S’il existe des milliers de films, de livres, de commémorations sur la Seconde Guerre mondiale, les crimes de guerre commis par les Alliés pendant et après cette guerre civile européenne sont nettement moins évoqués. Ce fut le cas en Bretagne ou en Normandie en prévision du débarquement (50 à 70 000 victimes sur toute la France durant la guerre). Mais ce fut aussi et surtout le cas du bombardement de Dresde en Allemagne, du 13 au 15 février 1945, durant lequel des dizaines de milliers de personnes ont été tuées par les bombardiers américains et anglais.
A l’exception d’Hiroshima et de Nagasaki, il s’agit du bombardement aérien le plus meurtrier de cette guerre, des bombardements dont les américains seront des spécialistes durant toute la seconde moitié du 20ème siècle et au début du 21ème, sans jamais se retrouver dans le camp des accusés et des bourreaux.
En 1945 Dresde était une ville splendide (la Florence de l’Elbe) de 650 000 habitants qui abritait au moment des bombardements plus d’un million d’individus, la ville ayant accueilli des réfugiés fuyant devant l’avance de l’armée soviétique. Lorsque les bombardiers alliés survolent la ville, les gens tentent d’oublier leurs malheurs dans un carnaval improvisé… La couleur du déguisement va alors rapidement tourner au rouge…
À 22h15, 800 bombardiers britanniques, avions d’escorte et de diversion convergeaient ainsi sur Dresde et larguaient des bombes incendiaires qui mettaient le feu à la ville d’une extrémité à l’autre. Une fois le ciel dégagé des avions ennemis, ceux qui avaient survécu dans des abris ressortaient dans les rues pour aider les blessés et enlever les morts. Des unités de service de secours de la région environnante se précipitaient dans la ville détruite pour apporter leur aide.
Une deuxième vague de bombardiers profita ensuite de l’accalmie pour piéger les secouristes dans les rues en feu, et des milliers de victimes succombèrent à nouveau, dans une ville dont la chaleur provoquée par les bombes incendiaires atteignit alors des records.
Au final, le nombre des tués de Dresde oscille entre 30 000 et 40 000 selon les historiens, sans compter les dizaines de milliers de blessés. Le tout en un temps record.
Au total, durant la Seconde Guerre mondiale, 1,35 million de tonnes de bombes ont été déversées sur l’Allemagne par les Américains et les Anglais, qui occasionnèrent des centaines de milliers de morts et des millions de blessés.
Pour aller plus loin dans cet épisode de la Seconde Guerre mondiale, on ne pourra que conseiller la lecture du livre L’Incendie, l’Allemagne sous les bombes de Jörg Friedrich dont voici la présentation ci-dessous :
Le bombardement des villes allemandes, durant la Seconde Guerre mondiale, est un fait unique dans l’Histoire. Pendant quatre ans, pratiquant la stratégie de la terreur décidée par les Alliés, les 2000 avions du Bomber Command ont écrasé sous un déluge de feu plus de 1000 villes et villages. Ils tuèrent plus de 600000 civils dont 76000 enfants, détruisant irrémédiablement, et sans aucune utilité militaire, des cités qui dataient du Moyen Age. Ce fut la plus grande catastrophe qu’ait connue l’Allemagne depuis la guerre de Trente Ans. L’historien Jörg Friedrich nous offre aujourd’hui l’oeuvre qui manquait sur cette campagne d’anéantissement. Se fondant sur de très nombreuses sources, il décrit l’évolution et le perfectionnement des bombes, leur action destructrice au sol, l’expérience traumatisante vécue par la population réfugiée dans les bunkers et les caves, la mort provoquée par l’élévation subite de la température, l’effet de souffle et les gaz incendiaires, mais aussi la disparition d’un héritage culturel d’une incommensurable richesse. Avec ce livre est enfin comblée une surprenante lacune de la mémoire du XXe siècle.
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