Pendant plus de cinq siècles, les Celtes ont dominé toute une partie de l’Europe, du Danube à l’Atlantique, de la mer du Nord à l’Espagne et au nord de l’Italie. Mais qui étaient vraiment les Gaulois ? C’est la question que s’est posée Arte dans son documentaire du 10 mars. Très instructif documentaire « qui permet d’enterrer les poncifs et de mettre en lumière un peuple hors du commun » (rediffusion le 17 mars à 14 heures).
Il faut dire qu’on revient de loin... depuis la théorie d’une civilisation celtique qui aurait été portée par de grands mouvements migratoires venues des steppes d’Asie centrale jusqu’à, récemment, la théorie d’une culture du type "génération spontanée" qui serait apparue au pied des Alpes suisses et autrichiennes et qui se serait répandue ensuite dans toute l’Europe. Mais voilà que les fouilles effectuées sur le tracé du futur TGV Paris-Strasbourg amènent un certain nombre d’archéologues à penser qu’on ne peut plus exclure la Gaule des lieux de naissance même si d’autres préfèrent rester encore dans une sorte de consensus en parlant d’un brassage de populations au sein de notre Europe tempérée.
Ce n’est que depuis quinze à dix ans que les historiens ont commencé à se rendre compte de l’impasse dans laquelle ils s’étaient fourvoyés en minimisant l’importance de la Gaule depuis les temps antiques jusqu’à l’époque de César. Ces quinze ans correspondent au nombre d’années qui se sont écoulées depuis la publication de mes ouvrages. En m’appuyant sur une meilleure traduction des textes et sur la logique notamment militaire, j’ai proposé d’autres localisations, non pas pour Alésia, mais pour les deux grandes capitales de la Gaule, Bibracte et Gergovie.
Dans mon article "Le temple de Gergovie" du 20 février, j’ai présenté le dessin du chapiteau que voici. C’est un extraordinaire document que l’on peut admirer dans le temple/église du Crest... Gergovie !
Ce chapiteau est, à mon sens, à l’origine de cet art celtique tout en arabesques et entrelacs que tout le monde connaît. Elément fondateur de la pensée druidique, il nous révèle un Dieu de la Nature bien présent mais caché. Rien d’étonnant à ce qu’il ait inspiré les artistes celtes de Gergovie. Rien d’étonnant à ce que les guerriers arvernes aient voulu inscrire sur leurs armes leur foi dans cette pensée née sur la hauteur du Crest. Dissimulé dans les entrelacs du fourreau d’épée présenté dans l’émission d’Arte, le visage de la divinité cachée se laisse entrevoir au téléspectateur comme dans le chapiteau de notre temple. Et puis, l’esprit s’évade dans la perfection harmonieuse des arabesques et dans l’infinie complexité des représentations symboliques, mathématiques et géométriques des figures. Une divinité de la nature mais également "sur nature" que les Gaulois ont évoquée par des figures idéalisées et parfaites de forme. Il s’agit bien là d’une recherche fantasmagorique, ésotérique et mystique de la divinité et des forces divines, telluriques et célestes, au travers de l’Art.
Compilateur et héritier du pythagorisme, Jamblique présente comme vérité absolue l’acousmate suivant : Qu’y a-t-il de plus beau ? Réponse : l’harmonie. Bien qu’antérieure à l’époque de Jamblique, le vase de Vix dont j’ai dit qu’il était une œuvre de Gergovie en est l’illustration la plus exemplaire. Le corps du vase est une recomposition pythagoricienne du bassin de la femme (la terre-mère) et les anses, une recomposition des cornes du bélier jusqu’à une forme harmonieuse parfaite. Dès lors que la preuve a été donnée dans cette émission d’Arte que les Celtes étaient arrivés à un niveau de technicité incomparable dans l’art de la métallurgie du fer et du bronze, rien ne s’oppose plus à l’hypothèse que le vase ait été fabriqué à Gergovie/Le Crest, probablement dans ses forges de Tallende.
Présenté également à l’émission, le chaudron de Gundestrup est la plus belle illustration qu’on puisse trouver des croyances de Gergovie, avec son évocation des symboles solaire et lunaire, mais aussi l’image de l’homme coiffé de la ramure du cerf en forme de branche d’épine noire, symbole d’intelligence. En posture du sage/Bouddha, l’homme se trouve devant un choix : celui du serpent/péché ou celui du torque/signe d’alliance avec Dieu. Il s’agit d’une iconographie qu’on retrouve spécifiquement en Auvergne (près du Crest) et en Bourgogne (près de Mont-Saint-Vincent).
C’est par une phrase très inquiétante que se conclut l’émission : la recherche archéologique avance mais le mystère demeure.
Non ! Je ne puis être d’accord. Le mystère n’existe que parce qu’on ne cherche pas vraiment à l’expliquer. Mais je garde espoir ! Dans encore quinze ans, il se peut que la communauté scientifique se rende enfin compte que tout sort de Bibracte au Mont-Saint-Vincent et de Gergovie au Crest ; que ces lions ciselés dans l’or viennent de Sumer après avoir transité dans le temple du Mont-Saint-Vincent ; que ces griffons et ces dragons, qui s’apprêtent à cracher le feu, viennent de Delphes après être "ressuscités" dans la montagne de La Serre.
Cet article est à la fois un extrait de mes ouvrages et une réécriture.
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