mercredi 29 janvier 2020

Maurice Bardèche un flambeau dans la nuit

La science, l'idéologie et la désinformation.jpeg
Point de collège ni de rue inaugurés à son nom, pas de colloque consacré à son œuvre, aucun article pour rappeler ce que lui doivent non seulement les amoureux de la Comédie Humaine mais aussi les lecteurs de Stendhal, de Flaubert de Proust de Céline ou de Léon Bloy. Ne parlons pas des actuels amateurs de cinéma qui n'ont sans doute jamais su qu'il fut le premier, en France en 1935, à porter un regard d'historien sur ce qu'on avait encore beaucoup de mal à prendre pour un septième art, ni des enthousiastes de l'Espagne qui, eux, devraient savoir qu'il fut, à peine la Guerre civile terminée, le premier ici aussi à juger avec un certain recul d'historien les trois ans de combats qui venaient de cesser. Pourtant si une vraie biographie reste encore à écrire, on sait beaucoup de choses sur lui. D'une part grâce aux pages inoubliables que Robert Brasillach, dans ce qui est sans aucun doute son plus beau livre, Notre Avant-guerre, a consacrées à leur rencontre et à leur amitié naissante à L'époque de la khâgne de Louis-le-Grand puis de l'école Normale Supérieure, dans ces années où naît le cinéma parlant et où l'Europe voit se lever, presque partout sauf en France, "Le fascisme immense et rouge "et les espoirs vertigineux qu'il suscite ; à leur jeunesse fraternelle sur les routes d'Espagne ou d'ailleurs ; et à l'inséparable "troïka" qu'ils formèrent durant une quinzaine d'années, avec Suzanne, sœur de l'un qui devint vite la femme de l'autre. D'autre part grâce à ce qu'il a lui-même accepté de livrer dans Suzanne et Le Taudis (Pion, 1957) évocation pleine de poésie des années difficiles de l'après-guerre quand, chassé sans raison valable de son appartement comme de l'Université, il dut mener une vie de bohème avec ses cinq jeunes enfants dans des logements de fortune, à Montmartre au pied de la Butte ou dans ce quartier des Halles bruissant encore d'activité nocturne comme au temps de Zola. Ou par ce qu'il nous dit de son enfance et de son itinéraire dans ses Souvenirs (Buchet-Chastel, 1993), hélas entrepris trop tard pour aborder autrement que de façon fragmentaire l'époque qui suscite sans doute le plus notre curiosité, celle de l'après-guerre et des divers combats politiques et spirituels qu'il a menés ou initiés.
La mort de Brasillach, naissance du Bardèche politique
Fusillé à l'aube du 6 février 1945, Brasillach n'écrivit donc pas la suite de leurs aventures communes mais son martyr donna l’impulsion décisive qui allait faire de Bardèche un autre homme, autre chose que le savant universitaire que programmait un début de carrière brillant et une thèse remarquée sur les débuts de Balzac romancier. Patrocle mort Achille sort enfin de son orgueilleuse inaction pour le venger et devenir pleinement lui-même. Brasillach mort Bardèche sort d'une relative réserve politique pour venger sa mémoire et plus encore pour donner aux raisons de l'engagement de Robert une cohérence et une profondeur de vues que sans doute il n'avait pas. Il allait pour ainsi dire désormais vivre deux vies en une, celle de l'homme de lettres qu'il aurait été sans les bouleversements de la guerre, mais aussi et surtout à nos yeux, celle du penseur politique qui, tel un flambeau dans la nuit, seul ou presque pendant des décennies, allait oser défendre la cause des vaincus de 1945 au péril de sa liberté, puisqu'il connut la prison, et sans doute de sa vie si l'on en juge par l'assassinat toujours officiellement inexpliqué, de son plus proche collaborateur en 1978.
Littérature et politique
Au-delà de leurs qualités scientifiques indéniables, les ouvrages littéraires de Bardèche restent toujours aussi, d'une certaine manière du moins, des livres politiques. Pas seulement parce que l'époque de la Restauration, qui forme souvent le décor de Balzac ou plus encore de Stendhal, avec la "Terreur blanche" et les persécutions des "demi-soldes" ressemble comme une sœur à celle de la Libération-Epuration. Mais plus encore parce que c'est dans le monde de Balzac que prend naissance la conception moderne d'une société fondée exclusivement sur la déification de L'argent-roi que, pour d'autres raisons que les marxistes, Bardèche condamne sans équivoque. Dans sa très intéressante lecture marxiste orthodoxe de Balzac (La Comédie inhumaine, Gallimard, 1965), André Wurmser ne s'y est pas trompé qui voit dans la lecture de Bardèche l’antagoniste exacte de la sienne. De même, sa lecture de Flaubert montre surtout quel fut l'arrière-plan de toute l’oeuvre flaubertienne, entièrement dominée par la nostalgie du paganisme : « Il accusa le christianisme d'avoir mutité l'homme, condamné la joie et le plaisir, d'avoir inventé l'hypocrisie, la chasteté, le sentimentalisme humanitaire et en général tous les ingrédients modernes de l’émasculation. Et il accusa la civilisation mercantile d'avoir établi le marchand sur un trône, sanctifié l'argent, exalté l'avidité, l'égoïsme, la médiocrité et développé toutes les formes de la mesquinerie et de la sottise. En somme, il était à la fois contestataire et nietzschéen. » Après une lecture de Proust qui a fait date, à la fin des années 80, Bardèche avait entrepris ce qui aurait dû être une trilogie de la littérature d'invective il voulait en remontant les siècles, la consacrer à trois figures emblématiques : Céline, avec lequel pourtant il ne se sentait pas vraiment en sympathie, Léon Bloy qu'à mon avis il surestime et, en un troisième volet qui ne connaîtra jamais le jour, Rousseau en qui il voyait l’ancêtre du fascisme" ce qui bien sûr, était de sa part le plus vif des compliments !
La loi des vainqueurs
Pourtant le Bardèche qui nous intéresse le plus aujourd'hui naît en 1947 avec l'étonnant succès d'édition de la Lettre à Mauriac. Pour la première fois depuis la fin de la guerre, les Français à qui on expliquait depuis deux ans qu'ils avaient été des traîtres en ne trahissant pas leur gouvernement légal ont trouvé un avocat montrant l’inanité de l’accusation, l’imposture de la Résistance, l’abjection de l’Epuration. Soixante ans après, à l'heure où le président de la République lui-même aimerait enfin fonder le pacte social sur d'autres bases que le compromis tacite de la Libération où gaullistes et communistes s'étalent partagés les pouvoirs, cette lettre reste particulièrement intéressante à relire. De la demi-douzaine d'ouvrages qui allaient suivre, le plus important sans doute fut en 1948 Nuremberg ou la Terre promise, vite interdit et son auteur conduit en prison. « Je ne prends pas la défense de l'Allemagne, je prends la défense de la vérité » proclamait sa première phrase. Même à une époque, la IVe République, où la Liberté de pensée n'avait pas encore été muselée comme aujourd'hui par un corpus de lois scélérates qui, de Pleven à Gayssot nous a ramenés au temps du délit d'opinion pour blasphème, le propos fut jugé rude. « Plus encore que Rassinier, [Bardèche] est le véritable fondateur du négationnisme en France » affirme un site de combat contre Le révisionnisme historique. Cet ouvrage dénonçait plus généralement deux des caractéristiques du procès de Nuremberg. D'une part le recours au principe contradictoire en droit de la rétroactivité : la notion, elle-même juridiquement contestable, de "crime contre l’Humanité" au nom de laquelle ont été pendus les condamnés de Nuremberg n'existait pas encore au moment des faits. D'autre part, le "tribunal" loin de toute neutralité, incluait dans ses rangs les vainqueurs et eux seuls, revenus "déguisés en juges".
Un second Nuremberg, Nuremberg ou les Faux-monnayeurs, allait paraître en 1952, relativement privé d'écho à son époque puisqu'il s'agissait avant tout de documents, des pièces d'un procès en défense qui n'eut pas lieu, et que Le Nuremberg I ayant été interdit la base même de la discussion faisait défaut. Avec Nuremberg, Bardèche a donc franchi le Rubicon. L'ostracisme demeure. Saint-Loup a, me semble-t-il, parfaitement résumé la situation dans la dédicace qu'il fit à Maurice Bardèche de son superbe roman Nouveaux Cathares pour Montségur : « A mon ami Bardèche, en hommage à celui qui, le premier dans le monde eut le courage de monter librement sur le bûcher de Nuremberg. Avec l'espoir que ce livre l'aidera à devenir complètement l'un des gardiens du Graal ! 1209 Saint-Loup 1969 » Paru en 1951, en pleine Guerre de Corée et au moment où l'Amérique commence à s’interroger, à la suite de Churchill si elle n'a pas "tué le mauvais cochon" en offrant à Staline la moitié du monde pour éliminer Hitler, L'Œuf de Christophe Colomb, "lettre à un sénateur d'Amérique" a sans doute pris rétrospectivement une autre dimension avec la fin de la bipolarisatlon est-ouest.
Qu'est-ce que le fascisme ?
Qu'est-ce que le fascisme ? en 1961, vient s'intercaler entre les deux livres majeurs, à mes yeux, de Bardèche en matière de réflexion politique. Autant tourné vers l’explication des fascismes passés et présents que vers une tentative de définition de ce que pourrait être le fascisme en soi.
« Si vous pensez que le fascisme consiste à faire défiler des garçons bottés en chemises brunes ou noires, dites-vous que ce n’est pas ma définition du fascisme. J’ai défendu les fascistes, c’est tout différent : parce que je déteste le mensonge. J’ai protesté contre une falsification. Je reste convaincu que j’avais raison. »
Pour Bardèche, le fascisme fut une opposition spontanée contre la démoralisation de la de la guerre et de l’après-guère qui accompagna la transformation d’une société rurale stable, économe, patiente, courageuse, attachée à l’honnêteté et au civisme, en une société de salariés, ayant pour horizon l’augmentation des salaires, pour guide l’idéologie, pour instrument la politique. Ls mouvements fasciste sont nés d'une réaction contre cette « dénaturation des peuples » Les régimes fascistes ont été ou ont essayé d'être des régimes de solidarité et de justice sociale, qui ont été ensuite déformés par les contraintes de la guerre.
Lue aujourd'hui, cette enquête dérouterait sans cloute beaucoup de Lecteurs, en particulier les pages sur Nasser et Fidel Castro. On ne peut hélas pas faire tourner les tables pour lui demander son avis sur la situation actuelle, et il est toujours abusif d'interpréter la pensée d'un auteur selon nos propres vœux, mais personnellement je suis convaincu que Maurice Bardèche verrait avec une grande sympathie le parcours d'Hugo Chavez, et peut-être même plus encore celui de Vladimir Poutine.
On vient de le voir, aussi loin du capitalisme que du marxisme, le fascisme est pour Bardèche la réponse la plus adéquate aux problèmes posés par la transformation des sociétés par cette mue de l'humanité sous l'impulsion de ce que Heidegger a nommé l’essence de la technique" lia pour caractère essentiel l'exaltation de certaines valeurs morales : le courage, l'énergie, la discipline, la responsabilité, la conscience professionnelle, la solidarité, dont la disparition est le drame des sociétés qui ont suivi La Révolution industrielle Dans Les Temps modernes (1956) puis dans Sparte et les Sudistes (1969) et encore dans certaines pages des Souvenirs (1993), Bardèche explique pourquoi il lui était impossible, à son grand regret de rester le petit républicain s'exaltant aux exploits du tambour Bara ou du petit Viala qu'il était dans sa jeunesse. Les temps modernes ne permettent plus cette insertion dans la société républicaine dont certains romans de Louis Pesaud ou de Marcel Aymé nous donnent souvent la nostalgie. Ils appellent des solutions plus radicales pour réinsérer l’homme dans un cadre lui permettant un épanouissement digne de ses potentialités.
Ce « royaume d’utopie », Bardèche en esquisse les contours dans son ouvrage politique le plus synthétique.
« Ce que j’appelle Sparte, c’est la patrie où les hommes sont considérés en raison de leurs qualités viriles qui sont mises au-dessus de toutes les autres. ce que j’appelle les Sudistes ce sont les hommes qui s’efforces de vivre selon « la nature des choses » qu’ils ne prétendent corriger qu’en y ajoutant de la politesse et de la générosité. En chacun de  de nous retrouve quelque aspiration qui nous entraîne tantôt vers Sparte tantôt vers les sudistes. »
« Le meilleur des Etats serait celui fournirait l'armure et les Sudistes la pensée. Il réaliserait ainsi l'État idéal que voulait instituer Richelieu, « un gant de fer sur une main de velours » et qu'il ne réalisa guère, car on ne sentit jamais que le gant de fer. Personne ne peut s'assurer qu'il serait plus heureux. Il n'est pas d'homme d'État sans doute qui ne se persuade qu'il veut le bonheur de son peuple : mais, presque toujours, il n'a le temps que de broyer sous son gant de fer. C'est pourtant la main de velours qui importe : car elle représente la fin qu'on veut atteindre, comme Sparte n'est qu'un moyen pour restituer la liberté et l'harmonie que les Sudistes se proposent. » Sans doute Bardèche surestimait-il les Sudistes, emporté par le charme des crinolines et des maisons à colonnes que nous présente complaisamment Autant en emporte le vent là n'est pas la question. L'ouvrage n’est pas une étude historique de deux sociétés, mais une analyse typologique des structures sociales, l’analyse de la polarité existant entre l'idéal d'une société d'ordre et celui d'une société fondée sur la douceur de vivre.
Le progrès économique forcené nuit à l'harmonie homme-femme
Il faut alors étudier et définir non seulement les rapports de l’individu et de la société, mais aussi les rapports des sexes. On n’a pas assez souligné l’importance politique de sa considérable Histoire des Femmes, (2 volumes, Stock, 1968) aveuglé peut-être par son caractère grand public. « L’histoire des femmes, c'est l'histoire de l'humanité lue dans la vie privée » : cette expression éminemment balzacienne montre assez l’absence de frontière stricte entre les divers pans de pans de réflexion de Maurice Bardèche.
Pendant des millénaires, les femmes ont été des "captives" qui gouvernaient cependant d’une main de fer le monde antique, d'autant que cette domination s'exerçait et les ténèbres du sérail. Aux époques monarchiques, elles ont déjà perdu leur pouvoir en entrant dans une plus grande visibilité : elle tolèrent désormais que de beau mâles roucouleurs et emplumés se pavanent autour des "faisanes" qu’elles sont devenues mais il faut encore redouter leurs griffes et leurs coups de bec aujourd’hui. C’est d'elles pourtant qu'un salut peut venir,  « elles sont notre recours » car, contrairement aux hommes, elle se souviennent qu'elles sont des mammifères quand les hommes l'ont presque oublié. Dans notre société mécanisée fondée sur le profit, l’homme n’est plus un fauve, même domestiqué, un mammifère, seulement un insecte « il approche comme les insectes de la femelle pondeuse qui ne le dévore pas encore,  mais fait peu de cas de lui. »
L’humour ne cache pas la cruauté du diagnostic, même si la conclusion de Bardèche reste optimiste dans son volontarisme : « La menace même qui pèse sur notre avenir n'est pas imparable. Il appartient à l'homme d’imposer ses propres lois à la civilisation industrielle ou aux formes de la vie collective. C’est l’avidité au gain et la concurrence qui nous rendent les esclaves d'une vie économique orientée tout entière vers le rendement. Le jour où l'homme proclamera qu'il existe des valeurs plus importantes que les richesses matérielles, il pourra maîtriser la balistique de la production dont les conséquences commandent aujourd'hui sa vie privée. Aucune mutation de l'espèce ne nous condamne à accepter une existence d'insectes. Nous pouvons rester des hommes si nous en avons la volonté. Alors nos femmes resteront des femmes, et ne risqueront pas d'être simplement des collègues avec lesquelles on se met au lit. »
Sur la race
On s'est parfois inquiété de l'absence de perspective racialiste dans la réflexion de Maurice Bardèche. Certes, il souligne fortement qu'à ses yeux le racisme n'est pas une composante obligatoire du fascisme. Il lui arrive aussi de s'inquiéter à bon droit des conséquences du modèle moderne sur les spécificités ethniques de la civilisation. "On perçut brusquement que ce n'était pas seulement l'Aryen blond qui avait été vaincu en 1945, mais l'homme blanc, la race blanche toute entière. Et l'on comprit aussi que l'homme blanc avait été vaincu doublement d'une part parce qu'on niait sa suprématie et qu'on lui faisait perdre la face, d'autre part parce qu'on condamnait solennellement les qualités qu'il représentait et sur lesquelles il avait fondé son pouvoir. Cette défaite de l'homme blanc, défaite honteuse, retraite, démission sans combat ouvrit les yeux. On vit les conséquences des Grands Principes, impuissants quand il s'agit de construire, tout-puissants quand il s'agit de ruiner. »
Et Maurice Bardèche concluait ainsi ce texte paru en octobre 1984 dans Le Crapouillot (n°77) : « Très bientôt, dans vingt ans, dans dix ans peut-être, la race blanche en Europe devra lutter pour sa survie. Cette bataille suprême exigera des régimes forts, des gouvernements de salut public. Elle ne pourra être conduite que dans le dépérissement des idéologies et par le recours aux qualités viriles que je disais. Il ne faut pas se demander aujourd'hui si ces régimes forts sont possibles, il faut savoir qu'ils sont inévitables, sous quelque nom qu'on leur donne. Car ils sont la condition de notre salut ».
La pensée politique de Maurice Bardèche s'exprime aussi dans les innombrables éditoriaux et articles de Défense de l'Occident qui mériteraient à eux seuls une longue analyse (que nous ferons peut-être un jour). Cette revue, qui n'a jamais dépassé deux mille abonnés pendant les 30 ans de son existence (1952-1982), apparaîtra sans doute aux yeux des historiens du futur comme la production la plus cohérente d'une pensée politique aussi hostile à l'abjection du monde capitaliste et marchand qu'à la déshumanisation du monde communiste négateur de la différence qualitative des individus et des peuples. Pour nous limiter à un seul sujet, ceux qui ont lu Bardèche dans Défense de l'Occident ne sont JAMAIS tombés, comme tant d'autres, Le Pen compris, dans la moindre complaisance pour l'État d'Israël, selon le raisonnement stupide qui voudrait que les Israéliens nous vengent sur les bords du Jourdain des défaites essuyées en Algérie. Ce thème est plus que jamais d'actualité à une heure où les sirènes de l'islamophobie, pour ne pas dire du sionisme pur et simple, recommencent à sussurer, parfois avec succès, leur cantilène mortifère. Les lecteurs avisés de Maurice Bardèche et de Réfléchira Agir sauront, comme Ulysse, se boucher les oreilles et ouvrir les yeux !
Patrick Canet Réfléchira&Agir N°28 HIVER 2008


La Petite Histoire : Lasalle, le sabreur de la Grande armée

Aussi connu pour ses frasques que pour sa bravoure légendaire, Antoine Lasalle a tout du hussard. À la tête de sa « brigade infernale », il s’illustre dans presque toutes les grandes dates de l’épopée napoléonienne, de l’Italie à l’Allemagne en passant par l’Égypte. Après le bourbier espagnol, le général est rappelé par Napoléon pour affronter l’Autriche en 1809. C’est au cours de la bataille de Wagram qu’il meurt au combat, à 34 ans, outrepassant de quatre années la limite qu’il s’était fixée dans sa célèbre réplique : « Tout hussard qui n’est pas mort à trente ans est un jean-foutre ! » Retour sur la vie trépidante de l’un des plus grands chefs de cavalerie de l’histoire.

Mosanto ou un nouveau servage à l'échelle planétaire ?

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Dans des laboratoires ultra secrets et ultra protégés, pour faire toujours plus de fric, on cherche à modifier l'ordre naturel du monde et à engendrer des monstruosités végétales (ici du blé transgénique in vitro).
Qu'est-ce que Monsanto ? C'est l'archétype de la multinationale tentaculaire et planétaire ! Née en 1901, active dans 46 pays, forte de 17500 salariés et d'un chiffre d'affaires de 7,5 milliards de dollars en 2006.
Monsanto s'est fait véritablement connaître comme nuisance globale avec le fameux Agent orange. Un défoliant à base de dioxine largué à partir de 1961 et pendant une décennie sur les forêts du nord Vietnam couvrant le lacis de la "piste Hô Chi Minh" par laquelle transitait hommes et armes à destination du Sud. Puissamment carcinogène, tératogène et mutagène l'Agent orange, 47 ans plus tard, continue à tuer. Au glorieux palmarès de la marque, ajoutons l'herbicide total connu sous le nom de Roundup présenté mensongèrement comme biodégradable, un produit pourtant suspect de favoriser des malformations embryonnaires et d'être un agent précurseur de la carcinogénèse ; l'édulcorant de synthèse Aspartame possible Inducteur de Lésions cérébrales que l'on retrouve dans tous Les produits light mais pour lequel la firme ne touche plus aujourd'hui de royalties, le brevet étant tombé en 1992 dans le domaine public ;
ajoutons les hormones de croissances bovine et laitière interdites en Europe ; les PCB, polychloroblphényles ou pyralènes utilisés dans les transformateurs électriques mais qui ont contaminé chacun d'entre nous et toutes la chaîne alimentaire depuis les phoques de l'Arctique jusqu'au lait humain ; enfin les OGM, Organismes Génétiquement Modifiés grâce auxquels Monsanto via ses complicités dans l’Administration américaine donneuse d'ordre aux classes dirigeantes de la démocratie mondiale, est en train d'établir une hégémonie planétaire sur les semences. Ce qui signifie en clair la mise sous tutelle de l'agriculture et partant la dépendance alimentaire des États.
Au service de qui ?
L’Amérique déjà maîtresse des robinets pétroliers aurait ainsi aussi à sa main le sort des nations placées sous l'épée de Damoclès d'un embargo semencier, de pénuries, voire d'un retour des disettes. L'énergie et l'alimentation, quoi de mieux pour assurer une domination mondiale et Instaurer indirectement un nouveau servage, universel cette fois ?
Or, à quoi servent Les OGM ? Inexistants avant 1993, les OGM végétaux (soja, maïs, coton) couvraient en 2006100 millions d'hectares, soit 7 % des terres cultivées (un milliard et demi d'hectares). Certains d'entre eux sont prétendument utiles à rendre les plantes résistantes aux insectes ravageurs, ce qui est évidemment archifaux.
Dans les coffres de Monsanto, est stocké le capital génétique de l'humanité. Et ne sont mis sur le marché que quelques variétés de semences hybrides ne pouvant pousser qu'avec des engrais fabriqués et vendus par la même firme. La boucle est bouclée...
Face à ces mastodontes, quelques courageux se lèvent encore en arrachant des pieds de maïs transgéniques. Dommage que cette nébuleuse ait un curseur idéologique qui retarde de vingt ans (antiracisme, antifacisme...). Face au libéralisme qui nous lamine, ils risquent, par leur sectarisme de finir, avec nous, sous les décombres...
En France par exemple, la attaque toujours les plantations BT pourtant réputées résistantes. D’autres variétés sont censées rendre les végétaux réfractaires aux herbicides, en particulier au Rondup généreusement déversé à travers le monde sur les terres agricoles avant de se retrouver un jour ou l’autre dans la nappe phréatique. précisons que la question cruciale de l’innocuité en soi des OGM pour la santé humaine est encore loin d’être réglée car de vrais doutes subsistent ! Ce qui pose la question de leur dissémination dans l’environnement. Une contamination qui se généralise, des souches naturelles crée dans certains cas des situations ubuesques : au Paraguay, au Brésil ou aux Etats-Unis, des agriculteurs dont les cultures ont été contaminées par OGM se voient en effet contraints de verser des royalties à Monsanto ! En Inde, les graines de coton non OGM se raréfient. Or les semences brevetées sont quatre fois plus chères et requièrent tout autant de pesticides contrairement à ce que prétend Monsanto. Les déclarations des Organisations internationales présentant les OGM comme "un moyen de lutte contre la famine et la sous-nutrition" au bénéfice des "petits propriétaires des pays en développement" prennent au final tout leur sens quand on sait qu'en 2006, le coton BT soi-disant résistant, mais atteint par la maladie, a sur un semestre entraîné la faillite et le suicide de quelque 680 paysans indiens !
Un véritable danger
À quoi donc finalement servent Monsanto, sa chimie, ses OGM ? À polluer la planète ; à créer un empire financier, rouleau compresseur que plus rien ne semble devoir arrêter et qui étend chaque jour d’avantage son emprise dans le monde où les entreprises semencières sont rachetées les unes après les autres conférant progressivement au géant nord-américain un quasi-monopole planétaire. Rien ni personne ne lui résiste les gouvernements compadres comme celui qui est aujourd’hui à la barre en France, après avoir donné des assurances, reviennent sur les engagements pris sous la pression des opinions.
Souvent stériles, les OGM n’étant pour la plupart pas resememçables l’année suivante, la dépendance à l’égard du fournisseur Monsanto constitue donc une menace autrement sérieuse que le nucléaire iranien, pour notre sécurité alimentaire ! L’allégeance aux OGM dans l'espoir de superprofits est un danger immédiat surtout en ces temps d'instabilité mondiale, de récession et de crise. Si l'on a en mémoire que, pendant la Guerre froide, les grands programmes de recherche en matière d'armes biologiques, notamment aux Etats-Unis, se portaient sur les agents de morbidité végétale, des épidémies comme celle de la fièvre aphteuse ou de la peste porcine qui décimèrent les cheptels européens à la fin du xxe siècle, transposés aux cultures végétales, nous livreraient pieds et poings liés au bon vouloir de Monsanto et consort. On comprendra de ce point de vue à quel point une agriculture assurant une stricte indépendance alimentaire devient, surtout dans La conjoncture actuelle de flambée spéculative mondiale sur Les matières premières, un impératif absolu auquel nos décisionnaires tournent résolument le dos dans le but explicite d'assujettir l'Europe à la "destinée manifeste"du continent nord-américain. Grâce leur soit rendue !
Note:
1) Une spécialité maison que met en évidence la journaliste d'investigation Marie-Monique Robin (Le Monde selon Monsanto, Arte Editions/La Découverte, 2008) est un authentique savoir faire en matière de manipulation des dossiers d'homologation de produits Monsanto, en recourant à un lobbying intensif caractérisé par la nomination ou l'éviction sur commande des hommes susceptibles de servir ou de desservir Monsanto à la tête des grandes agences américaines de contrôle sanitaire comme la Food&Drugs Administration. L'exemple le plus impressionnant restera sans doute celui, apparemment oublié de tous, du rôle joué par Donald Rumsfeld, pour faire autoriser par l'administration fédérale la mise sur le marché de l'Aspartame (cf. Caligula au Pentagone d'Andrew Cockburn, Xenia, 2007). Ajoutons que dès 1983, Rumsfeld relayait déjà auprès de Saddam Hussein les intérêts du groupe pétrochimique américain Bechtel, une relation qui lui permettait en 1988 - époque où la guerre chimique faisait rage entre l'Iran et l'Irak, affrontement qui culmina avec le martyr de la ville kurde d'Hallabja - de conclure un contrat pour la construction à Bagdad d'une usine chimique à des fins civiles... et militaires !

Jean-Michel Vernochet Réflèchir&agir N°29 ÉTÉ 2008

mardi 28 janvier 2020

Politique & Eco n°247 – Réchauffement climatique : mythe et réalité (1ère partie)


Olivier Pichon et Pierre Bergerault reçoivent Jean-François Auzolle, ingénieur de l’Ecole Centrale, consultant pour une grande entreprise.
1) Climat : science et/ou idéologie ?
– Les exigences d’une méthode scientifique
– Rencontre de Camille Veyres, polytechnicien, directeur technique à France Télécom, spécialiste des émissions hertziennes et du rayonnement
– Une dénonciation des impostures scientifiques dominantes
– Jean Jouzel, pape du réchauffisme
– Le soleil, les volcans, la glace
– Le GIEC : un copié-collé de l’Organisation Météorologique Mondiale
– Questions sur les documents publiés par le GIEC
– Derrière le GIEC, de nouvelles taxes !
– 96 000 milliards de $, soit plus de quatre fois le PIB américain
2) Notre ami le CO2
– Le problème des modélisations mathématiques
– Le cheminement du CO2
– A l’origine, beaucoup plus de CO2 sur la planète qu’aujourd’hui (X 20 000)
– CO2 prisonnier des roches sédimentaires et libéré par les volcans
– Les plantes et le CO2 – Cycle des végétaux et photosynthèse
– Refroidissement de la terre ?
– Le CO2 ne détermine pas la température (thèse du GIEC), c’est la température qui fait monter le CO2
– Le rôle primordial des océans
– Le CO2 anthropique : seulement 6% du CO2 de l’atmosphère
3) Nourrir les hommes
– Quand le réchauffement signifie des subsistances en plus
– Croissance des arbres depuis le début du XXème siècle
– La nature en souffrance du CO2
– Le rôle de l’activité solaire, fondamental
– La construction de la cathédrale de Chartres et la production de blé en Beauce
– Tâches solaires et marchés à termes
– Aujourd’hui, l’activité solaire plutôt plus faible
– Vers une nouvelle période glaciaire
– Evocation de la petite glaciation moderne
– Aujourd’hui, nous sommes dans un cercle interglaciaire
La semaine prochaine avec JF. Auzolle : conséquences économiques et politique du supposé réchauffement

lundi 27 janvier 2020

"1791", cette date "oubliée" de l'histoire sociale française..., par Jean-Philippe Chauvin

Les nouveaux manuels scolaires, désormais entre les mains des professeurs avant d’être entre celles des élèves de lycée dans quelques jours, sont toujours révélateurs des tendances idéologiques du moment comme de la plus ou moins grande implication du Pouvoir en place dans la formation des esprits et des intelligences, mais aussi des « tabous » de celui-ci.
Evidemment, la période de la Révolution française, « matrice » de notre contemporanéité, attire l’œil des royalistes tout autant que celles des républicains et de la République elle-même, en tant que système idéologico-politique dominant et forme actuelle du Pouvoir en France. Or, alors que les programmes de Première (l’année d’étude de la Révolution dans les nouveaux programmes) y consacrent les premières heures d’étude de l’histoire, et qu’ils accordent une place un peu plus importante que les années précédentes aux question sociales (ouvrières comme paysannes) à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, il est frappant de constater que ce même thème est absent des cours sur la période des années 1789-99, et cela est, tout compte fait, dans la logique de l’Education nationale héritée des « Jules », Ferry et Michelet. Car la Révolution française, c’est aussi la « naissance du prolétariat », en tant que « situation sociale » et, en conséquence, de « classes », souvent considérées comme « dangereuses » au XIXe siècle par les pouvoirs politiques comme par les possédants qui vivaient largement de leur asservissement et exploitation.
S’il est quelques dates « révolutionnaires » évoquées dans les manuels, il en manque donc une, d’ailleurs « double » : celle de « 1791 ». Non que le départ malheureux de la famille royale soit oublié, ni les débuts pratiques de la première constitution écrite de la France sous la forme d’une monarchie constitutionnelle (éphémère), mais les deux actes fondateurs de la « grande question sociale en France » sont purement et simplement effacés, dans une sorte de « mémoricide social » qui pose tout de même quelques questions. Car le décret d’Allarde de mars 1791 et la loi Le Chapelier, votée en juin de la même année, sont les textes qui déconstruisent le modèle social français original fondé sur l’organisation corporative du royaume et de ses « métiers », modèle qui valorise le travail et sa qualité avant même le profit financier, à l’inverse du modèle anglosaxon libéral et « franklinien » qui ne compte le temps qu’en argent ; ce sont bien ces deux textes qui, par leur esprit et leur pratique, asservissent le travail comme les travailleurs (qu’ils soient simples ouvriers ou « maîtres ») aux seules nécessités du profit, sous l’argument de la « liberté du travail » qui n’est rien d’autre que la liberté de l’argent sur le travail et la mainmise presque totale du premier sur le second, au détriment des producteurs et de la qualité même de leurs production et produits. C’est la victoire d’un libéralisme qui ne sera jamais aussi total (mais pas forcément le plus efficace, en définitive, y compris pour ses objectifs financiers) qu’à cette période et durant une bonne partie du XIXe siècle, avant que, peu à peu et sous la pression des catholiques royalistes sociaux, des « syndicalistes » et des socialistes, il soit « tempéré » par quelques lois sociales et « conquis sociaux » (formule sans doute plus appropriée et plus exacte que celle d’acquis sociaux, aujourd’hui devenue presque péjorative pour une large part de l’opinion publique), qui ne sont, en définitive, que la récupération de ce qui a été perdu par le monde des producteurs en 1791…
La Révolution française a bien été le triomphe du libéralisme le plus sauvage et le moins encadré, et elle a désarmé les ouvriers au moment même où le processus d’industrialisation (déjà amorcé en France depuis le règne de Louis XV) aurait nécessité, au contraire, la prise en compte des nouvelles problématiques économiques et sociales posées par le décollage industriel rendu possible par la maîtrise des techniques énergétiques et l’abondance des ressources qui permettaient de les mettre en pratique, des cours d’eau et torrents au charbon bien présent dans le sous-sol du Nord français. « 1791 » est la date la plus « libérale » de l’histoire de France, jamais « égalée » dans le domaine économique et social depuis, et il n’est pas sûr que cela ait été une bonne chose, ne serait-ce qu’au regard de la suite…
Car, en détruisant les corporations de métiers (décret d’Allarde) et en interdisant toute association de producteurs dans leur branche d’activité (loi Le Chapelier) ainsi que toute grève et contestation de « la liberté du travail » (formule piégée, en fait, qui, sans citer le nouveau maître du travail, l’argent, en établit la tyrannie), les lois d’Allarde et Le Chapelier livrent ouvriers, artisans et métiers eux-mêmes, à la toute-puissance des financiers, et condamnent les salariés (et les « travailleurs libres ») à subir sans pouvoir les contester vraiment (par peur du chômage ou du renvoi) les conditions posées par les possesseurs des moyens d’investissement et de production : ainsi, comme le signalait Maurras à la suite des royalistes sociaux du XIXe siècle, la liberté du travail équivalait à la liberté de mourir de faim pour l’ouvrier s’il n’obéissait pas à la contrainte du détenteur des capitaux, de l’usine et de ces machines. Drôle de liberté, effectivement ! Terrible liberté en fait que seules la bonne volonté de quelques patrons « sociaux » et l’action législative permettront d’adoucir et, peu à peu, d’apprivoiser à défaut de la dominer…

L’on comprend mieux ainsi pourquoi l’Education nationale n’a guère envie que « 1791 » soit évoqué, elle qui a pour vocation, comme le rappelait Ferry et s’en moquait Pagnol, de « faire de bons petits républicains dociles », y compris sur le plan social et à l’heure où les (re)conquêtes sociales des XIXe et XXe siècles sont de plus en plus attaquées par une mondialisation libérale dont la République n’est, en définitive, que la dupe en s’efforçant d’en être la promotrice à travers ses multiples réformes « moins sociales »…
Mais il se trouvera bien, cette année et les suivantes, quelques professeurs d’histoire plus scrupuleux et peut-être moins oublieux (ou moins républicains) pour rappeler que la grande question sociale française qui agite notre pays après la Révolution française, et d’une certaine manière jusqu’à aujourd’hui, en est une des immédiates et terribles conséquences…

Les champs de l'horreur.

La science, l'idéologie et la désinformation

Chacun sait que de tout temps l'histoire est écrite par les vainqueurs, et qu'elle fournit aux prétentions de leurs héritiers la meilleure des justifications. On comprend aisément pourquoi l'histoire contemporaine et le récit des événements en cours, qui ne relève encore que des journalistes ou plutôt de leurs employeurs, et de ceux qui les financent) sont soumis aux intérêts dominants et à l'idéologie qui les couvre. Il est bien connu également que la situation présente peut donner une signification nouvelle à certains faits du passé.
Science et idéologie
On sait moins en revanche que des recherches dont l'enjeu n'est pas évident sont elles aussi soumises à l'idéologie dominante, sans que nul, au départ, ne manipule consciemment les chercheurs. Cette harmonie préétablie entre la recherche et l'idéologie prépare le terrain aux futurs manipulateurs, mais, en elle-même, c'est une réalité qu'il serait vain de nier. J'en prendrais des exemples dans les sciences humaines et plus particulièrement
dans les études indo-européennes. Les exemples qui suivent ont pour but de montrer que la main invisible de l'idéologie dominante peut tout aussi bien mener la science à la découverte que l'en détourner, ou en occulter les acquis.
D'où vient l'idée d'une langue mère " indo-européenne " ?
On admet communément que l'hypothèse indo-européenne est issue de la découverte de la parenté du sanscrit ou vieil-indien avec plusieurs langues d'Europe, annoncée par un discours de l'Anglais William Jones à l'Académie de Calcutta en 1786. Deux raisons montrent que ce n'est pas entièrement vrai. Sans recourir au sanscrit, le Danois Rask, à partir du latin, du grec, des langues germaniques, baltiques et slaves, est parvenu aux mêmes conclusions que l'allemand Bopp, qui utilisait principalement le sanscrit, et indépendamment de lui. D'autre part, cette parenté avait été établie vingt ans plus tôt par le jésuite français Coeurdoux. Ces observations avaient été relayées par une "théorie scythique" posant une parenté originelle entre les langues et les peuples d'Europe dont elle situait le berceau originel dans le sud de la Russie, sur un territoire occupé par le peuple iranien des Scythes au cours du premier millénaire avant notre ère. Or cette conception, qui préfigurait, du point de vue géographique, celle d'Otto Schrader, reprise et développée par Marija Gimbutas, se heurtait à une idée reçue celle d'une filiation hébraïque des langues, des cultures et même des peuples de l'Europe chrétienne. Ainsi le latin, dont on savait qu'il était à l'origine des langues romanes, était censé issu du grec, et le grec de l'hébreu une conception qui s'est prolongée jusqu'au XIXe siècle. Mais à la fin du XVIIIe siècle, deux mouvements concomitants, bien qu'opposés, ébranlent cette certitude et l'édifice idéologique sur lequel elle se fonde l'idéologie des Lumières et le Romantisme allemand. Si le premier, fondamentalement universaliste, n'intervient que de façon négative en contestant les idées reçues, le second adopte avec enthousiasme une idée qui mène directement, à travers les langues, à la découverte des véritables racines culturelles et ethniques des peuples d'Europe, longtemps occultées. On voit par là que les faits n'ont guère de poids par eux-mêmes vis-à-vis de l'opinion seuls sont pris en compte les faits conformes aux idées reçues, ou ceux qui répondent à une attente.
Peut-on rejeter l'hypothèse indo-européenne ?
Après plus d'un siècle, l'hypothèse indo-européenne, confirmée par de nouvelles découvertes et par son application concluante à des matériaux nouveaux, avec le déchiffrement des textes tokhariens et des textes hittites, pouvait passer pour établie. Elle fut remise en question de façon inattendue en 1936 par le célèbre linguiste N.S.Trubetzkoy dans son étude intitulée Gedanken ùber das Indogermanenprobîem [Réflexions sur le problème indo-européen]. A ses yeux, la notion d'indo-européen a l'inconvénient majeur de suggérer l'existence d'un "peuple indo-européen" tout comme le latin était parlé initialement par le "peuple romain" Peu importent les parallèles, peu importe que dans le monde entier les peuples tentent de retrouver leur passé par ces mêmes méthodes, et souvent dans des conditions bien moins favorables cette démarche est interdite aux peuples d'Europe. Ceux-ci doivent admettre qu'ils sont issus de métis parlant des sabirs. On sait que l'idée a fait son chemin chez les idéologues et les faiseurs d'opinion, voire chez les politiciens sous influence.
Le type physique des Indo-Européens
La question de la race est la plus sensible. Voici comment, en l'espace de peu d'années, l'évidence antérieure est devenue un insondable mystère pour Georges Dumézil. En 1941 dans l'introduction de Jupiter, Mars, Quirinus (Paris, Gallimard), il écrivait, p. 12 et suiv. "Bien entendu, la question a d'autres aspects que l'aspect linguistique. Un aspect ethnique d'abord, que, depuis un siècle également, étudient par leurs méthodes propres les diverses écoles d'anthropologie. Rappelons le résultat le plus général des recherches les Indo-Européens appartenaient à la race blanche et comptaient des représentants des trois principaux types d'hommes alors fixés en Europe, avec prédominance marquée du nordique." Voici ce qu'il écrit sur ce même sujet en 1949 dans le premier chapitre de L'Héritage indo-européen à Rome (Paris, Gallimard) : "Je parle des langues, car, quant aux sangs, que pourrait-on dire ? Lorsque ces groupes se mettent en mouvement et que cette préhistoire, si proche de notre histoire, s'accomplit, l'espèce humaine et ses variétés européennes sont vieilles de beaucoup de dizaines de siècles, de multiples migrations ont déjà mélangé les familles, croisé les hérédités, c'est-à-dire les pigments, les tailles, les talents et les tares." Ce revirement se passe de commentaire.
Ces différents exemples montrent comment une idéologie dominante peut retarder une découverte en opposant son modèle aux faits observables (la filiation hébraïque des langues et des cultures de la Chrétienté), ou au contraire la susciter et la promouvoir (les liens de l'hypothèse indo-européenne au romantisme allemand), comment elle peut en occulter les conséquences quand elles ne lui conviennent pas. Répression discrète et légère les hommes de science, volontiers frondeurs, deviennent vite dociles quand elle s'exerce. Il est bien de façons de les tenir en laisse.
Tels sont les rapports habituels de la recherche à l'idéologie dominante une sorte d'harmonie préétablie pour les plus dociles, qui sont aussi les plus nombreux répression qui fait rentrer dans le rang les frondeurs, et les dissuade de rejoindre le camp des rebelles. Tout cela s'opère sans scandale et sans bruit la recherche soumise peut être de bonne qualité, dans les limites qui lui sont imposées.
La science et la désinformation
La désinformation scientifique représente une situation beaucoup plus simple ici, l'idéologie agit à visage découvert, violant ouvertement les principes de la science, rejetant les acquis, niant les évidences la biologie soviétique à l'époque de Lyssenko. J'en prendrai deux exemples qui ne nous éloignent pas du monde indo-européen celui de Black Athena et celui de la théorie de la "non-invasion" (de l'autochthonie) des Indo-aryens.
Le cas de Martin Bernai, auteur de Black Athena " les racines afro-asiatiques de la civilisation classique" est caractéristique et caricatural. Loin de dissimuler, comme les chercheurs tenus en laissent qui cachent la trace du collier, il proclame haut et fort les raisons qui l'ont conduit à passer de la Chine contemporaine, dont il était un spécialiste réputé, aux origines de la Grèce. C'est alors qu'il s'intéresse à ses racines juives, apprend l'hébreu et le grec, ce qui le conduit à se convaincre qu'à côté de la part héritée du vocabulaire grec, qu'il estime à 50%, un quart vient du sémitique, un quart de l'égyptien. Il découvre aussi que l'histoire grecque, telle qu'on l'enseigne aujourd'hui, ne remonte pas aux Grecs, mais aux savant occidentaux des années 1840-1850. Il précise "l'antisémitisme avait profondément marqué la représentation des Phéniciens dans l'historiographie je n'eus aucun mal à faire le lien entre le rejet de l'Egypte et l'explosion du racisme en Europe du nord au XIXe siècle. Il me fallut beaucoup plus de temps pour démêler les rapports avec le romantisme et les tensions entre religion égyptienne et Christianisme." Il propose donc de substituer à l'histoire grecque telle qu'on l'enseigne aujourd'hui ce qu'il nomme le "Modèle ancien", celui qui remonte aux Grecs. Il est pour le moins curieux de devoir rappeler à un marxiste que le travail de l'historien ne consiste pas à suivre des historiens indigènes, mais à en faire une lecture critique, étayée par les acquis de la science actuelle.
Il n'est pas dans mon propos de reprendre ici, ni même de résumer, la réfutation de ce travail qui a été faite par divers spécialistes des domaines concernés. Rappelons seulement que s'il est un domaine où la notion de tradition indo-européenne est incontestable, c'est bien la Grèce, à en juger par la place que tiennent les données grecques dans la reconstruction du formulaire traditionnel indo-européen.
Comme l'a rappelé Bernard Lugan, L’Afrique réelle, 31-32, printemps-été 2001 Black Athena est "une imposture scientifique "issue de l'afro-centrisme" doctrine "politiquement correcte" née aux USA parallèlement au développement du mouvement des droits civiques. Inspirée des travaux du Sénégalais Cheikh Anta Diop, elle postule que les Noirs ont tout inventé. Le premier homme était d'ailleurs un Noir et l'ancienne Egypte était « n… ». Or, toutes les inventions primordiales ont été faites par les Egyptiens, donc par des Noirs. C'est pourquoi la civilisation égyptienne fut à l'origine de toutes les évolutions intellectuelles qui se firent dans le bassin méditerranéen et notamment en Grèce."
Ce n'est pas d'hier qu'un peuple accuse un autre peuple dont il a reçu beaucoup de l'avoir pillé précédemment.
Quand la vérité est en jeu, il faut faire abstraction de ses sympathies. L'erreur ne devient pas vérité quand elle est émise par des amis, et pour la bonne cause. Je ne sais s'il est politique de répondre à une sottise par une chimère mais au regard de la science, ce n'est pas acceptable.

Jean Haudry  Réfléchir&Agir N°14 PRINTEMPS 2003

Dany Robert Dufour : Une histoire souterraine du capitalisme

samedi 25 janvier 2020

Le Mystère des Phéniciens - Les Civilisations Antiques

L’important « capital » royaliste, par Philippe Germain

3081224843.jpgDepuis 1924 le duc de Guise était devenu dauphin suite au décès de Montpensier, frère de Philippe VIII. Considérant problématique la restauration de la monarchie, il s’est tout de même concentré sur l’éducation politique de son fils Henri, qu’il considère amené à succéder à son cousin Philippe VIII, sans postérité. Il est donc surpris en 1926 lorsque le duc d’Orléans meurt du choléra au retour d’un voyage. Longtemps simple cadet de la famille d’Orléans et non préparé a cette charge, Guise déclare pourtant assumer ses devoirs de chef de la Maison de France pour une prétendance qui va durer 14 ans. Jean III hérite alors d’un « capital » royaliste puissant car l’Action française de 1925 a atteint trois objectifs stratégiques fondamentaux
Tout d’abord l’Action française a réglé la question primordiale de la formation intellectuelle et pratique d’un socle de cadres royalistes, et son organisation en appareil de prise du pouvoir. La preuve par les 12.000 participants a son 7° congrès de 1920 qui lui permettent de ne pas, s’enfermer dans la problématique du recrutement pour lui-même, ce qui déboucherait sur la croissance des effectifs sans réelle efficacité.
Ces cadres royalistes, l’Action française les a ensuite utilisés à conquérir des pouvoirs dans certains terrains institutionnels ou sociaux, en s’y implantant au travers des courroies de liaison. C’est la conquête de l’intelligence autour de la Revue Universelle ( Jacques Bainville, Jacques Maritain, Henri Massis), le renouveau corporatiste ( Georges Valois), l’implantation paysanne ( Action française agricole)  et l’organisation des anciens combattants ( légion des combattants).
Enfin sa participation aux élections de 1919 a consacré l’entrée de l’Action française dans la phase de politique effective, au sens habituel du terme. Agir aux abords du pouvoir, mais aussi proposer aux français une alternative de société. Un succès tel que beaucoup d’observateurs purent penser que Daudet prendrait le pouvoir à Paris de la même façon que Mussolini à Rome.
          Revenons sur ce triple succès. Il a reposé sur la capacité de l’Action française à changer sa stratégie «  révolutionnaire  » d’avant 1914. Ayant misé sur le prolétariat comme réserve principale, l’A.F. de 1919 s’est trouvée en porte-a-faux lors du passage de l’anarcho-syndicalisme vers un communisme auréolé de sa victoire russe. Le marxisme, perdu en 1890, est triomphant en 1920. Preuve qu’en politique le désespoir est une sottise absolue et que l’histoire donne toujours à ceux qu’elle condamne une chance de venir en appel devant son tribunal. Par cette victoire du marxisme, l’Action française s’est vu contrainte a stratégiquement se replier sur sa réserve secondaire. Les couches moyennes auprès de qui elle a obtenu un gain d’image de marque suite à son attitude pendant la guerre. Rien de contradictoire à ce changement stratégique car sa philosophie politique ne la lie à aucune classe ou couche sociale privilégiée. De surcroît l’Action française estime qu’il n’y a pas de secteur qui par principe, monopoliserait les potentialités révolutionnaires. Pour elle, le potentiel révolutionnaire n’est le fait de tel acteur social mais celui de sa situation face aux autres. Et en 1919 l’Action française considère que la petite bourgeoisie pourrait entrer «  en réaction  » face au communisme.
          Doctrinalement inentamable, le noyau dirigeant de l’A.F. est moins homogène stratégiquement. Pour les uns, (Plateau, Dimier et Valois)  une couche sociale est utile en ce qu’elle risque d’agir à moyen terme, comme un détonateur. L’important c’est le risque de rupture qu’elle constitue pour le système car les couches sociales en régression sont souvent amenées à radicaliser leur opposition pour survivre (les Gilets Jaunes en 2018). Elles deviennent alors des sources d’agitation permettant de déclencher par conjonction de mécontentements une crise institutionnelle susceptible d’être exploitée. Cette vision «  illégaliste  » ne l’emporte pas en 1919.
            Pour les autres (Daudet, Maurras et Pujo) l’essentiel c’est l’importance du pouvoir social de la petite bourgeoisie  ; d’ailleurs couche en régression[1] depuis 1917. C’est pourquoi, forte d’un important crédit dans l’opinion publique au sortir de la guerre, l’A.F. décide tactiquement d’une utilisation électorale de cette couche sociale, afin de pénétrer le régime de l’intérieur. Une conquête des abords du pouvoir par l’entrisme parlementaire pour favoriser une réaction nationale. Celle-ci devant aboutir à une restauration monarchique car la ligue et son journal lanceraient dans l’opinion, l’homme qui porte les espérances (prétendant ou homme providentiel  : Poincaré – général Mangin), et constitue le recours à la crise. Cette «  moyen légal  » a eu l’appui du duc d’Orléans.
          Élu, Daudet crée un groupe parlementaire charnière lui permettant de proposer des solutions pour la France et ainsi situer le royalisme dans l’opinion publique. Cette phase de conquête des abords du pouvoir nécessite de peser sur le gouvernement par des actions force de proposition ou force de menace. Daudet va donc insérer, idéologiquement et politiquement l’A.F. dans les problèmes majeurs de la période. Par son «  spectacle  » parlementaire, il exerce une action décisive sur le pouvoir. L’Action française passe ainsi en 1921 pour avoir permis le rétablissement des relations avec le Vatican. Elle devient en 1922, le «  tombeur  » du Président du conseil Aristide Briand et en 1923 responsable de l’occupation de la Ruhr par l’armée française. Parallèlement  l’A.F. se crée une nouvelle image de marque en imposant dans la lutte idéologique le choix monarchie ou socialisme. Et ce au moment ou Mussolini en Italie, impose face au communisme une dictature monarchiquement compatible.
            Ce succès, reposant sur la tactique du prolongement artificiel de l’Union sacrée et celle du refus de la politique du pire, inquiètent[2] le pays légal. La hantise républicaine du complot le conduit alors a une répression féroce au travers le bras anarchiste (antifa, Black blocs de 2019). Début 1923, c’est l’assassinat du secrétaire général de l’A.F. Marius Plateau par  Germaine Berthon. Le pays légal camoufle l’implication policière. C’est ensuite la mort maquillée en suicide de Philippe, fils de Léon Daudet, chez le libraire anarchiste Le Flaouter (l’amant de Berthon). Pourtant la stratégie des moyens légaux n’est pas remise en cause et Daudet explique que le coup de force n’est plus envisagée qu’en cas de nécessité puisqu’il peut agir beaucoup plus efficacement de l’intérieur. Effectivement Poincaré (que Maurras rencontre tandis qu’il mise sur l’affectation du général Mangin[3] comme gouverneur militaire de Paris !) a obtenu les pleins pouvoirs grâce aux voix de Daudet. Malgré la répression, l’A.F. est à son apogée. Elle inquiète tant que Daudet est lâché par le bloc conservateur, et donc non réélu en 1924.
          Reculant sur la phase de conquête légale des abords du pouvoir, l’Action française va modifier les objectifs de sa phase de conquête des pouvoirs sociaux. Sur la suggestion de Georges Valois l’A.F.  décide adresser le terrain des anciens combattants, bafoués par une paix faite pour des intérêts particuliers tandis que l’État fléchit sous la pression ploutocratique. A partir de ses articles dans l’A.F. quotidienne, il publie son ouvrage La Révolution nationale  : philosophie de la victoire (1924). S’appuyant sur l’Union des Corporations Française il lance avec Daudet, une campagne de propagande réclamant la convocation d’États Généraux. En accord avec Maurras un hebdomadaire est crée (Le Nouveau siècle), pour servir de support aux diverses formations qui gravitent autour de l’A.F.  Puis est lancée la création de Légions destinées à rassembler les combattants pour lutter contre le parlementarisme. Pour le noyau dirigeant de l’A.F. cette nouvelle ligne répond à deux objectifs  ; d’abord faire jouer[4] à Valois auprès des anciens combattants le rôle qui lui avait été confié jadis auprès du monde ouvrier, mobiliser un important secteur de l’opinion avec lequel il possède des affinités particulières. Ensuite répondre au mécontentement de ses activistes, suite au refus de «  marcher  » sur la place Beauvau lors des obsèques de Plateau alors que les Camelots du Roi de province étaient présents à Paris, sans oublier les nombreux anciens combattants (probablement près de cent mille sympathisants). D’autant qu’après Plateau et Philippe Daudet, le trésorier de l’A.F. Ernest Berger à aussi été assassiné par une anarchiste (Maria Bonnefoy). Maurras rencontre donc le duc de Guise le 1 juin et Valois le 9 juin 1925. Ancien ambulancier du Front, le duc est sensible à l’approche ancien combattants de Valois tandis que son fils Henri est receptif au discourt social de celui que Lénine considéra comme le meilleur économiste occidental.
          Le 27 mars 1926 lorsque le duc de Guise devient prétendant, il est soutenu par son épouse, partisane passionnée de la restauration monarchique et de l’Action française. Son fils croie en son destin. Son capital de partisans comprend l’Action française appuyée sur la bourgeoisie et les catholiques mais aussi le jeune  Faisceau rassemblant quelques 30.000 anciens combattants de tous les horizons regroupés autour d’un fort noyau monarchiste.  Que va donner la prétendance de Jean III  ?
[1]La régression de la classe bourgeoise commence en 1917, voir Pierre Debray, Une politique pour le XXI° siècle – Une Action française au service de l’avenir, pages 61-65, Éditions de Flore, 2019.
[2]On ignore que Maurras entretient une correspondance et rencontre le Président de la République Poincaré tandis que Daudet dispose encore de ses réseaux policiers mis en place depuis 1917.
[3]Pendant la grande guerre Pétain avait prévenu Mangin : « Vous êtes considéré comme suspect. »
Après la guerre, Mangin commande après la zone d’occupation et favorise le mouvement séparatiste visant l’établissement d’une République rhénane liée à la République française. Clemenceau le suspend de son proconsulat en 1920, sur injonction des Anglo-Saxons. Mangin a rapporté leur échange : « Et puis … avec ce que vous avez fait … une armée … quelle tentation pour la politique !  »
[4]Malgré ses approximations, voir Zeev Sternell, Ni droite, ni gauche – l’idéologie fasciste en France, Seuil, 1983, pages 115-117.

vendredi 24 janvier 2020

Les vraies unités locales de la France

Les vraies unités locales de la France.jpeg
Vous aurez du mal à trouver cette carte en Français. Les hussards noirs de la République n'entendaient pas voir rappeler à leurs élèves la réalité charnelle des provinces de l'ancien régime....
À Droite ligne nous n'avons rien contre les Celtes la preuve, nous avons décidé d'alimenter le débat sur la nécessaire simplification des échelons administratifs français en exhumant un texte ancien - très ancien même - du Breton (de l'académie française tout de même) Charles le Goffic La preuve que les Français n'ont pas attendu d'être ruinés pour vouloir se débarrasser des départements.
Je sais bien ce qu'on dit : que, coûte que coûte, il fallait détruire le particularisme de l'ancien régime, centraliser, afin d'unifier. Et, si l'on objecte à cela qu'un morcellement en quatre-vingt-trois circonscriptions administratives n'était point nécessaire pour opérer l'unification, que ce morcellement excessif ne pouvait qu'étendre la plaie du fonctionnarisme et grever inutilement le budget, Mirabeau, Duquesnoy, Rabaud Saint-Étienne, Thouret, Gossin et tous les partisans du projet ne laissaient pas d'avoir réponse à l'objection :
« Nous voulons de nombreux départements, disaient-ils, afin que l'étendue et la position géographique de chacun de ces départements permettent à tous les intéressés d'accéder au centre de l'administration en une journée de voyage. »
Voilà un argument qui pouvait avoir sa force en 1790. (…)
Les vraies unités locales de la France, nous les trouverons dans ces régions naturelles qui ont conservé le beau nom clair de pays.
« Parlez de "pays" à un paysan, dit M. Foncin, il est de la maison, il vous entend aussitôt. Vous l'étonneriez en lui disant que le pays est l'ancien pagus gaulois. Peu lui importe mais, étant plus près que nous de la nature, il en a gardé le sens et, plus conservateur que nous, il est resté attaché à la tradition du vieux langage français. Cela suffit pour que le terme de "pays" ait à son oreille une signification très précise ».
C'est en vain qu'ont passé sur la Gaule tant de dominations étrangères, tant de régimes politiques ; c'est en vain que la carte de France a été grattée et regrattée, obscurcie de surcharges et de ratures. Sous les caprices des délimitations les plus contradictoires, le « pays » a maintenu ses frontières presque aussi visibles qu'aux anciens âges. Il s'appelle le Queyras et la Maurienne dans les Alpes, la Soûle ou le Labourd dans les Pyrénées, ici le Médoc, ailleurs le pays de Caux, là le Velay, la Bresse, la Thîérarche, le Gâtinais, chez nous le Goëlo, l'Avaugour, le Penthièvre, le Quéménet-llly, le Pou-Alet, etc. Il continue, sous nos yeux, ces petites contrées naturelles que le climat, la géologie, le relief, etc., avaient distribuées comme berceaux aux peuplades antiques de la Gaule. L'homme s'y est à tel point incorporé au sol qu'après deux mille ans de vie nationale, dit M. Jullian, la plupart des « pays » de France observent encore une manière à eux de parler, de penser et de travailler, comme si « la vue éternelle des mêmes horizons, la recherche et l'espérance des mêmes récoltes, la jouissance des mêmes sources et les hommages aux mêmes dieux » avaient perpétué chez les habitants « ces besoins d'union et ces airs de ressemblance que leurs ancêtres avaient déjà fixés par des légendes familiales et par la communion en un père unique ».
Le « pays » n'est pas seulement plus vivant, plus réel, que le canton et le département : il est plus réel et plus vivant que la province, laquelle a bien pour elle son ancienneté, mais est presque partout, sauf en Bretagne, en Auvergne et en Béarn, l'œuvre des hommes et non pas une région naturelle.Sans doute, M. Foncin le reconnaît, si l'expression de « pays » est aussi claire qu'elle est antique, il y a pourtant pays et pays. La politique ne paraît pas étrangère à la conformation de quelques-uns, qu'il conviendrait de distinguer des « pays » géographiques, les seuls dignes du nom. Je crois savoir que depuis plusieurs années déjà une enquête est ouverte, par les soins et sous les auspices de M. Foncin, pour faire cette répartition délicate, établir une carte aussi précise et aussi nette que possible des véritables divisions naturelles de la France. Le jour où cette carte sera établie, c'est alors vraiment qu'on aura une solide assise pour la réorganisation administrative du territoire. La région, ou de quelque autre nom qu'on l'appelle, ne sera plus, comme dans un des précédents projets dont je parlais tout à l'heure, un syndicat de circonscriptions et d'intérêts artificiels, mais un groupement naturel de forces naturelles et actives.
« Il est digne de remarque, dit quelque part Fustel de Coulanges, que les vieux États gaulois ont conservé jusqu'à une époque très voisine de nous leur nom, leurs limites et une sorte d'existence morale. Ni les Romains, ni les Germains, ni la féodalité, ni la monarchie n'ont détruit ces unités vivaces on les retrouve encore dans les "pays" de la France actuelle ».
Croyons-en l'auteur de la Cité antique. Cent ans ne sont qu'un moment dans l'histoire d'une nation mais un moment peut décider de toute une vie, et nous pourrions payer cher l'erreur constituante. Car la nouvelle division administrative du territoire fut incontestablement une erreur. On le sent, on le dit un peu partout : ce n'est point assez et il faudrait remonter d'abord à la cause du mal pour être sûr de ne point se tromper dans le genre de remède à lui appliquer. Or, tout fait penser que le mal ici est né d'une méconnaissance des lois de l'anatomie géologique. Fustel a mis le doigt sur la plaie et l'œuvre de la Constituante n'est devenue si rapidement caduque que pour avoir négligé précisément ces « unités vivaces » dont il parle et qui devraient jouer dans l'organisme administratif le rôle que jouent les cellules dans l'organisme humain. En politique, comme en toutes choses, il n'est de durable que ce qui ne contrarie point le plan de la nature. (…)
Formés de bric et de broc, les départements français sont un perpétuel défi à la nature et au bon sens, ils ne tiennent compte ni de l'orographie, ni de l'hydrographie, ni des besoins économiques, ni des affinités ethniques et morales des habitants. Mais où la puérilité éclate surtout, c'est dans le choix de leurs noms, bien plus choquants que celui des Côtes-du-Nord (Modifié depuis en Côtes d'Armor [DL]) : sur 86 départements, 62 portent des noms de rivières. Comme l'a très bien montré un distingué géographe de ce temps, M. Charles François, il eût fallu au moins, pour la clarté de la classification, que ces rivières fussent propres aux départements qu'elles baptisent et qu'elles y eussent à la fois leur source et leur embouchure. En fait 6 départements sur 86 sont dans ce cas : le Loiret, la Nièvre, la Drôme, la Corrèze, l'Ardèche et le Gard. Ces départements sont donc fort bien nommés, puisque leurs noms ne prêtent à aucune amphibologie. J'en dirai autant du Vaucluse qui tire son nom de la célèbre fontaine chantée par Pétrarque. Restent 55 autres départements à noms de rivières et fort mal nommés - M. François a grand'raison - en ce sens que la rivière qui « définit » le département n'est pas renfermée exclusivement dans la circonscription définie : l'Eure, la Mayenne et la Sarthe naissent toutes les trois dans le département de l'Orne ; la Vienne, qui nomme deux départements, descend du plateau de Millevaches, dans la Corrèze ; la Charente, qui nomme aussi deux départements, s'écoule des monts du Limousin, près de Chéronnac, dans le département de la Haute-Vienne ; la Dordogne débute dans le département du Puy-de-Dôme, au mont Dore, où elle est formée de deux ruisseaux, la Dore et la Dogne ; l'Allier, le Lot, le Tarn ont leur berceau dans les montagnes de la Lozère ; l'Hérault prend naissance dans le département du Gard, l'Aude sort du massif de Carlitte, dans les Pyrénées-Orientales ; le Gers vient des Hautes-Pyrénées ; l'Isère prend sa source et son nom au mont Iseran, en Savoie.
On pourrait continuer l'énumération, si les partisans de la nomenclature actuelle ne nous arrêtaient en objectant que les membres de l'Assemblée nationale et de l'Assemblée constituante savaient fort bien que les rivières dont ils donnaient les noms aux départements n'étaient point spéciales à ces départements, mais qu'ils avaient pris pour désigner ceux-ci le nom du principal cours d'eau qui les traversait.
À quoi les adversaires de la nomenclature répliquent que l'observation n'est point juste pour le Loiret, « magnifique département qu'arrose la majestueuse Loire » et auquel on a donné, dit M. Louis Madelin, le nom « d'une riviérette baignant une centaine de jardins » que les départements de la Nièvre, de l'Aisne, de l'Aveyron, de la Drôme et de l'Isère sont dans le même cas ; que le département de la Vendée est ainsi nommé d'une rivière qui a trente kilomètres de moins que le Lay qui le traverse également, que la Corrèze n'est qu'un affluent de la Vezère, etc., etc.
Incohérence et confusion presque partout voilà la vérité. Et qu'est-ce, grand Dieu, quand les départements sont affligés de noms composés comme les Basses-Alpes, les Hautes-Alpes, la Charente-Inférieure, les Bouches-du-Rhône, etc. ? Vingt-sept départements ont ce malheur. Nos pauvres écoliers s'y perdent.
« J'ai entendu des candidats, dit M. François, répondre bravement que Digne était le chef-lieu des Hautes-Alpes et Gap le chef-lieu des Basses-Alpes. L'examinateur pestait contre leur ignorance et moi je pestais avec plus de raison contre le caprice de ceux qui ont imaginé ces dénominations bien faites pour embarrasser la mémoire des élèves. Car, enfin, pourquoi ici les Hautes-Alpes et au-dessous les Basses-Alpes ? C'est, dit-on, parce que les Alpes sont plus élevées dans le premier de ces départements que dans le second. La raison n'est pas bien bonne. Si, en effet, le département des Hautes-Alpes a quelques sommets supérieurs, tels que le pic des Ursins (4100 mètres), la Meije (3 900 mètres), le mont Viso (3 850 mètres), les Alpes du département voisin ne sont pas déjà si basses, car on y trouve le Grand-Bubren, qui a 3 340 mètres, le Bérard, qui en a 3 047, et le Pousenc, 2 900 ; ce sont presque des rivaux.
Appliqué aux rivières, ce mot de haut ne prête pas à des confusions moins regrettables. Induits en erreur, parce qu'ils sont tombés juste une fois et que la Marne prend effectivement sa source dans la Haute-Marne, nos écoliers croient qu'il en va de même des autres rivières et ne manquent pas de dire imperturbablement que la Saône prend sa source dans la Haute-Saône, la Loire dans la Haute-Loire, la Vienne dans la Haute-Vienne, la Garonne dans la Haute-Garonne, etc..
Les départements maritimes sont-ils mieux partagés du moins que les départements à noms de rivières ?
Rien à dire, nous l'avons vu, du Finistère, du Morbihan, même de l'Ille-et-Vilaine et, à la rigueur, de la Loire-Inférieure (Modifié depuis en Loire-Atlantique [DL]). Rien à dire non plus du Pas-de-Calais, des Landes, du Calvados, de la Somme, de la Gironde, des Bouches-du-Rhône. En revanche on a lu plus haut nos critiques sur l'appellation des Côtes-du-Nord. Et pourquoi encore l'appellation de Manche ? Le département qui porte ce nom n'est pas le seul qui soit baigné par la Manche il n'est même pas à l'avant-garde, il est au centre de cette mer. Mais le plus mal nommé de tous nos départements côtiers, c'est incontestablement le Var. M. François a été amené à se demander comment il se faisait que la rivière qui a donné son nom à ce département se trouve tout entière dans le département voisin, et voici ce qu'il a découvert : le Var est un torrent qui servait autrefois de limite entre la France et l'Italie, sur une faible partie de son parcours (une vingtaine de kilomètres) ; on avait trouvé bon d'en faire l'enseigne du département dont Draguignan est le chef-lieu, de préférence à l'Argens, qui a son cours entier de 100 kilomètres dans ce département. Arrive, en 1860, la réunion du comté de Nice à la France et, pour arrondir le nouveau département des Alpes-Maritimes, on détache du département du Var l'arrondissement de Grasse. Il s'ensuit que le torrent du Var se trouve tout entier dans le département annexé : le Var n'est plus dans le Var ! (...)
Et pourtant, si l'on en croit M. Dubreuil, tous ces défauts, toutes ces inconséquences apparentes, y compris le nom ridicule donné au département, ont eu leurs raisons. Nous n'en disconvenons pas. Mais ce sont ces raisons qu'il importe d'examiner et de peser. Les plus méchants actes ont leurs raisons, ce qui revient à dire que tout effet a sa cause. On n'a pas justifié nos Constituants parce qu'on a démontré qu'ils ont agi avec réflexion il faudrait démontrer encore que leur réflexion fut sage et conforme aux intérêts du pays.
Remarquons tout d'abord la conception géométrique de la nouvelle division administrative.
« On avait partagé la France par quatre grandes lignes, dit M. D. Tempier, qui, se croisant du haut en bas et de gauche à droite, donnaient neuf cases. Une division semblable dans chacune de ces cases donna 81 cases plus petites, ce fut à ce nombre que l'on assimila celui des départements. En y ajoutant Paris et l'île de Corse, on en eut 83. Ce morcellement de territoire fractionnait la Bretagne en cinq départements. Celui de Saint-Brieuc ou des Côtes-du-Nord fut divisé, suivant le même système, en 9 districts, et chaque district en 9 cantons. »
La France n'était plus une nation : elle était un échiquier. Toute considération cédait, aux yeux de l'Assemblée nationale et des Constituants, devant la nécessité de donner la même importance territoriale aux cases de cet échiquier et le hasard seul a voulu que certaines de ces cases correspondissent exactement à d'anciennes divisions gauloises : la Dordogne au territoire des Pétrocores, la Lozère au territoire des Gabales, le Lot-et-Garonne au territoire des Nitiobroges, l'Indre-et-Loire au territoire des Turons.(…)
Une poignée d'idéologues et d'énergumènes, à la tête de laquelle était Siéyès, gouvernait l'Assemblée, tranchait décidait. Elle était la loi et les prophètes. Elle inaugurait ce régime centraliste, oppressif et hypocrite, pour qui le respect de la souveraineté populaire n'est qu'un mot, un article de la constitution, excellent dans les programmes électoraux et qu'on n'applique jamais.

Charles Le Goffic Droite Ligne n°6 - septembre 2010

KATYN : SE SOUVENIR (DVD)

C'est à un travail particulièrement sensible et au combien nécessaire auquel s'est attelé le réalisateur polonais Andrzej Wajda. Décrire enfin le massacre d'une nation et de son élite, l'ignominie du mensonge historique et la ferveur patriotique d'un peuple. Un travail historique doublé d'un hommage rendu à son père officier, exécuté à Katyn.
Prendre un tel parti n'est pas sans risque tant une telle approche de l'histoire est une véritable brèche dans la longue litanie des contrevérités distillées par le camp des vainqueurs. Le meilleur des accueils semblait devoir être réservé à ce film en France, nation autrefois amie de la Pologne, s'agissant d'un réalisateur déjà couronné d'une Palme d'or, de deux César et d'un Oscar d'honneur. C'est l'omerta qui fut au rendez-vous. Après une reconnaissance tardive dans les années 90 par les autorités russes de la « paternité » communiste de ce massacre, seules quelques dizaines de salles auront eu le courage de projeter ce film historique alors qu'un oscar du meilleur film étranger lui était décerné outre-Atlantique. Pendant près de 130 ans, la Pologne vécut sous la triple domination russe, prussienne et autrichienne avant que le traité de Versailles ne rétablisse son indépendance. Mais la question des frontières, édictées par le « Diktat » de Versailles, sera source de conflit, aussi bien à l'ouest avec les populations germanophones et le Couloir de Dantzig qu'à l'est avec la Ligne Curzon. La Pologne entreprendra en 1920-1921 de récupérer par la force ses territoires avec l'aide de l'Angleterre et de la France et les ressentiments seront encore vivaces en 1939. C'est dans ce contexte que le pacte germano-soviétique conduira au démantèlement, une nouvelle fois, de la Pologne ainsi qu'à l'entrée des troupes russes en Pologne. Plus qu'une occupation, la Russie soviétique entreprendra l'exécution systématique des populations potentiellement sources de résistance qu'étaient à leurs yeux les familles d'officiers, de notables et d'intellectuels. Après l'arrestation de 250 000 soldats dès septembre 1939, près de 15 000 officiers et notables restaient internés en février 1940. Dès le 25 décembre, le premier acte de cet assassinat de masse a lieu les religieux encadrant les hommes dans les camps de concentration avaient été arrêtés le jour de Noël. Ils ne réapparurent jamais. Le 5 mars 1940 était décidé par le Politburo (Molotov, Vorochilov, Beria et Staline) l'exécution des prisonniers et la déportation de leurs familles. Conformément aux méthodes soviétiques, les prisonniers seront abattus d'une balle dans la nuque au bord de fausses communes. Il faudra attendre août 1941 et l'avancée allemande vers l'est pour que les premiers charniers soient découverts : 4 400 corps seront dénombrés dans les fosses de la forêt de Katyn et 10 000 à Kharkov et Kalinine. Très vite, l'Allemagne ouvrira une enquête dirigée par des experts internationaux et des membres de la Croix Rouge pour faire la vérité sur ce qu'elle qualifiera de « massacre juif » dans sa propagande (Beria étant lui-même juif comme l'un des deux membres du Politburo absent le jour de la signature, Kaganovitch, tandis que les concubines de Molotov et Vorochilov l'étaient également). L'Union soviétique mettra en œuvre dès la fin de la guerre sa formidable machine de désinformation. Elle sera aidée par une Croix rouge ne souhaitant pas favoriser la propagande nationale-socialiste malgré les informations en sa possession et plus activement encore par le gouvernement britannique enterrant un rapport accablant transmis par les polonais en exil, qui ne sera dévoilé qu'en 1989. Au procès de Nuremberg, les dirigeants du Troisième Reich seront accusés de ce crime et 70 ans après la guerre les livres d'histoire ne mentionnent qu'à demi-mot, ce massacre pourtant unique dans l'histoire, un crime odieux et l'extermination totale d'une « classe ». C'est cette histoire que nous raconte avec talent Wajda, nous faisant vivre également la résistance passive des polonais, en butte à une occupation physique et en même temps, une guerre contre la vérité. Comment ne pas penser au contexte actuel et à l'actuelle extermination culturelle ? Que l'on évoque l'attitude des vrais patriotes pendant cette même guerre, les bienfaits de la présence française hors-métropole ou encore le génie français et la fierté d'en être issu et les « Orgues libéraux » se mettent en batterie ; que l'on refuse de plier devant les oukases de la diversité culturelle, de la discrimination positive ou de la vérité officielle et les officiers politiques s'affairent à l'extermination comme ce fut peut-être le cas du Général Sikorski pourfendeur du mensonge soviétique et qui s'écrasera en 1943 à Gibraltar, délivrant ainsi les relations interalliées. En ces temps de guerre larvée, Katyn de Wajda est une arme politique. La démonstration par la preuve que maintenir une droite ligne, ne rien céder constitue un acte majeur de résistance. L'honneur ne se garde et la liberté ne se maintient que dans la vérité, dans sa quête et dans sa transmission   

Rodolphe Marteau Droite Ligne n°3 - Mai 2010