre, dans les années 1980, la sortie d'un film de fiction: La déchirure, pour que l'Occident prenne enfin conscience de la face cachée de « la révolution de la forêt». Les mêmes, Lacouture, Ponchaud, Todd, Pic ... reprendront du service, pour dénoncer, cette fois-ci, les « trahisons » de leurs anciens amis. « Après avoir fait tuer les gens pour vivre, on peut toujours en sucer les os pour survivre», dit un proverbe khmer ...
Moins de deux semaines après l'entrée des Khmers rouges dans la capitale cambodgienne, le régime du président vietnamien Nguyen Van Thieu s'écroule à son tour.
Les appels au secours lancés par les Sud-Vietnamiens ne reçoivent aucun écho. L'aide militaire américaine de la dernière chance attendue par Thieu n'arrivera pas. Les 720 millions de dollars que réclame au Congrès le président Ford ne seront jamais débloqués. Les sénateurs refusent même les 250 millions que le président leur demande au titre de l'aide humanitaire.
« Le Viêtnam, c'est mort» déclarera le Démocrate Henry Jackson. Très vite rallié à l'opinion dominante de son Congrès, Gerald Ford, s'exprimant sur la chute prochaine du Sud-Viêtnam, dira sans rougir: « Cela ne changera pas la face du monde. Et cela n'empêchera pas les USA de conserver leur leadership ».
A 12 heures 15, le 30 avril, Bui Duc Mai, pilote du char 879 de la 203ème brigade blindée nord-vietnamienne, défonse les grilles du palais de l'Indépendance. Lorsque la nouvelle parvient au Congrès, les Démocrates applaudissent.
Jackson expliquera plus tard, à peine embarrassé: " Nous applaudissions seulement la fin de la guerre ".
Henry Kissinger, l'un des rares à ne pas se réjouir du drame qui se noue au Viêtnam, écrit au secrétaire du prix Nobel de la paix pour lui annoncer son intention de rendre le prix et l'argent obtenus au lendemain de la signature des accords de Paris en 1973. La presse le tourne en dérision.
Au Laos, même si la prise de pouvoir par les communistes est en apparence moins brutale qu'au Cambodge et au Vietnam, elle est très vite suivie par une répression implacable. Conduite méthodiquement Fin novembre 1975, après l'installation du pathet lao à Vientiane, les premiers trains de fonctionnaires fidèles au prince Souvanna Phouma partent pour les camps de rééducation politique installés par les commissaires viêtnamiens. Des centaines de personnes y seront assassinées, enterrées vivantes par les « can bô » de Hanoï.
A l'origine de ce triple désastre, la volonté d'un homme : Hô Chi Minh. Et l'aveuglement d'un peuple, celui des Etats-Unis. Hô Chi Minh avait-il les moyens de gagner sa guerre? « Non », répondent les experts. «Non, s'il n'avait été aidé par ses propres ennemis, les Américains».
« Hanoi Hilton »
Gagnée sur le terrain, la guerre a été perdue dans la rue, sur les campus, et au Congrès américains. C'était l'époque des belles consciences. Jane Fonda, la plus célèbre d'entre toutes, défile à New York dans les manifestations de soutien aux « camarades vietcongs». D'autres militants « pour la paix», acteurs, écrivains, s'envolent pour faire avouer leurs crimes aux prisonniers américains détenus à Hanoi.
La critique Susan Sontag, coqueluche de la presse américaine, n'hésite pas à écrire: «Le Viêtnam est une société éthique, démocratisée par la guerre. Les Nord-Viêtnamiens ne savent pas haïr. Nos prisonniers sont mieux traités que la population du pays ». Libérés du « Hanoi Hilton », la tristement célèbre prison communiste, ces mêmes prisonniers qui avaient survécu à la détention, mettront des années à faire connaître les souffrances qu'ils avaient vécues. Les autorités morales veillaient...
Personne ne fut inquiété. Personne ne fut poursuivi pour trahison. Jimmy Carter devait même féliciter plus tard les Fonda, Sontag and co de « s'être battus pour la paix » ... Pas étonnant que l'oncle Hô ait lui-même déclaré: « Mes meilleurs alliés dans cette guerre sont les Américains ».
« Nous applaudissions la fin de la guerre », avait dit Jackson. Qui pouvait réellement croire que l'entrée des forces de Hanoi au Sud-Viêtnam allait installer la paix dans l'ancienne Indochine?
1975 est bien au contraire le début d'un nouveau conflit, la troisième guerre d'Indochine.
Dès le mois de mai, les bo-doïs attaquent au Laos les forces non-communistes de Vang Pao. Elles mettent sur pied un plan d' éradication systématique de la minorité Mhong, jugée hostile. Les montagnards sont éliminés à l'arme chimique. Des dizaines de milliers de morts en quelques mois. Mais « les morts ont tort », répétait souvent le général Patton. Un calembour qui ne contredirait pas la célèbre pensée d'Hô Chi Minh: « Rien n'est plus précieux que l'indépendance et la liberté».
Les adeptes de l'oncle Hô feront bientôt emprisonner au Sud, dans ce pays de 19 millions d'habitants, plus d'un million de personnes, militaires, universitaires, techniciens, poètes, journalistes, médecins ... 65 000 seront exécutées, et plusieurs dizaines de milliers d'autres envoyées à la mort dans les opérations de déminage ou de défrichage des forêts insalubres.
A ce jour, environ deux millions de boat people ont fui le Viêtnam. Selon les témoignages des rescapés, on sait désormais qu'un fuyard sur deux est resté au fond de la mer de Chine.
Hô Chi Minh prétendait rendre son pays « dix fois plus grand et plus beau ».
Les 40 années de guerre et de politique impérialistes ont ruiné l'économie viêtnamienne. A l'instar du grand frère soviétique, Hanoi a cherché dès le début à imposer une planification centralisée et rigide. Aucun des objectifs des divers plans quinquennaux. n'a été atteint. Le PIB a régressé chaque année. Il devait augmenter de 13 %. Même mésaventure pour l'agriculture qui devait croître de 10 % par an. L'industrie qui tourne au ralenti s'effondre, elle aussi. A partir de 1983, l'aggravation de la fiscalité a ruiné nombre de petites entreprises qui étaient parvenues à se maintenir après le tournant de 1975. Presque neuf millions de personnes sont aujourd'hui au chômage: plus d'un quart de la population active!
Le Viêtnam est en faillite.
L'invasion du Cambodge en 1979 a entraîné l'annulation d'un programme d'assistance de la Chine d'environ 900 millions de dollars, ainsi que celle d'une aide occidentale de 180 millions de dollars. Et surtout, le boycott du FMI.
Cinquante mille soldats viêtnamiens, en majorité sudistes, sont morts dans cette troisième guerre d'Indochine. Plus de trois cent mille Khmers ont été tués au cours de ces dix années de conflit, mais Hô Chi Minh sera quand même célébré.
L'Histoire n'a retenu de cette épreuve que l'horreur du colonialisme français, la perversion de la bouteille de coca-cola et du billet vert, et la sauvagerie du massacre de Mi Lay. Olivier Todd ne se trompait pas (enfin) lorsqu'il écrivait dans son livre Cruel avril que « le Viêtnam méritait une histoire révisionniste » ...
L'assassinat de plus de 60 % des prisonniers de guerre dans les camps viêtminhs, les charniers de Hué en 1968, les killing fields, les boat people, les minorités ethniques gazées, les déportations, l'absence de libertés les plus élémentaires, la répression politique (annoncée le mois dernier par le gouvernement viêtnamien lui-même!) méritaient bien un coup de chapeau de l'Unesco qui, dans cette guerre, a toujours soutenu les bouchers contre les héros.
Arnaud Buclet Le Choc du Mois - N° 29 - Mai 1990

vendredi 23 novembre 2007

DARWIN ETAIT·IL UN ÂNE ?

L'évolutionnisme ne serait-il qu'un « conte de fées pour grande personne » ? Telle est l'opinion développée ici par notre collaborateur Daniel Raffard de Brienne.
Nous vivons à une époque mirobolante : grâce à la liberté et à la démocratie, nous sommes informés de tout. La télévision ne nous laisse ignorer aucun éternuement de telle admirable vedette ou de tel dictateur antipodien. L'école nous fabrique 80 % de bacheliers sachant tout (sauf lire et écrire, mais personne n'est parfait).
Mais, si l'on y regarde de plus près, on s'aperçoit que les abondantes informations se trouvent filtrées, canalisées, voire déformées pour alimenter une pensée officielle, juste ou fausse, mais seule autorisée. C'est vrai pour l'Histoire et la politique. Ce l'est tout autant pour les Sciences. Dans ce domaine, il existe une vérité obligatoire : l'évolutionnisme, cette théorie selon laquelle toutes les espèces vivantes, de la plus simple à la plus complexe, sortiraient les unes des autres et, à l'origine, de la matière inanimée. Or l'évolutionnisme a fait faillite au point de ne plus paraître que ce qu'en disait Jean Rostand : « un conte de fée pour grande personne ».
Ce conte de fée est enseigné comme un dogme infaillible dès l'école primaire. Il est assené sans discussion ni réserve par tous les médias, les dictionnaires, les Quid. Nous feuilletions dernièrement une nouvelle encyclopédie destinée aux enfants. Là, en pleine page, une rangée de personnages montrait la filiation du singe à l 'homme en passant par l'australopithèque et le pithécanthrope. Pour mieux marquer cette filiation, chaque sujet avait la même pilosité, la même couleur de peau et le même geste, toutes choses que ne conservent évidemment pas les seuls témoins : les fossiles. Or il faut savoir pour nous en tenir à deux exemples, que l'australopithèque n'était qu'un singe de prairie africain disparu sans descendance, et que le pithécanthrope a été entièrement inventé à partir d'une calotte crânienne de gibbon géant et d'un fémur humain, deux os trouvés à quinze mètres de distance l'un de l'autre à Java, dans une couche sédimentaire indatable qui contenait aussi des crânes d'homme. On avait bien imaginé en 1922 un autre ancêtre de l'homme, l'hespéropithèque, à partir d'une unique dent ... de cochon sauvage !
Pourquoi tant d'acharnement à maintenir en survie artificielle une théorie périmée ? Réponse : parce que le matérialisme et le progressisme, même chrétien, ne reposent que sur elle.
Dans ces conditions, l'opposition à l'évolutionnisme ne dispose que de bien rares moyens de s'exprimer. C'est pourquoi l'on accueillera avec plaisir la récente sortie d'une vidéo cassette consacrée à : Evolution, Science ou Croyance.

UN ARGUMENT CIRCULAIRE
Nous ne trouvons malheureusement pas le fond tout à fait à la hauteur de la forme. Certes, la conclusion de la cassette, due à un généticien polonais, Maciej Giertych, est excellente. Son auteur montre notamment que l'évolutionnisme n'est pas une hypothèse scientifique. En effet, on ne peut dire scientifique une hypothèse que si elle s'appuie sur des faits constatables, mesurables et, en principe, reproductibles en laboratoires, or personne n'a jamais constaté, mesuré ni reproduit un seul fait d'évolution. L'évolutionnisme se présente donc comme une théorie philosophique cherchant dans la Science, comme toute théorie de ce type, des motifs de crédibilité : c'est une véritable escroquerie intellectuelle de l'enseigner en classe de sciences naturelles .
Dans le corps de la cassette, les arguments les plus solides sont présentés par les professeurs italiens Roberto Fondi et Giuseppe Sermonti. Malheureusement le temps trop court qu'on leur a assigné ne leur a pas permis de développer suffisamment leurs affirmations ni de les illustrer par des exemples détaillés.
Les auteurs de la cassette semblent avoir eu pour souci principal de suggérer que tous les fossiles proviennent d'une unique catastrophe qui ne daterait que de quelques milliers d'années. Une hypothèse aussi surprenante éliminerait l'évolutionnisme à condition, bien entendu, de reposer sur des arguments au moins vraisemblables.
C'est pourquoi il est fait appel à un Américain, Edward Boudreaux, qui expose des réserves justifiées sur la fiabilité des méthodes radiométriques de datation. Mais il y a loin de ces réserves à la réduction de millions de siècles à quelques dizaines; les erreurs pourraient d'ailleurs se produire dans l'autre sens.
La cassette fait aussi état, longuement des travaux de Guy Berthault, selon qui les couches géologiques n'ont pas de signification chronologique. Certes Guy Berthault a sans doute raison dans des cas marginaux, pour que son hypothèse puisse être généralisée, il faudrait démontrer que toutes les couches sédimentaires et leurs fossiles résultent d'une unique catastrophe. Il faudrait donc éliminer, l'élément temps en ce qui concerne la sédimentation; et aussi en ce qui l'érosion, car il n'y a pas de sédimentation sans sédiments. Guy Berthault appuie son raisonnement sur une pétition de principe : sa théorie supposant une catastrophe unique, il y a eu une catastrophe unique, sa théorie se trouve ainsi fondée.
Quel savant pourrait accepter une telle méthode (que les évolutionnistes emploient de leur côté) ? Nous croyons pour notre part que l'on peut montrer la fausseté de l'évolutionnisme sans recourir à des voies aussi périlleuses. Dans un récent essai, nous avons accepté par hypothèse toutes les affirmations de la Science officielle et c'est en nous appuyant sur elles que nous avons démontré que l'évolutionnisme est insoutenable (2).

ARGUMENTS CONTRE L' ÉVOLUTIONNISME

Certes, la faune et la flore varient fortement selon les ères géologiques, mais on n'a découvert aucun intermédiaire d'un groupe à l'autre, alors qu'on devrait en trouver à foison. En revanche, de nombreuses formes de vie, de nombreuses espèces traversent les milliers et les millions de siècles sans subir le moindre changement.
Il y a d' ailleurs là une étrange loterie où ce sont toujours les mêmes qui gagnent. Prenons deux souches de poissons crossoptérygiens nageant tranquillement de conserve. L'une serait sortie de la mer et aurait donné naissance aussi bien au colibri qu'à l'éléphant, au serpent qu'à l'homme et à la grenouille. L'autre, celle du coelacanthe, continue à frétiller dans l'océan sans avoir changé la moindre de ses écailles en un million de siècles.
Et puis, il y a la loi du tout ou rien, Pour qu'une seule cellule vivante ait pu se former au hasard dans la matière brute, il aurait fallu qu'elle fût complète d'un seul coup, car aucun stade intermédiaire n'aurait permis sa conservation ni sa reproduction. Il aurait donc fallu que le hasard créât à la fois toutes les molécules organiques nécessaires et les assemblât pour former les machines de cette usine chimique qu'est la cellule, capable de synthétiser 10.000 produits différents, et lui donner son organe directeur composé de millions de gènes enchaînés dans un ordre rigoureux.
Les mathématiciens se refusent à l'admettre comme ils refusent d'envisager la possibilité de l'apparition subite d'un seul organe nouveau, tel que l' œil, car là aussi les probabilité seraient si fabuleusement faibles qu'on pourrait les estimer rigoureusement nulles. Notons que l'apparition par étapes d'un organe ne cadrerait pas avec la théorie évolutionniste, car une ébauche non fonctionnelle d' organe serait éliminée par la sélection naturelle. Le hasard ne peut pas préparer par des inconvénients immédiats des avantages futurs qu'il est incapable de prévoir.
Voilà, très brièvement résumé quelques arguments que la cassette ne présente pas suffisamment, me semble-t-il. Il nous reste à souhaiter une nouvelle édition améliorée.
• Daniel Raffard de Brienn
(2) De nous: Evolution: mythe ou réalité (Lecture et Tradition). chez DPF, 86190 Chiré-en-Montreuil.
Le Choc du Mois. Avril 1991 •

lundi 19 novembre 2007

LE SCANDALE DE L'EMPRUNT RUSSE DE 1906

Il y a tout juste cent ans, le gouvernement de Léon Bourgeois de la IIIe République propose aux épargnants français de placer leurs économies dans un emprunt russe. Il remporte un énorme succès populaire. A juste titre, car il est garanti par deux Etats : la Russie et la France. Pourtant les épargnants devront vite déchanter. La révolution bolchevique ne voudra jamais reconnaître cet engagement. Même après la chute du communisme, des négociations interminables n'ont permis qu'un geste symbolique aux derniers détenteurs des titres.
C'est une affaire qui mérite d'être rappelée car elle démontre qu'en toutes circonstances, il ne faut jamais faire confiance à l'Etat!
A priori, il n'y avait aucune raison pour que la République française aide l'Empire des Tsars à satisfaire ses immenses besoins en capitaux d'investissement. Les deux régimes, dans une Europe quasi entièrement monarchique à la fin du XIXe siècle, étaient à l'opposé l'un de l'autre. La France, pour le compte de la Turquie, avait attaqué en 1854-1855 la Russie (guerre de Crimée) et, bien entendu, Moscou était restée neutre lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Mais la grande méfiance réciproque entre Berlin et Paris par la suite pouvait se transformer en crise grave à tout moment. Les Français, face à la très grande supériorité du Reich à tous les points de vue, cherchaient désespérément des Alliés. Sans beaucoup d'espoir, et afin de créer un front éventuel à l'arrière de l'Allemagne, ils se tournèrent vers les Russes, peu enthousiastes. En octobre 1888, la France (président du conseil Charles Floquet) offrit un premier prêt bancaire de 500 millions de francs or aux Russes. Le geste était important, mais pas suffisant.

Un acte patriotique

A la suite de circonstances diverses, dont la lutte commune contre le terrorisme anarchiste, et des erreurs commises par l'empereur Guillaume II, après qu'il eut «démissionné» le chancelier Bismarck, un rapprochement de plus en plus chaleureux débuta. Il prit l'aspect d'une coopération militaire. Là-dessus, il y eut la guerre entre le mikado et le tsar, au cours de laquelle les Français restèrent passifs. Battue par le Japon en 1905, victime de terribles troubles révolutionnaires, la Russie, bien qu'ulcérée,n'avait pas le choix. Elle se tourna vers la IIIe République, afin de relancer son économie durement touchée. Mais une double opposition se dressa: les révolutionnaires russes, et la gauche parisienne.
Les anti-tsaristes russes souhaitaient la ruine du régime, afin de renverser «l'autocrate». Il fallait donc empêcher toute aide étrangère, ou au moins la lier à des conditions politiques humiliantes pour Nicolas II. Le parti socialiste français, et en particulier Jean Jaurès, appuyaient à fond les exigences de l'opposition russe, entendant bloquer l'emprunt sollicité par la Russie sur notre marché financier, et qui s'élevait alors à 1 milliard 250 millions de francs or. En avril 1906, le président du conseil Léon Bourgeois passait outre aux adversaires de l'accord, en donnant son autorisation. Ce qui entraînait automatiquement une double garantie aux épargnants: celle de Paris, et celle de Moscou. L'enthousiasme populaire fut indescriptible. Les souscripteurs se bousculèrent, car ils avaient conscience, à la fois de faire une bonne affaire, et d'accomplir un acte patriotique, protéger la France contre le risque de guerre, en s'assurant un allié reconnaissant à l'Est. ils furent environ 1 500 000 à prendre des actions russes, pour un total de 12 milliards 500 millions de francs or.
La fureur des opposants russes était extrême. Maxime Gorki, célèbre écrivain, s'exprima ainsi : « Voilà donc ce que tu as fait, toi France, mère de la Liberté ! Ta main vénale a fermé à tout un peuple la voie de l'indépendance! » (cité par Nicolas Tandler, in Les secrets de Lénine, p.33, Ed. Dualpha, 2006).

Tout alla bien jusqu'au coup d'Etat de Lénine en novembre 1917. A peine au pouvoir, les bolcheviques annulent, le 3 février 1918, tout remboursement de l' emprunt. Devant la menace, signifiée dès le 23 novembre 1917, le gouvernement de Paris avait garanti le paiement des titres le 19 janvier 1918. Il ne pouvait faire autrement, vu la guerre en cours. Mais, sitôt la paix revenue, les épargnants sont abandonnés. Ce n'est qu'en 1996, quatre- vingt-dix années après 1906, qu'un accord avec la Russie nouvelle accordera un pitoyable dédommagement aux descendants ayant conservé leurs titres familiaux.
Alexandre Martin : National Hebdo février 2006.

Le pouvoir exorbitant du syndicat du Livre

La presse sous surveillance

En décembre dernier, la grèves des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne a perturbé pendant près de trois semaines la distribution des quotidiens. A cette occasion, le public a pu découvrir quelques particularités des pratiques syndicales dans ce secteur d'activité, et plus généralement dans le secteur de l'édition et de la diffusion de la presse: mainmise communiste sur l'outil de travail, possibilité, avec une poignée d'hommes, d'interdire l'information écrite des Français pendant toute une période, violences systématiques à l'égard des non-grévistes, statut en or massif de ces ouvriers du Livre.
Cette situation dure en fait depuis 1945. Mais l'affaiblissement du Parti communiste et l'écroulement des régimes de l'Est, donnent aujourd'hui à certains patrons de presse le courage de révéler ce qui n'était qu'un secret de polichinelle dans le petit monde des professionnels tout en restant un sujet tabou: la situation exceptionnellement atypique régnant dans le secteur de l'édition et de la diffusion de la presse, du fait du syndicat du Livre.
Tout commence en 1945. On connaît la célèbre formule de Jean-Baptiste Doumeng : « Qu'est-ce qui est le plus important ? Avoir quatre ministres au gouvernement, ou tenir les ports, l'EDF, les chemins de fer ? ». C'est un raisonnement de cette nature qui conduit le Parti communiste, cette année-là, à mettre la main sur bon nombre de journaux, en spoliant leurs anciens propriétaires et à s'emparer des Messageries Hachette de diffusion.
A cette époque, l'influence de la presse écrite reste primordiale. La télévision n'existe pas, la radio n'est pas encore le grand média qu'il deviendra par la suite. Qui tient la presse écrite, tient l'information des Français.

Un Yalta de la presse

C'est pourquoi à la Libération, les Messageries Hachette, accusées d'avoir « travaillé avec les nationaux-socialistes », sont réquisitionnées, et les biens du groupe mis sous administration provisoire.
A cette époque, des dizaines de journaux communistes sont créés ou ressuscités. Peu importe qu'ils aient un énorme pourcentage d'invendus: les militants communistes sont persuadés que le Grand Soir est pour bientôt.
En parallèle, les effectifs des Messageries sont démesurément gonflés. Le comité de gestion est aux mains du PC, qui place ses hommes, allant jusqu'à créer artificiellement des services pour placer des militants. En quelques mois, l'entreprise passe de 3 800 à 7 000 personnes. Avec le rapatriement des prisonniers français d'Allemagne, les effectifs gonflent encore, car les Messageries deviennent le point de chute des cadres du PC n'ayant pas de travail, ou destinés à jouer un rôle de permanents.
Mais au fil des mois, les dettes des Messageries s'alourdissent. En particulier à l'égard de la Sécurité sociale. Le Grand Soir se fait attendre, et les patrons de presse tentent de s'organiser à l'extérieur des Messageries. En novembre 1946, une expertise, demandée par le Syndicat de la presse parisienne, révèle les aberrations de gestion des Messageries. On découvre en particulier qu'aucun bilan n'a été établi, que les Messageries ne payent plus les éditeurs, qu'elles font de la « cavalerie », que la dette à l'égard de la Sécurité sociale atteint déjà 44 millions de francs. c'est la fin des Messageries à 100 % communistes.

1 600 agressions en deux ans

Les Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP), qui bénéficient encore aujourd'hui d'un monopole de fait dans la distribution de la presse, sont nées d'un Yalta entre les éditeurs de journaux, avec comme chef de file le groupe Hachette et le syndicat du Livre CGT, communiste.
Près de 45 ans plus tard, c'est toujours sur ce système que fonctionnent les NMPP.
Deux cents militants - pas plus - contrôlent les trois mille ouvriers du Livre qui travaillent (ou qui sont censés travailler) dans ce secteur. En fait, le syndicat du Livre fait de ce personnel, et du personnel des imprimeries, le noyau dur de son action militante.
Comment le Parti a-t-il réussi à conserver intact ou quasiment intact son pouvoir dans ce secteur ? Par des pratiques systématiques d'intimidation et de violence physique. Et ceci en toute impunité.
En 1975, un conflit oppose Emilien Amaury et l'équipe du Parisien libéré au syndicat du Livre. Le conflit semble d'origine purement professionnelle. Mais il se produit peu après que le chef du département international du Parti communiste d'Union soviétique, Boris Ponomarev, a publié une circulaire en direction des partis frères, leur demandant d'œuvrer à la liquidation des journaux « bourgeois » influents dans la classe ouvrière. Le Parisien libéré correspond bien, à la définition qu'a donné Boris Ponomarev d'un journal « bourgeois » influent dans la classe ouvrière. Il tire à l'époque à plus d'un million d'exemplaires.
Comment expliquer autrement qu'un conflit du travail minime ait pu durer deux ans et demi ?
Pendant trente mois, Le Parisien libéré va subir un assaut en règle du Parti communiste et de la CGT du Livre. 1 600 agressions (passages à tabac, attaques de commissariat de police où sont réfugiés des non-grévistes, enlèvements, tortures, destructions de journaux, destructions de camionnettes) seront commises.
L'attaque de la Bourse par un commando CGT provoque la mort de deux personnes. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1975, après une importante manifestation de la CGT du Livre et du Parti communiste contre Le Parisien libéré, et contre Force Ouvrière dont les militants assurent l'édition d'un mini-Parisien libéré, des bombes explosent aux domiciles d'André Bergeron et de Bernard Cabanes. Celui-ci est le rédacteur en chef du Parisien libéré. Bergeron sort indemne de l'attentat. Cabanes meurt. Les tueurs ont confondu Bernard Cabanes, rédacteur en chef de l'AFP, et Bernard Cabanes, rédacteur en chef du Parisien libéré.
Les auteurs de cet attentat ne seront jamais identifiés. Mais plus fort encore, aucune des 1 600 agressions ne donnera lieu à des poursuites. Le conflit du Parisien libéré se termine avec la mort mystérieuse (accidentelle ?) d'Emilien Amaury. Le patron du Parisien est retrouvé, dans la forêt de Chantilly, la poitrine fracassée, le crâne défoncé. Mauvaise chute de cheval ... ? Le drame n'a pas eu de témoins.
Dans les ateliers de tri des NMPP, se syndiquer ailleurs qu'à la CGT du Livre relève de l'héroïsme. De temps à autre, un kamikaze prend sa carte de Force ouvrière, de la CFDT ou de la CFTC, et tente de faire du prosélytisme. Dès qu'il est repéré, il est muté par la direction, voire renvoyé, sur ordre de la CGT, avant ou après tabassage.

La recherche du « non conflit»

Cette puissance du syndicat du Livre lui permet non seulement une emprise sur le personnel, mais aussi un certain pouvoir de contrôle et de censure sur le contenu rédactionnel des journaux diffusés, en particulier sur tout ce qui touche à sa propre activité et aulits de la presse. L'objectif des Nouvelles messageries de presse, comme de beaucoup de patrons de presse, c'est la recherche du zéro conflit, quel que soit le prix social à payer. Pourquoi un comportement aussi laxiste ? Parce que le journal est une denrée particulièrement périssable. Un retard de deux heures pour un quotidien signifie une baisse de 30 à 50 % des ventes, un retard d'une journée pour un hebdomadaire de télévision peut signifier la perte de 90 % de ses lecteurs. Cette extrême sensibilité aux mouvements d 'humeur du syndicat du Livre explique pour partie la connivence qui peut sembler exister et qui existe bien dans les faits entre la direction des NMPP et la CGT du Livre. Connivence qui a fait dire aux juges de référé dans une ordonnance rendue le 16 janvier 1989, que la direction des NMPP faisait preuve de « docilité » à l'égard de la CGT du Livre, et cherchait à « ne pas déplaire » au syndicat communiste.

La flagornerie de La Croix

Cette docilité, c'est, paraît-il, le prix à payer pour une vraie paix sociale.
Le syndicat du Livre bénéficie donc d'un puissant levier pour agir sur les directions des journaux. En décembre 1986, par exemple, la CGT du Livre lance une campagne sur le thème « Imprimons français », campagne contemporaine, curieusement, de celle du PCF sur le même thème, lui qui ne se prive cependant pas pour faire imprimer nombre de ses publications dans une Europe de l'Est encore communiste à l'époque. Cette campagne de la CGT du Livre fut appuyée par des communiqués de presse. Les journaux qui ne passèrent pas le communiqué furent retardés à la vente ou empêchés de parution. Le quotidien La Croix, lui, ne voulut pas courir un tel risque, et poussa même la flagornerie jusqu'à publier le dit communiqué sur trois colonnes avec un gros titre en page « Culture médias ». Même les gros bras du Livre CGT n'en demandaient pas tant!
Pendant le conflit de l'imprimerie Jean Didier, L'Événement du jeudi, l'hebdomadaire de Jean-François Kahn qui y est imprimé, est pris pour cible par les commandos du Livre. 300 000 exemplaires sont détruits le 14 janvier 1988. Coût pour L'Événement du jeudi : deux millions de francs.
Même scénario le 20 juillet 1988 ; mais quand M. Kahn, « esprit libre », « ni de gauche ni de droite », veut expliquer la situation à ses lecteurs, il prend mille précautions oratoires pour ne pas froisser la susceptibilité des ouvriers du Livre. Et voici ce que cela donne : " Des commandos d'individus se prétendant évidemment à tort syndicalistes du Livre - ce qui n'est pas crédible, vu les méthodes fascisantes employées ont attaqué les camions qui transportaient les exemplaires de notre hebdomadaire et ont systématiquement détruit le contenu. " Arrêtons-nous un instant sur ce texte de Jean-François Kahn : aurait-il employé aussi ce langage codé si les commandos étaient venus de la droite ?

Ouvriers millionnaires

Aux NMPP, qui comptent 3 000 ouvriers sur un total de 5 000 salariés, le salaire moyen mensuel était en 1987 de 17 054 F ! La catégorie des cyclistes était particulièrement bien lotie avec un salaire moyen de 20 611 F par mois ! Ceci pour une durée de travail théorique de 35 heures, et une durée réelle souvent plus proche de 24 heures par semaine, et avec 8 à 9 semaines de congés payés. La retraite, sans diminution de rémunération, est prévue, pour le personnel ouvrier, à 56 ans et 2 mois. En fait, la hiérarchie syndicale constitue la véritable hiérarchie dans l'entreprise.
Vivier de militants purs et durs ayant cependant su s'aménager le confort douillet d'une nomenklatura à la française, la section des Messageries du syndicat du Livre reste donc l'un des fleurons du Parti communiste. Avec les dockers, l'EDF et quelques fiefs municipaux.
Anne Derville Le Choc du Mois mai 1990.
Pour en savoir plus:
Le syndicat du Livre ou la mainmise communiste sur la presse, par Francis Bergeron, 1989, Ed. Difralivre, 128 pages,

dimanche 18 novembre 2007

Pourquoi les Baltes ont été vendus à Staline

Hitler-Staline: l'entente cordiale
Le 14 juin 1940, jour de l'occupation de Paris par les Allemands, les Soviétiques adressent un ultimatum à la Lituanie, suivi trois jours plus tard par deux notes du même ton envoyées à l'Estonie et à la Lettonie. Le 17, les trois Etats baltes sont occupés par l'Armée Rouge. A la fin de juillet, après des élections truquées sous le contrôle des trois émissaires de Staline (Dekanozov, Vychinsky le procureur des procès de Moscou, Jdanov, futur créateur du Kominform en 1947), des gouvernements fantoches proclament le régime soviétique. Début août, les « anomalies » dont parlait Molotov ont été incorporées à l'URSS. En 9 mois, la première soviétisation envoie 130 000 personnes en déportation. La seconde en 1944-1945 sera pire.
Le 23 août et le 28 septembre 1939, Hitler avait obtenu la neutralité et « l'amitié » de l'URSS. Dans des protocoles secrets, il reconnaît que la Finlande, l'Estonie et la Lettonie, puis la Lituanie, font partie de la « sphère d'intérêts » de Staline. Dès la défaite de la Pologne, l'URSS transforme les pays baltes en protectorats, signant avec eux des pactes d'assistance et se faisant octroyer des garnisons, des aérodromes, des bases navales sur leur territoire. En juin-juillet 1940, quand l'Allemagne est occupée à l'Ouest, elle en fait des satellites en les bolchevisant, avant de les annexer. Hitler est donc directement responsable.

Staline est-il seul responsable?

A l'été 1939, Molotov, commissaire soviétique aux Affaires étrangères, négocie à la fois avec les Franco-Britanniques et avec les Allemands (les premiers recherchent l'alliance des Soviétiques contre l'Allemagne, les seconds leur neutralité pour isoler la Pologne). Simultanément? Pas exactement.
Un peu plus tôt (fin avril 1939), le ministre français des Affaires étrangères, Georges Bonnet, très soucieux de surmonter son complexe munichois, accepte que l'URSS englobe les pays baltes dans sa zone de sécurité. Les ambassades de France et d'Angleterre à Moscou poussent dans ce sens, allant jusqu'à suggérer que l'URSS occupe les bouches du Danube (qui sont roumaines) afin de gêner les Allemands.
Le 31 mai, Molotov réclame des bases navales en Finlande et dans les pays baltes. Le 7 juin, l'attaché militaire français à Moscou trouve « fort juste du point de vue historique et stratégique » la revendication de Staline sur les Baltes.
Début juillet, les Britanniques semblent résignés à garantir les Baltes sans leur approbation par un « protocole secret » et grâce à la formule tordue de l'« agression indirecte », qui laisserait en fait les Soviétiques juger tout seuls si leur sécurité est menacée chez les Baltes... Seeds, l'ambassadeur anglais, plaide encore auprès des Russes que l'avis des Baltes serait de « pure forme ». Bonnet pense qu'il faut ménager les « apparences », ne pas heurter les opinions publiques. La négociation peut continuer avec l'URSS. Quant aux Baltes ...
A cette date, Hitler n'est pas encore fixé. Il y a certes des contacts depuis le printemps entre l'Allemagne et l'URSS, mais rien de définitif. C'est à la mi-juillet que Hitler se décide pour la carte soviétique. Il lui faut alors doubler les Franco-Britanniques.
Le 29 juillet, Weizsacker, secrétaire d'Etat allemand aux Affaires étrangères et père de l'actuel président de la RFA, propose à Molotov « d'ajuster notre position afin de respecter les intérêts vitaux soviétiques sur la Baltique ».
Cependant, la négociation militaire anglo-franco-soviétique va bon train : le 15 août, le général Chapochnikov évoque froidement l'occupation des îles et des ports baltes et finlandais sans provoquer de sourcillements franco-britanniques.
Le 17 août, Ribbentrop, ministre allemand des Affaires étrangères, propose une double garantie germano-soviétique sur les Baltes. Mais Molotov veut un partage en « sphères d'intérêts » distinctes, non un condominium, et le 19 il exige que le protocole secret sur les Baltes soit signé en même temps que le pacte de non-agression. Le 23, Ribbentrop estime que les Franco-Britanniques ont « vendu complètement les Baltes aux Soviétiques ». Hitler, pressé d'attaquer la Pologne, accepte « toute offre » soviétique. Le jour même, le traité est signé.
Décision difficile pour le Reich qui reçoit 70 % des exportations des pays baltes, et doit évacuer plus de 60 000 Allemands installés dans la région depuis sept cents ans. C'est « le prix que nous payons pour la neutralité de la Russie» (Goebbels)

L'enterrement des Baltes

Automne 1939 : à propos des bases prises par les Soviétiques, l'ambassadeur français à Moscou, Naggiar, parle de « véritable défaite allemande ». Le 12 octobre, l'attaché militaire français à Riga en Lettonie se félicite que « les pays baltes soient devenus des protectorats russes ». On espère une brouille entre Allemands et Russes. On se satisfait de la « neutralité» russe même après l'attaque contre la Finlande. On censure le mot « invasion soviétique » dans les journaux qui parlent de la Pologne. Presque seul, Blum proteste.
Juin-juillet 1940 : dans son journal Goebbels qualifie Staline de «détrousseur de cadavres ». Quant Staline annexe la Bessarabie et le nord de la Bukovine (jamais russe, non prévue dans le protocole de 1939), il écrit : « Pas du tout agréable pour nous. Ils profitent de la situation et de nos victoires ».
Staline voulait également absorber la Finlande en août 1940, mais la victoire rapide à l'Ouest permet à Hitler de transférer des troupes à l'Est. Projet abandonné. En août 1941 devait venir le tour de la Roumanie, face à laquelle étaient massées des unités offensives soviétiques. Mais il y a eu le 22 juin 1941.
Le 12 juin 1940, Stafford Cripps arrive en ambassade à Moscou. Socialiste anglais, antifasciste viscéral et fils de lord, milliardaire et soviétophile acharné ( " le seul homme de gauche que nous ayons et qui roule sur l'or » disait Churchill "), il estimait que l'Armée Rouge libérait les paysans polonais de leurs propriétaires et avait même proposé en octobre 1939 à VychinsKy de reconnaître l'annexion de la Pologne orientale. Cripps et Labonne, l'ambassadeur français, incitent alors Molotov à annexer les pays baltes, pour compenser les succès allemands. Ils seront entendus.
Dès lors pour les Occidentaux, les Baltes sont enterrés. On comprend la gêne des gouvernements aujourd'hui, quand ils font reparler d'eux.

Annexions
De 1938 à 1940, Hitler a annexé 369.000 km' et 40 rnillions d'habitants, dont une douzaine de millions d'Allemands (d'Autriche, des Sudètes, de Memel, de Dantzig, de Pologne
En un an, du 28 septembre 1939 au 6 aoOt 1940, l'URSS a annexé 471 000 km' avec 22 millions d'habitants, Polonais, Biélorusses, Finlandais, Roumains, Baltes, et quelques milliers de Russes.
L'Angleterre et la France ont déclaré la guerre" pour la Pologne, le 3 septembre 1939, mais elles ne garantissaient son intégrité que contre l'Allemagne: pas ses frontières orientales face à l'URSS. De même pour la Roumanie. Lorsqu'elle est envahie par l'URSS le 17 septembre 1939, la Pologne est priée par ses alliées ne pas déclarer la guerre à son envahisseur.
Les relations des trois alliés avec l'URSS sont maintenues, même après l'agression contre la Finlande le 30 novembre et l'exclusion de l'URSS de la SDN le 14 décembre. Depuis l'occupation de la Bohême-Moravie le 15 mars 1939, Hitler cc n'est plus un gentleman» ; c'est un ennemi. Il est mort depuis et l'Allemagne a tout perdu. Mais Staline a tout gardé; il s'est même encore étendu vers l'ouest en 1945 : c'était un allié.

Thierry Buron Le Choc du Mois - N° 30 - Juin 1990

LE COMMUNISME UNE AFFAIRE FRANCAISE

La vie politique et sociale française repose encore sur les règles perverses imposées à la Libération par le PCF. L'indulgence dont bénéficie ce parti financé par l'étranger ne s'explique pas autrement.
Le visage de Gaston Plissonnier, peu connu du public, mérite-t-il de tomber dans l'oubli ? Faudra-t-il attendre que les municipalités communistes, avec le vote de conseillers municipaux socialistes et de ce qui reste des radicaux de gauche, baptisent rue Gaston Plissonnier les voies de ces belles banlieues qui ne s'appellent pas encore avenue Pablo Neruda, Louis Aragon, Maurice Thorez, Jacques Duclos ou Paul Vaillant-Couturier, pour se préoccuper de la biographie, et des mouvements bancaires, de cet ex-secrétaire à l'Organisation du Parti communiste français ? Voici en effet un bel et beau document, prouvant qu'en 1978, cet excellent apôtre du progrès social, et de l'union de la gauche, recevait de l'Union soviétique un million de dollars (le rouble n'étant pas convertible, et donc peu prisé par la Banque commerciale pour l'Europe du Nord) pour le PCF, plus quelques misérables milliers de dollars pour le parti communiste de la Dominique, et quelques autres partis communistes des confettis de l'empire français.
On se demande vraiment si la justice française attendra le troisième millénaire et la prescription, pour détourner l'attention des histoires de fausses factures, et ouvrir une instruction, aboutissant à un vrai procès, pour ce qui continue de faire l'objet d'une bonne vieille loi française, une loi d'avant-guerre, frappant la propagande étrangère.

L'ILLÉGALITÉ DU PC,

Car voilà le fond de l'affaire. Des lois françaises, pour juger en France les crimes et délits du PCF, il en existe de nombreuses - bien que le parti communiste soit une association de fait qui n'est pas déclarée. De nombreux livres,_ par exemple ceux de Jean Montaldo, ont divulgué des informations précises, souvent tirées archives de la DST. Ce serait l'enfance de l'art pour quelque magistrat de concevoir quelles poursuites pénales pourraient habilement cerner la réalité communiste. A l'usage du grand public, puisque les jugements sont rendus au nom du peuple français.
Toutes les pratiques délictueuses, notamment en matière financière, que l'on reproche aux partis politiques, ont trouvé leur modèle avec les gens de l'appareil stalinien. Ainsi du prélèvement sur les projets immobiliers, ainsi que sur les implantations d'entreprises, qui permettent d'empocher des sommes considérables à la seule condition de disposer du pouvoir municipal. Il en va de même du contrôle des comités d'entreprise, toujours susceptibles de constituer une source de financement de même nature.
Il semble prioritaire de balayer devant sa propre porte, plutôt que d'instruire en France le procès du goulag. Il semblerait même qu'il soit plus convaincant, plus didactique, de montrer aux Français que le communisme n'est pas une sorte de roman russe, où l'on finit par s'emmêler dans les sentiments contradictoires, les prénoms et les patronymes.
Le communisme est aussi une affaire française, dans un pays où le statut de la Fonction publique remonte à 1946 et à un ministre communiste de la Fonction publique qui s'appelait Maurice Thorez, dans un pays où l'on chante l'Internationale dans des congrès très proches du pouvoir, dans un pays où le siège de l'Urssaf est à Montreuil, bastion communiste, et où le budget de la Sécurité sociale demeure supérieur à celui de l'Etat.

LE MODÈLE ALLEMAND

Le remarquable exemple de ce que les Allemands font actuellement avec les séquelles du régime est-allemand mérite d'être médité, et, au moins, connu. Il ne se passe pas de semaines en effet sans que l'on apprenne les méfaits de la Stasi en RDA. Sans excès, mais avec méthode, les Allemands fouillent dans le passé de la RDA, et s'indignent qu'un Honecker puisse encore, de son exil soviétique, proclamer sa fidélité au communisme.
En France, on ne parle jamais de cette préoccupation majeure de nos voisins: à peine a-t-on appris au public que Markus Wolf, ancien patron des services spéciaux est-allemands, était extradé d'Autriche. Encore moins parle-t-on du scandale Schalck, c'est-à-dire de l'empire financier de 22 milliards de DM construit sur la base des transferts de devises du ministère du Commerce extérieur de l'ex-RDA.
Il est vrai qu'en France, jusque tout récemment, on considérait que les pays de l'Est étaient dans le camp de la Paix et du Progrès et que des deux Allemagnes, la meilleure n'était pas forcément celle de l'Ouest.
• Jean-Gilles Malliarakis

" Quiconque reçoit, de provenance étrangère, directement ou indirectement, sous quelque forme et à quelque titre que ce soit, des fonds de propagande politique, est frappé d'une peine d'emprisonnement de six mois à einq ans et d'une amende de 3 600 F à 60 000 F.
Tous moyens ayant servi à commettre l'infraction seront saisis: le jugement ordonnera, selon le cas, leur confiscation, suppression ou destruction.
Le tribunal pourra prononcer, en outre, pour une durée de cinq ans au moins et dix ans au plus, l'interdiction de tout ou partie des droits civiques, civils et de famille, énoncés en l'article 42 du Code pénal. »
(Article 1 er du décret·loi du 21 avril 1939, tendant à réprimer les propagandes étrangères)
Le Choc du Mois • Novembre 1 991 •

La Démo(N)cratie "ne doit fonctionner qu'entre membres du même club (pour ne pas dire de la même loge).

Analyse intéressante de Daoudal sur le problème de la démocratie et de l'Islam... Le Hamas, placé sur la liste noire des organisations terroristes par les Etats-Unis et l'Union européenne, a remporté les élections législatives en Palestine. Tout à coup c'est la panique en Israël et aux Etats-Unis, au point que Netanyahu a déjà demandé des sanctions internationales contre le gouvernement du Hamas, avant même qu'il soit constitué... Les gémissements d'inquiétude (de Villepin et Douste-Blazy, par exemple), les imprécations contre ces terroristes qui veulent détruire Israël, etc., feraient presque oublier que tous les observateurs internationaux ont souligné que ces élections étaient réellement pluralistes et se sont déroulées de façon satisfaisante.

Ainsi le Hamas arrive au pouvoir de façon parfaitement démocratique. Et que demandent les Américains, ou plutôt que veulent-ils, à toute force, y compris militaire, sinon que la démocratie s'impose au Proche Orient? Alors, pourquoi ne se félicitent-ils pas ? On retrouve ici la faille, ou plutôt le mensonge de l'idéologie gouvernant ce que l'on appelle la démocratie. Celle-ci ne doit fonctionner qu'entre membres du même club (pour ne pas dire de la même loge). Quiconque s'en écarte est un ennemi de la démocratie, et si le peuple le porte au pouvoir, c'est que le peuple s'est trompé...

samedi 17 novembre 2007

LE PARTAGE DE L'AFRIQUE ALLEMANDE

Le 19 janvier 1919, l'Assemblée de Weimar est élue et le gouvernement qui en est issu déclare inacceptables les conditions de paix alliées qui visaient à faire de l'Allemagne une puissance placée sous la tutelle de ses vainqueurs.
Le 28 juin 1919, considérant qu'elle ne pouvait plus reprendre la guerre, l'Allemagne signe le traité de Versailles, reconnaissant, la rage au cœur, sa responsabilité exclusive dans le déclenchement des hostilités et entérinant sa déchéance coloniale pour « manquement à sa mission civilisatrice ».

CULPABILITÉ COLONIALE

Pour les vainqueurs, l'occasion était trop belle de laisser ainsi échapper la chance de se partager les dépouilles tant convoitées de l'ancienne Afrique allemande. Aussi, un argument moral fut-il inventé pour justifier cette politique. On prétendit que l'Allemagne avait maintenu ses territoires coloniaux avec une poigne de fer bien éloignée de la mission civilisatrice de l'homme blanc. En un mot, l'Allemagne n'était pas jugée digne de posséder des colonies.
Le mensonge de la culpabilité coloniale que les Allemands désignent par Die koloniale Schuldluge, donnait aux Alliés le droit de s'emparer des colonies du Reich. Quarante articles du traité de Versailles furent précisément consacrés à cette question.
Les principaux de ces articles portent les numéros 118, 119 et 120. Comme ils avaient le souci des formes, les Alliés ne désiraient pas que la prise de possession des dépouilles allemandes puisse apparaître comme une simple opération de rapt colonial, comme un nouveau partage de l'Afrique. C'est pourquoi le système des « mandats » fut inventé pour la circonstance. Habile artifice diplomatique: en théorie, les Alliés n'occupaient les anciennes colonies allemandes qu'au nom de la Société des nations qui leur confiait mandat afin qu'ils exercent à sa place les droits de souveraineté sur les territoires en question. Trois types de mandats furent prévus. Le mandat A concernait les anciens territoires de l'Empire ottoman partagés entre la France et la Grande-Bretagne. Le mandat B concernait le Rwanda, le Burundi, le Cameroun, le Tanganyika et le Togo, administrés par la Belgique, la France et la Grande-Bretagne. Le mandat C s'appliquait au sud-ouest africain et aux anciennes possessions allemandes du Pacifique.
Il prévoyait l'intégration au territoire de la puissance mandataire.
Ces précautions juridiques prises, il apparut bien vite que les Alliés considéraient naturellement leurs nouvelles acquisitions coloniales comme des parties intégrantes de leurs empires respectifs.
Le partage du Togo et du Cameroun fut réalisé à l'avantage de la France.
Entre la Belgique et la Grande-Bretagne, les marchandages furent laborieux. La Belgique occupait en effet la zone de Kigoma, important port créé par l'Allemagne sur le lac Tanganyka et terminus du chemin de fer qui reliait l'océan Indien au centre de l'Afrique.

MARCHANDAGES

Lord Milner, le négociateur britannique, désirait voir la Belgique renoncer à cette conquête afin que les communications entre les diverses possessions britanniques d'Afrique orientale ne soient pas coupées. En échange d'un abandon belge, il proposait des compensations aux dépens du domaine colonial portugais.
Le 13 avril 1919, la délégation belge à la conférence de la paix découvrit avec stupéfaction que le démembrement colonial allemand se faisait au profit des « grandes puissances alliées et associées », mais non à celui de la Belgique. Après une ferme intervention, le ministre belge des Affaires étrangères obtint que le terme «grandes puissances» soit remplacé par celui de « principales puissances» afin que Bruxelles puisse obtenir sa part des dépouilles du Reich. Le 30 mai 1919, une convention anglo-belge était signée, la Belgique conservait le Rwanda amputé du Gisaka, et le Burundi moins la région du Bugufi. Elle abandonnait Kigoma à la Grande-Bretagne en échange d'avantages économiques. En réalité, Londres accordait à Bruxelles la liberté de transit à travers l'Est africain britannique ainsi que des tarifs préférentiels sur ses voies ferrées et dans ses ports.
Le chant du « Heia Safari » ne retentirait plus sur les petites pistes : le temps des marchands était venu.

Bernard LUGAN : minute LA FRANCE 1992

LA GÉNIALE ERREUR DE COLOMB

Colomb n'est évidemment pas le premier Européen ayant atteint les côtes américaines.
Bien avant lui, les Vikings avaient reconnu le Labrador et des pêcheurs normands venaient probablement remplir leurs cales de morues prises sur les bancs de Terre-Neuve. Mais les voyages de Colomb ont une autre portée dans la mesure où ils ont effectivement ouvert l'Amérique au monde extérieur. Le paradoxe de l'entreprise Colomb est que son auteur n'a à aucun moment pensé ou voulu admettre qu'il avait atteint un nouveau continent.
Le projet Colomb n'est pas insensé aux yeux des connaissances géographiques de l'époque. Contrairement à ce que continue à affirmer une littérature « facile », on sait déjà ou du moins on a deviné que la terre est ronde. Et c'est en s'appuyant sur cette réalité que, durant des années, Colomb va affirmer, tant au Portugal qu'en Espagne, qu'il est possible d'atteindre les Indes par une route occidentale beaucoup plus courte que celle du cap de Bonne-Espérance. Ce qu'ignorait Colomb était qu'entre l'Europe et l'Asie se trouvait l'Amérique ...

L'ERREUR

Ce n'est pas tant cette idée qui est combattue par les conseillers du roi du Portugal ou par les docteurs de l'université de Salamanque que l'estimation des distances faite par Colomb. Comme l'écrit Jacques Heers : « Tous ses raisonnements ou calculs, tous extravagants, péchaient ou par grande naïveté ou par le désir de constamment tricher.
Il a, pour élaborer et présenter son projet, sans cesse joué sur les chiffres, sur les estimations, s'appuyant sur les textes anciens favorables à sa thèse, torturant les résultats pour les plier à une démonstration qui, finalement, laisse perplexe. Tout est erroné, manipulé, travesti. Il a trop bien voulu démontrer ... mais ne pouvait tromper des hommes avertis. » (1)
Le résultat des calculs de Colomb faisait que la pointe de l'Europe était placée trop à l'Ouest tandis que l'Asie s'étendait outre mesure vers l'Est. Dans ces conditions, les distances qu'il annonçait étaient évidemment extrêmement raccourcies. Pour lui, la navigation vers l'Ouest qui devrait lui permettre d'atteindre l'Asie devait être inférieure à 4 500 km alors que la distance réelle est presque de 20 000 km ...
S'étant montré persuasif, il obtient néanmoins les moyens matériels de son périple et il se lancera dans quatre expéditions successives.
Le premier voyage se fit du 3 août 1492 au 16 mars 1493 au départ de Palos. Il permit de découvrir San Salvador, Cuba et Haïti. Le deuxième dura deux ans et huit mois, du 25 septembre 1493 au 11 juin 1496 et il s'effectua en direction de Puerto Rico, d'Haïti, de Cuba, de la Jamaïque et de la Martinique. C'est à l'occasion du troisième voyage, lequel se déroule du 30 mai 1498 au 30 octobre 1500 que Colomb atteignit pour la première fois le littoral américain continental dans l'actuel Venezuela. Sa quatrième expédition fut la plus dramatique car il fit naufrage à la Jamaïque.

L'ASIE

Durant les deux ans et sept mois qu'elle dura, c'est-à-dire du 3 avril 1502 au 7 novembre 1504, Colomb se rendit à la Martinique, à Haïti, qu'il avait baptisée Hispaniola, sur le littoral de l'actuel Honduras, le long des rivages de l'Amérique centrale et à Cuba.
A aucun moment Colomb ne voulut en démordre : il était certain d'avoir atteint l'Asie. A chacune de ses découvertes il était persuadé d'aborder dans une île ou un archipel proche du Japon ou de la Chine.
Le plus étonnant dans l'attitude du grand capitaine est que les populations amérindiennes primitives qu'il rencontrait ne correspondant aucunement aux descriptions faites par Marco Polo, il s'entêta néanmoins à vouloir en faire des vassales des empereurs asiatiques décrits par le célèbre voyageur vénitien. Jamais il ne reviendra sur cette attitude insolite; pour lui une chose demeura claire jusqu' au bout : il avait promis d' atteindre l'Asie par la voie maritime atlantique et il était arrivé là où il le prévoyait.
Jamais Colomb n'eut l'impression d'avoir découvert un monde nouveau, c'est-à-dire le Nouveau Monde.
De même qu'il avait délibérément raccourci les distances entre l'Europe et l'Asie, le génial Génois faussa délibérément la réalité de ses découvertes afin de les faire « coller» à ses propositions initiales.
C'est ainsi que le 12 juin 1494, il fit jurer à ses hommes que Cuba n'était pas une île mais une avancée continentale de l'Asie et qu'il ne pouvait que s'agir de la fabuleuse Cipango évoquée par Marco Polo.
Ces vérités étant affirmées, on aura compris qu'il ne s'agit pas ici de faire le procès de Colomb qui demeure un grand capitaine, un marin audacieux, un transmigrateur et un sculpteur d'épopée.
Bernard LUGAN
(1) « la découverte de l'Amérique », de Jacques Heers, éditions Complexe, Bruxelles, 1991.

mercredi 7 novembre 2007

Solidarité et sécurité sociale...

La “solidarité sociale”

A partir d’un texte de Vilfredo Pareto en 1898, François Guillaumat et Georges Lane exposent le caractère absurde et mensonger de la notion de “solidarité sociale”. Ils montrent que la prétendue “solidarité” des hommes de l’état n’est que du vol, inspiré par une pensée magique primitive entretenue par l’illusion fiscale ; ils démontrent, à partir des exemples de l’assurance et de l’exclusion sociale, que la véritable solidarité passe par la liberté des contrats.

→ A lire : L’assurance obligatoire et l’économiste libéral

→ A lire : Vilfredo Pareto : Libre-échangisme, protectionnisme et socialisme. A paraître en 2008 aux Editions du Trident.

[46mn20]: Écouter Écouter hors-page Télécharger

Mardi 6 novembre 2007 • classé dans Georges LanePartager ou envoyer par courriel