lundi 31 juillet 2017

« Jeanne d’Arc enflamme les cœurs »

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Un monumental Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d’Arc vient de paraître : travail de fourmi, enquête passionnée, il livre aux curieux une masse impressionnante de documents qui sans cela auraient risqué de tomber dans l’oubli. Entretien avec Pascal-Raphaël Ambrogi.
Propos recueillis par Philippe Mesnard
Votre ouvrage est à la fois une œuvre scientifique et un « dictionnaire amoureux de Jeanne d’Arc ».
Il offre au lecteur ce que l’on sait de Jeanne, ce que l’on a dit d’elle et ce qu’elle a inspiré et inspire encore. Mis à la portée du plus grand nombre ces documents, ces analyses, ces synthèses, ces catalogues, cette anthologie, ce livre qui est tout à la fois, organisé en dictionnaire, sert à chacun ce qu’il savait sans doute déjà et tout ce qu’il n’avait jamais imaginé trouver. Jeanne d’Arc ! Plus on l’étudie, plus l’émerveillement croît.
Quelle a été votre plus belle découverte en vous lançant dans cette entreprise ?
Jeanne est une découverte perpétuelle tout comme une source d’inspiration inépuisable. Un personnage historique parmi les plus documentés de l’Histoire, un enjeu, un symbole, un héros. Je n’imaginais pas un tel potentiel d’admiration, de foi et d’énergie créatrice. L’actualité permanente de la « libératrice de la France » ne se traduit pas uniquement par la parution d’ouvrages littéraires ou historiques. C’est dans pratiquement tous les domaines d’expression qu’elle est présente et qu’elle bat aussi souvent des records. Il faut évoquer ici quatorze mille livres, de vint à trente millestatues rien qu’en France, quatre cents pièces de théâtre déjà répertoriées en 1922, cen trente-neuf films ! Des mangas, des morceaux de rock et de hard metal… Ces derniers dans le monde entier au cours des années récentes. Une pièce de théâtre est annoncée pour 2017, une autre pour 2018. Un film sortira à l’automne, consacré à l’enfance de Jeanne. Une statue sculptée par le russe Boris Lejeune pour la ville de Saint-Pétersbourg sera bientôt élevée. Une sienne statue a déjà été placée, en 2013, à Bermont, près du village natal de Jeanne. Une Pietà de Jeanne d’Arc a été placée, en 2006, à l’entrée d’une caserne près de New York : Jeanne porte un soldat mort sur ses genoux. Ce qui est poignant et unique.
Cet intérêt pour Jeanne n’est pas nouveau. Il remonte en réalité aux heures mêmes de son épopée. C’est là ma plus grande découverte. Nous avons évoqué les nombreux documents contemporains, significatifs à cet égard. Et s’il faut attendre le XIXe siècle pour assister à ce que l’on pourrait qualifier de « frénésie johannique » ou d’« engouement johannique » – entre 1870 et 1900, par exemple, paraissent cent une biographies consacrées à Jeanne d’Arc, destinées au grand public et à la jeunesse – il n’en reste pas moins que le « messie de la France » (a dit Henri Martin) est loin d’être absent de la scène. Il suffit de consulter les articles « Musique », « Poésie » ou « Théâtre » du Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d’Arc pour s’en rendre compte. La Ballade contre les Anglais, de 1428, y fait déjà allusion. Évoquons la Ballade des dames du temps jadis, de François Villon. L’article « Musique » mentionne une œuvre pour les XVe et XVIe siècles, trois pour le XVIIe siècle et douze au XVIIIe siècle. L’article « Poésie » recense huit œuvres au XVe siècle, treize au XVIe siècle, vingt au XVIIe siècle, quatorze au XVIIIe siècle. Quant à l’article « Théâtre », il répertorie une pièce du XVe siècle, le Mystère du siège d’Orléans, daté de 1439, deux pour le XVIe siècle, une bonne douzaine pour le XVIIe siècle, et dix-sept pour le XVIIIe siècle. Cette production est donc loin d’être négligeable.

La Lignée des Mérovingiens : La 13ème Lignée - (6/6)

dimanche 30 juillet 2017

Daniel Halévy, grand intellectuel juif ami de Maurras, évoqué par Jean Guitton

Gérard Leclerc évoquait ici le mois dernier, à propos de l'accélération de l'Histoire, la figure de Daniel Halévy, grand intellectuel juif, plus Français que beaucoup d'autres. Historien, essayiste, directeur de collection chez Grasset, il était le fils de Ludovic Halévy, académicien français, le frère d'Elie Halévy, philosophe; il devint le beau-père de Louis Joxe, le ministre du général De Gaulle, le grand-père de Pierre Joxe. Le rôle qu'il joua au siècle dernier dans le monde des lettres et des idées, Jean Guitton l'évoque ici. Daniel Halévy - Guitton le dit - fut aussi l'indéfectible ami et admirateur de Charles Maurras. Qu'Halévy fût Juif et Maurras se voulût antisémite ne fut jamais un obstacle à leur amitié.  LFAR     
1545829037.jpg« De tous les êtres que j'ai connus, il est le seul qui m'ait donné l'impression de vraiment écouter l'autre. Il écoutait les princes comme les enfants, avec une préférence pour les simples, et même (chose singulière, et que je n'ai vue qu'à lui) pour les bavards, les fâcheux, les « raseurs », qu'il trouvait très instructifs. Il les écoutait avec un air de grand seigneur distrait. 
Je savais qu'il avait été le compagnon de Péguy, l'exégète de Proudhon, le condisciple de Proust à Condorcet, l'ami des deux frères Tharaud, le correspondant de Croce et de Malaparte - et le découvreur d'un officier inconnu appelé Charles de Gaulle, qui dans son salon lui avait retracé les vues prophétiques du colonel Émile Mayer sur le rôle des chars dans une prochaine guerre.
Halévy avait le don du prophète. C'est lui qui, dans la collection créée par Grasset, « Les Cahiers verts », avait lancé dans l'espace, comme une constellation : Montherlant, Mauriac, Maurois, Malraux, Guéhenno, Louis Hémon (l'auteur de Maria Chapdelaine).
En France, il avait été l'un des premiers à croire en Nietzsche, sur lequel il avait écrit un si beau livre.
Son génie était celui de Samuel, lorsque Samuel mit la main sur Saül ; celui de Lamartine, lorsqu'il sacra Mistral. Sans profession, sans métier, sans titre, placé au centre des idées et des êtres, il avait reçu la mission, comme Socrate, non pas de créer (ce qui est assez facile) mais de recréer : en révélant les autres à eux-mêmes.
Le sang de la France, disait-il, l'avait fixé, lui juif, venant d'un canton suisse et d'un ghetto allemand, entre le Pont-Neuf et l'Institut. Par sa mère, il se rattachait aux Bréguet, famille protestante de Neuchâtel, qui était venue en France autour de 1760 pour fabriquer des montres, puis des moteurs d'avion.
Juif de race, protestant de formation, catholique de tendance, il résumait en lui la substance de ces trois religions, avec une préférence pour le catholicisme. Et c'est sans doute pour cela qu'il avait aimé sans me connaître mon livre surMonsieur  Pouget. « Votre Pouget, me disait-il, ce que j'aime en lui, c'est qu'il appartient à l'ordre des Pauvres. »
Un soir d'été, ce prince de l'esprit, revêtu du manteau d'un berger, vint nous voir dans notre chaumière, au centre de la France. Il m'avait demandé de réunir sous un tilleul les paysans de mon village. Passa le facteur, Maufut, qui était communiste et braconnier. Il l'interrogea sur la chasse, la pêche, le braconnage. Je n'ai jamais rencontré d'esprit plus ouvert que lui. Il avait connu la « Vierge rouge » de la Commune, Louise Michel ; il l'avait aimée. Il avait un culte pour Charles Maurras, qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence. Et l'on sait qu'à la fin de sa vie, comme Michelet, il redoutait « l'accélération de l'histoire ».
Il m'a répété cet axiome : « Ist Erhebung möglich ?  (« l'anoblissement est-il possible ? »). La noblesse, n'était pas pour lui confiée aux aristocrates ou aux nobles ; elle reposait dans cette source de toute noblesse qu'est le peuple.  
Jean Guitton,
Un siècle, une vie, Robert Laffont, 1988

François 1er Roi de la Renaissance - Les Chroniques de France #8

La Lignée des Mérovingiens : La 13ème Lignée - (5/6)

samedi 29 juillet 2017

Littérature française : "Les deux pigeons" - Fables DE LA FONTAINE

Ernst Jünger l’inclassable

Ernst Jünger est né le 29 mars 1895 à Heidelberg. Sa famille est d'origine saxonne. Son arrière grand-père était un compagnon artisan. Son père fut chimiste puis pharmacien. Il est l'aîné d'une famille de cinq enfants. Ernst ne supporte guère la discipline scolaire. Il va rejoindre les Wandervogel (« les oiseaux migrateurs »). Ces groupes de jeunes, apparus vers 1895, qui se développent considérablement en Allemagne, ont le goût du retour vers la nature et aiment partir à l'aventure, sac au dos, sans but préétabli. C'est un espace de liberté dans une société dont l'éducation était autoritaire. Ernst Jünger va fuguer à l'âge de dix-sept ans pour s'engager dans la Légion étrangère française. Lorsque Guillaume II ordonne la mobilisation en août 1914, il se porte volontaire avec enthousiasme. Il sera promu sous-officier, puis officier. Spécialiste des opérations commando, membre d'une unité d'élite, il sera blessé sept fois et obtiendra « la plus haute décoration allemande, la croix de chevalier « Pour le Mérite » à laquelle seuls quinze officiers eurent droit. On raconte que Hindenburg hésita à la conférer à un officier si jeune. Il avait vingt-trois ans... Une véritable exaltation mystique s'emparait de lui lors des combats. Il écrira: « La volupté du sang flotte au-dessus de la guerre comme un voile rouge sur une sombre galère, son élan infini l'apparente à la volupté de l'amour ». Avant l'assaut, sous un déluge de fer, le sous-lieutenant récitait à ses hommes Le Bateau ivre d'Arthur Rimbaud...
Jünger, écrivain: « Orages d’acier »
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, c'est par la mise en forme de ses souvenirs que Jünger entra dans la voie royale de la littérature. On retiendra bien sûr Orages d'acier, paru à compte d'auteur, tiré à plus de 250 000 exemplaires, qui décrit les horreur vécues, mais aussi la fascination que l'expérience du feu a exercé sur lui. Il estime que la guerre est la matrice de toute chose : « Elle est la grande forge des peuples comme elle l'est des cœurs », dira-t-il vingt ans plus tard, dans La Paix. Orages d'acier connut un grand succès. André Gide écrira : « Le livre d’Ernst Jünger est incontestablement le plus beau livre de guerre que j'ai lu, d'une bonne foi, d'une honnêteté, d'une véracité parfaites ». Sollicité par les Corps francs, approché par les nationaux-socialistes, il décline tout engagement, se contentant d'écrire dans des revues nationalistes des articles qu'on lui reprochera encore longtemps après. Il est vrai qu'il n'adhère guère au concept de démocratie. Ses modèles sont les ordres hiérarchisés tels les Jésuites, l'armée prussienne et... la marine britannique ! Pour Jünger, le chef peut avoir deux origines : il appartient soit, par naissance, à la tradition, à la noblesse, soit, à la « nouvelle race » des seigneurs conçue dans le « sein rougeoyant des tranchées ». Après la défaite, Jünger travailla un temps pour le ministère de la Reichswehr, collaborant à la rédaction de manuels destinés aux troupes d'infanterie. Puis le guerrier va retourner à l'université, qu'il quittera en 1926, étudier la zoologie et l'entomologie. Il fréquente les cercles nationaux révolutionnaires et se rallie à la Révolution conservatrice. Il fréquente aussi bien Otto Strasser qu'Erich Mühsam et devient proche d'Ernst Niekisch, principal idéologue allemand du National-bolchévisme. Il devient une figure dans le milieu intellectuel nationaliste. Il va publier en 1932 Le Travailleur, « couronnement des réflexions politiques de l'auteur », selon Louis Dupeux, historien et germaniste français, spécialiste de La Révolution conservatrice.
Jünger expose dans ce livre une célébration de l’État, de la technique, comme force mobilisatrice, et du vitalisme. Eric Michaud dira : « C'est certainement lorsqu'il s'emploie à dessiner les traits de la figure rédemptrice du Travailleur que Jünger est au plus près du national-socialisme en lui fournissant les aliments de sa croissance et de son développement ». Pour Jünger, l'ennemi, c'était tout ce qui avait trait à la pensée issue du Siècle des Lumières, et dont l'expression humaine était le bourgeois, qu'il haïssait. Le bourgeois refuse le danger et cherche à tout arbitrer par des négociationsJl mène évidemment une politique détestable : le droit de vote est une imposture.
Hitler : « On ne touche pas à Jûnger!
Approché par le parti national-socialiste du fait de son passé et de ses écrits patriotiques, il refuse toute participation et démissionne même de son club d'anciens du régiment en apprenant l'exclusion des membres : juifs. La Gestapo perquisitionnera à plusieurs reprises sa maison. Il est sous une constante surveillance. Il refuse, en 1933, ; de siéger à l'Académie allemande de littérature où il a été élu. Il se retire à la campagne et entreprend des voyages (Norvège, Brésil, France, Rhodes). En 1939, paraît son chef-d'œuvre, Sur les falaises de marbre, un roman allégorique souvent vu comme une dénonciation du national-socialisme. Mais au-delà de cela, on peut considérer qu'il s'agit d'une illustration des forces à l'œuvre dans toute dictature. Le livre déplaît évidemment souverainement aux nationaux-socialistes. Le Reichsleiter Philipp Bouhler intervient auprès de Hitler, lui disant : « Mein Führer, il serait temps que Jünger fasse usage de son capital ! ». Mais Hitler, qui admirait Jünger, avait répondu : « Non, on ne touche pas à Jünger ! ». Jünger est mobilisé le 30 août 1939 dans la Wehrmacht avec le grade de capitaine. Il participe à la campagne de France puis, après la victoire des Allemands, intègre l'état-major parisien de la Wehrmacht. Il disposera d'un bureau à l'hôtel Majestic et pourra ainsi suivre de près les intrigues et tensions qui opposent le commandement militaire et d'autres structures, dont la SS. Il va rédiger son Journal de guerre et un essai, La Paix, où il anticipe la nécessaire réconciliation européenne et la construction européenne. L'histoire, telle que Jünger la suggère, est un théâtre tragique. L'histoire enseigne l'art de mourir. L'histoire est aussi un processus organique soumis aux lois irréversibles du devenir, de la croissance et de la mort. Un ordre nouveau succède immanquablement à l'ordre ancien qui ne répond plus aux exigences des nouvelles réalités. Le premier volume du journal dont le titre est Jardins et routes sort dès 1942. On y trouve des observations de la nature, des notes sur ses fréquentations littéraires, et des réflexions sur la nécessité de se replier dans son monde intérieur. Celui qui, vingt ans plus tôt, se faisait le chantre violent de la « guerre, notre mère », écrit dans La Paix, que lira Rommel : « La véritable paix suppose un courage qui dépasse celui de la guerre, elle est activité créatrice, énergie spirituelle ». On retrouve dans son Journal son horreur de ce qui se passe en Allemagne, sa haine d'Hitler qu'il désigne sous le nom de "Kniebolo", ses partisans étant des "lémures''. Quant à Céline, qu'il n'aimait pas, il l'appellera Merline. Il ne participe pas au complot Staufenberg, mais est dans le secret de sa préparation. Il brûle, hélas, au lendemain de l'attentat, son Journal qu'il tenait à cette époque, ce dont il ne se consolera jamais. Le, voici démobilisé. Retour en Allemagne. Il se retrouve à la tête d'un groupe du Volksturm (milice regroupant des hommes trop âgés pour être soldats), et demande à ses hommes de ne pas résister à l'arrivée des troupes anglaises et américaines. Son premier fils, âgé de dix-huit ans, était tombé quelques mois plus tôt sous les balles des partisans dans les montagnes de Carrare, en Italie.
L'Apres-guerre: LE "Recours aux forêts"
Après la capitulation, refusant de se soumettre aux procédures de dénazification, il est interdit de publication pendant quatre années. Il devient un "rebelle", étranger en son propre pays et voué à un exil intérieur ponctué de longs voyages entomologiques en Méditerranée, en Scandinavie et jusqu'au Brésil. Il réunira une impressionnante collection de coléoptères et donnera son nom à trois d'entre eux, qu'il avait découverts, ce dont il sera particulièrement fier. Face à une société qu'il n'aime pas, il dresse ainsi une digue devant « le courant de l'époque qui menace de tout engloutir ». Il reste le recours aux forêts, la retraite au fond de soi, comme le chevalier de Durer et comme l'a pratiquée Rivarol que Jünger admirait et dont il traduisit les œuvres. Il dressera dans un essai paru en 1956, un portrait d'Antoine de Rivarol qu'il dépeindra comme maître de l'élégance, de la conversation éblouissante, ironique et visionnaire et... doté d'une paresse légendaire ! Lui qui avait été une figure de la droite nationaliste défend désormais un individualisme anarchisant, radicalement hostile à l’État-Léviathan. Il crée, dans Umeswill, la figure de l’anarque qui a renoncé au combat et choisi l'émigration intérieure. Il consacre un de ses livres, Approchés, drogues et ivresses (1970) à l'ivresse, et expérimente les drogués les plus diverses (éther, haschich, opium, cocaïne, LSD...). On songe évidemment à Baudelaire qui écrivit Du vin et du haschisch. Le prix Gœthe, le plus prestigieux d'Allemagne, lui sera remis en 1982, suscitant les hurlements de la gauche et des écologistes. Il n'en a cure. Pour son centenaire, il sera invité à déjeuner au Palais de l'Elysée par le président François Mitterrand qui éprouve une grande admiration pour lui. Le 26 septembre 1996, il se convertit au catholicisme. Actif jusqu'à ses derniers jours, il meurt à l'âge de cent trois ans, dans son sommeil à l'aube du 17 février 1998 à l'hôpital de Riedlingen. Ainsi disparaît « le plus grand écrivain français de langue allemande », selon l'expression de son ami Jean Plumyène. II est le second centenaire de la littérature mondiale, après Fontenelle (1657-1757) !
R.S. Rivarol du 13 juillet 2017
Ernst Jünger, d'Isabelle Grazioli-Rozet, collection Qui suis-je ? 125 pages, 15 euros, Pardès, 44 rue Wilson, 77880 Grez-sur-Loing.
— L'Internationale des francs-tireurs de Bruno de Cessole, 600 pages, 22 euros.

La Lignée des Mérovingiens : La 13ème Lignée - (4/6)

mercredi 26 juillet 2017

Être nationaliste à l’ère des masses en Europe (1900–1920) : l'ouvrage d'Olivier Dard, Didier Musiedlak, Éric Anceau (dir.)

Présentation de l'ouvrage
Le nationalisme européen a souvent été interprété comme la principale source de l’avènement des dictatures et en particulier des fascismes.
Le retour actuel sur la scène politique d’un certain attachement à la nation, allant jusqu’à l’expression même de mouvements radicaux à caractère xénophobe ou raciste, est-il le signe annonciateur du retour des dictatures au coeur de l’Europe ? C’est dans le but de répondre à cette question que les auteurs de cette recherche collective ont entrepris de revisiter le nationalisme européen des années 1900 jusqu’aux lendemains de la Première Guerre mondiale en l’interrogeant non plus par rapport à la naissance des futurs régimes, mais en le considérant dans sa singularité, à un moment critique de l’histoire de l’Europe, le passage à la société de masse. Que signifie concrètement être nationaliste, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Belgique, en Suisse ou encore en Pologne durant cette période critique ? Pour tenter de répondre à cette question, un des objectifs majeurs de ce livre est de privilégierl’étude des éléments constitutifs de « l’être nationaliste » : le registre du rapport au monde (sensibilité, culte du moi, dimension occupée par l’esthétique), mais aussi, les échanges entre diverses nations, la diversité des itinéraires, sans omettre la part dévolue à l’action politique au moment même où la guerre apparaît pour tous comme la grande épreuve de vérité.  
Contenu
Didier Musiedlak : Introduction • Olivier Dard : Genèse et structuration du nationalisme français • Simone Visconti : Le nationalisme italien au début du XXe siècle • Nicolas Patin : Du fantasme des masses à la réalité de la Grande Guerre démocratique • Francis Balace : L’épreuve du feu • Alain Clavien : L’helvétisme, modalité suisse de la « grande vague nationaliste qui submerge l’Europe » • Didier Musiedlak : Maurice Barrès, Gabriel d’Annunzio, Ernst Jünger et la question de l’esthétique • Raffaella Canovi: L’esperienza italiana • Björn Hofmeister : Weltanschauung und politische Radikalisierung • Bertrand Joly : Déroulède et l’Allemagne • Michel Leymarie : Jérôme et Jean Tharaud et le colonialisme • Sarah Huguet : Jules Lemaître (1853–1914) • Ana Isabel Sardinha : Francisco Homem Cristo Filho (1892–1928) • Miguel Perfecto García : Azorín, la crisis del sistema liberal español y el nacimiento de una nueva derecha • Alessandra Tarquini : Croce, Gentile e Prezzolini di fronte alla Grande guerra • Nationalisme et « conservatisme révolutionnaire » • Denis Pernot : Barrès et l’Union sacrée • Ismael Saz Campos : Maeztu, Ortega et D’Ors dans l’immédiat après-guerre • Mariusz Wotos : Les conceptions nationalistes de Roman Dmowski et leur influence sur la vie politique polonaise avant, pendant et après la Première Guerre mondiale • Bernd Zielinski : Nationalisme et pensée économique de l’Allemagne impériale à la République de Weimar • Olivier Dard : Conclusion
Pour commander

Karl Marx et notre Etat profond français de souche

On se moque de leur Etat profond…
Voyons l’Etat profond français sur lequel Marx écrit en 1851 :
1619791887.jpg« On se rend compte que, dans un pays comme la France, où le pouvoir exécutif dispose d’une armée de fonctionnaires de plus d’un demi-million de personnes et tient, par conséquent, constamment sous sa dépendance la plus absolue une quantité énorme d’intérêts et d’existences, où l’État enserre contrôle, réglemente, surveille et tient en tutelle la société civile, depuis ses manifestations d’existence les plus vastes jusqu’à ses mouvements les plus infimes, de ses modes d’existence les plus généraux jusqu’à la vie privée des individus, où ce corps parasite, grâce à la centralisation la plus extraordinaire, acquiert une omniprésence, une omniscience une plus rapide capacité de mouvement et un ressort, qui n’ont d’analogues que l’état de dépendance absolue, la difformité incohérente du corps social, on comprend donc que, dans un tel pays, l’Assemblée nationale, en perdant le droit de disposer des postes ministériels, perdait également toute influence réelle, si elle ne simplifiait pas en même temps l’administration de l’État, ne réduisait pas le plus possible l’armée des fonctionnaires et ne permettait pas, enfin, à la société civile et à l’opinion publique, de créer leurs propres organes, indépendants du pouvoir. Mais l’intérêt matériel de la bourgeoisie française est précisément lié de façon très intime au maintien de cette machine gouvernementale vaste et compliquée. C’est là qu’elle case sa population superflue et complète sous forme d’appointements ce qu’elle ne peut encaisser sous forme de profits, d’intérêts, de rentes et d’honoraires…
La bohême à la française :
A côté de « roués » ruinés, aux moyens d’existence douteux, et d’origine également douteuse, d’aventuriers et de déchets corrompus de la bourgeoisie, des forçats sortis du bagne, des galériens en rupture de ban, des filous, des charlatans, des lazzaroni, des pickpockets, des escamoteurs, des joueurs, des souteneurs, des tenanciers de maisons publiques, des porte-faix, des écrivassiers, des joueurs d’orgues, des chiffonniers, des rémouleurs, des rétameurs, des mendiants, bref, toute cette masse confuse, décomposée, flottante, que les Français appellent la « bohème ». C’est avec ces éléments qui lui étaient proches que Bonaparte constitua le corps de la société du 10 Décembre.
Ce pouvoir exécutif, avec son immense organisation bureaucratique et militaire, avec son mécanisme étatique complexe et artificiel, son armée de fonctionnaires d’un demi-million d’hommes et son autre armée de cinq cent mille soldats, effroyable corps parasite, qui recouvre comme d’une membrane le corps de la société française et en bouche tous les pores, se constitua à l’époque de la monarchie absolue, au déclin de la féodalité, qu’il aida à renverser. »
L’extrait préféré de Guy Debord :
« Chaque intérêt commun fut immédiatement détaché de la société, opposé à elle à titre d’intérêt supérieur, général, enlevé à l’initiative des membres de la société, transformé en objet de l’activité gouvernementale, depuis le pont, la maison d’école et la propriété communale du plus petit hameau jusqu’aux chemins de fer, aux biens nationaux et aux universités. La république parlementaire, enfin, se vit contrainte, dans sa lutte contre la révolution, de renforcer par ses mesures de répression les moyens d’action et la centralisation du pouvoir gouvernemental. Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d’État comme la principale proie du vainqueur. »
Fiscalité et fonctionnarisme (57% de prélèvement en 2017) :
« La machine d’État s’est si bien renforcée en face de la société bourgeoise qu’il lui suffit d’avoir à sa tête le chef de la société du 10 Décembre, chevalier de fortune venu de l’étranger, élevé sur le pavois par une soldatesque ivre, achetée avec de l’eau-de-vie et du saucisson, et à laquelle il lui faut constamment en jeter à nouveau. C’est ce qui explique le morne désespoir, l’effroyable sentiment de découragement et d’humiliation qui oppresse la poitrine de la France et entrave sa respiration. Elle se sent comme déshonorée… »
Plus loin :
« L’impôt est la source de vie de la bureaucratie, de l’armée, de l’Église et de la cour, bref de tout l’appareil du pouvoir exécutif. Gouvernement fort et lourds impôts sont deux termes synonymes. La propriété parcellaire, par sa nature même, sert de base à une bureaucratie toute-puissante et innombrable. Elle sur toute la surface du pays l’égalité de niveau des rapports et des personnes et, par conséquent, la possibilité pour un pouvoir central d’exercer la même action sur tous les points de cette même masse. Elle anéantit les couches aristocratiques intermédiaires, placées entre la masse du peuple et ce pouvoir central. Elle provoque, par conséquent, de toutes parts, l’intervention directe de ce pouvoir, et l’ingérence de ses organes directs. Elle crée enfin une surpopulation sans travail qui, ne trouvant pace ni à la campagne ni dans les villes, recherche, par conséquent, les postes de fonctionnaires comme une sorte d’aumône respectable, et en provoque la création. »
Un idéal national :
« Une énorme bureaucratie chamarrée de galons et bien nourrie, voilà l’idée napoléonienne qui sourit le plus au second Bonaparte. Comment ne lui plairait-elle pas, à lui qui se voit contraint de créer, à côté des véritables classes de la société, une caste artificielle, pour laquelle le maintien de son régime devient une question de couteau et de fourchette ? Aussi, l’une de ses dernières opérations fut-elle le relèvement des appointements des fonctionnaires à leur ancien taux et la création de nouvelles sinécures ».
L’armée en 1870 :
« L’armée elle-même n’est plus la fleur de la jeunesse paysanne, c’est la fleur de marais du sous-prolétariat rural. Elle se compose en grande partie de remplaçants, de succédanés, de même que le second Bonaparte n’est que le remplaçant, le succédané de Napoléon. Ses exploits consistent maintenant en chasses à courre et en battues contre les paysans, en un service de gendarmerie, et lorsque les contradictions internes de son système pousseront le chef de la société du 10 Décembre hors des frontières françaises, elle récoltera, après quelques actes de banditisme, non des lauriers, mais des coups. »
Bonne chance à ceux qui prétendraient mettre cette chaumière en ordre.

Sources

Bonnal - Chroniques sur la fin de l’histoire ; pourquoi les Français sont morts
Marx - Le dix-huit Brumaire

La Lignée des Mérovingiens : La 13ème Lignée - (2/6)

mardi 25 juillet 2017

Histoire • 1803: Bonaparte, demande aux Princes de la Maison de France de renoncer à leurs droits dynastiques

Par Matthias Beaufort*
Le 26 Février 1803, alors que le comte de Provence, chef de la Maison de France, était en exil en Pologne à Varsovie, un message venu au nom de Bonaparte, Premier Consul, vint demander au chef de la Maison de France et aux Princes de son sang de renoncer à leurs droits dynastiques au Trône de France.
En échange de cette renonciation, Bonaparte promettait une rente à vie à l’ensemble des Princes. Cette tentative est comparable à celle menée cinq années plus tard en Espagne lorsque Ferdinand VII abdiqua le Trône en faveur de Napoléon Ier qui le donna à son frère Joseph.
La réponse du comte de Provence (datée du 28 Février) fut d’une clarté absolue :
Je ne confonds pas M. Bonaparte avec ceux qui l’ont précédé ; j’estime sa valeur, ses talents militaires ; je lui sais gré de plusieurs actes d’administrations ; car le bien que l’on fait à mon peuple me sera toujours cher ; mais il se trompe, s’il croit m’engager à transiger sur mes droits : loin de là, il les établirait lui-même s’ils pouvaient être litigieux, par la démarche qu’il fait en ce moment.
J’ignore quels sont les desseins de Dieu sur ma race et sur moi : mais je connais les obligations qu’il m’a imposées par le rang où il lui a plu de me faire naître ; chrétien, je remplirai ces obligations jusqu’à mon dernier soupir ; fils de Saint Louis, je saurai, à son exemple, me respecter jusque dans les fers ; successeur de François Ier, je veux du moins pouvoir dire comme lui : Nous avons tout perdu fors l’honneur.
Et plus bas de cette réponse est rajoutée la phrase : Avec la permission de mon oncle, j’adhère de cœur et d’âme, au contenu de cette noteSigné : Louis-Antoine d’Artois, duc d’Angoulême.
Après avoir été éconduit par le chef de la Maison de France, ce dernier informa de cette visite incongrue son frère le comte d’Artois (futur Charles X) qui était chargé d’en faire part au Princes de la Maison de France. Le 22 Avril 1803, tous réunis (à l’exception duc d’Enghien, et du prince de Conti qui n’ont pu rejoindre le groupe) autour du comte d’Artois, les Princes de la Maison de France signèrent la déclaration suivante :
Nous Princes, soussignés, frère, neveu, cousins de S. M. Louis XVIII, roi de France et de Navarre, pénétrés des mêmes sentiments dont notre Souverain Seigneur et Roi se montre si dignement animé dans sa réponse à la proposition qui lui a été faite de renoncer au trône de France, et d’exiger de tous les Princes de sa maison une renonciation à leurs droits imprescriptibles de succession à ce même trône, déclarons :
Que notre attachement à nos devoirs et à notre honneur, ne peuvent jamais nous permettre de transiger sur nos droits ; nous adhérons de cœur et d’âme à la réponse de notre Roi.
Qu’à son exemple, nous ne nous prêterons jamais à la moindre démarche qui puisse nous faire manquer à ce que nous nous devons à nous-mêmes, à nos ancêtres, à nos descendants.
Déclarons enfin, que positivement certains que la grande majorité des Français partage intérieurement tous les sentiments qui nous animent, c’est en leurs noms comme au nôtre, que nous renouvelons devant Dieu, sur notre épée et entre les mains de notre Roi, le serment sacré de vivre fidèles à l’honneur et à notre légitime Souverain.
Wanstead-House, le 23 Avril 1803.
Signé :
  • Charles-Philippe de France, comte d’Artois.
  • Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry.
  • Louis-Philippe d’Orléans, duc d’Orléans.
  • Antoine-Philippe d’Orléans, duc de Montpensier.
  • Louis-Charles d’Orléans, comte de Beaujolais.
  • Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé.
  • Louis-Henri-Joseph de Bourbon-Condé, duc de Bourbon.
Le 22 Mars 1803, le duc d’Enghien écrira au Chef de sa Maison pour adhérer publiquement aux deux déclarations. 
Il n’est pas utile de souligner qu’aucun descendant du roi d’Espagne, Philippe V, n’a été associé à cette déclaration, et que selon le premier paragraphe de cette déclaration, ils ne sont pas assimilés aux Prince de la Maison de France. Preuve une fois de plus, que Louis XVIII et Charles X excluaient bel et bien leurs cousins de la la branche Espagnole de toutes prétentions dynastiques au trône de France.   
Source : Gallica / Maison de France. D’un certain « Monsieur F ». Livre adressé à Monsieur Bayard de Plainville, député de l’Oise en 1815.

Passé Présent n°160 - La perte du Canada Français

La petite histoire : Les redoutables archers anglais

La Lignée des Mérovingiens : La 13ème Lignée - (1/6)

jeudi 20 juillet 2017

Le Secret Perdu des Mythologies - Les Chroniques d'Arcana #2

Jean Servier. Contre le philosophiquement correct par Daniel COLOGNE

Jean-Servier.jpgOuvrir le débat sur l’origine des espèces n’est pas synonyme d’adhésion au « créationnisme ». Ne pas tomber dans ce piège sémantique, mais défendre « le point de vue religieux » : ainsi un professeur de religion islamique tint-il tête, il y a quelques années, sur un plateau de la télévision belge, à une meute de « libres-penseurs » adeptes du transformisme darwinien.
Tout en déplorant la conspiration du silence organisé en France autour du généticien Giuseppe Sermonti, Jean-Louis Gabin met le doigt sur l’essentiel lorsqu’il écrit que les étapes de l’évolution du singe à l’homme sont présentées « non pas comme des théories mais comme des faits ».
Il existe d’autres théories transformistes que celle de Darwin. Un chercheur comme René Quinton (1866 – 1925) n’a aucune chance de sortir des oubliettes de la citadelle du philosophiquement correct.
Une telle tentative d’affacement est plus difficile à réaliser aux dépens de Jean Servier, universitaire éminent qui, dans L’Homme et l’Invisible, dénonce l’affirmation d’un « processus évolutif » du singe à l’homme comme « un postulat ou un acte de foi, non une conclusion logique ».
Rappelons brièvement la carrière de Jean Servier (1918 – 2000). Originaire de Constantine, il connaît bien la culture berbère, dont il devient un grand spécialiste. Sa rencontre avec Marcel Griaule en 1947 éveille en lui la vocation d’ethnologue. La qualité de ses études de terrain lui vaut d’être nommé en 1957 maître de conférence à l’Université de Montpellier, où il devient cinq ans plus tard titulaire de la chaire d’ethnologie et de sociologie.
Jean Servier est l’auteur de plusieurs ouvrages parus dans la collection « Que sais-je ? » aux Presses universitaires de France, ainsi que d’une Histoire de l’Utopie (1967) aujourd’hui disponible dans la collection « Folio – Essais ». Voici un autre extrait de L’Homme et l’Invisible : « Dès le Néandertalien, nous trouvons des sépultures avec disposition rituelle du corps. Il n’y avait jamais enfouissement hâtif d’une charogne encombrante ou abandon d’une carcasse inutile, comme le font les hordes animales. » Pour corroborer sa thèse des origines simiesques de l’homme, la pensée darwiniste dominante nous impose de « voir un tronc unique aux rameaux divergentes alors que l’observation des faits nous présente une forêt aux arbres différents et nettement séparés ».
Il faut relire Jean Servier si l’on veut instaurer enfin un véritable échange d’idées sur l’évolutionnisme envisagé comme hypothèse de recherches, et non comme dogme de rechange.
Daniel Cologne

Archéologie interdite ( les questions qui dérangent ) - Les Chroniques d...

La Rébellion Cachée enfin en DVD

6a00d83451619c69e201b8d2973a56970c-250wi.jpgAvec La Rébellion cachée, le réalisateur Daniel Rabourdin réussit un tour de force audiovisuel. L'oeuvre combine documentaire visionnaire et saga familiale avec amour perdu, batailles rangées et résistance spirituelle sous le règne de la Terreur.
Le docu-film dépeint un cataclysme dont toutes les forces victorieuses sont désormais au pouvoir dans le monde. Plus encore : l'oeuvre met en scène les architectes du premier génocide de l'histoire moderne.
La Rébellion cachée est une réalisation inattendue qui provoque l'espoir en ces temps de persécution des chrétiens, de la famille. Qui regarde La Rébellion cachée découvre l'héroïsme de gens ordinaires qui sacrifient leur vie pour le ciel…

Le mur paien, une énigme archéologique

mercredi 19 juillet 2017

Pour en finir avec les mensonges : Les prisonniers de la Bastille...

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Le 14 juillet, une date choisie comme fête nationale par la République française, commémorant, même si c'est indirectement1, la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 ; on pourrait d'ailleurs discuter de la validité de ce choix2.  Autour d'un événement parmi d'autres qui marquent les débuts de la Révolution, toute une légende s'est progressivement construite, dans laquelle il n'est pas toujours si aisé de démêler le vrai du faux. La Bastille serait ainsi le symbole de l'absolutisme et de l'arbitraire monarchique, comme nous l'avons tous appris à l'école depuis notre plus jeune âge ; avec des captifs par dizaines retenus dans des cachots sordides et des conditions épouvantables. La réalité historique est toute autre, et cette prison d'Etat n'a finalement accueilli que bien peu de prisonniers, et encore pas dans les conditions que l'on a évoquées par la suite3. C'est précisément aux derniers de ces prisonniers que cet article va plus particulièrement s'intéresser. De grands noms ont été au cours de l'histoire " embastillés ", selon l'expression consacrée4. Mais qui étaient ceux de ces prisonniers que l'émeute libéra le 14 juillet 1789 ?
Lorsque la foule parisienne se lance à l'assaut de la vieille forteresse médiévale, celle-ci ne compte à vrai dire plus que sept prisonniers, dont les cellules ne sont même pas fermées. Le marquis de Launay, gouverneur de la Bastille, les laisse aller à leur guise. Louis XVI et son ministre prévoyaient d'ailleurs la fermeture de cette prison devenue superflue5, depuis que des restrictions avaient été émises sur les fameuses lettres de cachet6 qui ont tant alimenté l'imaginaire collectif.
Parmi ces sept derniers pensionnaires de la Bastille, quatre sont de simples escrocs, qui ont été condamnés à la prison pour avoir falsifié des lettres de change. Emprisonnés depuis janvier 1787, ils se nomment Jean Antoine Pujade, Bernard Laroche, Jean Béchade et Jean La Corrège. Le Parlement de Paris avait en effet dans sa juridiction le pouvoir de condamner à l'embastillement certains délinquants. Rien à voir donc, les concernant, avec l'arbitraire royal. Ils ne goûteront d'ailleurs pas très longtemps à cette liberté, puisqu'ils sont repris et à nouveau incarcérés quelques jours plus tard.
Celui qui, à l'été 1789, a sans doute passé le plus de temps à la Bastille est un certain Auguste Tavernier, qui aurait été complice de la tentative d'assassinat contre Louis XV par Damiens, en 1757. Souvenez-vous, Damiens est le dernier en France à avoir été condamné à l'atroce supplice de l'écartèlement. Louis XV, qui avait fort bien compris qu'il ne s'agissait que de l'acte isolé d'un déséquilibré, aurait volontiers fait preuve de clémence à l'égard de Damiens ; mais c'est le Parlement de Paris qui exigea sa condamnation... Quant au présumé complice, il ne fut pas libéré en 1789, mais transféré vers Charenton7, où on internait alors les malades mentaux.
Les deux derniers sont des aristocrates, emprisonnés non pas selon le bon vouloir du roi, mais à la demande de leur propre famille8. Le premier est le comte Hubert de Solages9, embastillé à la demande de son père en 1784 pour ses " actes de débauche " dit la légende, mais " crimes atroces " et "action monstrueuse " disent les documents de l'époque, sans plus de précisions. Le second se nomme le comte de Whyte de Malleville, interné lui aussi à la demande de sa famille, semble-t-il en raison de sa démence. Tous deux ne seront pas non plus libérés, mais également transférés vers Charenton.
Contrairement à une légende tenace, le célèbre marquis de Sade ne fut pas au nombre des prisonniers de la Bastille libérés en juillet 1789. Le gouverneur avait obtenu peu auparavant son transfert vers Charenton, dont il ne sera libéré qu'un peu plus tard ; il connaîtra par la suite les geôles de la Terreur en 1794, ne devra son salut qu'à la chute de Robespierre, puis sera à nouveau interné à Charenton en 1803...
Sur les sept derniers prisonniers de la célèbre Bastille, aucun ne recouvrera donc la liberté après le 14 juillet 1789. Aucun n'était condamné à vivre dans un cachot sinistre, à la grande surprise des émeutiers eux-mêmes. On inventa donc un autre personnage, le comte de Lorges, qui aurait été emprisonné depuis plus de trente ans dans un cachot sordide ; la foule l'aurait délivré et porté en triomphe : il n'en est rien, tout a été inventé pour alimenter la légende populaire.
Les noms de ces prisonniers sont dans la mémoire collective tombés dans l'oubli total, de même que les motivations réelles de l'insurrection ; l'histoire officielle a construit le mythe fondateur, l'imagination faisant le reste... Mais il n'était pas inintéressant, en ce jour, pour l'anecdote, de se souvenir un instant des derniers embastillés de France.
Horizon d'Aton
Notes :
1- En principe, et on l'ignore souvent, le 14 juillet commémore la fête de la Fédération, qui eut lieu à Paris le 14 juillet 1790, symbolisant l'union du peuple français. Si la fête de la Fédération célèbre en 1790 le premier anniversaire de la prise de la Bastille, ce n'est que la IIIe République, en 1880, qui choisira cette date comme fête nationale. Pourtant, dans l'imaginaire collectif, c'est bien à la prise de la Bastille elle-même que la fête nationale est associée.
2- Entre temps, les historiens romantiques et ultra-républicains, comme Jules Michelet, ont habilement noirci le tableau et développé la légende de ce qui n'est au fond que l'un des événements des débuts de la Révolution ; on aurait très bien pu en choisir un autre, comme par exemple la proclamation de la République ( 21 septembre 1792 ). La prise de la Bastille n'était pas motivée, à l'été 1789, par la volonté d'abattre un symbole de la monarchie absolue. En réalité, la foule voulait tout simplement s'emparer de la poudre et des munitions que l'on disait contenues dans la forteresse, après avoir pillé les Invalides à la recherche d'armes. Comme toujours, l'histoire prend souvent la signification qu'on veut bien lui donner.
3- En réalité, la forteresse n'a jamais accueilli guère plus d'une quarantaine de prisonniers à la fois, puisque le nombre de cellules y était tout compte fait limité. C'était pour l'essentiel une prison dans laquelle on s'installait relativement confortablement pour peu qu'on en ait les moyens et dans laquelle on pouvait amener son mobilier et ses domestiques. Un peu comme le quartier de l'actuelle prison de la Santé destiné aux détenus qu'on ne saurait traiter comme le commun des mortels...
4- Parmi lesquels bien entendu Voltaire et Sade, mais aussi le maréchal-duc Louis de Richelieu, petit-neveu du célèbre cardinal qui avait transformé la Bastille en prison d'Etat... Sous Louis XVI, les plus célèbres prisonniers de la forteresse furent les acteurs de la fameuse " affaire du collier de la reine ", de 1785 à 1786, dans l'attente de leur procès : l'escroc Guiseppe Balsamo, dit comte de Cagliostro (finalement expulsé de France en 1786 ), Jeanne de la Motte-Valois ( elle sera par la suite emprisonnée à la Salpêtrière ) et le cardinal Louis de Rohan, Grand Aumônier de France ( acquitté, mais déchu de son office et exilé en province ). 
5- Dès 1784, Necker, qui a fait fermer la prison du donjon de Vincennes, préconise également de fermer la Bastille et le roi y est a priori disposé. Cela explique d'ailleurs que certains prisonniers soient transférés en 1784 de Vincennes à la Bastille.
6- Les lettres de cachet ordonnant l'emprisonnement émanaient directement du roi, ou le plus souvent de ses ministres et représentants, et permettaient d'incarcérer une personne sans jugement ou dans l'attente de son jugement ; pour des faits certes politiques, mais il faut l'avouer le plus souvent pour des affaires de famille ou de moeurs. L'injustice des lettres de cachet réside plus dans le fait qu'elle permettait aux familles notables de se soustraire à la honte d'un procès, qu'à un véritable arbitraire royal.
7- Hospice destiné aux malades mentaux tenu par les frères de la Charité, créé au XVIIe s. et qui sera fermé en 1792, au moment de la dissolution des ordres religieux, et ré-ouvert en 1797 sous le Directoire.
8- C'était là une chose très courante ; comme nous le disions plus haut, cela permettait à certaines familles d'échapper à l'humiliation d'un procès. C'est ainsi que Mirabeau fut frappé d'une lettre de cachet à la demande de sa famille, de même que le marquis de Sade à la demande de sa belle-mère. Dans ce cas, c'était à la famille d'assurer les frais liés à l'incarcération.
9- En fait, Hubert de Solages est arrêté en 1765 en même temps que sa soeur, Pauline de Barrau, qu'il avait aidée à s'échapper de chez son époux ; ceci à la demande du père d'Hubert et Pauline, ainsi que du mari berné. Evadé de la prison lyonnaise dans laquelle il se trouve, le comte a été transféré en 1782 à Vincennes, puis en 1784 à la Bastille. Bien évidemment, la rumeur veut que le comte de Solages et sa soeur aient été coupables d'inceste... en réalité, comme souvent, des lettres de cachet obtenues dans le cadre d'une sombre histoire de famille bien née... 

La petite histoire - La débâcle de 1870 et la chute du Second Empire

Passé Présent n°159 - 1940, la défaite

Quand les Gaulois perdaient la tête

mardi 18 juillet 2017

Tuer et mourir pour dieu, par Philippe Conrad

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NRH-HS-14-guerres-religion-2-278x350.jpgLes Occidentaux pensaient en avoir fini avec les guerres de religion, vestiges d’un passé révolu que la sécularisation de nos sociétés et l’hédonisme dominant semblaient devoir rejeter dans les ténèbres d’une histoire désormais très lointaine. C’était méconnaître grandement les sociétés humaines et les héritages spirituels dans lesquels elles plongent leurs racines.
La puissance du réveil islamique engagé depuis quatre décennies a surpris avant d’inquiéter. L’offensive djihadiste à l’œuvre aujourd’hui semble confirmer la perspective du choc des civilisations prophétisé par Samuel Huntington à l’issue de la confrontation entre les blocs occidental et soviétique. Les nationalistes hindous ont le vent en poupe et s’en prennent aux minorités religieuses. Les coptes d’Égypte ou les chrétiens assyriens d’Irak sont la cible des tueurs d’Al-Qaïda et de Daech, alors que Boko Haram et les djihadistes sahéliens terrorisent une partie de l’Afrique occidentale. Les Philippines doivent faire face à la dissidence musulmane de l’île de Mindanao.
L’immigration massive qui affecte l’Europe laisse craindre de futures explosions de violence, dont les attentats survenus en France, en Allemagne, en Belgique ou en Angleterre ne seraient que de modestes signes avant-coureurs.
Une telle situation conduit naturellement à se tourner vers les périodes de l’histoire qui, bien avant le choc suicidaire des nationalismes nés de la Révolution française, ont vu les Européens s’affronter au nom de la foi.
L’Église médiévale s’était bien dressée contre l’hérésie, mais l’unité de la Chrétienté latine avait été préservée malgré les difficultés qu’elle avait connues à la fin du Moyen Âge : des effets de la Grande Peste aux attentes de réformes, du grand schisme d’Occident qui avait opposé Avignon à Rome, à l’éveil de nouvelles aspirations spirituelles.
L’éveil de la modernité, qui va de pair avec la découverte des nouveaux mondes, l’essor de l’humanisme et la diffusion de l’imprimerie créait un terrain favorable à l’apparition de la Réforme. Les Allemands la célèbrent aujourd’hui, à l’occasion du cinquième centenaire de la publication par Luther, en octobre 1517 à Wittenberg, de ses 95 thèses contre les indulgences pontificales. L’écho qu’elles rencontrèrent et la rupture avec Rome qui suivit sont à l’origine du protestantisme, qui a bouleversé, en quelques décennies, la carte politique et religieuse de l’Europe.
D’abord celle de l’Allemagne où un compromis politique sera trouvé entre le pouvoir impérial et la dissidence réformée. La Suisse, la Scandinavie, les Pays-Bas et les îles Britanniques vont ensuite rallier à leur tour la nouvelle confession. Le luthéranisme ne rencontre initialement en France qu’un succès limité. Puis, Jean Calvin, inspirateur de la théocratie genevoise, va s’imposer comme le maître spirituel des réformés dans le royaume des Valois, si profondément divisé qu’il va connaître, dans la seconde moitié du XVIe siècle, une longue litanie de « guerres de Religion ».
Identifiée jadis comme « le temps des troubles », Michelet et ses héritiers ont, au XIXe siècle, donné à cette époque le nom qu’elle a conservé depuis : guerre de religion. Censé rendre compte de l’affrontement entre catholiques et protestants, le terme n’est pas neutre. Les historiens qui l’ont utilisé ont en effet clairement choisi leur camp, celui des « réformés » présentés comme des victimes du « fanatisme » catholique.
L’image des derniers Valois – du faible Charles IX à Henri III et à ses « mignons », sans oublier Catherine de Médicis, la mégère florentine responsable de la Saint-Barthélemy – a été aussi lourdement chargée. Puis intervient le règne réparateur du « bon roi Henri », magnifié par la tradition monarchiste comme le souverain rassembleur et restaurateur de la paix, mais aussi par l’histoire républicaine faisant de lui, au prix d’un lourd anachronisme, le champion d’une « tolérance » dont on cherche en vain la trace à la fin du XVIe siècle. Un manichéisme assez élémentaire tend à opposer les catholiques majoritaires à leurs « victimes » protestantes.Mais notre époque entend aussi valoriser les « justes », tel Michel de L’Hospital, tenant d’un tiers parti favorable au compromis.
Trop souvent confisquée par « l’historiquement correct », la mémoire des guerres de Religion n’en a pas moins été revisitée au cours des dernières décennies par les meilleurs historiens de la période. Parmi eux, Bernard Cottret à propos de l’édit de Nantes ; Arlette Jouanna, qui mis en lumière le jeu des factions nobiliaires ; Ivan Cloulas, le biographe de Catherine de Médicis ; Jean-Marie Constant, qui a revisité l’histoire de la Ligue ; ou Denis Crouzet dont les remarquables travaux ont permis de réaliser une véritable anthropologie culturelle des camps en présence.
Une relecture riche d’enseignements qui peuvent fournir matière à réflexion à propos des défis d’aujourd’hui. Derrière les vecteurs d’illusions que sont « l’ouverture à l’autre », le « vivre ensemble » et autres niaiseries de même nature, c’est la question de la coexistence de communautés religieuses, ethniques ou culturelles aux croyances incompatibles qu’il faudra bien aborder.
Au risque de remettre en cause certains des tabous de la bien-pensance aujourd’hui dominante.
Philippe Conrad
Editorial du Hors Série n° 14 de la Nouvelle Revue d’Histoire
« Les guerres de religion – Tuer et mourir pour dieu »

Bibracte

mardi 11 juillet 2017

Passé Présent n°158 - les institutions de l'Empire

Quand le politiquement correct veut déboulonner les statues

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Affirmer que le drapeau sudiste est une bannière raciste ou que le général Lee est un nazi avant l’heure relève d’un anachronisme indigne.
Comme beaucoup de pays occidentaux, les Américains sont divisés sur l’attitude à avoir vis-à-vis de leur passé. Plus précisément vis-à-vis des restes – statues et drapeaux- de la guerre de Sécession (1861-1865) qui occupent encore l’espace public. Certains Américains réclament que les symboles des vaincus sudistes soient bannis de l’espace public puisque ceux-ci seraient « synonymes d’esclavagisme et de haine ». Plus d’une centaine de symboles ont ainsi déjà fait les frais de cette table rase, mais c’est aujourd’hui la bourgade de Charlottesville (Virginie) qui est en émoi : la municipalité démocrate a pour projet de déboulonner une très célèbre statue du général Lee (père et héros de la nation sudiste, puis partisan de la réconciliation) et de renommer le square où elle se trouve « Parc de l’Émancipation », cela « en mémoire des populations noires oppressées au sud ».
Sauf que, n’en déplaise à la presse pour qui la guerre commença quand « le camp esclavagiste, refusant d’abolir l’esclavage, avait décidé de quitter l’Union », le sujet est complexe. La guerre de Sécession n’est pas une guerre entre les gentils progressistes du Nord et les méchants racistes du Sud ; penser que les Américains ont choisi de mourir par millions pour les droits des Noirs, c’est partir d’un postulat erroné.
La guerre de Sécession est avant tout le point culminant d’un conflit séculaire entre deux modèles sociaux-politiques. D’un côté le Sud, agricole et conservateur, partisan d’une confédération d’États indépendants ; de l’autre le Nord, industriel et progressiste, partisan d’une fédération centralisée où les États doivent obéir au pouvoir central. Le débat européen avant l’heure, en quelque sorte…
Or, quand le Nord décida de taxer la production agricole du Sud pour le forcer à s’industrialiser, ce dernier refusa et annonça qu’il construirait ses propres ports afin de prendre son indépendance économique. C’est ce qui motiva les abolitionnistes nordistes, désireux de faire pression sur un Sud qui pourrait représenter un concurrent potentiel. L’abolition de l’esclavage n’est donc qu’un prétexte à cette guerre entre deux modèles de société.
Ce conflit joua un rôle fondateur pour l’identité des États du Sud. Tous leurs arrière-mondes culturels sont le fruit de cette résistance héroïque dans une guerre perdue d’avance pour la liberté et la défense de leurs traditions. Aujourd’hui, défendre ces symboles, ce n’est pas une façon de dire « Vive les Blancs et l’esclavage ! » Défendre ces symboles, c’est, au mieux, une marque de respect pour le sacrifice de leurs aïeux ; au pire une revendication politique néo-libertarienne qui signifierait « J’emmerde le gouvernement central de Washington ». Interdire aux États du Sud d’arborer leurs symboles, c’est nier leur culture et leur histoire par un jacobinisme mensonger et revanchard.
Ainsi, donc, affirmer que le drapeau sudiste est une bannière raciste ou que le général Lee est un nazi avant l’heure relève d’un anachronisme indigne. Qu’il soit aujourd’hui utilisé par des racistes ne fait pas du drapeau sudiste un symbole raciste, pas plus que le drapeau corse, utilisé par le FLNC, n’est devenu un signe terroriste…
Ce problème dépasse évidemment le territoire américain. Il n’est pas seulement question de défendre une statue ou un drapeau. Il s’agit avant tout de défendre notre histoire face aux déconstructeurs, face à ceux qui jugent du passé avec pour seul étalon le politiquement correct présent… Si nous relâchons notre vigilance, nous risquons bien de voir nos imaginaires décolonisés, nos statues déboulonnées et nos drapeaux arrachés. Car « l’Histoire est écrite par ceux qui pendent les héros », pour reprendre cette phrase qui ouvre le film Braveheart.