À la fin du XVIIIe siècle, l'intérieur de l'Afrique est encore largement inexploré par les Européens et ses royaumes vivent plus ou moins à l'écart du monde extérieur.
Pourtant, un siècle plus tard, presque l'ensemble du continent fera partie des empires occidentaux.
Notre animation multimédia présente successivement les changements en Afrique sahélienne puis en Afrique australe.
En 1780, les royaumes connus grâce au commerce se situent le long du Sahel d'une part, et sur la côte d'autre part : ces régions d'où viennent les esclaves noirs restent pourtant inexplorées. Le premier Européen à y pénétrer est l'Écossais Mungo Park dès 1795.
Puis le Français René Caillié poursuit son œuvre en parvenant à atteindre Tombouctou, qui gardait une aura mystérieuse pour les Européens depuis l'époque de l'empire du Mali. Pendant ce temps, l'Écossais Hugh Clapperton découvre le lac Tchad et les régions en aval du fleuve Niger.
Quant à l'Éthiopie et à l'actuel Soudan, ces régions sont connues depuis plus longtemps grâce aux liens avec le Nil et la mer Rouge.
Le début du XIXe siècle est marqué par deux événements majeurs : il s'agit d'abord de l'affaiblissement de l'empire ottoman en Afrique. A l'est, l'Égypte de Méhémet Ali acquiert une autonomie de fait et se modernise rapidement. Elle s'étendra vers le Soudan après 1820, formant un véritable empire.
D'autre part, l'Afrique de l'ouest est marquée par la prise de pouvoir des Peuls. Les Peuls sont un ancien peuple d'éleveurs nomades venus des bords du Sénégal, qui ont migré dans les siècles précédents jusque dans l'actuel Cameroun.
Au début du XIXe siècle, ils tentent de redonner de la vigueur à un islam moribond par le biais de djihad, et s'emparent notamment du pays Haoussa et de l'ancienne région du Mali. Ils y fondent respectivement le califat de Sokoto et l'État du Macina. D'autres Peuls, les Toucouleurs, s'empareront du Macina et formeront un empire après 1850.
Parallèlement, l'emprise des Européens s'affermit : les Français concentrent leur attention sur le fleuve Sénégal, tandis que les Anglais préfèrent la côte de l'or au sud. Ces derniers abolissent l'esclavage en 1833, mais il faudra du temps pour que les pratiques cessent dans les faits.
Enfin, en 1854, certains esclaves libérés aux États-Unis reviennent sur le continent africain et fondent le Libéria.
Afrique australe : le temps des troubles
Voyons maintenant l'évolution parallèle des choses en Afrique centrale et australe, au XIXe siècle.
En 1795, la France révolutionnaire a envahi les Pays-Bas : les Britanniques débarquent dans la colonie du Cap pour qu'elle ne tombe pas entre les mains des Français, et ils la conservent pour eux-mêmes.
Aussitôt, une nouvelle phase s'amorce dans la colonisation : si les Khoisans n'avaient opposé aucune résistance aux Européens, il n'en va pas de même des Bantous qui leur rendent la progression plus difficile. Cela crée des mouvements de peuples vers l'est, qui amènent certains royaumes bantous à se militariser fortement pour s'en protéger : ainsi naît le royaume des Zoulous, dirigé par Chaka (en anglais, Shaka). Les raids dévastateurs des Zoulous dépeuplent les alentours et provoquent eux-mêmes des fuites de populations : cette époque est appelée le «temps des troubles», et connue sous le nom de Mfecane.
Plusieurs autres royaumes militaristes se créent dans la région sur le modèle des Zoulous, dont l'un formera l'actuel Swaziland. Le peuple Sotho quant à lui est protégé par les montagnes du Drakensberg, et leur royaume parvient à résister aux attaques, jusqu'à devenir l'actuel Lesotho.
À la même époque, sur l'île de Madagascar, une ethnie malgache, les Merina, entame l'expansion de son royaume. Grâce à l'acquisition d'armes à feu auprès des Européens, le royaume Merina domine une grande partie de l'île dès 1830.
Pendant ce temps, les troubles augmentent en Afrique du sud. La société blanche s'y est divisée en deux, entre les anciens colons hollandais appelés les Boers, et les Anglais nouvellement débarqués.
L'abolition de l'esclavage en 1833 révolte les Boers, qui possèdent beaucoup d'esclaves : c'est ce qui les pousse à entamer une migration majeure vers le nord-est, appelée le «Grand Trek». Sous la pression, les peuples bantous poursuivent leur expansion vers le nord : certains s'installeront même jusque sur les rives du lac Malawi, tandis que d'autres mettent fin au Butua.
En 1852 et 1854, les Boers fondent le Transvaal et l'État Libre d'Orange. Les Britanniques quant à eux débarquent au Natal pour éviter que les Boers ne s'en emparent. Quant aux Portugais, ce n'est qu'avec difficulté qu'ils résistent aux royaumes bantous militarisés.
C'est précisément pendant ces vingt années que les Européens prennent connaissance de l'intérieur de l'Afrique Australe, notamment par le biais d'un missionnaire écossais célèbre : Livingstone. Militant contre l'esclavage qui perdure, Livingstone explorera à lui tout seul une grande partie de l'Afrique Australe.
N'ayant plus de nouvelles de lui, les Britanniques dépêchent le journaliste Stanley pour le retrouver en 1870 : la rencontre demeurée célèbre se fait sur les bords du lac Tanganyika. Par la suite, Stanley poursuivra l'exploration de l'Afrique Centrale en descendant le fleuve Congo pour le compte du roi des Belges. Mais il s'agit déjà d'une guerre de conquête : la colonisation de l'intérieur de l'Afrique vient de commencer.
En l'espace d'une seule décennie, le paysage politique de l'Afrique va connaître une véritable révolution sous l'action des Européens : l'Afrique précoloniale touche à sa fin.
Vincent Boqueho http://www.herodote.net
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