dimanche 30 septembre 2018

Histoire • Saint-Roch : Les canons contre la démocratie

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Par Patrick Barrau 
À la fin du Directoire, Sieyès, « homme sentencieux » selon Jacques Bainville, murmurait : « Il me faut une épée ! »
Il constatait par là le rôle essentiel que l’armée, qui constituait avec les révolutionnaires un véritable « parti de la guerre », jouait désormais dans la vie politique de « l’après Convention », d’abord comme bras armé de l’exécutif, puis comme acteur politique direct. Cela allait conduire, après le coup de force du 18 fructidor (4 septembre 1797) au coup d’Etat du 18 brumaire. La première de cette intervention se trouve dans la sanglante répression de la manifestation des sections royalistes parisiennes du 5 octobre 1795, qui n’est pas, comme on la présente généralement, un coup d’arrêt à une tentative de prise de pouvoir, mais bien la suppression à coup de canon d’une revendication démocratique et une véritable « école du coup d’Etat ».
336164659.jpgDans la « mélancolie des derniers jours de la Convention » qu’évoque Mathiez et dans le souci affirmé de « terminer la Révolution », la Constitution de l’an III fit l’objet de discussions vives entre le 23 juin et le 22 août 1795. Élaborée par une commission de onze membres, majoritairement modérés, elle confiait le pouvoir à un directoire de cinq membres et l’élaboration des lois à deux assemblées, le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens.
La rédaction du texte se fit dans un contexte économique difficile, marqué par la perte de valeur de l’assignat et la hausse du coût de la vie qui frappèrent les masses populaires et les petits propriétaires.
Lors des débats s’opposèrent le « parti de la guerre » représenté par les militaires affirmant la consubstantialité de l’armée avec la Révolution et le parti de la paix, royalistes et modérés, brocardés par les militaires comme étant « la Faction des anciennes limites », s’exprimant par la voix des sections parisiennes devenues royalistes. Beaucoup de Français aspiraient à l’ordre et à la paix et les concevaient sous la forme d’un retour à la royauté.
Craignant que les élections aux nouvelles assemblées n’amènent une majorité d’élus royalistes ou modérés, le député Baudin préconisa dans un premier projet de décret** que les deux tiers des membres des deux Conseils, soit 500 sur 750, soient réservés aux membres de l’ancienne Convention. Puis, face aux protestations des sections, il prescrivit dans un autre projet que les assemblées électorales commenceraient leurs opérations par l’élection des deux tiers au début du processus électoral qui devait se dérouler du 20 au 29 Vendémiaire (12 au 21 octobre 1795). Il justifiait cette mesure comme le moyen de garantir un ordre stable et de poser « une barrière contre l’esprit d’innovation ».
On peut pourtant s’étonner de voir des hommes habitués à gouverner de manière révolutionnaire vouloir gouverner constitutionnellement et constater qu’un régime qui se méfiait du peuple qu’il venait de proclamer « souverain » allait lui imposer ses propres choix.
On peut aussi, avec Mona Ozouf, être surpris de voir « des constituants être constitués et des mandataires être mandatés ». Il y a une différence profonde entre permettre la rééligibilité et l’imposer sans donner au peuple la possibilité de se prononcer. C’est au nom du « salut public » qu’est justifiée cette atteinte au libre choix des citoyens. Mais peut-être s’agissait-il surtout pour eux, selon la formule de Taine, de « rester en place pour rester en vie ».
Le premier décret fut adopté avec la Constitution du 5 Fructidor (22 août). Le second fut adopté le 13 Fructidor (30 août). Ces textes témoignent de la désinvolture avec laquelle on traitait le droit d’élire et la souveraineté nationale, portant ainsi la responsabilité du développement d’un courant antiparlementaire. Le 28 Fructidor (6 septembre) les assemblées primaires se déterminèrent au suffrage universel, sans condition de cens, sur la Constitution et les deux décrets. La ratification des deux textes fut plus difficile que celle de la Constitution. Avec un taux d’abstention de 95%, les textes furent rejetés par 19 départements et par 47 sections parisiennes sur 48. Les royalistes, qui espéraient rétablir la monarchie par des voies légales, s’insurgèrent contre ce déni de démocratie et appelèrent à l’insurrection pour forcer la Convention à révoquer ces décrets avant les élections.
Le soir du 11 vendémiaire (3 octobre) sept sections se déclarèrent en insurrection. Le 13, la Convention, inquiète du mouvement populaire, chargea Barras du commandement des troupes de Paris. Celui-ci proposa à Bonaparte, qu’il avait connu lors du siège de Toulon, d’être son adjoint. Après réflexion Bonaparte accepta en déclarant à Barras : « Si je tire l’épée, elle ne rentrera dans le fourreau que quand l’ordre sera rétabli ». Celui-ci ordonna à Murat de récupérer 40 canons au camp des Sablons qui furent placés au petit jour aux extrémités des rues menant aux Tuileries où siégeait la Convention, en particulier à l’angle de la rue Saint Roch et de la rue Saint Honoré ainsi qu’au couvent des Feuillants pour couvrir la rue Saint Honoré. Les sectionnaires, auxquels s’étaient joints des gardes nationaux, soit 25 000 hommes s’organisèrent en deux colonnes, l’une partant de l’église Saint Roch, l’autre partant du Pont Neuf. À 15 heures les sectionnaires encerclèrent la Convention. À 16 heures 30 Bonaparte commanda aux canonniers de tirer des plombs de mitraille. La canonnade dura trois quarts d’heure et l’on releva près de 300 morts sur les marches de l’église Saint Roch. Ce massacre, qui valut à Bonaparte le surnom de « Général Vendémiaire », constitue la première illustration de la survie problématique d’un régime suspendu à l’intervention militaire.
L’armée intervint une nouvelle fois le 18 Fructidor an V (4 septembre 1797) lors des élections suivantes qui amenèrent à nouveau une majorité d’élus royalistes à l’initiative de trois directeurs dont Barras. Les militaires dirigés par Augereau, fidèle lieutenant de Bonaparte, occupèrent Paris. Il y eut de nombreuses arrestations, y compris celle des deux directeurs hostiles à l’intervention militaire et les élections furent annulées dans quarante-neuf départements. À nouveau la République était sauvée au détriment de la légalité. Le rôle de l’armée allait s’affirmer après ces deux interventions jusqu’au 18 Brumaire et à la prise du pouvoir par Bonaparte – qui allait poursuivre la guerre révolutionnaire pour les « frontières naturelles ».
Le 1er juillet 1791, s’adressant aux « Républicains » devant le club des Jacobins, Choderlos de Laclos eut cette phrase prémonitoire : « Je leur demanderai si nous n’aurons pas des empereurs nommés par des soldats. »
Les 300 martyrs royalistes de Saint Roch témoignent donc du combat pour la défense de la démocratie et de la souveraineté nationale face à un pouvoir méprisant la légalité et les droits d’un peuple en s’appuyant sur la force. 
* Historien du Droit, ancien directeur de l’institut régional du travail.
** Selon Mona Ozouf, l’appellation « décret » serait inadéquate : « Les deux lois […] improprement baptisées décrets des deux-tiers […].» Mona Ozouf, 1996, « Les décrets des deux-tiers ou les leçons de l’histoire » in 1795 pour une République sans Révolution, Rennes, PUR.
Cet article est paru dans Royaliste, bimensuel de la Nouvelle Action Royaliste, numéro 1150 (10 septembre - 23 septembre 2018). La Nouvelle Action Royaliste rappelle en préambule que les royalistes d'alors préparaient le retour légal à la monarchie royale et que c’est la décision de réserver les deux-tiers des sièges aux anciens conventionnels dans les Conseils des Anciens et des Cinq-Cents pour éviter l’élection d’une majorité de royalistes qui poussa les sections parisiennes à l’insurrection. Il est indiqué que c'est ce mouvement populaire et démocratique que la Nouvelle Action royaliste va commémorer, le 6 octobre, devant l’église Saint-Roch.

vendredi 28 septembre 2018

Passé présent n°210 : 1918, l’année de la victoire

Au sommaire :
– 1918, l’année de la victoire
– Marie-Thérèse Figueur, Madame sans-gêne

Contes et légendes du communisme français : la légende « résistentialiste »

Dès 1943-1944, plus encore après la libération et jusque dans ces dernières années, le PCF s’est présenté comme le premier parti de la résistance à l’occupant. Premier par le nombre, mais aussi premier par la date de l’engagement. Pourtant, dès 1946 l’ancien président du Conseil, Edouard Daladier révélait que le PCF avait entretenu des relations avec les nazis au début de l’occupation, en juillet 1940, afin d’obtenir la légalisation de la presse, interdite en septembre 1939 par le gouvernement de... ce même Daladier, pour propagande défaitiste
Bien entendu, le PCF, par la voix de son numéro deux, Jacques Duclos, démentit bruyamment ces informations, les mettant sur le compte d’une propagande anticommuniste « primaire ». Il ne manque pas d’insister sur « l’appel du 10 juillet », signé de Thorez et de lui-même, et qui inaugurait la résistance des communistes à l’occupant. Or, l’étude attentive de cet appel puis l’ouverture des archives de Moscou montrent au contraire, à cette date de juillet 1940, des relations du PCF avec les Allemands qui sont plutôt compromettantes pour un parti revendiquant la précocité de son entrée en résistance. 
Le 14 juin 1940, alors même que les Allemands entrent dans Paris, Jacques Duclos et Fried y arrivent, venant de Belgique dans une voiture diplomatique. Le 18 juin, au moment même où le général de Gaulle lance à la BBC son premier appel à la résistance, une militante communiste, sur ordre de Duclos, se présente à la propagandastaffel – l’organe de la censure allemande – pour demander la reparution légale de L’Humanité. L’autorisation est accordée le 19 dans l’après-midi alors que le matin même L’Humanité clandestine a diffusé « le communiqué officiel publié par ordre de l’autorité militaire allemande » et que la veille elle appelait à la fraternisation entre ouvriers français et soldats allemands
Pendant que les Allemands libèrent de prison les communistes emprisonnés par le gouvernement Daladier pour défaitismeOtto Abetz, le représentant personnel de Hitler à Paris, reçoit à l’ambassade d’Allemagne, le 26 juin, une délégation communiste avec laquelle il engage des négociations politiques. Le lendemain, Duclos fait parvenir à Abetz un mémorandum qui propose « la répression énergique de toute action tendant à entraîner de nouveau le peuple français dans la guerre » et « la conclusion d’un pacte d’amitié avec l’URSS, qui compléterait le pacte germano-soviétique et constituerait un important facteur de pacification européenne ». Foin de la résistance et vive la pax totalitaria ! 
Les négociations vont se poursuivre avec Abetz jusqu’au milieu du mois d’août et Staline sera régulièrement informé par Duclos de leur évolution, avant de considérer que ce jeu de chat et de souris n’en vaut plus la chandelle. En attendant, les communistes parisiens, croyant à leur retour à la légalité, sont sortis au grand jour, ce qui permettra à la police de Vichy – après feu vert de l’occupant – de les arrêter par centaines en octobre 1940 et de les mettre en camps d’internement qui serviront bientôt de réservoirs d’otages. Non seulement le PCF est « entré en résistance » en cherchant une alliance avec l’occupant, mais sa politique de Gribouille a coûté l’arrestation et bientôt la vie à des centaines de ses militants fusillés comme otages. Nul doute que ce « retard à l’allumage » d’entrée dans la résistance ne fut pas étranger à l’espèce de frénésie antinazie qui, à partir de l’attaque allemande contre l’URSS, poussa Jacques Duclos, le chef du PCF dans la clandestinité, à développer à partir de juillet 1941 un discours ultra-patriotique, voire chauvin, qui allait aboutir à des slogans comme « A chacun son boche ! »
Dès avant la libération, le PCF se vantait d’avoir été le premier à engager la lutte armée contre l’occupant, mais il oubliait de préciser dans quelles conditions d’improvisation, pour quels résultats et à quel prix ! 
Dès août 1941, Duclos lança les Jeunesses communistes dans un combat totalement irréaliste contre l’occupant, afin de rattraper le précieux « temps politique » perdu depuis septembre 1939, face au général de Gaulle et à l’ensemble de la résistance. Cette décision se traduisit, à l’été et l’automne 1941, par des actions armées et des sabotages contre l’armée allemande. 
     Très rapidement, elle entraîna d’abord des vagues massives de dizaines d’exécutions d’otages communistes – dont les 50 otages de Chateaubriand et le désormais fameux Guy Môquet – pour chaque soldat allemand blessé ou tué, puis par l’arrestation et l’exécution de dizaines de ces jeunes envoyés au sacrifice. Et tout cela pour six Allemands tués entre juillet 1941 et mars 1942, alors qu’au même moment Hitler perdait des centaines de milliers d’hommes sur le front de l’Est ! 
     Mais Duclos avait démontré sa solidarité avec Moscou et le PCF allait pouvoir critiquer « l’attentisme » de l’ensemble de la résistance qui, sur les conseils du général de Gaulle, estimait que le moment de l’action armée n’était pas encore venu. 
Pendant des décennies, le PCF a nié ces évidences, a continué de colporter ses légendes et a vilipendé les historiens qui mettaient au jour ces vérités. Mais aujourd’hui, après l’ouverture des archives de Moscou ou de la préfecture de police de Paris, ces légendes s’évanouissent en fumée, et comme à tout conte il faut une « morale », nous retiendrons celle-ci : « Tel est pris qui croyait prendre. » 
Stéphane Courtois, Mythes et polémiques de l’histoire

La Monarchie n'est pas une idéologie

Qu'est-ce que le fascisme?

mercredi 26 septembre 2018

1917-1920: la guerre des Russes blancs.

La petite histoire : La prise de Grenade et la fin de la Reconquista

Le 2 janvier 1492, la ville de Grenade, dernier bastion musulman en Espagne, est livrée au roi Ferdinand d’Aragon et à la reine Isabelle de Castille après des mois de siège. La prise de la ville met fin à plus de sept siècles de présence musulmane en péninsule ibérique ainsi qu’à la Reconquista, faisant de cette année 1492 une année glorieuse marquant le début du siècle d’or espagnol. Retour sur un épisode décisif de l’histoire européenne. 

lundi 24 septembre 2018

Affaire Audin : une scandaleuse repentance démagogique

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Claudine Dupont-Tingaud
Présidente de Réagir et Agir cliquez là
Le président de la République, chef des Armées, vient de se livrer à une scandaleuse repentance démagogique pour ce disparu en Algérie en 1957, Maurice Audin, demandant pardon au nom de l’État Français à sa famille, alors qu’il ne fut qu’un parmi tant d’autres de nos ressortissants à disparaître au cours de ces années où la terreur ennemie ne s’est pas arrêtée aux accords d’Évian du 19 mars 1962.
Notre Président se rend ainsi complice actif du crime contre l’Humanité que fut, sous l’état gaulliste, l’abandon de la souveraineté de la France en Algérie, dont son « héros » fut l’un des premiers responsables, conduisant à un autre abandon, celui des populations : 200 000 civils, femmes, enfants et vieillards torturés, mutilés, assassinés par la barbarie FLN auxquels s’est ajoutée la communauté des harkis, trahie et livrée après que ses hommes eurent été désarmés sur ordre du pouvoir suite à ces accords à sens unique déplorables !
Un acte scandaleux. Après que l’État gaulliste, dans sa lâcheté, eut confié à notre armée, tel Ponce Pilate, un travail de police, Maurice Audin en a peut-être subi les conséquences, mais pour sa trahison, elle certaine, envers sa patrie, la nôtre, en collaborant avec l’ennemi qui tentait et réussissait à s’imposer par la terreur !
Un acte regrettable. Il n’y a pas excuse à faire lorsqu’un traître protège le plus cruel et le plus vil des adversaires, celui qui n’a laissé à nos compatriotes que le choix de la valise ou du cercueil, celui-ci ne désespérant pas, depuis plus de 50 ans, qu’une loi de reconnaissance et de réparation soit votée par l’Assemblée Nationale !
Un acte démagogique. L’intervention ne fut-elle pas faite à la veille de la fête du Parti Communiste en opération de séduction électorale de ses adhérents… dont fut Maurice Audin ? C’est ce parti qui facilita l’implantation d’une organisation interdite dès 1955, complice des indépendantistes et qui venait de montrer en Indochine et en Hongrie ce dont étaient capables les héritiers de Staline !
Un acte mensonger. Mensonge en effet que de laisser croire à notre jeunesse que morale, éthique et honneur peuvent être issus de cette mémoire hémiplégique qui fausse la vérité historique d’une colonisation globalement bienfaitrice et qui efface les conséquences dramatiques de la trahison à la parole donnée par l’Armée et par l’État.
Un million de Français furent expatriés vers une métropole inconnue et beaucoup plus hostile à eux-mêmes qu’elle ne l’est actuellement pour les migrants. 100 000 harkis et leurs familles furent sacrifiés, l’Algérie fut certes émancipée mais ruinée par la gabegie de ses nouveaux dirigeants et vit aujourd’hui sous la menace d’un islam sanguinaire et conquérant !
Mensonge également que de ne pas affirmer où est la vérité et de ne pas rendre justice à nos pionniers !
Merci de faire comprendre que l’intelligence du cœur n’est pas l’apanage du Président Macron et de faire remonter notre incompréhension comme notre colère vers celui-ci.
Pour en connaître davantage sur les crimes du FLN, lisez les livres présentés par Jean-Pierre Rondeau :
• Crimes et attentats FLN en Algérie française, cliquez ici.
• Aspects véritables de la rébellion algérienne, cliquez ici.

Contes et légendes du communisme français : la légende patriotique

Certains de ces épisodes les plus légendaires se rapportent à une période que le PCF eut bien du mal à assumer quand, devenu en 1945-1946 premier parti de France par les suffrages, il revendiquait la direction du pays au nom de son patriotisme et de son indépendance à l’égard de Moscou. En effet, héraut de l’antinazisme jusqu’en juillet 1939, le PCF se trouva fort dépourvu quand fut venue l’alliance entre Hitler et Staline, le 23 août 1939
     Présenté comme un pacte de non-agression censé défendre la paix en Europe, on apprit en 1948 par les archives allemandes, confirmées et au-delà par les archives soviétiques après la chute de l’URSS, que ce pacte était assorti de clauses secrètes par lesquelles les deux dictateurs totalitaires se promettaient le partage de l’Europe orientale : la Pologne serait divisée par moitié, et les États baltes et la Bessarabie reviendraient à l’URSS. 
     C’est de fait ce pacte qui, libérant Hitler de la menace d’un second front à l’Est, l’engagea à attaquer la Pologne dès le 1er septembre 1939 et à donner ainsi le coup d’envoi de la Seconde Guerre mondiale. Le 17 septembre, l’armée rouge envahissait à son tour la Pologne qui était dépecée, et les partages étaient scellés par un second traité germano-soviétique, « d’amitié et de délimitation des frontières », le 28 septembre. 
Les communistes français absolument stupéfaits face à ce virage à 180 degrés de la politique stalinienne, et si la masse des adhérents quitta sur la pointe des pieds, l’appareil demeura fidèle à Moscou et appliqua la politique imposée par Staline. 
     Désormais, le PCF devait combattre en priorité le gouvernement français, devenu « fauteur de guerre » pour s’être solidarisé avec la Pologne. Interdit par le gouvernement l 26 septembre 1939, le PCF plongea dans la clandestinité et diffusa une propagande pacifiste et prosoviétique – donc pro nazie – allant jusqu’à prôner l’antimilitarisme et le sabotage dans les usines de guerre. Etant donnée l’influence communiste dans les milieux ouvriers, cette attitude pesa sur le climat délétère qui régnait en France durant la « drôle de guerre » et devait aboutir à la défaite de juin 1940. 
C’est dans ce cadre que le jeune député Maurice Thorez, qui avait été mobilisé et avait rejoint son régiment en septembre 1939, fut littéralement enlevé le soir du 4 octobre à son cantonnement, sur ordre de l’Internationale communiste, par une équipe de confiance qui le fit passer clandestinement, dès le lendemain matin, en Belgique. De là, Thorez et sa femme, sous passeports soviétiques, prirent tranquillement, fin octobre, un avion pour Stockholm d’où ils rejoignirent l’URSS où le couple passa toute la guerre, avant de rentrer en France en novembre 1944. Ce qui n’empêcha pas le PCF de faire croire que, durant toutes ces années, le secrétaire général du parti était « à son poste dans la lutte contre l’occupant nazi »Encore fallait-il savoir que ce poste était... à Moscou
Stéphane Courtois, Mythes et polémiques de l’histoire

Le pouvoir au féminin dans la France médiévale (XIV-XVe Sc.)

dimanche 23 septembre 2018

Livres • C'est la gauche qui a fait le fascisme

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1841978860.4.jpgPar Philippe Ménard
Les « antifas » sont des archi-sots. Ils l'ont toujours été.
Frédéric Le Moal a livré une somme sur le fascisme dont le premier et immense mérite est de parler... du fascisme. Le fascisme italien. Le fascisme de Mussolini. Et Frédéric Le Moal pose une question simple : qu'est-ce que le fascisme ? Il y répond longuement. C'est un des fils de la Révolution française. C'est un socialisme. C'est un étatisme. C'est un totalitarisme. C'est une histoire violente et sanglante, où la haine du christianisme se mêle au nationalisme, le rejet féroce du libéralisme à l'amour de l'État. C'est une volonté de révolution permanente qui se radicalise sans cesse - mais échoue (heureusement) à devenir aussi puissant que le totalitarisme soviétique ou nazi. Car l'Église, la monarchie, les différences régionales d'une Italie à peine réunie, les forces conservatrices, en un mot, lui ont fait barrage, outre que la personnalisation du pouvoir, tout entier incarné par Mussolini, lui a été fatale une fois le dictateur déchu (1943). Et la guerre n'a pas aidé.
L'auteur non seulement raconte par le menu la progression totalitaire du mouvement puis du gouvernement, sur plus de vingt ans, mais en plus cite abondamment les oeuvres du Duce, les journaux du parti : ce qu'il dit de la nature profondément révolutionnaire du fascisme n'est pas une reconstruction idéologique a posteriori mais le lent et véridique dévoilement du vrai fascisme, tel qu'il a été, enfin débarrassé des oripeaux réactionnaires dont l'a affublé le communisme antifasciste. Ce que l'insulte « fasciste » recouvre aujourd'hui, de même que son grotesque doublon, les « antifas » (aux méthodes précisément fascistes), est l'inverse de la réalité vécue par les Italiens. Le fascisme, progressiste, anticapitaliste, antisémite, anticlérical (et même anticatholique), antibourgeois, antidémocratique, rêvant de forger un homme nouveau, le fascisme est de gauche. De Gaulle, Poujade, Trump, Sarkozy, Le Pen, Bush, Poutine et Chirac (pour reprendre et compléter la plaisante liste que dresse l'auteur) sont aussi fascistes qu'ils sont sardines à l'huile.
Revenons sur quelques point cruciaux de l'histoire que nous raconte l'auteur. Tout d'abord, le Mussolini socialiste se transforme naturellement en Mussolini fasciste, sans se renier en rien. C'est l'époque où tous les socialismes tendent au totalitarisme, remède pervers aux désillusions libérales - déjà ! Ensuite, c'est la Révolution française qui met en place un paradigme redoutable : l'absolutisme du pouvoir politique et le contrôle total que l'État doit exercer sur la vie des citoyens, le culte d'une nation sacrée à laquelle on doit une absolue obéissance, la régénération nécessaire du peuple par la contrainte. La Révolution informe le fascisme. C'est d'ailleurs l'accomplissement d'une épiphanie révolutionnaire qui pousse l'Italie dans les bras de l'Allemagne nazie. Enfin, il a existé des fascismes tant les courants étaient nombreux mais tout tendait vers le Duce. L'incarnation du fascisme dans l'icône Mussolini, aussi risible que les photos de Poutine torse nu, a sans doute été aussi perverse dans ses effets ; le pape Pie XI l'avait averti (p. 243) : « Dites de ma part à M. Mussolini que sa façon de se diviniser me déplaît et lui fait du mal (...)  Faites-lui comprendre, en mon nom, que Notre Seigneur est le seul Dieu. Il ne pourrait donc être qu'une idole, un fétiche, ou un faux dieu ou, au maximum, un faux prophète. Invitez-le, toujours de ma part, à se rappeler que les peuples, les foules, tôt ou tard finissent par abattre les idoles. » Frédéric Le Moal raconte magnifiquement l'ascension et la chute de Mussolini, en éclairant ce destin à la lumière des convictions politiques, de l'idéologie. Le fascisme est bien mort, conclut-il. Mais, ajoute-t-il, « ce qui perdure, en revanche, c'est la tentation de remodeler l'être humain, de le transformer en fonction d'une idéologie, de l'émanciper de sa propre et inaliénable nature. »  
1397383964.jpgHISTOIRE DU FASCISME,
Frédéric Le Moal,
Perrin, 2018,
426 pages, 23 €

Honorer les harkis, c’est bien, mais il faut rétablir toute la vérité sur la fin de l’Algérie française

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Emmanuel Macron a promu d’anciens harkis et des représentants d’associations dans l’ordre de la Légion d’honneur ou dans l’ordre national du Mérite. Après la reconnaissance de la responsabilité de la France dans la disparition, en 1957, de Maurice Audin, mathématicien communiste, militant de l’indépendance de l’Algérie, le président de la République, fidèle à son principe du « et en même temps » et soucieux de pallier sa baisse de popularité, a décidé d’honorer les harkis, qui avaient combattu dans les rangs de l’armée française. Comme l’a dit, ce matin, un de leurs représentants sur France Info, cela vient un peu tard !
Ces promotions interviennent quelques jours avant la Journée nationale d’hommage aux harkis, prévue pour le 25 septembre. Cette journée, instituée par le décret du 31 mars 2003, « en reconnaissance des sacrifices consentis du fait de leur engagement au service de la France lors de la guerre d’Algérie », est sans doute mieux que rien – même si elle n’est pas électoralement désintéressée. Mais suffit-elle à faire toute la lumière sur les conditions dans lesquelles le gouvernement de l’époque a mis fin à l’Algérie française, sans se préoccuper du sort des harkis ?
Emmanuel Macron, après avoir satisfait la gauche et les autorités algériennes en qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité » et en présentant ses excuses à la veuve de Maurice Audin, fait un geste en direction de la droite nationale, des pieds-noirs contraints à l’exode et de tous ces supplétifs de l’armée française qui ont été abandonnés après les prétendus « accords d’Évian ». Jusqu’à présent, pas le moindre mot de compassion pour les victimes des attentats terroristes du FLN, pour les Oranais tués, disparus ou enlevés, le 5 juillet 1962, ni pour les harkis abandonnés au massacre, suppliciés et torturés, alors que l’armée française avait reçu l’ordre de ne pas intervenir.
Il faut expliquer pourquoi, alors que les troupes du FLN étaient vaincues, le gouvernement de l’époque a choisi de livrer l’Algérie aux indépendantistes minoritaires. Il faut expliquer pourquoi des généraux, qui s’étaient souvent illustrés dans la Résistance, pourquoi des officiers, des sous-officiers ou de simples soldats se sont rebellés contre le pouvoir en place, au nom du respect de la parole donnée. Il faut comprendre pourquoi des personnalités comme Georges Bidault, Jacques Soustelle et bien d’autres encore se sont ralliées au combat pour l’Algérie française.
Il faut que les gaullistes admettent la duplicité du général de Gaulle, qui s’est servi de la guerre d’Algérie pour revenir au pouvoir. Il a déclaré à Alger, devant la foule réunie : « Je vous ai compris. » Il a ajouté qu’il n’y avait plus, en Algérie, que « des Français à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs », puis il s’est empressé de faire tout le contraire. À chacun de juger où était l’honneur, où était le cynisme.
Il ne s’agit pas de cultiver la nostalgie d’une Algérie française, qui aurait pu connaître un autre destin. Ni d’exiger une revanche mémorielle ou d’imposer une nouvelle repentance. Mais, plus de cinquante ans après ces événements, il est temps de faire toute la lumière. C’est le rôle des chercheurs de tenter d’appréhender la vérité. Sans a priori et sans préjugés. Quand on sait que l’historien quasi officiel de cette guerre, proche de Macron, est un ancien trotskiste, longtemps membre de l’Organisation communiste internationaliste, on peut légitimement s’interroger sur l’objectivité de sa vision de l’Histoire.

vendredi 21 septembre 2018

Modernité du Moyen-Âge.

Macron la honte : Eric Zemmour remet les choses à leurs places


La génétique le confirme : les races existent bel et bien. Il y en a 7…

Chronique de Paysan Savoyard (n°209 – septembre 2018)
Les conférences de vulgarisation données en 2013 par Evelyne Heyer, professeur d’anthropologie génétique, méritent d’être mises en exergue. Cette scientifique y délivre en effet cette information choc : l’existence des races est confirmée par la génétique.
Il faut préciser dès l’abord qu’E. Heyer, scientifique du Muséum national d’histoire naturelle, ne s’exprime pas à titre personnel : elle le fait de façon tout à fait autorisée, dans le cadre de ses fonctions et sur le site internet du Muséum. Ses conférences ont pour objet de faire le point des découvertes récentes, en s’appuyant sur différentes études internationales, à destination d’un public intéressé mais non spécialiste. Cette personne, précisons-le également, n’appartient nullement à la « fachosphère » : au contraire elle a été mobilisée à différentes reprises pour participer à la lutte contre le racisme. Elle a par exemple été commissaire de l’exposition « Des préjugés au racisme« .
La forme que prennent ces conférences appelle quelques commentaires. On voit la conférencière marcher sur des œufs, bien consciente qu’elle est du caractère explosif de la matière qu’elle manipule : elle multiplie ainsi au cours de ses conférences les déclarations d’allégeance à l’idéologie du Système. Par honnêteté intellectuelle, par naïveté ou par envie de se faire valoir,  elle va cependant y délivrer de façon nette et claire l’information-clé : la génétique confirme l’existence des races, que la conférencière préfère appeler « groupes humains ». Signalons que l’expression de cette conférencière prenant de fréquentes libertés avec la syntaxe, nous nous sommes autorisés à opérer quelques rectifications de forme dans les citations d’E. Heyer que nous faisons figurer ici.
Il faut préciser que les études dont rend compte E. Heyer concernent les populations qui sont restées stables géographiquement au cours des siècles. C’est pourquoi les prélèvements d’ADN effectués pour réaliser ces études ont concerné seulement des individus dont les 4 grands parents étaient issus de la même région que la leur, en excluant les populations issues de brassages de populations relativement récents. C’est ainsi que pour l’Amérique, ces études génétiques portent sur les populations amérindiennes et excluent les populations d’origine européenne ou africaines ainsi que les populations métissées. De même en Australie et en Nouvelle-Zélande les études concernent les populations autochtones. De même encore, en Europe, les populations ayant participé aux vastes migrations intervenues dans le monde mondialisé de l’après-guerre ne sont pas concernées par les études génétiques dont Mme Heyer présente les résultats. 
  • Il existe 7 « groupes humains »
La scientifique est  de toute évidence parfaitement consciente de la portée de ce qu’elle explique : elle déclare ainsi que « la génétique est souvent très politiquement incorrecte ». Et pour cause : les résultats qu’elle présente corroborent en effet dans une large mesure les affirmations de ceux qui affirment l’existence des races.
La conférencière explique ainsi que les données génétiques conduisent à distinguer 7 « groupes humains » différents, entre lesquels existent des différences génétiques significatives. Ces « groupes humains » correspondent aux différentes régions du globe : les Amérindiens d’origine ; les Océaniens ; les Asiatiques de l’Est ; les Asiatiques d’Asie centrale et du Sud ; les Moyen-Orientaux ; les Européens ; les Africains du sud du Sahara.
La constitution de ces 7 groupes a résulté de l’existence des barrières géographiques, qui ont empêché les contacts et les échanges génétiques entre populations : les océans, le Sahara et l’Himalaya. Les populations séparées par ces barrières ont, de ce fait, des patrimoines génétiques nettement différenciés.
E. Heyer met en avant une constatation supplémentaire : l’une de ces 7 populations, le groupe des populations du Moyen-Orient, est placée dans une position particulière. Tandis que les 6 autres groupes disposent d’un patrimoine génétique nettement distinct de celui des autres, le patrimoine génétique des populations du Moyen-Orient est pour partie composé d’éléments du patrimoine d’autres groupes. Cette situation résulte du fait que ce groupe est situé géographiquement dans une zone carrefour, où l’absence de barrières géographiques a permis certains échanges avec les autres groupes les moins éloignés. Le patrimoine génétique des Moyen-Orientaux comprend ainsi des gènes propres, mais aussi des gènes européens et des gènes d’Asie centrale et du Sud.
On voit autrement dit que les 7 groupes que distinguent les généticiens sont les mêmes 7 « races » que l’on peut recenser en se fondant sur les phénotypes. Autrement dit encore,  l’observation des phénotypes permettait de penser qu’il existait 7 groupes (ou races) : la génétique vient le confirmer. Citons E. Heyer : « On voit l’analogie avec ce que l’on appelait auparavant des races : les groupes auxquels aboutissent les études génétiques correspondent grosso modo aux groupes que l’on utilisait dans les typologies raciales ».
Elle déclare également : « Le discours qu’on entendait beaucoup dans les années quatre-vingt, qui disait qu’on ne pouvait pas parler de races parce que les généticiens montrent qu’il n’y a pas ou très peu de différences entre les populations humaines, n’est pas exact. On peut avec les données génétiques former des groupes différents génétiquement. On ne peut plus dire qu’on ne peut pas faire de groupes à partir des données génétiques«.
  • Les ethnies existent également
Tout en présentant une homogénéité génétique, chacun des 7 groupes comprend des sous-ensembles, les ethnies, entre lesquelles existent des particularités génétiques, qui sont liées aux échanges matrimoniaux entre populations géographiquement proches. Les ethnies se distribuent ainsi au sein du groupe selon un continuum : plus les ethnies sont éloignées géographiquement, plus elles sont différentes génétiquement.
Si elle ne précise pas quel peut être le nombre des ethnies qui existent, la conférencière indique qu’il existe 6000 langues. On peut penser que chaque langue correspond à au moins une ethnie : le nombre des ethnies est donc supérieur à 6000.
Au sein des ethnies, les sociétés se subdivisent en tribus, les tribus en clans et les clans en lignage, chacun de ces sous-ensembles se réclamant d’un ancêtre commun. Là encore la plupart de ces subdivisions ont une traduction génétique.
  • La grande homogénéité des populations européennes
Les conférences d’E. Heyer mettent en avant un autre point, lui aussi politiquement incorrect : la chercheuse explique que les populations européennes sont restées très stables et homogènes.
Les différents peuples (ou ethnies) d’Europe ont en  effet un patrimoine génétique propre : les Italiens ont un patrimoine propre, comme les Français, comme les Anglais, comme les habitants des différentes régions de l’Europe. On peut même déterminer à 500 km près l’origine géographique d’un individu européen à partir de son patrimoine génétique. Autrement dit les affirmations selon lesquelles « l’Europe n’a cessé d’être une terre de passage, de migrations, de mélanges et de métissages » sont fausses et démenties par la génétique.
L’Histoire nous enseigne que les populations des différentes régions d’Europe sont restées inchangées pendant mille ans : les dernières grandes invasions venues d’Europe centrale datent du 9e siècle. Les premières migrations intra européennes liées à la révolution industrielle datent du milieu du 19 siècle. Quant à l’immigration en Europe de populations venues de régions non européennes, elle ne date que des années 1960 (voir également cette chronique). Les données génétiques viennent confirmer cette grande stabilité.
  • Les différences génétiques s’accompagnent de différences culturelles
E. Heyer explique également que les différences génétiques s’accompagnent de différences culturelles : les groupes ethniques possèdent souvent une langue et un mode de vie qui leurs sont propres. En Asie centrale par exemple, les Tajiks parlent une langue indo-iranienne et sont agriculteurs tandis que les Kazaks parlent une langue turque et sont pasteurs nomades.
Ces différences contribuent à fonder les spécificités génétiques : c’est notamment pour des raisons culturelles que l’on se marie au sein de la même ethnie.
Il convient d’insister sur cette dernière constatation : chaque « groupe de population » (autrement dit chaque « race »), et en son sein chaque ethnie, présentent de nombreuses spécificités, qui s’additionnent : des particularités phénotypiques et génétiques ; une certaine implantation géographique ; une langue ou un groupe de langues qui leur sont propres ; une culture et un mode de vie qui leur sont propres. Autrement dit, un « groupe de population » (race) et une ethnie sont à la fois des réalités phénotypiques et génétiques et des réalités culturelles.
  • Les précautions de langage prises par la chercheuse n’atténuent pas la portée de ses constatations
Consciente de la portée de ses explications, la chercheuse a le souci de donner les gages nécessaires aux dogmes du Système. Il s’agit d’une part pour elle ne pas se « griller » professionnellement. Elle tient d’autre part, et sa démarche est de toute évidence sincère, à se distinguer de ceux qui vont chercher à utiliser les conclusions des études qu’elle présente au service de thèses racistes qu’elle réprouve personnellement. La conférencière s’efforce donc de déminer le terrain idéologique, en prenant toute une série de précautions qui sont autant de révérences à l’idéologie systémique.
E. Heyer tient ainsi, premièrement, à repousser l’utilisation du mot race : elle insiste sur le fait que les généticiens parlent de « groupes humains » et non de « race », en récusant le mot de race pour deux raisons. D’abord, dit-elle, parce que l’utilisation du concept de race suppose de considérer qu’il existe une inégalité entre les groupes humains. Deuxièmement parce que le concept de race conduit à réduire chaque individu à sa race. Or la génétique ne permet d’aboutir à aucune de ces deux conclusions.
On voit bien la faiblesse de cet argumentaire. Mme Heyer confond, premièrement, deux concepts distincts : les races et le racisme. Penser que les races sont inégales est du racisme. Mais considérer que les races existent ne veut pas dire qu’on les considère comme inégales : on peut donc penser que les races existent sans être pour autant raciste (voir également cette chronique). Deuxièmement, on peut affirmer l’existence des races sans pour autant considérer qu’un individu se résume à sa race. L’argumentaire anti racial de Mme Heyer aboutit finalement à rejeter le mot exact de « race », au profit d’un mot plus flou : « groupe humain ». Il reste que cette précaution de langage ne change rien à ce constat essentiel : les 7 « groupes humains » dont Mme Heyer affirme l’existence sont bel et bien les 7 « races » que l’on observe lorsqu’on prend en compte les différences phénotypiques.
La chercheuse prend une deuxième précaution : dans le souci manifeste d’atténuer la portée explosive de ses développements, la chercheuse tient à souligner que les différences entre les groupes humains sont « faibles ». Elles sont ainsi beaucoup plus faibles que chez d’autres primates. Les différences entre groupes de chimpanzés, plus proche cousins de l’homme, sont ainsi beaucoup plus grandes qu’entre groupes humains : on considère même que ces groupes de chimpanzés constituent des sous espèces. De même Mme Heyer insiste sur le fait que les différences génétiques entre groupes humains sont faibles : les gènes d’individus du même groupe sont seulement 4% plus proches que les gènes d’individus appartenant à des groupes différents.
Là encore ces précautions de langage sont d’une pertinence limitée. La notion de « faible » en effet ne veut pas dire grand-chose. Les différences entre « groupes humains » peuvent être jugées faibles parce qu’elles ne portent que sur une partie limitée du génome et  qu’elles sont plus faibles que ce que l’on constate au sein d’autres espèces : il n’en reste pas moins que ces « faibles » différences sont suffisamment importantes pour permettre au généticien de distinguer nettement des groupes humains, ce que Mme Heyer met elle-même en évidence par ailleurs.
Mme Heyer prend une troisième précaution. Elle tient à insister sur le fait que la théorie selon laquelle toutes les populations d’hommes modernes sont issues d’une même population sortie récemment d’Afrique est confirmée par la génétique. On sait que cette théorie (dite Out of Africa) est essentielle pour la propagande des antiracistes et des immigrationnistes, qui en tirent différentes conclusions utiles à leur cause : « Puisque nous sommes tous issus d’Afrique et donc issus de migrations originelles, il est logique qu’il y ait aujourd’hui encore des migrations et que ces migrations soient africaines. Puisque toutes les populations humaines ont la même origine africaine et sont donc toutes très proches, l’intégration des Africains en Europe est donc tout à fait possible »…
C’est pourquoi Mme Heyer tient à souligner que les études qu’elle présente dans ses conférences confirment l’hypothèse de l’origine africaine récente d’Homo Sapiens. Les études génétiques prouvent notamment, dit-elle, que toutes les populations humaines ont un ancêtre commun âgé de 200 000 ans, ce qui est incompatible avec la théorie selon laquelle Sapiens ne serait pas « sorti récemment d’Afrique » mais constituerait une évolution, dans chaque continent, de populations anciennes.
Nous ne sommes en rien des spécialistes : il nous semble pourtant que les différences substantielles qui existent entre les « groupes humains », notamment les différences génétiques, conduisent plutôt à penser que les populations d’hommes modernes sont issues, non d’une sortie d’Afrique récente (200 000 ans) d’une population originelle dont nous sommes tous issus, ainsi que le veut la thèse Out of Africa, mais de l’évolution propre des différentes populations anciennes existant en Afrique et en Eurasie (hypothèse dite « plurigénique », concurrente de l’hypothèse Out of Africa). Nous verrons ce que diront les chercheurs dans les années qui viennent (si toutefois ils sont laissés libres de leur conclusion et de leur expression). On sait que les Chinois, cherchent frénétiquement les moyens de prouver que leurs origines n’ont rien de commun avec celles des Africains… Attendons.
Tout en confirmant l’existence de « groupes humains », E. Heyer précise que les généticiens se refusent à employer le mot de « races ». Elle permet ainsi aux propagandistes du Système de continuer à l’affirmer : « les généticiens démontrent que les races n’existent pas ». Les mots comme souvent l’emportent sur les faits…

Livre : Destin français, d’Éric Zemmour

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6a5f58eaa6107945b448b426f88749e4.jpegL’œuvre d’Éric Zemmour est un peu comme Star Wars : elle a commencé par la fin, et ce n’est qu’ensuite que l’on comprend, en revenant aux sources. Après Le Suicide français, voici Destin français, magnifique fresque historique qui tient de Bainville, de Castelot, de G. Lenotre, de Bordonove et n’est à la fois rien de tout cela. C’est l’Histoire de France incarnée, spirituelle, prophétie biblique : « Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en ont été agacées… » Le péché originel des parents sera expié par les fils. « L’Histoire ne repasse pas les plats », disait Céline, mais elle accommode les restes, pour les servir des siècles plus tard : « La France semble condamnée à revivre sans cesse la même histoire, à revivre sans cesse les mêmes passions délétères. »
Zemmour compare la France à une mourante qui verrait défiler devant ses yeux toute sa vie : « Elle semble repasser par toutes les étapes de son existence millénaire. »
Chaque chapitre est peu ou prou consacré à une figure emblématique – Clovis, Saint Louis, François Ier, Richelieu, La Pompadour, Robespierre, Napoléon, Clemenceau, Pétain, de Gaulle… – dont le destin s’est un moment confondu avec celui de la France, et dont le courage ou la pusillanimité, la clairvoyance ou l’aveuglement, la détermination ou la légèreté ont infléchi le cours de la vie de nos aïeux, et le cours de la nôtre qui lui est indissolublement lié.
Il est des livres succincts dont on dit, riant, que s’ils tombent, ils ne risquent pas de vous casser le pied… Méfiez-vous de ne pas laisser choir celui-ci. Et pourtant, aucune longueur. Le livre est lourd mais la plume légère.
Éric Zemmour l’a dédié à ses parents, et c’est à eux qu’il consacre les première pages, surprenant ses lecteurs qui le savent peu prompt à s’épancher – la proximité de Christine Angot, sur les plateaux, l’a sans doute vacciné. C’est qu’ils sont l’alpha et l’omega de ce bouquin-là : il leur doit son inextinguible fibre française. Pieds-noirs, descendants de Berbères soucieux de faire à Rome comme les Romains (donc, de donner des prénoms « du calendrier » à leurs enfants – confer une controverse récente), ils s’agacent de s’entendre qualifier de « juifs de France » quand ils se considèrent « Français juifs ».
Éric Zemmour opte résolument pour le roman national, mais un roman qui ne s’inscrirait pas comme le Lavisse dans le courant romantique mais serait résolument réaliste : le féminisme beauvoirien tel que présenté par Éric Zemmour a quelque chose de bovarien, Simone aurait dû s’appeler Emma, James Rothschild a les traits de Nucingen et l’Italienne Catherine de Médicis les états d’âme d’une héroïne de Stendhal. Il les décrit comme ils sont, sans les noircir ni les idéaliser. Le manichéisme ne passera pas par lui et les titres des chapitres respectivement consacrés à Pétain et de Gaulle – « L’homme qu’il faut détester »« l’homme qu’il faut aimer » – parlent d’eux-mêmes. Il sort même du placard de grands oubliés, depuis longtemps remisés parce que trop étrangers à l’esprit du temps pour pouvoir être compris : qui connaît encore Bossuet, dont Zemmour écrit pourtant qu’il « réussit dans une langue d’une pureté inégalée la synthèse française du quadrilatère européen des racines juives, chrétiennes, grecques et romaines ». Qui sait encore que le comte de Chambord, par ce drapeau blanc dont il a fait « le test de sa liberté », a signé un « échec emblématique, matriciel même pour la droite française », « [annonçant] les défaites à venir pour pour ce courant conservateur ».
On dit d’Éric Zemmour qu’il est misogyne ; il est surtout misanthrope. Atrabilaire amoureux d’une France volage, futile, mondaine, inconséquente et belle comme pas deux, dont il voit avec une acuité féroce tous les travers qui la font courir à sa perte mais dont il ne peut se déprendre. Et nous avec lui.

jeudi 20 septembre 2018

Maurras et le Fascisme [10]

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Mussolini - Marche sur Rome 
Par Pierre Debray
Cette étude historique, idéologique et politique, importante et profonde, que nous publions depuis quelques jours, s'achève ici. Elle est de Pierre Debray et date de 1960. Tout y reste parfaitement actuel, sauf les références au communisme - russe, français ou mondial - qui s'est effondré. L'assimilation de l'Action française et du maurrassisme au fascisme reste un fantasme fort répandu des journalistes et de la doxa. Quant au fascisme en soi-même, si l'on commet l'erreur de le décontextualiser de sa stricte identité italienne, il reste pour certains une tentation, notamment parmi les jeunes. On ne le connaît pas sérieusement. Mais il peut-être pour quelques-uns comme une sorte d'idéal rêvé. Cette étude de Pierre Debray dissipe ces rêveries. Elle s'est étalée sur une dizaine de jours. Ceux qui en auront fait ou en feront la lecture - car elle reste disponible - en ressortiront tout simplement politiquement plus compétents. LFAR
Le fascisme français (suite et fin)  
Sans doute, le fascisme se donne-t-il pour un nationalisme, mais le stalinisme, quand il sera menacé, n’utilisera-t-il pas, lui aussi, la passion patriotique du peuple russe ? C’est qu’en effet, pour l’un et l’autre, le nationalisme spontané, quasi viscéral ne représente qu’un instrument au service d’une révolution. Là-dessus, Drieu, toujours lui, s’est exprimé avec le plus de franchise ou si l’on veut de cynisme. « Le nationalisme, écrit-il, est l’axe de l’activité fasciste. Un axe, ce n’est pas un but. Ce qui importe pour le fascisme, c’est la révolution sociale, la marche lente, effacée, détournée, selon les possibilités européennes, au socialisme. S’il y avait encore des défenseurs conscients et systématiques du capitalisme, ils dénonceraient le fascisme comme usant du chantage nationaliste pour imposer le regard de l’État sur les grandes affaires. Ses défenseurs les moins inconscients et hasardeux ne sont pas loin maintenant de le faire, mais la négation furieuse des socialistes et communistes masque cette vérité. Non seulement le nationalisme n’est qu’un prétexte, mais ce n’est aussi qu’un moment dans l’évolution sociale du fascisme. » 
Sans doute, Drieu demeurait-il un intellectuel isolé. Pourtant, certaines de 3857409247.jpgses vues les plus originales et, sur le moment les moins bien comprises, connaîtront une singulière fortune. C’est ainsi qu’il considérait le parti radical comme « un vieux fascisme sclérosé ». Le 17 septembre 1937, il remarquait, dans L’Émancipation nationale de Doriot (photo 1) qu’en 1792, « il y avait dans toute la France des soviets ou des faisceaux de combat, c’est-à-dire que dans chaque village, dans chaque quartier, il y avait un groupe de militants autour d’un meneur », et que ce meneur obéissait aux mots d’ordre décidés « dans les conseils étroits du parti unique », club des Cordeliers ou Club des Jacobins. 3182289380.jpg
La tradition jacobine, ajoutait-il, s’est sans doute maintenue dans le parti radical, mais celui-ci, faute d’avoir pu « se constituer en parti solide, viril », n’a conservé que les inconvénients du système et pas ses avantages. Déjà, dans Socialisme fasciste, Drieu rêvait de ce grand parti du centre, rassemblant les classes moyennes, qui aurait remplacé le syndicalisme ou l’aurait rénové. Ce n’était pas une billevesée de l’imagination puisqu’il se retrouvera quelqu’un pour tenter de l’accomplir. Ce quelqu’un, ce sera Mendès (photo). Ne nous y trompons pas, en effet, l’idéologie mendésiste des années 1955 exhalait des relents fascistes dont les narines des parlementaires furent désagréablement chatouillées. Ce qui, bien plutôt que sa politique coloniale, provoqua la chute de « superman ». Par beaucoup de points, Mendès s’apparente du reste à un autre Israélite qui, celui-là, opérait en Allemagne, Rathenau, qui fut assassiné par les « réprouvés » qui devaient fournir plus tard ses cadres militaires à l’hitlérisme, mais qui n’en avait pas moins été l’un des premiers à proposer aux Allemands la formule d’un socialisme national. 
Quoiqu’il en soit, en France comme ailleurs, le fascisme a constitué un phénomène idéologique de « gauche ». Qu’il ait su rallier un certain nombre de militants d’extrême droite qui lui fournirent d’ordinaire ses troupes d’assaut, c’est à la suite d’une double mystification qui porte sur la notion d’ordre d’une part, sur la conception de l’antiparlementarisme d’autre part. L’ordre fasciste n’est pas fondé sur l’harmonie naturelle des groupes humains, mais sur un encadrement totalitaire qui impose à la nation la discipline toute extérieure de « l’organisation industrielle » telle que la conçoit le système Taylor. Quant à son antiparlementarisme, il dissimule un attachement à d’autres formes de démocratisme, car le chef ne tient certes pas son pouvoir du suffrage, mais sa légitimité n’en repose pas moins sur la seule acclamation populaire. 
Cependant, le fascisme latent d’un Drieu la Rochelle, d’un Marcel Déat et des innombrables faiseurs de plans moins talentueux qui s’agitèrent aux alentours des années 30, n’a finalement débouché sur rien de concret. On peut trouver à cette solution un certain nombre d’explications. 
1. Économiquement, le fascisme suppose, pour réussir, une industrie soumise à des rythmes tempétueux d’expansion et de récession. Ce qui était le cas dans l’Italie du lendemain de la première guerre mondiale, comme dans l’Allemagne pré-hitlérienne. Par contre, la France, à la même époque, subissait les effets anesthésiants de la politique malthusienne des dirigeants républicains. 
2. Politiquement, le fascisme exige un climat d’humiliation nationale, un sentiment généralisé de dégoût et de lassitude, qui porte l’opinion à préférer n’importe quelle aventure à la chute sans fin dans l’abîme. À l’époque, la France conservait encore ses illusions de grande puissance victorieuse.  
3. Idéologiquement, le fascisme a besoin de rallier autour du noyau 4243677989.jpgoriginel de doctrinaires venus de la gauche, une masse de manœuvre que seule la droite est capable de lui fournir. L’influence de Maurras (photo) a sans aucun doute empêché la fraction la plus courageuse de la jeunesse française de se lancer à corps perdu dans une désastreuse équipée, en lui révélant les conditions réelles de l’ordre, en lui montrant qu’un antiparlementarisme purement sentimental n’était qu’un attrape-nigauds, s’il ne s’accompagnait pas de la volonté de détruire le système démocratique sous toutes ses formes. Il n’est besoin que de relire les pages lumineuses consacrées par Maurras à Napoléon pour se convaincre qu’il a élevé entre cette magnifique jeunesse qui le suivait et la tentation fasciste le plus solide des remparts. Rebatet, dans sa haine furieuse, a eu du moins le mérite involontaire de mettre en pleine lumière ce magnifique service rendu par notre maître. 
Nous en mesurons mieux aujourd’hui l’étendue, puisque nous vivons sous un régime techno-bureaucratique, qui, sans doute, a renoncé aux liturgies extérieures du fascisme comme à la construction, après l’échec du R.P.F., d’un parti unique, mais qui n’en demeure pas moins le véritable équivalent français d’un fascisme, c’est-à-dire un jacobinisme adapté à la révolution industrielle. Le caractère thaumaturgique de l’autorité de Charles De Gaulle, sa prétention d’être l’expression immédiate de la volonté nationale, son antiparlementarisme doublé d’un respect obséquieux des dogmes démocratiques, sa démagogie nationalitaire et son mépris des intérêts réels du pays, l’inscrivent dans la lignée des Césars modernes. 
3847323545.jpgSi De Gaulle (photo) est parvenu à mystifier la révolution du 13 mai, c’est sans doute que les conditions économiques et politiques d’un fascisme se trouvaient cette fois-ci réunies, mais surtout, parce que la République, en jetant Maurras en prison, en faisant de lui le grand maudit, en démantelant pour une part le barrage qu’il dressait contre l’idée folle et fausse du césarisme, a permis que l’imposture gaullienne puisse, pour un temps, triompher. 
Il n’est que trop certain que si De Gaulle était remplacé par un autre avatar du fascisme, celui-ci conduirait la France à d’autres désastres ou au même. C’est pourquoi il importe plus que jamais que l’intelligence politique, dont Maurras nous a laissé l’héritage, soit assez bien enracinée, en particulier dans cette jeunesse qui lutte pour l’Algérie française, afin qu’elle ne soit pas trompée une nouvelle fois. Nous n’avons pas d’autre choix qu’entre Maurras et le démocratisme – démocratisme parlementaire, fasciste ou communiste.   (FIN)
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