jeudi 12 décembre 2024

Les Français dans le monde berbère

 

You are currently viewing Les Français dans le monde berbère

Par Pierre Gourinard

Les polémiques engendrées par l’histoire de la Colonisation traduisent une carence inquiétante, l’oubli de l’humain. L’économique prime le politique et il ne peut y avoir de véritable débat, parce que les aspects « positifs » ou « négatifs » de la Colonisation ne sont trop souvent qu’une bataille de chiffres et de statistiques sans référence au colonisateur ou au colonisé.

Le cadre géographique

Eugène Guernier, professeur à l’Institut des Hautes Etudes marocaines, écrivait dans La Berbérie, l’Islam et la France, paru en 1950, que les Berbères travailleront peut-être quelque jour : « à la résurrection de leur âme, en découvrant l’héritage spirituel légué par les générations disparues ».

Ainsi pourrait revivre l’âme d’un peuple oublié  et son histoire pourrait-elle être écrite « vu du dedans », plus que « du dehors ». Le terme de « Berbérie », inusité jusque-là, peut témoigner de l’individualité d’un peuple.

Mais cette définition du monde berbère est d’autant plus malaisée que les communautés que l’on peut désigner sous ce vocable n’ont pas eu de langue écrite qui ait pu témoigner durablement de leur pensée.

Le recours au cadre géographique est nécessaire. Les auteurs de l’Antiquité n’avaient pas trouvé d’expression propre pour les pays que nous désignons sous le nom d’Afrique du Nord. Le terme de Libye fut employé avant les dénominations administratives romaines, Africa, Numidie, avec ses trois divisions : Sitifienne, Césarienne et Tingitane, Maurétanie et enfin Byzacène. Le nom d’Africa a dépassé le cadre de l’actuelle Tunisie du nord pour désigner toutes les possessions romaines. Les Vandales ont, de leur côté, changé le nom d’Africa ou Province Proconsulaire en Zengitane. Après beaucoup d’appellations imprécises, les géographes musulmans ont désigné sous le nom de « Maghreb », Pays du soleil couchant, les territoires situés à l’ouest de l’Égypte jusqu’à l’Océan Atlantique.

À l’époque moderne, les dénominations de Maroc, Régence de Tunis et d’Alger ont été employées, mais le premier seul traduisait une réalité durable. L’établissement de la souveraineté française en Algérie, à partir de 1830, et le Protectorat français sur le Régence de Tunis, en 1881, ont permis l’adoption définitive des noms d’Algérie et de Tunisie.

Structure sociologique de l’Afrique du Nord

Dès la fin de la Préhistoire, le fonds de la population de l’Afrique du nord est formé de Berbères, qu’il vaut mieux qualifier de « Berbérophones », car rien n’est moins certain que l’unité ethnique de ces populations. Les diverses invasions de l’Afrique du nord ont modifié leurs caractères ethniques, mais toutes n’ont pas laissé de traces durables dans leur mode de vie et la culture des populations. Si les invasions arabes des VIIet XIsiècles ont détruit la civilisation romano-chrétienne en lui substituant l’Islam, l’expansion française aux XIXe et XXe siècles a introduit une nouvelle civilisation et les conséquences furent capitales pour toute l’Afrique du nord.

L’origine du mot « Berbère », essentiellement latine, désigne le « Barbarus » étranger au monde romain, mais le vocable a pris des sens variés. Il s’agit essentiellement de populations qui parlaient la langue berbère, mais certaines d’entre elles vivent hors de l’Afrique du nord. Il faut donc considérer une signification linguistique et les différends dialectes des berbérophones permettent de les distinguer des autres groupes sociaux de l’Afrique du nord.

Les Berbère se nomment eux-mêmes « Imazighen » (singulier : Amazigh) L’extension de ce nom est attestée par de nombreux indices, dont certains remontent à l’Antiquité. Son premier sens semble avoir été « homme libre » ou « homme de noble origine ».

En dehors de l’Afrique du nord, l’on trouve des îlots berbérophones en Egypte occidentale, (Oasis de Siwa, près de la frontière libyenne) au nord du Sénégal et au sud du Niger. Mais hormis quelques zones compactes comme le Riff, l’Atlas marocain, la Grande Kabylie et l’Aurès, ce sont surtout des îlots linguistiques. Très peu nombreux en Libye et en Tunisie où ils ne représentent que 2% de la population, les Berbères sont une minorité importante en Algérie et surtout au Maroc, où ils étaient évalués à 45% de la population au début des années 1950.

L’instabilité des institutions politiques

Hormis l’exception marocaine les Berbères n’ont pas réussi à créer des états durables avec une civilisation propre. Et encore, l’apparition d’une conscience nationale marocaine n’est-elle pas un phénomène uniquement berbère.

Pour trouver les raisons de cette carence, il faut se reporter à l’histoire de l’Afrique du nord, souvent ennuyeuse, parce qu’elle manque d’unité. Rien ne rappelle cet effort patient des souverains de France, Espagne, Autriche et Prusse, pour rassembler des terres autour d’un noyau central.

Les Berbères n’ont pas eu conscience du « désir d’être ensemble », selon l’expression de Renan. Toute unité de destin entre eux leur était étrangère.

En conséquence, les institutions politiques ne pouvaient guère se développer. Les sociétés berbères vivaient sinon en pleine anarchie, du moins en opposition, violente parfois, avec tout ce qui voulait constituer un pouvoir central, en somme avec une hiérarchie. Le Berbère pouvait se rallier à la cause de quelqu’un, mais l’Histoire n’offre pas d’exemple d’adhésion à un principe ou à une fusion réelle avec une autorité extérieure.

Cette instabilité des institutions est-elle seulement une animosité instinctive à l’égard de toute hiérarchie ? Il est possible de l’expliquer par le souci égalitaire des personnes, mais cette remarque pourrait être démentie par l’existence des empires berbères, almoravides et almohades ou dynasties marocaines issues du Tafilalet. En effet, hormis la dynastie alaouite du Maroc, aucune n’a pu durer. Comment déterminer les raisons de ces expansions suivies de décadences et de disparitions ? Une constante peut apparaître, la réunion de familles ou de tribus, se résignant à une hiérarchie sous la pression d’un danger commun, puis retournant à une vie cellulaire.

La société berbère vue par Renan

Ernest Renan avait étudié la société berbère de son temps, et les traits donnés dans un article de la Revue des deux mondes méritent d’être retenus :

« La facilité extrême qu’ont eue à toutes les époques les conquérants pour s’établir dans le nord de l’Afrique, vient du manque totale d’institutions centrales, d’armées, de dynasties, de noblesse militaire. On ne vit jamais société plus faible pour se défendre contre l’envahisseur. »

Renan insistait également sur les institutions d’assistance mutuelle très bien organisées en pays kabyle, où la coutume a force de loi. Tous les travaux individuels, précisait-il, sont exécutés en commun.

Cette étude de la société berbère était encore actuelle au XXe siècle et d’autres considérations pouvaient être ajoutées. Ainsi, si l’assistance mutuelle a toujours constitué un principe de base, toute rupture a été à l’origine de multiples luttes entre villages voisins et l’histoire de la Guerre d’Algérie de 1954 à 1962 explique plus d’un ralliement, peu compréhensible de prime abord, à la rébellion.

Renan terminait son article en affirmant que les grands états ne pouvaient être le résultat de la démocratie. C’était la raison pour laquelle la Berbérie n’a jamais pu constituer une nation.

Cette impossibilité rejoint une remarque de Christian Courtois, pour qui deux Afriques apparaissaient, l’une influencée par Rome, l’autre demeurée étrangère à l’« orbis romanus », dont l’histoire est inconnue faute de sources écrites.

Une notion actuelle de « berbérité »

À l’heure actuelle, après les remous de la décolonisation, certains Berbères d’Afrique du nord tentent de faire revivre ce que l’on appelle maintenant « l’amazighté ».

Une publication d’une éditrice italienne francophone, de Casablanca, sur Ptolémée de Maurétanie, le dernier Pharaon relance le débat.

Pour M. Péroncel-Hugoz, ce néo-berbérisme tente au moins « de contourner le postulat islamique en vertu duquel tout ce qui précède Mahomet appartient à l’ère de l’ignorance ».

https://www.actionfrancaise.net/2024/12/11/les-francais-dans-le-monde-berbere/

Quelle fut la pire déroute militaire des États-Unis sur le sol russe ?

 

par Boris Egorov.

Russes et Américains se sont rarement retrouvés face à face sur le champ de bataille. Les escarmouches les plus sanglantes ont eu lieu pendant la participation des États-Unis à la guerre civile russe.

Le 19 janvier 1919, au petit matin, dans le village de Nijniaïa Gora, au nord de la Russie, le ciel apparaissait clair et glacial. Les soldats américains stationnés là dormaient paisiblement dans leurs lits jusqu’à ce qu’une soudaine et puissante canonnade d’artillerie les fasse se lever. Alors qu’ils accouraient au dehors, à quelques centaines de mètres de là, ils ont aperçu des lignes de soldats de l’Armée rouge, tout de blanc vêtus, surgir de sous la neige. C’est ainsi qu’a commencé une bataille qui a largement déterminé le sort de l’intervention étrangère dans le Nord russe pendant la guerre civile.

Des soldats américains sur le sol russe

Un soldat américain pendant le chargement des fournitures sur un navire à destination de la Russie soviétique en 1918
National Archives and Records Administration (NARA)

La principale raison qui a poussé les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France à intervenir en Russie est la conclusion du traité de Brest-Litovsk, le 3 mars 1918, entre les Empires centraux et le gouvernement bolchévique récemment établi. Les Allemands auraient alors pu déverser toute leur puissance sur les Français après le retrait de la Russie, ce que les Alliés ne pouvaient permettre.

Il a donc été décidé à Washington, Paris et Londres de fournir un soutien militaire et matériel aux opposants des bolcheviks – les « Blancs », qui ont ouvertement déclaré être prêts à mener la guerre contre l’Allemagne jusqu’au bout. En outre, une énorme quantité de cargaisons militaires précédemment fournies par les Alliés à l’armée russe s’était entassée dans les ports russes et il était important de les garder hors des mains des communistes.

Un avant-poste dans le Grand Nord russe
National Archives and Records Administration (NARA)

Au cours de l’été 1918, plus de 5 000 soldats de l’armée américaine ont par conséquent débarqué dans le port d’Arkhangelsk, dans le nord de la Russie. 8 000 autres sont apparus dans l’Extrême-Orient russe à peu près au même moment pour, entre autres, limiter les revendications territoriales de leur nouveau rival géopolitique, le Japon, également impliqué dans l’intervention.

À l’automne de la même année, les forces de la Garde blanche, avec le soutien d’interventionnistes étrangers (principalement américains et canadiens), ont avancé de 300 km vers le sud à partir d’Arkhangelsk et ont occupé la ville de Chenkoursk sur la rive de la rivière Vaga, pénétrant profondément dans le territoire contrôlé par les bolcheviks. Entouré de trois rangées de barbelés, protégé par de nombreux nids de mitrailleuses et plusieurs dizaines de pièces d’artillerie, ce lieu est devenu un os dans la gorge du commandement soviétique.

Opération Chenkoursk

Reprendre Chenkoursk en automne s’est avéré impossible, et l’assaut principal de la 18e division d’infanterie soviétique de la 6e armée sur la ville a donc été prévu pour janvier 1919. Ses forces comptaient 3 000 hommes, auxquels faisaient face 300 Américains et 900 gardes blancs et Canadiens.

L’Armée rouge, soutenue par les partisans, devait frapper simultanément de trois côtés, et ce, dans le rude hiver nordique, sans aucun moyen de communication fiable entre eux. « Je réalisais clairement que si j’avais présenté une telle opération au professeur et général Orlov à l’Académie d’état-major général, je n’aurais jamais vu l’état-major général », a écrit l’auteur du plan, le commandant soviétique et ancien général tsariste Alexandre Samoïlo, dans ses mémoires intitulées Deux vies.

Des soldats américains en camouflage
National Archives and Records Administration (NARA)

Les unités de la 18e division ont ainsi furtivement avancé vers Chenkoursk et les villages alentours, où se trouvaient des garnisons de gardes blancs et d’interventionnistes. Résistant à des températures de près de -40° et s’enfonçant dans la neige profonde, les troupes de l’Armée rouge transportaient malgré tout de l’artillerie lourde.

Pour que l’attaque soit aussi soudaine que possible, les hommes avaient reçu l’ordre de porter des sous-vêtements par-dessus leurs manteaux. Les chemises et les caleçons blancs faisaient en effet office de camouflage et ont permis aux attaquants de s’approcher à moins de cent mètres des positions ennemies sans se faire remarquer.

Force expéditionnaire américaine
National Archives and Records Administration (NARA)

L’apparition de l’Armée rouge avec de l’artillerie lourde sur un terrain que l’on croyait infranchissable a stupéfié l’ennemi. Malgré cela, il a fallu cinq jours aux bolcheviks pour déloger les Blancs, les Américains et les Canadiens des villages et les forcer à se retirer vers la ville de Chenkoursk. « La neige jusqu’à la taille était un cauchemar, et à chaque nouveau pas, un de nos malheureux camarades tombait mort ou blessé. Il n’y avait aucun moyen de les aider – tout le monde se battait pour sa vie », a témoigné le lieutenant américain Harry Mead.

Le 24 janvier, l’assaut décisif de la ville devait être lancé. Sans attendre l’attaque, les gardes blancs et les interventionnistes se sont retirés précipitamment de Chenkoursk par la seule route non coupée par les Rouges, en direction du village de Vystavka.

Des bolcheviks capturés
National Archives and Records Administration (NARA)

Une défaite amère

Les soldats de la 6e armée, qui étaient entrés dans la cité, ont mis la main sur des entrepôts militaires contenant 15 canons, 60 mitrailleuses et 2 000 fusils. De grandes réserves de nourriture y étaient également restées intactes. Ce sont précisément ces dernières qui ont aidé l’ennemi à s’échapper avec succès – les soldats de l’Armée rouge, affamés, ont littéralement sauté sur les victuailles, et ont donc laissé les Blancs s’éloigner.

Tombes américaines fraîches en Russie
National Archives and Records Administration (NARA)

À la suite de l’opération Chenkoursk, les forces blanches et interventionnistes ont perdu un important bastion et ont été repoussées à 90 km au nord. Les troupes américaines et canadiennes ont compté à elles seules jusqu’à 40 hommes tués et une centaine de blessés, un coup dur pour les interventionnistes qui tentaient de rester en dehors du champ de bataille. À titre de comparaison, pendant toute l’année et demie de son séjour en Extrême-Orient russe et en Sibérie, le corps américain « Siberia » a comptabilisé seulement 48 soldats tués et 52 blessés.

La catastrophe de Chenkoursk a fortement sapé le moral des interventionnistes, provoquant l’émoi d’un certain nombre d’unités américaines, britanniques et françaises, dont les soldats ne souhaitaient pas mourir dans une guerre qui leur était étrangère. Elle a également joué un rôle important dans le fait que les gouvernements des États-Unis et de leurs alliés ont rapidement commencé à reconsidérer sérieusement l’intérêt et le coût du stationnement de leurs troupes en Russie.

source : https://fr.rbth.com

https://reseauinternational.net/quelle-fut-la-pire-deroute-militaire-des-etats-unis-sur-le-sol-russe/

Ibn Khaldun et la théorie de l'État, avec Gabriel Martinez Gros

Changements climatiques au cours des 4000 dernières années : ces données déconstruisent l’hystérie Ecologie

 

par Dieter Broers

Au cours des 4000 dernières années, le climat a connu des changements très importants. Des périodes de réchauffement ont été suivies de «petits âges glaciaires». Aujourd’hui, les températures augmentent à nouveau vers un optimum climatique, similaire à ce que l’on a déjà observé par le passé.

L’hystérie actuelle autour de la supposée «catastrophe climatique» prend une toute autre dimension lorsque l’on examine l’histoire du climat. Ce que révèle la paléoclimatologie sur les 4000 dernières années est une véritable montagne russe de températures – et, par extension, de la civilisation humaine.

Les températures reconstituées pour l’Holocène à partir des données de l’Antarctique (Dôme C, Jouzel et al., 2007), du Groenland (Vinther) et d’Indonésie (Rosenthal) mettent en évidence la période climatique néoglaciaire. Cette dernière correspond à un refroidissement notable dans l’hémisphère nord.

Le «Petit âge glaciaire» (1645-1715) illustre avec force ce que signifient de véritables extrêmes climatiques. Alors qu’aujourd’hui chaque dixième de degré de réchauffement suscite des titres apocalyptiques dans la presse, les gens de cette époque vivaient, eux, une véritable calamité climatique. À Londres, la Tamise a gelé ; en Chine, la moitié de la population est morte de faim ; et en Europe centrale, de nombreuses «sorcières» furent accusées d’avoir provoqué le mauvais temps. Thomas Hobbes ne mentait pas en décrivant la vie comme «solitaire, pauvre, pénible, animale et brève».

Les données climatiques du Groenland (Vinther) et d’Indonésie (Rosenthal) sont particulièrement révélatrices. Elles montrent que les changements climatiques n’ont jamais été uniformes à l’échelle mondiale. Pendant que l’hémisphère nord subissait une longue période de refroidissement appelée «néoglaciaire», l’hémisphère sud présentait souvent des comportements divergents.

Les reconstructions de température de Vinther (noir) et Rosenthal (vert), comparées à des événements historiques majeurs. Les anomalies HadCRUT4 pour la région autour du Groenland sont représentées par une ligne rouge en pointillés, et les températures à 500 mètres de profondeur dans le détroit de Makassar (données de l’Université de Hambourg) sont indiquées par des carrés rouges.

Les archives historiques montrent clairement que les périodes de réchauffement ont souvent été synonymes de prospérité pour l’humanité. Pendant l’optimum médiéval (800-1000 après J.-C.), les Vikings ont connu leur apogée ; durant la période chaude romaine (500 av. J.-C. à 400 après J.-C.), l’Empire romain n’a cessé de s’étendre ; et l’optimum minoen (1700-1000 av. J.-C.) a vu émerger la première grande civilisation européenne.

Fait notable : les événements météorologiques du Petit âge glaciaire étaient bien plus extrêmes qu’aujourd’hui. Tempêtes, sécheresses et vagues de chaleur ponctuelles rendaient la vie particulièrement difficile. Le gradient thermique entre les tropiques et les pôles était plus marqué, alimentant directement ces conditions climatiques violentes.

Qu’est-ce que cela signifie pour le débat climatique actuel ? Les faits historiques sont clairs et ne peuvent être balayés par l’idéologie. L’archéologie et l’histoire brossent un tableau limpide : l’humanité prospère davantage dans des périodes chaudes que dans des périodes froides. Une vérité inconfortable pour ceux qui annoncent la fin du monde dès que la température grimpe d’un degré.

L’histoire ne se répète peut-être pas, mais elle suit des schémas reconnaissables. Plutôt que de céder à la panique, il serait plus sage d’apprendre du passé. Une chose est certaine : le climat continuera de changer – avec ou sans l’intervention humaine. Un point que j’ai également détaillé dans mon livre «Le CO2 n’est pas notre ennemi».

source : Report24 via Euro-Synergies

https://reseauinternational.net/changements-climatiques-au-cours-des-4000-dernieres-annees-ces-donnees-deconstruisent-lhysterie/

mercredi 11 décembre 2024

La mer Baltique – «mer de l’OTAN» ou terrain de jeu stratégique de la Russie ?

 

par Elena Fritz

La mer Baltique reste un point névralgique de tensions géopolitiques, où l’OTAN comme la Russie poursuivent leurs intérêts stratégiques.

Selon l’éditorialiste Elisabeth Braw de Foreign Policy, la guerre électronique (GE) russe en mer Baltique entrave considérablement la fonctionnalité des systèmes d’identification et de navigation automatiques des autres nations. Cela a des conséquences non seulement en termes de sécurité, mais aussi en termes économiques. Par exemple, les systèmes mondiaux de navigation par satellite (GNSS) génèrent environ 17,2 milliards de dollars US par an pour l’économie britannique. Mais l’activité constante de l’EE russe au cours des trois dernières années réduit considérablement ces revenus.

L’ancien commandant de la marine danoise, Nils Wang, confirme : «Les Russes font ça très bien». Déjà en mai 2022, l’organisation C4ADS, basée à Washington, a identifié depuis février 2016 un total de 9883 cas d’usurpation de GPS dans dix zones, impliquant 1311 navires civils.

Ces interférences compliquent la tâche de l’UE et des États-Unis pour surveiller le transport de pétrole russe à travers la mer Baltique. Les marins européens qui s’appuient sur la navigation par satellite ont de plus en plus de mal à identifier ces navires et donc à contrôler le volume des livraisons de pétrole russe. Braw résume avec justesse : «La mer de l’OTAN ne sera jamais calme».

Depuis l’époque de Pierre le Grand, la mer Baltique est une voie maritime d’importance stratégique pour la Russie. L’idée qu’un ensemble de nations inamicales puisse «réguler» le trafic russe est inacceptable pour Moscou. Plus la Russie peut utiliser de moyens de pression asymétriques contre ses adversaires, mieux c’est pour ses intérêts stratégiques.

Les récents développements montrent que la mer Baltique est loin d’être une «mer pacifiée par l’OTAN». Elle reste au contraire un champ de bataille central où s’affrontent des intérêts géopolitiques et où la Russie affirme sa présence et son influence.

Des incidents récents soulignent les tensions dans la région. Ainsi, un incident s’est produit en mer Baltique, au cours duquel un navire russe a tiré des munitions de signalisation sur un hélicoptère de la Bundeswehr. La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a abordé cet incident lors de la réunion de l’OTAN et a souligné la nécessité de renforcer la surveillance dans la région.

En outre, plusieurs câbles de données sous-marins ont récemment été endommagés en mer Baltique, ce qui a suscité l’inquiétude des pays de l’OTAN concernés quant à d’éventuels actes de sabotage. Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a exprimé le soupçon qu’il pourrait s’agir d’actes de sabotage intentionnels et a souligné la nécessité d’une vigilance accrue face aux menaces hybrides.

Ces événements illustrent le fait que la mer Baltique reste un point névralgique où se télescopent des tensions géopolitiques, où l’OTAN et la Russie poursuivent leurs intérêts stratégiques.

source : Pi News via Euro-Synergies

https://reseauinternational.net/la-mer-baltique-mer-de-lotan-ou-terrain-de-jeu-strategique-de-la-russie/

L’histoire macabre des pensionnats autochtones au Canada : Une conséquence de la 3ème conquête britannique en Amérique

 

par Robin Philpot.

En faisant tomber le monument de la Reine Victoria devant l’Assemblée législative à Winnipeg à la suite de la découverte de plus de mille corps d’enfants autochtones autour de 3 pensionnats, les Premières Nations du Manitoba ont choisi la bonne cible. Leur action a résonné un peu partout sur la planète, car ce qu’ils ont subi au nom de la Reine Victoria est exactement ce qu’ont subi d’autres peuples, souvent à la même époque et aux mains des mêmes militaires britanniques : conquête militaire, répression sanglante, colonisation massive et domination raciste.

Au cimetière de la Première Nation Cowessess, en Saskatchewan, où 751 corps de jeunes autochtones ont été identifiés, le premier enterrement a eu lieu en 1885. C’était l’année de la célèbre conférence de Berlin où les empires européens se sont rencontrés pour partager et diviser l’Afrique en vue de la colonisation.

L’année 1885, loin d’être anodine, est aussi une date charnière dans l’histoire de l’Empire britannique et son nouveau dominion, l’Amérique du Nord britannique ou le Canada. C’est l’année où cet Empire scelle sa 3ème conquête en terres d’Amérique, après celle de 1759-60 (appelée aussi Guerre de 7 ans ou French and Indian War), et celle de 1837-38, où il a maté la révolte les Patriotes républicains québécois.

Portrait de Louis Riel. Auteur inconnu.  Crédit / Source : Notman Studio. Library and Archives Canada, PA-139073. Flickr.com

Le 16 novembre 1885, le gouvernement du Canada sous John A. MacDonald pend Louis Riel dans les quartiers de la North-west Mounted Police (ancêtre de la GRC), sous les applaudissements nourris du tout Toronto, dominé par les Orangistes, mais sous la condamnation bruyante et massive du Québec, y compris de son premier ministre Honoré Mercie

Le crime de Riel : avoir tenté de fédérer les Métis et des peuples autochtones sous un gouvernement provisoire opposé à la prise des terres et la colonisation des territoires du Nord-Ouest que peuples autochtones occupaient depuis toujours.

Onze jours plus tard, Le 27 novembre 1885, le même gouvernement pend en public 6 guerriers cris et 2 guerriers nakotas à Battleford, en Saskatchewan. Ce sont Kah – Paypamahchukways (Wandering Spirit), Pah Pah-Me-Kee-Sick (Walking the Sky), Manchoose (Bad Arrow), Kit-Ahwah-Ke-Ni (Miserable Man), Nahpase (Iron Body), A-Pis-Chas-Koos (Little Bear), Itka (Crooked Leg), Waywahnitch (Man Without Blood). La pendaison publique et l’enterrement dans une fosse commune suivaient de quelques semaines des procès expéditifs devant un jury composé de colons anglo-protestants et un juge du nom de Charles Rouleau dont le conflit d’intérêts était flagrant : sa maison avait brûlée lors du conflit.

Pour enfoncer le message, on fait venir des membres des nations dont les guerriers sont issus pour qu’ils n’oublient jamais. Dans une lettre confidentielle écrite le 20 novembre, le premier ministre John A. MacDonald écrit : « les exécutions … devraient convaincre l’homme rouge que c’est l’homme blanc qui gouverne ». Ce message suivait de peu sa déclaration que « Louis Riel serait pendu même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur ».

Il s’agissait de la deuxième grande intervention militaire visant à imposer la souveraineté britannique sur les Territoires du Nord-Ouest. La première, celle de 1870, avait pour objectif d’éliminer le premier gouvernement provisoire du Manitoba dirigé aussi par Louis Riel.

Une conquête coloniale parmi d’autres

Aux commandes des troupes britanniques en 1870, on trouve le maréchal Garnet Wolseley. Wolseley n’est pas un quidam. Il est le grand symbole de l’expansion planétaire, et sanglante, de l’Empire britannique au XVIIIe siècle. Nommé Vicomte Sir Wolseley en 1885 par la Reine Victoria, Wolseley, avant sa confrontation avec Louis Riel, avait gagné ses galons aux guerres coloniales meurtrières en Inde en 1857 et en Chine en 1860, dont le pillage et la destruction du magnifique Palais d’été de Beijing, cette « merveille du monde », selon Victor Hugo.

Après Riel, à titre de gouverneur de la Gold Coast (aujourd’hui le Ghana), il dirige les troupes britanniques dans la prise de la capitale du royaume Ashanti, Kumasi, qu’il incendie; il commande les troupes contre une rébellion en Égypte et à Khartoum et en Afrique du Sud. Ardent défenseur du général esclavagiste Robert E. Lee, Wolseley est toujours honoré par le Canada où des rues de Montréal-Ouest, de Toronto, de Thunder Bay, de Winnipeg portent son nom de même qu’une petite ville de la Saskatchewan … tout près de la Première Nation Cowessess.

Major-général britannique Frederick Middleton

En 1885, c’est le major-général britannique Frederick Middleton, autre vétéran des guerres coloniales britanniques, qui est aux commandes des troupes envoyées pour mater la résistance des Métis et des nations autochtones. Comme Wolseley, Middleton avait participé à titre d’officier à la répression de la révolte en Inde en 1857, mais aussi dans la guerre contre les Maoris en Nouvelle-Zélande. Écraser la résistance de peuples autochtones est dans ses cordes. En 1885, ses troupes sont composées de paramilitaires de la NWMP, de milices volontaires, surtout orangistes de l’Ontario. La Couronne britannique voulait éviter de provoquer la plus puissante armée du monde en y déployant l’armée britanniques.

Sans saisir la nature et le contexte de cette 3ème conquête britannique, on ne peut comprendre ce qui s’ensuit, de l’imposition des traités de dépossession – pudiquement qualifiés de traités numérotés – et de la Loi sur les Indiens jusqu’à la désolante situation actuelle où le gouvernement du Canada parle de « réconciliation » tandis que des dirigeants autochtones réclament justice.

« Frapper l’organisation tribale en plein cœur »

Comme dans toute conquête, tous les moyens sont bons pour faire en sorte que les peuples conquis ne se relèvent pas : déportation (comme les Acadiens dans le prélude de la première conquête), confinement dans des réserves, assujettissement, assimilation, ou un peu de tout ça. Les Britanniques s’y connaissent.

Nous nous souvenons de la pendaison de Louis Riel en 1885, beaucoup moins de la pendaison publique des huit guerriers autochtones. Ces pendaisons sont des symboles incontournables à la compréhension de l’histoire du Canada, mais elles ne sont que la pointe de l’iceberg de la politique de conquérant pratiquée par l’Empire britannique et son rejeton l’État canadien.

À la suite de l’intervention militaire de 1870, on pourchasse les Métis du Manitoba, qui, avant l’arrivée de Wolseley, comptaient pour environ 80% de la population ; on inonde la région de colons de l’Ontario ou des « Îles britanniques », dont un grand nombre sont des Orangistes, en leur donnant des terres en les refusant aux Métis. On impose rapidement des traités de dépossession – 7 traités en l’espace de 6 ans (1871-1877) couvrant presque tout le territoire de ce qui deviendra le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta. Et on fait bien savoir aux nations autochtones que même si les chefs ne signent pas, le gouvernement canadien ira de l’avant sans leur accord.

En 1876, on adopte l’inique Loi sur les Indiens qui impose le statut de « pupilles de l’État fédéral » à tous les autochtones. Cette loi donne un pouvoir inouï aux fonctionnaires/agents sur la vie et la mort de milliers d’autochtones, mais aussi à la North-West Mounted Police. Et dans les années 1880, on commence à déployer sérieusement la politique des pensionnats, appelés aussi écoles résidentielles ou industrielles.

À cette époque, le Commissaire aux Affaires indiennes et Lieutenant-gouverneur des territoires du Nord-Ouest, Edgar Dewdney, est l’homme de confiance de John A. MacDonald (il sera l’un de ses exécuteurs testamentaires) en plus d’être un « homme profondément attaché à l’Empire et à la tradition monarchique » selon le Dictionnaire biographique du Canada.

Dès sa nomination en 1879, Dewedney se donne comme mission de « frapper l’organisation tribale en plein cœur » notamment en ouvrant rapidement davantage d’écoles industrielles ou techniques (pensionnats) et ainsi mettre fin à toute agitation des nations autochtones visant à obtenir plus d’autonomie et des améliorations aux termes des traités qui avaient été signés. Il y réussit … pour un certain temps.

La petite loterie : « loyal » ou « disloyal »

Dès le 20 juillet 1885, quelques mois après l’arrestation de Riel, le Commissaire adjoint aux Affaires indiennes, Hayter Reed, soumet un rapport en 15 points sur « The Future Management of Indians ». Aussi, il soumet une liste de toutes les nations/bandes autochtones en les qualifiant de « loyal » ou « disloyal » avec force détails sur les chefs et les membres soupçonnés d’avoir participé de près ou de loin à la résistance. Son rapport devient la base de la politique canadienne à l’égard des premières nations pour les années à venir.

Tout y est : peines exemplaires aux résistants (d’où les pendaisons); châtiments collectifs sévères, notamment par privation de nourriture et d’autres nécessités pour tous ceux qui, selon les agents, auraient manqué de fidélité à la reine ; confiscation des chevaux, des armes, des outils des autochtones « non loyaux » ; confinement aux réserves à moins d’avoir la permission écrite d’un agent du Ministère des Affaires indiennes ; séparation nécessaire des Métis et des nations autochtones et interdiction de communiquer entre eux, et la même chose avec les « Canadiens » résistants ; distinction de « bons » Indiens (loyal), qui mériteraient des récompenses et des cadeaux, et des Indiens « mauvais et paresseux » (bad and lazy), qui méritent de perdre leur réserve.

Cette « petite loterie » utilisée pour contrôler les Premières Nations ressemble beaucoup à celle déployée avec un certain succès par la Couronne britannique après la répression des Patriotes québécois. L’objectif est de coopter une certaine élite canadienne-française avec des émoluments, des récompenses, des nominations et autres miettes. La petite loterie réussit à transformer un certain nombre de révolutionnaires patriotes en collaborateurs bien apprivoisés du nouveau régime.

Quel rôle pour les églises ?

Dans toute conquête coloniale, les églises jouent un rôle important d’appui au pouvoir militaire et politique. C’est le cas en Afrique, en Asie, en Amérique latine et en Amérique du Nord. Dans le cas de l’Amérique du Nord britannique, l’Église anglicane est la préférée de la Couronne car le roi ou la reine est le gouverneur suprême de cette Église (toujours le cas en 2021).

Mais l’Église catholique n’est pas en reste; elle s’accorde très bien avec cet Empire : lors de la révolte de 1837-38 dans le Bas Canada, l’Église catholique se range du côté des Britanniques en refusant aux Patriotes le droit d’être enterrés dans les cimetières catholiques, en les menaçant d’excommunication et en les ordonnant de se plier aux directives du gouvernement.

C’est à ce titre que les églises sont amenées à réaliser pour l’État canadien sa promesse, écrite dans les traités de dépossession, de fournir des écoles aux nations autochtones. Les églises viendront en appui à une politique conçue par et pour la puissance conquérante, l’Empire britannique et son nouveau Dominion du Canada. L’État canadien doit en assurer le financement, mais il réduit constamment et arbitrairement le financement accordé, ce qui oblige les religieux de se débrouiller sans les fonds minimaux requis.

Pour remplir ces pensionnats, ça prend une loi obligeant les familles autochtones à envoyer leurs enfants aux pensionnats. Le gouvernement autorise, par la loi, les agents des Indiens à prendre tout enfant d’âge scolaire et à l’envoyer aux pensionnats. Si les parents s’y opposent, les agents ont le pouvoir de leur couper leurs allocations. On rapporte aussi qu’on menaçait de mettre les parent récalcitrants en prison.

Ça prend aussi une force policière pour appliquer la loi. Ce rôle reviendra à la NWMP (aujourd’hui la GRC). Les témoignages sur le travail de la police sont ahurissants :

« Des enfants qui étaient attirés dans des bateaux et des avions à l’insu des parents, et qui, parfois, disparaissaient à jamais. Des agents de la GRC en uniforme arrachaient les enfants des bras de leur mère. De nombreux survivants ont décrit les camions à bétail et les wagons où ils étaient tassés chaque automne. Des coups à la porte la nuit, la maison envahie par des étrangers à la recherche d’enfants en fugue, tout cela évoque la guerre ».

« [les agents de la GRC] encerclaient les réserves pour empêcher les enfants de se sauver, et allaient de porte à porte pour prendre les enfants, faisant fi des protestations des parents et des enfants eux-mêmes. Les enfants étaient enfermés dans des postes de police locaux ou des enclos à bestiaux jusqu’à ce que le rassemblement soit terminé, puis on les conduisait à l’école en train » (« Le rôle de la Gendarmerie royales du Canada sous le régime des pensionnats indiens », rapport réalisé dans le cadre de la CVR, 2011)

En somme, le Canada délègue aux Églises la responsabilité d’ouvrir des pensionnats ; il les finance ; ses agents des Indiens et sa police sont investis par la du pouvoir de contraindre les parents à envoyer les enfants à ces pensionnats sous des menaces de toutes sortes.

Et le Canada a le pouvoir de mettre fin à ce système. Ce qu’il ne fait pas pendant environ 100 ans même s’il sait fort bien, parce qu’il en est informé par certains fonctionnaires, que ce régime est criminel.

L’État canadien savait tout

Le docteur P. H. Bryce est médecin en chef du Ministère des affaires indiennes de 1904 à 1921, année où on le contraint à prendre sa retraite.

docteur P. H. Bryce

Lançeur d’alerte sur les conditions sanitaires des enfants autochtones dans les pensionnats, il publie, après son renvoi, un petit livre intitulé : « The Story of A National Crime, An Appeal for Justices to the Indians of Canada, The Wards of the Nation : Our Allies in the Revolutionary War : Our Brothers-in-Arms in the Great War », (James Hope, 1922, Ottawa).

Chaque année Dr. Bryce soumet à ses supérieurs, y compris au ministre responsable des Affaires indiennes, un rapport accablant sur les conditions de vie des autochtones, et surtout celles des enfants dans les pensionnats. Il y fait des recommandations urgentes pour y remédier, mais sans réponse.

La tuberculose est très grave à cette époque, le Dr. Bryce compare notamment le taux de mortalité des villes comme Hamilton et Ottawa à celui des réserves de l’Ouest. Alors que dans le premier cas le taux de mortalité baisse constamment, dans les réserves (y compris chez les enfants en pensionnat, ce taux est effarant. La population autochtone diminue constamment d’année en année en raison de la tuberculose. Chaque rapport de ce médecin est étouffé. Pire encore, des représentants du ministère font tout pour empêcher ce spécialiste de la tuberculose de parler en public, notamment à l’assemblée annuelle de la National Tuberculosis Association.

Biblioarchives : Écoliers et responsables à l’extérieur du Pensionnat indien [catholique] de Fort Providence, Fort Providence (Territoires du Nord-Ouest), vers 1920. Créateur : F. H. Kitto. Prise vers 1920. F. H. Kitto. Library and Archives Canada, PA-101545. Source internet : Flickr.com

Et le Québec dans cette tragédie

Dans le débat qui suit la découverte des corps d’enfants sur les lieux des pensionnats, on s’interroge sur le rôle du Québec. D’aucuns y voient un lien par le biais de l’Église catholique ou des congrégations religieuses dont la maison mère est au Québec. D’autres pointent du doigt des politiciens ou des fonctionnaires québécois qui ont pris part aux décisions de l’État canadien ou des autorités britanniques ou qui ont participé à leur application ou encore des deux bataillions québécois envoyés dans l’ouest en 1885.

Dans la mesure où des individus, des membres de partis politiques, ou des institutions ont souscrit à l’ordre britannique établi au Canada à la suite des deux premières conquêtes militaires et à la marche impériale et coloniale britannique vers l’ouest, ils en portent une responsabilité évidente.

Toutefois, cet ordre a été contesté souvent et vivement par beaucoup de Québécois et de Canadiens français, tout au long de l’histoire.

À titre d’exemple, la Déclaration de l’indépendance du Bas-Canada écrite en 1838 par le patriote Robert Nelson dit ceci au troisième article :

« Que sous le gouvernement libre du Bas-Canada, tous les individus jouiront des mêmes droits : les sauvages ne seront plus soumis à aucune disqualification civile, mais jouiront des mêmes droits que tous les autres citoyens du Bas-Canada ».

Il en est de même pour l’Église catholique. Adoubée par la Couronne et associée aux autorités britanniques et canadiennes dans l’espoir d’enrayer au Canada les idées républicaines inspirées de la France révolutionnaire, elle aussi a été vivement contestée.

En ce qui concerne les deux bataillons de Québec envoyés sous les ordres du major-général Middleton pour mater la résistance en 1885, le naturel britannique est revenu au galop. Se méfiant de la loyauté de ces troupes devant des Métis qui parlaient le français, les autoritaires s militaires les ont éloignés du combat en les envoyant en Alberta. Les troupes québécoises ont vite compris qu’ils étaient encore et toujours des membres de deuxième ordre des institutions de l’Amérique du Nord britannique. Cette histoire se répéterait.

Faire du Canada un pays anglais

À mesure que le Dominion du Canada impose sa souveraineté dans l’ouest après les deux interventions militaires, il fait disparaître la langue française de la carte politique et culturelle avec presque autant de zèle que dans le combat contre les langues et cultures autochtones.

En 1890, le Manitoba abolit le français comme langue officielle et peu après l’éducation en français a été interdite. (Gabrielle Roy, née à Saint-Boniface, Manitoba, rappelle dans « Détresse et enchantement » comment les sœurs francophones à son école catholique enseignaient en anglais, mais parfois, en cachette, elles sortaient des livres en français, loin des yeux des inspecteurs gouvernementaux.)

En 1905, la Saskatchewan et l’Alberta deviennent des provinces du Canada mais on a éliminé le statut bilingue qu’avaient les Territoires du Nord-Ouest. Quelques années plus tard, l’utilisation du français au gouvernement, devant les tribunaux et à l’école est interdite.

Plus ça change…

Dans leurs combats contre l’Empire britannique, les Premières Nations du Canada et les Métis n’étaient pas seuls ; les Canadiens-français/Québécois non plus. Pour les puissances européennes qui étendaient leur empire partout au monde, ils représentaient tous un obstacle au projet impérial. En cela, ils faisaient effectivement cause commune avec les Chinois, les peuples de l’Inde et des autres pays du sud asiatique, les Maoris en Nouvelle-Zélande, les peuples autochtones de l’Australie ou des États-Unis, les nations africaines.

Cent cinquante ans plus tard, les mêmes puissances européennes et nord-américaines tentent, tant bien que mal, de rétablir leur hégémonie, notamment en faisant la morale, en imposant des sanctions et en menaçant militairement des pays et des peuples qui choisissent la voie de l’indépendance politique et économique.

Aujourd’hui, comme hier, elles n’ont ni le droit ni l’autorité morale, mais cela ne les arrêtera pas.

Si on tire une seule leçon de l’histoire macabre des pensionnats au Canada, ce serait de se garder de se faire embrigader aujourd’hui dans des interventions militaires ou autres campagnes impériales contre des pays étrangers.

Quelques sources

Bryce, P.H. « The Story of A National Crime, An Appeal for Justices to the Indians of Canada, The Wards of the Nation : Our Allies in the Revolutionary War : Our Brothers-in-Arms in the Great War ». James Hope, 1922.

Dictionnaire biographique du Canada.

LeBeuf, Marcel-Eugène. Au nom de la GRC. « Le rôle de la Gendarmerie royales du Canada sous le régime des pensionnats indiens », rapport réalisé dans le cadre de la CVR, 2011

Momudu, Samuel. « The Anglo-Ashanti Wars » (1823-1900). Black Past. 24 mars 2018.

Morton, Desmond. « A Military History of Canada, From Champlain to Kosovo », Fourth Edition. M&S, 1999.

Ogg, Arden. « An infamous anniversary : 130 years since Canada’s Largest Mass Hanging 27 November 1885 ». Cree Literacy Network.

Reed, Hayter. « Memorandum for the Hon(ourable) the Indian Commissioner Relative to the Future Management of the Indians ». 20 July 1885.

Stonechild, Blair ; Waiser, Bill. « Loyal Till Death, Indians and the North-West Rebellion ». Fifth House Publishers, 2010

Wolseley, Garnet. “General Lee”. Lee Family Digital Archive.

source : https://www.mondialisation.ca

https://reseauinternational.net/lhistoire-macabre-des-pensionnats-autochtones-au-canada-une-consequence-de-la-3eme-conquete-britannique-en-amerique/

mardi 10 décembre 2024

De l’indopacifique à « Kiel et Tanger »

 

You are currently viewing Combat royaliste 52

Par Philippe Germain

Notre Groupe aéronaval, autour du porte-avions Charles De Gaulle, met le cap vers l’Océan Pacifique. C’est un événement marquant et fort pour le renom de la France. C’est aussi un signe politique pour les citoyens de nos territoires d’Outre-Mer, malheureusement trop négligés des métropolitains.

Suite à de la faiblesse républicaine en Nouvelle-Calédonie, cette démonstration de puissance, nous l’avions explicitement souhaitée le 16 juillet dans notre rubrique n°31 : « Un État fort aurait montré à nos ennemis de l’extérieur sa puissance en missionnant l’un de nos trois bâtiments de projection et de commandement. Après 25 jours de mer, il aurait mouillé sur place, pourquoi pas accompagné d’un sous-marin océanique de classe Suffren, montrant aux Chinois notre détermination et aux Australiens qu’ils ont eu tort de rompre leur contrat naval avec la France ». L’Action française, appliquant sa méthode politique expérimentale, jouait alors son rôle d’avant-garde du pays réel ultramarin comme elle le fait pour nos paysans métropolitains face à l’Empire européen. Et enfin… enfin, le contre-amiral Jacques Mallard, commandant de la force aéromaritime de réaction rapide, annonça le 8 novembre la « mission Clemenceau 25 », du nom symbolique de celui ayant pris le pouvoir en 1917 grâce à Léon Daudet et marqué l’histoire de France par sa détermination : « Politique intérieure, je fais la guerre ; politique extérieure, je fais toujours la guerre ». En 2024 il s’agit pour notre diplomatie maritime de montrer à l’un de nos ennemis extérieurs, Pékin, la détermination française sur les océans et la puissance de notre « Royale ». La France seule est en mesure de le faire.

Cap vers l’indopacifique pour officiellement « promouvoir un espace indopacifique libre, ouvert et stable avec nos partenaires régionaux dans le cadre du droit international et à contribuer à la protection de nos populations et de nos intérêts ». Et pour cela, déployer une force « assez importante dans une zone qui, dans les dix prochaines années, verra plus de 40% du PIB mondial transiter, montre l’intérêt de la France pour la zone au travers de la thématique de sécurité maritime, malgré l’éloignement ».

Voilà qui est bien. A priori du moins, car notre ami le diplomate bainvillien, Dominique Decherf, lève un risque dans La Nouvelle Revue Universelle (n°78) à paraître : « Dans le Pacifique et l’Océan Indien, la France pourrait se voir cantonnée au rôle de simple supplétif de l’Amérique, en fournissant, face à la Chine, l’appui de la Nouvelle-Calédonie (comme en 1943) ; ou en aidant à stabiliser les insulaires inondés par la montée des eaux. Cependant elle dispose d’un atout lui permettant de jouer un tout autre rôle : sa force sous-marine nucléaire (SNLE). Car la question de la dissuasion nucléaire est au cœur des politiques du Japon, de la Corée du Sud et, bien entendu, de la Corée du Nord ainsi que de la Chine qui a décidé de décupler le nombre de ses ogives. Preuve, en creux, que notre rôle est pris en considération : c’est lui qui a amené les Anglo-Américains à contraindre l’Australie, absorbée dans l’AUKUS (Australie, Royaume-Uni, États-Unis), à annuler le « contrat du siècle » signé avec la France ». CQFD… Ce qu’il fallait démontrer aurait dit Maurras.

Profitons-en pour rappeler la loi historique énoncée dans Kiel et Tanger : « Une France pourrait manœuvrer, avec facilité et franchise, du seul fait qu’elle se trouverait, par sa taille et par sa structure, très heureusement établie à égale distance des empires géants et de la poussière des petites nations jalouses de leur indépendance ».

https://www.actionfrancaise.net/2024/12/10/combat-royaliste-52/

L’homme de Tourville : découverte archéologique du plus vieux Normand

 

AAA-2-1.png

La mise au jour, en Normandie, d’ossements humains vieux de 200.000 ans permet de mieux comprendre l’histoire et le mode de vie des Néandertaliens.

L’homme de Tourville est le plus vieux Normand jamais découvert! Plus sérieusement, il est extrêmement rare de trouver de tels fossiles en Europe du Nord. En l’espace d’un siècle, ce fragment de bras gauche est seulement le troisième fossile de pré-néandertalien recensé pour toute l’Europe du Nord-Ouest. Auparavant, seuls deux crânes avaient été retrouvés en France, à Biache-Saint-Vaast, dans le Nord-Pas-de-Calais. Autrement, la majeure partie des fossiles de la lignée néandertalienne datant de cette période ont été découverts en Angleterre et en Allemagne. La rareté de ces découvertes fait de celle de Tourville un événement extrêmement important.

Ce sont également les premiers os longs (23 centimètres pour l’humérus) que l’on exhume dans cette aire géographique pour cette période, c’est-à-dire il y a 200.000 ans. Ce spécimen vient donc étoffer les données, extrêmement rares, que l’on possède sur ces fossiles européens. À ce titre, l’individu de Tourville représente une découverte majeure documentant l’histoire de la lignée néandertalienne.

En effet, cette découverte est extraordinaire par sa rareté. Nous avions déjà des renseignements sur la morphologie du crâne de cette lignée nord-européenne, mais l’on ne savait rien du corps de ces hommes. Aujourd’hui, on peut avoir une idée plus précise de la morphologie de ces individus. On a eu de la chance, car le contexte sédimentaire de fond de vallée a été favorable à la conservation des ossements. Un peu à la manière de Pompéi, les carcasses d’animaux et les ossements de l’homme de Tourville ont été « pétrifiés », recouverts de façon rapide par les sables fluviaux de la Seine. Ce processus a permis de conserver les ossements dans d’assez bonnes conditions. […]

Journal du CNRS

https://www.fdesouche.com/2018/04/01/lhomme-de-tourville-decouverte-archeologique-du-plus-vieux-normand/

L’Arcom veille sur la propagande

 

L’Arcom veille sur la propagande

Le 12 août 2024, lors de son journal de 20 heures, TF1 diffusait un reportage comparant trois types de véhicules – un modèle thermique, un hybride et un électrique – dans le cadre d’un trajet de 311 kilomètres entre Villeneuve-d’Ascq et Étretat.

Dans ce reportage, trois véhicules ont été mis à l’épreuve :

  • La DS 7 Diesel qui a réalisé le trajet sans encombre.
  • Le Hyundai Tucson Hybride qui n’a rencontré aucun problème particulier.
  • Le Volkswagen ID.4 Électrique pour lequel le conducteur a dû s’arrêter pour recharger entraînant un retard important.

TF1 précise que le conducteur de la voiture électrique a rencontré des difficultés avec une station de recharge en panne. Une solution de rechange a ensuite été trouvée avec une borne de faible puissance, allongeant ainsi considérablement le temps nécessaire pour terminer le trajet.

Lors de sa réunion du 23 octobre 2024, l’Arcom a émis un rappel à l’ordre à l’intention de TF1. L’Arcom a invité la chaîne à aborder les sujets relatifs à l’écologie et au développement durable avec « toute la rigueur et la mesure requise », soulignant l’importance d’un traitement équilibré de ces questions pour éviter tout malentendu auprès du public…

https://lesalonbeige.fr/larcom-veille-sur-la-propagande/