La guerre de Bosnie est la conséquence directe de l'absurde reconnaissance diplomatique de cette république fantôme. Aujourd'hui, les Occidentaux sont face à leurs responsabilités. Une fois de plus, ils vont prendre la plus mauvaise des décisions tant leur méconnaissance de l'histoire balkanique est flagrante.
Il importe donc de ne pas laisser obscurcir quelques grandes réalités historiques par la fumée humanitaire.
Historiquement, la Bosnie n'existe pas. Il s'agit d'une «commodité» administrative créée en 1878 par l'Autriche et qui fut ensuite conservée par le régime communiste yougoslave.
le soutien à la Bosnie revient en réalité à accepter la création d'une république islamique dans les Balkans. L'actuel président bosniaque, M. Alia Izetbegovic, s'est clairement prononcé pour un Etat fondamentaliste et ce dès 1970, date à laquelle il rédigea son ouvrage « Déclaration islamique », réédité en 1990, et dans lequel on peut lire : « Il ne peut y avoir ni paix ni coexistence entre la religion islamique et des institutions sociales et politiques non islamiques ( ... ). Le gouvernement islamique devra s'engager vers la prise du pouvoir dès qu'il sera ( ... ) assez fort non seulement pour renverser les actuels gouvernements non islamiques, mais aussi pour bâtir un nouvel ordre islamique. »
Deux nationalismes dominent l'ex-Yougoslavie : le serbe et le croate. Ils ont cherché leur point d'équilibre en s'affrontant durant la première guerre post-yougoslave. La Serbie en est sortie victorieuse, créant ainsi un nouveau rapport de force à son avantage.
Reconquête
La seconde guerre post-yougoslave, celle de Bosnie, ne pouvait qu'éclater à partir du moment où la communauté internationale reconnaissait la Bosnie. Il était évident que les 45 à 50 % de Serbes, mais aussi de Croates, qui vivaient dans la nouvelle république allaient refuser l'autorité islamique car, dans les Balkans, les mémoires sont intactes et la période turque toujours présente dans les esprits. La cohabitation ethnique qui était pourtant réelle dans le cadre du fédéralisme yougoslave fut vite oubliée dès que la Bosnie devint indépendante.
La «légèreté» ou la méconnaissance historique des chancelleries européennes a de quoi confondre.
Elles ont placé sur un plan d'égalité politique Croatie millénaire et l'artificielle Bosnie, qui fut la pointe avancée de l'Empire ottoman dans les Balkans. De 1389, date de la défaite de Kosovo, à 1830, la Serbie a subi la domination turque. La résistance chrétienne ne cessa à aucun moment dans cette Castille balkanique. Mais alors que dans les Espagnes la Reconquista fut achevée en 1492 avec la reprise de Grenade, dans les Balkans, elle fut «figée» par les puissances européennes après la guerre de 1912-1913 et c'est pourquoi des enclaves islamiques y subsistent.
Au XIXe siècle, avec le reflux turc, l'Autriche vit disparaître son ennemi séculaire. Face à sa volonté régionale de domination, seule se dressait la Serbie qui revendiquait la Bosnie-Herzégovine. Comme il n'était pas question de laisser la Serbie s'agrandir territorialement, Vienne annexa cette zone-tampon peuplée de Croates, de Serbes et de Slaves islamisés.
Cohérence historique
Les Serbes dénoncèrent cette occupation. En 1914, l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc héritier François-Ferdinand par un Serbe de Bosnie fut la conséquence de cette annexion. Le prince héritier représentait en effet un danger pour les nationalistes serbes en Bosnie, la fédération qu'il envisageait de constituer risquant d'entériner la séparation entre les Serbes de Serbie et ceux de Bosnie, interdisant toute possibilité ultérieure d'unification.
La Bosnie est à ce jour contrôlée à 60 % par les Serbes et à un peu plus de 20 % par les Croates. Un siècle après le départ des Turcs, sur le terrain, Serbes et Croates ont donc rétabli la «cohérence» historique régionale en se partageant la Bosnie. Partage qui était inéluctablement inscrit dans l'histoire.
Une chose est certaine désormais, les Serbes n'abandonneront pas les territoires qu'ils viennent de conquérir sur les musulmans. La seule question politique qui se pose est donc : que faire de ces derniers ?
L'alternative est donc tragiquement simple puisqu'il est exclu de déclencher une guerre afin de chasser les Serbes des zones qu'ils occupent. Soit ce qui subsiste de territoire musulman obtient un statut d'autonomie interne dans le cadre de la République serbe de Bosnie, mais, dans ce cas, la communauté internationale doit «revenir» sur la reconnaissance diplomatique de la Bosnie ; soit une «petite» république islamique est créée sous protection internationale, avec tous les dangers qui pourraient en résulter.
Bernard LUGAN minute LA FRANCE du 30/12/92 au 5/1/93
Il importe donc de ne pas laisser obscurcir quelques grandes réalités historiques par la fumée humanitaire.
Historiquement, la Bosnie n'existe pas. Il s'agit d'une «commodité» administrative créée en 1878 par l'Autriche et qui fut ensuite conservée par le régime communiste yougoslave.
le soutien à la Bosnie revient en réalité à accepter la création d'une république islamique dans les Balkans. L'actuel président bosniaque, M. Alia Izetbegovic, s'est clairement prononcé pour un Etat fondamentaliste et ce dès 1970, date à laquelle il rédigea son ouvrage « Déclaration islamique », réédité en 1990, et dans lequel on peut lire : « Il ne peut y avoir ni paix ni coexistence entre la religion islamique et des institutions sociales et politiques non islamiques ( ... ). Le gouvernement islamique devra s'engager vers la prise du pouvoir dès qu'il sera ( ... ) assez fort non seulement pour renverser les actuels gouvernements non islamiques, mais aussi pour bâtir un nouvel ordre islamique. »
Deux nationalismes dominent l'ex-Yougoslavie : le serbe et le croate. Ils ont cherché leur point d'équilibre en s'affrontant durant la première guerre post-yougoslave. La Serbie en est sortie victorieuse, créant ainsi un nouveau rapport de force à son avantage.
Reconquête
La seconde guerre post-yougoslave, celle de Bosnie, ne pouvait qu'éclater à partir du moment où la communauté internationale reconnaissait la Bosnie. Il était évident que les 45 à 50 % de Serbes, mais aussi de Croates, qui vivaient dans la nouvelle république allaient refuser l'autorité islamique car, dans les Balkans, les mémoires sont intactes et la période turque toujours présente dans les esprits. La cohabitation ethnique qui était pourtant réelle dans le cadre du fédéralisme yougoslave fut vite oubliée dès que la Bosnie devint indépendante.
La «légèreté» ou la méconnaissance historique des chancelleries européennes a de quoi confondre.
Elles ont placé sur un plan d'égalité politique Croatie millénaire et l'artificielle Bosnie, qui fut la pointe avancée de l'Empire ottoman dans les Balkans. De 1389, date de la défaite de Kosovo, à 1830, la Serbie a subi la domination turque. La résistance chrétienne ne cessa à aucun moment dans cette Castille balkanique. Mais alors que dans les Espagnes la Reconquista fut achevée en 1492 avec la reprise de Grenade, dans les Balkans, elle fut «figée» par les puissances européennes après la guerre de 1912-1913 et c'est pourquoi des enclaves islamiques y subsistent.
Au XIXe siècle, avec le reflux turc, l'Autriche vit disparaître son ennemi séculaire. Face à sa volonté régionale de domination, seule se dressait la Serbie qui revendiquait la Bosnie-Herzégovine. Comme il n'était pas question de laisser la Serbie s'agrandir territorialement, Vienne annexa cette zone-tampon peuplée de Croates, de Serbes et de Slaves islamisés.
Cohérence historique
Les Serbes dénoncèrent cette occupation. En 1914, l'assassinat à Sarajevo de l'archiduc héritier François-Ferdinand par un Serbe de Bosnie fut la conséquence de cette annexion. Le prince héritier représentait en effet un danger pour les nationalistes serbes en Bosnie, la fédération qu'il envisageait de constituer risquant d'entériner la séparation entre les Serbes de Serbie et ceux de Bosnie, interdisant toute possibilité ultérieure d'unification.
La Bosnie est à ce jour contrôlée à 60 % par les Serbes et à un peu plus de 20 % par les Croates. Un siècle après le départ des Turcs, sur le terrain, Serbes et Croates ont donc rétabli la «cohérence» historique régionale en se partageant la Bosnie. Partage qui était inéluctablement inscrit dans l'histoire.
Une chose est certaine désormais, les Serbes n'abandonneront pas les territoires qu'ils viennent de conquérir sur les musulmans. La seule question politique qui se pose est donc : que faire de ces derniers ?
L'alternative est donc tragiquement simple puisqu'il est exclu de déclencher une guerre afin de chasser les Serbes des zones qu'ils occupent. Soit ce qui subsiste de territoire musulman obtient un statut d'autonomie interne dans le cadre de la République serbe de Bosnie, mais, dans ce cas, la communauté internationale doit «revenir» sur la reconnaissance diplomatique de la Bosnie ; soit une «petite» république islamique est créée sous protection internationale, avec tous les dangers qui pourraient en résulter.
Bernard LUGAN minute LA FRANCE du 30/12/92 au 5/1/93