mardi 7 juillet 2009

Hypothèse sur les origines de notre Histoire

Sous le règne de Tarquin l’Ancien (vers l’an 600 avant J.C.) les Celtes qui occupaient le tiers de la Gaule avaient à leur tête les Bituriges. Ambigatos, l’un des leurs, était le chef tout-puissant de la Celtique. Son courage, sa fortune personnelle, la richesse de son État l’avaient porté au sommet de la puissance. Sous son autorité, la Gaule était devenue riche en blé et en hommes à tel point qu’il rencontrait de plus en plus de difficultés pour gouverner une population aussi abondante. Comme il se faisait vieux, il décida d’envoyer les excédents de ses peuples s’établir en des lieux que les augures lui indiqueraient (Tite Live).

La tour des Bituriges. Alors que se développe toute une campagne de médiatisation pour promouvoir une vision de la Gaule que je ne partage pas - la Gaule, ça n’existe pas, c’est une invention de César - je dis merci à Agoravox, seul média qui continue à donner la parole au contestataire que je suis des thèses officielles : Emile Mourey, un latiniste comme il n’en existe plus guère dans la société militaire française contemporaine (Revue Le Casoar, avril 1994.)
L’Histoire a une logique. Il s’agit de la retrouver. Imaginons, quelques siècles avant l’an 600, une petite flottille sortant du port de Tyr. Les petites voiles carrées se gonflent sous l’action du vent. Une vingtaine d’hommes par embarcation frappent en cadence de leurs rames les flots bleus de la Méditerranée. Les rivages du pays de Canaan s’estompent puis disparaissent bientôt à leur vue. Ces hommes sont partis pour ne plus revenir.
Cette expédition, ils l’ont soigneusement préparée. Ils se sont engagés sur la voie maritime que les fondateurs de Carthage ont suivie ou vont suivre vers l’an 800 avant J.C. date de la fondation de cette ville d’après les annales de Tyr. Mais bientôt, ils la quittent pour se rapprocher des côtes ligures jusqu’à l’embouchure du Rhône qu’ils remontent à force de rames. A cette date, Marseille n’a pas encore été fondée par les Grecs de Phocée.
Les intrépides navigateurs ont remonté le cours tranquille de l’Arar que l’on appelle aujourd’hui la Saône. A l’endroit où la rivière bifurque, un peu avant sa confluence avec la Dheune et le Doubs, ils ont repéré une région présentant les conditions favorables pour y établir une colonie : des terres propices à l’agriculture, de l’eau un peu partout, des ressources abondantes en gibier et en poissons ; un grand carrefour de voies naturelles. Au centre de cette région, un point dominant, relativement peu élevé certes, mais ayant vue sur tout le pagus qu’ils ont décidé de mettre en valeur : la colline de Taisey, proche de l’actuelle ville de Chalon-sur-Saône.
Nous sommes aux environs du tournant de l’âge du bronze et de l’âge du fer, et peut-être même avant. Avec leur armement de bien meilleure qualité, les colons s’imposent sans grande difficulté, et cela d’autant plus facilement qu’ils apportent aux locaux d’importants progrès dans le domaine de l’agriculture.

Sécurité et prudence obligent, ils élèvent sur la hauteur de Taisey leur première forteresse. Très judicieusement, ils la placent au début de la pente de façon à pouvoir amener dans les très modestes douves l’eau du plan d’eau qui se trouve sur le plateau. La tour principale, toujours existante, est construite sur le modèle des tours du Moyen-Orient mais avec, en plus, un pont-levis prolongé par un pont dormant.

En outre - c’est un modèle astrologique qui nous vient de ces pays lointains - cette tour s’élève sur une base représentant le chariot de la Petite Ourse tandis que la haute cour qui se trouve quelque trente mètres en arrière suit le contour du quadrilatère du grand chariot.
La tour regarde en direction du pays de Canaan. Plus tard, dans les fresques de Gourdon, les descendants des fondateurs représenteront sa fenêtre à meneau et, dans l’encadrement de cette fenêtre, les deux collines de Jérusalem.

Ces premiers colons qui se sont installés en Gaule, sur la colline de Taisey, je leur donne le nom de Bituriges. Quand leurs excédents de population partiront pour suivre les expéditions de Bellovèse et de Ségovèse sous le règne d’Ambigatos, comme je l’ai dit dans mon introduction, ils seront accompagnés (cf. Tite Live) de leurs proches voisins : Eduens de Bibracte au Mont-Saint-Vincent, Ambarres du Bugey, Aulerques Brannovices de Brancion, Aulerques Blannovices de Blanot, accompagnés également de peuplades un peu plus lointaines : Arvernes du Crest, Carnutes d’Orléans, Senons de Château-Landon.
Avant que César n’arrive en Gaule, les Eduens de Bibracte/Mont-Saint-Vincent avaient pris possession de la forteresse biturige. Seigneur de Cabillo/Chalon, c’est de là que l’Eduen Litavicos partit pour Gergovie, entraînant avec lui une troupe à pied de 10 000 hommes. Appartenant à la génération précédente, l’Eduen Dumnorix avait marié sa mère chez les Bituriges, à un homme de très haute réputation et très puissant (DBG I, 18). Je suppose que les Bituriges occupaient encore, à cette époque, la région d’Autun et qu’en mariant ainsi sa mère, Dumnorix a étendu son influence, comme l’écrit César, sur les cités les plus limitrophes.
Expansion normale d’une peuplade puissante, les excédents de la population biturige de Chalon/Taisey s’expatrieront pour fonder de nouvelles colonies : Bituriges Cubes à Bourges - la plus belle ville de la Gaule selon César - Bituriges Vivisques à Bordeaux, tandis que l’antique forteresse deviendra castrum des empereurs gaulois, palais du roi franco-burgonde Gontran, puis forteresse du comte de Chalon (cf. les trois sceaux de Guillaume des Barres dont celui de 1246 représenté ci-dessus. Sur les deux autres sceaux, les fenêtres ne sont pas cintrées, seule l’est l’entrée).
Eléments de preuves :
1. Dans son Histoire naturelle, livre XXXIV, Pline l’Ancien (23-79 après J.C.) écrit : « ... Deinde et argentum incoquere simili modo coepere equorum maxime ornamentis iumentorumque ac iugorum in Alesia oppido ; reliqua gloria Biturigum fuit. » La première phrase ne pose pas de difficultés de traduction : par la suite, sur l’oppidum d’Alésia, on se mit à appliquer de l’argent de la même façon aux attelages mais surtout aux ornements des chevaux (il s’agit de l’invention de l’étamage à l’argent). En revanche, pour éviter tout faux sens dans la deuxième phrase, il faudrait la traduire ainsi : gloire aux Bituriges à qui nous devons cet héritage ! Le texte est très clair : l’invention a eu lieu à Alésia et les inventeurs sont les Bituriges qui habitaient cette Alésia.
Quelle Alésia ? Il est bien évident qu’il ne s’agit pas de la petite Alésia des Mandubiens mais de l’Alésia qui passait pour imprenable en raison de la hauteur de ses murailles (Plutarque), celle que Diodore de Sicile qualifie de foyer et métropole de la Celtique, autrement dit : Nuerax/Bibracte/Mont-Saint-Vincent.
Conclusion : les Bituriges étaient à Bibracte/Mont-Saint-Vincent avant les Eduens, et donc également à Taisey/Chalon, les deux localités étant militairement indissociables de même que le sont la poignée et la pointe d’une épée.
2. La Notitia Dignitatum situe une fabrique éduenne d’armement à un Argentomagus que je ne peux identifier qu’à la forteresse de Taisey (Tasiacum/thesorus = trésor = argentomagus/marché de l’argent). En faisant le rapprochement avec le très riche site gaulois d’Argentomagus près d’Argenton-sur-Creuse, j’en déduis qu’il s’agit d’une colonie qui a pris le même nom que la cité-mère de Taisey, et comme les habitants de cette colonie sont des Bituriges, j’en déduis que les habitants de la cité-mère de Taisey étaient bien des Bituriges.
Cette tour mérite-t-elle d’être classée au titre des monuments historiques ?
Alors que son environnement est menacé par une urbanisation sauvage, c’est ce que j’ai demandé à M. Donnedieu de Vabres, alors ministre de la Culture, soulignant en outre le fait qu’elle était un magnifique symbole de tolérance puisque c’est là que fut signée, en 1595, la trève de Taisey qui mit fin aux guerres de religion. Cette demande de classement a été rejetée.
Extraits en partie de mes ouvrages. Les croquis et photos sont de l’auteur. Les reproductions ont été autorisées. E. Mourey
http://www.agoravox.fr

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