Selon le rabbin David Dalin
Rabbin à New York, David Dalin est "spécialiste de l'histoire juive américaine et des relations juives et chrétiennes". Son livre, "Pie XII et les juifs, le mythe du Pape d'Hitler", est une réhabilitation de la mémoire de ce Pape, victime d'une cabale dirigée plus généralement contre l'Église catholique (1).
Dans la préface du livre, le Père Pierre Blet (2) rappelle que "les trois quarts de la population juive de France et quelque 85% des enfants juifs furent soustraits à la déportation nazie par le concours de nombreux prêtres, religieux et religieuses catholiques, de pasteurs et laïcs protestants, et en bien des cas avec la complicité des fonctionnaires du gouvernement".
Pour Dalin, la campagne de propagande contre Pie XII commence au lendemain de la guerre véhiculée par les communistes qui en veulent au souverain pontife en raison de son opposition déterminée à leur idéologie. Elle se développe à partir de 1963 avec la pièce "Le Vicaire", de Roff Hochhuth, un jeune écrivain allemand de gauche, par ailleurs ancien membre des Jeunesses Hitlériennes.
Il existe pourtant de nombreux témoignages de juifs pour prouver Pie XII innocent des accusations portées contre lui. Pinchas Lapide, ancien consul d'Israël à Milan, en a collecté de nombreux. Dans son livre "Three Popes and the Jews" (3), il écrit que le rôle de Pie XII "a été déterminant pour sauver au minimum 700.000, si ce n'est 860.000 juifs, d'une mort certaine aux mains des nazis".
Historien juif hongrois, Jeno Levai, prenant en compte l'expérience de ses coreligionnaires dans son pays, déclare : "... en automne et en hiver 1944, il n'y avait pratiquement plus d'institutions catholiques à Budapest qui n'aient servi de refuge à des juifs persécutés".
Michael Tagliacozzo, rescapé de la rafle nazie de 1943, pendant l'occupation de Rome, dit de Pie XII : "Ce Pape a été le seul à intervenir pour empêcher la déportation de juifs, le 16 octobre 1943, et il a fait énormément pour cacher et sauver des milliers d'entre nous".
D'autres que des juifs témoignent. Sir Martin Gilbert, biographe officiel de Winston Churchill, dit que Pie XII fut l'un des premiers à condamner publiquement les atrocités nazies par la voix de Radio Vatican. Il insiste : "Des centaines de milliers de juifs ont été sauvés par l'Église catholique, sous la conduite et avec le soutien du Pape Pie XII... Le Pape lui-même (...) donna personnellement l'ordre, la veille de la déportation des juifs de Rome, d'ouvrir les sanctuaires de la Cité du Vatican à tous les juifs qui pourraient y parvenir (...) Grâce à ces instructions, qui furent suivies d'une réponse rapide du clergé catholique, sur les 6.800 juifs de Rome, 1.015 seulement furent déportés (...) Cette action du Pape sauva plus de 4.500 vies..."
Même l'accusation d'avoir gardé le silence face aux atrocités nazies tombe. Pendant les années 30, la presse nazie, rapporte Dalin, traitait le cardinal Pacelli, futur Pie XII, d'"ami des juifs". Le 28 octobre 1939, évoquant son encyclique, le "New York Times" titrait : "Le Pape condamne les dictatures, le racisme et ceux qui violent les traités". Le "London Times" du 1er octobre 1942 écrivait que les paroles prononcées par Pie XII "ne laissent aucune place au doute. Il condamne le culte de la force, et sa concrétisation dans la privation de liberté des peuples et la persécution de la race juive".
A ceux qui estiment ces propos insuffisants, Dalin réplique : "Il fallait que le Pape pèse ses mots afin de ne pas mettre en danger la vie des milliers de juifs cachés dans le Vatican..."
Parlant de la conduite de Pie XII face à l'ignoble, on s'étonne, après son courageux engagement pour sauver le plus possible de juifs de l'extermination, du peu de mobilisation de la majorité des membres de cette communauté, quand leur sauveur est calomnié.
Car, soyons honnêtes, pour un homme comme le rabbin David Dalin, combien de juifs se taisent, participant à un complot du silence contre celui qui a tant fait pour eux ou leurs parents. On comprend le devoir de mémoire de certains à géométrie variable. Pas chez Dalin, qui, à son tour mérite, le titre de "juste".
Jean Isnard
Source : Recherche sur le terrorisme.
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Notes :
(1) "Pie XII et les juifs, le mythe du Pape d'Hitler", par David Dalin, aux éditions Tempora. Prix : 19,90 €, 240 pages, dépôt légal juin 2007, pour la traduction en français.
(2) Le Père Pierre Blet, historien, a été désigné par Jean-Paul II comme le plus grand expert dans les affaires concernant le Saint-Siège pendant la Seconde Guerre mondiale.
(3) Publié en 1967.
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