samedi 31 décembre 2022

LES SECRETS DE LEONARD DE VINCI | Documentaire Toute l'Histoire

Pour en finir avec le Moyen Âge

 

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       Une nouvelle réforme du Collège unique est arrivée. Contrairement au Beaujolais annuel, elle n’est pas buvable. Face aux échecs, il s’agit comme souvent, de persister dans les principes qui les ont produits.

         Un point parmi d’autres a fait réagir, au sein du projet du nouveau programme d’histoire en cinquième : en thème 1, l’étude de l’Islam « début, expansion, société, et culture » est obligatoire et en thème 2, pour notre Occident chrétien, un sujet facultatif est réservé à « une société rurale encadrée par l’Eglise ».

         Najat Vallaud-Belkacem, propulsée Ministre de l’Education Nationale, a déjà prouvé sur d’autres questions que sa mission essentielle était de faire prendre, avec force minauderies, des vessies pour des lanternes en niant les évidences. Elle a répliqué que, dans ce projet, les origines du christianisme étaient « traitées en sixième », et que celui-ci serait inévitablement évoqué au passage et à propos d’autres questions obligatoires ou facultatives, ce qui, à chaque fois, escamote la Chrétienté de l’Occident médiéval.

          Une double intention se niche dans cette incongruité en faveur du « vivre-ensemble » : d’une part, présenter aux chères têtes blondes, brunes, noires ou parfois jaunes la fable d’un Islam compatible avec les « valeurs » de la république laïque, et d’autre part, en finir avec cette Chrétienté médiévale, berceau de notre civilisation, qui, si l’on tient à en parler, devra se réduire à l’encadrement clérical répressif d’un peuple de ploucs.

            Une historienne médiéviste célèbre et reconnue en son temps, voulait aussi en finir avec le Moyen-Âge, mais cette volonté avait, dans son cas, une toute autre signification. L’anniversaire récent de son décès, le 22 avril 1998, a été ignoré. Parmi les nombreux ouvrages que Régine Pernoud publia avec succès, le plus important se trouve être le plus court : 150 pages publiées en 1975 qui porte ce titre étonnant : « Pour en finir avec le Moyen Âge ».

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           Avec un humour délicieux, elle s’attaque à ce nom inventé aux prémices de ce qu’on a appelé « la Renaissance » et utilisé ensuite pour stigmatiser mille ans d’histoire, réduits à une longue éclipse de la civilisation entre la fin de l’empire romain et cette prétendue « Renaissance ». Un nom qui porte tous les préjugés, calomnies, erreurs et caricatures dont on l’affuble, qui le font apparaître comme le premier et très lourd volet des « heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire », et qui fonde chez nos contemporains bien éclairés des expressions comme : « c’est un retour au Moyen Âge » ou la remarque fort pertinente qu’ « on n’est plus au Moyen-Âge ». En effet nous n’y sommes plus, et nous n’en connaissons souvent que des sottises.

             Considérons d’abord ce qui devrait être une évidence, et que les faits confirment : est-il possible que, durant tout un millénaire, l’obscurité ait uniformément régné ? A côté de périodes sombres n’en fut-il pas de brillantes, suivies de déclins ? L’auteur dégage à la fin de ce petit livre, quatre périodes, au minimum : la période franque de 300 ans, la période impériale de deux siècles que les historiens, au grand dam des ignorants, des idéologues et des imbéciles, se sont permis d’appeler renaissance carolingienne, la période féodale sur trois siècles et demi, couronnée à partir de la « renaissance » du XIIe siècle par ce sommet médiéval qu’on a appelé le Siècle de Saint Louis, époque de Saint Thomas d’Aquin ainsi que de l’art « gothique », et pour finir, la terrible période des deux derniers siècles, celle de la Grande Peste et en France, celle de la guerre de 100 ans. Régine Pernoud analyse qu’ensuite, les hommes d’alors, aspirant au retour de la civilisation, et admiratif d’une Antiquité qu’ils redécouvraient de plus en plus, ont assimilé l’ensemble de ce millénaire à ce qu’ils venaient de subir, en commettant par là une erreur de perspective historique. Il faudrait ajouter ce que l’historienne n’évoque pas ici, pour ne pas nuire à son entreprise : ensuite, par haine de l’Eglise et avec beaucoup de malhonnêteté, le parti des « philosophes » du siècle dit des Lumières, la révolution, et les anticléricaux maçons ont successivement entretenu et amplifié cette légende noire.

           En 6 chapitres dont nous rappelons ici les titres sans pouvoir en restituer tous les riches contenus, elle répond aux principaux bobards concernant le « Moyen Âge » :

          – « gauches et maladroits », et « frustes et ignares » sont les qualificatifs employés jusqu’au XIXe siècle pour juger les artistes et les écrivains de cette période. L’imitation servile de l’Antique avait rendu les hommes aveugles à la splendeur et à la créativité des inventions et évolutions médiévales. Notre vue, sur ces points, s’est quelque peu améliorée.

          – « torpeur et barbarie », et « des grenouilles et des hommes » font allusion aux manuels scolaires dans lesquels les seigneurs, à cheval, passaient leur temps à « fouler aux pieds les moissons dorées des paysans », lesquels, esclaves, passaient leur vie à « battre les étangs pour faire taire les grenouilles qui empêchaient le seigneur de dormir ». Outre les arguments de bon sens par lesquels l’auteur montre l’invraisemblance de ces tableaux, ce sont les réalités de l’ordre féodal « acte d’homme à homme (…) contrat mutuel » et du statut du servage médiéval qui, preuves à l’appui, sont ici rétablies. L’esclavage existait massivement auparavant et a été rétabli ensuite, les serfs du Moyen Âge au contraire, certes liés à la terre selon les nécessités du moment, avaient des droits et de réelles possibilités d’amélioration de leur condition.

          – « la femme sans âme » et « l’index accusateur » concernent plus directement l’influence de   l’Eglise : « ce n’est qu’au XVe siècle que l’Eglise a admis que la femme avait une âme » a pu affirmer avec assurance « une romancière sur une radio » nous dit l’auteur, ignorant superbement les sacrements donnés aux femmes, les martyres et les autres saintes, incompatibles avec cette exclusion stupidement imaginaire. Régine Pernoud, sottement qualifiée de féministe, a écrit de nombreux livres magnifiques sur des femmes célèbres, leur statut, leur influence et leurs responsabilités au « Moyen Âge », sans renoncer nécessairement à leur maternité. Là encore, c’est véritablement avant et après cette époque chrétienne qu’elles ne furent pas reconnues comme des personnes à part entière, relégation institutionnalisée dans le Droit romain et reprise par le Code Napoléon. Le dernier de ces chapitres concerne, bien entendu, l’Inquisition, les bûchers et autres horreurs, au sujet desquels les confusions d’époques, les exagérations et les ignorances du contexte historique sont également démontrées. 

               Le livre se termine par une magnifique leçon sur la mission et la déontologie des études historiques. 

         Lecture, donc, véritablement instructive et salutaire à conseiller, notamment à tout professeur d’histoire de bonne foi et de bonnes intentions. Il pourrait ensuite la recommander à ceux de ses élèves qui sauraient lire. Ainsi instruit, il pourrait encore, avec un peu d’astuce, dans le respect scrupuleux des directives officielles, choisir l’histoire de sainte Jeanne d’Arc pour faire découvrir aux collégiens qui lui sont confiés beaucoup de bonnes vérités sur « la société rurale encadrée par l’Eglise », en leur proposant, de plus, la lecture du roman de Philippe de Villiers sur ce sujet. Il devrait tout de même ruser avec l’inquisition des inspecteurs jouant les commissaires politiques, les élèves mouchards, les parents, collègues, et directions « collabos » du mensonge historique. 

             Ce travail de salut public semble encore possible.

https://www.medias-presse.info/pour-en-finir-avec-le-moyen-age/30957/

Colette en guerre : confinée et occupée, avec Bénédicte Vergez-Chaignon ...

Arthur Koestler : Une orgueilleuse et lucide solitude

 

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[Ci-dessus : Koestler photographié par Jerry Bauer, 1973]

Ils ne sont pas tellement nombreux les écrivains qui auront marqué notre siècle, à la fois acteurs et témoins. Puis, le moment venu, observateurs et philosophes. Dans leur grande recherche de l’absolu, leur hantise fut, selon la formule de Drieu La Rochelle, d’unir le rêve et l’action.

***

Arthur Koestler sut rester lui-même, tout en scindant sa vie en deux attitudes complémentaires : l’activisme d’abord et la réflexion ensuite. Agitateur politique dans sa jeunesse, il devait tenter par la suite une approche scientifique des secrets de la condition humaine. Il fut étroitement mêlé à quelques-unes des grandes querelles de notre temps, engagé comme peu le furent dans le sionisme, le communisme, la guerre d’Espagne et la brutale rupture avec le stalinisme dès 1940. Grâce à lui, personne ne pouvait ignorer, dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’intrinsèque perversité du régime bolchevique. Et il aura fallu un demi-siècle pour que les bonnes consciences soviétophiles osent dire : « On ne pouvait pas savoir ce qui se passait en URSS ! ». Le plus célèbre de ses romans, Le zéro et l’infini, avait pourtant été vendu en France à plus d’un million d’exemplaires et traduit en une trentaine de langues étrangères. Un esprit d’une si totale, liberté et d’une si grande exigence dérangeait tous les conformismes politiques et religieux. Cet ancien agitateur marxiste devait même rejoindre le comité de patronage de la revue Nouvelle École. Quel itinéraire ! Quand on évoque Arthur Koestler, il est révélateur de se reporter au fort haineux portrait qu’en trace Simone de Beauvoir dans Les Mandarins [1954] : « Ce visage triangulaire aux pommettes saillantes, aux yeux vifs et durs, à la bouche mince et presque féminine, ce n’était pas un visage français ; l’URSS était pour lui un pays ennemi, il n’aimait pas l’Amérique : pas un endroit sur terre où il se sentit chez lui ».

Enfant unique, il naît à Budapest le 5 septembre 1905, fils de deux émigrés juifs, l’un russe et l’autre tchèque : Henri Köstler et Adela Jeiteles, qui se fait appeler Hitzig. Plus tard devenu écrivain, Arthur transformera son nom patronymique de Köstler en Koestler, car sa machine à écrire ne possède pas de tréma. La famille multiplie les allers et retours entre la Hongrie et l’Autriche pendant la Grande Guerre, avant de s’installer définitivement à Vienne. À 17 ans, Arthur entame des études d’ingénieur à l’école polytechnique. Mais il est aussi — et d’abord — préoccupé de politique. Encore étudiant, il rejoint les activistes sionistes de Jabotinski, que certains considèrent comme des « fascistes juifs » et qui donneront naissance à des formations de combat : Betar, Irgoun ou groupe Stern. Abandonnant ses études, Arthur part pour la Palestine à 21 ans, en 1926. Il ne restera guère dans le kibboutz qui l’accueille. Secrétaire général du mouvement international révisionniste (sionistes d’extrême droite), il devient aussi chroniqueur scientifique, ce qui le conduira à survoler le Pôle en dirigeable. Il adhère au parti communiste allemand et part en URSS en 1932 comme recrue de la section “Agit-Prop” du Komintern, devenant sous le nom d’Ivan Steinberg, un des hommes de l’appareil international clandestin. Il se partage ensuite entre Paris et Berlin, tour à tour dandy et clochard, espion et journaliste et aussi romancier qui se lance dans une grande fresque historique sur la révolte des esclaves de l’Antiquité romaine : Spartacus.

La guerre d’Espagne le verra correspondant de presse dans les deux camps, puis jeté en prison par les franquistes après la prise de Malaga, tout en devenant suspect aux staliniens pour ses sympathies envers les anarchistes et les trotskystes.
Finalement libéré après avoir vu la mort de très près, il tire de son expérience tragique un récit impressionnant : Testament espagnol. Il choisit désormais de s’exprimer en anglais plutôt qu’en allemand. Les procès de Moscou achèvent de le détourner du stalinisme et il commence à écrire, dès la fin de l’année 1938, ce qui va devenir son grand livre de rupture avec le communisme. Koestler n’est pas au bout des péripéties de sa vie aventureuse : un séjour dans le camp de concentration du Vernet où se retrouvent en 1939 les suspects de toutes les nationalités (La Lie de la terre), un bref engagement dans la Légion étrangère en 1940, la fuite en Angleterre par Lisbonne, le volontariat dans les unités de pionniers chargés de la Défense passive pendant le “blitz” et enfin un poste officiel de propagandiste au ministère britannique de l’Information.

Paru outre-Manche au début de l’année 1941 (avant que l’URSS ne devienne la grande alliée de la « croisade des démocraties »), Le zéro et l’infini est publié en France, chez Calmann-Lévy, en 1945. C’est l’histoire d’un vieux et célèbre militant bolchevique de la vieille garde de Lénine, Roubachof, qui est jeté en prison parce qu’il n’est plus “dans la ligne” [du Parti] et finit, après trois terribles interrogatoires, par avouer publiquement sa trahison et les crimes divers qu’il n’a pas commis. Le scandale est à la hauteur du succès : considérable. Ce n’était certes alors pas la mode de s’en prendre à la glorieuse Union soviétique, grande puissance victorieuse et co-dominatrice de l’Europe depuis les accords de Yalta. Arthur Koestler va être traité de tous les noms par les communistes et par leurs compagnons de route : “mouchard”, “agent des trusts”, “Judas” et bien entendu “vipère lubrique”…

Après le communisme, il lui reste à régler ses comptes avec le sionisme. Certes, La tour d’Ezra est une apologie du nouvel État d’Israël. Mais, devenu citoyen britannique en 1948, Koestler estime désormais qu’il n’y a pour les Juifs du monde entier que deux attitudes possibles : ou le départ pour la Terre Promise ou l’assimilation totale. Il renie toute double fidélité. Ce qui conduira la presse communautaire à lui reprocher d’incarner désormais : « la conscience juive au degré zéro ». Le Koestler militant est mort ; le Koestler romancier engagé aussi. Il surgit désormais un autre Koestler qui, pendant une trentaine d’années, va multiplier les écrits philosophiques et scientifiques. Il déplore dans Les somnambules en 1959, le divorce entre la science et la spiritualité. Il se passionne pour la microphysique ou la neuropsychologie, s’engage contre « le réductionnisme », récuse, en termes définitifs, ses plus célèbres coreligionnaires, à qui il reproche leur « dialectique talmudique » : « Marx, Lorelei à grande barbe, posté sur les récifs d’Utopie pour attirer le voyageur ; Freud, qui réduit les aspirations spirituelles à ses sécrétions sexuelles ; et Einstein, vénéré dans l’ardent espoir que la Science va répondre à toutes les questions, expliquer les fins dernières et le sens de la vie ». Et il conclut : « Après leur crépuscule, [ces divinités] ont laissé un vide immense ».

Homme de contradictions et par conséquent de dialogue, il devient un vieux sage, une sorte d’oracle qui aime avoir, selon l’expression de sa troisième femme, qui se suicidera avec lui le 1er mars 1983, « la tête dans les nuages avec les pieds solidement placés sur terre ». Alain de Benoist, dont il patronna la revue Nouvelle École et qui venait souvent le visiter à Londres, le qualifie d’un mot : « Un homme supérieur ».

Jean Mabire, National Hebdo n°753, 24-30 décembre 1998.

http://www.archiveseroe.eu/lettres-c18386849/43

vendredi 30 décembre 2022

LE KRACH DE 29 ET LE CHOC PÉTROLIER DE 73 : Quand l'économie s'effondre

Naissance du Coran : le rôle des Nazôréens et le livre de l’étrange Michel Benoît

 L’auteur, Michel Benoît (il s’agit d’un pseudonyme), a précédemment fâché de nombreux catholiques avec des livres qui, sous la forme du roman (Le secret du treizième apôtre) ou de l’essai (Dieu malgré luiJésus – mémoires d’un juif ordinaire ou encore Jésus et ses héritiers), sont autant de remises en cause du christianisme.

Cette fois, l’auteur s’en prend à la genèse du Coran, ce qui ne l’empêche pas, de-ci de-là, de continuer à égratigner au passage la foi catholique. Mais l’idée principale de l’ouvrage consiste à vouloir démontrer que le Coran puise son inspiration dans le Messianisme, idéologie que l’auteur fait remonter au Vème siècle avant Jésus-Christ.

Pour Michel Benoît, l’origine du Coran est étroitement liée aux Nazôréens qui, après avoir assimilé tout un pan de la tradition talmudique, s’en seraient séparés pour forger une nouvelle religion.

Mais, sans pouvoir le situer précisément dans le temps, l’auteur décrit un processus de rupture entre les califes et les arabo-nazôréens.

S’il y a sans aucun doute des éléments intéressants dans cet ouvrage, il faut pourtant entamer sa lecture avec beaucoup de prudence et en considérant d’emblée que l’auteur, qui affirme par ailleurs être un ancien moine défroqué aujourd’hui adepte de la « philosophie des Lumières », est en réalité autant hostile au christianisme qu’à l’islam, même si cette hostilité est feutrée, amenée au nom de ce qu’il présente comme une critique exégète.

Sur le sujet du rôle des Nazôréens dans la naissance de l’islam, nous préférerons donc conseiller la lecture des ouvrages du Frère Bruno Bonnet-Eymard (Le Coran, traduction et commentaire systématique, 3 tomes), les travaux d’Etienne Couvert ou l’étude d’Alfred-Louis de Prémare (Les fondations de l’islam).

Naissance du Coran – Aux origines de la violence, par Michel Benoît, chez L’Harmattan, mars 2015, 17 euros.

https://www.medias-presse.info/naissance-du-coran-le-role-des-nazoreens-et-le-livre-de-letrange-michel-benoit/31384/

La République imaginaire | Blandine Kriegel

jeudi 29 décembre 2022

PEARL HARBOR & HIROSHIMA | Documentaire Toute l'Histoire

Quand les Cosaques écrivaient au sultan ottoman

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Au cours du XVIIème siècle, les Cosaques zaporogues (ou Cosaques du Dniepr) furent confrontés à l’expansionnisme ottoman dans les régions de l’actuelle Ukraine. En 1676, ce peuple slave et orthodoxe terriblement jaloux de son autonomie reçut une lettre du sultan ottoman Mehmet IV. Après avoir énuméré ses titres, celui-ci leur enjoignait de se soumettre à son autorité sans lui opposer de résistance. D’ordinaire peu portés sur les choses littéraires, les fiers Cosaques prirent néanmoins un malin plaisir à lui répondre également par écrit. Dans leur lettre restée célèbre pour son insolence et sa grossièreté, les Cosaques singent les titres du sultan, malmènent l’islam et envoient royalement promener l’impudent Ottoman !

Lettre du sultan Mehmed IV aux Cosaques zaporogues :

« En tant que sultan, fils de Mahomet, frère du soleil et petit-fils de la lune, vice-roi par la grâce de Dieu des royaumes de Macédoine, de Babylone, de Jérusalem, de haute et basse Égypte, empereur des empereurs, souverain des souverains, invincible chevalier, gardien indéfectible jamais battu du tombeau de Jésus-Christ, administrateur choisi par Dieu lui-même, espoir et réconfort de tous les musulmans, et très grand défendeur des chrétiens, j’ordonne, à vous les Cosaques zaporogues, de vous soumettre volontairement à moi sans aucune résistance.

Sultan Mehmet IV »

Lettre de réponse des Cosaques zaporogues au chef de l’empire ottoman :

« À toi, Satan turc, frère et compagnon du diable maudit, serviteur de Lucifer lui-même, salut !

Quelle sorte de noble chevalier au diable es-tu, si tu ne sais pas tuer un hérisson avec ton cul nu ? Mange la vomissure du diable, toi et ton armée. Tu n’auras jamais, toi fils de putain, les fils du Christ sous tes ordres : ton armée ne nous fait pas peur et par la terre ou par la mer nous continuerons à nous battre contre toi.

Toi, scullion de Babylone, charretier de Macédoine, brasseur de bière de Jérusalem, fouetteur de chèvre d’Alexandrie, porcher de haute et de basse Égypte, truie d’Arménie, giton tartare, bourreau de Kamenetz, être infâme de Podolie, petit-fils du diable lui-même, toi, le plus grand imbécile malotru du monde et des enfers et devant notre Dieu, crétin, groin de porc, cul d’une jument, sabot de boucher, front pas baptisé ! Voilà ce que les Cosaques ont à te dire, à toi, sous-produit d’avorton ! Tu n’es même pas digne d’élever nos porcs. Tordu es-tu de donner des ordres à de vrais chrétiens !

Nous n’écrivons pas la date car nous n’avons pas de calendrier, le mois est dans le ciel, l’année est dans un livre et le jour est le même ici que chez toi et pour cela tu peux nous baiser le cul !

Signé ataman Ivan Sirko et toute l’armée zaporogue »

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« Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie », tableau d’Ilya Repine, 1880-1891

Baudouin Lefranc

https://www.medias-presse.info/quand-les-cosaques-ecrivaient-au-sultan-ottoman/32393/

mercredi 28 décembre 2022

L’archéologie face à la pensée militaire : Bibracte, Gergovie, Taisey...

 Jacques Chirac les qualifiait de "technostructures" ; François Mitterrand, quand il s'est rendu compte qu'il s'était fait piéger (1), avait mis les choses au point dans sa dernière déclaration publique : Le 15/5/95, il accordait au Monde une interview (édition du 29 août), dans laquelle il mettait en exergue l'importance de l'Histoire, véritable culture de l'homme politique, mais il rejettait sur l'historien la responsabilité de l'interprétation... étonnant testament. Ces technostuctures s'expriment dans les médias par la voix ou la plume de journalistes soi-disant qualifiés jusqu'à nier l'évidence.

 L'évidence : oubliées dans les archives de la Bibliothèque Nationale, quatre cartes anciennes nous indiquent les véritables emplacements de Bibracte et de Gergovie. J'en fais état dans mes articles publiés. L'internet en a diffusé des extraits irréfutables que les autorités en poste de responsabilités ne peuvent ignorer. M. Vincent Guichard, archéologue, président du centre archéologique européen, M. Matthieu Poux, archéologue, ne peuvent les ignorer, et pourtant....

Les véritables emplacements de Bibracte et de Gergovie révélés par deux cartes  anciennes - AgoraVox le média citoyen

Sous le A de Auvergne, il faut comprendre que Gergovie désigne deux vignettes, l'une nommée Clermont, c'est la ville de Clermont-Ferrand reconnaissable à son clocher, l'autre, nommée Mont-Ferrand, c'est Le Crest dans son enceinte fortifiée percée d'une porte d'entrée.

Sur la bretelle haute qui va de la Saône à la Loire, depuis l'importante ville de Chalon-sur-Saône, il faut voir une importante position fortifiée "Bibracte"...

Musée de New-York, décoration d'un char d'apparat considéré comme étrusque... Non ! Il s'agit d'un char celte.

A qui d'autres que toi pourrais-je dédier mes écrits, ô toi Héraclès, qui sous le nom de Melqart, partis jadis de Tyr pour porter au monde des océans et des mers la splendeur de ta culture phénicienne. Debout sur ton char celte d'apparat, tu dresses une lance qui perce les cuirasses les plus dures, tandis que les âmes des ancêtres réincarnées dans les alouettes du ciel rongent celles de tes adversaires dont la pointe s'émousse et glisse sur ton casque d'airain.

Sur ton bouclier frappé de deux blasons, j'ai vu surgir le lion de Bibracte (à Mont-Saint-Vincent) et la Gorgone de Gergovie (au Crest). 

À gauche la lune, à droite le soleil, en symboles personnifiés. On peut aussi y voir la nuit et le jour. Les deux divinités présentent l'équipement militaire sacré du guerrier celte : le casque et le bouclier.

En dessous, le grand cerf renversé sur le dos accueille le guerrier courageux mort au combat. La bélier dont on voit la tête, en haut, lui promet la "revie". Morts, nus mais purs, les hommes braves montent au ciel par les couloirs latéraux. Ils y survivent et s'y manifestent en revenant sur terre dans des corps d'alouettes pour soutenir le combat des citoyens combattants qui ont pris la relève.

Les Gaulois ne veulent aller ni dans les tristes royaumes du dieu des profondeurs, ni dans les silencieux séjours de l'Erèbe. Ils disent que le corps-âme vit dans l'autre monde (orbe alio). La mort est une phase intermédiaire avant une longue vie. » Et le poète ajoute : Les Gaulois sont heureux quand la crainte de la mort, la plus terrible de toutes, les talonne. Ils se ruent au combat, l'esprit plein de courage. Leurs âmes sont prêtes à recevoir la mort. Ils savent que leur récompense sera la revie qui sera refusée au poltron. (Lucain : Pharsale, livre II)

Le vase de Vix est l’un des plus extraordinaires témoins de la civilisation de Gergovie.

Voici l'armée de Gergovie ! Voyez comme elle défile dans un ordre impeccable, au rythme d'un seul pas. A un escadron de cavalerie succède une unité d'infanterie, puis un autre escadron de cavalerie, puis une autre troupe d'infanterie, et ainsi de suite ; il n'y a ni début, ni fin. L'armée de Gergovie est une armée innombrable et invincible.

 Admirez la légèreté et la rapidité du quadrige, la maîtrise du cavalier dans la tenue des rênes, la finesse et l'intelligence du cheval ! Derrière, l'infanterie lourde n'est-elle pas impressionnante de muscles, de force et de virilité ?

 Voilà donc ces Gaulois dont on a dit qu'ils combattaient "tout nus". Dressée sur son cône volcanique, voici la déesse Gergovie ! Voici l'image douce, intelligente et souriante de la civilisation ! Dans sa main droite, elle tient une phiale, symbole d'hospitalité ; de la main gauche, elle indique la voie à suivre : une voie toute droite sans compromission ni péché.

Décorant les deux anses du vase, voici encore Gergovie, mais cette fois dans son aspect terrible et effrayant. Voici les serpents de la montagne de la Serre ! Voici les deux pattes arrière de la Gorgone qui serpentent, l’une vers le Puy de la Vache, l’autre vers le Puy de l’Enfer. Elles rampent sur le flanc du cratère dans l’aveuglement de leur instinct, irrésistiblement attirées par les puissances infernales qui leur ont donné naissance. Elles rampent vers le royaume de Pluton d’où elles sont sorties, vers les bouillonnements nauséabonds de la lave en fusion.

                    

Le dragon/serpent (le mal) et la Salamandre (le bien) sont nés des volcans Tous deux se sont incarnés dans le plateau. Et suivant le choix qu’elle fait, Gergovie a deux visages : celui de la Gorgone ou celui de la déesse.Le témoignage de Platon : Poséidon s’étant uni à Clito, la rendit cinq fois enceinte, chaque fois de deux enfants mâles. Il donna à Atlas, le premier-né, le territoire de sa mère (Gergovie/Le Crest et la plaine de la Limagne) et à son jumeau nommé Gadire la contrée qui prit le nom de Gadirique (la région de Cadix en Espagne)... Tous ces fils de Poséidon et leurs enfants demeurèrent dans ce pays pendant plusieurs générations et régnèrent sur beaucoup d’autres îles (la Grande Bretagne etc...) situées dans la mer (l’Océan Atlantique) ; et même, comme je l’ai dit auparavant, ils étendirent leur empire en deçà du détroit jusqu’à l’Égypte et la Tyrrhénie (Critias)... Nos livres nous apprennent quelle puissante armée, Athènes a arrêtée dans sa marche insolente, lorsqu’elle envahissait à la fois l’Europe et l’Asie entière en s’élançant du milieu de la mer Atlantique... En outre, en deçà du détroit, ils (les rois de l’Atlantide) dominaient sur la Libye jusqu’à l’Égypte, et sur l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie. Un jour, cette île, réunissant toutes ses forces, entreprit d’asservir votre pays, le nôtre, et toutes les contrées situées en deçà du détroit (Timée).

3/4/1999, FR3 Bourgogne. Ma thèse fait légèrement sourire au mont Beuvray, simple agitation, juge-t-on ici, d'un amateur peu averti. Dans la communauté scientifique, déclare Vincent Guichard, ça fait belle-lurette que plus personne ne doute. Ça fait au moins 130 ans que plus personne ne doute de la localisation de Bibracte, capitale des Eduens, mentionnée par César à multiples reprises, sur le mont Beuvray. C'est absolument clair.

Wikipédia au sujet des Celtes : Habitat. Les maisons étaient en torchis et en chaume et rarement en pierre, il n'y avait pas de cheminée ni de fenêtre. Différents types de charpentes sont présentées dans le cadre du musée de Bibracte. Selon les archéologues du mont Beuvray, nos ancêtres celtes n'auraient connu l'usage de la pierre taillée et reçu la civilisation qu'à l'arrivée des Romains ! ... et pourtant...

4000 ans avant JC : Chassey-le-camp, position militaire sur un rocher rocailleux infertile qui ne s'explique que parce qu'il s'y trouvait un poste "sentinelle" qui gardait l'entrée d'un pagus pratiquant l'élevage et la culture, au centre duquel trônait un horst rocheux aux qualités défensives exceptionnelles : Mont-Saint-Vincent, véritable Bibracte, forme de lion couché. Les relèves pouvant se faire depuis Chalon. 

Xème siècle avant JC : Chalon-sur-Saône sur les voies de l'étain, à l'âge du bronze ; la tour de Taisey qui domine la ville est-elle une fondation cananéenne de Sephoris, alias Nazareth ? Leur tracés au sol s'inspirent d'une même interprétation astrologique, judaïque, du ciel.

A Mont-Saint-Vincent, la forteresse est-elle une fondation troyenne ? Son oppidum reproduit l'enceinte de la ville de Troie. L'Italie n'a-t-elle pas accueilli le troyen Énée ? Pourquoi d'autres Troyens n'auraient-ils pas choisi de s'installer en Bourgogne ? Il n'est pas absurde qu'ils aient choisi le horst de Mont-Saint-Vincent. Il n'est pas absurde qu'ils y aient reproduit le même ovale de leur enceinte sacrée. Fuyant la répression des Achéens après la chute de leur ville vers les années 1200, cette hypothèse n'est pas plus absurde qu'une autre. Est-ce en contradiction avec l'hypothèse que j'ai faite dans un précédent article sur les origines phéniciennes de notre identité nationale http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-origines-pheniciennes-de-notre-69205. Absolument pas ! Dans mon dernier article, j'ai proposé pour l'arrivée cananéenne une date entre l'an - 965 et l'an - 753. L'an - 965 est la date de la construction du temple de Salomon dont l'église de Mont-Saint-Vincent est la réplique. L'an - 753 est celle de la fondation de Rome. 

VIIème siècle avant JC : Chalon-sur-Saône (tour de Taisey), Nuria, colonie payant tribut aux rois assyriens, de même que Carthage (cf. stèle de Chypre."le prisme d’Assarhaddon"). A Chypre, il existe une liste de rois payant tribut aux Assyriens au VIIème siècle. Or parmi eux, on trouve un roi de « Qartihadashti » et un autre de « Nuria/e ». Ces deux noms soulèvent de sacrés interrogations. Le premier désignerait une hypothétique Carthage située à Chypre dont on a jamais trouvé la moindre trace. Quant au second, on ne sait même pas où le situer. Nous avons peut-être tout simplement affaire ici aux plus anciennes mentions connues de Carthage et de Nuerax !... Nuerax, c'est  Chalon-sur-Saône, tour de Taisey.

660 avant JC, le héros grec Persée portant un chapeau et des bottes ailées, avec la kibisis sur l'épaule, détourne le regard pendant qu'il tue Méduse, représentée ici comme un centaure femelle. Détail d'un pithos orientalisant à reliefs. 

  

... Méduse, c'est Gergovie, le cheval, c'est Chalon-sur-Saône (3)

VIème siècle avant J.C. : Mont-Saint-Vincent/Bibracte a son temple en pierres, copie de celui de Salomon. De même, les principales cités des Gaules. Chapiteaux de style sumérien ?

Hécatée de Millet, historien et géographe grec, évoquant notre région "barbare", ne cite que trois villes : Narbonne, Marseille qu'il situe en Ligurie et, au-delà de Marseille, Nuerax, habitée par les Celtes... Nuerax, Nuria, c'est Chalon-sur-Saône (tour de Taisey), ville des Celtes (Chaldéens).

char dit étrusque de Monteleone daté de — 530, que j'attribue aux Celtes avec ses symboles antropologiques de la lune et du soleil rappelant le dieu lune et le dieu soleil des Assyriens. Daté de l'an 530 av. J.-C., ce char est conservé au Metropolitan Museum of Art (Met) de New York. C'est l'époque des grandes invasions celtes en Italie. Sur environ 300 chars antiques dont l'existence est connue, seul six sont raisonnablement complets ; le char "étrusque" de Monteleone est le mieux préservé et le plus complet de tous.... Voyez les chapiteaux arvernes évoquant les reflets du soleil et de la lune dans les eaux du lac de Gergovie. Voyez le vase de Vix daté de — 520, tout cela vient de Gergovie... Le Crest. 

IVème siècle avant JC : Quand Platon, mort en 346 avant JC, évoque le pays des Atlantes dans son Atlantide, c'est la Gaule de Gergovie et de Nuerax/Taisey qu'il nous décrit : ... avec toutes ces richesses qu’ils tiraient de la terre, les habitants construisirent des temples, des palais pour les rois, des ports, des chantiers maritimes, et ils embellirent tout le reste du pays dans l’ordre que je vais dire...

L'histoire continue :

Au Ier siècle avant JC, 8000 juifs esséniens arrivent en Gaule.
Au Ier siècle avant JC, fresques judaïques de Gourdon.

IVème siècle après JC. En 363, carte de Peutinger. Augustodunum, c'est Bibracte, c'est touiours le Mont-Saint-Vincent. Les principales cités des Gaules ont déjà leur basilique, à l'image de la cathédrale d'Autun. Les villes et même les villages ont leur temple à l'image du temple de Salomon.

Renvois

1.Le 18/9/85, le Président Mitterrand fait sa première grande visite officielle au site du mont Beuvray, entouré de nombreux ministres dont celui de la Culture, Jack Lang. M. Pierre Joxe est présent. Le mont Beuvray est déclaré « site national ». Sur la plaque commémorative, on inscrit la phrase suivante : « Ici s’est faite l’union des chefs gaulois autour de Vercingétorix ». A l’issue de son allocution dans laquelle il appelle les Français à la cohésion nationale, François Mitterrand se recueille face à la grande plaine de l’Histoire comme il aimait le faire depuis la roche de Solutré. Bibracte au mont Beuvray ? Les archéologues ont-ils abusé de la crédulité de l’ancien président de la République, François Mitterrand ?... 

1. https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bibracte-au-mont-beuvray-les-219318
2. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-origines-pheniciennes-de-notre-69205.

3.https://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=245433

A l'assaut de la ligne Hindenburg | Documentaire Toute l'Histoire

14 août 1480 : les Turcs massacrent 800 chrétiens d’Otrante qui refusent de se convertir à l’islam

 14 août 1480 : les Turcs massacrent 800 chrétiens d’Otrante qui refusent de se convertir à l’islam

Il est de bon ton de dire que l’Islamisme n’est pas l’Islam et que l’islamisme que nous connaissons aujourd’hui n’a rien à voir avec ce qu’a été de tout temps l’Islam, une religion de paix et d’amour… Il y a un peu plus de 500 ans, les Turcs ne firent pas différemment que les musulmans de l’Etat Islamique aujourd’hui, en massacrant 800 habitants d’Otrante qui refusaient de se faire musulmans. Otrante est en Italie, les Européens semblent avoir oublié aujourd’hui les horreurs commises par l’Islam sur nos terres.

Source : levangileauquotidien.org

Les Saints Martyrs d’Otrante (province de Lecce dans les Pouilles, en Italie) sont les 800 habitants de cette ville du Salento tués le 14 août 1480 par les Turcs conduits par Gedik Ahmed Pacha pour avoir refusé de se convertir à l’islam après la chute de leur ville.
Le 28 juillet 1480, une armée turque, venant de Valona (ville portuaire d’Albanie), forte de 90 galères, 40 galiotes et 20 autres navires (18.000 soldats au total) se présenta sous les murs d’Otrante.
La ville résista de toutes ses forces aux attaques, mais sa population composée seulement de 6.000 habitants ne put s’opposer longtemps au bombardement de l’artillerie turque. En définitive, le 29 juillet la garnison et tous les habitants abandonnèrent le bourg aux mains des Turcs en se retirant dans la citadelle tandis que ceux-ci commencèrent leur razzia, même dans les habitations avoisinantes.

Quand Gedik Ahmed Pacha demanda aux défenseurs de se rendre, ceux-ci refusèrent, et l’artillerie turque reprit le bombardement. Le 11 août, après 15 jours de siège, Gedik Ahmed Pacha donna l’ordre de l’attaque finale et réussit à enfoncer les défenses et à prendre le château.
Un terrible massacre s’ensuivit. Tous les hommes de plus de quinze ans furent tués et les femmes et les enfants réduits en esclavage. Selon certains rapports historiques, les tués furent 12.000 et les personnes réduites en esclavage 5.000, mais la taille de la ville ne semble pas confirmer ces estimations.
Les rescapés et le clergé s’étaient réfugiés à l’intérieur de la cathédrale afin de prier avec l’archevêque Stefano Agricoli. Gedik Ahmed Pacha leur ordonna de renier leur foi chrétienne, recevant un refus net, il pénétra avec ses hommes dans la cathédrale et les fit prisonniers. Ils furent tous tués et l’église fut transformée en étable à chevaux.

L’assassinat du vieil archevêque Stefano Agricoli fut particulièrement barbare, alors qu’il incitait les mourants à s’en remettre à Dieu, il fut décapité, dépecé à coups de cimeterres, sa tête fut embrochée sur une pique et portée par les rues de la ville. Le commandant de la garnison Francesco Largo fut scié vivant. L’un des premiers à être exécuté fut le tailleur Antonio Pezzulla, dit le Primaldo qui, à la tête des Otrantins, le 12 août 1480, avait refusé la conversion à l’Islam. Le 14 août Ahmed fit attacher le reste des survivants et les fit traîner au col de la Minerva. Là il en fit décapiter au moins 800 en obligeant leurs proches à assister à l’exécution.

Les chroniques rapportent que, pendant le massacre, un Turc nommé Bersabei, impressionné par la façon dont les Otrantins mouraient pour leur foi, se convertit à la religion chrétienne et il fut empalé par ses compagnons d’armes.
Toutes les personnes massacrées furent reconnues martyrs de l’Église et vénérés comme bienheureux martyrs d’Otrante. La plus grande partie de leurs ossements se trouve dans sept grandes armoires en bois dans la chapelle des Martyrs bâtie dans l’abside droite de la cathédrale d’Otrante. Sur le col de la Minerve fut construite une petite église qui leur fut dédiée, Sainte Marie des Martyrs.

Treize mois après, Otrante fut reconquise par les Aragonais.
Le 13 octobre 1481, les corps des Otrantins massacrés furent trouvés indemnes par Alphonse d’Aragon et furent transférés à la Cathédrale des Bienheureux Martyrs d’Otrante.
À partir de 1485, une partie des restes des martyrs fut transférée à Naples et reposa dans l’église de Sainte-Catherine à Formiello. Ils furent déposés sous l’autel de la Madone du Rosaire (qui commémore la victoire définitive des troupes chrétiennes sur les Ottomans lors de la bataille de Lepante en 1571). Par la suite les restes furent déposés dans la chapelle des reliques, consacrée par le pape Benoît XIII, depuis 1901, ils se trouvaient sous l’autel.
Une reconnaissance canonique effectuée entre 2002 et 2003, en a confirmé l’authenticité.
Les reliques des martyrs sont vénérées dans de nombreux lieux des Pouilles, à Venise et en Espagne.

Un procès en canonisation commencé en 1539 se termina le 14 décembre 1771, quand le pape Clément XIV déclara bienheureux les 800 victimes du col de la Minerve et en autorisa le culte. Depuis ils sont les protecteurs d’Otrante.

https://www.medias-presse.info/14-aout-1480-les-turcs-massacrent-800-chretiens-dotrante-qui-refusent-de-se-convertir-a-lislam/36978/

1802 : Contre les actes de piraterie des corsaires algériens Bonaparte envoie une escadre avec un ultimatum

 

Depuis le XVIe siècle, les Barbaresques ont changé de stratégie. S’ils ne viennent plus razzier comme au temps de Dragut les populations des îles et des côtes de Méditerranée, provoquant les expéditions punitives de Charles Quint, ils se livrent désormais à la guerre de course, ne se privant pas de capturer les navires marchands venant des ports français. « Le Consulat ne peut plus supporter de tels agissements qui compromettent les transports maritimes indispensables aux liaisons avec les théâtres des campagnes outre-mer, notamment en Égypte ou aux Antilles… Il importe donc de mettre la Régence d’Alger à la raison, par une action diplomatique de préférence à une expédition militaire. »

Bonaparte hausse le ton en mêlant la menace à la diplomatie. Dans le rapport circonstancié établi par Talleyrand, ministre des relations extérieures, sur la situation vis-à-vis d’Alger, il est dit que « le chargé d’affaires demande satisfaction et ne l’obtient pas ; on ose lui faire des propositions injurieuses à la dignité du Peule français : on veut que la France achète l’exécution du traité ! » Autrement dit, le respect par Alger du traité du 28 décembre 1801 exige du gouvernement de la France le versement d’une somme de 200 000 piastres. Procédé qui rappelle celui des Barbaresques ne libérant leurs captifs qu’en échange d’une rançon. Bonaparte ne manque pas de faire connaître l’attitude d’Alger auprès de Selim, sultan éclairé et réformateur, manière de solliciter les Turcs par une pression diplomatique.

« Je débarquerai 80 000 hommes sur vos côtes et je détruirai votre régence »


Le 27 juillet (8 thermidor) la crise est à son point culminant. Bonaparte depuis la Malmaison écrit au dey en menaçant de « détruire Alger et de s’emparer de toute la côte d’Afrique », proclamant en substance : « Je vous fais connaître également mon indignation sur la demande que vos ministres ont osé faire, que je paie 200 000 piastres. Je n’ai jamais rien payé à personne… Et si Dieu ne vous a pas aveuglés pour vous conduire à votre perte, sachez ce que je suis et ce que je peux faire. Si vous refusez de me donner satisfaction, je débarquerai 80 000 hommes sur vos côtes et je détruirai votre régence, car enfin je ne souffrirai pas que vous traitiez mon pavillon comme vous traitez celui des petites puissances du Nord et des petites puissances d’Italie… »
Le 6 août 1802, une escadre française aux ordres du contre-amiral Leisseygues se met en route pour Alger. Partie de Toulon, elle est envoyée par Bonaparte Premier consul, porteuse d’un message délivré par le lieutenant-commandant Hulin pour le dey d’Alger, Mustapha-Pacha.

Le 18 août, l’état-major de l’escadre descend à terre où il est reçu avec déférence par le dey dans le plus magnifique kiosque des jardins de la Régence. Le dey change de ton, présentant des excuses, affirmant « le désir de vivre en bonne intelligence avec la République française », répondant point par point aux objurgations du Consulat.

(…)

Corse Matin

https://www.fdesouche.com/2022/12/26/barbaresques-quand-napoleon-bonaparte-menacait-de-detruire-alger-suite-a-un-chantage-de-la-part-de-son-dey/

mardi 27 décembre 2022

Anne de Beaujeu, troisième régente de France

 

Anne de Beaujeu, troisième régente de France

Fille de France, sœur de roi, duchesse de Bourbon, belle-mère du connétable de Bourbon : Anne de Beaujeu était sans nul doute appelée à un destin exceptionnel. Troisième régente dans l’Histoire du royaume de France, elle brillera également en-dehors de la sphère royale, après s’être retirée des affaires publiques. Elle verra quatre rois se succéder : son père Louis XI, son frère Charles VIII, son cousin Louis XII et enfin François Ier.

La fille exceptionnelle d’un roi contrasté

Fille du grand roi Louis XI, il est inutile de chercher bien loin pour comprendre de qui Anne peut tenir son sens politique. Roi contrasté, entouré d’une légende noire, Louis a sans aucun doute transmis sa force de caractère à la petite Anne plus qu’à son fils, le futur Charles VIII. La jeune fille développe d’autant plus ses aptitudes qu’elle voit son père régner et prend exemple sur lui. Ses qualités et son sens du gouvernement qui s’esquissent petit à petit lui vaudront de la bouche même de son père le qualificatif de « femme la moins folle du royaume ».

Si Louis XI est si célèbre, c’est en partie car il a œuvré pour la grandeur du royaume et n’a pas hésité à se heurter aux duchés et aux provinces pour consolider l’autorité royale et mettre fin aux diverses contestations. Il est notamment connu pour sa lutte contre le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Sa mauvaise réputation se trouve sans conteste largement exagérée, sa ruse et sa grande fermeté lui ayant attiré bien des ennemis.

Il marie Anne à l’âge de douze ans à Pierre de Beaujeu, cadet des Bourbons. Malgré les vingt-deux ans de différence du couple, ils se révèlent très unis et bien assortis, particulièrement en ce qui concerne la politique. Ce mariage permet de renforcer le pouvoir de Louis XI sur le puissant duché des Bourbons dans le cadre de sa lutte contre les Grands du royaume.

Une régente sans le titre

Anne a vingt-trois ans quand son père meurt ; son frère seulement treize. Elle convoque alors les États généraux qui proclameront l’inutilité de la mise en place d’une régence, le jeune roi allant avoir quatorze ans, âge de la majorité. Cependant, cela n’empêchera pas Anne de Beaujeu d’exercer un immense pouvoir politique jusqu’aux vingt ans de Charles VIII, voire jusqu’à la mort de ce dernier. En effet, son époux et elle sont malgré tout nommés tuteurs du jeune roi, les États décidant que l’éducation du souverain doit leur revenir. La jeune femme se retrouve ainsi régente dans les faits, mais non dans le droit.

Sa première tâche : mettre au pas Louis d’Orléans, le grand rival du roi

Dans un premier temps, Anne se heurte violemment à Louis d’Orléans, premier prince de sang. Ce dernier étant l’héritier de Charles VIII dans l’éventualité où celui-ci mourrait sans fils, il tente à tout prix de s’imposer, mais se trouve rapidement écarté du pouvoir par les États généraux évoqués ci-dessus, au profit d’Anne.

Néanmoins, il revient rapidement sur le devant de la scène politique : suite à moult provocations envers la Couronne, il se réfugie en Bretagne. Anne n’hésite pas à réunir ses troupes pour attaquer le duché, ce qui conduira à la célèbre « guerre folle ». Finalement capturé à Saint-Aubin-du-Cormier, près de Rennes, il passera trois ans en prison.

Cet événement constitue une très grande victoire pour la sœur de Charles VIII : celle-ci s’étant réellement impliquée dans le conflit, même du point de vue militaire, l’heureux dénouement en 1488 conforte sans aucun doute son assise et son autorité. Ainsi, la régente se trouve plus que légitime pour régner.

La Bretagne : le triomphe d’Anne

Mais Anne ne s’arrête pas à cette première victoire : elle marie en 1491 Charles VIII avec la jeune héritière Anne de Bretagne, bien que cette dernière soit mariée par procuration à Maximilien d’Autriche (les dispenses papales sont à l’époque bien pratiques !). D’après le contrat nuptial, la jeune mariée cède son duché au roi de France en cas d’absence de descendance.

Mais par ce mariage royal, Anne doit céder sa place de première dame de France. Et ce d’autant que son petit frère entend bien profiter de sa vingtaine et de son mariage pour s’éloigner quelque peu de cette sœur si intelligente et si douée, mais dans l’ombre de laquelle il vit depuis trop d’années. La nouvelle reine de France ne peut qu’approuver cette décision : bien qu’en retrait face à sa belle-sœur, notamment dû à son jeune âge, Anne de Bretagne se trouve dotée d’un solide caractère ne facilitant pas les relations entre les deux femmes.

Néanmoins, c’est à sa sœur (et son époux) et non à sa femme que le roi confiera le royaume lors de son départ pour l’Italie : encore une occasion pour Anne de Beaujeu de mettre ses talents au service de la France.

La mécène des arts

Le rôle politique d’Anne de Beaujeu prend fin lorsque son frère, âgé de vingt-sept ans, meurt tragiquement en se cognant la tête contre un linteau de porte. Aucun des enfants du couple royal n’ayant survécu, la couronne passe à Louis d’Orléans, qui attend son heure depuis si longtemps et qui épouse la jeune veuve, selon le contrat nuptial.

Anne et Pierre décident donc tous deux de se retirer, laissant à Louis XII un pays prospère et en paix : un bilan plus que réussi !

Ils vont ainsi pouvoir s’occuper de leurs affaires personnelles : Pierre étant un puissant prince, à la tête d’un grand duché (son frère aîné étant mort), ils développent tous deux la cour du château de Moulins. Entourés de nombreux courtisans et d’artistes venus de loin, le rayonnement culturel de la cour est immense. Anne joue alors réellement un rôle de mécène et inspire les autres cours européennes.

L’éducatrice

Par ailleurs, l’unique enfant d’Anne et Pierre, Suzanne, permet à la duchesse d’écrire un traité d’éducation, intitulé Enseignement à ma fille. Elle y explique le comportement approprié d’une femme noble et les qualités morales comme physiques qu’elle doit posséder.

Elle se voit d’ailleurs confier nombre de jeunes filles qui deviendront des personnages phares de leur époque : Marguerite d’Autriche, Marie Tudor, Louise de Savoie ou encore Diane de Poitiers. Grâce à Anne, les princesses se voient dotées d’une éducation culturelle, artistique, érudite, grâce à laquelle elles pourront briller en société.

La duchesse de Bourbon

Anne est très attachée à son duché et tient tout particulièrement à préserver son indépendance (ce qui est plutôt ironique quand on songe à son acharnement à intégrer la Bretagne dans le royaume de France !).

Le problème de succession se posant à la mort de Pierre est l’occasion pour elle d’user à nouveau de son talent politique. Malgré l’absence d’héritier mâle, la duchesse réussit à transmettre intégralement le domaine à sa fille, pour laquelle elle arrange d’ailleurs un astucieux mariage avec Charles de Bourbon.

Ce choix paraît plus que pertinent : Charles devient connétable de Bourbon et est auréolé de gloire sur les champs de bataille. En outre, il devient héritier de la principauté au décès de Suzanne.

Malheureusement, cela ne plaît guère au nouveau roi, François Ier. La mère du roi, Louise de Savoie, s’empresse alors d’intenter un procès contre lui au sujet de ses terres, en clamant que ses liens de parenté avec Suzanne lui donnent droit au duché. Cette rivalité sera une des causes de la fuite du connétable auprès de Charles Quint, dont il est aussi, rappelons-le, le sujet.

Anne meurt en 1522 ; son duché bien-aimé s’effondrera quelques temps après. Anne de France n’est donc pas seulement une des grandes régentes qu’a connues la France : elle est aussi la dernière grande féodale.

Diane A. Roger – Promotion Tolkien

https://institut-iliade.com/anne-de-beaujeu-troisieme-regente-de-france/

Le sens de la fête... au XVIIIe siècle, avec Pauline Valade

Paris, Londres et le Vatican : Le renseignement russe déclassifie des documents sur la Seconde Guerre mondiale

 

 

Le Service de renseignement extérieur russe a déclassifié des documents révélant des projets du Royaume-Uni et de la France d’attaquer l’Union soviétique en 1940 depuis le Finlande. Des archives signalent également que le pape Pie XII savait que l’Allemagne nazie préparait la campagne de Russie.

L’Union soviétique, le Royaume-Uni et la France n’ont pas toujours été alliés face à l’Allemagne nazie. Au contraire même, en 1940, pendant la Guerre d’Hiver russo-finlandaise, Londres et Paris voulaient « mener la guerre contre l’URSS sur le territoire de la Finlande » et n’excluaient pas que « l’Allemagne y participe aussi », révèle un document déclassifié par le Service de renseignement extérieur (SVR) russe.

« La France et le Royaume-Uni souhaitent vivement que la guerre se poursuive longtemps afin d’affaiblir la puissance de l’URSS », a rapporté une source du renseignement soviétique en Chine début mars 1940.

La source notait que Londres et Paris essayaient d’utiliser la Guerre d’Hiver pour monter l’opinion publique contre l’URSS et pour rendre la population de ces pays favorable aux mesures des gouvernements contre Moscou.

Guerre d’Hiver

Pour rappel, dès le début de la Guerre d’Hiver en novembre 1939, l’Occident a fourni à la Finlande un soutien non seulement diplomatique mais aussi militaire.

Il a envoyé 350 avions de combat, environ 1500 pièces d’artillerie de différents calibres, 2,5 millions d’obus, 6000 mitrailleuses et 5000 fusils. Des ressortissants de plusieurs pays d’Europe se battaient du côté de la Finlande.

De plus, la Grande-Bretagne et la France préparaient un débarquement de leurs troupes dans le nord et dans le sud de l’Union soviétique. Toutefois ce débarquement n’a pas eu lieu car la guerre s’est terminée le 13 mars 1940.

Le pape savait quand le 3e Reich attaquerait l’URSS

Comme l’indique un autre document déclassifié, le pape Pie XII était au courant d’une attaque imminente de l’Allemagne contre l’URSS en avril 1941. Il s’agit notamment d’un télégramme chiffré, arrivé à Moscou le 3 mai 1941 et adressé à « Victor », le pseudonyme opérationnel du chef du service de renseignement extérieur soviétique Pavel Fitin.

« Le mercredi 23 avril, une réunion secrète de 400 jésuites a eu lieu chez le pape, qui leur a demandé d’accroître leur activité en Orient », indique le document.

Le télégramme parle des « jésuites situés dans les États baltes, l’Ukraine occidentale et la Biélorussie ». Le souverain pontife leur ordonne notamment « de se concentrer progressivement plus près de la frontière, car une offensive allemande contre l’URSS est attendue peu après la liquidation de la question grecque », soit la fin de l’envahissement de la Grèce par les nazis.

source : Sputnik Afrique

https://reseauinternational.net/paris-londres-et-le-vatican-le-renseignement-russe-declassifie-des-documents-sur-la-seconde-guerre-mondiale/

Ce que L.F.-Céline m'a appris (le Voyage au bout de la nuit)

Mémoires de Louis XIV à son fils : une leçon royale

 

LOUIS xiv

Le prochain tricentenaire de la mort du « grand Roi » risque bien de ne pas être célébré par notre république décadente, de la meilleure des façons.

En modeste contribution réparatrice anticipée, nous voudrions ici conseiller à qui ne l’aurait pas déjà fait, de lire un petit ouvrage de sa main royale. Pour tous les chefs d’états, et plus encore tous les rois, ce serait en tout cas une bonne lecture, même si, comme très souvent, ils n’ont désormais qu’un pouvoir bien fictif.

louis XIV

En 1806, lors de la publication de cet écrit qui n’était pas destiné à l’être, Chateaubriand déplora le titre que lui donna alors l’éditeur : « Le métier de roi », considérant que la royauté n’était pas un rôle qu’on apprend, mais une fonction reçue par la naissance et de par l’onction divine.

Il reste, sauf le respect dû à l’éminent vicomte écrivain, que si « Louis le grand » s’adressait ainsi au Dauphin, et à lui seul, c’était bien selon « l’obligation commune des pères, qui est d’instruire leurs enfants par l’exemple et par le conseil », mais aussi comme ne pourraient le faire ceux qui « n’auront pas régné, et régné en France », car « plus la place est élevée, plus elle a d’objets qu’on ne peut ni voir, ni connaître qu’en l’occupant ».

C’est là le rare et principal mérite d’une oeuvre qui n’en manque pas, et c’est, par exemple, un privilège que Le Prince de Machiavel, tellement encensé de nos jours, ne peut partager. Il serait d’ailleurs fort intéressant de relever les convergences et les divergences entre les deux oeuvres qui ont, en tout état de cause, la même modestie de volume. A notre connaissance, rien ne prouve que la lecture du florentin ait directement inspiré le Roi-Soleil, qui, dans tous les cas, ne partage pas son cynisme. Au demeurant, il ne se réclame ni de cet auteur, ni d’aucun autre, et n’évoque, pour fondement de ses conseils, que son expérience et ses observations. Achevées, pour leur seconde partie, en 1670, avant l’apogée du souverain écrivain, ces mémoires ne bénéficièrent pas effectivement à leur destinataire, mort en 1711 dans les difficiles dernières années du règne de son père.

Certains n’y verront peut-être qu’une série d’auto-justifications. Ce serait oublier qu’il ne s’agit ici ni d’une brochure de propagande d’un candidat à la majorité d’un suffrage populaire, ni du plaidoyer d’un vieillard auprès de son héritier. Si le plus puissant monarque d’Europe dans la force de son âge a distrait, comme il l’a écrit, une partie de son temps précieux, c’est pour une oeuvre capitale en monarchie héréditaire : l’éducation politique de son successeur présumé.

Prénommé « Louis-Dieudonné » en gratitude de sa naissance considérée comme miraculeuse après 23 ans d’attente, Louis XIV fut roi à 5 ans. Se demandant si « n’avoir pas pris d’abord à moi-même la conduite de mon état », de fait jusqu’à 18 ans, était une faute, il veut surtout montrer comment, contraint par « l’état des choses », on se prépare à régner en jetant des « yeux de maître » sur l’état du royaume. Finances, Eglise, Noblesse, Justice, analysées, « le désordre régnait partout ». Il lui restait à ce moment, la rare chance qu’un souverain doit saisir pour bien agir : l’absence de révoltes à l’intérieur du Royaume et de guerre avec l’étranger.

Le bon sens lui dicta d’abord deux principes : accepter l’imperfection, et compter sur « le temps, l’action même, le secours du Ciel » et les circonstances. Après la mort de Mazarin, il prend sa grande décision : « rendre ma volonté bien absolue » à deux conditions nécessaires : « un grand travail de ma part », tous les jours, « c’est par là que l’on règne » quoiqu’en disent les courtisans dans leurs préjugés aristocratiques, et « un grand choix des personnes pour me seconder » donc pas de premier ministre, « partager ma confiance » en une sélection, à son goût, limitée, diversifiée, sûre, et où nul n’est « d’une  qualité trop éminente », faire sentir enfin que le Roi est informé de tout, et après d’indispensables conseils, décide souverainement « la décision a besoin d’un esprit de maître », et dispense de même « ses grâces », ce qui rassure chacun.

Il reste la part de l’intuition : « La sagesse veut qu’en certaines rencontres on donne beaucoup au hasard; la raison elle-même conseille alors de suivre je ne sais quels mouvements ou instincts aveugles au-dessus de la raison, et qui semble venir du Ciel (…) ni livres, ni règles, ni expérience ne l’enseignent : une certaine justesse et une certaine hardiesse d’esprit le font trouver, toujours plus libres en celui qui ne doit compte de ses actions à personne ».

Les principales règles une fois posées, suit la mise en ordre du Royaume dans chaque domaine déjà évoqué, des actes symboliques marquant cette prise de pouvoir. Leurs détails décrits par le Roi, peuvent être discutés, non dans le présent article, mais au tribunal de l’Histoire véritable. Il reste que leurs effets positifs, sur cette période du moins, ne sont guère contestables. Il en va de même pour la politique étrangère diplomatique et guerrière, victorieuse jusqu’au-delà de cette période.

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Retenons seulement ici, au fil des évocations de ses actions, quelques leçons et recommandations essentielles : « de toutes les fonctions souveraines, celle dont un prince doit être le plus jaloux, est le maniement des finances » sinon ses plus nobles projets sont soumis « au caprice », d’un surintendant par exemple … poste qu’il supprime d’ailleurs après la disgrâce de Fouquet. De multiples mesures concrètes pour assurer l’indépendance économique et financière du Royaume confirment ici cette priorité. La première d’entre elles, en ce domaine, eut pourtant une autre priorité, celle de « soulager mes peuples » car « Nous devons considérer le bien de nos sujets plus que le nôtre propre (…) puisque nous sommes la tête d’un corps dont ils sont les membres », ce qu’illustre notamment  « dans le génie de nos français (…) l’accès libre et facile des sujets au Prince » et, pour chacun, le recours possible à lui, par placets.

Pour ce qu’il en est de l’Eglise : « Gardez-vous bien, mon fils, je vous en conjure, de n’avoir dans la religion que cette vue d’intérêt, très mauvaise quand elle est seule, mais qui d’ailleurs ne vous réussirait pas, parce que l’artifice se dément toujours et ne produit pas les mêmes effets que la Vérité » et  enfin, pour le rapport entre gouvernements Divin et humain : « Vous devez reconnaître avec soumission une puissance supérieure à la vôtre et capable de renverser quand il lui plaira vos desseins les mieux concertés (…) soyez toujours persuadé d’un autre côté, qu’ayant établi elle-même l’ordre naturel des choses elle ne le violera pas aisément (…) quand elle veut rendre un roi heureux, puissant, autorisé, respecté, son chemin le plus ordinaire est de le rendre sage, clairvoyant, équitable, vigilant et laborieux. »

Ne supposer dans ces propos que souci démagogique de se glorifier publiquement, serait oublier pour quel unique lecteur ils ont été écrits.

Dans le domaine des conquêtes et des relations avec les autres états, ses réflexions font penser par avance à la célèbre phrase de Clausewitz  : « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », par l’usage mesuré et raisonné qu’il montre alors de cette continuation.

La place nous manque ici décidément, pour restituer ou commenter suffisamment les richesses et les profondeurs des analyses et des jugements royaux.

Confions alors notre conclusion à deux de ses lecteurs illustres.

Saint-Beuve tout d’abord : «  Bien des esprits distingués et sérieux ne s’inquiètent même pas de savoir s’il y a lieu de lire ces écrits attribués aux plus grands noms, et où se vérifie à chaque page la marque de leur génie et de leur bon sens »

et revenons pour finir à Chateaubriand qui, d’un trait amusé, libère le Grand Roi de sa réduction ad statuam :  « On est charmé qu’un si beau buste n’ait point une tête vide » !

https://www.medias-presse.info/memoires-de-louis-xiv-a-son-fils-une-lecon-royale/37305/

La France est un roman d'amour

lundi 26 décembre 2022

Titanic, anatomie d'un géant | Toute l'Histoire

Louis Veuillot, la conversion et le combat exceptionnels d’un homme exceptionnel

 Louis Veuillot, la conversion et le combat exceptionnels d’un homme exceptionnel

« Tout ce qui est national est nôtre, tout ce qui est catholique est nôtre ! » se plaira à dire Louis Veuillot, journaliste, polémiste, épistolier, écrivain et, avant tout, catholique.

armi les nombreuses très fortes personnalités qui marquèrent le XIXe siècle, Louis Veuillot s’est taillé une place de choix qui ne tient pas seulement à une intelligence exceptionnelle. Journaliste, polémiste, épistolier, écrivain et, avant tout, catholique ; cet homme de conviction sans concession, a laissé, à travers ses écrits, la description de ce qu’il fût pour la France, l’Eglise et son siècle.

Dans tous les sens du terme et dans toutes les situations, ce fût un homme d’honneur, méprisant les profits matériels pour en défendre de plus hauts.

Jamais il ne cacha ses modestes origines où, avant lui, nul de sa lignée paternelle ni maternelle, ne sut lire ni écrire, mais dans leur condition si modeste, on relève déjà de forts caractères ; ainsi, son aïeule maternelle, Marianne Adam, en 1793, menaça hautement, la plus lourde cognée de son mari en mains, d’abattre le premier qui oserait toucher au grand crucifix du village ; elle l’eût fait et personne n’osa s’approcher. Du côté paternel, les révolutionnaires confisquèrent le moulin dont vivait chichement l’ancêtre Veuillot. La mort et la misère s’en suivirent et l’un des nombreux orphelins, François, père de Louis, réussit, par des efforts prodigieux d’intelligence et de courage à devenir tonnelier. Il ne savait pas lire et depuis sa tendre enfance, dût gagner sa vie au jour le jour. Il devait mourir à 50 ans, à Bercy, épuisé par un dur labeur quotidien qui ne lui assura jamais que le strict minimum. Ainsi que l’écrit son fils, arrivant juste à temps pour le trouver à l’agonie :

« …C’était un simple ouvrier, sans orgueil et sans lettres. Mille infortunes obscures et cruelles avaient traversé ses jours remplis de durs labeurs… ».

Sa femme, une autre Marianne Adam, avait hérité de la fierté et de l’ardeur au travail des siens. Elle en eût bien besoin dans le milieu des besogneux de cette époque.

Leur vie de ménage débuta en Gâtinais, à Boynes. Un fils, Louis, leur naquit en 1813. Au bout de cinq ans de labeur et d’épargne, le peu d’argent recueilli leur fût enlevé par un négociant malhonnête. Pour cacher leur nouvelle misère, la famille partit vers Paris, à Bercy, où naquit un second fils, Eugène. Louis Veuillot raconte à ce sujet :

« La plus ancienne joie dont je me souvienne, fût de voir ce beau petit frère endormi dans son berceau. Dès qu’il pût marcher, je devins son protecteur… ».

Et les deux frères grandissent, souvent séparés, inséparables toujours. Plus tard, il y eût deux sours : elles furent ses filles. Le premier argent qu’il gagna fût pour elles ; il ne voulût pas que leur enfance ressemblât à la sienne ; Annette et Elise Veuillot reçurent au couvent des oiseaux, une belle et bonne éducation.

Dès 4 ans, Louis avait fréquenté l’école de Boynes où on lui donna un petit alphabet. Après la première leçon, il déchira la page qu’il savait, n’étant pas d’humeur à apprendre deux fois la même chose. On le punit. Il recommença. Pour mettre fin à cette manie de la destruction, il reçut un abécédaire tracé sur une planche, qui lui servit à son instruction, mais aussi à frapper sur le dos de ses camarades. Il fallût le lui ôter. Après quelques mois passés à Bercy, à 5 ans, Louis est renvoyé à Boynes,, chez ses grands-parents.

Là, mis à l’épluchage du safran, comme tout le monde au village, il comprit immédiatement, mais en eût vite assez et déclara qu’il avait autre chose à faire. Aucune mesure ne vînt à bout de sa résistance. Cet enfant était indomptable. A l’école, il est le premier.

L’instituteur prédit qu’il ira loin. Une sorcière des environs annonce qu’il sera empereur ! En attendant, il se casse le bras et attrape la petite vérole dont il restera profondément marqué au visage. De cette enfance agreste, il conservera toujours l’amour des champs et l’horreur du boulevard parisien.

Il ne reverra ses parents qu’à 10 ans et sa mère aura du mal à le reconnaître. A Bercy, avec un maître ivre du matin au soir, il n’apprend rien, si ce n’est quelques leçons de syntaxe, d’histoire et des rudiments de latin que lui donne un sous-maître qui s’était pris d’affection pour lui. Il fait sa première communion sans préparation, ni lendemain et, la misère aidant, il va lui falloir gagner sa vie. Par des amis, 20 F par mois lui sont offerts chez Me Delavigne avoué à Paris. Voici ce qu’il en dira plus tard :

« J’allais demeurer hors de la maison paternelle. J’avais 13 ans, abandonné dans le monde, sans guide, sans conseils, sans amis, pour ainsi dire sans maître, à 13 ans, sans Dieu ! O destinée amère… ».

N’ayant pas seulement de quoi se suffire, il arrive dans un milieu de clercs cultivés, aisés, insouciants, qu’il surprend par son intelligence, amuse, et intéresse. On lui prête des livres qu’il dévore ; on lui donne des billets pour le spectacle, il n’en manque aucun. Il reçoit quelques leçons ; l’étude de Me Delavigne lui tient lieu d’université. Il y fait la connaissance de Gustave Olivier, l’ami qui le guidera et surtout, lui apprendra qu’il peut être aimé. Quelle découverte pour cet enfant tellement sensible sous l’écorce dont il se protége !

A 15 ans, le voici troisième clerc avec 30 F par mois et logé. Son éducation et son instruction se poursuivent au gré des circonstances. Un petit article de lui est inséré dans le Figaro, et on arrive en 1830, à la chute de Charles X, qu’il observe et décrit :

« J’avais 17 ans quand je vis les médiocres enfants de la bourgeoisie qui m’entouraient s’applaudir d’avoir démoli l’autel et le trône ; j’avais 18 ans quand je vis la bête féroce abattre la croix ; déjà mes anciens compagnons se félicitaient moins. Débordés aussitôt que vainqueurs, les bourgeois effarés appelaient de toutes parts au secours. N’ayant sans doute ni assez de tête ni assez de cour, il leur fallut accepter des enfants comme défenseurs de l’étrange ordre social qu’ils venaient d’établir ».

Grâce à Gustave Olivier, il entre alors dans sa carrière de journaliste à « L’écho de la Seine Inférieure ».

A Paris, Bugeaud qui l’a remarqué, l’envoie à Périgueux au titre de rédacteur en chef de la feuille gouvernementale. Il a 19 ans et en deux ou trois ans, il désarçonne tous ses détracteurs. C’est un polémiste cinglant auquel la société périgourdine subjuguée ouvre ses salons et l’adule. On le reçoit partout ; il s’amuse, fait des dettes mais travaille et porte un regard aigu sur ce qui l’entoure. Il papillonne et laissera un peu de son cour à Périgueux.

En 1834-1835 Gustave Olivier lui apprend qu’il est chrétien. Louis Veuillot en est troublé.

A Paris, Guizot revenu au gouvernement cherche des journalistes. Sur les conseils de Gustave Olivier, Veuillot quitte la province pour entrer dans le journal « La charte de 1830 » ; en 1837, il passe à « La Paix ».

Il mène une vie désordonnée, dépense plus qu’il ne gagne et n’est pas heureux. A nouveau, Gustave Olivier est sur son chemin, en partance pour Rome et Constantinople, entraînant Louis.

« Il était temps, a-t-il jugé plus tard. J’avais 24 ans, je devenais philosophe ; la fortune me souriait. J’avais vu bien des hommes, je commençais à mépriser bien des choses. Au détour du chemin, je rencontrai Dieu. Il me fit signe ; j’hésitais à le suivre. Il me prit par la main, j’étais sauvé ».

Ces quelques lignes résument l’âpre combat qui se livra dans son âme, à Rome, changeant instantanément le cours et le sens de sa vie… Lire la suite sur La Porte Latine

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