mercredi 28 juillet 2010
Un jour : 27 février 1594
mardi 27 juillet 2010
17 avril 1975 Les Khmers rouges vident Phnom Penh de ses habitants
dimanche 25 juillet 2010
Pie XII et les Juifs
Selon le rabbin David Dalin
Jean Isnard
Source : Recherche sur le terrorisme.
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Notes :
(3) Publié en 1967.
samedi 24 juillet 2010
La Grande Guerre : Planqués et censeurs
mardi 20 juillet 2010
De 1780 à 1880 Afrique : l'âge des explorations
lundi 19 juillet 2010
Des chasseurs-cueilleurs aux premières cités
Cet assèchement entraîne la raréfaction des végétaux comestibles et la pénurie du gibier et de l’eau, et pousse donc les hommes à se rassembler autour des grands fleuves.
1/ des grands travaux d’irrigation
2/ la défense des paysans contre les pillards: les paysans travaillant la terre n’ont plus le temps pour faire la guerre et la destruction des récoltes a des conséquences catastrophiques sur le groupe tout entier. Pour éviter cela, les hommes désignaient des chefs de plus en plus puissants qui concentrent des pouvoirs entre leurs mains, afin de coordonner le tout et assurer le partage des tâches entre eux comme les travaux d’irrigation, les digues et etc. Ces chefs seront les premiers rois.
4/ Et surtout l’invention de l’écriture qui permet le bon fonctionnement de ces nouvelles sociétés, ce qui marque la fin de la Préhistoire. Au début, ce fut un moyen de tenir les comptes et les richesses en stock (blé, bétail, et etc…) , et peu à peu il devient un moyen de fixer les connaissances et transmission du savoir sur le moyen terme.
Ces principales conditions permettent l’apparition des premières citées humaines.
L’agriculture permet en effet de nourrir sur le même territoire 100 fois plus d’hommes que les techniques anciennes de chasse ou de cueillette. De fait, tous les hommes ne sont plus contraints de cultiver ou de chasser pour se nourrir. On a ainsi autour des grandes zones fluviales où les premières citées se sont implantées, -le début d’une spécialisation du travail: soldats, prêtres, scribes et administrateurs (dont les premiers collecteurs d’impôts…), mais aussi artisans, musiciens, savants peuvent vaquer à leurs occupations et à leurs fonctions sans avoir à produire eux-mêmes la nourriture dont ils ont besoin.
Donc l’agriculture, rendue forcée par la sur-concentration d’hommes contraints par les changements du climat à se ressembler auprès des fleuves, a ainsi eu l’effet surprenant de transformer les groupes humains en les faisant passer de simples tribus de chasseurs-cueilleurs en de véritables royaumes dans lesquelles les fonctions sociales sont différenciées.
La conception de royauté implique aussi un nouveau statut pour le plus puissant chef parmi les chefs des premières cités : la fonction de Prêtre, de divinité vivante. Exemple : le Pharaon égyptien – Fils de Rê – est considéré comme une sorte de Dieu vivant, l’Empereur de Chine est appelé “Fils du Ciel”.
vendredi 16 juillet 2010
L’Africano-centrisme ou l’Histoire falsifiée
Pierre-Savorgnan de Brazza
jeudi 15 juillet 2010
Les Lumières enténébrées de François Marie Arouet, dit Voltaire
« L'autre jour, au fond d'un vallon / Un serpent piqua Jean Fréron; / Que pensez-vous qu'il arriva ? / Ce fut le serpent qui creva. » Pauvre Elie (et non pas Jean) Fréron ! «Coupable» de défendre avec courtoisie et brio, dans son « Année littéraire », la religion catholique et la monarchie, il fut la cible des attaques répétées des Philosophes, et de Voltaire au premier chef. Leurs menées aboutirent à faire plusieurs fois suspendre la parution de « l'Année littéraire », le journal de Fréron, et valurent à celui-ci plusieurs séjours à la Bastille et au For-l'Evêque. Sa feuille fut finalement interdite en 1775 par le garde des Sceaux Miromesnil, et Fréron mourut l'année suivante. Je pense a lui lorsqu'il m'arrive de lire la vertueuse déclaration, d'ailleurs apocryphe, que l'on prête à Voltaire : « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire. »
Quelle blague ! Rarement «philosophe» aura montré une telle puissance de haine envers ses adversaires, une haine qui ne tenait pas seulement à la divergence d'idées, mais à l'orgueil et à la vanité incommensurables de l'homme de Ferney. Malheur à qui le froissait : l'audacieux pouvait s'estimer heureux s'il ne faisait que les frais de sa causticité. Xavier Martin a raconté, dans son « Voltaire méconnu » (1), l'opiniâtreté que mit ce prétendu défenseur de la liberté de conscience à faire emprisonner le protestant La Beaumelle, par lui qualifié de « misérable échappé des Cévennes »; ou comment il tenta de faire condamner à mort Jean-Jacques Rousseau à Genève, en forgeant de toutes pièces dans l'œuvre du « promeneur solitaire », des blasphèmes odieux. Voltaire faussaire ? Mme de Grafigny, qui le connaissait bien, écrivait qu'il peut se montrer « plus fanatique que tous les fanatiques qu'il hait ».
C'est cette même force de haine qu'il déploie dans ses attaques contre le catholicisme. Dans Candide, résumé de toutes ses oeuvres selon Flaubert, il réussit une satire équivoque de la Théodicée de Leibniz, des abus de la religion, des amours monastiques, de la barbarie du code pénal,etc.
L'ironie et la moquerie appuyant l'idée, font les délices de la société insouciante et légère qui peuple les salons du XVIIIe siècle. « Combien a-t-il fait de personnages différents pour nous instruire ? » disait Mably. « Ne paraissant presque jamais sous son nom, tantôt c'est un théologien, un philosophe, un chinois, un aumônier du Roi de Prusse, un indien, un athée, un déiste; que n'est-il pas ? Il écrit pour tous les esprits, et même pour ceux qui sont plus touchés d'une plaisanterie ou d'un quolibet que d'une raison. » S'il prend la défense d'un Calas, victime d'une injustice, ce n'est pas tant par bonté d'âme que pour saper les institutions et attaquer l'Eglise. Mais alors même qu'il voue les juges à l'opprobre public, il n'ignore pas, comme il l'avoue en 1768, qu'ils « ont été trompés par de faux indices »(1). Quant aux Calas, il les traite de « protestants imbéciles » ...
Ce grand ami de l'humanité, initié comme Benjamin Franklin à la loge des Neuf Sœurs, partage en réalité avec les autres philosophes (2) le même mépris des hommes, qu'il considère comme « des petits rouages de la grande machine », et particulièrement du peuple : « Il est à propos que le peuple soit guidé, et non pas qu'il soit instruit, il n'est pas digne de l'être », écrit-il. Encore admet-il que le commun des Français appartient à la même espèce que lui.
Réfutant la Genèse, les philosophes nient que tous les hommes soient nés d'un seul couple. En conséquence, « La race des nègres est une espèce d'hommes différente de la nôtre », écrit Voltaire dans son « Essai sur les mœurs et l'esprit des nations ». Ce constat pseudo scientifique s'accompagne d'une classification des espèces humaines : « Les albinos sont au-dessous des nègres pour la force du corps et de l'entendement, et la nature les a peut-être placés après les nègres et les Hottentots au-dessus des singes, comme un des degrés qui descendent de l'homme à l'animal. » On ne s'étonnera pas que des opinions aussi «scientifiques» l'aient conduit à investir dans la traite négrière, comme Diderot et Raynal.
Les Lumières conduisent au racisme dans toutes ses composantes, y compris antisémite. Voltaire se fait d'autant plus vindicatif à l'égard des Juifs qu'à travers eux, c'est encore l'Eglise qu'il vise en réalité : « Vous ne trouverez en eux qu'un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour les peuples qui les tolèrent et les enrichissent », lit-on dans le Dictionnaire philosophique. Ce qui faisait dire au cardinal Lustiger, cité par Jean Sévillia dans son « Historiquement correct »: « Voltaire n'était pas chrétien et je crois que l'antisémitisme de Hitler relève de l' antisémitisme des Lumières et non d'un antisémitisme chrétien. »
On se pince lorsque les «philosophes» placent au-dessus de tout la «raison» - à laquelle les révolutionnaires, leurs disciples fidèles, voueront un culte véritable, faisant son Temple dans Notre-Dame de Paris. Leur raison ressemble à leur science : critiquant les travaux de Buffon sur la formation des roches sédimentaires, Voltaire pour lui répondre reproduit les expériences de Spallanzani sur les limaces ... et en tire, raconte Gaxotte(3), un pamphlet contre les moines, « Les colimaçons du R.P. L'Escarbotier » : « Il est certain que les colimaçons dureront plus que tous nos ordres religieux, car il est clair que, si on avait coupé la tête à tous les capucins et à tous les carmes, ils ne pourraient plus recevoir de novices, au lieu qu'une limace à qui on a coupé le cou reprend une nouvelle tête au bout d'un mois ... ». Robespierre, hélas, prendra ces «expériences» au sérieux ...
On comprend au bout de tout cela que notre Education nationale inscrive Voltaire au programme. Incarnation des Lumières, n'est-il pas pour nos enfants un modèle de Tolérance et de libéralisme ? Son ami Diderot l'appelait « l'Antéchrist ».
G. de Villefollet monde & vie . 5 juin 2010
1. Xavier Martin, Voltaire méconnu; Aspects cachés de l'humanisme des Lumières, ed. DMM, Bouère, 2006.
2. Dans son livre Historiquement correct (ed. Perrin), Jean Sévillia rapporte que Philipon de La Madeleine souhaitait que l'usage de l'écriture soit interdit aux enfants du peuple ...
3. Pierre Gaxotte, La Révolution française
mercredi 14 juillet 2010
La Grande Guerre
En fait, ils ont surtout le sens de la nécessité. Car, dans les tranchées, point de boutiques pour faire ses emplettes. On se contente de ce qui tombe sous la main et ce qui tombe le plus souvent, ce sont les obus.
L’autre sujet qui passionne les Français, c’est “l’affaire des fortifications de Nancy”, ou plutôt des non-fortifications. Car le pays vient de découvrir avec ahurissement que l’une des villes de l’Est les plus exposées à l’invasion n’était pas fortifiée.
Pourquoi ? demande-t-on.
La réponse montre, à quatre-vingt ans de distance, que l’incurie, la sottise de la camarilla politicienne est aussi ancienne que la démocratie.
La plus grande ville de l’Est a été laissée sans défense parce que, figurez-vous, au moment de signer l’armistice de 1870 dans cette maison de la rue de Provence, à Versailles, qui appartenait à madame Curelli, la grand-mère de Jessé-Curelli, ce distingué diplomate qui occupait Bismarck, Monsieur Thiers avait donné sa parole au nom de la France que Nancy resterait à jamais sans fortification.
Et cette parole, quoique purement verbale et consignée dans aucun protocole, fût-il secret, fut toujours respectée par les gouvernements qui se succédèrent jusqu’à la déclaration de guerre.
En 1886, le général Billot, ministre de la Guerre, envisagea bien de faire construire les fortifications imaginées par Saussier, Abbatucci et Pouvourville. Mais Bismarck déclara que ce serait un “casus belli”. Et quarante-huit heures plus tard, les travaux étaient suspendus et tout ce que l’on avait commencé détruit.
L’autre préoccupation, en ce début d’année 1916, c’est la mode. “Il y a donc des Parisiennes que la mode préoccupe en ces journées de guerre ?” s’étonne un moraliste. “Oui, quelques-unes”, répond un chroniqueur qui s’empresse de noter que les Parisiennes qui se promènent sur les boulevards vêtues à la mode du jour “ressemblent à de véritables sauteuses de cirque“.
Et de citer cette anecdote à l’appui de son appréciation : une jeune femme qui désire envoyer des colis au front est vêtue de manière si voyante et maquillée avec une telle abondance que le préposé ne lui montre pas tout le respect habituellement dû à la pratique. Le ton monte, la querelle éclate et la jeune beauté finit par traiter le fonctionnaire de balourd.
- Si moi je suis un balourd, réplique l’insulté, vous, vous êtes une grue.
Alors la jeune femme, soudain très calme :
- C’est bien, mon ami ; à présent que vous m’avez baptisée, envoyez donc ces colis à mes filleuls de guerre. Ce sont des poilus qui ne me connaissent pas mais qui ont sans doute de moi une autre opinion que vous.
Et le témoin de cette scène de rue de conclure : “Ce mot très joli rappelle un autre mot de madame de Mailly qui, après avoir été la maîtresse de Louis XV, s’était rabattue sur le repentir et la religion. Un jour, un homme du peuple qui l’avait reconnue au porche de l’église Saint-Roch qu’elle fréquentait assidûment lui décoche le mot de p… Et l’ancienne favorite royale de répondre : Mon ami, puisque vous me connaissez, priez donc Dieu pour moi.”
Serge de Beketch Le Libre Journal de la France Courtoise - n° 85 du 10 janvier 1996
mardi 13 juillet 2010
L'armistice et le 18 juin, entre mythe et réalité
Quoi de neuf ? La Deuxième Guerre mondiale. 70 ans après l'événement, la France continue d'en vivre : si la Révolution est - paraît-il - la période fondatrice de notre histoire, à la Libération correspond la refondation de la République, qui accouche de notre modernité. Et le 18 juin 1940 en est en quelque sorte la conception. Dans un pays qui aime autant les anniversaires, on conçoit qu'à chaque décennie, celui-là se célèbre avec faste.
Cette année, le président de la République a choisi de le fêter en Angleterre, sur le lieu même de cette conception. Nicolas Sarkozy a prononcé son discours encadré par les deux portraits géants de Winston Churchill et de Charles De Gaulle. « Alors que dans la France submergée par l'ennemi, profitant du malheur, les chefs trahissaient en demandant l'armistice au mépris de la parole donnée et en s'engageant dans une collaboration qui les conduira à couvrir les crimes les plus atroces, à Londres, le 18 juin, le général de Gaulle répondait à Winston Churchill qui avait juré le 4 juin « Nous ne nous rendrons jamais » : « La flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et elle ne s'éteindra pas. » » a proclamé Nicolas Sarkozy, fidèle à la légende dorée du gaullisme. Voilà 65 ans que cette légende, portant l'estampille officielle de la République française, prévaut sur l'histoire véritable, qui éclaire l'armistice et le discours du 18 juin d'une tout autre manière.
L'armistice serait en effet le péché originel de la France de Vichy, réputée par la même légende mensongère correspondre à la droite traditionnelle, tandis que la gauche incarnerait l'esprit de la Résistance... À l'opposé, le discours du 18 juin - le refus héroïque de « l'homme qui a dit non » - légitimerait à la fois l'action du général De Gaulle et la présence de la France à la table des vainqueurs en 1945, comme l'a encore dit Nicolas Sarkozy dans son discours londonien.
La première question à se poser concerne donc l'armistice : était-il évitable ? Le général Le Groignec a résumé, dans son livre Le maréchal et la France(1),la situation du pays à la date du 16 juin 1940, veille de la demande d'armistice adressée par le maréchal Pétain aux Allemands par l'intermédiaire de l'ambassadeur d'Espagne : « L'armée française est réduite à une quarantaine de divisions dont une vingtaine ne disposent que de 50 %, voire de 25 % de leurs effectifs qui fondent d'heure en heure. La progression de la Wehrmacht, forte de 130 divisions appuyées par une aviation maîtresse du ciel, se poursuit irrésistiblement vers le Sud, bousculant un flot de six à huit millions de réfugiés. »
Un pays qui se désentripaille
Ces chiffres ne donnent pourtant qu'une idée imparfaite de la réalité. Dans son livre Pilote de guerre(2), récit d'une mission de reconnaissance aérienne au-dessus d'Arras, Antoine de Saint-Exupéry a peint le tableau de cette France défaite, jetée sur les routes de l'exode : « Comment ravitailler les millions d'émigrants perdus le long des routes où l'on circule à l'allure de cinq à vingt kilomètres par jour ? Si le ravitaillement existait, il serait impossible de l'acheminer ! (...) Pas un mot sur la défaite. Cela est évident. Vous n'éprouvez pas le besoin de commenter ce qui constitue votre substance même. Ils "sont" la défaite. » Un mari cherche un médecin pour sa femme sur le point d'accoucher ; mais il n'y a plus de médecin... Une mère cherche du lait pour son bébé affamé ; mais il n'y a plus de lait... Un officier qui tente de mettre en batterie un canon avec une douzaine d'hommes est pris à partie par des mères : les Allemands en ripostant tuent leurs enfants. Le lieutenant renonce... « Il faut, certes, que les petits ne soient pas massacrés sur la route. Or chaque soldat qui tire doit tirer dans le dos d'un enfant », écrit Saint-Exupéry.
Au gouvernement, Paul Reynaud, De Gaulle, se prononcent contre l'armistice(3), Pétain, Weygand - qui a remplacé, trop tard hélas, l'incapable Gamelin au commandement en chef -, sachant la situation perdue, l'appellent de leurs vœux pour sauver ce qui peut l'être. Sur le terrain, Saint-Exupéry a une autre vue de la situation : « Que peuvent-ils, ceux qui nous gouvernent, connaître de la guerre ? Il nous faudrait à nous, dès à présent, huit jours. tant les liaisons sont impossibles, pour déclencher une mission de bombardement sur une division blindée trouvée par nous. Quel bruit un gouvernant peut-il recevoir de ce pays qui se désentripaille ? »
L'autre réalité de la défaite, c'est celle d'une armée qui, à l'inverse de ce que prétend la légende, se bat, à l'image du groupe de reconnaissance aérienne auquel appartient Saint-Exupéry et qui a perdu, en trois semaines, dix-sept équipages sur vingt-trois. Au cours des six semaines de la bataille de France, 125 000 soldats français sont tués : « six semaines plus sanglantes que toute période équivalente des combats acharnés pour Verdun », remarque le général Le Groignec ; Churchill saluera d'ailleurs cette « résistance héroïque » qui allait donner le temps aux Britanniques de replier en Angleterre 80 % de leurs forces.
Outre ces 125 000 morts, l'armée française a perdu 1 800 000 prisonniers.
Faut-il quitter le sol français ?
Reynaud et De Gaulle évoquent la possibilité de se retrancher dans le « réduit breton », en attendant peut-être une évacuation vers la Grande-Bretagne. Mais il n'existe aucun moyen de mettre en œuvre cette solution utopique. Rejoindre l'Empire pour y continuer la lutte n'apparaît pas plus réaliste : le général Noguès, commandant en chef en Afrique du Nord, a fait savoir à Weygand qu'il n'a pas les moyens de défendre le territoire en cas d'attaque italo-allemande : il manque à la fois d'hommes, d'approvisionnement et de matériel. Par ailleurs, comment y convoyer des troupes, depuis la métropole, quand l'armée est complètement désorganisée et que les Allemands sont déjà dans la vallée du Rhône ?
Un ordre de De Gaulle montre que l'homme du 18 juin n'a pas pris, ou ne veut pas prendre, la mesure de la situation : le 12 juin, en pleine débâcle, il ordonne en effet à la marine d'étudier un plan de transport de 900 000 hommes et de 100 000 tonnes de matériel à effectuer vers l'Afrique du nord dans un délai de 45 jours ! « L'armistice n'eût pas été signé que les Allemands eussent été à Bordeaux le 25 juin ». observe le colonel Argoud dans son livre La Décadence, l'imposture, la tragédie(4).
En fin de compte, deux attitudes s'opposent : d'une part, celle de Pétain, pour lequel il n'est pas question de quitter le sol français, comme il le déclare le 13 juin en Conseil des ministres : « Le devoir du Gouvernement est, quoi qu'il arrive, de rester dans le pays sous peine de n'être plus reconnu pour tel. Priver la France de ses défenseurs naturels dans une période de désarroi général, c'est la livrer à l'ennemi. C'est tuer l'âme de la France, c'est par conséquent rendre impossible sa renaissance. (...) Ainsi la question qui se pose en ce moment n'est pas de savoir si le Gouvernement demande l'armistice, mais s'il accepte de quitter le sol métropolitain. »
À cette question, De Gaulle, au contraire de Pétain, répond par l'affirmative : « Cette guerre est une guerre mondiale », dit-il. Elle doit donc être poursuivie, s'il le faut, depuis un sol étranger. Avec Pétain et avec De Gaulle, la France a deux cordes à son arc. C'est la thèse du glaive et du bouclier, que le second expliquera lui-même, plus tard, au colonel Rémy, résistant de la première heure. Malheureusement, dès juin 1940, le glaive commence à frapper le bouclier. Le 26, De Gaulle déclare depuis Londres : « Cet armistice est déshonorant. Les deux tiers du territoire livrés à l'occupation de l'ennemi, et de quel ennemi ! Notre armée tout entière démobilisée. Nos officiers et nos soldats prisonniers, maintenus en captivité. Notre flotte, nos avions, nos chars, nos armes, à livrer intacts, pour que l'adversaire puisse s'en servir contre nos propres alliés. La Patrie, le gouvernement, vous-même, réduits à la servitude. »
Une interprétation manichéenne
Ces reproches ne sont pas fondés : l'aviation et la flotte ne seront pas livrées, ce qui respecte le vœu de Churchill(5) ; une armée de 100 000 hommes est maintenue en métropole ; l'Empire n'est pas occupé, et Weygand reconstituera en AFN, sous l'autorité de Pétain, l'armée d'Afrique, qui fournira plus tard le gros des forces de la France libre ; la France conservera une zone libre jusqu'en 1942 et sera administrée par un gouvernement qui fera tampon entre les Français et l'envahisseur, au lieu d'être administrée par un gauleiter.
Avec le recul, l'armistice apparaît comme une énorme erreur commise par Hitler, erreur qui ne s'explique que par la conviction du chancelier allemand que l'Angleterre déposerait les armes. La conclusion appartient à Raymond Aron : « L'interprétation manichéenne de l'armistice, affirmée dès les premiers jours et maintenue contre vents et marées, relève de la légende ou de la chanson de geste. Ni les magistrats, à la Libération, ni la masse des Français n'ont souscrit à cette vision épique. L'appel du 18 juin conserve sa signification morale et politique, mais les discours qui suivirent immédiatement l'appel relevaient déjà d'un chef de parti, et non d'un porte-parole du pays bâillonné. »(6)
Jean-Pierre Nomen monde et vie. 26 juin 2010
1. Général Le Groignec, Le Maréchal et la France, nouvelles éditions latines, 1994.
2. Antoine de Saint-Exupéry, Pilote de guerre, Gallimard, 1942.
3. Paul Reynaud sera cependant le premier à prononcer le mot d'armistice ...
4. Cité in Antoine Argoud, La Décadence, l'imposture et la tragédie, Fayard, 1974.
5. « On se souviendra que nous avons déclaré au Gouvernement français que nous ne lui adresserions aucun reproche, s'il venait à négocier une paix séparée dans les tristes circonstances de juin 1940, à condition qu'il mette sa flotte hors d'atteinte des Allemands. » (discours aux Communes, 28 septembre 1944). En dépit de l'agression de Mers-el-Kébir, les Français respecteront cette condition en sabordant la flotte à Toulon en 1942.
6. Raymond Aron, Mémoires, cité in Jacques Le Groignec, Le Maréchal et la France.