dimanche 29 mars 2009

23 janvier 1946 : quel bonheur d'avoir un ministre communiste

Jean-Claude Gayssot, l'un des ministres communistes de Jospin, a assassiné la liberté d'expression en France par sa loi terroriste décrétant que certains sujets seraient désormais tabous dans notre pays - ce qui laisse pantois, si j'en crois leurs confidences faites en privé, nombre d'intellectuels étrangers connus pour leur francophilie ... Gayssot est qualifié de « vieux gamin espiègle » dans un grand article complaisant qui lui a été consacré dans Le Monde. Rien d'étonnant quand on sait quelle dérive gauchiste accélérée a connue ce journal depuis quelques années. Avec cette inimitable hypocrisie héritée de la démocratie chrétienne, « cette manière torve, esquivante, sournoise de tromper le lecteur » que décrit si bien Jean Madiran dans son tonique petit livre Le Monde et ses faux.
Passé maître dans l'art d'endormir le bourgeois, Gayssot est l'héritier direct d'une autre belle figure du communisme, le sieur Marcel Paul. Celui-ci fut en effet lui aussi ministre. Cinq ministres communistes, dont Maurice Thorez, figuraient dans le gouvernement constitué par de Gaulle en novembre 1945. Marcel Paul avait reçu le portefeuille de la production industrielle. Belle promotion pour cet apparatchik besogneux mais prêt à tout comme l'a montré son parcours, qui a laissé d'amers souvenirs à ceux qui l'ont côtoyé.
Marcel Paul a donné tous les gages de bonne conduite à l'appareil stalinien, dès 1929. Cette année-là il est secrétaire du Syndicat des électriciens (l'une des courroies de transmission syndicales des communistes). Alors qu'en Allemagne les ministres socialistes Severing et Zoergiebel ont noyé dans le sang une insurrection communiste, les dirigeants de l'Internationale communiste lancent un appel « aux prolétaires d'Europe » : « Le jour du 1er août, conquérez la rue pour la classe ouvrière ( ... ) contre la social-démocratie internationale, organisation d'assassins d'ouvriers ! » En France, la préparation de cette journée «chaude» a lieu lors d'une réunion clandestine des dirigeants du PC le 21 juillet mais le gouvernement Tardieu n'est pas du genre à se laisser faire et un vaste coup de filet policier met hors circuit 95 cadres du PC, dont Marcel Paul.
Responsable zélé, Marcel Paul applique sans état d'âme les consignes, toutes les consignes du parti. y compris lorsqu'il s'agit de saper, en 1939/1940, le moral d'une armée française qui a le tort d'être en guerre contre une Allemagne liée par pacte à l'URSS... seule et unique «patrie» de tout communiste conséquent. Ce «patriotisme» idéologique explique que Marcel Paul, arrêté par la police française puis déporté par les Allemands en 1941 à Buchenwald, y trouve un accueil amical de la part des communistes allemands qui, internés depuis huit ans, ont créé un réseau qui contrôle l'encadrement administratif du camp - les autorités allemandes fermant les yeux sur ce système qui les arrange. Marcel Paul reçoit une place de choix dans cette organisation, en tant qu'« homme de confiance » au bureau des statistiques et des transports. Au bénéfice des communistes mais au détriment des autres détenus, dont certains, comme le professeur Charles Richet, portèrent contre lui après guerre les plus graves accusations.
Devenu ministre, Marcel Paul continue à appliquer le système de copinage cher aux communistes : le 23 janvier 1946, on apprend à Paris qu'il dispose de pas moins de 136 attachés de cabinet, auxquels s'ajoutent 48 chargés de mission. De quoi entretenir grassement aux frais d'une généreuse République nombre d'agitateurs professionnels. Vous avez dit 1946 ? ...
PV National Hebdo du 22 au 28 janvier 1998

lundi 23 mars 2009

5 janvier 1930 : le génocide ukrainien (complément)

Stéphane Courtois, en dirigeant la rédaction et la publication du Livre noir du communisme, a eu le courage d'apporter une pièce essentielle au lourd dossier des crimes communistes. Il s'est fait ainsi - c'est tout à son honneur - beaucoup d'ennemis. Car il ose braver ouvertement certains tabous. En particulier celui qui prétend interdire d'appliquer le terme de génocide à tout autre peuple que le peuple juif. Or, le communisme a bel et bien mis en œuvre sa volonté d'extermination contre les peuples e qui osaient refuser sa dictature. C'est le sort qu'ont connu les Ukrainiens.
Courtois parle de « la terreur qui fut au fondement des régimes communistes ». Il reprend ainsi à son compte une formule qu'utilisait déjà, en 1920, au congrès de Tours, Léon Blum lorsque le leader socialiste, ayant analysé les diktats de l'Internationale communiste, disait aux futurs fondateurs du parti communiste français : « Vous concevez le terrorisme comme moyen de gouvernement. »
Ce terrorisme a été appliqué partout et toujours dans les pays tombés sous le joug communiste. C'est ce qu 'apprennent aux historiens les documents rendus accessibles par la chute de l'URSS. Courtois explique : « L'effondrement du communisme européen entre 1989 et 1991 a définitivement confirmé la faillite d'un système qui prétendait offrir à l'humanité la solution aux problèmes qu'elle affronte. En outre, l'ouverture, même partielle, des archives soviétiques et de l'Europe de l'Est a permis d'avancer dans l'exploration des aspects les moins connus de l'histoire du communisme et qui en constituent pourtant l'une des dimensions fondamentales : la terreur, la répression, les crimes de masse. »
Ces crimes de masse ont été envisagés avec sérénité par certains chefs communistes dès le début : en août 1917. Dzerjinski, futur chef de la Tchéka, affirme que la réalisation du programme communiste devra passer par « l'extermination de certaines classes de la société ». S'il le faut, c'est tout un peuple qui sera visé. C'est ce qui s'est produit, dans les années 30, avec les Ukrainiens.
Le 5 janvier 1930, le comité central du PC soviétique décide d'accélérer la collectivisation agricole en Ukraine. L'Ukraine, par les richesses de son sol et de son sous-sol, par son climat, par ses débouchés maritimes, par l'étendue de son territoire (610 000 km²) est une pièce maîtresse de l'URSS. Mais les Ukrainiens, fiers d'une longue histoire qu'on peut remonter jusqu'au IXe siècle, affirment volontiers une identité nationale forte, en particulier sur le plan culturel. Ce phénomène, source d'un très vieux contentieux entre Russes et Ukrainiens, inquiète les autorités communistes. C'est pourquoi une chasse aux sorcières est organisée à partir de 1930. Le Guépéou découvre ainsi une organisation de "conspirateurs", la "Ligue pour la libération de l'Ukraine". Suit un procès spectaculaire avec dénonciations, suicides et aveux "spontanés ", longue série de condamnations à mort. Scénario classique ... En 1931, nouvelle opération contre le "Centre national" puis, en 1932, contre une "Organisation militaire ukrainienne", dont les membres se recrutent en majeure partie dans l'Armée rouge et les associations de jeunesse.
Mais ce sont surtout les paysans qui sont visés. Des contingents de l'Armée rouge, appuyés par la Milice, s'emparent de vive force des terres dont les propriétaires refusent de s'intégrer dans les kolkhozes. Exaspéré par la résistance des paysans, le Kremlin interdit la fabrication du pain. Les moissons sont réquisitionnées et expédiées à Moscou. Les villages sont rasés, leurs habitants déportés. Traditionnel grenier à blé, l'Ukraine connaît maintenant la famine. Suicides et cas de cannibalisme se multiplient. Entre 1931 et 1933, au moins 2,5 millions d'Ukrainiens sont morts de faim, 1,2 million d'hommes, de femmes et d'enfants ont été massacré, plus de 4 millions ont fait le voyage sans retour vers la Sibérie. C'est, au bas mot, 7 millions de personnes qui ont payé le tribut du peuple ukrainien au paradis communiste.
P V National Hebdo du 1 au 7 janvier 1998

samedi 21 mars 2009

1er septembre 1795 : patrimoine et vandalisme

En ouvrant au public, le 1er septembre 1795, le Musée des monuments français dont il avait la charge, Alexandre Lenoir entendait faire prendre conscience à ses compatriotes de la richesse extraordinaire que constitue leur patrimoine national. C'était là œuvre de salut public, car il fallait sauver ce qui pouvait encore l'être, après la vague de vandalisme qui a marqué les premières années de la Révolution.
Le mot vandalisme est utilisé pour la première fois par l'abbé Grégoire, le 14 fructidor an III (31 août 1794) à propos de la nécessaire protection des inscriptions romaines de la Gaule, martelées parce qu'écrites dans cette langue d'obscurantisme qu'est le latin ... il dit : « On ne peut inspirer aux citoyens trop d'honneur pour ce vandalisme - qui ne connaît que la destruction. » Il est vrai qu'au nom des Lumières, de la raison et de la nécessité de faire du passé table rase, les casseurs ont pu s'en donner à cœur joie. Effacement systématique des signes de la royauté sur les monuments, les meubles, les tapisseries, les objets, destruction des statues royales de la galerie des rois à Notre-Dame, pillage du mobilier de Versailles, saccage des Tuileries, démembrement ou destruction des châteaux de Marly, Meudon, Bellevue, Louveciennes, Saint-Germain, Choisy-le-Roi... Par ailleurs sont visés tous les témoignages d'un ordre féodal et d'un catholicisme honnis : chartes et terriers brûlés, sépultures violées, statues, gisants, portraits de famille détruits, châteaux incendiés, monastères démolis, églises saccagées, cloches, châsses et objets du culte fondus ... La description est longue de cette « catastrophe culturelle qu'a été la Révolution » (Jean Tulard).
La destruction la plus emblématique est sans doute celle qui a visé l'abbaye de Saint-Denis. Nécropole royale depuis 638, abritant l'étendard de guerre des rois de France (un drapeau rouge appelé «oriflamme», dont le symbolisme remonte à l'époque préchrétienne), Saint-Denis avait toutes raisons d'être spécialement visée : le 1er août 1793, la Convention décréta que les tombeaux des « ci-devant rois » devant être détruits. On défonça les cercueils et on jeta les ossements dans une grande fosse. Mais statues et gisants furent sauvés grâce à l'intervention d'Alexandre Lenoir, à ses risques et périls. La restauration des sépultures royales devait être ordonnée par Napoléon en 1806.
Par sa courageuse intervention, Lenoir avait démontré que tous les révolutionnaires n'étaient pas des obscurantistes. Il obtint même, grâce à l'appui de Bailly, que fussent réunis les objets d'art provenant des biens nationaux (ceux qui avaient pu être sauvés... ) et ce dépôt unique fut installé dans le couvent des Petits-Augustins, au 16 de la rue du même nom. Lenoir devait rester, pendant une trentaine d'années, l'administrateur de ce Musée des monuments français dont il avait été le père spirituel. Le patrimoine lui doit beaucoup. Son nom mérite donc d'être rappelé, aujourd'hui où les ministres de la Cultures successifs (Trautmann continuant fidèlement Douste-Blazy) sont, de fait, les pires ennemis du patrimoine et en font la démonstration permanente.
P V National Hebdo du 28 août au 3 septembre 1997

mercredi 18 mars 2009

6 novembre 1792 : les fausses gloires

Sur l'Arc de triomphe figure le nom de Dumouriez. Bel exemple d'une gloire usurpée.
Le personnage fut en effet un triste sire. Né Charles-François du Périer, à Cambrai, en 1739, celui qui se faisait appeler Dumouriez s'engagea comme volontaire à dix-huit ans. Réformé en 1763 avec le grade de capitaine et la croix de Saint-Louis, il décide de se vendre au plus offrant, en proposant ses services à la République de Gênes puis à ses sujets corses en révolte contre elle. Ni les uns ni les autres ne veulent du personnage et il doit faire appel à la protection de la famille Du Barry, bien en cours comme l'on sait, pour obtenir une mission auprès des cours de Madrid et de Lisbonne. L'homme a le goût de l'intrigue et les missions diplomatiques qu'il effectue ensuite en Pologne et en Suède sont celles d'un agent secret. Pour ce travail, il reçoit des fonds importants, dont il détourne une bonne partie pour son usage personnel. Ce qui lui vaut de se retrouver à la Bastille. Libéré grâce à l'avènement de Louis XVI, son entregent et ses utiles relations (il est franc-maçon) lui permettent de se retrouver maréchal de camp, chargé des travaux du port de Cherbourg. Poste offrant de juteuses opérations, grâce auxquelles Dumouriez peut satisfaire sa passion du jeu dans les tripots.
Quand arrive la Révolution Dumouriez y voit l'occasion de nouveaux profits et il se lance à corps perdu dans la politique, en essayant de se faire élire aux Etats généraux. En vain. Mais cela permet de nouer d'utiles relations : La Fayette, Mirabeau et Armand Gensonné, l'un des futurs chefs des Girondins. Dumouriez se montre au club des Jacobins. Tout cela aboutit : promu lieutenant générai en février 1792 il devient dès le 15 mars suivant ministre des Affaires étrangères à la place de son ancien condisciple de Lessart qui lui avait pourtant payé ses dettes de jeu et dont il a dénoncé les manœuvres diplomatiques suspectes auprès de Brissot, farouche partisan de la guerre.
Cette guerre, Dumouriez la déclare à l'Autriche et prend le commandement en chef des armées du Nord et des Ardennes. La 20 septembre 1792, c'est la bataille de Valmy. Cette bataille est essentiellement un échange de canonnade, qui ne fait qu'environ trois cents morts chez les Prussiens et deux cents chez les Français, à l'issue de laquelle les forces prussiennes, dont la réputation n'est pourtant plus à faire, se retirent en bon ordre. La commune appartenance à la franc-maçonnerie du chef prussien Brunswick et des chefs français Dumouriez et Kellermann explique peut-être beaucoup de choses.
Le 6 novembre Dumouriez est à nouveau vainqueur à Jemmapes. Non sans mal, malgré son énorme supériorité numérique (40 000 Français contre 14 000 Autrichiens) et après de grosses fautes stratégiques et tactiques. Défait par les Autrichiens en 1793 à Neerwinden, devenu suspect à la Convention, Dumouriez passe à l'ennemi en livrant aux Autrichiens le ministre de la Guerre Beurnonville et quatre représentants en mission venus lui demander des comptes. Ses troupes, qu'il a voulu entraîner dans sa désertion, ont refusé de le suivre.
Chassé de partout, errant à travers l'Europe, Dumouriez voit le tsar refuser les offres de service qu'il lui a faites. Finalement il obtient une bourse de l'Angleterre, s'y fixe et conseille Wellington contre la France. Les Bourbons lui ayant refusé, en 1815, l'autorisation de revenir en France, il meut oublié, en Angleterre le 14 mars 1823.
P V National Hebdo du 6 au 12 novembre 1997

lundi 16 mars 2009

Affaire Papon, l'orchestre rouge

Le 15 décembre 1981, un jury d'honneur composé de personnalités éminentes et insoupçonnables, à savoir le président de la ligue des droits de l'homme, Daniel Mayer le président de la LICRA (et du B'naï B'rith de France Jean Pierre-Bloch, la résistante célébrissime, Marie-Madeleine Fourcade (chef du réseau Alliance, le révérend père Riquet et l'avocat Charles Verny, a acquitté Maurice Papon des accusations portées contre lui de « crime contre l'humanité », après huit mois d'enquête. Cela n'a pas empêché l'ancien trésorier national de l'UDR et ex-ministre du Budget du tandem Giscard d'Estaing-Barre d'être inculpé de crimes contre l'humanité le 19 janvier 1983, Et de passer en procès ces jours prochains. S'agit-il, comme se le demande le magazine Enquête sur l'Histoire, d'une « nouvelle affaire Dreyfus » ? Pour le savoir, regardons qui sont les accusateurs.
Michel Slitinsky. Le justicier amateur. « Nous, les jeunes porteurs d'étoiles jaunes, nous avons suppléé aux carences des autorités de la résistance qui ont laissé passer Papon à travers les mailles du filet. » 72 ans, ce fils de habiroux ukrainiens né le 8 février 1925 à Bordeaux d'Abraham et Esther, installés en France depuis 1912. Il passe (selon Libération, 24 septembre 1996) pour avoir fait à 16 ans (c'est-à-dire en 1941, ce qui semble étonnant) le coup de poing « contre les jeunesses doriotistes du Rassemblement national populaire » (sic). II se cache dans un placard puis sur les toits, le 19 octobre 1942, lors d'une rafle de la police française. Il rejoint les maquis communistes du Cantal, s'intègre plus tard dans la 9e DIC en Forêt noire. Après la guerre, il prend la présidence d'une association locale d'anciens combattants, l'ANACR, dont chacun sait qu'elle fut durant des lustres une des « courroies de transmission » du parti communiste (il ne quittera, en partie, le secrétariat départemental qu'en janvier 1983). Durant cinquante ans, ce Français de souche récente a accumulé des documents, dans un but précis : se venger des Français à propos de la disparition d'une partie de sa famille, omettant systématiquement de rappeler que sa propre soeur, Alice Slitinsky, figure sur les listes des habiroux que Maurice Papon fit libérer car elle était française bien que d'origine ukrainienne. « Serge Klarsfeld et moi-même avons des options différentes. Lui, il cherche les nationaux-socialistes, mois je cherche les Français » (dépêche AFP, 24 janvier 1997). Pour lui, tous sont coupables peu ou prou, puisqu'il n'admet pas les critiques de son travail qui pourtant, sont venues essentiellement « des milieux de la résistance ». En effet, ces gens ne sont pas compétents : « Il y en a eu tellement qui ont mis deux fers au feu et sont devenus résistants en août 44. Ils ont voulu se racheter, c'est humain », admet-il quand même. A son propos, le président girondin de l'Union des déportés et combattants volontaires de la Résistance, Marc Ballot, déclare : « Il n'écrit pas l'histoire, mais cherche à faire des histoires. » Pour lui, si l'on en croit le quotidien socialiste Le Matin (1er juin 1983), Slitinsky est un « faiseur d'embrouilles » : « A ses yeux, Papon est un lampiste et Slitinsky quasiment un imposteur. Au moment où la justice commence à s'occuper de l'ancien ministre, Ballot a d'ailleurs constitué un dossier, sur Slitinsky, dans le dessein de prouver que ces titres de Résistance étaient usurpés. » A ce moment, significativement, le président régional de la LICRA, Léon Levy, se garde bien de prendre position, alors même que son père fut déporté dans un convoi où Papon est impliqué : « S'il n'y avait pas eu Papon, il y en aurait eu un autre à sa place, en pire ou en mieux. »
Slitinsky aura accès, dans des conditions de confidentialité totalement non respectées et en dépit de la législation officielle, aux archives nominatives. Il affirme avoir acheté au miraculeux marché aux puces Saint-Michel de Bordeaux, en 1980, un organigramme de la préfecture de police où figurait Papon comme secrétaire général chargé des questions juives. Il aurait sans doute été possible de consulter un annuaire administratif. Toujours à l'époque, notre historien amateur était, pur hasard, « correspondant occasionnel du Canard Enchaîné » (il rédige une partie des échos économiques notamment). Le dossier est transmis à l'hebdomadaire, en bisbille avec le ministre du Budget, et le numéro se vend à plus d'un million d'exemplaires. L'affaire papon est lancée.
Officiellement, Slitinsky est «apolitique». Il affirme toujours ne pas vouloir de « récupération politique ». En réalité, Slitinsky a été, durant des lustres, un militant communiste, ayant adhéré au parti stalinien au moins en 1946 : « Il faut dire que, malgré ses racines juives, Slitinsky n'a pas grand chose à voir avec les notables du Consistoire, écrit Le Matin. Il ne met quasiment jamais les pieds à la synagogue et ne participe ni de près ni de loin aux instances communautaires. Un marginal en somme. [...] Slitinsky est catalogué comme communiste. Il est vrai que l'auteur a longtemps milité au sein du PC où il conserve de nombreux amis. » En fait, après avoir réussi le concours de l'Inspection du travail, il prendra en main, à partir de la fin des années 40, l'hebdomadaire du parti communiste de Gironde. Ce n'est qu'en 1978 qu'il s'en éloignera, après la rupture de l'Union de la gauche et se refusant au « vote révolutionnaire de droite au second tour ».
Michel Cardoze. Le metteur en scène. Slitinsky, bien que rédacteur du Canard, ne paraît pas très doué pour l'écriture. C'est le journaliste communiste qui rédigera l'essentiel de L'Affaire Papon, paru en 1983. Né le 21 mai, 1942 à Bordeaux, comme par hasard, Cardoze descend d'une famille juive expulsée en 1492 du Portugal. Petit-fils du gardien du cimetière habiroux de Bordeaux, il a milité, dès 1961, à l'Union des étudiants communistes. Membre de son comité national, il sera secrétaire de sa section bordelaise de 1963 à 1965 et aura donc, d'évidence, des liens étroits avec le permanent communiste Michel Slitinsky. Permanent communiste à partir de 1965, il entre en 1970 à L'Humanité, où il est chargé du secteur politique puis culturel.
Rédacteur en chef adjoint de Révolution, l'hebdomadaire communiste, il fait partie du « contingent Juquin » embauché dans les télévisions et radios après la victoire de François Mitterrand. Michèle Cotta en fera le chef adjoint puis le chef du service société de France Inter. En 1984, il entre à TF1 comme responsable du service social et culturel. Il milite en parallèle au sein des "rénovateurs" du parti communiste, collaborant notamment à la revue M (comme Marxisme et Mouvement). Il est évidemment de toutes les pétitions anti-FN. Par la suite, il travaillera pour La Cinq puis Télé Monte Carlo.
Gilles Perrault. Le préfacier. C'est l'auteur de L'orchestre rouge qui préfacera L'Affaire Papon. Né le 9 mars 1931 à Paris, ce fils d'une député MRP a été avocat, puis journaliste avant d'opter pour une carrière d'écrivain. Spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, il a eu un itinéraire politique assez sinueux. Il aurait notamment milité dans sa jeunesse aux Jeunesses communistes, avant de rejoindre (d'infiltrer ?) le parti socialiste de 1973 à 1977, pour finalement retourner au parti communiste de 1977 à 1981. Délégué de la fédération de la Manche au XXII le Congrès du PCF, il collaborera également à la revue M, soutiendra le "rénovateur" Henri Fiszbin, présidera également le comité de soutien à Olivier Stirn (!) puis intégrera, en 1988, l'état-major de campagne de Pierre Juquin, soutenu par l'extrême gauche française. Pétitionnaire infatigable et membre de multiples associations d'extrême gauche, il fera un bout de chemin avec la Ligue communiste révolutionnaire, étant notamment le principal animateur (jusqu'à l'année dernière) de l'organisation Ras l'Front. On se souviendra aussi qu'il fut l'un des principaux soutiens du kapo communiste Georges Boudarel, recyclé comme professeur à l'université de Jussieu. Comme l'a raconté Emmanuel Ratier dans son Encyclopédie politique française, il a même participé à un film de propagande soviétique à la gloire du KGB, les services secrets soviétiques. Il déclarait alors : « Beaucoup de gens attribuent au KGB la création du goulag, son fonctionnement. Alors qu'en tant que service de renseignement, je crois que le KGB peut tout à fait être comparé à d'autres services. [...] Il me semble que la CIA est beaucoup plus dangereuse pour les gens parce qu'elle est beaucoup plus difficile a contrôler. [...] Il est bien connu que la CIA a essayé d'assassiner des dirigeants d'Etats étrangers. En revanche, personne ne peut reprocher au KGB d'avoir participé, hier ou aujourd'hui, à des actions de ce type. »
Gérard Boulenger. L'avocat. C'est avec lui que Slitinsky a organisé ses premiers dossiers juridiques, avant que Serge Klarsfeld ne s'en occupe. Cet avocat sera l'un des seuls à le soutenir à Bordeaux, alors même que nombre d'anciens résistants ne veulent rien entendre de cette affaire qui leur parait être un règlement de comptes politique. Né le 14 octobre 1948 à Saint-Pair-sur-Mer, il a prêté serment en 1977. Entré au Syndicat des avocats de France la même année, il a rapidement monté dans son appareil, étant membre de son bureau et de son conseil syndical de 1978 à 1981 et devenant, en 1985, président national du SAF (syndicat créé en 1973 dans la mouvance du programme commun d'union de la gauche). Dans le même temps, il préside la section de la Ligue des droits de l'homme à Bordeaux, préside sa fédération girondine et appartient à son comité central. Accessoirement, il milite au parti socialiste, dont il sera, à plusieurs reprises, candidat dans la région bordelaise.
Gabriel LINDON National Hebdo du 2 au 8 octobre 1997

dimanche 15 mars 2009

Mythologie du code Napoléon

Mythologie du code Napoléon
de
Xavier Martin

Editions Dominique Martin Morin

L'auteur :

Xavier Martin, professeur des universités, enseigne l'histoire du droit, l'histoire des idées politiques, la philosophie du droit. Plusieurs de ses nombreuses études sur certains des fondements doctrinaux méconnus de la révolution française et du code civil de 1804 ont été traduites en italien, en japonais, en espagnol ou en anglais.

L'ouvrage :

Le Code civil français, à son état naissant de « Code Napoléon » (1804 et alentour), est sujet, après coup, à deux types de méprise.

On peut penser d'abord, qu'il n'est qu'une affaire de technique juridique, donc de spécialistes. Or la classe politique qui l'a élaboré, au lendemain du séisme révolutionnaire, a vu là beaucoup plus. Elle a vu en lui un instrument déterminant de définitive restructuration sociopolitique de l'État français. Au fondement de ce Code, on a donc une idée directrice impliquant, en dernière analyse, tous les aspects de la vie humaine individuelle et collective. Les vrais ressorts de l'entreprise, en conséquence, sont culturels et ils se rattachent à une ample histoire des mentalités.

On a pensé ensuite, et l'on enseigne encore, que les auteurs du Code civil ont eu de la nature humaine une vision très haute et très « spiritualiste ». La réalité apparaît différente. Ils héritent des Lumières une image appauvrie de la nature humaine (tendances mécanistes et matérialistes). Et il se trouve que cette image est de surcroît très assombrie par l'expérience traumatisante des années difficiles de la Révolution, que voulait clore, précisément, le Code civil, en irriguant d'une énergique autorité toutes les veinules du corps social.

Il y a donc sur ces deux points, et spécialement quant au second, une réelle mythologie du Code civil, dont le présent ouvrage, abondamment nourri, durant de longues années, aux sources de l'époque, a voulu proposer une élucidation.

samedi 14 mars 2009

Climats : ces idéologues qui font la pluie et le beau temps

A l'occasion du sommet sur l'effet de serre de Kyoto, les médias brodent sur un scénario catastrophe : les émissions de gaz dues à l'activité humaine provoqueraient d'ici à quelques dizaines d'années un réchauffement de l'atmosphère tel qu'il provoquerait la fonte des pôles, le relèvement du niveau des mers, donc la disparition de certaines terres aujourd'hui émergées, et en fin de compte un dérèglement général du climat. Pour éviter cette apocalypse, on préconise de réduire l'émission de certains gaz, donc de modifier la croissance et la production : un gigantesque enjeu économique et politique, tant pour le tiers monde que pour les pays développés. Mais comment peut-on être sûr du climat dans cent ans, alors que les météorologues ne prédisent pas le temps à trois jours ? En d'autres termes, ce scénario catastrophe est-il une certitude scientifique ou une hypothèse politique orientée ?

Avant de paniquer, il serait bon de savoir à partir de quoi un tel scénario est formulé. En bref, qu'est-ce que la climatologie ? Si l'on s'en tient à la définition du Larousse, il s'agit de l'étude scientifique des climats, qui sont l'ensemble des phénomènes météorologiques, (température, pression, vent, précipitations), qui caractérisent l'état moyen de l'atmosphère et son évolution en un lieu donné. Pour être plus précis, la climatologie se fonde sur des modèles, qui sont des descriptions mathématiques de phénomènes physiques, des descriptions mathématiques de la réalité qu'est le climat. Ces descriptions sont mises sous forme d'équations que des spécialistes, les climatologues, doivent intégrer et résoudre, au moyen de puissants ordinateurs. Le scénario catastrophe des climatologues est donc fondé sur des simulations informatiques réalisés à partir des modèles de circulation générale de l'atmosphère.
L'étude d'un modèle de climat nécessite d'identifier et de mettre en équation chaque flux d'énergie, de matière, de mouvement et toutes les transformations chimiques et biologiques qui peuvent agir sur le déroulement du processus climatique. Puis sont établis et comparés entre eux, un modèle de circulation générale de l'atmosphère, un modèle de circulation générale des flux océaniques, et des modèles d'évolution des biotopes (aire géographique) en réponse au changement des conditions climatiques. Les différences des modèles sont dues à la manière dont sont pris en compte les phénomènes mal connus ou complexes à introduire dans le schéma de calcul. Les plus grands écarts portent sur la modélisation des océans, la formation et la dynamique des nuages. Les interactions avec les biotopes terrestres et marins et les modèles de la circulation océanique sont sujets à incertitude.
L'ésotérisme de ces équations incompréhensibles pour le commun des mortels ne peut cependant pas masquer une évidence : comment peut-on prédire le climat sur des années, voire sur plusieurs décennies, alors que les météorologues ne peuvent pas « prévoir le temps » plus d'une dizaine de jours à l'avance ? (les prévisions météorologiques ou numériques du temps sont des prévisions à court terme, de quelques heures à sept jours, le plus souvent trois jours ; ces prévisions sont relativement stables.) Un modèle climatique est une tendance établie sur une prise en compte du «temps» beaucoup plus longue ; c'est un travail élaboré à partir d'archives climatologiques qui peuvent remonter à plus de cent ans. La climatologie se fonde donc sur des données de la météorologie. Par ailleurs, et sans rentrer dans des descriptions compliquées, il est bon de préciser la manière dont les climatologues «récoltent» leurs données : l'atmosphère est fractionnée en «cellules» de 200 à 500 kilomètres de «long», et de un kilomètre de «hauteur». Pour couvrir la Terre, elles se chiffrent donc à plusieurs centaines de milliers. La critique formulée à l'encontre de cette méthode est que les cellules ne sont pas suffisamment conséquentes en altitude pour apporter des valeurs intéressantes.
Philippe Roqueplo, sociologue au CNRS, auteur de Climats sous surveillance, limites et conditions de l'expertise scientifique, émet un doute sur la réalité du changement climatique. Il a analysé la façon dont l'expertise a transformé des recherches scientifiques incertaines en arguments politiques et pose l'hypothèse d'un consensus qui n'aurait pas forcément comme finalité la cause à priori défendue... Il rappelle l'importance de ne pas confondre expertise et science : pour un chercheur, accepter de se placer dans un processus de décision politique l'oblige à donner une réponse, alors que dans une majorité de cas, la science ne peut répondre. Le fait de devoir produire une expertise entraîne un effacement des incertitudes dans la chaîne de transmission des informations, de l'amont de la recherche, à l'aval de la décision ; à chaque étape de la recherche, l'aval cautionne l'incertitude de l'amont, et fonde sa recherche sur des résultats incertains, posés comme fiables. Pour Philippe Roqueplo, « la problématique climatique apporte un surcroît de légitimité scientifique à beaucoup de politiques qu'on cherche à faire et qu'on ne parvient pas à imposer ». En ce qui concerne l'effet de serre, c'« est un opérateur politique efficace. Sur ce point précis l'environnement fonctionne comme horizon justificateur d'une politique qui ne dit pas son nom. »
Des différences d'interprétation de 25 à 400%
Cette toute nouvelle «science» est contestable, et d'ailleurs contestée, notamment par des climatologues eux-mêmes : M.E Schlesinger et J.F.S. Mitchell, ont démontré dans une thèse l'impossibilité actuelle de créditer la précision des simulations ; ils ont aussi dénoncé l'utilisation de données mathématiques à mauvais escient, ou plutôt à bon escient pour qui cherche à démontrer scientifiquement une théorie a priori définie. L'Américain S. Weare a montré des différences d'interprétation de 25 à 400 %, selon l'intégration ou non de données dans un modèle, et son compatriote S.L Grotch a même dénoncé l'inaptitude de certains à reproduire le cycle climatique annuel actuel.
Le professeur M. Leroux, climatologue au laboratoire de géographie physique de l'Université de Lyon, expose la dynamique des climats à partir des «AMP». « Des lentilles d'air froid et donc dense de 1 000 à 3 000 km de diamètre et de l'ordre de 1 500 m d'épaisseur, baptisées Anticyclones mobiles polaires (AMP), produites à raison de 3 à 5 par semaine au voisinage des pôles ». Ces AMP se déplacent (grâce à la rotation de la Terre) des pôles vers l'équateur, déviés par les reliefs, en diminuant peu à peu. Une circulation d'air plus chaud tourne autour d'eux dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, au nord de l'équateur. Ce sont ces transports de masse et d'énergie qui sont à l'origine de l'ensemble des phénomènes météorologiques. A la différence des théories fondées à partir d'ordinateurs sophistiqués, l'étude pratique des AMP permet d'expliquer l'augmentation générale des pressions atmosphériques depuis 50 ans dans leurs zones de passage et de regroupement. L'étude de ces AMP permet aussi de comprendre le recul des pluies vers le sud dans toute l'Afrique subsaharienne, le réchauffement important de l'Alaska, les chutes de neige sur la Virginie et le déplacement des cultures au Canada ; l'augmentation des chutes de neige en Norvège responsables des inondations. On comprend alors l'augmentation de la fréquence de phénomènes exceptionnels, comme les tornades en régions tempérées et les inondations, les chutes de neige dans l'est du bassin méditerranéen, la sécheresse sur le Maghreb.
Ainsi, il vaut mieux observer les phénomènes que chercher à les synthétiser. Les fluctuations instables de la nature ne permettent pas, semble-t-il, de modélisation. Alors que le refroidissement arctique et l'intensification de la circulation atmosphérique sont observables depuis une quarantaine d'années, tous «les modèles» prévoient un réchauffement arctique et une réduction des échanges, et cela en réponse à une augmentation des gaz à effet de serre. Les variations de la nature, « responsables pour la circulation atmosphérique, du butoir ultime d'environ quinze jours pour les prévisions météorologiques, impliquent pour la circulation océanique dont les temps caractéristiques se chiffrent en saisons, années, décennies, voire siècles, l'impossibilité d'établir la moindre prévision climatique à long terme » dit le Pr Leroux.

Un système idéologique bien rodé
La climatologie semble être de nos jours un des thèmes favoris des médias ; elle est devenue au fil des années, de manière croissante, une valeur sûre pour qui veut attirer l'attention. Bien sûr, tout le monde se soucie de l'environnement, et c'est justement par ce biais qu'un «lobby climatique» s'est mis en place. Le principe de mobilisation est relativement simple : entretenir une forte demande de sécurité, afin d'en faire accepter le prix. La cause apparente doit être juste : l'environnement et la nature le sont. Difficile à réaliser, l'objectif doit être clairement compris et intégré dans l'inconscient collectif et possible à atteindre, mais au prix de réels efforts collectifs. Et surtout, il faut entretenir l'espoir et la croyance dans le progrès, et donner des réponses graduées. Pour reprendre les termes d'Yves Lenoir, « fédérateur en amont (tous les phénomènes naturels interfèrent avec le climat) et omniprésent en aval (la plupart des activités productives ont des Conséquences climatiques), le problème climatique est lourd d'un pouvoir global, ''totalisant'', sur l'avenir de nos sociétés ».
La science climatique mondialiste assied ainsi son pouvoir, comme seule détentrice de la vérité universelle, comme seule capable de bien «gérer la planète». Ce n'est pas un hasard si les plus grandes institutions climatiques sont internationales, car bien sûr, les catastrophes écologiques ne connaissent pas de frontières ; le nuage de Tchernobyl n'a-t-il pas atteint les côtes normandes ? Selon les chercheurs officiels, la planète est en grave danger, et le scénario catastrophe qu'ils ont établi a de quoi faire frémir : le deuxième rapport du GIEC, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution des climats, est très alarmiste quant à l'adaptation actuelle des systèmes à l'évolution des climats et de la température qui devrait augmenter de 1,5°C à 5°C, suivant les théories. Ce rapport prévoit une modification de la composition et de la répartition géographique de nombreux écosystèmes - c'est-à-dire de l'ensemble des êtres vivants et des éléments non vivants -, à cause des réactions de diverses espèces à l'évolution de la température. Terres inondées, famines et épidémies sont inscrites au scénario. La lutte contre l'effet de serre a imposé une stratégie de réduction des émissions de C02 dont la première étape a été la convention cadre sur le climat, adoptée à Rio en juin 1992 par 178 Etats. Elle a imposé aux 35 pays industrialisés signataires de ramener, d'ici l'an 2000, leurs émissions de C02 et autres gaz à effet de serre à leur niveau de 1990. Mais lors du second sommet de la terre qui s'est déroulé à New York en juin 1997, force a été de constater l'échec du projet. En effet, si l'Europe consent à produire un réel effort, les Etats Unis arguent que ces mesures sont contraires à leurs intérêts économiques. La conférence de Kyoto qui se déroule actuellement tentera une fois encore de fixer un système de réduction des émissions de gaz au niveau mondial, avec toujours, comme toile de fond, le réchauffement du climat.
Le lobby des climatologues
La liste des différentes institutions est longue, qui existent en général sous le patronage de l'ONU. Le Conseil international des unions scientifiques (CSIU/ICSU) est à l'origine du Programme international géosphère-biosphère et travaille en liaison étroite avec l'OMM (Organisation météorologique mondiale), le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'environnement) et l'UNESCO. Sous l'égide du CIUS, le Conseil international en sciences sociales (ISSC), le Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC/WCRP). Sous l'égide de l'UNESCO, le Programme MAS (Man and biosphère), le Programme international d'éducation relative à l'environnement (PIEE), le Programme hydrologique international (PHI/lHP), la Commission océanographique intergouvernementale (COI) ; le Programme de corrélation géologique international (PCGI/IGCP) pour la compréhension des facteurs contrôlant l'environnement global. Sous l'égide de la FAO (OAA : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), le Programme-cadre de coopération internationale pour une agriculture et un développement rural durables (PCCl/ADRD), la Stratégie mondiale et les Programmes d'action associés pour l'aménagement et le développement des pêches ; le Programme d'action pour les forêts tropicales (PAFT), créé en commun avec la Banque mondiale et le PNUD (Programme des Nation unies pour le développement) traite de la conservation des ressources naturelles dans plus de 85 pays. Sous l'autorité de l'Alliance mondiale pour la nature (UICN/IUCN), l'Union internationale pour la conservation de la nature élabore et met en œuvre des stratégies nationales et internationales pour la protection de la nature et des espèces. Selon les termes de la Commission française du développement durable : « pour permettre aux décideurs et au grand public de mieux comprendre ce que les chercheurs ont appris, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et l'OMM ont créé en 1988 le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC/IPCC) ». Cet organisme est chargé d'évaluer l'état des connaissances du système climatique et ses changements, ses incidences environnementales, économiques et sociales, et les stratégies à envisager. En fait, les deux rapports du GIEC sur les changements climatiques sont particulièrement abscons. La liste est loin d'être exhaustive, elle comprend aussi des programmes européens, des organisations non gouvernementales (ONG), qui collaborent entre eux, ainsi que moult commissions, conventions, sessions extraordinaires. L'ensemble des ONG françaises est regroupé dans le Réseau Action Climat (RAC). Le Conseil de la Terre, coordonne, lui, les ONG internationales et les commissions nationales. Les subventions et aides diverses vont «en général» aux organismes respectueux du dogme.
Aux «valeurs sûres» de la climatologie qui véhiculent unanimement le discours de la terreur, s'opposent d'autres chercheurs, certes moins soutenus. mais dont les thèses présentent plusieurs avantages; en premier lieu, celui d'être relativement accessibles au commun des mortels ; en second lieu, celui de s'opposer au terrorisme de la pensée unique. Ces chercheurs ne contestent pas le réchauffement de la planète, mais affirment qu'elle ne subira qu'une augmentation de 0,5°C, qui ne peut être source d'inquiétude. Ils réfutent l'amalgame effet de serre-réchauffement-catastrophe.
Françoise Villar National Hebdo du 4 au 10 décembre 1997

mercredi 11 mars 2009

2 octobre 741 : Charles Martel

Carlus Magnus, « Charles le Grand » : ce surnom a donné Charlemagne. Pourtant, le qualificatif de «Grand» fut au moins aussi largement mérité par un autre Charles - le grand-père de Charlemagne, Charles Martel.
À l'abbaye d'Echternach, le moine chargé de noter dans un Calendrier les grands événements écrit : « Octobre 741, mort du roi Charles. » lapsus révélateur : le grand chef franc qui vient de mourir à Quierzy, dans la vallée de l'Oise, n'a jamais porté le titre de roi. Pourtant, sa dépouille est ensevelie à Saint-Denis, la nécropole des rois mérovingiens. C'est la meilleure preuve du fait que, sans porter la couronne, Charles Martel a bel et bien été un souverain, un chef du peuple.
Il connut des débuts très difficiles. Fils de Pépin d'Herstal et d'une concubine nommée Alpaide, il a reçu le nom de «Carl», nouveau dans l'anthroponymie de la Gaule et qui signifie « brave, valeureux ». Il va, tout au long de son existence, montrer qu'il mérite amplement un tel nom (les Francs avaient l'habitude de donner à leur fils des noms à consonance guerrière : ainsi Clodo-wech, qui devait donner Clovis puis Louis, signifiait « combat de gloire »). A la mort de son père qui, avec le titre de maire du palais, détenait la réalité du pouvoir, au nom du roi mérovingien, Carl prend le contrôle de l'Austrasie (partie nord-est du royaume franc, où se trouvent les grands domaines patrimoniaux du clan familial pippinide, dont est issu par son père le jeune Carl).
Carl ne veut pas se contenter de régner, comme ses aïeux, en Austrasie. Il veut aussi s'imposer en Neustrie. (la partie occidentale du royaume franc). C'est chose faite après de durs combats, qui soudent autour de lui une communauté guerrière composée de chefs de clans qui lui apportent la fidélité de combattants d'élite. Il sait s'attacher durablement ces hommes rudes en utilisant une institution, la vassalité, qui crée une solidarité entre guerriers et devait rester pendant de longs siècles un principe de base dans la société médiévale.
En échange du service armé de son vassal, le seigneur doit lui apporter une rétribution digne de lui. Dans le monde des Francs, la richesse c'est la terre. Carl distribue donc à ses hommes des terres. Mais Carl ne veut pas amoindrir son patrimoine familial. Il «emprunte» donc des terres au plus riche propriétaire foncier de l'époque, c'est-à-dire l'Eglise. En échange de ce procédé cavalier, il apporte à l'Eglise son appui, total, dans l'œuvre d'implantation qu'elle a entreprise en Frise, en Thuringe, en Bavière - toutes régions restées très rétives à l'égard de la christianisation.
Plus encore, Carl se fait le champion de la cause chrétienne face à l'Islam. Lorsqu'une armée arabo-berbère, venue d'Espagne, ravage l'Aquitaine, pillant et détruisant tout sur son passage, et vise la ville sanctuaire de Tours, Carl marche à sa rencontre et la détruit à Moussais, entre Poitiers et Tours. C'est, écrit un chroniqueur anonyme, la victoire des « gens d'Europe, des hommes du Nord » sur les envahisseurs musulmans.
C'est surtout à ce titre que devait passer à la postérité celui qui allait recevoir, dans ces textes du IXe siècle, le surnom de «Martel». C'est-à-dire celui qui frappe comme un marteau. Est-ce un hasard si, dans la mythologie germanique, le dieu de la guerre Thor, a pour arme préférée un marteau ?
P V National Hebdo du 16 au 22 octobre 1997
Pour approfondir : Pierre Riche, Dictionnaire des Francs, Bartillat, 1996.

Les français ont le quotient intellectuel moyen le plus bas de l'Occident

On peut toujours se consoler en constatant que la Bulgarie, pays en partie musulman et à une économie de tiers-monde se trouve derrière nous, et nous dire que l'étude a été réalisée par des Anglais qui ne chercheraient qu'à nous rabaisser.
Pourtant Outre-Manche on n'aime guère les Allemands et ceux-ci se trouvent en tête du classement. Cela fera grincer des dents à certains qui pourraient y voir la revanche d'Hitler. En tout cas, cette attitude pour ce qui concerne la France correspond bien à ce que l'on y observe dans ce qui fut le pays de Descartes, Evariste Galois et Henri Poincaré.
Peu de politiques ont souligné la gravité des résultats de cette étude. Dans un contexte de compétitivité exacerbée, l'intelligence d'une population est pourtant un atout qui peut s'exploiter économiquement. Comme l'a écrit justement Nicolas Baverez, entrent en France les Bac-moins-cinq, sortent les Bac-plus-cinq.
Voilà donc ce qu'est devenue la France après vingt cinq ans de socialo-chiraquisme, c'est-à-dire de matraquage sempiternel sur les vertus de l'immigration, du multiculturalisme, du métissage, et de la diversité. Le multiculturalisme tant vanté consiste d'ailleurs essentiellement à voir des jeunes en survêtement et en casquette tabasser des «blancs». Ce n'est pas les quelques buts marqués (rares) par l'équipe de France de foot qui feront monter le Q.I. des Français.
Dans beaucoup de banlieues, on n'enseigne plus rien et de nombreux jeunes sortent de l'école analphabètes¹ . Les jeunes des banlieues s'expriment en tout avec trois cents mots : («bâtards», «nique ta race» ... ).
Comme chacun sait, la population française a changé physiquement et la différence est grande entre deux générations. La baisse du Q.I. est un dommage collatéral de l'immigration mais il ne faut pas le dire. Les Français baignent dans la connerie médiatique. Comment se manifeste-t-elle ?
Ce sont les émissions soporifiques de Michel DRUCKER où tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil et généreux. En tout cas, ceux que désigne et invite Michel DRUCKER, le grand inquisiteur. Chaque dimanche, on assiste au spectacle de la connerie ronronnante, repue, satisfaite d'elle-même.
La connerie c'est aussi le fait de croire qu'il suffit de répéter ce que dit le politiquement correct pour ainsi se trouver dans le camp de l'intelligence.
La connerie c'est le diktat d'une chansonnette de Pierre PERRET, vieillard avant l'âge au visage bouffi par la baisse de son taux de testostérone. C'est l'apologie de l'antiracisme obsessionnel. Les non-métis devraient porter plainte pour racisme à juste titre puisqu'ils se font traiter d'inférieurs à longueur de temps par les soi-disant antiracistes.
Le bêlement antiraciste depuis vingt cinq ans n'a pas fait monter le Q.I. des Français. Maintenant, on le sait. La France doit-elle être dirigée par les évêques, c'est à dire des vieillards femellisés qui interviennent à tout propos sur les questions qui engagent l'être et l'avenir de la France ?
La connerie en France, c'est aussi Bernard PIVOT qui a officié pendant trente ans sur la littérature, qui a autorisé ou non autorisé certains à venir s'exprimer. Dans une de ses émissions, un jour quelqu'un avait émis un propos contraire au politiquement correct. « Ah, si j'avais su que vous aillez dire cela, je ne vous aurais pas invité ». Tout le misérable bonhomme Bernard Pivot était contenu dans cette phrase². Cela lui avait échappé, mais on voit là comment les maîtres des médias conçoivent la liberté d'expression.
La connerie, c'est la déprogrammation de la pièce de Peter Handke³ par un imbécile qui, en plus, se croit courageux. Des imbéciles décident pour plus intelligents qu'eux. La France s'est toujours enorgueillie d'avoir le meilleur système éducatif du monde⁴. Pour quels résultats actuels ?
La bien-pensance terrorise intellectuellement les Français. Sa grande arme est le sentiment de culpabilité. Vous êtes contre l'Europe, l'immigration : « vous êtes xénophobe et raciste ! » La culpabilité est abêtissante et crée le repli sur soi. La connerie, ce sont tous les discours insipides de Jacques CHIRAC, qui n'ont absolument aucun intérêt. A chaque fois que quelqu'un émet une idée dérangeante ou iconoclaste, il y a toujours un imbécile pour dire qu'il faudrait voter une nouvelle loi qui interdira de dire cela. Et le pire est que cela marche. On a donc une accumulation de lois liberticides qui briment l'épanouissement intellectuel des Français.
La cour européenne des droits de l'homme dit pourtant ceci : « c'est à propos d'opinions qui heurtent, choquent ou inquiètent » que la liberté d'expression trouve tout son sens. Justement donnons du sens. Il y a en France soixante millions d'habitants dont vingt millions d'allogènes. Sur quarante millions de Français de souche on peut compter trente millions de traîtres (ou de pleutres) et dix millions de Français dignes de l'être. Ce ne sont pas certes les chiffres officiels de l'INSEE, mais on a là les données incontournables de la réalité politique et sociale française.
Dans les années soixante-dix une pétition circulait : « je me suis fait enc ... er par un arabe et j'en suis fier ». De nombreux «intellectuels» l'ont signée. Le premier lobby immigrationniste est le lobby des «enc ... és». L'Humanisme a bon dos⁵. Faut-il toujours le cacher. Les Français ont droit à la vérité. Pour redresser le niveau intellectuel du pays, il faut donc cesser de faire venir systématiquement toute la misère économique, culturelle et intellectuelle de la planète. Dans les années cinquante, on faisait boire du lait aux Français pour les régénérer. Il faut retrouver cet état d'esprit et non pas compter pour la démographie sur une population allogène.
Il faut aussi faire voter la liberté totale d'expression, abroger les lois Iiberticides et même la garantir par la constitution comme dans les pays nordiques. Refaire des Français le peuple le plus intelligent de l'Occident. Voilà la vraie rupture avec le socialo-chiraquisme.
Bel et immense projet !
P G-S 2006
1 Merci, les pédagogues !
2 Cf Vendée-Fidélité, novembre 2005, page 6.
3 Parce qu'il s'est rendu an funérailles de Milosevic
4 Ce temps n'est plus hélas!
5 C'est le cas de le dire !

mardi 10 mars 2009

LE LIBÉRALISME : UN INTÉGRISME ÉCONOMIQUE ?

Depuis des années la pensée unique règne et elle est celle du libéralisme. Même l'ancien contestataire de Mai 68 Cohn Bendit l'a fait sien au fur et à mesure que son visage est devenu de plus en plus bouffi. Il n'y a pas d'autre façon, parait-il, de concevoir une société épanouie. Un grand patron allemand a même avancé que le libéralisme avait été démontré par la science !
La force du libéralisme est en fin de compte d'être à sa façon une pensée totalitaire. Comme le marxisme, il a réponse à tout. Avec un peu d'astuce dialectique on a démontré que tout fait historique est une preuve de la lutte des classes. De même lorsque quelque chose va mal, il suffit d'écouter la parole de Madelin pour savoir que la raison en est simple : « le libéralisme n'est pas suffisamment appliqué ». Pour ce courant de pensée, il ne peut y avoir de préférence nationale, puisque l'homme est sans enracinement, sans histoire, sans culture déterminante, sans classe, sans nation, sans lien religieux, ce n'est qu'un consommateur-producteur, donc un atome parfaitement interchangeable. C'est bien sûr un appauvrissement considérable de l'être humain.
L'homme n'est dans le libéralisme qu'un homo economicus. La divinité à adorer c'est le marché. Tout doit se diluer et se dissoudre en lui. Tout est jugé selon lui. Le rap, en dehors de toute considération esthétique, a donc de la valeur, car on peut en vendre des millions de disques ! Mais tout ce qui pense, tout ce qui est dérange le libéralisme. « Le penser et l'être sont le même » (Parménide). Pour le libéral, il ne sert à rien de penser, il faut avoir une confiance absolue dans le marché. « Le marché est grand et Madelin est son prophète ».
Mais la seule constatation incontournable et dérangeante, c'est le chômage ! Depuis qu'il est mis en application, le libéralisme mondialisé sous sa forme actuelle génère dans les pays occidentaux, et en France particulièrement, un chômage massif et dramatique.
Beaucoup d'économistes reconnaissent que le libéralisme n'est pas le meilleur système et la pensée keynésienne démontrait que dans le meilleur des cas il ne pouvait y avoir qu'un équilibre de sous-emploi. Mais comme actuellement les classes dirigeantes dominantes. toutes sensibilités politiques confondues. se sont entichées de libéralisme, il s'impose. Ses victimes n'ont pas le droit à la parole, car elles ne représentent rien financièrement vis à vis du marché.
Pour le libéralisme, le marché étant tout, l'État n'est donc rien. Il doit être réduit à sa plus simple expression. Dans cette logique, il est normal que les hommes politiques actuels soient insignifiants à l'extrême. Ils seront les meilleurs garants de l'insignifiance de l'État .. Le très libéral Guy Sorman souhaitait que Chirac devint le "chef" du mouvement libéral. Il avait intuitivement compris que c'était « the right man in the right place ». Ainsi tous ces hommes politiques insignifiants se manifestent-ils constamment dans les médias pour promouvoir une Europe libérale qui sera à la fois le royaume de l'insignifiance des êtres et de l'importance du marché.
Certains de ces libéraux ont des scrupules de conscience comme Gilles de Robien et parlent de tempérer le libéralisme par le « libéralisme du coeur ». Ce qui consiste à envoyer des Lady Di médiatiques qui, entre un déjeuner chez Maxim's et un dîner au Ritz, prennent le temps d'aller faire un tour à la soupe populaire pour montrer leur compassion. Mais y en a-t-il un seul qui ait recueilli chez lui un sans-logis ?
Le libéralisme par sa vision extraordinairement réductrice de l' homme est sans doute l'extrémisme le plus absolu et un intégrisme parmi d'autres. Il possède en lui un formidable pouvoir de destruction de l'être humain, jusque dans ses recoins les plus secrets.
Mais l'homme n'est pas uniquement un agent économique. Il est attaché à son bout de terrain légué par l'Histoire, au clocher de son église qui n'a pas été construite par ses ancêtres pour les sans papiers. L'homme est un être qui souffre, qui aime son pays, veut vivre la plupart du temps sur la terre de ses parents et n'est pas un vagabond ou un nomade qui erre en fonction des besoins du marché. Il est par essence être enraciné et il ne peut que rejeter avec violence cette nouvelle pensée totalisatrice sans spiritualité qu'on cherche actuellement à lui inculquer et lui imposer. On peut dire que le libéralisme est la négation de l'être.
par P G - S : 1998

jeudi 5 mars 2009

28 juillet 1794 : thermidor

François Furet, récemment disparu, dénonçait dans un livre stimulant, Penser la Révolution française, la « logique manichéenne » et le « catéchisme révolutionnaire » de ceux qui veulent réduire l'histoire de la Révolution à un affrontement entre les bons et les méchants, les forces du Bien et celles du Mal. Il en va de la Révolution française comme de toute autre période de l'Histoire : la réalité historique ne se plie pas aux dogmes, de quelle que nature et de quelles qu'origines qu'ils soient. C'est donc en laissant de côté les simplismes que l'on peut espérer tirer de l'Histoire quelque enseignement.
Dans l'après-midi du 10 thermidor (28 juillet 1794), vers 4 heures, trois charrettes chargées de condamnés débouchent sur la place de la Révolution, à côté du jardin des Tuileries. Au centre de la place se dresse la guillotine. Bien du sang a été répandu là depuis que la Terreur règne sur Paris et sur la France. Au milieu des hurlements de la foule, les condamnés montent un à un sur l'échafaud. Vingt fois le couperet tombe. La vingtième tête, qu'un aide du bourreau Sanson montre à la foule trépignante, est celle de Robespierre. Avec lui viennent d'être exécutés, entre autres, son frère Augustin, Couthon, Saint-Just. Des noms qui, la veine encore, faisaient trembler bien des gens. mais tout est allé très vite ; le 9 thermidor, la Convention a voté à l'unanimité un décret d'arrestation de Robespierre et de ses plus proches fidèles. A onze reprises, pendant la séance, Robespierre a essayé de prendre la parole mais une obstruction efficace l'en a empêché. Robespierre a ainsi perdu l'une de ses armes favorites, le verbe. Ce verbe redoutable qui a envoyé à l'échafaud tant d'hommes et tant de femmes.
Tout s'est joué en quelques heures. Tandis que Robespierre et les siens étaient conduits en prison; la Commune de Paris faisait sonner le tocsin pour appeler les sections de la Garde nationale à voler au secours de Robespierre. Délivré, celui-ci s'est rendu à l'hôtel de ville, gardé par les sectionnaires. On y a beaucoup parlé mais rien décidé. Ce qui a donné le temps d'agir à la Convention, dominée par l'étrange coalition de tous ceux, des plus "modérés" aux plus extrémistes, qui n'en en commun que la haine de Robespierre. Par scrupule légaliste ou par désenchantement - qui pourrait dire ce qui se passe en lui ? - Robespierre se refuse à lancer un appel à l'insurrection générale de ses partisans. C'est sa perte. Lassés de l'inaction, laissés sans ordre, les sectionnaires rentrent chez eux les uns après les autres. Vers 2 heures du matin, le 10 thermidor, des gendarmes pénètrent dans l'Hôtel de Ville, sans rencontrer de résistance. Ils sont conduits par Barras, personnage douteux qui a organisé, avec Tallien et Fouché, le complot contre Robespierre (ces hommes, tout aussi prévaricateurs que sanguinaires, se sont fait haïr en province et redoutent qu'on leur demande des comptes). Robespierre, à l'irruption des gendarmes, tente de se tirer une balle dans la tête, mais ne réussit qu'à se fracasser la mâchoire. Tout est terminé.
L'Incorruptible éliminé, la réaction thermidorienne va pouvoir s'ébattre à son aise. Temps de troubles, de décomposition, d'incertitude. Jusqu'au jour où un certain général Bonaparte viendra mettre de l'ordre.
P.V National hebdo du 24 au 30 juillet 1997

lundi 2 mars 2009

Le protectionnisme

C'est un sujet extrêmement délicat si l'on sort des dogmes des instances internationales.
Tout est en sous-entendu, hypocrisie, partie de poker-menteur. En période de crise, qu'on le souhaite ou le déplore, le protectionnisme va fatalement se développer dans chaque pays, même si les dirigeants, la main sur le cœur, proclament dans les réunions internationales qu'ils ne le pratiquent pas.
Dans un cadre de libre-échange mondialisé, il y a bien sûr des pays gagnants et des pays perdants. Ces derniers ont donc plus intérêt à pratiquer un certain protectionnisme. La problématique n'est pas un choix entre une absence totale de protectionnisme ou un protectionnisme total coupé de l'extérieur. Tout est dans le dosage, les secteurs que l'on protège ou non dans le but de garantir l'emploi, une industrie qui est la preuve d'un savoir-faire technologique, la nation étant encore une réalité économique et historique.
Le protectionnisme s'appelle aussi parfois patriotisme économique, tout étant une question de terminologie. Pour la gauche, le patriotisme n'est pas loin de nationalisme, donc suspect. « Protectionnisme égale Hitler » pour résumer une certaine pensée imbécile. Quant à la droite libérale, libre-échangiste, mondialiste, l'économie n'a pas de patrie, seuls comptent le profit et la finance.
Les hommes politiques successifs au pouvoir ont voté, appelé à voter tous les transferts de souveraineté et tous les gouvernements, de gauche comme de droite, ont signé les accords qui entérinaient la mondialisation et le libre-échange, ce qui par le fait même anéantissait l'idée de protectionnisme, qu'il soit français ou européen.
Tout ceci n'a pas empêché le protectionnisme de continuer à exister. Tout secteur considéré comme stratégique pour les Etats-Unis doit rester américain. L'Allemagne est très sourcilleuse sur le maintien de son industrie. Quant aux Italiens, ils ont tout fait pour que leurs banques restent nationales. Il y a donc les accords internationaux que l'on signe et ce que l'on fait en pratique.
Nous disons de façon pragmatique que la France a raison de sauvegarder ses grosses entreprises. Pourquoi ? Parce que la France a malheureusement peu de PME et PMI comparée aux autres pays.
Si on ne tenait compte que des mécanismes financiers et de la loi du profit, il n'y aurait plus d'usines en Europe. Si Renault délocalisait toutes ses usines en Inde ou en Roumanie, il multiplierait par deux ou trois ses profits.
Le protectionnisme le plus efficace et accepté par les organismes internationaux est bien sûr la dévaluation de sa monnaie. Les Européens de la zone euro ne peuvent pas le faire, ce qui a été un énorme handicap pour eux. L'Euro n'est pas adapté aux différentes compétitivités nationales. L'Euro dans les faits est un Mark qu'on a appelé Euro.
Certains économistes comme Maurice Allais considèrent que le commerce international doit se faire dans des zones économiques de développement comparable comme l'Europe (non compris les pays de l'Est). Pour lui, et non sans raison, si l'on regarde le bilan actuel, les politiques gouvernementales n'ont fait que sinistrer la France depuis vingt ans et même plus (la première désindustrialisation a eu lieu dans les années 78-85). Dans une période de crise où toutes les règles deviennent plus élastiques, il va de soi que les dirigeants qui veulent se faire réélire vont favoriser leurs concitoyens. D'autres économistes continuent à prôner le refus obstiné de tout protectionnisme. Il faut surtout y voir le refus des financiers de perdre des avantages acquis et la possible perte de rentabilité de leurs actifs financiers.
Dans la mondialisation, marxiste ou pas, il y a incontestablement une lutte des classes pour le partage des liquidités déversées sur la planète. Il fallait être culotté pour traiter de « pieds nickelés » les trois pontes de l'économie que sont Patrick Artus, Elie Cohen et Jean Pisani-Ferry comme l'a fait Emmanuel Todd. Il faut lui reconnaître de n'avoir pas été inhibé par l'argument d'autorité. Des économistes tout aussi éminents il est vrai avaient pris position pour un certain protectionnisme au niveau européen. On s'envoie donc à la figure des mots fleuris comme « pieds nickelés» ou « ligne Maginot », mots d'insultes qui ne font appel ni à la théorie économique, ni à ce qu'on observe et qui est pourtant inquiétant, la disparition de l'industrie en France et en Europe.
« Le pays qui dispose relativement de plus de capital (ou de travail) aura intérêt à produire et exporter le bien qui utilise davantage de capital (ou de travail) ». Ce résultat semble bien obsolète, puisque le capital et le travail sont maintenant très mobiles. On voit donc à quel point toute la théorie sur laquelle se fonde le libre-échange est faible. Les économistes comme les scientifiques ont tendance à «objectiver» la théorie économique, c'est-à-dire croire que la « réalité» découle de la théorie.
Pour les partisans du protectionnisme « raisonnable» il existe aussi des résultats théoriques comme le théorème de Stolper-Samuelson et celui du tarif optimal qui globalement énoncent que les pays ont intérêt à se regrouper en zones assez importantes pour peser sur le marché mondial et à conserver une «certaine» protection douanière que l'on pourrait qualifier d'optimale.
Voilà pour ceux qui veulent absolument des justifications théoriques à leurs idées ou opinions. De tout ceci, on peut quand même dire que les partisans du libre-échange ont gagné la partie. Pour eux, le commerce bénéficie non par ses exportations (ce qui revient à travailler pour les autres) mais par les importations. Pour les libre-échangistes, consommons donc à tout-va les importations. Cela sert l'intérêt général.
On savait déjà que les multinationales faisaient peu de cas des intérêts nationaux mais maintenant, c'est aussi vrai pour les PME qui ont de plus en plus souvent intérêts à délocaliser. Jusqu'à quel point un pays (ou l'Europe) peut-il laisser son industrie (et ses services) disparaître ?
Les « pieds nickelés » ont dit : « pas de protectionnisme pour l'Europe », mais il existe pour les autres. La politique de change que pratiquent les Etats-Unis et la Chine est sans doute la forme de protectionnisme la plus efficace avec un dollar et un yuan faibles. L'Etat chinois aide massivement ses entreprises ce qui n'empêche nullement Bruxelles de commercer avec et Bruxelles ne distribue pas d'amendes à la Chine à la différence des pays européens. Avec l'Euro fort qui profite surtout aux retraités, l'Europe s'est tiré une balle dans le pied.
En conclusion, nous dirons que la France pour le maintien de son industrie et de ses emplois à intérêt à une forme de protectionnisme raisonné en attendant que les pays émergents se développent de façon autocentrée comme notre pays pendant les trente glorieuses. Il faut réaliser un protectionnisme gradué, c'est-à-dire pratiquer le libre-échange avec les pays au développement économique comparable, ce qui évitera toute rétorsion et faire au coup par coup avec des pays comme la Chine. Il faut aussi profiter de la crise pour mettre de côté les directives mortifères de Bruxelles qui semble dépassée par les événements.
Ce mode d'emploi sera sans doute celui de la plupart des pays.
P G-S février 2009

dimanche 1 mars 2009

La droite maurrassienne contre le racisme

Le nationalisme français traditionnel, tel qu'il fut notamment théorisé par Charles Maurras, a tout au long du XXe siècle rejeté vigoureusement le racisme. Parce que celui-ci est perçu, dans ce courant ce pensée, comme totalement étranger à ce qui a fait la France.

« Si le racialisme de Gobineau n'a pas fait école en France », écrit Pierre-André Taguieff, c'est notamment du fait « de l'incompatibilité du nationalisme français, incarné par l'Action française (fondée en juin 1899), avec toute forme de matérialisme biologique »(1). Charles Maurras, en effet, traitait volontiers le comte de Gobineau, père du racialisme, de « Rousseau gentillâtre » ou de « stupide et indigne Français », selon l'humeur mais avec une belle constance. Selon le défenseur du nationalisme intégral, la pensée de Gobineau était en ce domaine pénétrée de germanisme et d'esprit allemand. Comme il l'écrira le 10 octobre 1926 dans son journal L'Action française : « Nous sommes des nationalistes. Nous ne sommes pas des nationalistes allemands. Nous n'avons aucune doctrine qui nous soit commune avec eux. Toutes les falsifications, tous les abus de textes peuvent êtres tentés : on ne fera pas de nous des racistes ou des gobinistes. »(2)

« Le racisme répugne à l'esprit français » (J.-P. Maxence)

En 1937, se félicitant de l'encyclique du pape Pie XI Mit brennender Sorge Avec une vive inquiétude ») condamnant le nazisme, Maurras parlera du racisme comme de son « vieil ennemi », rappelant que « dès 1900, ses maîtres français et anglais, Gobineau, Vacher de Lapouge, Houston Chamberlain, avaient été fortement signalés par nous à la défiance des esprits sérieux et de nationalistes sincères ».

Effectivement, quand, en juin 1900, Jacques Bainville (qui n'a que vingt-et-un ans) avait recensé avec un peu trop de complaisance le livre de Vacher de Lapouge, L'Aryen, son rôle social, dans la Revue grise d'Action française, Maurras avait tancé son jeune compagnon, le mettant en garde contre les « rêveries de race pure ».

Cette condamnation radicale du racisme par le chef du néo-royalisme français fera des émules chez les nationalistes français. Notamment dans la génération des non-conformistes des années 1930. En mai 1933, au lendemain de la victoire électorale d'Hitler en Allemagne, Thierry Maulnier écrit dans L'Action française : « Le racisme et l'étatisme ne peuvent correspondre qu'à des sociétés imparfaites. Une société dans laquelle la civilisation a atteint ses sommets les plus rares ne peut se contenter de telles significations, l'édifice des valeurs les plus aristocratiques ne saurait abriter ces religions grossières, dont la pauvreté spirituelle n'a d'égale que la malfaisance et la stérilité. »(3) Dans le même temps, son ami Jean-Pierre Maxence pousse un cri du cœur : « Le racisme, écrit-il dans La Revue du siècle, répugne à l'esprit français. Il y a dans le nationalisme français des valeurs universelles et assurées qui se refusent à toute attitude agressive ou impérialiste. »(4) On ne peut pas faire plus clair.

« Vacher de Lapouge ne me semble devoir intéresser que les éleveurs »

Exilé volontaire au Brésil, l'ancien camelot du roi Georges Bernanos écrit en décembre 1940 dans un article repris dans Le Chemin de la Croix-des-Ames : « Je ne méprise nullement l'idée de race, je me garderais plus encore de la nier. Le tort du racisme n'est pas d'affirmer l'inégalité des races, aussi évidente que celle des individus, c'est de donner à cette inégalité un caractère absolu, de lui subordonner la morale elle-même, au point de prétendre opposer celle des maîtres à celle des esclaves. »(5) Et le romancier catholique d'opposer la richesse des nations à l'archaïsme des races. Maurras allait encore plus loin : ne disait-il pas volontiers qu'« aucune origine n'est belle »? il ajoutait : « La beauté véritable est au terme des choses. »(6)

L'un des principaux héritiers intellectuels de Maurras, le métaphysicien Pierre Boutang, n'est pas en reste quand il affirme en 1949 dans son pamphlet La République de Joinovici : « Je ne suis pas raciste. Le comte de Gobineau m'ennuie quand il n'est pas romancier. Vacher de Lapouge ne me semble devoir intéresser que les éleveurs ; j'ai une autre idée que Rosenberg de l'homme, cet être étonnant entre tous, qui vit dans les cités, mais dans sa solitude, modèle son rapport à Dieu. »

Au racialisme pessimiste d'un Georges Gobineau, à l'eugénisme d'un Georges Vacher de Lapouge, le nationalisme français a opposé une conception de la nation forgée par l'histoire, affirmant que la lutte des races ne valait pas mieux que la lutte des classes. N'en déplaise aux antiracistes falsificateurs qui voudraient inscrire Maurras dans la généalogie intellectuelle du racisme, ou à quelques autres qui voudraient annexer la pensée du Martégal.

Jacques Cognerais, LE CHOC DU MOIS de février 2009


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1. Pierre-André Taguieff, La Couleur et le Sang, Mille et Une Nuits, 2002.
2. Charles Maurras, Dictionnaire politique et critique, Tome III.
3. Thierry Maulnier, in L'Action française du 30 mai 1933,
4. Jean-Pierre Maxence, ln La Revue du siècle, mai 1933.
5. Georges Bernanos, « Race contre nation », in Essais et écrits de combats Il, Gallimard, 1995.
6. in Anthinéa : d'Athènes à Florence, 1901.

18 juillet 1939 : les fossoyeurs

La France est sortie victorieuse mais exsangue de la grande guerre fratricide à laquelle se sont livrés les Européens de 1914 à 1918. Son capital humain a fondu dans la tourmente comme en témoignent encore ces monuments aux morts où, jusque dans le plus modeste village, s'alignent les noms de soldats tombés au champ d'honneur (souvent le même patronyme revient à plusieurs reprises, ce qui révèle la disparition de tous les mâles d'un clan familial). D'où la conviction, partagée par beaucoup de Français, qu'il est devenu impératif de ménager le sang d'un peuple qui a beaucoup donné. Les anciens combattants, revenus du grand massacre mais conservant dans leur chair et leur âme la marque de l'apocalypse, sont les plus ardents partisans d'une paix durable. D'accord en cela avec leurs homologues allemands, ils veulent que soit enterrée une fois pour toutes, de part et d'autre du Rhin, la hache de guerre. A cet effet des rencontres franco-allemandes sont organisées, auxquelles participent, en 1934, les animateurs des deux principales associations françaises d'anciens combattants, Jean Goy pour l'Union nationale des combattants (plutôt à droite) et Henri Pichot pour l'Union fédérale (plutôt à gauche). Nombre d'anciens combattants seront d'accord avec l'un d'entre eux, Marcel Déat, lorsqu'il déclarera, en mai 1939, dans un article retentissant de L'Œuvre, ne pas vouloir « mourir pour Dantzig ».
Cette volonté de paix se heurte à un antigermanisme exacerbé, que l'on rencontre tant à droite qu'à gauche, Le phénomène remonte, pour l'essentiel, aux lendemains de 1870. Le Boche est alors le barbare et cette germanophobie n'épargne même pas les milieux scientifiques puisque nombre d'universitaires français entreprennent de «démontrer» que, depuis la fin de l'Antiquité, tout oppose, dans l'histoire de l'Occident, les raffinements de la civilisation latine et les brutalités de la barbarie teutonne... L'hystérie antigermanique atteint des sommets pendant la guerre de 1914/1918, comme l'a montré Alain de Benoist dans un récent numéro de l'excellente revue Enquête sur l'histoire. Ainsi, certains auteurs affirment que l'Allemagne « a des aptitudes naturelles à la débauche », la famille y étant « dissolue et rongée d'immoralité ». Rien d'étonnant à cela, puisque « au point de vue physique et chimique, il y a plus de différence entre un Français et un Allemand qu'entre un Européen et un Africain ». Conclusion logique : « Il y a en Europe vingt millions d'Allemands de trop. L'Europe ne pourra vivre en paix que lorsqu'elle aura été débarrassée de ces vingt millions d'Allemands, d'une façon ou d'une autre ». Ces délires ne disparaissent pas avec la fin du conflit de 1914/1918. On les voit ressurgir en force au moment des accords de Munich. En particulier sous la plume d'Henri de Kérillis, directeur du quotidien L'Epoque, fondé grâce à l'appui financier du banquier Louis Dreyfus. Homme de droite d'abord farouchement anticommuniste, Kérillis s'est ensuite révélé un tout aussi farouche partisan de l'URSS, par haine de l'Allemagne. Il écrit dans son journal, le 18 juillet 1939 : « L'Allemagne est incorrigible et incurable. Nous devons en terminer avec elle. Le peuple allemand doit être exterminé ». Le lendemain, dans Le Populaire, Léon Blum approuve : « Je pense comme lui et il pense comme moi ».
La grande coalition des fossoyeurs allait réussir à pousser la France dans la tombe.
P.V National Hebdo du 17 au 23 juillet 1997