dimanche 31 décembre 2023

Friedrich Nietzsche et les fascismes européens

 

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L'influence du penseur allemand est à l'origine de la naissance du mouvement mussolinien. Le Duce avait déjà reconnu son ascension en 1908

par Sandro Marano

Source: https://www.barbadillo.it/112167-friedrich-nietzsche-e-i-fascismi-europei/

La question de savoir si et dans quelle mesure la philosophie de Nietzsche a influencé le fascisme et le nazisme est l'une des plus débattues, et tant les apologistes que les détracteurs de sa pensée se sont disputés et se disputent encore à ce sujet.

Dans l'un des chapitres d'un essai publié en 1934, Le socialisme fasciste, intitulé "Nietzsche contre Marx", l'écrivain français Pierre Drieu La Rochelle, soulignant l'influence des philosophies de Nietzsche et de Marx sur les mouvements politiques et sociaux de son époque, s'interrogeait: "L'esprit de Nietzsche ne se retrouve-t-il pas au cœur de tous les grands mouvements sociaux qui se sont déroulés depuis vingt ans sous nos yeux ? Il est désormais bien établi que Nietzsche a eu une influence décisive sur Mussolini. Mais n'a-t-il pas aussi influencé Lénine ? Et tout en admettant que l'enseignement de Nietzsche est "multiforme, sibyllin comme celui de tous les artistes. Un enseignement qui échappera toujours à toute tentative de possession définitive par un parti, par une époque", il n'hésite pas à conclure que la philosophie poétique de Nietzsche est "plus efficace et plus irrésistible sur les artistes et les hommes politiques que la pensée d'un philosophe comme Bergson". (1)

Un écrit de Mussolini

Par ailleurs, il faut noter que Benito Mussolini a été le premier en Italie à faire une lecture politique de Nietzsche avec un petit essai, La filosofia della forza (La philosophie de la force), paru en fascicules de novembre à décembre 1908 dans "Il pensiero romagnolo", et qui prend comme point de départ une conférence du député socialiste Treves. Dans cet examen concis et lucide, Mussolini identifie, entre autres, le point faible de la philosophie de Nietzsche dans son approche trop individualiste: "Il ne suffit pas de créer de nouvelles tables de valeurs, il faut aussi produire humblement du pain". (2) Et il a jeté les bases d'une interprétation du Surhomme compris non pas comme un individu héroïque qui défie les conventions, mais comme une nation, qui est peuple et aristocratie, car "dans la nation, il y a la tradition et la promesse d'un avenir d'expansion, il y a l'élitisme des minorités qui dirigent et se distinguent comme les porte-drapeaux d'un peuple et il y a l'implication du peuple lui-même qui se sent appartenir à cette communauté". (3)

Parmi les interprétations possibles, celle du fascisme ne peut donc être exclue a priori, étant donné que "le concept nietzschéen qui est parvenu en Italie sous la forme la moins déformée est précisément celui du surhomme, popularisé par Mussolini dès 1908. Il était compris, certes, comme le symbole du peuple conquérant et dominateur selon la politique de puissance chère au nationalisme et à l'impérialisme ; mais aussi et surtout comme le présage d'un homme nouveau, d'un nouveau type de citoyen, porteur d'un nouveau mode de vie". (4)

Sur la critique de l'individualisme dans la philosophie de Nietzsche, Sossio Giametta est d'accord, notant que Nietzsche, "bien qu'il ait été conscient comme personne d'autre, sauf peut-être Marx, du déclin des valeurs et de la décadence en général, d'où sa renommée en tant que critique de la civilisation, ne pouvait penser qu'en termes individuels, alors que les maux moraux qu'il percevait étaient pour la plupart causés par des transformations sociales, en particulier économiques, et étaient des répercussions de celles-ci". (5)

Cependant, la question de l'influence de la philosophie nietzschéenne sur le fascisme rappelle la question plus générale de l'influence de la pensée philosophique sur la politique. Et ceci est particulièrement vrai pour des penseurs comme Platon, Machiavel, Rousseau, Marx, ainsi que Nietzsche lui-même, dont les philosophies ont une dimension prophétique et se prêtent donc à être utilisées par la politique.

On pourrait peut-être sourire de la boutade d'Ortega y Gasset selon laquelle "l'homme politique devient nerveux lorsque le philosophe se met en avant pour dire ce qui doit être dit sur les questions politiques". Mais elle implique, d'une part, la nécessaire distinction de rang entre la philosophie, qui est pensée de la vérité, et la politique, qui est "pensée utilitaire" ; et d'autre part, l'influence indéfectible de la philosophie sur toutes les activités de l'esprit, puisque "l'homme vit d'une philosophie et dans une philosophie". Cette philosophie peut être savante ou populaire, la sienne ou celle d'un autre, ancienne ou nouvelle, brillante ou stupide, mais dans tous les cas, notre être a ses racines vivantes fermement dans une philosophie". (6)

Il y a donc toujours une responsabilité du philosophe, aussi indirecte et subtile soit-elle. Comme l'écrit Sossio Giametta avec des arguments qui nous semblent irréfutables : "La culture ne communique pas directement avec la politique. Une idéologie philosophique n'est donc jamais directement traduisible en idéologie politique. (...) Cependant, les idéologies culturelles ont des relations souterraines très importantes avec les événements sociaux et politiques, à la fois dans un sens actif et passif, en tant que parties d'un même phénomène global, et c'est certainement aussi le cas pour Nietzsche. (...) Le philosophe n'est pas responsable, en tant que tel, de ses actes sur le plan éthique. De même, il n'est pas responsable des conséquences de sa philosophie sur le plan politique, social ou autre. Il n'est jamais responsable que devant la vérité. Et celle-ci, cependant, ne doit pas être comprise comme une responsabilité "faible", partielle, diminuée, mais plutôt comme la plus forte et la plus sérieuse qu'un homme puisse avoir, de l'homme qu'est le philosophe et pour laquelle seules les autres, aussi importantes, "incontournables" soient-elles, deviennent secondaires". (7)

Lorsque Nietzsche décrit "le dernier homme", avec ses clins d'œil au bonheur stéréotypé, à la médiocrité, à l'égalité, et qu'il nie le socialisme, la démocratie et le christianisme; lorsqu'il souhaite l'avènement du Surhomme (quel que soit le sens qu'on lui donne: chef politique, esthète armé à la D'Annunzio, ou nouvelle aristocratie du sang et du sol et de l'ordre nouveau); quand il exalte la lutte entre les hommes et la volonté de puissance, il met en place une série d'éléments et de suggestions qui trouvent un terrain fertile et "naturel" dans le fascisme. "Et en ce sens, écrit Sossio Giametta, non sans raison, il fournira toujours de formidables arguments à toutes les droites, car les droites, tout comme les gauches, ne manquent pas de justifications profondes". (8)

La réflexion de Sossio Giametta

Et à ceux qui trouvent répugnant d'admettre le lien étroit entre Nietzsche et le fascisme, Sossio Giametta objecte que, sur la base des textes, ce lien existe et est indubitable et que leur répugnance provient du fait qu'ils "ne sont pas prêts à prendre le fascisme au sérieux, c'est-à-dire à le considérer non pas comme le résultat de l'arbitraire et de la férocité gratuite, mais comme un accomplissement historique, comme un phénomène de vieillesse et de décadence, oui, et de violence aussi, mais naturel et grandiose, comme le déclin d'une époque et de la puissance mondiale de l'Europe, (...) comme un mouvement qui, même s'il n'est pas encore en mesure de s'adapter à l'évolution de l'histoire, n'en est pas moins un mouvement d'opposition. ) comme un mouvement qui, même dans sa négativité, a aussi incorporé toutes les bonnes raisons que Nietzsche plaide précisément en sa faveur et qui resteront à jamais les raisons de la droite, au grand dam de ceux qui rêvent ou plutôt fulminent de pouvoir un jour, avec leurs sophismes, récupérer Nietzsche pour la gauche". (9)

Pour Augusto Del Noce

De la même opinion sont généralement les interprètes qui n'ont pas de préjugés, parmi lesquels nous citons le philosophe catholique Augusto Del Noce (photo), qui observe qu'il est "absolument faux, donc, de juger le pré-nazisme de Nietzsche, parce que son œuvre ne peut avoir, même contre la volonté de son auteur, qu'un caractère de diagnostic ; mais il est en même temps absolument vrai que, si l'on veut l'interpréter comme une doctrine d'action, la forme ultime à laquelle on doit arriver est la "fureur nazie"": D'autre part, peut-on citer un disciple pratique de Nietzsche dans lequel on ne puisse pas reconnaître un précurseur du fascisme et du nazisme?". (10)

En fin de compte, il faut reconnaître honnêtement, de la même manière que l'on prêche d'un côté ses limites et son unilatéralisme et de l'autre ses mérites et sa grandeur, que Nietzsche a certainement été un précurseur du fascisme.

Notes:

(1) Pierre Drieu La Rochelle, Le socialisme fasciste, EGE, 1974, pp. 87-95 ;
(2) Benito Mussolini, La filosofia della forza, en annexe au texte d'Ernst Nolte, Il giovane Mussolini, Sugarco, 1993, p. 131 ;
(3) Marcello Veneziani, Mussolini le politicien, Ciarrapico, 1981, p.105 ;
(4) Augusto Simonini, Il lingaggio di Mussolini, Bompiani, 1978, p. 107 ;
(5) Sossio Giametta, Commentaire sur Zarathoustra, Bruno Mondadori, 1996, p. 10 ;
(6) José Ortega y Gasset, Bonheur et technique, in Méditations sur le bonheur, Sugarco, 1994, pp. 170-171 ;
(7) Sossio Giametta, op. cit. p. 313-314 ;
(8) Sossio Giametta, op. cit. p. 13 ;
(9) Sossio Giametta, op. cit. p. 119-120 ;
(10) Augusto Del Noce, Tramonto o eclissi dei valori tradizionali, Rusconi, 1971, p. 192.

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/12/26/friedrich-nietzsche-et-les-fascismes-europeens.html

Le fémur de la discorde. Toumaï est-il vraiment le 1er hominidé ?

 

Crâne Toumaï Fémur Brunet

C’est un débat d’ampleur mondiale qui est né récemment à Poitiers. Michel Brunet, qui a dirigé l’équipe ayant découvert le fossile du premier hominidé au Tchad en 2001, a-t-il sciemment mis de côté un fémur qui remettrait en cause le caractère bipède de Toumaï ? Le polémique enfle et ses explications évasives au micro de France Inter ne la calmeront certainement pas.

Avec ce fémur, Brunet est-il tombé sur un os ?

Le 22 et le 23 janvier, de manière quasi-simultanée, Nature puis Dans les pas des archéologues – le blog du journaliste du Monde Nicolas Constans – publient deux articles expliquant qu’un fémur découvert à proximité du crâne de Toumaï a été mis à l’écart et n’a pas été analysé par l’équipe de son découvreur, Michel Brunet.

Michel Brunet Toumaï Fémur
Michel Brunet

Dans ces deux enquêtes fouillées, la chronologie des événements est soigneusement retracée. En 2001, découverte du crâne de Toumaï. Dans les années qui suivent, succès mondial pour Michel Brunet et son équipe. En 2002, l’équipe de Brunet publie l’analyse des ossements retrouvés sur place au Tchad mais ne mentionne pas le fémur !
En 2004, une jeune étudiante travaille sur des ossements divers et variés retrouvés au Tchad. Voulant couper certains de ces ossements, elle contacte alors un spécialiste des ossements qui enseigne à l’université : Roberto Macchiarelli. Immédiatement, l’enseignant comprend qu’il est en face d’un fémur important. Plus question donc de le couper.

Entre 2004 et 2005, deux articles sont publiés sans faire mention de ce fémur même si, en 2005, dans un entretien accordé à Libération, il déclare : « Toumaï ne se déplaçait pas comme moi et il nous faudra décrire des os post-crâniens [de membres] pour prouver la bipédie, mais c’est prévu. Je serais surpris que l’on conclue qu’il n’est pas un bipède. »

Pendant ce temps, Roberto Macchiarelli et l’étudiante ayant découvert les os décrivent un climat pesant qui amène les deux chercheurs à prendre leurs distances avec cette affaire.

Les médias déterrent l’affaire Toumaï

En 2008, Alain Beauvilain – ancien membre de son équipe, licencié par Brunet, et en pleine guerre avec lui – évoque ce fémur, caché par Brunet.
En juillet 2009, Nicolas Constans – alors journaliste pour La Recherche – publie un article sur ce fémur : « Le crâne de Toumaï est considéré par de nombreux paléontologues comme celui plus ancien hominidé connu, Sahelanthropus tchadensis. La position du trou où s’encastrait sa colonne vertébrale indique qu’il était probablement bipède. Mais pour savoir comment il marchait, il faudrait un os de sa jambe. Malheureusement, aucun n’a été trouvé sur le site, comme le précisait en 2002 le CNRS. Or, une photographie du jour de la découverte vient d’être publiée ». Cette fameuse photographie montre clairement qu’un fémur a été découvert lors des fouilles. A l’époque, Michel Brunet – pourtant interrogé par Constans – refuse de confirmer ou d’infirmer cette information.

Une attitude étrange qui attire l’attention de la communauté scientifique internationale. Ainsi, John Hawks, publiait un article sur le sujet en juillet 2009.

Brunet, incapable de convaincre sur le fémur de Toumaï ?

En 2017, lors d’une conférence scientifique à Poitiers, Roberto Macchiarelli décide de prendre la parole publiquement et d’exiger la publication du fémur.
« Bien sûr que j’ai du ressentiment vis-à-vis de certains, mais j’ai tout de même réussi à mener ma carrière scientifique, raconte Roberto Macchiarelli selon Nicolas Constans. Aujourd’hui, j’ai 63 ans, je n’ai plus rien à prouver, et je suis simplement en colère qu’un fossile aussi important pour l’histoire de l’humanité reste dans un tiroir, suscitant les rumeurs et les fausses informations »

Le débat contradictoire avec Brunet demandé par Macchiarelli est refusé par la Société d’anthropologie de Paris mais – selon 7 à Poitiers – Brunet jure à Sciences et Avenir qu’il va « publier les résultats de l’étude sur le fémur dans les meilleurs délais » tout en déclarant au média local poitevin que la pièce est « trop fragmentaire » pour en tirer des conclusions et que, de toute manière, « il n’existe pas de connexion anatomique entre ce fémur et Toumaï, ce qui reste un préalable en paléoanthropologie. »

Même réponse sur France Inter le 2 février dernier où Michel Brunet s’exprimait, le fémur original à la main.

Cette absence de liaison physique entre le fémur et Toumaï lors de la découverte de ce qui reste le premier hominidé au monde risque de faire taire toute polémique. En effet, même si le fémur révélait que son propriétaire était quadrupède et pas bipède, le fait qu’il ne puisse pas formellement être relié à Tumaï protégerait de toutes critiques Michel Brunet.

Reste que son incapacité à expliquer la non-publication du fémur pendant de nombreuses années alors qu’il s’agissait d’une pièce fondamentale pour un paléoanthropologue est troublante. Dans cet entretien à France Inter, Brunet est resté largement évasif et n’a finalement pas répondu à beaucoup de questions sur le fond.
Ceux qui doutent de sa sincérité ne risquent donc pas de changer d’avis de sitôt.

Crédits photos : Didier Descouens [CC BY-SA 4.0], via Wikimedia Commons / Ludovic Péron [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Mythes et mensonges : Le “droit de cuissage” n’a jamais existé

 L’histoire, et notamment l’histoire médiévale, a été l’objet d’une vaste campagne de désinformation. Peuple ignorant et asservi, église inquisitrice, seigneurs arrogants et omnipotents : tous les poncifs ont été réunis pour faire de cette période la plus noire de notre histoire. Cette histoire là est fausse.

Il semble attesté, pour tout un chacun, qu’un seigneur médiéval possédait le droit de passer la première nuit de noces avec l’épouse de ses sujets et de ses vassaux. L’image d’un Moyen-Age, guerrier et “machiste”, diffusée par les manuels et les films, a beaucoup contribué à ancrer une telle croyance dans les esprits.
En réalité, l’historiographie récente a montré l’absence de tout document antérieur au 18e siècle attestant de son existence courante ou de sa légalité. Plusieurs études menées sur le sujet sont unanimes à rejeter l’existence de ce “droit”.
Les “preuves” habituellement présentées amalgament un ensemble de références et de textes de provenance fort variés, dont certains, en petit nombre, présentent un contenu troublant”. La plupart de ces “preuves” relèvent de la mystification pure et simple.

« Le droit de cuissage n’a jamais existé dans la France médiévale. Aucun des arguments, aucun des faits insinués, allégués ou brandis, ne résiste à l’analyse.»

Après étude de toutes les sources habituellement citées, ne restent au bout du compte, selon l’auteur Alain Boureau, que 5 sources un tant soit peu troublantes :
• la première est un texte satirique du XIIIe siècle.
• les 4 autres sont des “aveux et dénombrements“, une énumérations de droits établies par le vassal, dans le cas d’un contentieux avec son suzerain. Des textes qui ne signifiaient rien avant d’avoir été validés par une chancellerie ou une chambre des comptes. (et certains auteurs étaient parfois tentés de s’inventer des droits). Dans les 4 cas, cette vérification n’a pas été effectuée.
Il ne reste de fait plus aucune preuve à l’appui du droit de cuissage. C’est surtout au XVIIIe siècle que ce mythe se répandit dans le peuple et les salons : il a surtout servi dans un but idéologique afin de dénigrer l’Ancien Régime et son système féodal. Le retour de la royauté faisait craindre le retour de droits que la Révolution était censée avoir effacés.
L’auteur Alain Boureau conclut : “Le droit de cuissage n’a jamais existé dans la France médiévale. Aucun des arguments, aucun des faits insinués, allégués ou brandis, ne résiste à l’analyse”. (Source 1 – 2 – 3 – 4)
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De nos jours, l’expression est utilisée, souvent de manière crédule, parfois en guise de métaphore. Ainsi dira-t-on qu’un patron s’est arrogé un droit de cuissage sur une employée quand il a abusé de sa position hiérarchique pour obtenir une relation sexuelle. De tels abus sont considérés comme des délits

L’Amérique espagnole : si loin de Madrid? [2/3], avec Gonzague Espinosa...

Petite histoire de la découverte des fossiles, la paléontologie

 

Petite histoire de la découverte des fossiles, la paléontologie

L'origine des fossiles a longtemps été un sujet d'interrogation qui n'a été résolu que vers le milieu du XVIIe siècles.

Voltaire préférait croire que les coquilles fossiles trouvées dans les Pyrénées avaient été perdues par les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle ; la tradition voulant que tout pèlerin porte sur son chapeau une coquille saint Jacques comme signe distinctif. Il refusait d’admettre que ces coquillages avaient vécu dans les mers occupant autrefois cette région.

Pourtant, la science de son temps n'en était plus là depuis longtemps!

Xanthus (environ 500 ans av. J.C.), rapporté par Strabon, était déjà persuadé que l’endroit fort éloigné de mers où il avait trouvé des différents coquillages pétrifiés avait été autrefois une mer. Un peu plus tard, le philosophe grec Empédocle (vers 490 – vers 435), ayant trouvé en Sicile des os d’hippopotame fossilisés, considérait qu’il s’agissait de restes de géants disparus.

Albert le Grand (vers 1193 – 1280), théologien Dominicain et enseignant à l’Université de Paris, y enseigne le déplacement des mers et l’origine naturelle des fossiles. Il affirme que des restes de plantes ou d’animaux peuvent être pétrifiés sous l’action d’agents chimiques.

Le prêtre et philosophe, Jean Buridan (vers 1295 – vers 1358), professe à la faculté des arts de Paris des idées d’une surprenante audace. Pour lui, la Terre solide est dissymétrique : l’hémisphère terrestre est peu à peu érodé, donc allégé ; pour rétablir l’équilibre, ce côté de la Terre se soulève tandis que l’autre hémisphère, océanique, alourdi de sédiments s’enfonce par rapport à la Terre immuable des eaux ; de plus, sur une très longue durée, la mer et la Terre se déplacent avec une grande lenteur autour du globe. Les idées de Jean Buridan se retrouveront dans les théories actuelles de la tectonique des plaques et de la dérive des continents. Dans les universités sous tutelle de l'Eglise catholique, on y parle ni du Déluge ni des temps bibliques !

Parler de l’obscurantisme du Moyen-âge est peu fondé. L’enseignement de Jean Buridan sera repris par le mathématicien et géologue allemand Albert de Saxe (1316 – 1390) qui proposa une conception de la Terre qui conduisit à celle des géosynclinaux (Vaste dépression en bordure de mer où se déposent des sédiments et qu'un mouvement terrestre plissera pour former une chaîne de montagne).

De 1350 à 1480, les connaissances sur ce sujet stagnent. Les thèses liées au Déluge ou à la génération spontanée tentent d’expliquer l’origine des fossiles. Elles sont couramment admises. Ainsi va la science, d'avancées en reculs !

Il est historiquement erroné de croire que l’Eglise catholique interdisait de voir dans les fossiles des anciens êtres marins, ou qu’elle imposait leur explication par le déluge. L’enseignement de Jean Buridan, avec ses thèses audacieuses pour l’époque, au sein même de l’université de Paris est là pour le démontrer.

Leonard de Vinci (1452 – 1519), reprenant les idées de Jean Buridan au travers d’Albert de Saxe, affirme que les coquilles fossilisées vivaient dans un lieu que la mer occupait autrefois. Il réfute les croyances de son temps avec ironie.

Bernard Palissy (1510 – 1590), simple potier ne savant ni le grec ni le latin, réfuta le rôle géologique du Déluge au point de refuser de croire à tout ancien séjour des mers sur nos terres. Toutefois, il reconnaît dans les collections de fossiles qui se constituent des formes tropicales et d’autres qui ont disparu.

Cette époque de la Renaissance italienne n’amena rien de nouveau depuis les thèses de Jean Buridan. Elle se contenta de réaliser des collections et de publier de magnifiques livres sans grandes valeurs scientifiques.

Le XVIIe siècle voit apparaître de nouvelles cosmogonies. Celle de René Descartes (1596 – 1650), publiée en 1644 dans ses Principia philosophiae, décrit avec audace la genèse de la Terre : au cours de celle-ci, des couches successives se constituent ; la croûte terrestre est séparée des autres couches par de l’air et de l’eau ; logiquement cela conduit à une effondrement généralisé qui explique la formation de la croûte terrestre actuelle avec ses mers et ses montagnes inclinées. Descartes est loin des hypothèses de Jean Buridan qui voyait une évolution continue de la croûte terrestre et une dérive des continents ! Pour lui, la configuration actuelle de la Terre est née des hasards d’une catastrophe. Toutefois, il émettra l’hypothèse nouvelle que la Terre est un ancien astre éteint qui possède un noyau en matière de feu sans action sur les couches externes. Ces travaux sont loin de suivre sa célèbre méthode !

Le Mundus subterraneus, paru en 1665, du père jésuite Athanasius Kircher (1602 – 1680), propose une autre théorie de la formation de la Terre : le feu central de la Terre communique au travers de poches aux volcans ; des réservoirs d’eau profonde sont reliés par des canaux qui relient certaines mers entre elles et alimentent en eau dessalée les sources des montagnes.

Cette très vieille théorie datant des grecs fut remise en cause en 1674 par Pierre Perrault (1611 – 1680). Il démontra que les eaux de pluie étaient suffisantes pour expliquer les sources.

Le XVIIe siècle verra des avancées importante dans l’étude de la Terre avec le danois Nicolas Stenom (1638 – 1687), le père de la stratigraphie, et l’anglais Robert Hooke (1635 – 1703), créateur de l’anatomie comparée des végétaux fossiles ou vivants. De son côté, Wilhelm Gottfried Leibniz (1646 – 1716) écrit dans son livre « Protogée » : « Dans des temps très reculés, les mers qui nous avoisinent ont eu des animaux et des coquillages qu’on n’y trouve plus aujourd’hui [...] Dans les grands changement que le globe a subis, un grand nombre de formes animales ont été transformées. »

Malgré les avancées de la science, Voltaire préfère se ranger du côté des obscurantistes qui voient dans les fossiles de simples jeux de la nature et qui y trouvent des vertus cachées : les « archées » (nom donné par les alchimistes au feu de la terre) et les « raisons séminales » qui offrent une explication à la génération spontanée. Malgré les progrès de la science, se basant sur des raisonnements de la « saine physique », il croira jusqu’à sa mort que les fossiles du Mont Cenis tombèrent du manteau de pèlerins de Syrie et que les poissons pétrifiés sont les restes de leur repas.

Pourtant, soucieux de baser la connaissance scientifique sur des faits d’expérience, un de ses contemporains, Georges Louis Leclerc comte de Buffon (1707 – 1788) dissipa par ses travaux toutes les obscurités sur ce sujet. Dans son livre « Histoire et théorie de la Terre », paru en 1749, il affirme l’origine animale ou végétale des fossiles et l’origine végétale du charbon de terre. Il essaya de dater l’origine de la terre. Il émis l’hypothèse de l’action physico-chimique de l’eau. Ainsi, dès 1749, il attribut à l’eau la formation de tout le relief terrestre : le relief original, une fois le globe terrestre solidifié, a été dissous par l’eau. Celle-ci a nourri les animaux à coquille, puis transporté et déposant leurs débris et les produits de l’érosion. Il émis l’hypothèse que « Il y a eu des espèces perdues, c’est-à-dire des animaux qui ont autrefois existés et qui n’existent plus ».

Georges Louis Leclerc comte de Buffon n’était pas un savant méconnu à l’époque où Voltaire vivait (Voltaire est mort en 1778) : dès 1734 il rentre à l’Académie des sciences ; en 1753 il est membre de l’Académie française (où il a certainement croisé Voltaire !!) et de toutes les académies européennes.

En plein siècle des Lumières, le citoyen François Marie Arouet dit Voltaire était dans le camp des obscurantistes. Il collabora pourtant à la rédaction de l’Encyclopédie « Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers » de D’Alembert et Diderot !

http://histoirerevisitee.over-blog.com/voltaire-esprit-nouveau-ou-obscurantiste

samedi 30 décembre 2023

17 janvier 1562 : signature de l’Edit de Janvier

 Le 17 janvier 1562, le roi Charles IX, âgé de 12 ans, signe l’Edit de Janvier ou Edit de tolérance de Saint-Germain, qui permet aux protestants français de célébrer le culte à l’extérieur des villes fortifiées ainsi que de tenir des assemblées dans les maisons privées à l’intérieur de ces mêmes villes. Le Parlement de Paris refuse de le ratifier.

C’est paradoxalement cet Edit de tolérance qui va déclencher les hostilités ouvertes entre catholiques et protestants. Quelques semaines plus tard, le 1er mars 1562, le duc François de Guise et sa troupe d’archers surprennent dans le village de Wassy , en Champagne, des centaines de protestants en train d’écouter un prêche dans une grange, à l’intérieur de la ville close et dans des conditions donc illégales. Sur son ordre, la troupe massacre sauvagement les protestants. On compte une trentaine de morts et une centaine de blessés.
C’est le début des guerres de religion. Elle dureront plus de trente ans. (sources 1, 2)

https://www.fdesouche.com/2009/01/17/il-y-a-447-ans-signature-de-ledit-de-janvier/

Livre. Les trente « empereurs » qui ont fait la Chine, de Bernard Brizay

 

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En ce mois de février 2018, les éditions Perrin éditent un ouvrage très instructif intitulé « Les trente “empereurs” qui ont fait la Chine » et rédigé par Bernard Brizay.

Journaliste et historien, Bernard Brizay a écrit de nombreux livres sur la Chine, notamment Le Sac du palais d’Été ; Shanghai. Le Paris de l’Orient et, chez Perrin, La France en Chine. Du XVIIe siècle à nos jours, ouvrage traduit en chinois en 2014. Il a reçu la même année le prix prestigieux du Special Book Award of China, au Grand Palais du Peuple de Pékin, remis par Mme Liu Yandong, vice-première ministre.

Voici la présentation de l’éditeur :

5 000 ans d’histoire chinoise à travers le destin des 30 empereurs les plus représentatifs.

L’art chinois nous est familier, mais curieusement l’histoire de la Chine nous est mal connue. Et pourtant elle est instructive, et qui plus est passionnante. Qui peut se flatter de connaître et de comprendre un pays s’il en ignore l’histoire ? C’est encore plus vrai en ce qui concerne la Chine et ses cinq mille ans d’histoire. Les Chinois, eux, connaissent bien leur histoire, et aussi la géographie de leur pays, qu’on leur a doctement enseignées dès l’école primaire. Rien d’étonnant puisque, comme le souligne l’historien Pierre Ryckmans : « En Chine, l’histoire joue le rôle qui, dans les autres civilisations, est normalement dévolu à la mythologie ou à la religion : c’est à elle que l’on demande une explication totale du monde, une définition du destin de la collectivité, un jugement de valeur sur la condition humaine. » 

Ce qui frappe de plus dans cette histoire, c’est sa violence. Dans une certaine mesure, on pense à la célèbre tirade de Shakespeare dans Macbeth : « L’Histoire humaine est un récit raconté par un idiot, plein de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. » Cependant, et ce livre entend le démontrer, l’histoire de la Chine n’est ni folle ni absurde. Elle est somme toute cohérente et représentative de la personnalité de l’Empire du Milieu. On peut comprendre — on doit essayer de comprendre — la Chine d’aujourd’hui à travers son histoire. Plus que pour toute autre nation ou civilisation, ce pays s’explique par son passé et par son ADN, l’empreinte génétique de son peuple, forgée au fil des siècles. 

Parmi les 208 empereurs chinois ayant régné, répartis en 24 dynasties, nous en avons sélectionné 30, incluant les « empereurs républicains » récents, Sun Yat-sen, Chiang Kai-shek, Mao Zedong, Deng Xiaoping et Xi Jinping. Tous ont en commun d’avoir réfléchi de près au sujet éternel, particulièrement en Chine, de l’exercice du pouvoir, tous ont été obsédés par une réflexion sans fin sur le pouvoir et ses modalités, à savoir l’exercice du bon gouvernement. 

La Chine, cette vaste et peuplée terre si méconnue de nous. C’est une plongée dans ses entrailles que propose Bernard Brizay, avec des histoires qui nous font revivre 5000 ans de ce qui constitue l’histoire d’une civilisation à la longévité exceptionnelle et à la créativité sans arrêt renouvelée.

On apprécie d’emblée les cartes fournies en préambule par l’auteur, pour mieux tenter de décrypter ce pays et y voir plus clair. On apprécie aussi la chronologie, qui permettra à ceux qui — comme moi lorsque j’ai commencé l’ouvrage — n’y connaissaient rien à l’histoire de la Chine — de se repérer. J’ai été rassuré d’emblée, car il ne s’agit pas d’un livre universitaire, dans lequel un historien emploie des mots ronflants (et parfois discutables) et des explications alambiquées histoire de faire lâcher prise y compris aux plus motivés.

Et puis on plonge à la découverte de l’empire du milieu, et de ses icônes historiques — qu’aujourd’hui encore tout un peuple connait, lui dont les autorités ont fait en sorte qu’il continue génération après génération à apprendre son histoire, d’où il vient, pour mieux sans doute savoir où aller. Je ne connaissais ni Huangdi, le père de la civilisation chinoise, ni Wudi, l’empereur guerrier, ni même Qianglong, le grand empereur devenu sénile. Hormis les contemporains, je n’en connaissais pas grand-chose à vrai dire, et cela ne me passionnait pas plus que ça.

Je ressors de la lecture de ces « trente “empereurs” qui ont fait la Chine » avec l’envie de me plonger encore plus profondément dans cette histoire, riche, tourmentée, rasée en partie par le communisme et par la « révolution culturelle » de Mao Zedong, mais qui est aujourd’hui toujours un géant mondial qui ne se renie pas et n’a pas l’intention de le faire.

Un livre qui donne les clés d’une civilisation méconnue, ce n’est pas tous les jours que cela arrive, alors il faut en profiter !

Yann Vallerie

chine

Bernard Brizay —Les trente « empereurs » qui ont fait la Chine — Perrin — 25 € 

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Du plan turc dans le Caucase (1919) au projet turc d’aujourd’hui

 

Du plan turc dans le Caucase (1919) au projet turc d’aujourd’hui

De Marion Duvauchel, historienne, pour Le Salon beige :

Les loups de Touran sont-ils de retour ?

La plupart des articles spécialisés dans les affaires du Caucase ne cessent d’évoquer les « haines ethniques » ou « raciales ». Presque tous les articles disponibles se gardent bien d’aller au-delà de 1993, censé constituer le début des hostilités entre Azéris et Arméniens. C’est un silence irresponsable pour ne pas dire coupable.

Or, le problème du Haut Karabakh est une affaire ancienne dont les semences de mort ont été répandues par les Anglais lorsqu’ils ont attribué le Haut Karabakh à l’Azerbaïdjan. Staline ne fera qu’entériner leur décision.

Dans le chaos des faits, des alliances, des combats, des violences, des ruses, des trahisons et des mensonges diplomatiques, un éclairage sur la question du Haut Karabakh peut s’avérer d’autant plus difficile que c’est aussi le moment où se joue le sort du Caucase entre les intérêts des Alliés, l’effondrement de la Russie tsariste, la soviétisation et le grand projet turc. Mais il faut essayer.

Fin 1918, la Grande-Bretagne s’installe dans le Caucase. Elle compense par le jeu diplomatique le peu de moyens matériels dont elle dispose dans une région « turbulente » comme disent les experts. De cette Angleterre de l’empire finissant, on connaît la rouerie, la fourberie, le cynisme et  l’intérêt bien compris. Le sien, bien sûr. Le prétexte invoqué par les milieux les plus impérialistes de Londres pour justifier cette présence dans le Caucase, c’est qu’il s’agit d’un des boulevards de l’Inde. En réalité c’est à cause du pétrole de Baku. Pendant la domination britannique en 1919, l’Azerbaïdjan disposait encore du pétrole qui traversait la Géorgie pour aboutir au port de Batoum (promis à la Géorgie, mais occupé par les Britanniques). Quant à l’Arménie, on lui avait promis de vastes territoires anatoliens. Mais sans les moyens de les conquérir ni de les conserver. Pendant ce temps, des centaines de milliers de réfugiés arméniens s’entassaient dans un territoire minuscule. De ce qu’on appelait alors « l’Arménie turque », il ne restait qu’un vilayet, celui de Sivas, et il ne restait qu’une poignée d’Arméniens.

Les traités de Batoum n’étaient pour la Turquie que des façades juridiques servant de prétexte à l’invasion du Caucase. Au début du mois d’août 1918, Nuri Pacha avait demandé l’annexion du Karabakh à l’Azerbaïdjan. La République arménienne refusa. Une fois. Une deuxième fois. Les Turcs envoient un détachement turco-azeri contre Chouchi, la capitale, où les Turcs entrent le 8 octobre. Les villages entrent en sédition et le mois suivant profitant de leur retrait, les Arméniens reprennent le contrôle de la région.

En octobre 1918, Enver Pacha envoya des instructions précises à l’armée du Caucase pour les régions situées entre les républiques transcaucasiennes et la ligne de retraite des forces turques. Avant  de se retirer, l’armée devait armer les populations kurdes et turques, en laissant également derrière elle des officiers capables d’organiser politiquement et militairement la région. L’objectif principal était d’empêcher le rapatriement des Arméniens.

Le commandant en chef des forces britanniques du Caucase, le général Thomson, est alors dans les meilleurs termes avec le gouvernement azerbaïdjanais, ce qui permet à la Grande-Bretagne d’obtenir de très grandes quantités de pétrole. Considérant que les montagnes du Karabakh constituent le lieu de pâturage estival des éleveurs azéris, il autorise le 15 janvier 1919 la nomination d’un gouverneur azéri pour les provinces du Karabakh (165000 Arméniens contre 59 000 Azéris) et du Zanguezour (101000 Arméniens contre 120 000 Azéris).

Février 2019, l’administration azerbaïdjanaise pénètre sous protection britannique au Karabakh tandis que les Arméniens tiennent à Chouchi leur quatrième assemblée, qui refuse toujours de se soumettre. Les pourparlers se poursuivent lors de la cinquième assemblée, tenue fin avril avec la participation du gouverneur azéri et du général Shuttleworth, successeur de Thomson.

Le refus arménien persista et les relations s’envenimèrent. Le 2 juin, les Azéris passèrent à l’attaque.

En août 1919 les Arméniens acceptèrent l’autorité azérie. Avaient-ils un autre choix ?

Le 8 janvier 1920, les Arméniens signent avec le général Forestier-Walker, commandant des forces britanniques à Batoum, un accord pour l’établissement d’une administration civile arménienne à Kars. Quand elle arrive, escortée par les Anglais, les musulmans refusent de se soumettre et, à l’issue d’un grand congrès proclament le gouvernement national provisoire du sud-ouest du Caucase. Le général Thomson arrive alors à Kars et reconnaît de fait ce gouvernement, tandis que l’administration arménienne fait demi-tour. Les Turcs et les Kurdes rendant impossible tout rapatriement arménien vers l’ouest, les Arméniens décident alors, en janvier, d’attaquer le Nakhitchevan.

Thomson propose aux Arméniens de les aider pour prendre le contrôle de Kars et de Nakhitchevan s’ils acceptent de céder aux Azéris le Karabakh et le Zanguezour. Suite à un accord de principe, Thomson occupe Kars le 13 avril et dissout le gouvernement du sud-ouest du Caucase. Les Anglais se retirent de Nakhitchevan, laissant l’administration aux Arméniens. En juillet, les musulmans du Nakhitchevan attaquent les Arméniens et les obligent à évacuer le district.

Lorsque le colonel Rawlinson visita la région de Kars en juillet, il constatait qu’en dehors des villes tout le reste du territoire est tenu par les Kurdes, depuis la vallée d’Araxe jusqu’à Oltu et Ardahan.

Et les Français ? Ils sont au courant bien sûr.

Le 10 décembre 1918, le lieutenant colonel Chardigny, commandant le détachement français au Caucase adresse un courrier de six pages au Ministre de la guerre, courrier dans lequel il dresse un état de la situation au Caucase et le projet d’organisation du pays.

Il souligne que « les récentes tentatives de colonisation russe ont produit un mélange complet des races et une dispersion incroyable des populations » et se demande si l’organisation du Caucase en 4 républiques indépendantes, « consécutive à l’effondrement de la puissance russe et à la menace de l’invasion turque est susceptible de procurer aux populations la paix et la prospérité auxquelles elles aspirent » ?

Ce n’est pas une question rhétorique. Voici la réponse in extenso. Quelle est donc cette organisation ?

1 Elle n’est autre que la réalisation du plan de nos ennemis qui peut se résumer ainsi :

a) Constitution au Caucase d’un grand État musulman, réunissant sous le protectorat turc les montagnards du Caucase du Nord et les Tatars d’Azerbaïdjan. Cette conception, d’origine purement panislamique, en cas de victoire des puissances alliées, aurait amené le Croissant jusqu’au bord de la Mer Caspienne. La république d’Arménie, née par la force des choses, réduite du reste à d’infinies proportions, n’aurai eu qu’une durée éphémère, la disparition de ce qui reste du peuple arménien étant la conséquence directe et fatale du plan turc.

b) Création d’une Géorgie indépendante, sous le protectorat de l’Allemagne qui serait chargée elle-même de l’exploitation des richesses naturelles, le plus favorisé de tout le Caucase.

2 Qu’aucune des 4 républiques nouvelles ne disposent de ressources suffisantes pour se créer une vie indépendante, assurant le développement ultérieur du pays. Deux d’entre elles, celle de l’Azerbaïdjan et celle des montagnards, ne disposent même pas d’une classe instruite assez nombreuse pour assurer la direction des affaires, la masse du peuple étant restée jusque là dans un état de profonde ignorance.

En note, le lieutenant colonel signalait que, alors qu’en Géorgie tous les fonctionnaires russes avaient été remplacés par des Géorgiens, en Azerbaïdjan, vu le manque absolu de musulmans instruits, on avait conservé les fonctionnaires russes.

(…)

Géorgiens et Tatares (Azerbaïdjanais) soutenus par les baïonnettes allemandes et turques ont incorporé à leurs territoires respectifs une partie des régions arméniennes.

Le lieutenant colonel Chardigny concluait avec une proposition inédite autant qu’intelligente : celui de calquer le modèle suisse sur le Caucase et de l’organiser en « cantons ».

Et il terminait avec réalisme que pour sauver l’ordre dans ce pays, il fallait un maître étranger, qui ne pouvait être que les Alliés, agissant au nom de la Russie, en attendant que le calme soit revenu dans les esprits.

Il concluait ce courrier empreint d’intelligence sur le sort de l’Arménie russe (l’Arménie caucasienne) et sur celui de l’Arménie turque, « pays dévasté et désert dont la reconstitution serait une œuvre de longue haleine ».

La Constitution au Caucase d’un grand État musulman, réunissant sous le protectorat turc les montagnards du Caucase du Nord et les Tatars d’Azerbaïdjan est toujours d’actualité. C’est le projet du président Erdogan. La « quatrième république », celle du Caucase du Nord n’a pas duré, mais il reste l’Azerbaïdjan, protectorat russe qui amène le Croissant jusqu’à la Caspienne.

Le grand État musulman du Caucase, dans une zone turcophone qui irait du Bosphore à l’Asie centrale, voilà sa vision géopolitique. Erdogan avance à peine masqué avec la même détermination de ses grands prédécesseurs, les fossoyeurs du Caucase chrétien qui ont fait l’essentiel du travail, avec la complicité duplice des puissances de l’Entente.

https://lesalonbeige.fr/du-plan-turc-dans-le-caucase-1919-au-projet-turc-daujourdhui/

L'Allemagne rêve déjà d'une Europe à sa botte en 1914

 

Article du 5 décembre 1914 du Petit Journal montrant le Pangermanisme

Article du 5 décembre 1914 du Petit Journal montrant le Pangermanisme

En ce jour du 5 décembre 1914, le Petit Journal publie un article sur le Pangermanisme.

"La curieuse carte que nous reproduisons n'est pas une facétie française. Comme l'indique les inscriptions allemandes que nous avons conservées pour lui laisser son caractère d'authenticité, ce document de la Mégalomanie germanique a été conçu, exécuté et publié de l'autre côté du Rhin.

C'est la carte de ce que eût été l'Allemagne après la victoire finale des Allemands. Rêve pangermaniste, rêve de fou !

La France y est réduite au pays Basques. La Russie à la Crimée. La Grande Bretagne est une colonie allemande, l'Irlande une colonie autrichienne.

La grande Allemagne s'étend de Saint-Pétersbourg aux Pyrénées en englobant toute la Belgique.

L'Allemagne doit commencer à s'apercevoir que ce cauchemar de cerveau malade n'est pas près de se réaliser"

En effet, suite à la première Bataille de la Marne qui conduisit à l'arrêt définitif de l'avancée allemande par l'ouest en passant par Paris, ce rêve fut stoppé net par l'Armée française qui combattait à un contre cinq.

Après le traité de Versailles de 1919, le Pangermanisme ne tardera pas à être relancé... bien avant l'arrivée de Hitler au pouvoir. N'oublions pas que c'est la République de Weimar qui a réarmé l'Allemagne avec le soutien logistique des soviétiques dès 1924 par un programme de formation d'un état major et la formation de pilotes (les avions produits par l'Allemagne étaient capables d'être transformés en avions militaires).

En 2014, n'avons nous pas à faire à un Pangermanisme économique qui nous a imposé une monnaie forte avec une volonté de n'avoir aucune inflation!

http://histoirerevisitee.over-blog.com/2014/12/5-decembre-1914-l-europe-revee-par-l-allemagne.html

Pyotr Stolypine : Le ministre des grandes réformes russes

 

Il y a peu de personnes qui ont des grands idéaux et des idées brillantes, auxquelles on peut faire confiance  pour être en mesure d’offrir une bonne qualité de vie aux citoyens.

Avec Piotr Stolypine, nous pouvons trouver ces caractéristiques que nous souhaitons trouver dans chaque administrateur public ( Res publica ) .

Pyotr est né le 14 Avril 1867 à Dresde, en Allemagne. Son père était un général, et sa mère était la fille d’un politicien russe. Après avoir réussi son diplôme au lycée en 1881, il entra à l’Université de Saint-Pétersbourg, et choisit la faculté de Physique et Mathématiques. Cependant, il a dû renoncer à devenir chercheur scientifique comme il le voulait ; il se rendit compte  qu’en se mettant au service des personnes, il serait beaucoup plus utile à son pays.

Nommé gouverneur de Grodno, actuellement en Biélorussie, il fut envoyé en 1905 à Saratov, une ville située dans le sud de la Russie. C’était en des moments difficiles,  surtout pour les agriculteurs russes.

Le mécontentement général a conduit Nicolas II, dont les grandes qualités humaines et politiques sont tout à fait inconnues, à choisir Piotr Stolypine qu’il nomme ministre de l’Intérieur en mai 1906 pour devenir ensuite Premier ministre. Le Tsar se rendit compte que ses idées relatives à la réforme agraire, auraient pu être très efficaces dans la résolution de nombreux problèmes.

Stolypine avait compris qu’il fallait donner une plus grande indépendance aux travailleurs agricoles. Par conséquent, de nombreux agriculteurs sont devenus propriétaires de leurs terres, une banque de terrains a offert des prêts à des conditions favorables. Bientôt, il vit les résultats des réformes, la production ayant augmenté ; mais ce n’est pas seulement l’agriculture qui a profité des réformes de Stolypine, c’est aussi l’industrie.  En Août 1906 une tentative d’assassinat fut organisée contre lui ; le  ministre s’en sortit avec des blessures mineures, mais une de ses filles mourut, et son fils de trois ans fut grièvement blessé. Dans cette même année, à travers la Russie, les révolutionnaires organisèrent des attentats contre la police et les représentants  du gouvernement.

Stolypine a tenté d’apporter des modifications à la Douma, l’assemblée des conseillers, pour faire en sorte que les lois proposées fussent acceptées dans un temps plus court. Stolypine et ses idées réformistes avaient le plein appui de Nicolas II, qui voulait une monarchie constitutionnelle.

De nos jours, les réformes russes de cette période sont soigneusement étudiées, et également  sous le régime soviétique,  car pour les dirigeants soviétiques les réformes semblaient être la seule solution pour le développement agraire post-communiste.

L’objectif final de Stolypine était une nation compétitive, avec des lois fondées sur des traditions historiques mais en regardant vers l’avenir. Le Premier ministre voulait que chaque homme puisse exprimer son talent avec créativité ; il croyait fermement que seul un peuple libre d’être créatif et d’atteindre de bons résultats avec le travail pourrait offrir beaucoup au pays.

Les idées que Stolypine avait en faveur du travail et des travailleurs  ressemblaient beaucoup à celles de l’entrepreneur italien Adriano Olivetti.  Un autre concept clé était l’idée du bien commun,  les intérêts de la population et toutes les aspirations pourraient être énormes et toutes les idées fusionnaient ensemble vers un but précis, partagées par tous. Selon Stolypine l’objectif était de représenter en particulier le bien du pays: la Russie, un pays très spécial avec une riche histoire industrielle, de coexistence pacifique des différents peuples, et de religiosité.

Des dirigeants extraordinaires comme Pierre Ier, Catherine II, et Alexandre Ier étaient à l’avant-garde pour leur temps.

Selon Stolypine les modèles occidentaux ne pourraient pas être utiles à la Russie, car il fallait avoir beaucoup de respect pour l’intégrité et l’unité du pays sur la base de ses traditions historiques. En Russie, la terre des Monastères, l’Eglise orthodoxe devait être considérée comme une source d’inspiration, car la foi chrétienne orthodoxe, implantée au cœur de la majeure partie de la population, a contribué à maintenir ensemble la nation, même dans les moments plus difficiles. Cependant toutes les religions, toutes les ethnies ont dû vivre dans une grande harmonie, comme cela avait toujours été le cas depuis les temps anciens de la Russie.

Stolypine disait: «En Russie, nous ne voulons pas imposer quoi que ce soit dans l’esprit du peuple par la force. Nous devons prendre en compte les racines nationales profondes. Si nous voulons que nos réformes fonctionnent, d’abord elles doivent  être acceptées par l’âme de la nation ». Stolypine croyait que les réformes devraient être introduites d’une manière cohérente, mais peu à peu. La tradition a été accompagnée par des résultats innovants, mais l’innovation sans tradition conduirait à l’aliénation.

Cet homme était un vrai patriote, son grand amour pour sa patrie animait sa vie politique et même privée. Les personnes qui n’avaient aucune confiance dans la capacité de la Russie à être un pays important l’irritaient  profondément. Ses réformes ont mis fin à l’instabilité, au terrorisme et à l’anarchie. On peut donc en déduire que le mécontentement populaire a été organisé surtout à l’extérieur du pays, car il est paradoxal que les idées démocratiques sociales, authentiques, de Stolypine et de Nicolas II n’aient pas été comprises, ou plutôt qu’on les ait délibérément mal interprétées et présentées dans les livres d’histoire comme des idées contraires à la volonté du peuple. La révolution sanglante avec ses conséquences tragiques a plutôt bloqué la croissance du pays, une croissance qui était réelle, puisque plus tard, même le régime soviétique l’a étudiée et a essayé de la reproduire. Grâce au travail de Stolypine nous avions un pays en pleine expansion économique, qui faisait partie du petit nombre de pays plus développés. Stolypine donnait une grande valeur au facteur humain ; en augmentant le bien-être de chaque individu on pourrait atteindre le bien-être de tous.

Les révolutionnaires croyaient au bien dogmatique de la communauté, qui, analysé rétrospectivement, écrasa toutes les aspirations individuelles. Annulant l’individu, par conséquent, on annule la communauté, dont l’individu fait partie. Ainsi, le  dogmatisme des révolutionnaires était voué à l’échec dès le début, ce qui a eu lieu soixante-dix ans après.

La fille de Stolypine, Marie, nous a transmis les idées de son père à travers son journal .

On peut lire :

”Dans la pensée, il voyait les fermes florissantes en Allemagne, où les gens calmes et persévérants empilaient sur le sol des extensions minuscules par rapport à nos plaines, des cultures et des économies en croissance passées de père en fils”.

( cit E. Malynski , La guerre occulte,, Ar, pag. 111 )

Piotr Stolypine fut assassiné le 18 Septembre, 1911

Daniela Asaro Romanoff

revu par Martha pour Réseau International

Merci au professeur Saber Othmani pour sa collaboration dans la traduction.

https://reseauinternational.net/pyotr-stolypine-le-ministre-des-grandes-reformes-russes/

vendredi 29 décembre 2023

Eoliennes, le grand foutage de gueule

  

 Mormach

@mormach
Le éoliennes, c'est écologique ! 
AH BON ! Saviez vous que chaque année, chacune des pales d’une éolienne perdent environ 180 kg de poids en poussières fines projetées dans l’air, faites de fibres de verre, de carbone et de résines époxy ? 
En fin de vie, les pales non recyclables, sont enterrées ad vitam... Toute cette pollution de fonctionnement pour le plus grand bénéfice des sociétés qui les fabriquent (en Chine) et qui les installent...

13 février – 15 février 1945 : la destruction de Dresde par les bombardements anglais et américains

 

dresde

S’il existe des milliers de films, de livres, de commémorations sur la Seconde Guerre mondiale, les crimes de guerre commis par les Alliés pendant et après cette guerre civile européenne sont nettement moins évoqués. Ce fut le cas en Bretagne ou en Normandie en prévision du débarquement (50 à 70 000 victimes sur toute la France durant la guerre). Mais ce fut aussi et surtout le cas du bombardement de Dresde en Allemagne, du 13 au 15 février 1945, durant lequel des dizaines de milliers de personnes ont été tuées par les bombardiers américains et anglais.

A l’exception d’Hiroshima et de Nagasaki, il s’agit du bombardement aérien le plus meurtrier de cette guerre, des bombardements dont les américains seront des spécialistes durant toute la seconde moitié du 20ème siècle et au début du 21ème, sans jamais se retrouver dans le camp des accusés et des bourreaux.

En 1945 Dresde était une ville splendide (la Florence de l’Elbe) de 650 000 habitants qui abritait au moment des bombardements plus d’un million d’individus, la ville ayant accueilli des réfugiés fuyant devant l’avance de l’armée soviétique. Lorsque les bombardiers alliés survolent la ville, les gens tentent d’oublier leurs malheurs dans un carnaval improvisé… La couleur du déguisement va alors rapidement tourner au rouge…

À 22h15, 800 bombardiers britanniques, avions d’escorte et de diversion convergeaient ainsi sur Dresde et larguaient des bombes incendiaires qui mettaient le feu à la ville d’une extrémité à l’autre. Une fois le ciel dégagé des avions ennemis, ceux qui avaient survécu dans des abris ressortaient dans les rues pour aider les blessés et enlever les morts. Des unités de service de secours de la région environnante se précipitaient dans la ville détruite pour apporter leur aide.

Une deuxième vague de bombardiers profita ensuite de l’accalmie pour piéger les secouristes dans les rues en feu, et des milliers de victimes succombèrent à nouveau, dans une ville dont la chaleur provoquée par les bombes incendiaires atteignit alors des records.

Au final, le nombre des tués de Dresde oscille entre 30 000 et 40 000 selon les historiens, sans compter les dizaines de milliers de blessés. Le tout en un temps record.

Au total, durant la Seconde Guerre mondiale, 1,35 million de tonnes de bombes ont été déversées sur l’Allemagne par les Américains et les Anglais, qui occasionnèrent des centaines de milliers de morts et des millions de blessés.

Pour aller plus loin dans cet épisode de la Seconde Guerre mondiale, on ne pourra que conseiller la lecture du livre L’Incendie, l’Allemagne sous les bombes de Jörg Friedrich dont voici la présentation ci-dessous :

Le bombardement des villes allemandes, durant la Seconde Guerre mondiale, est un fait unique dans l’Histoire. Pendant quatre ans, pratiquant la stratégie de la terreur décidée par les Alliés, les 2000 avions du Bomber Command ont écrasé sous un déluge de feu plus de 1000 villes et villages. Ils tuèrent plus de 600000 civils dont 76000 enfants, détruisant irrémédiablement, et sans aucune utilité militaire, des cités qui dataient du Moyen Age. Ce fut la plus grande catastrophe qu’ait connue l’Allemagne depuis la guerre de Trente Ans. L’historien Jörg Friedrich nous offre aujourd’hui l’oeuvre qui manquait sur cette campagne d’anéantissement. Se fondant sur de très nombreuses sources, il décrit l’évolution et le perfectionnement des bombes, leur action destructrice au sol, l’expérience traumatisante vécue par la population réfugiée dans les bunkers et les caves, la mort provoquée par l’élévation subite de la température, l’effet de souffle et les gaz incendiaires, mais aussi la disparition d’un héritage culturel d’une incommensurable richesse. Avec ce livre est enfin comblée une surprenante lacune de la mémoire du XXe siècle.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

https://www.breizh-info.com/2018/02/14/89229/13-fevrier-15-fevrier-1945-destruction-dresde-bombardements-anglais-americains/

Le premier projet d'Union européenne de 1929 : Anti démocratique et mondialiste

 

Le premier projet d'Union européenne de 1929 : Anti démocratique et mondialiste

Il y a dix ans, l'Europe nous imposait le traité constitutionnel européen constituant une atteinte majeure à la Démocratie. A y regarder de plus près, cela n'a rien de surprenant : Le projet européen porte dans ses gènes un caractère clairement anti démocratique. L'objectif des dirigeants a toujours été de faire l'Europe contre la volonté des Peuples et en supprimant les Etats-nations pour les mettre aux mains de dirigeants non élus.

Il y a exactement dix ans, une large majorité des Français rejetaient le traité constitutionnel européen malgré une campagne massive en faveur du Oui de la part de tous les médias et de la majorité des partis politiques. Il sera finalement approuvé le 19 octobre 2007 par les chefs de gouvernement réunis en congrès à Lisbonne contre l'avis des Français. Ce sera une tâche noire indélébile sur la construction européenne et la démocratie française.

Mais à y regarder de plus près, cela n'a rien de surprenant : Le projet européen porte dans ses gènes un caractère clairement anti démocratique. L'objectif des dirigeants a toujours été de faire l'Europe contre la volonté des Peuples et en supprimant les Etats-nations pour les mettre aux mains de dirigeants non élus.

Pour cela, il faut remonter au texte fondateur du premier projet de construction européenne de 1929. Construction clairement idéologique de la Gauche pacifiste et internationaliste, il a le mérite d'annoncer ses intentions sans détour.

Le premier projet de construction européenne fut présenté le 5 septembre 1929 par le Président du Conseil et Ministre des affaires étrangère Aristide Briand devant la Xe session de la Société des Nations à Genève (Ancêtre de l'ONU).

Aristide Briand avait un objectif essentiel qui était de mettre en place des institutions européennes afin de supprimer toutes les entraves à l'économie et au commerce européen et mondial, notamment en supprimant les barrières douanières. Cette première vue d'Aristide Briand était purement économique.

Le 9 septembre 1929, ce projet du Président du Conseil français obtenait le soutien du Chancelier allemand, Gustav Stressemann qui lui parlait du "Désarmement douanier" (Alors qu'il réarmait l'Allemagne avec le soutien logistique des Soviets!) 

Ce même jour de septembre, les états européens membre de la SDN (27 pays dont la Suisse) confièrent à Aristide Briand le soin de rédiger un mémorandum sur le sujet. Il sera présenté le 1er mai 1930 sous le titre de : "Mémorandum sur l'organisation d'un régime d'Union fédérale européenne". C'est le premier projet de construction de l'Union européenne. On y parle pour la première fois "D'Union européenne".

Ce texte fut rédigé par les services du quai d'Orsay sous la direction d'Alexis Léger (le futur Saint-John Perse). Diplomate germanophile très influent au sommet de l'état jusqu'en juin 1940, il sera le principal artisan du pacifisme aveugle de nos gouvernants de Gauche face à l'Allemagne de Hitler, poursuivant l'héritage d'Aristide Briand (Par ailleurs Prix Nobel de la Paix 1926 avec Gustav Stressemann).

A aucun moment du texte il est question d'un quelconque contrôle démocratique direct de cette institution qui fonctionne sur le modèle exact de ce que nous connaissons actuellement. A la tête on trouve un organe exécutif, "L'Organe représentatif directeur" composé de tous les représentant s des pays européens, "La conférence européenne". La présidence de cette "Conférence européenne" sera assurée annuellement par roulement par un pays membre (Afin d'éviter de favoriser un pays). 

En complément de cet organe décisionnel est prévu un organe décisionnel, "Instrument d'action", le "Comité politique permanent", et un "Secrétariat permanent", tout deux chargés d'assurer le fonctionnement opérationnel de cette "Union européenne".

Dans ce premier projet, il n'est donc nullement question de confier le contrôle de l'Union européenne à un parlement élu par les Peuples d'Europe. C'est fondamentalement un système intergouvernemental sans contrôle démocratique direct. L'Union européenne actuelle ajoutera un parlement... mais qui n'a aucun rôle de proposition de loi et qui ne sert juste qu'à entériner les décisions de la Commission européenne.

Pour les concepteurs de cette Gauche pacifiste française qui influencera fortement la Diplomatie français de 1919 à juin 1940 et qui nous conduira vers cette honteuse défaite de juin 1940, ce sont les Peuples européens bélliqueux qui sont directement responsables de cette boucherie que fut la Grande Guerre. Afin d'éviter tout nouveaux conflits en Europe, il convient donc de leur ôter tout pouvoir de décision. Ceci conduira au leitmotiv de "L'Europe seule capable de garantir la Paix sur le continent".

On retrouve de façon plus générale la défiance de l'élite de Gauche envers le Peuple. N'est-ce pas Voltaire qui disait : " Il est à propos que le peuple soit guidé, et non pas qu’il soit instruit, il n’est pas digne de l’être"

Ce premier projet de construction d'une Union européenne comporte un point fondamental de politique internationale et de gouvernance mondiale. Pour les rédacteurs et Aristide Briand, il est clair que cette Union européenne doit être, avant toute chose, une agence régionale de la Société des Nations (La SDN ancêtre de l'ONU). Elle doit lui être subordonnée étroitement.

Pour le chancelier allemand Gustav Stressemann : "Il ne s'agit nullement de constituer un groupement européen en dehors de la SDN, mais au contraire d'harmoniser les intérêts européens sous le contrôle et dans l'esprit de la SDN" (Discours du 9 septembre 1929).

Il est clair pour les rédacteurs que l'Union européenne doit s'inscrire dans un gouvernement mondial dirigé par une organisation non élue, la SDN. L'esprit démocratique inscrit dans la Constitution française est assassiné ! Avec un tel projet, les peuples européens sont mis en servage.

Une réunion des États européens (et futurs États membres) devait même être organisée pour délibérer sur les propositions contenues dans ce mémorandum. Las, elle n’eut jamais lieu. Le 23 septembre 1930, une commission d’études est néanmoins créée, dans le cadre institutionnel de la SDN ; Aristide Briand en sera élu président. Chargée d’étudier les modalités d’une éventuelle collaboration au sein de l’Europe, elle ne put cependant aboutir à aucun résultat.

Ce rêve de la Gauche pacifiste sera entretenu jusqu'en juin 1940. Il aura pour conséquence la recherche systématique d'une entente avec le régime national-socialiste de Hitler afin d'éviter une nouvelle guerre. "Mieux vaut Hitler que la guerre" était leur slogan !

Dès juin 1940, cette Gauche se vautrera dans la collaboration politique dans le but de créer avec l'état européen le plus fort cette Union européenne tant souhaitée. Créer l'Union européenne avec le pire des régimes ne leur semblait pas une faute morale ! Lire l'article : Du projet européen de 1929... à la collaboration de 1940... à l'Europe actuelle

Ce projet fut repris dès 1950 par les lieutenants d'Aristide Briand... avec ses fondements anti démocratique et mondialiste que nous subissons actuellement.

http://histoirerevisitee.over-blog.com/2015/05/29-mai-2005-la-france-refuse-le-traite-constitutionnel-europeen-a-une-large-majorite.html