mercredi 25 juin 2008

A propos de la libération de Saint-Nicolas-du-Chardonnet


27 février 1977. Pour tous les catholiques de France, c’est une date fondatrice, pour les tradilandais, l’équivalent d’une fête nationale, ce qu’est le 4 juillet pour les Etats-Unis. Depuis 1971 et l’expulsion de Mgr François Ducaud-Bourget de la chapelle de l’hôpital Laënnec sur ordre de la CGT, les catholiques n’avaient plus une seule église pour célébrer leur foi dans la capitale. Chassée de tous les lieux de culte, la messe de Saint-Pie V avait été remplacée dès le 3 avril 1969 par de fausses cérémonies crypto-protestantes et hérétiques d’Annibale Bugnini où Dieu était exclu, « messes » totalement invalides, dérives prophétisées avec exactitude par Paul Bourget dans son roman Le Démon de midi paru en 1914. « Dieu aurait ainsi permis que des millions et des millions de croyants de bonne foi, qui ont vécu et sont morts dans l’Eglise fondée par le Christ, aient vécu et soient morts dans un mensonge ? » déclare le héros du livre. « Une bonne dose d’illusion et de mégalomanie est nécessaire pour se croire humblement capable de forger une liturgie meilleure que celle que vingt siècles de tradition chrétienne ont lentement formée » constate à juste titre dom Guy Oury. Messes invalides car comme le déclarait Saint Pie V dans la bulle papale Quo Primum du 14 juillet 1570 : « Qu’absolument personne, donc, ne puisse déroger à cette page qui exprime Notre permission, Notre décision, Notre ordonnance, Notre commandement, Notre précepte, Notre concession, Notre indult, Notre déclaration, Notre décret et Notre interdiction, ou n’ose témérairement aller à l’encontre de ses dispositions. Si, cependant, quelqu’un se permettait une telle altération, qu’il sache qu’il encourrait l’indignation de Dieu tout-puissant et de ses bienheureux Apôtres Pierre et Paul ». Et de préciser : « Par notre présente constitution, qui valable à perpétuité »

Comme dans toute révolution, celle-ci ne fonctionne que si les élites et le peuple sont suffisamment décadents pour l’accepter. Les contre-révolutions victorieuses, comme en Allemagne, en Hongrie, en Finlande, en Espagne, l’ont été parce que le peuple a su générer les anticorps. La force de l’idéologie « démocratique », qu’elle soit de nature libérale ou socialiste, c’est de proposer la solution de facilité qui avilit l’homme. Cependant, vermis in fructu, la République se condamne à terme : certes, elle espère régner sur une masse qu’elle maintient dans l’obscurantisme et dans la fange des bas instincts, mais comme elle n’est ni universelle, ni omnipotente, il y aura toujours à ses portes ou en son sein des masses de peuples barbares, métèques (au sens grec des termes) plus dynamiques, plus jeunes et donc, selon les théories de polémologie de Gaston Bouthoul, plus guerrières. A terme, elles conquièrent les civilisés décadents, pillent leur nation, bâtissent la leur, s’embourgeoisent, deviennent à leur tour décadentes, perpétuant le cycle. Parfois même, la partie saine des civilisés, du moins la moins contaminée, se détache : Byzance a ainsi survécu à Rome pendant un millénaire. Le plus réjouissant dans cette affaire est que nous avons été rejetés par la République et que, mutans mutandis, les ostracisés sont devenus métèques, donc aussi étrangers que les barbares, moitié Byzance, moitié Germains. A nous métèques de faire comprendre aux barbares que 20 % de la population de ce qui fut notre pays est sous notre protection et constitue le socle de notre future patrie, donc noli me tangere. Les 80 % restants ? Dieu, dans sa Justice, décidera de leur sort. En ce qui me concerne, il m’indiffère totalement. Bien évidemment, la voix du sang étant ce qu’elle est, si des « Gaulois » qui ont été un jour mes compatriotes frappaient à la porte de notre état en quête de protection, celle-ci s’ouvrirait. Charité chrétienne oblige. Simplement, il leur sera demandé d’accepter nos règles de fonctionnement sociétal car sinon, nous serions contraints de dire comme le Christ : « Qui êtes-vous, en vérité je ne vous connais pas… »

En ce 27 février 1977, dimanche de Carême, les catholiques de Paris s’étaient rassemblés exceptionnellement à la Mutualité au lieu de l’habituelle salle Wagram. Voilà à quoi en étaient réduits les partisans de la Vraie Messe : contraints, comme dans un régime soviétique, à organiser des messes dans une salle de bal aménagée à la hâte entre deux combats de boxe, après le « bal du samedi soir ». Mais quand les fidèles arrivèrent devant la bâtisse de la rue Saint-Victor, des prêtres en soutane les invitèrent à se rendre à l’église voisine de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et d’attendre. Une cérémonie conciliaire s’y déroulait justement… Pourquoi avoir choisi cette église ? Tout simplement parce que l’un des piliers de la Tradition, l’abbé Séralda, y avait été vicaire, connaissait les lieux, et savait que le dimanche, la secte conciliaire rassemblait les jours les plus fastes jusqu’à 40 fidèles… De plus, elle allait être bientôt désaffectée. Le servant de la cérémonie conciliaire était doublement surpris : l’église était pleine et le panier de la quête vide. Soudain, dès son office terminé, une procession entre dans l’Eglise, menée par Mgr Ducaud-Bourget et les abbés de Fommervault, Emmanuelli, Juan, Coache et Séralda qui célèbrent immédiatement la Sainte Messe. A la fin de la dernière bénédiction, l’abbé Coache monta en chaire et lança cette phrase de huit mots : « Maintenant que nous y sommes, nous y restons ! ».

Le pouvoir et les offices ténébreuses de l’obscurantisme laïcard ne ménagèrent pas leurs persécutions contre ceux qui avaient osé résister. Paradoxalement, de tous les ennemis déclarés de l’Eglise, les seuls qui n’aient jamais tenté la moindre action contre Saint-Nicolas furent… les musulmans. Si on excepte d’ailleurs quelques cas d’agressions individuelles tenant plus du racisme anti-français que du racisme anti-chrétien, il faut avoir l’honnêteté intellectuelle d’admettre que l’Islam n’a jamais manifesté d’hostilité à notre égard en France. Mieux, nos manifestations pour la vie ont reçu un accueil plein de sympathie dans le quartier arabe de Barbès. Rien ne dit que cela durera, mais pour le moment, les faits – fort têtus – sont ainsi… La toute première vague de persécution vient, bien évidemment, des autorités religieuses en place sous la houlette du sinistre Marty, archevêque conciliaire de Paris. Le 3 mars, à 4 heures du matin, les conciliaires envoyèrent par un vitrail un gaz d’ordinaire réservé à l’élimination des taupes dans leurs galeries. Le jour même, l’Eglise était définitivement libérée suite à « la bataille de la sacristie » où les catholiques, dont une nette majorité de dames refoulèrent non pas en enfer Satan et les autres esprits mauvais mais plus simplement dans le presbytère le sinistre Amorgathe et ses sbires, ce dernier montrant que, s’il maîtrisait mal le latin, il possédait parfaitement le langage ordurier en vogue dans les bas quartiers. Il y a du Dismas chez Amorgathe, mais celui d’avant la croix… Puis, devant l’échec de la méthode forte, Marty joua dans le registre sournois : il envoya Jean Guitton, qui – sous prétexte qu’il était fât comme un dindon sentencieux – pensait manier la plume, afin de proposer un « échange » à Mgr Ducaud-Bourget : si les tradtionnalistes évacuaient Saint-Nicolas-du-Chardonnet, on leur donnerait la basilique de Marie-Médiatrice. La providence divine éclaira le vieux prélat qui refusa : cette basilique était éloignée de tout. De plus, le quartier où elle est située dans le 19e arrondissement, est devenu un véritable coupe-gorge. Donc, les catholiques resteraient à Saint-Nicolas… Marty alla même jusqu’à faire le siège de Jean-Paul II. Le Janus à la tiare lui demanda si les catholiques priaient dans cette église. « Pour prier, ils prient avec ferveur » lâcha le cardinal. « De quoi vous plaignez-vous ? Laissez-les prier… », répondit l’occupant du trône pontifical en guise de fin de non-recevoir…

Une fois les conciliaires calmés par celui qu’ils revendiquent comme chef, d’autres prirent le relais. Les Juifs d’abord dont les éléments réputés extrémistes, mais dont les « passerelles » avec les institutions communautaires ont la taille du pont de Tancarville, placèrent une bombe dans Saint-Nicolas-du-Chardonnet quelques heures avant la messe de minuit 1978. Ce fut la seule action directe, les institutions communautaire prenant les choses en main avec comme point d’orgue un procès intenté par la LICRA contre Mgr Lefebvre et des campagnes de haine cathophobe incessantes dans la presse juive, Marianne appelant même à l’incendie de l’église (sans cependant préciser si, selon la tradition républicaine inaugurée au Lucs-sur-Boulogne le 28 février 1794, les femmes et les enfants seraient brûlés vifs dedans…). Le gouvernement s’en mêla également, et pas seulement avec le vol des dons des fidèles à la Fraternité Saint-Pie X qui rejoindront dans la liste des ignominies gueusardes les spoliations de 1789-1794 et le milliard volé aux catholiques en 1905… En 1989, le Ministre de l’Intérieur, Pierre Joxe, lance une offensive assez sournoise. Il mandate un sieur Brisacier, du service des cultes du ministère de l’Intérieur, pour se rendre à l’étape de Gallardon du Pèlerinage Paris-Chartres (les ralliés) le dimanche de Pentecôte 1989. Son but : convaincre Bernard Antony d’aider la police politique à prendre d’assaut Saint-Nicolas-du-Chardonnet contre l’attribution officielle de celle-ci à la Fraternité Saint-Pierre. Bernard Antony est Gascon, c’est-à-dire qu’il réagit vivement, à la « Marty Mc Fly ». « Monsieur, vous êtes un salaud (décidément, Thierry Rolland fait des émules, mais après tout, n’était-il pas de l’OAS ?) et je vous demande de quitter les lieux immédiatement ! ». Brisacier s’en tire bien : Henri Tincq s’était fait botter les fesses (au sens réel du mot) à l’aérogare d’Orly pour avoir écrit des choses aussi déplaisantes que fausses sur l’affaire des cinémas quelques mois plus tôt… Ce sont dans ses excès qu’on l’aime, Bernard.

Le vicaire conciliaire de Saint-Séverin, Jean-Robert Armogathe, montra en quelques phrases le vrai visage de la secte conciliaire, bouffie d’orgueil et de haine, totalement dénuée de charité chrétienne, voire même de foi tout court. Le 5 mars 1977, voici comme « ce grand chrétien », « l’un des prêtres les plus remarquables de la jeune génération » comme l’écrivait le quotidien bourgeois Le Figaro, qualifiait les catholiques de « secte à la traîne de la réaction », propos on ne peut plus communiste ! Et d’en rajouter : « on reconnaît des membres d’organisations d’extrême droite, connues pour leurs violence dans les universités et les grandes écoles. Sous des noms divers, c’est toujours le même regroupement des forces néo-fascistes : leur racisme, leur antisémitisme, leur culte de la violence sont bien loin de l’idéal évangélique. Et puis ce sont là des nostalgiques de la collaboration, des guerres coloniales, de l’OAS. Ils gardent l’âcre souvenir des barricades d’Alger et rêvent d’une revanche sur mai 1968. Il suffit de les regarder ». Même L’Humanité n’alla pas aussi loin dans l’abjection. Mais il est vrai qu’Armogathe était – pour se replacer dans l’époque – aussi catholique que Cohn-Bendit allemand… Il a donné la preuve fin 1998 dans Le Figaro (décidément) qu’il n’était pas catholique en niant l’authenticité et la vérité des Evangiles, notamment celui de Saint Matthieu, ce qui fait qu’il viole délibérément l’encyclique Humani generis de Pie XII. Même l’abbé Laurentin, hier chaud partisan de Vatican II aujourd’hui sur la voie de la repentance, s’en indigna et confirma que Saint Luc (historien formé aux méthodes des Grecs) et Saint Matthieu étaient de véritables témoins et leur récit historiquement vrai.

Trente après, l’histoire a rendu son jugement : pour les 25 ans de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, en 2002, l’Abbé Christian Bouchacourt dressait le bilan d’un demi-jubilé : 3.000 baptêmes (dont ceux de 3 de mes enfants), 535 mariages (dont le mien), 1.606 convois (c’est-à-dire messes d’enterrement) et 3.683 confirmations. Chaque dimanche, 5.000 paroissiens assistent aux 6 messes de ce jour. En 2002, la moitié des fidèles de la paroisse avaient moins de 33 ans, c’est-à-dire nés avant 1969, date d’imposition des fausses messes. Pour essayer de « contrer » Saint-Nicolas, les conciliaires ont été forcé de remettre au goût du jour les processions qu’ils avaient supprimées pour ne pas en laisser le monopole aux catholiques : Fête-Dieu et Assomption. Alors que les messes catholiques étaient bannies de la capitale, le cardinal conciliaire Aaron « Jean-Marie » Lustiger les a rétablies dans deux églises, pensant vider Saint-Nicolas, en vain. L’église de la rue des Bernardins chantée par Jackie Quartz (la rue, pas l’église…) ne désemplit pas, et ce, malgré que le nombre de lieux de cultes catholiques en Ile-de-France soit passé de 1 à 21 en 30 ans, même si Tradiland est très provincial puisque la région-capitale qui représente 20 % de la population hexagonale ne regroupe que 6 % des lieux de cultes catholiques. Il y avait, au 1er janvier 2007, 327 lieux de cultes catholiques traditionnels en France métropolitaine, seuls 6 départements de province en étant privés (Alpes de Haute Provence, Ardèche, Ariège, Creuse, Lozère et Meuse) : 12 en Nord-Pas-de-Calais, 11 en Picardie, 21 en Ile-de-France, 7 en Haute-Normandie, 11 en Basse-Normandie, 22 en Bretagne, 26 en Pays-de-Loire, 14 dans le Centre, 12 en en Bourgogne, 6 en Champagne-Ardennes, 5 en Lorraine, 6 en Alsace, 7 en Franche-Comté, 26 en Rhône-Alpes, 15 en Auvergne, 5 dans le Limousin, 17 en Charentes-Poitou, 24 en Aquitaine, 18 en Midi-Pyrénées, 24 en Languedoc-Roussillon, 33 en PACA, 2 en Corse.

Lorsqu’on relit les témoignages vieux de trente ans, on s’aperçoit que l’on vivait à une autre époque. Parmi les soutiens à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, on comptait deux académiciens : Jean Dutourd et Michel Droit, trois écrivains de première importance ou publiés par des éditeurs officiels : Jean Raspail, Jacques Perret et Michel de Saint-Pierre (membre de la LICRA !), un acteur connu : Jacques Dufilho, un universitaire de premier plan : l’économiste Jean Fourastié, le père de l’expression « Trente Glorieuses ». Dans son numéro du 22 avril 1977, Le Monde, alors notoirement marxisant, publiait néanmoins une lettre très émouvante d’une paroissienne qui disait notamment ceci : « Mariée depuis 10 ans, j’ai 33 ans. Trois enfants : 9, 8 et 5 ans. Un loyer à Paris qui pompe la moitié du salaire de mon mari. Un appartement « tout à refaire » : on s’est engagé à le refaire nous-mêmes… Loyer moins cher. Avec quel argent pourrions-nous payer les peintres ? Aucune aide domestique : obligée à un travail à mi-temps de 9 heures à 13 heures pour boucher les trous. Quand je rentre : lessive, ménage, couture, cuisine… et pinceaux. Rien n’est jamais fini. Les enfants sont merveilleux, ils connaissent notre vie dure, ne pleurent pas trop et rangent assez. Une belle-famille très catholique mais conciliaire, c’est-à-dire qu’elle nous a rejetés quand elle a vu notre foi de toujours… Chassés de la maison de famille, mari menacé de cécité, moi d’obésité… Tous les sacrements et messes suivis dans le concile. Grande solitude. Parfois envie d’entrer dans une église, de s’asseoir un peu au fond quand on a le cœur qui déborde de larmes, mais églises nues, froides, glaciales… Vicaires intellectuels : « Faut vous en sortir… » On ne manque pas de courage, mais la vie vous coince… « Faut penser au tiers-monde ».

On y pense, on l’aime… mais qui, en France, pense à son voisin de France ? Le tiers-monde est une bonne conscience de catholiques égoïstes. Puis le paradis revenu à Saint-Nicolas. J’y ai pleuré une demi-heure la première fois, au fond, à gauche…

Il y avait du monde, on ne me voyait pas, le Bon Dieu m’a consolée, j’ai prié comme jamais. Il m’a redonné du courage, l’espérance de la vie éternelle. Pauvre moi ? Quand je peux aller à Saint-Nicolas ! Malheureuse ? Quand je peux aller à Saint-Nicolas ! Seule ? Je me sens meilleure, je repense à mon ange gardien, je voudrais soulager les pauvres… ».

Trente ans après, de telles choses seraient-elles possible ? L’extrême gauche a totalement cadenassé le milieu culturel. Les écrivains de sensibilité catholique, c’est-à-dire non-conciliaire, existent toujours, peut-être même plus nombreux qu’avant. La source de talent n’est pas tarie, elle a tout simplement été bouchée, interdite de séjour, confinée dans un ghetto, réduite aux samizdats, comme ceux se réclamant de la droite nationale. Depuis 1981, le talent n’a plus l’ombre d’une importance : ce qui compte, ce sont les opinions politiques. Et ceci est valable aussi bien dans la culture que dans l’emploi, le logement, voire l’attribution des aides sociales. Plus aucune personnalité de moindre envergure n’oserait se compromettre avec les « impurs » religieux ou politiques sous peine de se voir elle-même chassée. Et les rares qui s’y sont risqués l’ont payé de leur carrière proportionnellement à la marxisation du milieu où ils oeuvraient : si les propos courageux de Daniel Guichard sur les persécutions scolaires des enfants d’élus FN ne lui ont valu que la haine d’Elie Seymoun, haine qu’il partage désormais avec Dieudonné M’Bala M’Bala qui, admettons-le, a plus surpris ses ennemis (j’en fus) que ses fans ; une carte d’anniversaire dessinée pour le compte du FN a fait du dessinateur de BD Mic Delynx (le père de l’irrésistible Jungle en Folie et mon modèle, le brave docteur Potame « rigoureusement spécialisé en n’importe quoi ») un mort-vivant professionnel. Pour quelques dessins dans la presse impure, Eric Ascensi a failli connaître le même sort. Je cite ses propres paroles : « Je traînerai toute ma carrière une erreur de jeunesse : celle d'avoir dessiné pour 'Minute'. J'y ai perdu des amis et quelques contrats. Mais je n'avais qu'à faire attention où je mettais les pieds. J'espère aussi que mon exemple servira d'autres jeunes dessinateurs qui, par appât du gain, nécessité ou opportunisme, seraient tentés de frayer avec la droite la plus nationaliste ». Tout est dit. La lâcheté mène le monde depuis que les coqs chantent…

Cette exclusion a tout de même eu un gros point positif : les métèques ont appris à se passer de l’état et ont créé leurs maisons d’éditions, leur réseau de distribution, leurs écoles, leurs universités, leurs agences pour l’emploi, leurs associations caritatives… la suite logique de tout ceci étant à long terme ni plus ni moins que la création de toutes les structures étatiques et donc ni plus ni moins qu’un état, un pays par nous pour nous. Même qu’avec les permanents du Paquebot, on a déjà les fonctionnaires… En 1977, les catholiques avaient été chassés de leurs églises, aussi, ils se virent obligés d’en libérer une avec le résultat et le succès que l’on sait. Trente ans après, le combat s’est déplacé : les catholiques sont devenus un peuple à part entière, les Tradilandais, étrangers dans ce qui, en 1977, était encore leur pays. Certes, ils ont de petits ghettos dans les principales villes de France, mais l’épée de Damoclès pend au-dessus de leurs têtes : la municipalité d’extrême gauche qui tient Paris, même si elle va probablement perdre la mairie dans quelques mois, pourrait vouloir réaliser « un baroud d’honneur » pour conclure une mandature de brimades, la République laïque peut à tout moment passer à la persécution ouverte avec fermeture des écoles voire emprisonnement des parents et placement des enfants en «camps de rééducation » de la DDASS. Nous avions un pays, nous rêvions d’une église ; nous avons les églises, nous rêvons d’un pays. Une génération plus tard, c’est pour la libération non pas d’une église mais d’une parcelle de territoire que nous devons nous battre. Retrouver en nous la force de 1977. Nos effectifs ont décuplé, la moyenne d’âge a chuté au même rythme que les revenus se sont taris et la natalité a explosé, alors que le nombre de « mariages mixtes » (Français/Tradilandais) s’est écroulé, preuve de la naissance d’un peuple nouveau.

Maintenant, l’heure est venue de donner à nos enfants un pays qui saura les aimer autant que eux l’aimeront. Nos parents nous ont légué des écoles, des prieurés, des chapelles, à nous de léguer à nos enfants une nation. Ô Dieu Tout Puissant, écoutez la prière de vos enfants, donnez-nous un Moïse qui nous conduit à Canaan, faites-nous sortir de cette Egypte qu’est la République. Je lance cet appel aux électeurs du Front National : comme je le démontrerai dans les éditoriaux des numéros 230, 234 et 235, concluant la campagne présidentielle, la République ne vous aime pas, ne vous a jamais aimé. Même appel lancé à nos frères autonomistes, rattachistes et indépendantistes d’Alsace, de Bretagne, du Comté de Nice, de Flandre, de Normandie et de Savoie : offrez-nous votre appui et votre expérience, à charge de revanche. Et vous les Blacks, vous les Beurs qui avez l’impression d’être rejetés ou manipulés, vous les kemites, vous les muslims. Le peu que j’ai pu dialoguer avec vous m’a appris une chose… vous ne nous aimez pas plus que la République (c’est réciproque monsieur Seba) mais vous au moins vous nous respectez. Vous n’aimez pas la République non plus, et ne la respectez pas. Yo brother, tu la kiffes grave l’occase ? On va lui niquer sa race à la taspé trop bouffonne avec son bonnet de grand schtroumf (traduction en tradilandais pour nos lecteurs : « Mes salutations cher associé. Etes-vous enthousiasmé par l’opportunité d’une conjonction d’intérêts ? Ensemble, nous allons infliger à l’immonde Gueuse au bonnet phrygien des dommages irréparables »). Tremble ô République, Spartacus brise ses chaînes… Pour conclure ce rappel, un petit poème de Mgr Ducaud-Bourget datant du 15 février 1977 :
« L’expérience masse et la lourde sagesse
Accablent, mon enfant, une âme sans vigueur.
Toi conserve toujours l’immuable jeunesse
D’un cœur nouveau sans cesse, ignorant toutes peurs ».

Source : Notre Mémoire

samedi 21 juin 2008

17 millions de victimes de la traite musulmane


Entretien avec Jacques Heers
A partir du VIIe siècle, les musulmans ont pratiqué une traite esclavagiste touchant à la fois les Européens et les Africains. Agrégé et docteur en histoire, Jacques Heers a été professeur des universités et directeur du département d'études médiévales à la Sorbonne. Il a consacré plusieurs ouvrages à l'esclavage médiéval en Méditerranée, aux Barbaresques et aux négriers en terre d'islam (1), qui viennent d'être réédités. Autant dire que nul n'est mieux placé que lui pour parler de la traite musulmane.

Le Choc du mois : Y -a-t-il une spécificité de la traite musulmane ?
Jacques Heers : Il y en a deux. Son importance quantitative, d'abord. Les conquêtes musulmanes ont été d'une ampleur et d'une brutalité inédites. Et puis le fait que les musuhnans ont ajouté une dimension religieuse à l'esclavage, en distinguant très nettement le «fidèle», de «l'infidèle». En résumé, la théorisation du djihad et l'expansion territoriale musulmane aboutissent effectivement à l'apparition d'une forme d'esclavage tout à fait spécifique.
Même si certains exégètes affirment le contraire, le Coran tolère parfaitement l'asservissement des «chiens de mécréants». Confrontés à la question cie l'esclavage, les docteurs de la loi rendaient en général le même verdict : le prisonnier infidèle doit demeurer esclave, même s'il se convertit aussitôt ; c'est la punition de sa mécréance passée. En revanche, le captif musulman, même ramené «chargé de chaînes» doit immédiatement retrouver la liberté.
Théoriquement, le Coran interdit de réduire un musulman en esclavage, mais en pratique, les exceptions abondent, pour des raisons plus ou moins légitimes : les victimes sont de « mauvais musulmans », etc.

Quand apparaît la traite musulmane ?
Dès la naissance de l'islam, au VIIe siècle! Mahomet et ses fidèles possédaient des esclaves. C'était toutefois une pratique courante, durant toute l'Antiquité. Il n'est pas étonnant que les peuples orientaux, au cours du Haut Moyen Age, la perpétuent à leur bénéfice.

Au début de l'hégire, les esclaves sont essentiellement blancs...

Comment les musulmans se procurent-ils leurs esclaves ?

Essentiellement par la guerre. Les « cavaliers d'Allah » conquièrent, asservissent ou convertissent les populations cles Balkans, d'Asie Mineure et d'Europe. Ils ramènent d'immenses cohortes de prisonniers, hommes et femmes. On a vu des Sarrasins mener des razzias jusque dans les Alpes, au IX' siècle ! En 997, le calife al-Mansur, qui régnait sur l'Espagne arabo-musulmane - al Andalous - mena une interminable razzia dans les royaumes chrétiens du nord de la péninsule. Il s'enfonça jusqu'au cœur de la Galice, laissant Saint-Jacques-de-compostelle en ruines.
Toujours en Espagne, au XII' siècle, des flottes musulmanes croisent sur les côtes de Galice et, au petit matin, lancent des attaques sur les villages de pêcheurs. En Méditerranée, sur un autre front, les musulmans, maîtres de la Sicile, lancent des chevauchées contre les grands monastères et sur les routes de pèlerinage vers Rome. Ailleurs, les pirates musulmans ravagent les côtes du Languedoc ou de Toscane avec des flottes atteignant parfois cinquante galères ! Et chaque guerre apporte son lot de captifs, qui sont aussitôt convoyés pour être vendus sur les marchés, de l'Espagne au Maghreb et jusqu'en Orient...

Il y a une réelle préférence pour les esclaves blancs...
Les musulmans ont pratiqué la traite des Noirs, mais dans les premiers temps de l'hégire, l'ère d'expansion islamique, les esclaves étaient essentiellement des Blancs. Laissez-moi vous citer le savant Ibn Haukal, qui affirmait, au temps de l'Espagne arabo-musulmane que « le plus bel article importé d'Espagne sont les esclaves, des filles et de beaux garçons qui ont été enlevés dans le pays des Francs et dans la Galice. Tous les eunuques slaves qu'on trouve sur la terre sont amenés d'Espagne et aussitôt qu'ils arrivent, on les châtre. Ce sont des marchands juifs qui font ça ». Le géographe Ibn al-Fakih, lui, racontait que « de la mer occidentale, arrivent en Orient les esclaves hommes, romains, francs, lombards et les femmes, romaines et andalouses ».

Quand la traite musulmane cesse-t'elle en direction de l'Europe ?

Elle s'est considérablement réduite lorsque les Arabes ont passé le Sahara pour aller razzier l'Afrique noire. Mais elle a très vite repris, dès les années 800, avec la piraterie. Elle s'intensifie en 1517, lorsque Alger, véritable nid de pirates, tombe aux mains des Turcs. La guerre de course fait alors partie intégrante du plan de conquête de la Méditerranée par les Ottomans. L'esclavage des chrétiens, méthodiquement mené, redouble.
Dans le même temps, les Barbaresques assiègent Rhodes en 1522 et Malte en 1565. S'ils perdent Rhodes en 1523, les chevaliers de Malte repoussent les musulmans en 1566. L'ordre de Malte devient une véritable sentinelle de la Méditerranée. Ses marins font régner la terreur chez les musulmans et pratiquent eux-mêmes l'esclavage ! Ils jouent un rôle clef dans la bataille de Lépante en 1571, qui marque le grand coup d'arrêt aux incursions musulmanes en Europe.

En 1888, à Médine, 5.000 esclaves sont vendus dans l'année


Mais les musulmans poursuivent la traite des chrétiens en Afrique noire...

Exact. Il y a trois grandes routes de traite. La première mène en Afrique de l'Ouest sahélienne, où le commerce des esclaves fait traditionnellement partie des échanges transsahariens. La deuxième passe par la mer Rouge et le Soudan. En Arabie, en 1888, sur le seul marché de Médine, l'on peut vendre 5 000 esclaves par an. La troisième traite se passe sur la côte d'Afrique de l'Est, où Zanzibar devient le plus grand marché d'esclaves au monde.
La première traite est la plus longue et occasionne de nombreuses pertes. Elle passe par l'Egypte, dont les musulmans sont devenus maîtres, et le Sahara. Elle est d'abord faite de razzias, puis, à partir du IX' siècle, repose sur la conquête de royaumes noirs et le négoce avec les marchands d'esclaves.

Quelles sont les principales cibles ?

Le royaume chrétien d'Ethiopie. Les Egyptiens l'attaquent en passant par la vallée du Nil. Les Arabes traversent la mer Rouge. A l'ouest, les Marocains osent une traversée de cent jours de marche après Marrakech, dont au moins la moitié à travers le Sahara.
Le retour est un enfer. Le Niger, le Sénégal et le Mali sont également touchés ... Des forbans musulmans lancent des razzias le long des côtes de l'océan Indien avec des boutres - de rapides voiliers. Dans les royaumes islamiques du Soudan, les chasses aux esclaves mobilisent chaque année de forts partis de cavaliers. Ils repèrent les villages les plus intéressants et partent par petits groupes. Ils montent des chameaux de race, s'approvisionnent en eau, marchent la nuit et attaquent au petit matin. Les opérations devant être rentables, ils évitent les lieux trop bien protégés et n'attaquent qu'à coup sûr. Une fois maîtres du terrain, ils massacrent les faibles et les vieillards pour n'emmener que les malheureux en état de servir.
Pour être honnête, il faut ajouter que des négociants sont aussi sur les rangs, car des rois noirs, près du Tchad par exemple, les informent du lancement des grandes chasses aux esclaves. Ils vont s'installer dans les villages, en attendant - à leurs frais - le retour de l'expédition.

Comment les esclaves sont-ils traités ?

Très mal, car ils sont gratuits et en grand nombre. Contrairement à la traite atlantique, il n'a pas fallu négocier avec des rois esclavagistes. Il a suffi de tuer ceux qui se défendaient !
Sur la route de leur captivité, les esclave vivaient un enfer. La traite occasionne des pertes terribles tant dans leurs rangs que dans ceux des convoyeurs. Les plus faibles sont abandonnés sans pitié. Les témoignages sont horribles : les hommes et les femmes meurent de soif, en sont parfois réduits à ouvrir la panse des animaux pour y trouver de l'eau. Les esclaves malades ou affaiblis sont abandonnés en route à une mort certaine. Des négociants expliquent tranquillement à leurs associés, restés en Arabie qu'il a fallu, ici où là, égorger quatre femmes «fanées» et émasculer deux enfants pour ne pas perdre de temps dans le désert et préserver la cargaison. A l'arrivée, selon la difficulté de la traversée, les survivants sont vendus avec une marge de 200 à 300 %. C'est une façon de compenser les pertes.

De quoi se compose une cargaison d'esclaves ?

Essentiellement des jeunes femmes, blanches ou noires. Des enfants et des hommes solides. Ne restent que les personnes en bonne santé. Les autres sont morts en route. En chemin, pour ècouler les «cargaisons»: plus vite, certains campements se transforment en marché, où les grossistes viennent faire un premier choix. Puis on arrive dans les grandes places, comme Zanzibar ou Bagdad. Les acheteurs peuvent examiner leur marchandise, regarder les dent, l'élasticité d'une poitrine, constater si une jeune femme est vierge ou déflorée, mesurer la vivacité intellectuelle ou la force physique d'un esclave, son adresse...

Le Caire est un gigantesque marché, où l'on trouve toute sorte de captifs. Au XIX' siècle, Gérard de Nerval, dans son voyage au Caire(2), raconte comment plusieurs marchands «basanés» l'abordent pour lui proposer «des Noires ou des Abyssiniennes»...

Que deviennent les victimes ?

Elles servent sur les chantiers publics ou au service d'un maître.

 A la Bourse aux esclaves, les négriers spéculent

Il y a également les bagnes ?
Là, c'est l'époque des Barbaresques et des Ottomans. Alors qu'à Bagdad ou au Caire, on trouve une majorité d'esclaves noirs, les bagnes d'Alger ou de Tunis comportent surtout des Blancs. Ils maintenaient à eux seuls toute l'activité économique locale : les chantiers navals, les fabriques, les commerces ... Alors que les villes d'Egypte achetaient aux caravaniers du désert des milliers d'esclaves venus d'Afrique, les cités corsaires du Maghreb s'épargnaient ces dépenses, grâce à la guerre.
Une fois la part du sultan mise de côté, les captifs des Barbaresques passaient directement de l'entrepont du navire au marché. Des négociants les mettaient aux enchères, à la criée. Ceux visiblement inaptes aux travaux de force, mais dont on espère tirer une bonne rançon, valent jusqu'à sept fois un homme valide. Les Turcs et les Maures spéculent quotidiennement sur la valeur de leurs esclaves. Faut-il acheter ou vendre? C'est un peu une Bourse avant l'heure...

Comment vivaient ces esclaves ?

Le plus souvent en groupes, logés dans les bagnes - sept, rien qu'à Alger. A Tunis ou Tripoli, ils portaient plus de dix kilos de fers. Les esclaves en terre d'islam n'avaient pas le droit de fonder une famille et n'avaient pas ou peu d'enfants. Pour des raisons très simples : le grand nombre d'eunuques, l'interdiction faite aux femmes de se marier et une mortalité très élevée.
Les conditions de vie étaient épouvantables. Les captifs étaient battus à la moindre occasion, dormaient dans de pauvres hamacs, pendus les uns au-Dessus des autres. Ils souffraient du froid en hiver, de la chaleur en été, de l'humidité et des vermines en toute saison.

Et l'hygiène ?

Pas d'hygiène, puisqu'ils devaient payer leur eau ! Elle leur servait essentiellement à boire. Il leur était impossible de se laver régulièrement, encore moins de laver les hardes leur servant de vêtements ... Vous imaginez que, rapidement, les frottements de tissus crasseux sur les peaux sales provoquaient des irritations, des furoncles et de nombreuses maladies, qui concourraient à la mortalité.

Et le travail ?

Le matin, à peine nourris, ils partaient vers les chantiers ou les demeures de leurs maîtres, leur atelier ou leur boutique. Les mieux lotis - une minorité - étaient loués à des diplomates chrétiens : ils menaient alors l'existence d'un domestique européen.
La condition la plus difficile, d'un certain point de vue, était celle des femmes et des enfants. Les femmes avaient généralement un sort misérable, exposées à la vente comme des bêtes, forcées de servir, en butte à tous les abus, parfois prostituées pour le compte de leur maître... Contrairement aux légencles des Mille et Une Nuits, les récits des musulmans tranchent avec les textes des juifs et des chrétiens par le nombre d'histoires et de remarques salaces sur les « qualités », sexuelles des femmes.

Des esclaves chrétiens sont brûlés vifs à Alger !


Etait-il possible de fuir ?
Difficilement. Certains captifs acceptaient de servir de mouchards en échange de menus arrangements. La surveillance était assez stricte et les punitions terribles. Un texte raconte qu'à Alger, « lorsqu'un chrétien était pris à fuir, (le sultan Hassan Pacha) le faisait saisir par ses esclaves et brûler vif en leur présence; il faisait bâtonner les autres jusqu'à la mort, et leur coupait lui-méme les narines ou les oreilles, ou faisait exécuter ce supplice devant lui ». D'autres subissaient la bastonnade, les galères ou on les envoyait aux carrières de pierres, où les travaux étaient particulièrement pénibles...

Comme Cervantès...

Cervantès illustre parfaitement votre question sur les possibilités d'évasion(3). Il a été prisonnier durant cinq ans. Il a tenté une première évasion en subornant un garde. Celui-ci n'honora pas son engagement. Direction : les carrières! En 1577, il fit une deuxième et une troisième tentatives, mais fut toujours pris et passa en tout dix mois aux chaînes, dans un cul-de-basse-fosse. Ses comparses furent pendus ou empalés. Les autres eurent les oreilles tranchées. A la quatrième tentative, il échoua encore! Il ne fut libéré que contre une rançon importante, grâce à l'action des ordres mercédaires, ces chrétiens qui achetaient les esclaves ou s'y substituaient !

Quand cesse l'esclavage musulman ?

Mais il existe encore ! La colonisation de l'Afrique au XIXe siècle a mis un terme que l'on croyait définitif à l'esclavage musulman. Mais celui-ci a repris avec la décolonisation. La traite musulmane, qui a duré mille deux cents ans, perdure, au Soudan par exemple.

Connaît-on les chiffres estimés de la traite ?


Les historiens travaillant sur l'esclavage musulman se heurtent à une désespérante absence de sources. Les registres fiscaux de Zanzibar sont les seuls répertoriés de nos jours mais ils ne remontent pas au-delà de 1850.
Les estimations moyennes se situent à un minimum de 17 millions de victimes. Mais c'est ignorer les « chiffres noirs » très importants : où sont passées les victimes mortes durant le voyage, les opérations dont on ne sait rien, les caravanes perdues dans le désert ou en mer ? Sans compter les esclaves européens que l'on « oublie » de comptabiliser et les Africains tués lors des razzias : défenseurs ou « inutiles », qui étaient des bouches inutiles à nourrir. Faut-il ou non les intégrer au bilan de la traite orientale ?

Propos recueillis par Patrick Cousteau
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1. Les Négriers en terre d'islam. La première traite des Noirs, VIl-XVI siècle, Perrin, 2003 (rééd. Perrin, coll. Tempus, 2008).
Les Barbaresques, la course et la guerre en Méditerranée, XIV-XVI siècle, Perrin, 2001 (rééd. Perrin, coll. Tempus, 2008).
Voir aussi le livre tiré de sa thèse de doctorat; Esclaves et domestiques au Moyen Age dans le monde méditerranéen, Hachette, 1981 (rééd. 2006).
2. A lire dans le Voyage en Orient, de Gérard de Nerval, que viennent opportunément de rééditer en collection Folio les éditions Gallimard.
3. Pour en savoir plus, lire ; Le Captif. Extrait de Don Quichotte, de Cervantès, préface de Jacques Heers, éditions de Paris, 2006.

Source : le Choc du Mois - Juin 2008

lundi 16 juin 2008

LA FEMME AU MOYEN-AGE


C’est pendant la période féodale que la femme conquiert décidément la place qui lui appartient dans la société chrétienne. « Il faut tenir compte à la femme, dit un poète du Moyen-âge, de ce que Marie a été femme. » Eh bien ! Là est l’explication des extraordinaires hommages que reçoit la femme féodale. La Vierge Mère associe, pour ainsi dire, tout son sexe à sa fortune.
Au Moyen-âge, la femme quelle que soit sa condition sociale reçoit une instruction religieuse, mais également scolaire. Ce qui est le plus frappant d’ailleurs en terme d’éducation en générale à l’époque médiéval, c’est que le seul traité d’éducation écrit très exactement entre 841 et 843 nous vienne d’une femme laïc et mère de famille prénommée Dhuoda. Les moniales, mais également des femmes laïcs, apprennent aux jeunes filles à lire et à compter. Pour les plus douées, l’apprentissage des lettres à savoir le latin et le grec est possible et courant. Cécile, par exemple fille de Guillaume le Conquérant suit sur les bancs de la Trinité de Caen, les leçons de grammaire d’Arnoul Mauclerc, qui fut l’un des principaux orateurs de son temps. Que dire également de Christine de Pisan qui a quatorze ans connaît aussi bien le latin que les hommes d’Eglise. La poésie tient également une place prépondérante dans la formation des jeunes femmes. Mais l’éducation des femmes ne se limitent pas aux connaissances intellectuelles. L’éducation des femmes, peut comprendre également le maniement des armes. Raimbeau de Vaquerias, troubadour de la fin du XIIe siècle, surprit un jour Béatrix, sœur du Marquis de Montferrat, jouant avec une épée que son frère, au retour de la chasse, a laissé dans sa chambre. Quand elle se vit seule, Béatrix ôta sa longue robe, ceignit l’épée, la tira du fourreau, la jeta en l’air, la reprit, et espadonna de droite et de gauche. Et ce jeu se transforme parfois en nécessité ou en volonté propre. On peut citer l’écrivain arabe Ibn-Alatir « pendant le siège de Saint-Jean d’Acre, en 1189, il se trouva trois femmes qui avaient combattu à cheval, et qui furent reconnues après qu’on les eut dépouillées de leur armure ». On évoquera enfin pour terminer les exemples de ce registre, l’histoire des femmes de Beauvais qui participèrent en 1472 à la défense de la ville face au Duc de Bourgogne. Leur engagement fut si déterminant dans la bataille, que le Roi ordonna que chaque année le 10 juillet il y ait une procession solennelle dans laquelle les femmes auraient préséances sur les hommes.
On le voit l’éducation des femmes ne les cantonne pas dans des rôles préétablis, comme cela sera le cas par exemple au XIXe siècle.
A l’époque féodale, la majorité est de douze ans pour les filles, deux ans plus jeune que les garçons. Ce droit coutumier issu des traditions germaniques, permet à l’enfant d’acquérir très jeune une véritable autonomie, sans que, pour autant, la solidarité de la famille lui soit retirée. Mais cette autonomie n’est pas une figure de style. Elle se concrétise pour certaine par l’adoption de responsabilités qui aujourd’hui seraient considérées comme précoce. A titre d’exemple, on peut évoquer Pétronille de Chemillé, qui a 22 ans lorsqu’elle préside au destinée de l’abbaye de Fontevrault, Jeanne d’Arc qui a 17 ans lorsqu’elle délivre Orléans à la tête de son armée et Anne de Bretagne qui a 22 ans lorsqu’elle exerce pleinement le gouvernement sur son Duché.
L’époque médiévale de par ses origines germaniques du moins sur le plan social va permettre durant presque mille ans d’offrir aux femmes une place dans la société qu’elles ne retrouveront pas.La place de la femme dans le mariage, est toute particulière. Vincent de Beauvais disait de la position de la femme par rapport à l’homme : « nec domina, nec ancilla, sed socia (ni maîtresse, ni servante, mais compagne) » . Socia ayant le sens qui s’est conservé dans le terme associé. Un fait illustre d’ailleurs bien cette situation, ce n’est qu’au XVIIe siècle, que la femme prendra normalement et obligatoirement le nom de son époux.
Sur le plan juridique, la femme mariée demeure propriétaire de ses biens propres ; le mari en a généralement l’administration mais il ne peut en disposer ; les biens de sa femme sont totalement inaliénables. En revanche, la femme mariée participe de droit à tout ce que le ménage peut acquérir et, en cas de décès de son époux, elle a la jouissance d’une partie des biens propres de celui-ci. La femme jusqu’à la fin du XV e détiendra ce qu’on appelle la capacité juridique.
Sur le plan politique, elles vont par exemple réellement exercer le pouvoir lors des régences. Et contrairement a ce que pourrait nous laisser croire une fausse interprétation de la Loi Salique ; dés le règne de Childéric Ier (561-584) l’Edit de Neustrie prévoit que les filles succèdent à défaut de fils et les sœurs à défaut de frères. D’ailleurs dans le bailliage de Troyes en Champagne entre 1152 et 1284 sur les 279 possesseurs de fiefs, on relève entre autre 104 seigneurs, 48 dames et 10 demoiselles. Dans toutes les régions de France, c’est par centaines, par milliers, qu’on relèverait, de même cette parité de fait existant entre hommes et femmes dans l’administration des domaines ; par exemple, à propos de femmes qui rendent ou reçoivent hommage étant entendu que la cérémonie d’hommage est celle par laquelle on jure fidélité à son seigneur. Ainsi on peut citer dans le Roussillon Isabeau de Harcourt recevant hommage de ses vassaux. L’exercice du pouvoir ne les empêche pas d’être pleinement femmes. Elles n’ont aucunement le souci d’imiter ou de copier un modèle masculin. Dans leur comportement, même lorsqu’elles agissent sur le terrain politique ou militaire, elles restent femmes. Citons cet exemple de Blanche de Castille arrivant au siège du château de Bellême en 1229 et constatant que l’armée est littéralement paralysée par le froid ; elle fait aussitôt tailler du bois et réchauffe ses gens qui retrouvent du même coup leur ardeur pour terminer le siège. Toutefois leur féminité ne les empêche pas d’administrer au pied levé ou par leurs fonctions propres des domaines très vastes.
Par ailleurs, les femmes exercent de nombreux métiers au sein de la cité, dont on ne se doute pas forcément, tant ils sont devenus par la suite synonyme de masculinité. Les documents d’époque nous permettent de découvrir des haubergières qui façonnent des armures où des maréchales qui ferrent des chevaux. En Angleterre, on observe à l’époque médiévale que le brassage de la bière a été presque entièrement aux mains des femmes. Enfin signalons les barbières qui en plus de s’occuper de la barbe exerçaient également la fonction de médecins. A ce propos on sait que Saint Louis et Marguerite de Provence emmènent à leur usage, pour la croisade, une doctoresse nommée Hersent.
Dans le domaine littéraire, la femme devient le centre de l’inspiration des auteurs de l’époque médiéval. Appelé lyrique courtoise, c’est à la fin du VI e siècle que ce manifeste cette première expression avec Fortunat futur évêque Poitiers qui adresse à Radegonde, fondatrice du monastère de Sainte-Croix à Poitiers, ainsi qu’à l’abbesse Agnès, des vers latins où s’exprime déjà les sentiments qui animeront la poésie des troubadours et des trouvères du XII e siècle. Cette inspiration provient essentiellement d’un regard nouveau posé sur la femme à qui l’on s’adresse désormais avec une tendresse pleine de respect.
Plus tard dans le courant du Moyen-âge, la femme deviendra « le seigneur » du poète, la suzeraine ; la fidélité, elle l’exigera ; elle suscitera un amour qui commande aussi le respect. A la Dame , le poète vouera une sorte de culte fervent, constant ; elle est sur lui toute-puissante ; l’amour qui vit entre eux demeure comme un haut secret qu’il ne saurait trahir.
Cette période de notre histoire voit les femmes occuper naturellement, pratiquement toutes les fonctions qu’une société possède. Sans être un homme bis, dans une société reconnaissant l’inégalité naturelle(le fort protège le faible) et ayant toute son organisation basé sur des rapports hiérarchiques la femme trouve sa place avec une réelle harmonie. D’un côté elle n’est pas recluse et contenue uniquement dans les tâches domestiques, et d’un autre les fonctions de direction où à responsabilité qu’elle exerce ne se font pas au détriment de son rôle d’épouse et de mère. Une anecdote illustre d’ailleurs bien ce fait. Blanche de Castille n’avait pas voulu confier à une nourrice mercenaire le soin d’allaiter son fils. Mais un jour qu’elle souffrait d’un violent accès de fièvre, une dame de sa suite crut devoir présenter le sein au petit prince. La reine ne s’en aperçut pas sur-le-champ, mais quand elle fut remise de son accès, Blanche vit avec étonnement que l’enfant refusait de prendre le sein. Soupçonnant ce qui s’était passé, la reine mis le doigt dans la bouche de l’enfant et lui fait rejeter le lait qu’il a pris. « Hé quoi ! Dit-elle avec vivacité en s’apercevant de la surprise de son entourage, prétendez-vous que je souffre qu’on m’ôte la qualité de mère dont Dieu m’a investie ».
La femme ne prend pas de revanche sur l’homme et l’homme n’est pas dépossédé de sa virilité. Autre anecdote symbolique lors du procès de Jeanne d’Arc, on ne lui reproche pas de porter les armes, mais de s’habiller comme un homme. D’ailleurs l’Egalité homme-femme à cette époque n’avait aucun sens et la complémentarité de l’homme et de la femme semblait être la règle. Malheureusement, le retour du droit romain durant le XVIe siècle va considérablement bouleverser cette harmonie sociale au détriment de la femme. En effet la majorité de la femme va tout d’abord passer de 14 ans à 25 ans, puis l’autorisation parentale pour le mariage redevient la règle alors que l’Eglise l’avait écarté dés le VIII e siècle. En 1593 un arrêté du parlement écarte explicitement les femmes de toute fonction dans l’Etat. Au temps classique, elle est reléguée au second plan ; elle n’exerce plus d’influence que clandestinement. Elle est même tenue, et cela surtout dans les pays latins, pour incapable de régner, de succéder et finalement, selon le Code Napoléon d’exercer un droit quelconque sur ces biens personnels ; et d’aboutir finalement au XIX e siècle à la disparition totale du rôle de la femme, en France surtout. A quelle autre époque que celui du Moyen-âge Sainte Jeanne d’Arc aurait pu obtenir l’audience et susciter la confiance qu’en fin de compte elle obtint ; si ce n’est par le biais de la foi qui était vécue et par la place que pouvait occuper une femme à cette époque.
Edouard Bodin http://unvoyageauliban.bafweb.com/controverses.htm

mercredi 11 juin 2008

ALGÉRIE, GUERRE SANGLANTE

Terreur à Alger Bien vite pourtant, la population musulmane est lasse de la guerre et, dès 1956, les services de renseignements français savent que l'état-major du FLN a d'énormes difficultés. Les villageois algériens signalent de plus en plus souvent les «bandes armées» aux autorités françaises, ils refusent de donner du ravitaillement aux rebelles, ne suivent pas leurs consignes; et ceux-ci ne se maintiennent que par la terreur. Nez, lèvres coupés par représailles ne se comptent plus.
Le 16 octobre 1956, le bateau Athos, avec soixante-dix tonnes d'armes et de munitions dans les cales, est arraisonné par la marine française. Il vient d'Alexandrie; les armes destinées aux rebelles ont été payées par Nasser. Peu de temps après des «chalutiers soviétiques» croisent au large de l'Algérie... Ils croiseront, ceux-là ou d'autres, durant toute la guerre.
Le mois d'octobre est bénéfique pour ceux qui combattent le FLN, comme ils en ont reçu mission du gouvernement légal de la France. Le 22 en effet, les services de renseignements apprennent que les chefs de l'insurrection, dont Ben Bella, vont survoler le territoire algérien ou passer au large, en route vers Tunis, venant du Maroc.
C'est le colonel Ducourneau, ancien de la France libre et directeur de cabinet du ministre résident Robert Lacoste qui a, le premier, l'idée de détourner l'avion et de capturer les dirigeants rebelles.
Robert Lacoste, prévenu, trouve que «c'est une affaire du tonnerre de Dieu!». Quand ce coup d'audace est réussi et que Ben Bella est arrêté par les gendarmes sur l'aéroport même d'Alger il a, lui, le réflexe normal d'un homme en guerre; il déclare: «C'est du bon travail, je ne croyais plus les Français capables de cela!».
Le rôle du PC
Mais Paris ne comprend rien et ne comprendra d'ailleurs jamais rien à cette guerre civile... Le président Coty (au rôle pourtant bien terne, vu les attributions d'un président de la République à l'époque) demande des sanctions pour les «coupables» et la libération immédiate de Ben Bella et de ses acolytes ...
Mais le parti communiste de France, cette fois-ci se lance à fond dans la dénonciation de cette nouvelle «sale guerre», oubliant de préciser qu'elle n'est «sale» que par les méthodes de terreur employées par le FLN à qui il apporte maintenant son soutien total. Poussé par cette propagande, on verra l'aspirant Maillot déserter, alors qu'il était chargé de transporter un lot d'armes, environ deux cent cinquante. Le but de cette désertion et de ce vol était la constitution d'un maquis communiste. Ce maquis formé sera d'ailleurs livré par le FLN lui-même à l'armée française et ce sont les harkis du Bachaga Boualem qui l'anéantiront et tueront Maillot.
A la tribune de la Chambre des députés, Arthur Ramette déclarait un peu plus tard: «Nous, communistes, estimons que Maillot a fait son devoir de patriote.»
Présentes en Algérie, lors de ces évènements, des personnalités gaullistes en «mission»- dont M. Sanguinetti - iront sur place, dans le bled, saluer, «au nom de la vraie France», les soldats du Bachaga... Pendant que le colonel Bourgoin, ancien, lui aussi, de la France libre, prononcera à Alger, au nom de tous les anciens combattants français, le serment de garder l'Algérie dans la France et de s'opposer par tous les moyens à toutes mesures qui menaceraient l'unité nationale.
Une anecdote maintenant, qui éclairera d'un jour singulier les menées de Charles De Gaulle et de ses «missi dominici» pour revenir au pouvoir.
Au temps où la rébellion peut faire penser qu'un réel danger menace nos départements d'Afrique du Nord, le Front national des combattants pour l'Algérie française se dépense, à Paris, sans compter. Mais, comme dans toute entreprise de ce genre, forte de sa seule foi, l'argent manque, même le minimum vital. Jean-Marie Le Pen, un des dirigeants du Front, évoquant la situation inquiétante de son mouvement, devant Roger Delpey, celui-ci lui dit : «Du temps du RPF [Rassemblement du peuple français, fondé pour préparer déjà le retour au pouvoir de Charles De Gaulle], il y avait un monsieur Y qui donnait de grosses sommes d'argent. Il faudrait peut-être aller le voir.» Jean-Marie Le Pen rencontre donc monsieur Y et lui explique toutes les raisons de son combat pour garder l'Algérie et le Sahara à la France. Que répond monsieur Y dans son jargon: «Je donne argent beaucoup argent... mais vous faire propagande pour retour général De Gaulle...»
Espions du KGB
Rappelons qu'à cette époque personne, hors les gaullistes... optimistes, qui travaillaient dans l'ombre, ne pensait à un retour possible de l'homme de Colombey.
Quelques années plus tard, la CIA et les services secrets occidentaux, ayant en main la liste des agents du KGB en Europe, y trouvaient le nom de ce bon monsieur Y, l'une des plus importantes «antennes») des services d'espionnage et d'intoxication soviétiques et qui avait bien œuvré pour le retour du «général».
En attendant, à Alger les premières bombes, terriblement meurtrières, éclatent. Ces attentats sont l'œuvre de communistes européens travaillant pour le FLN qui n'a pas encore la technique. Le communiste français Yveton, surpris en train de poser une bombe, est arrêté... Il sera guillotiné.
Sans ces hommes, jamais l'Algérie n'aurait connu une telle terreur. Partout, dans Alger surtout, la mort aveugle frappe! Placées là où elles ont le plus de chance de tuer le maximum de civils innocents, des charges éventrent, décapitent, mutilent des femmes et des enfants. Spectacles horribles dont nul, en Métropole, ne semble se soucier.
Sur ordre du gouvernement Guy Mollet, les parachutistes de la 10e Division aéroportée doivent tout mettre en œuvre pour faire cesser la terreur dans Alger.
Tout a été dit sur cette «bataille d'Alger» où des hommes qui n'étaient pas dans l'armée pour cela ont dû faire un travail de police. Et consentir sur l'ordre du gouvernement à accomplir des tâches sans grandeur. Servitude militaire...
Ce que l'on a moins dit et écrit, en revanche, c'est qu'il n'était pas du tout certain que les paras réussiraient. Leur succès fut, pour beaucoup, une amère surprise. Il aurait été tellement plus facile de dire: «Vous voyez, même les« paras», même les unités d'élite n'ont pas réussi ... alors !»
Des tueurs soutenus
Mais l'armée a mené à bien la mission qu'elle avait reçue d'un gouvernement... socialiste. Elle a aussi prouvé que des notables européens et musulmans étaient en contact direct avec les assassins et les tueurs, leur apportant aide et soutien, et que des protections officielles, et non occultes comme on l'a dit, permettaient à ces hommes de trahir en toute impunité.
Dès lors, tous les coups bas qu'échangeront, à Paris, le gouvernement et l'Assemblée nationale laisseront l'armée seule et insultée, face à une guerre qu'elle ne veut pas perdre en abandonnant les populations fidèles, comme elle l'a fait en Indochine. Cette guerre la France peut la gagner ! Sur le terrain, les combats sont rudes, mais le courage ne manque pas ; seule la volonté politique, une fois de plus, fait défaut.
Déjà d'ailleurs, les batailles aux frontières tunisienne et marocaine sont sévères pour le FLN. Les barrages mis en place, et dont il est de bon ton de rire à Paris et dans une certaine presse, sont d'une efficacité redoutable ... Le nombre d'hommes politiques et de journalistes qui auront écrit que ces barrages «ne servaient à rien» est étonnamment suspect...
Car la vérité est que plus jamais des unités rebelles ne passeront les frontières sans être détectées, poursuivies et presque toujours complètement anéanties. Ce qui va à l'encontre des idées reçues à Paris.
La plus belle preuve en sera donnée par le fait que les unités extérieures de la rébellion (commandées par le seul chef FLN à ne s'être jamais battu, Boumedienne) seront obligées de rester hors de l'Algérie durant toute la guerre !
A l'intérieur de l'Algérie, les rebelles perdent le plus gros de leurs effectifs. En juillet 1957 une Katiba complète dépose les armes tandis que, par dizaines de milliers, des Français musulmans demandent à servir dans notre armée.
La situation est assez grave pour que l'Union soviétique accélère les choses et prenne la relève des soutiens extérieurs. Syrie, Egypte; étant jugés un peu trop «bricoleurs» l'Union soviétique demande aux «pays frères» du bloc socialiste d'assurer la relève. L'ampleur de l'aide extérieure sera prouvée lors de l'arraisonnement du navire yougoslave Slovenja, avec 148 tonnes d'armes et de munitions à bord !
Sans appuis extérieurs, dès cette époque, la guerre pouvait être gagnée. La plus grande division régnait parmi les chefs politiques de la rébellion et une haine parfois mortelle séparait certains «politiques» de certains «militaires». La confiance était plus que limitée entre la plupart des «chefs historiques» et ceux qui se battaient réellement.
D'un autre côté, l'argent n'entrait plus, des sommes énormes disparaissaient en chemin. Pourtant, les donateurs étrangers étaient généreux, le racket des travailleurs algériens en France était fructueux et les sommes «récoltées» par les prostituées françaises sous la coupe de «maquereaux» FLN assuraient de fructueuses fins de mois aux collecteurs de fonds. Ce qui pour moi est la honte suprême.
Roger Holeindre : National Hebdo du 20 au 26 janvier 2000

mardi 10 juin 2008

Les croisades, histoire française

Les croisades n'ont pas bonne presse. Le mot est tenu en mauvaise part. Quand la télévision parle d'une croisade anti-avortement, vous savez d'emblée qu'elle nourrit nulle tendresse pour les commandos qui la mènent. Il y a de la nostalgie des bûchers dans ce mot-là, il est bon pour Villiers, ou même pour Le Pen. Quant à la chose même, neuf cents ans après que le pape Urbain II eut prêché à Clermont-Ferrand la première croisade, elle suscite un regain d'intérêt, mais on l'examine avec une grande suspicion.
Il y a cinquante ans, les croisades étaient une épopée chrétienne, il y a trente, une entreprise de pillage colonial, aujourd'hui, on les considère comme un malheur causé par l'intrusion nocive de l'Occident latin dans l'Orient compliqué des Grecs et des musulmans. Ainsi sont-elles le miroir de notre façon de voir notre propre histoire, et en particulier le thermomètre de notre mauvaise conscience.
La revue L 'Histoire, dans le dossier qu'elle vient de leur consacrer, insiste complaisamment sur le massacre qui suivit l'entrée de Godefroy de Bouillon à Jérusalem le 15 juillet 1099. D'autres insistent sur le sac de Constantinople par les Latins en 1204 pendant la quatrième croisade. Plusieurs médiévistes, dont l'inévitable Jacques Le Goff, considèrent les croisades comme un événement globalement négatif qui justifie aujourd'hui encore l'hostilité du monde musulman. A vrai dire, tout cela tient plus de la propagande politique que de l'Histoire: il s'agit de faire honte à l'Occident, de lui-même et singulièrement à l'Église catholique et à sa fille aînée, la France.
Ce point de vue moral est partial parce que partiel. Le Libanais Amine Maalouf, auteur des Croisades vues par les arabes, note justement que les invasions sont la forme habituelle du dialogue entre les peuples. L'invasion franque au Levant ne fut pas plus horrible que d'autres. On oublie de signaler qu'elle parut une libération non seulement pour les gens des principautés récemment soumises (Antioche par exemple), mais aussi pour les chrétiens de Terre Sainte, de Syrie et du Liban, qui formaient encore, cinq siècles après la conquête arabe, plus de 40 % de la population, c'est d'ailleurs ce qui permit aux peu nombreux chevaliers francs de s'établir en Orient, et de le coloniser.
Quant à Jérusalem, il faut vraiment ignorer ce qu'était une ville prise à l'époque, surtout après d'âpres combats, pour s'indigner du sort réservé à ses habitants. Pour Constantinople, c'est encore plus simple : les Byzantins, à tort ou à raison, voyaient dans les Latins à la fois des hordes dangereuses et des benêts manipulables dont ils pouvaient se servir à la fois dans leurs intrigues internes et contre les Turcs. Las de promesses non tenues, des croisés un peu soupe-au-lait les rappelèrent à la réalité. Cela n'a rien de bien, mais c'est de bonne guerre.
Je l'écris d'autant plus sereinement que je n'ai rien contre Byzance, j'ai moi-même un oncle byzantin avec qui nous projetons d'aller reconquérir Constantinople avant l'ouzo du soir. Cette considération oiseuse pose la question fondamentale, qu'aiment bien à répéter les jeunes de nos banlieues : D'où que tu parles ? Il n' y a pas d'histoire objective : pourquoi ne pas prendre le point de vue du Romain, du Latin, du Franc, appartenant à la tribu d'Alexandre et à la nation de Saint-Louis?
Les croisades furent appelées « gesta Dei per Francos », c'est-à-dire les hauts faits accomplis par Dieu à travers les Francs. Quand on dit Francs, on pense à tous ces chevaliers venus d'Europe occidentale, Picards, Toulousains, Normands, Anglais, Allemands, Flamands. On disait aussi Latins pour les opposer aux Grecs de l'empire romain d'Orient, que le schisme de 1054 avait séparés du pape. Et Anne Comnène, la fille du Basileus Alexis, parlant du prédicateur Pierre l'Ermite et des soldats croisés les nomme Celtes. Celtes, Francs, Latins : les croisades furent d'abord une affaire française. Comme l'indique la lingua franca, le pidgin méditerranéen de l'époque, tiré du français qui fut la langue de Richard Coeur de Lion et de Philippe Auguste, des chevaliers de Saint-Jean et des Templiers. Comme le confirme le style des églises et des fortifications bâties là-bas. Les croisades furent une affaire française dès l'origine puisque le pape Urbain Il qui vint les prêcher au concile de Clermont en 1095 était un chevalier champenois devenu moine clunysien, et que la réforme de Cluny fut la grande affaire religieuse du Xlème siècle, la renaissance culturelle, politique et religieuse après le très noir Xe siècle.
A ce propos, la recherche historique actuelle nous a débarrassé de la vieille scie marxiste longtemps en honneur selon laquelle les croisades avaient pour cause et pour fin l'économie. On nous confirme qu'elles furent bien - La Palice en rosirait de plaisir - une affaire politique et religieuse. En effet, la réforme morale menée par l'abbaye de Cluny et la papauté se préoccupait notamment de freiner l'effusion de sang à l'intérieur de la chrétienté. Elle entend limiter les guerres entre voisins, les exactions pillardes, etc ... Elle institue pour cela la Trêve de Dieu, qui interdit de se battre certains jours (le dimanche notamment) et la Paix de Dieu, qui évacuait certaines catégories (notamment les clercs) du champ de bataille. Mais tout le monde n'obtempéra pas. Grâce à la croisade, Urbain II allait diriger vers l'Infidèle l'ardeur agressive de nombreux chevaliers sans femme ni fief. Cela tombait d'autant mieux qu'après ses revers des IXe et Xe siècles, l' Occident se sentait une humeur de reconquête. Et que les Turcs Seljoukides, qui menaçaient Byzance, gênaient aussi l'accès des pèlerins aux lieux saints. Or, le pèlerinage était l'acte religieux, le geste de rachat par excellence d'un peuple chrétien conscient de ses péchés. La croisade va fournir à tous, grands seigneurs et petites gens, le moyen d'un salut sans changer de statut. Le personnage le plus emblématique en sera le moine-soldat, véritable contradiction dans les termes : seule une guerre juste et sacrée pouvant ainsi transformer la faute en occasion de rédemption.
On peut - on doit - estimer que les croisades furent un gros échec politique : l'élan de ferveur n'en fut pas moins splendide, et la rencontre de deux mondes qu'il a permis. Nous n'avons pas ramené de là-bas seulement le pêcher, le feutre, le lilas, mais la découverte d'un Saladin chevalier accompli. Et la France vécut les plus belles heures d'un long rêve où l' Orient et le Vatican se mêlèrent.
Cette idylle avait commencé avec Pépin Le Bref, qui soutint le pouvoir temporel du Saint Siège ; lequel, en retour l'institua protecteur des lieux saints. Plus tard Rome choisit pour champion Charles le Chauve parmi les successeurs de Charlemagne et la France devint la fille aînée de l' Église. Cela ne fut pas seulement dû à Citeaux, à Cluny, aux cathédrales, mais à une communauté d'intérêts : le roi de France fut un allié précieux contre les empiètements de l'Empire romain germanique, en particulier dans ce qu'on nomme la querelle des Investitures. Il s'agissait de savoir qui, du pape ou de l'empereur nommerait les évêques.
Malgré les légistes de Philippe Le Bel, l'épisode d'Avignon et le grand schisme et bien que François 1er plus tard choisit l'alliance avec le Turc, le couple franco-papal subsista jusqu'à la fin du second empire: ce sont les volontaires français qui maintinrent jusqu'au bout le pouvoir de la Tiare à Rome avant d'aller se faire tuer par les Prussiens. Le souci de complaire à une épouse Eugénie de Montijo et de se faire pardonner par l'opinion catholique avait poussé Napoléon III quelques années auparavant à envoyer une canonnière au secours des Chrétiens du Liban. Ici, le second des Bonaparte, comme le premier en Égypte mettait ses bottes dans les poulaines de Saint-Louis, lequel avait juré pour toujours alliance et amitié à la nation maronite. II fallut l'armée anglaise, Lawrence d'Arabie et les accords Sikes-Picot pour que la France perdît sa prépondérance en Orient à la suite de la Première Guerre mondiale. Depuis 1882 déjà, grâce, en partie à la trahison d'un Clemenceau, l'Égypte avait été abandonnée aux Anglo-Saxons. Cent huit ans plus tard François Mitterrand participait en supplétif à la guerre contre l'Irak. Il consacrait ainsi la puissance du dollar et la fin des vieilles solidarités historiques. Au cours d'une croisade d'un nouveau genre prêchée par l'ONU au nom de l' humanitaire. La roue tourne. Les hauts faits de Dieu ne passent plus par la France.
Martin Peltier National Hebdo du 19 au 25 octobre 1999

lundi 9 juin 2008

Allende, apprenti dictateur

Le mythe politique de Salvador Allende est déjà en partie effondré. De plus en plus de gens sont amenés à reconnaître que son action politique a été désastreuse. Aux yeux de la gauche, il restait cependant un héros, non en raison de ses hauts faits mais parce qu'il avait été "victime" de la dictature. La statue du héros est cependant de plus en plus lézardée.
Beaucoup ont compris que l'arrivée au pouvoir de Salvador Allende avait été une catastrophe pour le Chili. Après avoir été porté au pouvoir par une minorité d'électeurs, il en fut chassé par la grève générale et par les ménagères descendues dans les rues en tapant sur des casseroles. Car dès que le socialisme arrive au pouvoir, les gamelles se vident.
La statue est lézardée
Malgré tout, le héros malheureux, mort les armes à la main en luttant contre la dictature, ou suicidé (la version officielle a varié), restait un exemple aux yeux de la gauche. Comment l'auteur d'un désastre politique et économique peut-il rester un héros moral, c'est l'un des mystères de la pensée "progressiste". Mystère d'autant plus épais que les tenants de cette pensée sont les héritiers du marxisme, idéologié matérialiste qui subordonne les vertus morales aux faits tangibles.
Mais si le Vatican met des années, parfois des siècles, pour instruire les procès en canonisation, la gauche est moins regardante quand il s'agit de peupler son panthéon. Et elle rejette volontiers les avocats du diable du côté obscur... C'est ce qui fait dire à Victor Farias, auteur d'Allende, la face cachée : "On finit par croire que les problèmes moraux passent inaperçus à leurs yeux quand il s'agit d'excès commis par un des leurs".
L'auteur se livre à une analyse qui éclaire les idées et la vie d'Allende. Travail assez ingrat car non seulement Allende n'a cessé de mentir sur son propre compte, mais encore ses écrits sont confus. V. Farias décortique en particulier la thèse du jeune médecin que fut Allende. Cette thèse bâclée, intitulée "Hygiène mentale et délinquance", fourmille de citations tronquées, non attribuées ou citées sans guillemets, dont il a retrouvé la provenance.
Allende, médecin de la honte
Cette thèse est imbibée des idées matérialistes véhiculées par la vulgate marxiste et répandues par la franc-maçonnerie qui avait grandement contribué à constituer la faculté de médecine chilienne. Les idées qu'Allende reprend à son compte dérivent d'un souci hygiéniste légitime, mais rendu fou par le matérialisme le plus grossier. Cherchant des causes matérielles aux fléaux moraux, Allende les trouve dans la physiologie, et au bout du compte dans la race, par un déterminisme qui laisse peu de place à la destinée individuelle.
"Les Juifs se caractérisent par des formes déterminées de délit : escroquerie, fausseté, calomnie, et surtout usure", écrit-il, ajoutant plus loin : "Les Gitans constituent habituellement des groupements délictueux où règnent la paresse, la colère et la vanité." Des Arabes, il dit que "s'il y a quelques tribus honnêtes et travailleuses, la plupart sont aventureuses, imprévoyantes, oisives et portées au vol". Même les membres du parti national-socialiste chilien de l'époque (nous sommes en 1933) n'allaient pas si loin, professant un antisémitisme culturel et non purement et simplement raciste !
Allende adopte d'ailleurs l'idée d'une hérédité toute-puissante avec autant de naïveté que Zola dans Les Rougon-Maquard. Et il écrit :
"L'hérédité est une loi biologique qui régit depuis les êtres les plus simples, les végétaux unicellulaires, jusqu'aux animaux les plus perfectionnés."
L'eugénisme en folie
Après avoir affirmé que l'appartenance à une race est en soi un facteur de délinquance, elle-même considérée comme une maladie, et que l'hérédité est une cause déterminante, Allende déclare : "Le malade infecté, on l'isole. Le malade rebelle au traitement, on l'incarcère. Le malade dégénéré, on lui interdit ? au nom de la société et pour son seul bénéfice, une grande partie de ses activités." Notons que pour Allende, alcoolisme, homosexualité, délinquance, sont diverses formes de folie qui relèvent d'un traitement médical. Et quel traitement !
Ministre de la Santé dans le gouvernement de Front populaire (1939-1941), Allende rendit obligatoire un certificat d'absence de maladie vénérienne des futurs conjoints, faute de quoi le mariage ne pourrait être enregistré. Son programme comportait la "stérilisation des aliénés mentaux", dispositif qui sera l'un des instruments de "défense de la race avec un aspect coercitif composé par des mesures eugéniques négatives".
Si, en 1973, Allende instaura au Chili une véritable dictature marxiste, ce ne fut pas sous la pression des événements, pour résister aux complots ourdis par le grand capital ou par la CIA. Ce fut par une sympathie déjà ancienne pour la dictature en tant que telle. Dans un entretien avec Régis Debray, en 1971, Allende qualifie ainsi la dictature d'Ibanez, qui sévissait dans sa jeunesse, de "dictature molle". Or Ibanez était au mieux avec l'Allemagne nationale-socialiste, et son intendant pour la province de Valparaiso fit par exemple noyer une centaine de personnes dans la mer parce qu'elles étaient homosexuelles.
Autre signe de complaisance avec le National-socialisme, son refus (par un usage illégal d'une prérogative présidentielle) de laisser extrader l'ancien S.S. Walther Rauff. Or celui-ci aurait accordé à Allende des subsides pour financer son élection au Sénat en 1969 dans les provinces du sud. Dans ces provinces se trouvaient les conserveries administrées par Rauff. Allende lui-même était actionnaire et directeur général d'une société de salpêtre, industrie concentrée dans le nord dont il était devenu sénateur en 1953. C'est toute une partie de la vie d'Allende, celle de représentant du grand capital chilien, qui apparaît ainsi par morceaux au grand jour et reste en grande partie à explorer.
La grande tradition totalitaire
En se montrant raciste et antisémite, Allende ne "trahit" pas la gauche, et n'adopte nullement un point de vue "réactionnaire". Les opinions racistes qu'il professe découlent non du nationalisme, du conservatisme ou d'un esprit réactionnaire, mais du matérialisme, enfant du marxisme. Notons en passant qu'avec la question habirou, Marx avait lui-même apporté une pierre de belle taille à l'édifice de la littérature antisémite.
Quand Allende écrit : "La bienfaisance d'hier est l'assistance sociale d'aujourd'hui; la nécessité collective a assujetti la bonté personnelle", il ne manifeste pas un esprit conservateur. Il rejette au contraire toutes les valeurs traditionnelles de charité, de compassion, que la gauche répudie volontiers sous le nom de "paternalisme" ou qu'elle qualifie "d'opium du peuple". Les valeurs spirituelles sont remplacées par un utilitarisme glacé.
Les idées matérialistes et positivistes du XIXe siècle n'ont pas été développées par la droite, mais par la gauche. Ce matérialisme donne aux phénomènes moraux, sociaux ou spirituels des causes matérielles. Pour Marx, ce seront des causes économiques ; pour Freud, des causes sexuelles. Les causes de la criminalité, Allende les cherche dans la physiologie, et donc, finalement, dans la race. S'il se rapproche ainsi du national-socialisme, ce n'est pas par la voie du nationalisme, mais par celle du socialisme.
Ce n'est pas une "dérive droitière" qui a conduit Allende au racisme, à l'antisémitisme ; ces idées ont été chez lui les conséquences des idéologies "progressistes". L'auteur met en parallèle l'eugénisme d'Allende et celui de l'Allemagne nationale-socialiste. Mais doit-on rappeler qu'aujourd'hui, en France, l'avortement "thérapeutique" est autorisé sans limite de date, autrement dit, jusqu'au neuvième mois de grossesse ?
Comprendre enfin l'histoire
La conclusion du livre mérite d'être citée en grande partie tant elle met le doigt sur un point essentiel, constamment occulté, qui rend presque impossible la compréhension de l'histoire du XX" siècle. Après avoir observé que "beaucoup opteront pour le silence et l'oubli", V. Farias écrit : "D'autres verront ici l'expression des analogies patentes entre socialisme et national-socialisme, entre communisme et fascisme, unis non seulement par un naturalisme biologique radical, mais aussi par leurs méthodes criminelles."
Victor Farias, "Allende, la face cachée : antisémitisme et eugénisme", Grancher, 250 p. 20,50 €.
Pierre de Laubier Français d'Abord août 2006

« La torture » en Algérie

LE PEN REMET LES CHOSES L'ENDROIT

Au cours d'une conférence de presse au ton particulièrement solennel, Jean-Marie Le Pen a rétabli la vérité sur la "torture" pendant la guerre d'Algérie, et au long d'une grande leçon d' histoire, et de morale historique, s'est attaché à défendre l' honneur de l'Armée française.
Tout d'abord, le président du Front national a souligné que la campagne est d'origine communiste. Elle a été lancée par le parti communiste, qui « ne s'est jamais caché de sa complicité active avec les organisations rebelles et terroristes du Viêt-minh en Indochine, du FLN en Algérie », qui a « toujours lutté contre l'année française, tant au début de la Seconde Guerre Mondiale que pendant les guerres du Vietnam et d'Algérie ».
Une réédition communiste
Le parti communiste, « parti de la corruption et parti de la trahison, complice actif des sanglantes dictatures marxistes » qui pendant 70 ans ont été coupables de génocides, de déportations de masse, de tortures, « dans un terrifiant holocauste humain offert par des fous criminels aux dieux du communisme athée » : et ce sont « ces gens-là et leurs héritiers embourgeoisés qui osent mettre en accusation la France et l'Armée française. »
Cette campagne contre la torture, lancée « 45 ans après que dans la bataille d'Alger l'appareil terroriste et les méthodes secrètes du FLN et du parti communiste algérien furent brisées par la 10e DP, est la réédition de celle qui fut orchestrée par lui et le lobby de la torture pendant la guerre d'Algérie » . Il s'agissait alors, en diffamant l'Armée française, de venir en aide au FLN au bord de la déroute après l'échec de son offensive terroriste à Alger au début de 1957, en faisant oublier l' effet désastreux du massacre de Mélouza. Un « Oradour algérien » comparable à ceux qui continuent d'ensanglanter l'Algérie indépendante 38 ans après la guerre. Il s'agissait aussi de « défendre l'appareil terroriste majoritairement européen de sa filiale algérienne, le PCA, responsable à Alger de la fabrication, du transport et au moins au début de la pose des bombes » qui firent en quelques Semaines des dizaines de morts, des centaines de blessés, souvent mutilés à vie.
L'action antiterroriste
Or, quelle fut l'action antiterroriste dont Massu fut chargé ? Dans cette action, rappelle Le Pen, « le succès est une question d'heures puisque les fils des réseaux secrets se rompent 24 heures après l'arrestation d'un terroriste. On doit, dans ce délai, savoir où sont les bombes et qui sont ses complices ». Les interrogatoires, réalisés par des équipes spécialisées et supervisées par leurs chefs, « pouvaient aller jusqu'à l'imposition de douleurs physiques graduées mais sans séquelles invalidantes, que le terroriste pouvait d'ailleurs faire cesser en donnant les renseignements ».
En bref :« A la différence du FLN et du PCA qui terrorisaient les populations civiles, l'Armée ne terrorisait que les terroristes. Conformément à la morale et à la loi. Elle prenait le parti des innocents contre celui des criminels.» A titre d'exemple comparatif, Le Pen rappelle que dans la Willaya 3 en Kabylie, Mayouz, lieutenant d'Amirouche en proie à un délire d' espionnage, fit torturer et exécuter 3000 jeunes maquisards :« Vous avez dans vos rangs des hommes instruits et cultivés, ce sont tous des traîtres ... »
« Visiblement, s'indigne Le Pen, les insulteurs de l'Armée française ou les belles âmes qui jugent et condamnent de leurs fauteuils d'académiciens n'ont jamais vu de soldats tués ou mutilés par une mine ou éventrés par un coup de baïonnette ou un obus de mortier, ou des civils au nez coupé, aux jambes arrachées, aux yeux crevés. Ces souffrances-là ne sont pas comparables à celle d'un terroriste qui subit un interrogatoire musclé destiné à lui faire indiquer où sont les bombes et qui s'en sortira bousculé, peut-être meurtri, mais sans blessures et sans séquelles voire même intact comme Yacef Saadi chef terroriste d'Alger. »
Un témoignage personnel
Et Jean-Marie Le Pen apporte son propre témoignage: « Mon chef, le glorieux colonel Jean-pierre tombé au feu en mai 58 à Guelma, m'avait dit devant mon commandant de compagnie le capitaine Martin: " La mission que nous devons remplir à Alger comme militaires de carrière ne doit pas vous être imposée. Vous pouvez donc demander votre mutation." Je lui répondis: " Mon Colonel, j'ai l'honneur de servir dans votre régiment de parachutistes de la Légion étrangère, je reste, car demain, si je suis vivant, je retrouverai ma liberté de parole pour défendre mes camarades et l'Armée puisque celle-ci ne peut le faire étant la Grande Muette. " Quand j'ai regagné à l'Assemblée nationale le banc de députés que j'avais quitté pour m'engager aux cotés du contingent, j'ai pu tenir ma parole et dire ma solidarité avec l'armée vilipendée et insultée et répondre aux attaques injustes et diffamatoires dont elle était l'objet de la part des déserteurs, des planqués, et des traîtres porteurs de valises
Et Jean-Marie Le Pen tient à le dire à nouveau : « L'Armée française a gagné la guerre et n'a été frustrée de sa victoire que dans les allées du pouvoir politique, au mépris des serments de fidélité à l'Algérie française qu'on lui avait demandé de garantir. Elle a ménagé le sang, la souffrance, la dignité des combattants et des populations, et même de ses ennemis. Héritière de l'Armée de l'Empire français, elle n'a jamais pu être accusée de racisme. Disons-le clairement : les actes de violence inhumaine dont les tortures furent essentiellement le fait du FLN et de ses complices communistes.»
L'appel de Le Pen aux Français et aux Algériens
Ecartant donc toute idée d'une quelconque "repentance", Jean-Marie Le Pen lance un appel. Il en appelle à tous ceux qui ont combattu et souffert dans leur chair et leur âme, les combattants français, les pieds-noirs, les soldats musulmans fidèles et « les harkis, ignominieusement livrés et martyrisés », mais il en appelle aussi « aux Algériens, anciens combattants du FLN ou de l'ALN, et à la jeunesse de la jeune Nation algérienne, aux jeunes aussi qui résident en France, français ou algériens, pour qu'ils ne tombent pas dans le piège de l'agitation médiatique et la provocation du parti du communisme athée ».
Car pour Jean-Marie Le Pen il est clair que « ce que cherche aujourd'hui le parti communiste, c'est à entretenir chez les électeurs musulmans originaires d'Algérie, de plus en plus nombreux chez nous, une haine de la France qui les porterait à voter pour les candidats communistes ».
Or, au contraire, conclut Jean-Marie Le Pen à l'adresse des uns et des autres, si « nos routes nationales se sont séparées dans la douleur et dans la peine », « c'est notre devoir d'établir dans le respect de nos Nations et de leurs droits, les meilleures ou du moins les moins mauvaises relations possibles ». Car « nous avons en commun la tâche de construire la difficile paix des vivants au delà des combats et des sacrifices des morts ».
National Hebdo du 7 au 13 décembre 2000