mardi 25 juillet 2017

Histoire • 1803: Bonaparte, demande aux Princes de la Maison de France de renoncer à leurs droits dynastiques

Par Matthias Beaufort*
Le 26 Février 1803, alors que le comte de Provence, chef de la Maison de France, était en exil en Pologne à Varsovie, un message venu au nom de Bonaparte, Premier Consul, vint demander au chef de la Maison de France et aux Princes de son sang de renoncer à leurs droits dynastiques au Trône de France.
En échange de cette renonciation, Bonaparte promettait une rente à vie à l’ensemble des Princes. Cette tentative est comparable à celle menée cinq années plus tard en Espagne lorsque Ferdinand VII abdiqua le Trône en faveur de Napoléon Ier qui le donna à son frère Joseph.
La réponse du comte de Provence (datée du 28 Février) fut d’une clarté absolue :
Je ne confonds pas M. Bonaparte avec ceux qui l’ont précédé ; j’estime sa valeur, ses talents militaires ; je lui sais gré de plusieurs actes d’administrations ; car le bien que l’on fait à mon peuple me sera toujours cher ; mais il se trompe, s’il croit m’engager à transiger sur mes droits : loin de là, il les établirait lui-même s’ils pouvaient être litigieux, par la démarche qu’il fait en ce moment.
J’ignore quels sont les desseins de Dieu sur ma race et sur moi : mais je connais les obligations qu’il m’a imposées par le rang où il lui a plu de me faire naître ; chrétien, je remplirai ces obligations jusqu’à mon dernier soupir ; fils de Saint Louis, je saurai, à son exemple, me respecter jusque dans les fers ; successeur de François Ier, je veux du moins pouvoir dire comme lui : Nous avons tout perdu fors l’honneur.
Et plus bas de cette réponse est rajoutée la phrase : Avec la permission de mon oncle, j’adhère de cœur et d’âme, au contenu de cette noteSigné : Louis-Antoine d’Artois, duc d’Angoulême.
Après avoir été éconduit par le chef de la Maison de France, ce dernier informa de cette visite incongrue son frère le comte d’Artois (futur Charles X) qui était chargé d’en faire part au Princes de la Maison de France. Le 22 Avril 1803, tous réunis (à l’exception duc d’Enghien, et du prince de Conti qui n’ont pu rejoindre le groupe) autour du comte d’Artois, les Princes de la Maison de France signèrent la déclaration suivante :
Nous Princes, soussignés, frère, neveu, cousins de S. M. Louis XVIII, roi de France et de Navarre, pénétrés des mêmes sentiments dont notre Souverain Seigneur et Roi se montre si dignement animé dans sa réponse à la proposition qui lui a été faite de renoncer au trône de France, et d’exiger de tous les Princes de sa maison une renonciation à leurs droits imprescriptibles de succession à ce même trône, déclarons :
Que notre attachement à nos devoirs et à notre honneur, ne peuvent jamais nous permettre de transiger sur nos droits ; nous adhérons de cœur et d’âme à la réponse de notre Roi.
Qu’à son exemple, nous ne nous prêterons jamais à la moindre démarche qui puisse nous faire manquer à ce que nous nous devons à nous-mêmes, à nos ancêtres, à nos descendants.
Déclarons enfin, que positivement certains que la grande majorité des Français partage intérieurement tous les sentiments qui nous animent, c’est en leurs noms comme au nôtre, que nous renouvelons devant Dieu, sur notre épée et entre les mains de notre Roi, le serment sacré de vivre fidèles à l’honneur et à notre légitime Souverain.
Wanstead-House, le 23 Avril 1803.
Signé :
  • Charles-Philippe de France, comte d’Artois.
  • Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry.
  • Louis-Philippe d’Orléans, duc d’Orléans.
  • Antoine-Philippe d’Orléans, duc de Montpensier.
  • Louis-Charles d’Orléans, comte de Beaujolais.
  • Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé.
  • Louis-Henri-Joseph de Bourbon-Condé, duc de Bourbon.
Le 22 Mars 1803, le duc d’Enghien écrira au Chef de sa Maison pour adhérer publiquement aux deux déclarations. 
Il n’est pas utile de souligner qu’aucun descendant du roi d’Espagne, Philippe V, n’a été associé à cette déclaration, et que selon le premier paragraphe de cette déclaration, ils ne sont pas assimilés aux Prince de la Maison de France. Preuve une fois de plus, que Louis XVIII et Charles X excluaient bel et bien leurs cousins de la la branche Espagnole de toutes prétentions dynastiques au trône de France.   
Source : Gallica / Maison de France. D’un certain « Monsieur F ». Livre adressé à Monsieur Bayard de Plainville, député de l’Oise en 1815.

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