mardi 31 décembre 2019

L'histoire de la FANE racontée par... Rivarol

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Robert Spieler, Rivarol cliquez ici
La FANE, une étrange organisation
Franck Buleux nous offre, aux éditions Synthèse nationale, un panorama de ce que fut la Fédération d’action nationale européenne (FANE), qui exista un peu plus de quatorze ans, entre 1966 et 1980. Fondée par Marc Fredriksen (1936-2011), un employé de banque résidant au cœur de la Seine-Saint-Denis, célibataire, amateur invétéré  de tabac, fumant la pipe, peu charismatique, la FANE fut, dit Franck Buleux, « probablement l’ultime tentative, sur notre territoire, de former un parti révolutionnaire, d’inspiration nationale-socialiste européenne ». Après l’échec des nationaux, soutiens de Jean-Louis Tixier-Vignancour, à l’élection présidentielle de 1965, le mouvement entreprit de dépasser les deux thématiques traditionnelles de l’extrême droite française : le nationalisme étatique et l’anticommunisme.  Qui était l’ennemi principal, selon l’expression de Carl Schmitt et de Julien Freund ? La guerre des Six-Jours permettra de le désigner : ce seront l’ensemble des soutiens à Israël, y compris, et même surtout, parmi les organisations et cadres de l’extrême droite concurrente. Le Système considéra (ou plutôt fit semblant de considérer) que la FANE était cet astre sombre, expression d’une internationale brune, un danger quasi mortel pour la démocratie, et finit, bien sûr, par la dissoudre.
La FANE, un mouvement national-socialiste
La FANE, qui militait « pour une Europe populaire, unitaire et blanche » est née le 8/4/1966 de la fusion de trois groupuscules : le Comité de soutien à L’Europe réelle, les cercles Charlemagne, issus d’Occident, et Action Occident que présida Marc Fredriksen, qui fut aussi membre de la Restauration nationale. Tout cela ne représentait que quelques dizaines de militants. La revue Notre Europe, organe de « combat pour un nouvel ordre européen » en sera l’organe de presse. Elle fusionnera avec les Cahiers européens de François Duprat, après son assassinat en mars 1978. Passons rapidement sur quelques événements qui jalonnèrent la vie de ce mouvement. En 1970, la fusion avec Jeune Europe, mouvement dirigé par Nicolas Tandler ; en 1973, la tentative de diffusion dans les kiosques de la revue : un échec financier qui entraîne la disparition de la revue pendant cinq ans ; la candidature de Marc Fredriksen aux législatives de 1978 (1,4% des suffrages) sous l’étiquette Front national. Décidément, on n’était pas encore dans l’ère de la dédiabolisation ! L’assassinat de François Duprat le 18/03/1978 ; Le Congrès « fasciste européen, le26/01/1980 à l’hôtel Sofitel, à Roissy, en présence de délégations européennes. Le congrès se tient malgré l’interdiction préfectorale avec comme slogan quelque peu optimiste : « FANE vaincra ! ». Ce sera un des prétextes pour la dissolution du mouvement, quelques temps plus tard. La menace de dissolution amène la création des Faisceaux nationalistes européen, comme structure de repli. Henry-Robert Petit, ancien secrétaire général du Rassemblement anti-juif avant la Seconde Guerre mondiale, puis adjoint de Louis Darquier de Pellepoix, responsable des Affaires juives durant l’Occupation, proche de la FANE, en sera le dirigeant sur le plan administratif. Et puis, il y aura l’attentat meurtrier de la gare de Bologne (85 morts et plus de 200 blessés, le 2 août 1980), et la mise en cause de la FANE dans ce massacre, en la personne de l’inspecteur de police français Paul Durand, membre du bureau politique du parti et responsable des relations avec les nationalistes révolutionnaires transalpins.  Il n’y était évidemment pour rien, mais le pouvoir en prit prétexte pour dissoudre le parti, le 03/09/1980. La dissolution eut donc lieu avant l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic du 10/03/1980. L’attentat sera revendiqué par un provocateur, Jean-Yves Pellay, garde du corps de Marc Fredriksen, au nom des Faisceaux nationalistes européens (FNE) qui avaient succédé à la FANE. Nous y reviendrons car l’affaire est pleine d’enseignements. Mais quel était le programme de la FANE ?

Le Siècle Des Révolutions (II/III): concevoir l'impossible (1750-1770)

Le siècle des révolutions (I/III) : le laboratoire anglais (1660-1750)

Le Coran entre apocalypse et empire : nouvelles réflexions sur la genèse...

dimanche 29 décembre 2019

Cochin : Les mécanismes de la Révolution

Numériser.jpegLes travaux que produisit Augustin Cochin au début du xxe siècle, sur la nature du phénomène révolutionnaire, de 1789 à 1794, n'ont pas été dépassés. Les éditions Tallandier offrent un gros volume de ses Œuvres, republiées sous la direction de Denis Sureau : Un événement éditorial !
Augustin Cochin a été l'un des premiers à vouloir « penser la Révolution française » lorsque tant d'autres se contentaient d'en raconter les événements et d'en présenter les acteurs. Joseph de Maistre en 179S et Jules Michelet en 1850, avaient bien compris la nécessité d'un regard qui cherche non seulement à narrer les événements mais à mettre au jour leur logique interne, cachée aux regards distraits. C'est pourquoi Maistre analysa la révolution en théologien et y vit l'image de Satan. Quant à Michelet, il étudia la Révolution en poète et plaça « le peuple » au-dessus de toutes les contingences chronologiques. Maistre et Michelet firent de la métaphysique, chacun à leur manière. Quant à Augustin Cochin, c'est en sociologue qu'il aborde le problème, au grand dam des historiens de son temps, qui ne comprennent pas sa tentative. Sociologie ? Augustin est un jeune homme brillant, qui a touché un peu à tout littérature, philosophie. Finalement il termine major de l'École des Chartes. En même temps, il se passionne pour l'œuvre d'Emile Durkheim, le "père" de la sociologie, qui lui apprend que la société est un véritable sujet de réflexion, que toutes les sociétés ne fonctionnent pas de la même façon et que la Révolution française est fondée sur un nouveau modèle social, un modèle rationnel, fait d'individus abstraits, sans passion, sans autre foi commune que la Révolution elle-même, individus qui créent un modèle de société, qui pour la première fois n est pas fondé sur la foi commune (comme dans le modèle social qui a nom chrétienté), mais qui se forme à partir du calcul des intérêts de ceux qui peuvent ou qui savent les faire valoir. Foi commune ou intérêt commun ? Le premier modèle, la foi commune, est celui de la monarchie démocratique de Louis XVI, le « roi bienfaisant », qui s’est voulu au service du peuple. Le second modèle est la République de Rousseau, théorie d'un Pouvoir absolu (celui de l'unanimité présumée des citoyens), représentant une sorte de rêve d'absolutisme à la française.
Cochin mourut en héros, mais prématurément, durant la grande Guerre il avait 39 ans. Pour son œuvre d'historien de la Révolution française, ce fut le commencement d'un long purgatoire : personne ne parlait plus du travail de cet homme, qui laisse quelques études scrupuleuses, un ouvrage terminé et de fulgurantes intuitions, que l’on retrouve en particulier dans une magistrale correspondance, publiée dans ce volume.
C'est en 1978 que son nom franchit le cercle très fermé de ses lecteurs fidèles. Le grand historien François Furet, spécialiste de la Révolution française, venait de faire paraître un ouvrage ambitieux dans son dessein: Penser la Révolution française. Il expliquait que la Révolution française n'avait vraiment été pensée, telle qu’en elle-même, que par deux grands historiens Alexis de Tocqueville, l'auteur de L’Ancien régime et la Révolution et Augustin Cochin, théoricien de « la machine révolutionnaire. » Dans les deux cas, Tocqueville ou Cochin, il s'agissait de prendre de la distance par rapport aux événements, de les étudier dans le temps long de l'histoire, d'un peuple, comme le fit Tocqueville, ou de les replacer dans le cadre d'une sociologie politique, comme le fit Cochin.
« Il faut une science politique nouvelle à un monde tout nouveau » expliquait Alexis de Tocqueville, à propos de la Révolution française. Les travaux d'Augustin Cochin exaucent œ vœu, en rentrant dans le mécanisme de la Révolution. C'est dans une lettre qu'il écrivit à Charles Maurras qu’Augustin Cochin explique le plus clairement sa sociologie de la Révolution « Que dans un pays où les anciens corps indépendants, provinces, ordres ou corporations tombent en poussière, un parti organisé d'une certaine manière s'empare fatalement de l'opinion, la dirige artificiellement, par le seul fait de son jeu mécanique, sans rien devoir ni à des causes naturelles économiques ou autres, nia l'action légitime de ses idées, ni au nombre de ses affidés ou au talent de ses chefs (...) Le peuple passe de la minorité qui a le droit de commander à la minorité qui a l'art de tromper Une telle organisation existait en 89, d'autant plus dangereuse que la société d'alors ne songeait à se garder que du côté de l'autorité légitimé », le pouvoir royal « depuis longtemps inoffensif ».
Ce Parti organisé existait en France depuis la fin du règne de Louis XV c'est ce que l’on l’a appelé « le parti philosophique ». À travers les salons, les académies, les loges maçonniques, il a pu faire circuler dans l’ensemble du pays les mêmes mots d'ordre et représentera lui tout seul la Liberté, avec une majuscule. Dès 1788, il fait triompher ses revendications pour l’organisation des États généraux doublement des voix du Tiers état et compte par têtes et non par ordre. Le reste découle logiquement de ces deux premières décisions et de l'Organisation de l’opinion qu'elles ont supposée.
La Révolution française est un bloc. Elle se construit logiquement de deux manières contre toute logique démocratique, la minorité philosophique revendique les pleins pouvoirs, au nom de l'Idée de liberté individuelle. Elle épure en son sein tous ceux qu elle jugera indignes d'une telle cause, jusqu'à transposer au plan politique la théorie théologique dite « du petit nombre des élus ». Les purs ne sont pas nombreux. S'ils sont trop nombreux, c'est qu'ils sont impurs. Telle est la logique folle de l’Incorruptible, Robespierre, épurateur en chef, finalement épuré par le coup d'État de Thermidor, que Cochin qualifie de « seule anomalie » dans le déroulement mécanique du processus révolutionnaire.
Ce fonctionnement épurateur est encore aujourd'hui, violence en moins, celui des partis politiques, dont les logiques de pouvoir, sur le mode « plus révolutionnaire ou plus libertaire que moi tu meurs », prennent le pas sur les nécessités de gouvernement et ce que l'on appelle le bien commun. La sociologie politique d'Augustin Cochin visait à « penser la Révolution française ». Elle peut aisément être utilisée pour montrer combien nous sommes encore aujourd'hui dans un régime d'opinion dirigée, dans lequel ce n’est pas le nombre qui s’exprime mais la Raison, que l’on appelle désormais Political correctness. Augustin Cochin a laissé un vaste champ de réflexion à des continuateurs éventuels, parmi lesquels aujourd'hui Timothy Tacket, avec son ouvrage Anatomie de la Terreur (Seuil 2018) et Patrice Gueniffey présent préfacier d'Augustin Cochin, qui fit paraître un livre courageux Le nombre et la raison (EHESS 2013), sur la Révolution française et les élections (pour montrer le peu de cas que révolutionnaires faisaient du suffrage qui n’était guère universel) Dans les deux cas, on constate que le phénomène révolutionnaire nous éloigne considérablement de la démocratie réelle et qu'il représente en quelque sorte la démocratie capturée ou captée  par un groupe de pression qui utilisera le plus souvent la Violence à son profit.
) Augustin Gochin, la machine révolutionnaire Œuvres, éd. Tallandier, 688p., 29,90€

monde&vie 31 mai 2018

samedi 28 décembre 2019

Un bouclier celtique d’une valeur inestimable découvert dans une tombe deux fois millénaire

Ce bouclier est décrit comme « l’objet d’art celtique britan­nique le plus impor­tant du millé­naire » par l’ar­chéo­logue Mela­nie Giles de l’uni­ver­sité de Manches­ter, au Royaume-Uni. Décou­vert dans la tombe d’un guer­rier celte vieille de 2200 ans, située près de la ville de Pock­ling­ton, dans le York­shire, il fascine les scien­ti­fiques. Son proprié­taire serait décédé vers 320–174 avant notre ère, précise The Inde­pendent.

Le fait que la tombe conte­nait des armes, un char avec des montures et des provi­sions, suggère que les tribus celtes de l’époque envi­sa­geaient un passage dans l’au-delà. Des acces­soires en cuir qui exis­taient autre­fois sur le bouclier de 75 cm ont disparu et le bouclier était lui-même dans un piteux état. Mais les conser­va­teurs […] lui ont redonné forme, et cette pièce est désor­mais consi­dé­rée comme ines­ti­mable par les archéo­logues.
Il faut dire qu’elle a bous­culé la croyance popu­laire qui dit que les boucliers en métal n’étaient utili­sés que pour les céré­mo­nies, et non au cours de batailles. « Notre enquête remet cela en cause avec la preuve d’une bles­sure par perfo­ra­tion, typique d’une épée, dans le bouclier », explique l’ar­chéo­logue Paula Ware, du MAP Archaeo­lo­gi­cal Prac­tice, au Royaume-Uni. « Des signes de répa­ra­tions peuvent égale­ment être obser­vés, suggé­rant que le bouclier était non seule­ment vieux mais qu’il a sûre­ment été bien utilisé. »

« Le spectre qui hante la droite française »

Numériser.jpegJean-Christophe Buisson est Directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, journaliste historique et animateur d'Historiquement show sur la chaîne Histoire, Jean-Christophe Buisson est aussi le préfacier de l’anthologie de textes de Charles Maurras, fraîchement publiée chez R. Laffont dans la collection « Bouquins »
Jean-Christophe Buisson, publier et préfacer du Charles Maurras, aujourd'hui, n'est-ce pas un brin provocateur ? L'auteur est officiellement un proscrit, un maudit...
Par l'influence intellectuelle et politique qu'il exerça durant la première moitié du XXe siècle, Charles Maurras est une figure majeure des lettres françaises. Son œuvre est quantitativement immense (une centaine de livres et plus de 20 000 articles) et la liste de ceux qui l'admirèrent, fût-ce de manière éphémère, en dit long sur son magistère Proust, Apollinaire, Gide, Malraux, Bergson, Bernanos, Drieu La Rochelle, Maritain, Blanchot, Lacan, Althusser, etc. De nombreuses personnalités politiques, toutes plus républicaines les unes que les autres (Clemenceau, Poincaré, De Gaulle, Pompidou, Mitterrand), confessèrent aussi leur respect pour ce théoricien du nationalisme intégral qui estimait que la grandeur de la France ne s'était exprimée et ne pourrait s'exprimer à nouveau que sous un système monarchique. Dès lors, donner à comprendre comment et pourquoi cet homme, en effet condamné et maudit pour son attitude durant la Seconde Guerre mondiale, exerça une telle fascination sur des esprits si brillants et si divers, ne relève en rien de la provocation mais plutôt d'une forme d'éclairage. Ceux qui ne connaissaient pas Maurras, dont l'œuvre n'était quasiment pas rééditée, se feront une idée sur lui. Quant aux anti-maurrassiens autoproclamés, ils pourront désormais citer des textes précis pour motiver leur dégoût ou leur haine. Mais ils auront aussi découvert que le maître de l'Action Française ne se résume pas à ses diatribes antisémites. Maurras, c'est aussi une esthétique, un style, une réflexion géopolitique. Et une belle poésie.
Outre la poésie, le grand public retient surtout le Maurras politique. De ce point de vue-là, a-t-il donc encore quelque chose à dire à nos contemporains ? L'affaire Dreyfus et la HP République peuvent sembler choses fort lointaines.
Pour paraphraser Marx et Engels, je dirais qu'un spectre hante la droite française Charles Maurras. Qu'elle en soit consciente ou non. En effet, ayant synthétisé la pensée contre-révolutionnaire du XIXe siècle avec le positivisme moderne pour formuler une théorie politique originale qui ne serait ni libérale, ni socialiste, il a abordé de près ou de loin tous les thèmes qui traversent jusqu’à aujourd'hui la pensée dite de droite l’articulation entre les notions d'autorité et de liberté, le poids de l'État-Providence, le rôle des communautés naturelles contre les assauts de l’individualisme, la lutte contre la centralisation jacobine, la critique d'une élite politique, économique ou médiatique confisquant trop de pouvoirs c'est le fameux « pays légal contre pays réel »), la défense du « splendide Tout catholique » comme pilier historique et civilisationnel de la nation française, etc. Au risque de nager dans certaines contradictions sans doute insolubles, d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, peu ou prou, de Marion Maréchal-Le Pen à François Fillon en passant par Nicolas Dupont-Aignan ou Laurent Wauquiez, les ténors de la droite ont relayé ou relaient la pensée maurrassienne. Quitte à l’affiner l’amender, la contester ou la moderniser.
D'autres antimodernes peuplent la collection Bouquins (Charles Péguy, Léon Bloy, Maurice Barrès, Jacques Bainville, Léon Daudet). En quoi Maurras se singularise-t-il ? Et en quoi cette anthologie - dont tous les textes ne sont pas politiques - se démarque-t-elle ?
Chacun de ces auteurs courait avec excellence dans un ou deux couloirs au maximum l’histoire pour Bainville, la critique littéraire et la polémique pour Daudet, le pamphlet et le roman teinté de mysticisme chrétien pour Bloy le journalisme de combat et la poésie pour Péguy la politique par le journalisme ou la littérature pour Barrès. Or, Maurras, à lui seul, couvre et rassemble tous ses domaines et même d'autres ! Il clôt d'une certaine manière un cycle, et je pense que c'est ainsi que l'a envisagé l’éditeur Christophe Parry qui est à l'origine de la plupart de ces rééditions.

Entretien par François la Choüe monde&vie 19 avril 2018

Le colonialisme, une « faute de la République » ?

3) Dans la réflexion de la gauche républicaine, la dimension idéologique et morale de la colonisation a tenu une part considérable et même fondatrice. L’on trouve ainsi chez Jules Ferry la notion de « colonisation émancipatrice », idée qui fut parfaitement résumée en 1931 lors du congrès de la Ligue des droits de l’Homme qui se tint à Vichy, quand Albert Bayet, son président, déclara que la colonisation française était légitime puisqu’elle était porteuse du message des « grands ancêtres de 1789 ». Dans ces conditions ajouta-t-il, en colonisant, c’est-à-dire en faisant :
« (…) connaître aux peuples les droits de l’homme, ce n’est pas une besogne d’impérialisme, c’est une tâche de fraternité »
4) La gauche républicaine coloniale utilisa à l’époque des arguments qui, aujourd’hui, conduiraient directement leurs auteurs devant les tribunaux. Dans son célèbre discours du 28 juillet 1885, Jules Ferry déclara ainsi :
« Il faut dire ouvertement qu’en effet, les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures ; mais parce qu’il y a aussi un devoir. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures »
Le 9 juillet 1925, l’icône socialiste Léon Blum affirma devant les députés :
« Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l’industrie. »
Les bonnes consciences humanistes peuvent cependant être rassurées puisque Jules Ferry avait pris le soin de préciser que :
« La race supérieure ne conquiert pas pour le plaisir, dans le dessein d’exploiter le faible, mais bien de le civiliser et de l’élever jusqu’à elle ».
5) La maçonnerie à laquelle appartenaient la plupart des dirigeants républicains voyait dans la colonisation le moyen de mondialiser les idées de 1789. En 1931, toujours à Vichy, lors du congrès annuel de la Ligue des droits de l’homme dont j’ai parlé plus haut et dont le thème était la question coloniale, Albert Bayet déclara :
« La colonisation est légitime quand le peuple qui colonise apporte avec lui un trésor d’idées et de sentiments qui enrichira d’autres peuples (…) la France moderne, héritière du XVIIIe siècle et de la Révolution, représente dans le monde un idéal qui a sa valeur propre et qu’elle peut et doit répandre dans l’univers (…)Le pays qui a proclamé les droits de l’homme (…) qui a fait l’enseignement laïque, le pays qui, devant les nations, est le grand champion de la liberté a (…) la mission de répandre où il peut les idées qui ont fait sa propre grandeur ».
6) Alors que toute la philosophie qui animait ses membres reposait sur le contrat social, la colonisation républicaine s’ancra sur une sorte de racisme philanthropique établissant une hiérarchie entre les « races » et les civilisations. Au nom de sa supériorité philosophique postulée, la république française avait en effet un devoir, celui d’un aîné devant guider, grâce à la colonisation, ses cadets ultra-marins non encore parvenus à « l’éclairage des Lumières ».
7) Pour ces hommes de gauche, la conquête coloniale n’était brutale qu’en apparence puisqu’il s’agissait in fine d’une « mission civilisatrice ». D’ailleurs, la république égalisatrice n’avait-t-elle pas fait de même en transformant les Bretons, les Occitans, les Corses et les Basques en Français, c’est-à-dire en porteurs du message émancipateur universaliste? La gauche républicaine coloniale se devait donc de combattre tous les particularismes et tous les enracinements car il s’agissait d’autant de freins à l’universalisme. Coloniser était donc un devoir révolutionnaire et républicain. D’autant que la colonisation allait permettre de briser les chaînes des peuples tenus en sujétion par les « tyrans » qui les gouvernaient. La colonisation républicaine fut donc d’abord le moyen d’exporter la révolution de 1789 à travers le monde.
Jusque dans les années 1890, la position de  la droite monarchiste, nationaliste et identitaire fut claire : l’expansion coloniale était une  chimère  détournant les Français de la « ligne bleue des Vosges » et les aventures coloniales étaient donc considérées à la fois comme une trahison et un ralliement aux idées républicaines. Le 11 décembre 1884, devant le Sénat, le duc de Broglie, sénateur monarchiste, déclara ainsi :
« (…) Les colonies affaiblissent la patrie qui les fonde. Bien loin de la fortifier, elles lui soutirent son sang et ses forces. »
Cet anticolonialisme de droite fut bien représenté par Paul Déroulède et par Maurice Barrès. Pour Déroulède, le mirage colonial était un piège dangereux tendu par les ennemis de la France. Dans une formule particulièrement parlante, il opposa ainsi la chimère de « la plus grande France », c’est-à-dire l’Empire colonial, qui menaçait de faire oublier aux Français le « relèvement de la vraie France ».
En dehors des milieux d’affaires « orléanistes » qui, à travers les Loges, avaient adhéré à la pensée de Jules Ferry, la « droite » fut anticoloniale quand la « gauche », à l’exception notable des radicaux de Clemenceau, soutenait massivement l’expansion ultramarine.
Et pourtant, quelques années plus tard, à quelques très rares exceptions, monarchistes, nationalistes et catholiques se rallièrent à la vision coloniale définie par la gauche républicaine, donc aux principes philosophiques qu’ils combattaient depuis 1789… La fusion fut effective en 1890 quand, par le «  toast d’Alger », le cardinal Lavigerie demanda le ralliement des catholiques à la République. La boucle révolutionnaire fut alors bouclée. Les Lumières l’avaient emporté sur la Tradition.
Par « devoir patriotique », la droite militaire et missionnaire partit alors conquérir les « terres de soleil et de sommeil ». Elle s’y fit tuer avec courage et abnégation, en ne voyant pas que son sang versé permettait la réalisation des idéaux philosophiques de ses ennemis de toujours… Ces derniers demeurèrent quant à eux confortablement en France, attendant de chevaucher ultérieurement les chimères idéologiques de l’anticolonialisme au nom duquel ils dénonceront et combattront férocement et implacablement une droite suiviste devenue coloniale quand eux ne l’étaient plus…
En parlant de « faute de la République » et non de faute de la France, le président Macron a donc (involontairement ?), mis la gauche républicaine face à ses responsabilités historiques. Car, et nous venons de le voir, ce furent des républicains, des hommes de gauche, des laïcs et des maçons, qui lancèrent la France dans l’entreprise coloniale qui l’épuisa, la ruina et la divisa.
Leurs héritiers qui dirigent aujourd’hui la France politique, judiciaire, médiatique et « morale » ont curieusement oublié cette filiation. Plus encore, ayant adhéré à une nouvelle idéologie universaliste, celle du « village-terre » et de l’antiracisme, ils font réciter ad nauseam aux Français le credo de l’accueil de « l’autre » afin d’achever de diluer les derniers enracinements dans l’universel. Et ils le font au prétexte de la réparation de la « faute » coloniale commise hier par leurs maîtres à penser …
[1] Je développe cette idée dans mon livre « Mythes et manipulations de l’histoire africaine »

vendredi 27 décembre 2019

Maurras éternel

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Maurras aurait eu 150 ans le 20 avril Plus souvent caricaturé que lu, le Martégal est fortuitement revenu sur toutes les lèvres lors d'une polémique inattendue. L'occasion de revenir aux textes mêmes de celui qui fait encore tant couler d'encre.
À priori, Jean-Noël Jeanneney n’est guère maurrassien. Ancien président de Radio France et des célébrations du Bicentenaire de 1789 l'homme est peu suspect d'adhésion à un quelconque coup de force antirépublicain. Pourtant, Jeanneney vient de claquer avec fracas la porte du Haut-Comité des commémorations nationales Mieux sur douze membres du Haut comité, ils sont dix à avoir démissionné, indignés par la décision du Ministère de la culture de supprimer le passage initialement dédié à Maurras (né le 20 avril 1868) au sein du Livre des commémorations 2018. « Une censure », selon eux. Il est vrai que la présence d'un tel passage, d'une mention du Martégal au sein d'un document républicain, ne pouvait qu'attiser la haine de quelques chiens de garde, et les vociférations de ceux qui ne l'ont pas lu. Exit, donc, le texte de présentation signé Olivier Dard, professeur en Sorbonne. Au lieu de cela, des commentaires de journalistes. Maurras selon Askolovitch ? « Un idiot complotiste ». Tout simplement.
L’ombre d'affaires troubles - l'antidreyfusisme, les quatre états confédérés, le maréchalisme, la condamnation pour intelligence avec l'ennemi - plane en effet sur la tombe de Maurras. Qu'importe qu'il fût l'un des plus vifs pourfendeurs de l'hitlérisme. Qu'importe qu'il fût, outre un polémiste de diable, un fin lettré comme on n’en fait plus que sa vision de l'État ait inspiré De Gaulle qu'importe son influence intellectuelle sur Bernanos, Maritain, mais aussi Lacan ou Althusser. Qu'importent toutes ces nuances Maurras est condamné une deuxième fois par le sénat des incultes, avide d’étiquettes infamantes. Sous la religion des bons sentiments, il n'est plus besoin de Saint-Office pour mettre le Martégal à l'Index.
Oh, certes, il existe bien un public lettré ou sympathisant qui se chuchote des aphorismes en forme de mots de passe « vivre c'est réagir » « pays légal, pays réel » « je suis Romain, je suis humain ». Mais il faut lire les textes dans leur épaisseur pour en comprendre la complexité, en saisir les faiblesses et les élévations, s’extraire de l’écume des commentaires oiseux et convenus.
C'est le projet de Martin Motte et Jean-Christophe Buisson avec cet épais volume (R. Laffont). Il compile harmonieusement des textes politiques essentiels fameux ou moins connus, poétiques, esthétiques, ou encore autobiographiques. Il faut souligner la qualité de l'appareil critique de M. Motte, antidote contre les jugements hâtifs et les anachronismes. Près de 1 300 pages, donc, pour se replonger dans une vie. Ce qui frappe, en lisant ce pavé, c'est que l’architecture générale de l’œuvre est moins classique que ce à quoi l’on pourrait s’attendre venant d'un atticiste. Non pas qu’elle soit brouillonne, loin de là, mais elle est évolutive, diverse on serait tenté de dire plurielle. Alors, faut-il parler de Maurras au pluriel ? Nous ne le croyons pas pour autant. Si les papiers changent, si les avis évoluent, si les opinions se forgent et s'éclaircissent en se débroussaillant, l'homme, lui, conserve un fil rouge. Ce fil, c'est un souci constant de pérennité de la Cité française; une Cité sujette à des affres divers, ce qui explique que le Maurras de 1886 ne soit pas exactement le même que celui de 1952. Mais sa pensée s’esquisse clairement, comme le résume J.-C. Buisson, « autour d'une certitude et d'une interrogation. La certitude l'homme est habité par deux activités en société, le travail et l'héritage (matériel, financier, spirituel, historique). L'interrogation quel pouvoir peut assurer ce double mouvement et arracher la France à son apathie synonyme de décadence ? »
Raison, lettres et doutes
La réponse, c'est la monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée. On sait combien le monarchisme de Maurras est fait d'un bois particulier. Sa méthode est technique, c'est l’« empirisme organisateur » Analysant l'Histoire des hommes, disséquant la vie en société, disciple d'Auguste Comte, le Provençal entend tirer une loi rationnelle du cours des événements, et ainsi percevoir les germes du renouveau intellectuel, moral et politique de la patrie. Car son patriotisme ne vient pas d'un monarchisme d'habitude : c’est même l’exact inverse « la volonté de conserver notre patrie française une fois posée comme postulat, tout s'enchaîne, tout se déduit d'un mouvement inéluctable [ ] Si vous avez résolu d'être patriote, vous serez obligatoirement royaliste. La raison le veut ». Ce n est pas le moindre des paradoxes de Maurras que de batailler contre le Progrès tout en usant d'un procédé intellectuel fort moderne. Cette modernité de la méthode assure la singularité du Martégal, celle d'un contre-révolutionnaire pas comme les autres.
Mais on aurait bien tort de ne voir en lui qu'un doctrinaire. C'est d'abord dans les eaux fortes de la littérature - poésie et critiques littéraires - que fut ondoyé le Maurras écrivain. Lettres classiques, latines et grecques. Combien puissant fut son attrait pour la Grèce, celle d'Homère et Sophocle, bien sûr, mais aussi celle de Jean Moréas et de la lumière solaire, bien réelle, qui éblouit le jeune reporter lors des Jeux olympiques de 1896 ! La splendeur hellénique - opposée aux brumes germaniques - est un topos maurrassien, un fil d Ariane que l’on suit dans ses récits de voyage (Anthinéa) et ses textes provençaux. Car son atticisme et sa romanité ont partie liée à son provençalisme de Félibrige. Oliviers, cyprès, lumière, civilisation patinée par les siècles chez lui, Maurras rêve de la Grèce. Là-bas, comme en Toscane, il revoit sa chère Provence.
Sa fascination pour la Grèce prend des accents païens, parfois sensuels voire voluptueux des poèmes erotiques, inédits, sont publiés dans ce volume ainsi de la Devinette d'Ipsilon. Mais le Dieu des chrétiens n’est jamais très loin, qui finira par triompher. C'est le même homme qui fait ses dévotions au Cariatides en 1896 et compose la Prière de la fin (1950)
« Et je ne comprends rien à l'être de mon être :
Tant de dieux ennemis se le sont disputé !
Mes os vont soulever la dalle des ancêtres :
Je cherche, en y tombant, la même vérité
[…]
Comment croire Seigneur pour une âme que traîne
Son obscur appétit des lumières du jour ?
Seigneur endormez-la dans votre paix certaine,
Entre les bras de l'Espérance et de l'Amour ».
À nos interrogations contemporaines sur la foi et l'identité, sur la civilisation, sur les racines et l'universel, la pensée maurrassienne peut être une forme de viatique.
Une œuvre actuelle
Plus qu'une somme de souvenirs épars et de documents historiques, il s'agit de textes d'une étonnante actualité. Les bases solides d'une anthropologie politique classique - la politique naturelle : animal social, prudence - permettent à Maurras d'anticiper les affaires de la Cité. La question se pose-t-elle d'un jacobinisme étouffant ? On peut relire la Déclaration des félibres fédéralistes (1892) et L'idée de la décentralisation. Une loi rompt-elle avec l'ordre naturel des choses ? Le Martégal, par la voix cristalline d’Antigone, répond : « l'anarchiste c'est Créon ». Le régime des partis semble-t-il nuire à la puissance française ? Lisez Kiel et Tanger. L'islam politique apparaît-il comme un défi majeur ? Maurras l'avait déjà entr'aperçu en 1926, lors de l'inauguration de la grande mosquée de Paris. Faut-il construire des murs ou poser des ponts ? Le Provençal nous met à l’école sicilienne « Quand Syracuse est prise Archimède est égorgé, et tant pis pour le théorème ».
Oui, Maurras a ses obsessions, ses travers, ses limites son incapacité à passer de la théorie à l'action concrète, par exemple. D'aucuns n'ont voulu retenir que les regrettables échos de son antisémitisme d'Etat ou de terribles articles au vitriol. On l'a peint en vieux bougon haineux. Mais sa curiosité est immense et généreuse, et sa plume livre un cri de vitalité. Dans une lettre à Pierre Boutang (1950), le prisonnier de Clairvaux vibre d'une éternelle jeunesse. S'y mêlent convictions solides, fragilité toute humaine, espérance chrétienne, eschatologique enfin. C'est un testament fondateur :
« Nous bâtissons l'arche nouvelle, catholique classique hiérarchique humaine où les idées ne seront plus des mots en l'air ni les institutions des leurres inconsistants ni les lois des brigandages, les administrations des pilleries et des gabegies - où revivra ce qui mérite de revivre, en bas les républiques, en haut la royauté, et par-delà tous les espaces, la papauté.
Même si cet optimisme était en défaut, et si, comme je ne crois pas tout à fait absurde de le redouter la démocratie étant devenue irrésistible, c’est le mal, c’est la mort qui devait l'emporter et qu’elle ait eu pour fonction historique de fermer l'histoire et définir le monde, même en ce cas apocalyptique, il faut que cette arche franco-catholique soit construite et mise à l'eau face au triomphe du Pire et des pires.
Elle attestera, dans la corruption universelle une primauté invincible de l'Ordre et du Bien. Ce qu'il y a de bon et de beau dans l'homme ne se sera pas laissé faire. Cette âme du bien l'aura emporté, tout de même, à sa manière, et périssant dans la perte générale, elle aura fait son salut moral et peut-être l'autre. Je dis peut-être, parce que je ne fais pas de métaphysique et m’arrête au bord du mythe tentateur mais non sans foi dans la vraie colombe comme au vrai brin d'olivier en avant de tous les déluges »
Charles Maurras. L’avenir de l'intelligence et autres textes, édition établie par M. Motte, préface de J.-C. Buisson, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1280 p.

François La Choüe monde&vie 19 avril 2018

Nos ancêtres les Gaulois

Nos ancêtres les Gaulois
De Marion Duvauchel :
Nous croyons aujourd’hui assez volontiers que les Français ont de tout temps considéré les Gaulois comme leurs ancêtres.
Il n’en est rien.
Les vestiges d’une Gaule incarnée par Vercingétorix et devenue pour cinq cents ans une partie de l’Empire romain n’ont pas toujours été reconnus, respectés et protégés comme étant les restes vénérables de notre passé  ou les témoins des origines mêmes de la Nation. Cela a pris du temps avant que les monuments ou objets dit «gallo-romains» ne deviennent le legs tangible et visible de cette civilisation latine dont la Gaule aurait eu l’avantage d’être imprégnée, par voie de conquête, à l’issue d’une guerre héroïquement perdue.
Les érudits de la connaissance et du moyen âge  n’ignoraient pas totalement ces Gaulois. Mais la Gaule était étudiée comme un monde «préhistorique» et une partie de l’univers barbare des Celtes, univers imaginé de façon essentiellement mythique, puisqu’il était antérieur à la latinisation. Par ailleurs, cette Gaule romaine a constitué le substrat nécessaire de la Gallia Christiana. La puissante civilisation romaine importée domina un fonds d’indépendance indigène suffisamment original pour être distingué du reste de la Chrétienté. Parfois, les érudits jettent une lueur sur la destinée précocement interrompue de Vercingétorix : mais il n’est rien de plus qu’un chef parmi d’autres chefs.
Les légendes sur l’origine des Celtes répandent la croyance qu’une race étrangère, proche encore des temps mythologiques, est à l’origine de la nôtre, sur laquelle on n’a que des idées d’autant plus floues que Celtes de l’indépendance et Gaulois romanisés sont encore très mal distingués. Le XVIe siècle voit se répandre l’idée que les plus anciens habitants de la France ont une ascendance prestigieuse : petit-fils de Noé par un certain Gomer, les Gaulois auraient en Europe un droit d’aînesse que l’on fait valoir contre les prétentions des Habsbourg à l’hégémonie. En littérature, l’Hercule gaulois, dont un récit de Lucien de Samosate atteste le culte, est chanté par les poètes de la Pléiade. Du Bellay lui fait une place de héros national dans sa défense de la culture française. Les villes dont le passé remonte à l’époque gallo-romaine voient reporter leur fondation beaucoup plus haut que l’Antiquité gauloise et surtout romaine.
A partir du XVIIe siècle, toujours dans le cadre de la civilisation impériale romaine, le monde érudit commence à s’intéresser aux ruines, aux inscriptions, aux œuvres d’art et il réserve aux Gaulois des études qui les confinent dans les clans des barbares. Le mouvement des Encyclopédistes va renforcer la tendance. Favorables avant tout aux Lumières, ils laissent dans l’ombre ces habitants des obscures forêts du Nord, inavouables premiers citoyens d’une France qui se veut une nation moderne, fille de ses idées. Si l’intérêt se reporte massivement  sur le monde gallo-romain, c’est en fonction des vestiges antiques. Colbert fonde l’Académie des Inscriptions (1679) et fait dresser un plan de relevés et de publications des monuments romains de la France, surtout du Midi et particulièrement de Nîmes.
La «celtomanie» est une véritable épidémie intellectuelle qui sévit à la fin du XVIIIe siècle et va conduire à la fondation en 1803 de l’Académie celtique (aujourd’hui Société nationale des Antiquaires de France). L’enthousiasme pour l’ancienne Gaule est désormais soutenu par l’érudition scientifique tandis que les efforts désordonnés voire extravagants des Celtomanes vont aboutir à la promotion de ces Gaulois chevelus.
Dès 1803, l’Histoire de France de l’abbé Anquetil établit que la Gaule est l’étape préliminaire à l’histoire de la France. A l’approche de 1830, les Gaulois sont intégrés à l’ascendance directe des Français. Le livre I de l’Histoire de France de Michelet (1833) est consacré à ces Celtes et notamment aux Gaulois, nos ancêtres, même s’il est encore à peine question de Vercingétorix dans ces pages écrites avec passion à la louange de la liberté. Il revient à Amédée Thierry dans son Histoire des Gaulois (1828) de consacrer une centaine de pages à l’épopée du héros arverne et de poser le principe que la race des Français est d’origine gauloise.
C’est aux environs de 1830 que date l’expression devenue traditionnelle «nos ancêtres les Gaulois».
Une patiente érudition pluriséculaire a ainsi abouti à la formation d’une doctrine historique. Trois siècles durant, depuis la Renaissance, les approximations des historiens et des linguistes ont coexisté avec des tentatives d’inventaire et de timides initiatives de protection matérielle des vestiges. Si la notion d’« antiquités nationales» est admise, la protection officielle s’est appliquée d’abord aux vestiges de la civilisation gallo-romaine, ceux de la protohistoire celtique ne devaient bénéficier que plus tard des moyens créés pour les premiers.
Mais dés son apparition, le service des Monuments Historiques devait faire la part belle au monde « gallo-romain ». L’ouverture en 1845 du Musée du Palais des Thermes et de l’Hôtel de Cluny donna un cadre gallo-romain à des collections médiévales et à quelques sculptures antiques de Paris.
Le mouvement est créé : le Musée des Antiquités nationales sous le Second Empire fait exécuter les fouilles d’Alésia et de Gergovie, propices à la remise à l’honneur de Vercingétorix, qui deviendra populaire après 1870; la loi sur les Monuments historiques de 1903; la fondation du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) à la veille de la dernière guerre mondiale, suivie de la première loi sur la Réglementation des recherches archéologiques en France (1941-1945) avec ses applications successives : création des directions régionales des antiquités historiques, de la revue Gallia, Fouilles et monuments archéologiques en France métropolitaine (1942), prise en charge par le C.N.R.S. qui devait créer ensuite en son Comité national une section Antiquités nationales et histoire médiévale. Institution au Ministère de la Culture, par André Malraux, du Conseil supérieur de la Recherche archéologique (1963) et de la Commission nationale de I ‘Inventaire des richesses artistiques de la France, renforcement du Service des fouilles et antiquités au même ministère (1978) et de la situation des directeurs régionaux.
A aucune époque les Gaulois n’ont cessé de retenir l’attention des savants. S’ils ont été reconnus comme «nos ancêtres»,  ce fut d’abord dans le cadre de l’histoire romaine riche en vestiges prestigieux et au terme d’une lente et patiente recherche. Cette petite formule ramassée est le fruit d’une lente élaboration d’historiens, d’historiographes et d’archéologues.
Il a fallu plusieurs siècles avant que ces Gaulois ne trouvent dans l’opinion et la culture une présence totalement méritée et historiquement fondée. Une présence digne d’être pieusement protégée et comprise par tous.
Peut-être conviendrait-il d’en informer M. Emmanuel Macron, Harlem Désir et accessoirement aussi, le pape François.
Nota bene
Une longue et pernicieuse confusion dans l’emploi du mot «Gaulois»  a fait l’objet, il y a de cela une trentaine d’années, d’une mise au point précise par Paul Marie Duval. Le mot désigne tantôt les habitants de la Gaule indépendante, finalement conquise par les Romains, tantôt les habitants de la Gaule devenue un groupe de provinces romaines, sujets de l’Empire romain, pénétrés d’une civilisation étrangère et supérieure, complètement assimilée. On alla jusqu’à utiliser comme un nom ethnique, les « Gallo-Romains », épithète forgée à l’époque romantique pour désigner non pas des hommes mais ce qui, dans la civilisation de la Gaule, peut être attribué aux Romains, comme l’architecture monumentale gallo-romaine. S’il y a une civilisation gallo-romaine, et des Gaulois devenus sujets de Rome, il n’y a pas de « Gallo-Romains ». Il y a un esprit celtique, qui est celui des Gaulois de l’Indépendance, il y a une culture gallo-romaine, il y a une Gaule romaine, c’est-à-dire romanisée, il n’y a pas une ethnie gallo-romaine. Appliquer le terme aux Gaulois eux-mêmes, habitants de la Gaule occupée par les Romains, c’est ne pas comprendre qu’ils ont coexisté, nombreux par millions, avec quelques centaines de milliers de Romains, administrateurs, militaires, universitaires, propriétaires, qui ont peu à peu divulgué et imposé les techniques méditerranéennes, la langue latine et ses trésors.
Si un érudit a pris la peine de fournir ces précisions, nous pouvons prendre la peine de les examiner et de les partager.
Paul Marie Duval « La notion de Gaulois : une longue confusion ». In: Travaux sur la Gaule (1946-1986) Rome : École Française de Rome, 1989. pp. 177-185. (Publications de l’École française de Rome, 116);

jeudi 26 décembre 2019

Colonisation : l’épopée européenne qui a changé le monde

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Par Pierre Boisguilbert, journaliste spécialiste des médias et chroniqueur de politique étrangère ♦ Ainsi, pour le président Macron, la colonisation est une erreur doublée d’une faute. On le savait déjà. Après son infamante sortie algérienne sur les « crimes contre l’humanité » prétendument commis par la France outre Méditerranée, il a cru bon d’en remettre une couche à Abidjan le 21 décembre.
La colonisation est une mondialisation
Juger moralement un mouvement historique inévitable, et sur lequel il est impossible de revenir, est stupide. Le monde a été colonisé par les Européens tout simplement parce qu’il ne pouvait pas ne pas l’être. L’énergie de la « race blanche » dans sa volonté de découverte et d’expansion a changé le monde pour toujours et à jamais, comme celle de la Horde d’or mongole avait changé la Russie. Il n’y a eu en fait dans l’histoire qu’une seule véritable mondialisation : la colonisation. Parfois, il est vrai, cruelle et prédatrice. Mais aussi porteuse de progrès et de santé pour les populations soumises, en même temps qu’elle faisait reculer l’esclavage, le cannibalisme et la sauvagerie. Son histoire, notamment pour la France, a révélé des hommes d’un courage exceptionnel mais également d’une grande humanité, et donné lieu à des épopées qui participent à la fierté de notre histoire.
Des générations de petits Français ont été élevées dans la gloire de l’empire, ils voyageaient devant les cartes de territoires immenses et éloignés réunis dans un rêve civilisateur et même multiracial. La repentance obligatoire fait partie de la perte de notre conscience nationale qui est à la base de notre déclin.
On rendra justice à l’homme qui renonce à son régime spécial de retraite d’avoir souligne que c’était une erreur de la République : « Trop souvent aujourd’hui la France est perçue avec un regard d’hégémonie où les oripeaux d’un colonialisme qui a été et qui fut une erreur profonde, une faute de la République…»
Le paradoxe de l’ex-colonisé
Macron croit à nouveau (adieu de Villiers !) que tout commence avec la République. C’est son droit mais c’est une ânerie incontestable. On retiendra donc que c’est plus l’erreur d’un système politique trahissant ses valeurs que d’un pays assumant son histoire. L ‘« erreur » de la République est souvent une page de gloire de la France. D’ailleurs c’est la République universelle qui a transformé la colonisation en un nivellement idéologique ; la France n’en demandait pas tant.
Que pense le président de notre premier empire, du Canada à l’Inde en passant par les Antilles et puis le Sénégal et l’Algérie ? La France a été, derrière son ennemi héréditaire l’Angleterre qui gouvernait les mers, la deuxième puissance coloniale du monde. Il lui reste la francophonie et un empire maritime gigantesque et prometteur autour d’archipels oubliés. Il est une génération de Français qui par la lâcheté de nos dirigeants, sont nés dans un empire et se préparent à mourir dans un hexagone. Un hexagone qui vit une ancienne fierté comme une honte.
Il est vrai que cette République ressemble peu à la France impériale de Faidherbe et Gallieni. Quand on voit les conséquences démographiques et humaines de la colonisation, on peut comme Macron penser que c’était une erreur — qui pourrait nous être fatale. S’il y a grand remplacement, c’est la fille bigarrée de la colonisation et de l’échec des colonisés à vivre mieux chez eux sans nous. Fuir son pays pour se réfugier chez l’oppresseur dont on se vante de s’être débarrassé, quel paradoxe !
Mais cette erreur était malgré tout inévitable. Pourquoi Colomb a-t-il découvert Amérique ? Parce qu’il en avait les moyens techniques et surtout le courage humain. La colonisation est la conséquence d’une supériorité matérielle, mais aussi d’un sentiment naïf d’apporter le progrès — une nouvelle « pax romana ». La colonisation est une conquête et toute conquête est une brutalité comme l’auraient dit les Gaulois acceptant cependant le terme de civilisation gallo-romaine. Une colonisation subie puis acceptée dans ses conséquences irréversibles. Voilà, avec l’acquisition de la langue française, le chemin de la vraie indépendance des colonisés qui ne seront plus jamais ce qu’ils ont été. L’Amérique latine ne retournera jamais à l’époque des Aztèques et des Incas, n’en déplaise aux indiens, et le Maroc n’effacera jamais Lyautey et Casablanca. Les pourfendeurs de la colonisation sont souvent des obscurantistes qui confondent régression et authenticité et qui ont trouvé le moyen de justifier leurs échecs pitoyables depuis 70 ans.
Pour eux comme pour nous, il n’y a finalement qu’une chose pire que la colonisation et c’est la décolonisation. Car la première était peut être une erreur, toutefois inscrite inévitablement dans la marche du monde, mais la seconde a multiplié les fautes évitables. Le « temps béni des colonies » est peut être un fantasme mais le temps maudit des décolonisations est, pour certains pays, une indiscutable réalité.
Pierre Boisguilbert 24/12/2019
Crédit photo : Domaine public

samedi 21 décembre 2019

Passé-Présent n°262 : La résistance acharnée des Finlandais face à l’Armée rouge


La guerre russo-finlandaise (hiver 1939-1940)
Cet épisode de la seconde guerre mondiale nous est retracé par Philippe Conrad. Il y a tout juste 80 ans, un incident provoqué par les Soviétiques sert de prétexte à la rupture des relations diplomatiques avec le voisin finlandais. Une guerre de 104 jours s’engage alors entre la petite Finlande (150 000 hommes, peu d’artillerie, pas de blindés) et l’ogre russe.
Malgré une suprématie écrasante de son armée, les divisions soviétiques perdront 200 000 hommes, 1 600 chars, 500 avions et subiront des revers en raison du froid, de l’impraticabilité des routes et du terrain difficile où l’engagement des chars devenait inutile dans un univers forestier.
A l’issue du conflit, et tout en concédant des bases à la Russie, la Finlande du Maréchal Mannerheim préservera son indépendance et évitera l’annexion.
Un Rétais méconnu : Nicolas Baudin (1757-1803)
Anne Sicard poursuit ses évocations de personnalités singulières et nous présente aujourd’hui un marin, explorateur et naturaliste français : Nicolas Baudin.
Ce navigateur qui avait, dès sa jeunesse, réussi à développer une manière de transport maritime assurant la survie des plantes, sera à l’origine d’un des plus grands voyages scientifiques de l’Histoire, car il renverra en France des collections vivantes depuis l’Australie – où son nom demeure – tout en cartographiant, pour la première fois, cet immense territoire océanien.

La Petite Histoire : Castillon, le triomphe de l’artillerie française


La bataille de Castillon, le 17 juillet 1453, marque sur le plan militaire la fin de la guerre de Cent Ans. Pour les Français, après l’épopée de Jeanne d’Arc et la victoire de Formigny en Normandie, c’est la consécration. Mais surtout, outre le fait d’avoir enfin bouté l’Anglois hors de Guyenne, et hors de France, cette bataille marque la fin de la suprématie des archers longs, tant redoutés, et le triomphe d’une innovation technologique décisive : l’artillerie de campagne des frères Bureau.

vendredi 20 décembre 2019

Les Maudits, Ces écrivains qu’on vous interdit de lire

Les Maudits, Ces écrivains qu’on vous interdit de lire

“Le flambeau de l’Analogie – Notes sur Joseph de Maistre et Gérard de Nerval” par Luc-Olivier d’Algange

Il existe dans la tradition française un fort courant songeur, surnaturaliste, mystique et prophétique qui, loin de soustraire à notre entendement quelque clarté que ce soit en éprouve les véritables puissances d’embrasement et de transfiguration. Comment ne pas entendre l’œuvre de Racine comme l’épanouissement d’un Songe mélodieux et terrible ? Comment ne pas reconnaître dans les pensées de Pascal la persistante présence des abysses ? S’il est une constante dans la littérature française, elle est bien dans la coïncidence de la métaphysique et de la poésie, dans l’accord de la Doctrine et du Chant et dans l’audace à requérir contre la banalité des apparences le jugement d’une « expérience-limite » où la claire raison, en s’éprouvant à ce qui la fonde et la menace, ouvre à la pensée l’empire des illuminations et des correspondances.
Gérard de Nerval fut, comme Baudelaire et Balzac, un fervent lecteur des Soirées de Saint-Pétersbourg. Il y trouva l’idée, traditionnelle par excellence, d’une antériorité lumineuse et inspiratrice, qui réduit à l’état de vantardise pure la prétention civilisatrice des modernes: « C’est une idée très-frappante, écrit Gérard de Nerval, que celle de Joseph de Maistre qui suppose que les sauvages ne sont nullement des hommes primitifs, mais, au contraire, les derniers représentants d’une civilisation dégradée et abolie ». En amont du temps, en quelques contrées hors d’atteinte mais présentes dans l’âme des poètes, il y eut donc une sapience plus haute. Certes, cette sapience semble éteinte, sa doctrine est généralement oubliée, et toutes les « valeurs » modernes se fondent sur cet oubli, mais elle n’est pas, pour autant, annulée. De tout ce qui fut, il demeure quelque chose. La sagesse s’est éloignée, mais ses traces demeurent en nous, non dans notre entendement diurne mais dans nos rêves, une fois franchies « les portes de cornes et d’ivoire qui nous séparent du monde invisible » – et gardent l’empreinte des Symboles oubliés ou bafoués.
La vie et l’œuvre de Gérard de Nerval consisteront à retrouver, par des voies périlleuses, dans les profondeurs du rêve, l’empreinte du sceau invisible des Symboles. Dans Le carnet de Dolbreuse, Nerval écrit: « Les songes avertissent l’homme parce qu’alors la conscience prend une vision indépendante ». L’œuvre du poète consiste à se rendre attentif à ces avertissements. Ce qui demeure en nous des Symboles d’un Age d’Or oublié nous avertit des désastres et des reconquêtes futures en nous révélant que l’espace-temps qui nous emprisonne n’est qu’une illusion. « Pour en revenir à la nuit et aux songes, écrit Joseph de Maistre, nous voyons que les plus grands génies de l’antiquité, sans distinction, ne doutaient nullement de l’importance des songes, et qu’ils venaient même s’endormir dans les temps pour y recevoir des oracles. Job n’a-t-il pas dit que Dieu se sert des songes pour avertir l’homme ? »
Tel est donc le paradoxe admirable: les songes nous avertissent, ils nous éveillent. La plongée dans le monde invisible éveille les images, et ces images sont vraies. Pour Gérard de Nerval, le rêve éveille à cette vérité que le somnambulisme ordinaire recouvre de ses écorces de cendre. A la veille machinale des travaux utiles et des distractions planifiées, dont le caractère hypnotique n’échappe qu’à ceux qui le subissent, Nerval oppose l’insurrection des songes où vivent les assemblées des déesses et des dieux. Son audace ultime sera de porter la Veille du Songe avertisseur au cœur même de la vie éveillée au risque d’être frappé par foudre d’Apollon. Lorsque le monde ressemble à un faux-sommeil machinal, lorsque la raison partagée ignore la vérité, comment encore oser donner une voix aux augustes et vertigineuses vérités de la Doctrine et du Chant ?
Sans doute l’intelligence moderne n’est-elle si désastreuse que par son impuissance à accorder l’image et la vérité. Pour le moderne, l’imagination est bien « maîtresse de fausseté ». Aux Symboles se sont substituées les fantasmagories. Les songes mentent car ils sont édictés, non par le monde intermédiaire entre le sensible et l’intelligible dont nous parle Henry Corbin, le mundus imaginalis, mais par rumeur confuse des subjectivités agrégées. Cependant le souvenir lancine, et la nostalgie ardente, d’une imagination vraie, telle qu’elle se déploya, par exemple, dans L’Odyssée ou La Divine comédie.
Ce souvenir, qui présume l’antériorité d’une sapience lumineuse, d’une anamnésis possible, rassemble en lui les forces conjointes de l’Intellect et de l’impression. Les signes avertisseurs des rêves et les signes que nous adresse le monde sensible sous les atours du « hasard objectif », ou, pour mieux dire, des « synchronicités », lorsqu’ils opèrent ensemble, peuvent aussi bien éclairer que foudroyer. « Le monde est un ensemble de choses invisibles manifestées visiblement ». Si le songe est bien l’avertissement de l’invisible dans le visible, alors l’oniromancie, saisie par le génie du poète, peut d’avérer être une rigoureuse méthode d’induction. Les Soirées de Saint-Pétersbourg ne disent rien d’autre: « Certains philosophes se sont avisés dans ce siècle de parler de causes. Mais quand voudra-t-on comprendre qu’il ne peut y avoir de causes dans l’ordre matériel et qu’elles doivent toutes être recherchées dans un autre cercle ? Il n’y a que les hommes religieux qui puissent et veulent en sortir; les autres ne croient qu’en la matière et se courroucent même lorsqu’on leur parle d’un autre ordre de chose. »
Or cet « autre cercle », plus vaste que les mondes, est aussi, par la prodigieuse magnanimité de la providence divine, contenue dans nos âmes. Le mystère des hauteurs se tient dans les profondeurs, le point de focalisation extrême détient l’ampleur hors d’atteinte, toute la splendeur du monde est dite dans le iota de la lumière incréée. La sagesse humaine, lorsqu’elle s’affranchit des fausses sciences, nous dit Jacob Böhme, « outrepasse la sagesse des Anges ».
Le péril contre lequel nous mettent en garde Joseph de Maistre et Gérard de Nerval est de confondre cette possibilité magnifique avec le prométhéisme des modernes. Rien ne s’accomplit avec bonheur sans le diapason d’une humilité, que l’on peut dire pythagoricienne ou chrétienne. « La musique creuse le ciel » disait Baudelaire qui savait entendre comme naguère l’on savait prier. L’œuvre de Joseph de Maistre déplait fort aux modernes car elle ne laisse presque aucune carrière à l’outrecuidance. Le moderne veut bien prétendre aux gnoses souveraines, mais il ne veut rien abandonner aux prérogatives de son « moi », il veut bien s’approcher des « ésotérismes », des « réalités cachées », surtout lorsqu’elles sont exotiques, – mais la simple et humble prière lui est étrangère, hostile, incompréhensible. « Si la crainte de mal prier, écrit Joseph de Maistre, peut empêcher de prier, que penser de ceux qui ne savent pas prier, qui se souviennent à peine d’avoir prié et ne croient pas même à l’efficacité de la prière ? »
Qu’est-ce qu’une prière ? Les heures où lentement s’écoulent les entretiens du Comte, du Sénateur et du Chevalier sont des prières de l’intelligence. Si l’âme et le cœur entrent en prière sous l’afflux des sentiments généreux et des pressentiments magnanimes, est-ce à dire que l’intelligence ne saurait prier ? Il existe une prière de l’Intellect, qui est pure théorie, c’est-à-dire contemplation. Mais cette prière, en nos temps de fausses raisons outrecuidantes, est aussi la plus rare et la plus difficile. Une prière de l’Intellect serait ainsi une prière de délivrance. La raison doit s’affranchir des raisons et des déraisons et devenir pure oraison; elle doit se délivrer non seulement de la rationalité linéaire mais de la temporalité même où s’inscrit cette linéarité. Il faut infiniment prier pour cette libre gloire de la pensée.
« L’homme est assujetti au temps et néanmoins, il est, par nature, étranger au temps ». La considération maistrienne ouvre des perspectives infinies. Elle fonde la légitimité du prophétisme, non moins que la pertinence de la négation du hasard. Ainsi, la providence divine, loin d’être une énigme impénétrable, serait inscrite, au titre de sapience originelle, dans la nature même de l’homme, « étranger au temps ».
Cette perspective métaphysique modifie, et rectifie, les notions fondamentales de l’humanisme moderne, si éloigné de l’humanitas des Anciens. Si la nature de l’homme est d’être « étranger au temps », toute explication de l’humain par des théories évolutionnistes est infirmée. La prière de l’Intellect témoigne de la possibilité d’une vision surplombante. « L’esprit prophétique, écrit Joseph de Maistre, est naturel à l’homme et ne cessera de s’agiter dans le monde. L’homme en essayant à toutes les époques et dans tous les lieux de pénétrer dans l’avenir, déclare qu’il n’est pas fait pour le temps, car le temps est quelque chose de forcé qui ne demande qu’à finir... »
« Le temps est quelque chose de forcé ». On peut ajouter qu’il en est de même de l’espace. La juste et humble prière de l’Intellect touche sans efforts aux réalités, si troublantes pour des raisons profanes, que sont la prédiction et l’ubiquité. En témoignent les Prédictions et les Bilocations de Sœur Yvonne-Aimée de Malestroit. L’espace et le temps sont « forcés », ils sont illusoires. En franchir les limites artificieuses, ce n’est point transgresser l’ordre de notre nature mais retrouver par la simple légèreté de la prière un état d’être non forcé, ni soumis. Outrepasser les conditions de l’espace et du temps, ce n’est point conquérir quelque pouvoir d’exception mais répondre à l’attente même de l’univers. « L’univers, écrit Joseph de Maistre, est en attente. Comment mépriserions-nous cette grande persuasion, et de quel droit condamnerions-nous les hommes qui, avertis par des signes divins, se livrent à de saintes recherches ? » La prière répond à l’attente de l’univers, et cette réponse résonne en notre cœur, dont l’humilité essentielle est de se confondre avec le cœur de l’univers.
« Toute la science changera de face; l’Esprit longtemps détrôné et oublié, reprendra sa place. Il sera démontré que les traditions antiques sont toutes vraies, que le paganisme entier n’est qu’un système de vérités corrompues et déplacées. » Déplacées, en l’occurrence, par le temps lui-même, – d’où l’importance d’une clef de voûte, d’un Hors-du-Temps, fine pointe de la spéculation divinatrice. « Tout annonce je ne sais quelle grande unité vers laquelle nous marchons à grand pas ». Mais ces pas n’y conduiront que s’ils sont autant d’étapes d’un déchiffrement des signes et des intersignes.
L’armorial initiatique des Chimères de Gérard de Nerval marque, lui aussi, le pas de la recouvrance du limpide secret des songes et des raisons, du Chant et de la Doctrine. Ces sonnets sont des creusets versicolores où le récit autobiographique s’inscrit. Cette inscription fait  office, en même temps, de mystère et de précepte. La nuit reconquise, la nuit aimée, la nuit éperdue tient en elle le principe d’un ordre ensoleillé, d’une souveraine raison d’être.
Il est temps d’en finir avec ce dualisme de pacotille qui ne se lasse point d’opposer une raison diurne à une irrationalité nocturne, un « classicisme » prétendument raisonnable et un « romantisme » qui serait tout embarbouillé d’obscurantisme. La forte prégnance mystique de Racine et des œuvres dites du Grand Siècle tient en son exactitude rhétorique une perspective à perte de vue, de même que le romantisme roman, celui de Novalis, dans ses plus libres effusions, rétablit la légitimité d’une norme métaphysique qui s’avère être, désormais, l’ultime sauvegarde de l’homme différencié. La vertu augurale et inaugurale de l’œuvre de Joseph de Maistre tient à cette double appartenance. Ce que l’on nomme le classicisme s’exaltera dans les Soirées de Saint-Pétersbourg jusqu’à donner à Baudelaire et à Nerval les ressources et les puissances nécessaires à s’affranchir des épigones du classicisme.
Œuvre par excellence frontalière, non seulement par sa chronologie mais par sa vocation (l’appel auquel elle répond non moins que celui qu’elle lance !), l’œuvre de Joseph de Maistre illustre la permanente possibilité de penser hors des entraves édictées. Toute pensée exigeante, pour peu qu’elle envisage de ne point servir les idéologies mais les Idées, doit ainsi faire son deuil des facilités conjointes de l’alternative et du compromis. La divine providence que les Soirées déchiffrent, par le dialogue et non par l’exposé systématique, s’exerce sur nous par la quête où elle nous précipite. Elle avive nos curiosités, nous entraînant à une approche encyclopédique, et peut-être faudra-t-il quelque jour admettre  que les points de convergences de l’Encyclopédie de Diderot et de l’Encyclopédie de Novalis  sont autant à considérer que leurs divergences, de même que l’allure, voltairienne quelquefois, de Joseph de Maistre devrait peut-être interdire de réduire Voltaire au seul usage qu’en font des « voltairiens » qui ne l’ont guère lu.
La providence, et c’est le propre de sa nature divine, s’inscrit à la fois dans la raison et dans un mystère plus haut que le raison. Rien de tout cela n’est compréhensible sans la notion de hiérarchie. Qu’il y eût un mystère plus haut que la raison, cela, certes, n’ôte rien à la raison ; et que ce mystère fût déchiffrable par la raison, et que cette raison s’éployât en oraison, cela ne diminue en rien la souveraineté du mystère.
La grande détresse des modernes sera d’avoir perdu à la fois la raison et le mystère par l’exacerbation simultanée d’un rationalisme outrecuidant et des superstitions du « démos ». Sans l’appel du mystère, la raison s’effondre. Nous autres modernes vivons dans cette raison ruinée, dans les décombres de cet en-deçà de la raison que hantent les superstitions et les barbaries. Contrairement à ce que feignirent de croire certains intellectuels, la destruction des normes grammaticales et métaphysiques, loin de donner lieu à l’épanouissement de la sirène Diversité fut au contraire extrêmement uniformisatrice. Les gravats sont toujours plus uniformes que les édifices et la confusion, pour séduisante qu’elle apparaisse aux yeux de certains, présage immanquablement la planification. Comme l’écrivait Dominique de Roux, «  nous en sommes là ».
Les différenciations individuelles elles-mêmes s’estompent dans la subjectivité de masse : la preuve en est qu’il suffit d’une phrase pour distinguer les uns des autres, pour reconnaître en leur unificence irréductible, les écrivains de belle race et de grande tradition, alors que nos adeptes du subjectivisme se ressemblent tous. Tel est l’apparent paradoxe : la norme grammaticale et métaphysique est l’éminente gardienne de la diversité humaine, alors que la confusion, la subversion, sont les non moins évidentes propagatrices de l’uniformité. La divine providence nous laisse toutes les chances de comprendre ou de ne pas comprendre, et sa mise-en-demeure, loin de nous planifier, nous hausse vers l’extrême singularité. Cette aventure-là, certes, n’est pas du goût de tout le monde car ce elle exige de nous, – outre l’épreuve de la solitude, – s’apparente à quelque dédaigneux dédain pour le « moi », cette idole bourgeoise, laquelle, comme l’automobile, si chère à nos classes moyennes, n’est jamais qu’un objet de série. Le « moi », la subjectivité du moderne, où il se figure être délivré des normes, n’est jamais que le véhicule de sa banalité.
«  Tout se tient, tout s’accroche, tout se marie, écrit Joseph de Maistre, lors même que l’ensemble échappe à nos faibles yeux c’est une consolation de savoir que cet ensemble existe et de lui rendre hommage dans l’auguste brouillard où il se cache. »
Que serait une raison qui se refuserait à s’affronter au brouillard, une raison qui se déclarerait au-suffisante, sinon la pire des folies ? A l’inverse, il est des divagations fécondes en hypothèses surgissantes dont le cheminement, pour déroutant qu’il paraisse, réconcilie entre eux, et quand bien leurs auteurs en furent parfois égarés, les pouvoirs de l’Esprit. Fut-elle si irrémédiablement folle, la folie de Nerval, en son siècle bourgeois où se précisaient déjà les méthodiques folies qui allaient conduire aux totalitarismes modernes, si autistiquement déductifs ? Pour retrouver nos raisons d’être, il fallut qu’un homme doué des grâces du pur parler du Valois s’aventure en des contrées crépusculaires. Nous lui en sommes infiniment redevables, comme nous le sommes à Joseph de Maistre, d’avoir restauré, pour nous, le « flambeau de l’Analogie ».
L’Analogie et la hiérarchie, celle-là étant le mode opératoire de celle-ci, sont au cœur de la pensée maistrienne, bien proche à cet égard de la métaphysique des gradations du Colloque entre Monos et Una d’Edgar Poe. Cette métaphysique graduée, ou graduelle, au vrai sens initiatique, témoignera des correspondances et de ce monde qu’il faut bien voir comme un « temple de symboles », sous peine ne rien percevoir du grain et de la ductilité du monde sensible.
L’idée à la fois architecturale et musicale d’une Analogie fondatrice, – l’architecture, de par le mouvement de celui qui la découvre, se faisant musique, et la musique reconstruisant dans l’entendement une architecture, – nous sauvera peut-être des déterminismes inférieurs où prétendent nous enfermer ces « rationalistes » dont l’engagement n’a d’autre fin que la destruction pure et simple de la raison. Quiconque croit, par exemple en la légitimité exclusive du « démos » à gouverner toute chose, y compris ce qui échappe, de fait, à ses prérogatives, doit faire son deuil de la raison qui, par nature, est hostile «  au sommeil de la brute et à la convulsion du fauve ». A Joseph de Maistre écrivant : «  Il n’y a rien de pire que la foule », Gérard de Nerval renchérit : «  Fatale époque d’aveuglement, de doutes et de haines mortelles, où la Providence n’intervient plus par les éclairs du génie, mais par les forces déchaînées des éléments et des passions ». Et ceci encore : « C’est un triste appel celui qui se fait, au nombre d’une part, et de l’autre à la force : au courage sans raisonnement, à la foule sans moralité ». Point d’envol qui d’emblée on s’englue dans l’Opinion. Aux esprits ouraniens, en revanche, à ceux qui manifestent leur préférence pour l’esprit de l’air, et contre le démon calibanesque, la chance est offerte de gravir l’échelle du vent, – qui nomme cette hiérarchie que nous évoquions, qui n’a, en soi, rien d’administratif, ni même de militaire.
Que les esprits vétilleux cherchent encore à démêler le tien du mien, à répartir ce qui appartient au christianisme et ce qui appartient au paganisme, il n’importe. Nous savons par l’Aurélia de Gérard de Nerval que les dieux antiques dorment à peine derrière les plus fines apparences du Songe et du Réel, et par Joseph de Maistre, prédécesseur capital de René Guénon, qu’il est une tradition antérieure à tous les dogmes. Une identique menace pèse désormais sur toutes les formes de l’esprit, et cette menace s’accroît de tout ce qu’elle divise en prévision de son règne sans nuance.  « La génération présente, écrit Joseph de Maistre, est témoin de l’un des plus grands spectacles qui jamais ait occupé l’œil humain : c’est le combat à outrance du christianisme et du philosophisme. La lice est ouverte, les deux ennemis sont aux prises, et l’univers regarde. » Le « philosophisme », en l’occurrence, c’est l’ « isme » qui ne se soucie plus ni de l’amour ni de la sagesse, – tout entier livré au despotisme de ses bonnes intentions meurtrières.
Gérard de Nerval lui répondra, dans Quintus Aucler, par cette question : «  S’il était vrai, selon l’expression d’un philosophe moderne que la religion chrétienne n’eût guère plus d’un siècle à vivre encore, – ne faudrait-il pas s’attacher avec larmes et prières au pieds de ce Christ détaché de l’arbre mystique, à la robe immaculée de cette Vierge mère, expression suprême de l’alliance antique du ciel et de la terre, – dernier baiser de l’esprit divin qui pleure et qui s’envole ? »
Luc-Olivier d’Algange

La fin d'un monde: les vikings.

mercredi 18 décembre 2019

COP 25 : La débâcle des imposteurs climatiques

Nounours-3-5ddfb.jpgLa piètre COP 25 a fait hurler de rage Sainte Greta, le GIEC et leurs suiveurs. Savent-ils que la défiance des États résulte des procédures judiciaires conduites un peu partout dans le monde contre les imposteurs ? Les États hésitent encore à les bannir et à leur couper les vivres... Mais leurs chancelleries saisies de ces dossiers brûlants leur recommandent de se désengager au plus vite.
Entre chaud et froid, Sahara gate, Malaria gate, Himalaya gate, Banquise gate et Macron gates au pluriel, on retrouve les mêmes méthodes : chiffres truqués, rapports tronqués, tricheries éhontées... Pour soutirer de l'argent au gogos. Or les grands marabouts du climat ne sont pas dispensés de respecter la Loi.
Climato et les plaideurs
COP 25 ! Kézako ? Cop = flic en anglais. Bel exemple d'inconscient linguistique lacanien. Volonté de fliquer la planète... Mais faute avouée à demi-pardonnée ?
Les réchauffards, ivres de leurs succès médiatiques, ont déclaré la guerre aux États, en vue de les faire condamner pour leur faible contrôle sur les émissions de CO2. Dans le cas des Pays Bas, ils ont trouvé des juges complaisants. Mais comment comptent-ils actionner les voies d'exécution inhérentes à toute décision judiciaire ? Je ne connais que 2 façons de contraindre un État qui refuse de se plier à une injonction extérieure : le blocus ou la guerre. Les réchauffards combien de divisions ?
Les climato-fanatiques qui, jusqu'alors, avaient manœuvré assez habilement ont commis 3 erreurs fatales pour eux. D'abord ils se sont attaqués à des poids lourds : États Unis, Chine, Brésil, Australie, Inde, Arabie Saoudite. Des États qui n'ont pas apprécié de se faire importuner par une gamine et l'ont fait savoir à la COP 25.
Ensuite, anesthésiés par les flatteries des journaleux, les climatos ont oublié que les services spéciaux des États montaient des dossiers contre eux, pour les sortir au moment opportun. On peut éviter ce genre de désagrément en étant irréprochable. Mais pour beaucoup, c'est loin d'être le cas.
Enfin les réchauffards quand ils visent des personnes, ont ignoré l’existence sous des appellations différentes, dans les procédures de tous les grands pays, d'une riposte dévastatrice : l'action en demande reconventionnelle. En clair : tu m'attaques. Je me défends. Et en même temps je contre attaque. Sur le fond de ta requête, expertises à l'appui, et en suggérant que la forme adoptée révèle une intention de nuire, d'intimider ou de discréditer.
Tout juriste, même débutant, sait que lorsque l'attaqué devient attaquant, cette forme de demande incidente permet très souvent d'inverser le rapport de force au procès.
Michael E. Mann, Prix Nobel, condamné pour fraude !
Ce golden boy du climat fut l'idole des téléphages Nord Américains friands de talk shows, avant d'être détrôné par une gosse capricieuse... Michael Mann (rien à voir avec son homonyme cinéaste) est un vrai scientifique. Géophysicien, expert en cristaux liquides et en matériaux supraconducteurs. Mais c'est aussi un caractériel souffrant d'un ego hypertrophié, ne supportant pas d'être contredit.
Or l'hypothèse du réchauffement de la planète repose essentiellement sur le graphique dit « bâton de hockey » élaboré par cet individu. Ce graphique a servi au GIEC, aux médias et à divers gouvernements pour appuyer le discours sur le réchauffement.
Mais le graphique du bâton de hockey (900 ans de plat puis une montée en flèche sur les 80 dernières années) est une énorme fraude. Une tricherie sophistiquée. Reposant sur un algorithme conçu pour produire cette forme particulière, quelles que soient les données saisies. Comme l'a démontré le docteur Tim Ball dans son ouvrage « La corruption délibérée de la science du climat »
Michael Mann n’a pas apprécié d'être traité de fraudeur. Il a poursuivi son accusateur en justice pour diffamation. Et fin août 2019, la Cour suprême de Colombie-Britannique (Canada) a rejeté l’action de Mann contre le Docteur Tim Ball à l'issue d'une procédure de 9 ans... Et par voie reconventionnelle, Ball a obtenu que la fraude de Mann soit reconnue par la Cour et qu'il soit condamné à indemnisation et aux dépens. Les motifs de la cour sont intéressants :
« Michael Mann a refusé de remettre aux experts mandatés par la justice les chiffres de l'augmentation des températures qui révèlent selon le défendeur des manipulations de données ayant conduit à la modification du graphique dit du bâton de hockey. Cette réticence à divulguer l’algorithme du graphique et les points de données, révèle le manque total de transparence et d’intégrité scientifique qui entache le travail prétendument scientifique de Mann. »
Au-delà du refus de Mann de communiquer ses calculs, la cour a probablement été influencée par des rédacteurs de la « Revue du M.I.T » (une sacrée référence !) lesquels ont affirmé que « la courbe de Mann est un artéfact mathématique médiocre dont on ne peut tirer aucune conclusion. »
Un autre procès se poursuit devant la Cour de Pennsylvanie pour les mêmes motifs, cette fois aggravés des incriminations pénales de falsifications et de parjure. Bientôt un réchauffard en pyjama orange ?
Et bravo au Docteur Tim Ball, qui en a comme son nom l'indique. Ce docteur en géographie et en climatologie évolutive ne s'est pas laissé intimider par la hiérarchie universitaire et par la meute médiatique lâchée à ses trousses par un adversaire ne reculant devant rien pour lui pourrir la vie. On doit à Tim Ball une étude pluridisciplinaire écrit avec 7 co-auteurs concluant que « les températures de l'air printanier autour du bassin de la baie d'Hudson au cours des 70 dernières années ne montrent aucune tendance significative au réchauffement, et qu'en conséquence, la disparition annoncée de l'ours polaire est infondée. »
Les graphes :
Glaciers de l'himalaya
En 2010, le GIEC a utilisé une étude affirmant que tous les glaciers de l'Himalaya auraient fondu d'ici à 2350. La plupart des glaciologues de montagne tiennent cette évaluation pour hautement improbable. Les astrologues du GIEC ont alors délibérément interverti les chiffres pour annoncer la fin du dernier glacier himalayen en 2035 !
Ainsi le GIEC dyslexique a écrit dans son rapport AR4 que « au rythme actuel, les glaciers de l’Himalaya auront reculé de 500 000 km2 et disparu d'ici l'année 2035 ». Ces savants devraient retourner à l'école. Car les glaciers de l'Himalaya occupent une surface totale de 35.000 km2, cela figure dans n'importe quel manuel scolaire.
Après enquête, il est apparu que l'étude menée par des « experts éminents » avait été publiée par le WWF, le fonds pour la préservation de la faune sauvage, ami des tourterelles, des lémuriens et des pandas, qui n'a aucune compétence en matière de glaciologie et dont le siège social se trouve en Suisse à Gland (ça ne s'invente pas !)
Derrière ces incohérences, un nom apparaît de façon récurrente : celui de Rajendra Pachauri. L'homme est ingénieur ferroviaire ! Comme Jouzel est ingénieur atomiste... La climatologie doit être leur violon d'Ingres.
Pachauri patron du GIEC indien est aussi président du TERI (The Energy and Resources Institute) une entité liée au groupe industriel Tata : Aciéries, usines de fabrication de véhicules, centres de télécoms, commerce agroalimentaire, holdings financières... Pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 110 milliards de dollars US. La préoccupation réchauffiste de ces gens-là relève d'une vocation vraiment tardive !
Pachauri aurait embauché comme « distinguished Fellow » le promoteur de l'étude catastrophiste menée par WWF, un certain Syed Hassain, qui a tout nié en 2017 quand une enquête préliminaire a été ouverte.
Là dessus, un troisième comparse Sri Murai Lal a affirmé dans une interview au Daily Mail que les rédacteurs du GIEC savaient parfaitement que les prévisions concernant les glaciers de l'Himalaya étaient erronées mais considéraient que le discours sur la fonte des glaciers servait à encourager les décideurs politiques à passer à l'action. Et à la caisse.
En d'autres termes, Sri Rajendra Pachauri a délibérément publié dans le rapport du GIEC qui est tenu pour vérité révélée par les médias suivistes, une information falsifiée. Puis il s'en est servi, avec le concours de Syed Hassain pour récolter l'équivalent de plusieurs millions d'euros au profit de l'institut qu'il dirigeait. Assortis d'une rémunération personnelle confortable pour les mandats d'administrateur qu'il y exerçait. Des procédures sont en cours. En outre, Pachauri 78 ans est poursuivi pour harcèlement sur une collaboratrice de 29. Y'a pas à dire, l'écologie ça maintient vert !
2 milliards et demi de dollars ont été versés en 2015 aux réchauffards bénévoles et désintéressés, et ça n'a pas diminué depuis, bien au contraire :
Al Gore’s Alliance for Climate Protection $19.150.215
Seulement 19 millions de US$ pour Bébert, c'est la honte ! Les autres font mieux :
The Wilderness Society $ 24.862.909
National Parks Conservation Association $ 25.782.975
Greenpeace USA $ 32.791.149
The Sierra Club Foundation $ 47.163.599
National Wildlife Federation $ 84.726.518
National Audubon Society $ 96.206.883
The Sierra Club  $ 97.757.678
Natural Resources Defense Council $98.701.707
The Environmental Defense Fund $111.915.138
World Wildlife Fund $208.495.555 pour l'associé de Rajendra Pachauri.
Wildlife Conservation Society $ 230.042.654
Greenpeace International $ 406.000.000
The Nature Conservancy $ 949.132.306
La plupart des bénéficiaires de ces largesses sont incapables de présenter une comptabilité justifiant leurs dépenses pour sauver la planète. En 2018 et 2019, le FBI a perquisitionné quelques antennes des officines sises aux USA, et les inculpés ont préféré passer des deals avec la justice. Trump a suivi de près ces procédures et il est probable que cela l'ait conforté dans sa méfiance envers les réchauffards.
Australia gate
Peter Ridd était un enseignant et un chercheur respecté attaché à la James Cook University (Queensland) Son domaine d'expertise était la grande barrière de corail. En étudiant les causes du dépérissement des polypes, il a identifié plusieurs raisons dont la pollution marine liée aux rejets industriels et domestiques, et à la prolifération d'algues et d'animalcules qui colonisent le corail. Dès lors le soi-disant réchauffement climatique apparaît comme un phénomène marginal surévalué.
Honnête, le docteur Ridd informe ses collègues de ses découvertes et essaye en vain de les publier dans le bulletin de l'université. Comme personne ne s'intéresse à ses travaux, et que ses collègues le mettent en quarantaine, il signe sa condamnation à la mort sociale en brisant l'omerta. Il vulgarise et publie les preuves de la supercherie dans un quotidien local puis un magazine national et sur le web.
Aussitôt, il est sommé de revenir sur ses propos, et comme il n’obtempère pas, on le vire purement et simplement. Après des années de procédure, il a réussi à faire condamner le 6 septembre 2019 son ancien employeur par la Cour d’Appel Fédérale qui lui a alloué 1,2 million AUDollars d'indemnités.
L’arrêt est particulièrement intéressant dans ses motifs puisqu’il prend en considération comme préjudices « la persécution, les brimades, et le harcèlement hystérique dont Ridd a été victime, jusque dans sa vie privée, alimentées par une vindicte systémique sans autre reproche que d'avoir exprimé une théorie non conforme à ce que professaient ses collègues. »
Africa Gate
Dans la locomotive destinée aux décideurs, pilotée en personne par l'ingénieur ferroviaire Pachauri, le GIEC a annoncé que le réchauffement allait diviser par deux les rendements agricoles des pays d'Afrique du fait de sécheresses accrues. D'ici à 2020. On y est. Mais comme pour les atolls disparus avant 2020 mais toujours là, les astrologues se sont trompés et ont trompé ceux qui ont gobé leurs calembredaines.
Il est vrai qu'une simple extrapolation des courbes depuis 1950 ne portait pas à l'optimisme. Mais aucune suite de données récentes ne venait étayer les affirmations du GIEC, sinon des citations partielles et partiales cueillies dans une obscure étude publiée par un « Institut du Développement Durable » que personne ne connaissait. Une entité canadienne en quête de subventions, dont la communauté scientifique ignore les travaux... Avec à sa tête un Marocain autoproclamé climatologue, auquel la justice de son pays s'intéresse.
Cet individu qui n'a aucune qualification scientifique prétend étudier les risques de sécheresses au Maghreb. Il ne s'agit en aucun cas de recherches documentées sur toute l'Afrique, mais d'études de scénarios locaux, destinés à être vendus sous forme de conseils climatiques aux entreprises...
En outre, les observations satellitaires montrent que si le Sahel ne verdit pas comme la Normandie, la désertification s'est arrêtée et les cultures regagnent un peu de terrain du fait d'une augmentation des précipitations et des progrès dans les techniques agricoles pilotées par la FAO. Mais ces informations sont superbement ignorées par le GIEC de même que les photos de National Geographic montrant qu'en Tunisie on regagne des zones de culture sur la désertification. En irriguant et en amendant la terre.
Macron gate N°1
Le 21 septembre 2017, le parti politique du conducator publie sur son site une page bourrée de chiffres effrayants sur les risques du réchauffement climatique.
Les experts du président affirment que 7,8 millions de litres de glace fondent chaque seconde (?) en Antarctique. Présenté de la sorte, ça fout la trouille © (c'est d'ailleurs le but recherché) Mais 7800 m3 par an (!) multipliés par 31.536.000 secondes/an, cela fait 246 Milliards de m3 fondant chaque année. Or le volume total de glace des pôles est de 24 millions de milliards de m3 de glace selon l' Ifremer. Donc le chiffre annoncé par le professeur Philippulus représente 0,001% du total des glaces polaires.
En outre la NASA en 2015 (avant qu'on l'accuse d'être manipulée par Trump), affirmait que « les gains de masse de l’antarctique sont supérieurs aux pertes ». Les chiffres présentés par « En Marche » correspondent uniquement à la fonte en oubliant les gains.
Si on rétablit la balance pour la planète, la perte annuelle représente dans l'hypothèse la plus défavorable 246 km3 de glace. C'est du même ordre de grandeur que les calculs d'une autre étude de la NASA chiffrant en 2016 à 232 km3 la fonte de la banquise. Compensée par un gain moyen de 45 Milliards de tonnes de glace annuels.
Or la surface totale des océans est de 360 Milliards de km2. Le volume brut de glace fondue serait de 0,68mm par an, soit 7 cm par siècle... Mais pour la NASA la fonte polaire actuelle produit une hausse observée du niveau des mers de 0,4 mm, soit 4 cm par siècle.
Les chiffre des marcheurs étaient délibérément présentés pour capter de nouveaux flux financiers en vue de sauver le monde. Conséquence : des groupes anti-corruption attirent en ce moment l'attention de juges d'instruction sur l'affectation réelle des sommes récoltées.
Amazone Gate
Le rapport du GIEC prétendait que 40% de la forêt amazonienne souffrait gravement d'une baisse des précipitations causée par le prétendu réchauffement global. Or, il apparaît que la source émane là encore du WWF et de l'IUCN, une organisation politique intergouvernementale comme le GIEC et dont le siège social se trouve aussi à Gland (décidément ils le font exprès !) Tandis que l'article alarmiste mis en avant par le GIEC a été écrit par un éditorialiste politique et un journaliste free lance, écologiste activiste, selon le Daily Telegraph.
L'article de ces deux propagandistes donne pour unique source une étude de « Nature », revue scientifique sérieuse mais qui n'est pas hermétique aux pressions des réchauffards. Or le GIEC a choisi de ne pas mentionner cette revue qui lui est plutôt favorable. Pourquoi ?
Jean Martin, décédé il y a un an, ancien directeur de recherches au CNRS et patron de l'école supérieure de physique de Paris, auteur de « Pensée scientifique unique », expliquait que l'article de « Nature » évoquait une perte de biomasse provoquée par la déforestation et les feux de forêts, mais en aucun cas liée à une diminution du niveau des précipitations. Nulle part il n'y est fait mention dans l'article, pas plus que des 40% de forêt amazonienne en train de disparaître à cause du prétendu réchauffement cataclysmique.
Encore un trucage décelé ou comment détourner une info authentique en la modifiant, et en passant sous silence sa substance intrinsèque, pour la faire coller pile poil aux obsessions des climato-fanatiques. On comprend pourquoi Bolsonaro a expulsé les truqueurs étrangers et fait coffrer quelques uns de leurs complices brésiliens, auteurs d'actes de violence et de sabotage de l'économie.
Malaria Gate
Paul Reiter est professeur d'entomologie médicale à l'institut Pasteur, spécialiste des maladies transmises par les insectes, dont la malaria. Reiter stigmatise les affirmations péremptoires du GIEC sur la propagation de la malaria, reposant sur des approximations qui d'après lui relèvent de la manipulation systématique des données.
Cette sommité mondialement reconnue, peine à se faire entendre en France. Mais la chambre des Lords britannique l'a auditionné à propos des erreurs diffusées par le GIEC. Son argumentation débute sur le fait qu'un grand nombre d'études médicales abondent sur ce sujet... Toutes ignorées par le GIEC qui se réfère systématiquement à des articles écrits par des sociologues, des économistes et des journalistes, arguant tous d'une augmentation inquiétante de la maladie. À cause du réchauffement.
Reiter écrit : « le public entend encore et encore qu’il y a un consensus scientifique, sur le réchauffement, et que nous sommes au bord du désastre. C’est un mensonge et un non-sens (...) Pendant des années, le public a été nourri avec des catastrophes et de la misère, servies par des alarmistes qui utilisent le langage de la science pour soutenir un agenda.
Et il demande combien de millions de comprimés de nivaquine ® tant préventifs que curatifs ont été vendus à Nairobi et environs, après les mensonges de Al Gore. Expliquant : « Nairobi était déjà dangereusement infesté quand la ville a été fondée, non pour des raisons de climat favorable, mais pour servir une ligne de chemin de fer. La ville est maintenant plutôt épargnée par la malaria et l’endroit ne s’est pas réchauffé d'un degré (…) En fait, les épidémies de malaria ont été fréquentes jusqu’aux années 1950, quand le DDT a fait son apparition. Actuellement, la lutte contre la malaria a régressé de 20 ans à cause de l’interdiction du DDT. (NDLR : un grand merci aux zékolos !)
Reiter a dénoncé au passage la mainmise d'activistes du WWF (qui vit de la charité publique et a tout intérêt à affoler le public et à mettre sous pression les gouvernants pour récolter des fonds) sur la rédaction des rapports prédisant une extension de la malaria... Avant de claquer la porte du GIEC dont il était consultant externe. Mais comme dans les sectes, on ne vous laisse pas partir comme ça ! Le name dropping a trop de valeur pour crédibiliser les gurus qui feignent de s'entourer d'experts, tous approbateurs dociles de leurs carabistouilles.
Cet éminent spécialiste de classe internationale a dû leur faire un procès pour que son nom soit retiré de la « liste des scientifiques soutenant le consensus climatique » !
Cet épisode de captation de réputation est à rapprocher du cas de Richard Lindzen, professeur au MIT, membre de l’Académie américaine des sciences, qui après avoir été consultant pour le GIEC, fut ulcéré de voir le détournement qu'on faisait de ses travaux et eut lui aussi le plus grand mal à se faire rayer de la liste.
Reiter a profité de la tribune qui s'offrait à lui pour rappeler que la malaria n'est pas une maladie uniquement tropicale. On l'a connue en France autour des zones marécageuses de Sologne ou du Languedoc jusqu'à la fin du XIXème siècle, mais aussi en Sibérie dans les années 1920 et en Finlande qui compte de très nombreux lacs. La maladie fut contenue par l'assèchement des marais, une hygiène préventive et l'éradication des moustiques. Cependant, pour le GIEC, le paludisme est une maladie spécifiquement tropicale ! C'est dire le niveau scientifique de leurs « experts ».
Macron gate N° 2
Toujours en 2017, repris en 2018, le site « En Marche », affichait un chiffre apocalyptique sur un image stressante : 1 km2 de forêt disparaît à chaque seconde !
Sachant qu'il y a 31.536.000 secondes/an, hors années bissextiles, une telle cadence anéantirait 31 millions de km2, soit 25% de la surface des terres émergées chaque année. En mai 2021 la terre ressemblera donc à la planète Mars.
Quant à « l'inéluctable accélération du processus de destruction » selon les macroniens, cette prédiction est démentie par le professeur émérite David South de l'université d'Auburn Alabama qui, auditionné en 2018 par le sénat US rappela que si 2017 avait vu brûler environ 6 millions d’hectares... En 1930 on en avait dénombré 21 millions partis en fumée !
Dans le même ordre d'idée, la Banque Mondiale qui finance des filières bois, affirme dans une étude documentée qu'entre 1990 et 2015 la part des forêts sur l'ensemble des continents est passée de 31.8% à 30.8%. Une diminution réversible qui n'a rien à voir avec les élucubrations des professeurs Tournesol.
En effet les forêts représentent environ 45 millions de Km2 sur des 150 millions des terres émergées. Les marcheurs se sont encore mélangés les pinceaux ! Une diminution de 1% en 25 ans correspond à une perte de 0,45 Millions de km2. Soit 18.000 km2/an. On est loin du chiffre mis en avant par les marcheurs qui vous font marcher. L'hypothèse d'une telle erreur, supervisée par leur soi-disant comité scientifique est peu vraisemblable. On pense plutôt à une tentative d'enfumage pour récolter du pognon. Vous pouvez donner 500 € et plus en ligne.
Piqures de rappel :
Atolls du Pacifique : la grande supercherie des écolos
GIEC : Pas besoin que ça chauffe pour enfumer !
Réchauffistes : Le casse du siècle
L'avis du géophysicien Vincent Courtillot qui enseigne à la prestigieuse université de Stanford :