jeudi 30 mai 2013

Le capitalisme et le communisme : deux systèmes économiques de même nature

Comment comprendre économiquement que la révolution bolchevique fut financée par des banquiers américains ?
Le capitalisme américain se base sur l’existence d’une banque centrale qui n’appartient qu’à une minorité de banquiers commerciaux. Cette dernière leur procurant de l’argent facile en particulier depuis la fin des accords de Brettons Woods.
Cette création artificielle de monnaie, qui plus est par la méthode des réserves fractionnaires, engendre une croissance inflationniste qui a un effet de redistribution automatique des richesses. Les premiers détenteurs de la nouvelle monnaie engendrent une inflation pour les seconds.
À terme, l’accumulation de capital se fait par une seule et même entité. Cette tendance au monopole conduit à une centralisation complète des moyens de production et donc à une perte totale de possibilité d’entrepreneuriat. Le salariat devient indispensable pour survivre dans une seule et même organisation transnationale. Cette dernière peut gérer les salaires de la manière qu’elle souhaite car il n’y a plus de concurrence.
En Union soviétique, en planifiant complètement l’économie et en interdisant la propriété privée, la centralisation du pouvoir sur l’effort et les fruits du travail des individus se fait directement. L’essence philosophique est la même. L’usure au sens large (création artificielle de monnaie des banques commerciales et de la banque centrale) a pu feindre de se faire voir au grand jour en mettant en place un alter-ego d’une grande puissance grâce au génie marxiste.
Anthony Sutton nous expose ces différents investissements des Rockefeller et des Morgan, qui s’inscrivent dans une stratégie de long terme. Ainsi, le capitalisme américain est loin d’être un libéralisme. Le rêve américain est mensonger de par son appareil financier et son ex-collègue russe le rejoignait sur l’essentiel.
La monnaie est une marchandise comme une autre, elle peut être légitimement créée à tout moment par n’importe quel citoyen. Des expériences de plus en plus nombreuses ont d’ailleurs lieu dans des régions de France à culture plus traditionnelle, comme au pays basque avec l’Eusko ou le Sol violette à Toulouse.
L’inconvénient réside dans le fait que ces monnaies sont fiduciaires et n’ont pas de valeur intrinsèque ; il serait plus judicieux de fabriquer une monnaie en métal jaune ou argent. Mais ces expériences sont toujours bénéfiques et manifestent une volonté de changement ainsi qu’un renouveau d’actions politiques sans attendre le consentement des hautes sphères.
Cet adversaire factice qu’a été la subversion bolchévique a pu détourner une attention qui ne voit malheureusement plus maintenant d’autre alternative au capitalisme américain, source du nouvel ordre et gouvernement mondial.
Approfondir le sujet avec Kontre Kulture :

mercredi 29 mai 2013

Romantisme et Révolution de Charles Maurras

Accaparé par les nécessités du combat politique et la rédaction de ses articles quotidiens, Maurras n’a pas pu écrire tous les livres dont il avait le projet. Heureusement - et ceux qui ont beaucoup fréquenté son oeuvre le savent bien -, il a souvent donné de précieuses indications à leur sujet dans les nombreux avant-propos ou préfaces qu’il a rédigés à l’occasion des fréquentes rééditions de certains de ses textes sous forme d’anthologies. C’est le cas en 1922 avec le volume Romantisme et Révolution qui unit L’Avenir de l’Intelligence à Trois Idées politiques et dont la préface est l’objet de notre article.
Il affirme dans ce long prologue son intention d’entreprendre un vaste « exposé d’histoire politique et littéraire » qui compléterait sa critique du romantisme encore éparpillée dans plusieurs textes comme les deux réédités dans le volume ou comme ses célèbres Amants de Venise, consacrés à George Sand et Musset. Le projet ne verra jamais le jour mais la préface de Romantisme et Révolution en constitue, comme nous allons le voir, une version synthétique déjà substantielle.
Maurras veut d’abord y disculper le classicisme de l’accusation d’avoir accouché de la Révolution : les auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles partagent la même écriture mais pas la même pensée, le même goût pour l’art des orateurs républicains de l’Antiquité mais éclairé par l’étude de l’Histoire chez les uns, aveugle et sans réserve chez les autres. L’Histoire nous l’apprend en effet : « ces antiques expériences du gouvernement populaire […] comportaient des conditions très spéciales, la servitude par exemple, et ces conditions favorables ne purent épargner au régime insensé des conséquences qui font figures de sanction. » C’est toute une interprétation de la Révolution comme conséquence logique du mouvement de l’humanisme et du classicisme - interprétation attribuée par Maurras à Taine mais que l’on retrouve au XXe siècle chez un Guénon par exemple - qui est ici récusée.
La réalité et l'idée
Au-delà d’un simple plaidoyer en faveur du classicisme, Maurras dénonce l’opposition des faits et de la raison dans laquelle se fourvoie une certaine contre-révolution anti-rationaliste et anti-intellectualiste. Il faut montrer au contraire que les idées révolutionnaires sont pernicieuses non parce qu’elles sont abstraites mais parce qu’elles sont fausses. « La réalité et l’idée n’ont rien d’opposé ni d’incompatible. Il y a des idées conformes au réel, ce sont les idées vraies ; il y a des réalités conformes aux plus nobles idées, ce sont les choses saintes et les personnes grandes. S’il y a une opposition qu’il vaille la peine d’instituer, c’est celle des idées vraies et des idées fausses, des réalités bonnes et des mauvaises. » Maurras nous invite donc à ne pas calomnier la raison et à attaquer l’idéologie révolutionnaire non seulement sur le terrain de l’Histoire mais aussi sur celui de la philosophie et des principes.
Il prend l’exemple de l’article II de La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Son énoncé n’est pas seulement contestable parce que, voulant fonder la cité sur des principes universels, elle en oublie que la politique s’occupe d’hommes concrets qui vivent dans une société réelle, mais surtout parce que, sur le plan même des idées pures, son raisonnement est faux. Relisons-le : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. »
Maurras remarque que ce texte définit la société comme une simple “association” (proposition irrationnelle puisque la société préexiste à l'individu et à son éventuelle volonté de s’associer) et lui assigne pour but non le Bien commun (l'intérêt du tout étant nécessairement supérieur à celui des parties) mais la conservation de “droits”, en particulier du droit de propriété. Les rédacteurs de cet article auraient été bien inspirés de relire le livre I de La Politique d’Aristote dont Maurras reprendra, en se situant justement sur le terrain philosophique, la démonstration dans une autre préface, celle de Mes Idées politiques.
Bouleversement de la sensibilité
Le maître de l’Action française peut alors proposer sa propre généalogie des idées révolutionnaires. Il convient pour cela de prendre la mesure du bouleversement de la sensibilité initié par Rousseau qui introduit derrière le classicisme apparent de l’écriture, une révolution intellectuelle et morale qui fait du "Moi" le juge de tout et le critérium des valeurs, en opposition totale avec la pensée classique. « Les arts, les lettres, les sciences, la tradition, le passé, en un mot tout ce qui était fait, n’importaient plus, car la nature pure introduisait immédiatement au divin : elle seule pouvait parler au monde le langage infaillible de l’avenir. On donnait la parole, entre les hommes, à l’homme ignorant, entre les peuples, au peuple en retard. » Maurras opère donc un tri à l’intérieur de la littérature du XVIIIe siècle entre les éléments matériels, qui prolongent la langue et l’écriture du siècle précédent, et les éléments spirituels, en particulier l’exaltation de la conscience individuelle et l’opposition entre la nature et la civilisation, qui annoncent l’avènement du romantisme au siècle suivant. Que des romanciers et des poètes romantiques aient - dans un premier temps - été favorables à la Restauration ne doit pas masquer cette parenté profonde entre romantisme et révolution.
Crise individualiste
Maurras veut regarder la littérature comme un témoin particulièrement révélateur de la crise individualiste moderne par l’exaltation du style propre à chaque auteur et de son prétendu génie au détriment de l’écriture et de la pensée. « Soeur légitime de ce que les philologues appellent le langage individuel, une littérature individualiste tendait à supprimer tout autre lecteur que l’auteur : comment n’eût-elle pas attiré l’attention sur le système social qui oppose le citoyen à l’État et, au nom d’un État meurtrier de lui-même, provoque tour à tour aux fureurs de l’insurrection et aux torpeurs de l’indifférence civique ? » La solidarité de fond de la Révolution et du romantisme réside donc dans le drame d’une liberté absolue revendiquée par le créateur dans le domaine littéraire ou artistique et par le citoyen dans le domaine politique qui, au bout du compte, aboutit dans un cas à la ruine de l’oeuvre, dans l’autre à la ruine de la cité. Pour la littérature, Maurras rapporte ce jugement très pénétrant de Barrès sur les conséquences de ce primat de la liberté et de la spontanéité de l’écrivain : « Chose étrange, au XIXe siècle, il est plus aisé de citer des noms immortels que des oeuvres qui ne périront pas. »
Aux yeux de Maurras, qui développe ici un véritable Art poétique, ce n’est pas l’intensité de ce que ressent le créateur qui importe mais l’art avec lequel il va traduire ses émotions, comme l’indique l’étymologie du terme "poète" (du grec "faire") : « la structure de son nom donne son signe exact. Il est celui qui fait quelque chose avec ce qu’il sent. Les autres n’en font rien que le vulgaire usage pour vivre et pour mourir. » On peut dire que la poétique maurrassienne en se situant à égale distance du romantisme, qui subordonne l’art aux forces brutes du sentiment, et du Parnasse, qui prône l’art pour l’art, rejoint le classicisme éternel dont la formule consiste à équilibrer inspiration et technique. C’est ce dialogue permanent entre poétique et politique qui fait de la préface de Romantisme et Révolution, un texte exemplaire de l’oeuvre de Maurras.
L’Action Française 2000 du 17 au 30 novembre 2005

dimanche 26 mai 2013

La CIA et l’empire de la drogue

[Article de Laurent Glauzy pour Contre-info]
Si les acteurs du trafic de l’opium semblent avoir changé, la CIA n’en a pas moins accru son emprise… et, depuis la fin de la guerre froide, sa connivence avec l’intégrisme musulman pour lequel le contrôle de l’opium est vital. Le territoire afghan a vu depuis sa libération une augmentation de 59 % de sa production d’opium sur une superficie de 165 000 hectares. En termes de production annuelle, cela représente 6 100 tonnes, soit 92 % de la production mondiale. L’ONU rapporte que dans la province de Helmand, la culture de l’opium a augmenté de 162 % sur une superficie de 70 000 hectares. Ces statistiques sont d’autant plus alarmantes que ce sont seulement 6 des 34 provinces afghanes qui en sont productrices. Les Nations-Unies ont bien entendu proposé une aide au développement économique pour les régions non encore touchées par cette culture. Ce à quoi le président afghan Hamid Karsai a répondu de manière très explicite et franche que l’on devait d’abord réviser les succès du « camp anti-drogue »…
Les Skulls and Bones et les services secrets
L’implication des Etats-Unis dans la production et la consommation de la drogue n’est pas récente. Pour en comprendre les raisons, il faut remonter plus de 150 ans en arrière, car elle fait partie intégrante de l’histoire des Etats-Unis et de celle des sectes supra-maçonniques. Des noms très célèbres apparaissent sur le devant de cette scène très macabre. Ce sont pour la plupart des membres de la société initiatique des Skull and Bones (Les Crânes et les Os) de l’Université de Yale qui se partagent le monopole de la commercialisation de l’opium. L’instigatrice de cet ordre est la famille Russell, érigée en trust. Les Russell en constituent encore l’identité légale.
De quoi s’agit-il ?
En 1823, Samuel Russel fonde la compagnie de navigation Russell & Company qui lui permet de se ravitailler en Turquie en opium et d’en faire la contrebande avec la Chine. En 1830, avec la famille Perkins, il crée un cartel de l’opium à Boston pour sa distribution avec l’Etat voisin du Connecticut. A Canton, leur associé s’appelle Warren Delano jr, le grand-père de Franklin Delano Roosevelt. En 1832, le cousin de Samuel Russell, William Hintington, fonde le premier cercle américain des Skull and Bones qui rassemble des financiers et des politiques du plus haut rang comme Mord Whitney, Taft, Jay, Bundy, Harriman, Bush, Weherhauser, Pinchot, Rockefeller, Goodyear, Sloane, Simpson, Phelps, Pillsbury, Perkins, Kellogg, Vanderbilt, Bush, Lovett. D’autres familles influentes comme les Coolidge, Sturgi, Forbes, Tibie rejoindront cette nébuleuse fermée. Ces noms démontrent qu’au fil des générations la démocratie reste l’affaire de cercles pseudo-élitistes. Le pouvoir ne se partage pas ! A noter aussi que tous ces membres du Skull and Bones ont toujours entretenu des liens très étroits avec les services secrets américains… L’ancien président des Etats-Unis George Bush sr., ancien étudiant à Yale, a par exemple été directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) en 1975-76. Ajoutons que pour cet établissement, tout a commencé quand quatre diplomates y ont formé le Culper Ring, qui est le nom d’une des premières missions des services secrets américains montée par George Washington dans le but de recueillir des informations sur les Britanniques pendant la Guerre d’Indépendance.
En 1903, la Divinity School de Yale monte plusieurs écoles et hôpitaux sur tout le territoire chinois. Le très jeune Mao Tse Toung collaborera plus tard à ce projet. La diplomatie actuelle de ces deux pays en est-elle une des conséquences ? Quoi qu’il en soit, le commerce de l’opium se développe. Son sous-produit, l’héroïne, est un nom commercial de l’entreprise pharmaceutique Bayer qu’elle lance en 1898. L’héroïne reste légalement disponible jusqu’à ce que la Société des Nations l’interdise. Paradoxalement, après sa prohibition, sa consommation augmente de manière exponentielle : on crée un besoin et une population dépendante ; des textes définissent ensuite les contours d’une nouvelle législation, fixent de nouvelles interdictions, afin d’accroître la rentabilité d’un produit ou le cas échéant d’une drogue.
L’implication des hauts commandements militaires
Imitant leurs homologues américains, les services secrets français développent en Indochine la culture de l’opium. Maurice Belleux, l’ancien chef du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), confirme le fait lors d’un entretien avec le Pr Alfred Mc Coy : « Les renseignements militaires français ont financé toutes les opérations clandestines grâce au contrôle du commerce de la drogue en Indochine. » Ce commerce sert à soutenir la guerre coloniale française de 1946 à 1954. Belleux en révèle le fonctionnement. Nos paras sont contraints de prendre l’opium brut et de le transporter à Saïgon à bord d’avions militaires, où la mafia sino-vietnamienne le réceptionne pour sa distribution. Nous constatons une fois encore que la République n’a aucune honte à souiller la nation. De leur côté, les organisations criminelles corses, sous couvert du gouvernement français, réceptionnent la drogue à Marseille pour la transformer en héroïne avant sa distribution aux Etats-Unis. C’est la French Connection. Les profits sont placés sur des comptes de la Banque centrale. M. Belleux explique que la CIA a récupéré ce marché pour en continuer l’exploitation en s’appuyant au Vietnam sur l’aide des tribus montagnardes.
Cet élément doit être conjugué à l’évidente supériorité de l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam. Une seule année aurait suffi pour que les Etats-Unis remportassent ce conflit. Mais cette logique n’est pas celle des Affaires étrangères et des cercles d’influence mondialistes.
En 1996, le colonel Philip Corso, ancien chef de l’Intelligence Service ayant servi dans les troupes commandos d’Extrême-Orient et en Corée, déclare devant le National Security Council que cette « politique de la défaite » entrait dans les plans de la guerre froide. C’est après 1956 que le colonel Corso, assigné au Comité de coordination des opérations du conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, découvre cette politique de la « non-victoire » opérée au profit de la guerre froide et de l’expansion du communisme.
En revanche, la lutte pour le monopole de l’opium s’intensifie. Dans ce trafic, nous trouvons des militaires appartenant au haut commandement de l’armée vietnamienne, comme le général Dang Van Quang, conseiller militaire du président Nguyen Van Thieu pour la sécurité… Quang organise un réseau de stupéfiants par l’intermédiaire des Forces spéciales vietnamiennes opérant au Laos, un autre fief de la CIA.
Le général Vang Pao, chef de tribu des Meo, reçoit l’opium à l’état brut cultivé dans toute la partie nord du Laos et le fait acheminer à Thien Tung à bord d’hélicoptères appartenant à une compagnie de la CIA, Air America. Thien Tung est un énorme complexe construit par les Etats-Unis. Il est appelé le « Paradis des espions ». C’est ici que l’opium du général Pao est raffiné pour devenir de l’héroïne blanche.
La CIA intervient à ce stade de la fabrication pour sa distribution. Et Vang Pao dispose à cet effet d’une ligne aérienne personnelle. Dans le milieu, elle est nommée « Air Opium ».
De l’héroïne dans le cercueil des GI’s !
Les points essentiels du trafic sont établis à proximité des bases aériennes américaines comme celle de Tan Son Nhut. Une partie de la drogue est d’ailleurs destinée à la consommation des militaires américains. Chapeauté par les réseaux de Quang, la plus grande part de la production est expédiée à Marseille d’où elle part à Cuba, via la Floride. Là-bas, le gang des Santos Trafficante contrôle le marché. Ce détour est essentiel ; il faut récupérer les paquets d’héroïne dissimulés à l’intérieur des corps des soldats américains morts que l’on rapatrie. De plus, leur sort indiffère les représentants politiques. Le secrétaire d’Etat Henri Kissinger déclarera aux journalistes Woodward et Berristein du Washington Post que « les militaires sont stupides, ils sont des animaux bornés dont on se sert comme des pions pour les intérêts de la politique extérieure ». Les bénéfices seront investis en Australie, à la Nugan Hand Bank.
Le cas du Cambodge est semblable à celui de ses voisins. Après son invasion par les Etats-Unis en mai 1970, un autre réseau voit le jour. Des régions entières sont destinées à la culture de l’opium. La contrebande est contrôlée par la marine vietnamienne. Elle dispose de bases à Phnom Penh et le long du Mékong. Une semaine avant le début des hostilités, une flotte de cent quarante navires de guerre de la Marine vietnamienne et américaine commandée par le capitaine Nyugen Thaanh Chau pénètre au Cambodge. Après le retrait des troupes américaines, le général Quang, considéré dans son pays comme un grand trafiquant d’opium, séjourne quelque temps sur la base militaire de Fort Chaffee dans l’Arkansas, et s’installe à Montréal. Concernant la Birmanie, elle produit en 1961 quelques mille tonnes d’opium, que contrôle Khun Sa, un autre valet de la CIA. Le gouvernement américain est son unique acquéreur.
L’éradication de la concurrence
Devons-nous croire aux principes d’une politique anti-drogue? En 1991, le Pr Alfred Mc Coy dénonce à la radio un rapport institutionnel volontairement trop proche entre le Drug Enforcement Administration (DEA) et la CIA. Avant la création de ce premier organisme, dans les années 1930, est fondé le Federal Bureau of Narcotics (FBN) qui a pour fonction gouvernementale et secrète la vente des narcotiques. Le FBN emploie des agents dans le cadre d’opérations clandestines. Ils seront transférés après 1945 dans le nouvel Office of Strategic Services (OSS), précurseur de la CIA. Ces imbrications rendent impuissant le DEA contre les magouilles de la CIA. Car la drogue qui entre aux Etats-Unis est sous le monopole de la CIA qui en détient tous les circuits de distribution depuis le sud-est asiatique et la Turquie. Quand, en 1973, le président Richard Nixon lance « la guerre à la drogue », il provoque la fermeture du réseau de la contrebande turque qui passait par Marseille. Le résultat en est une augmentation directe de la demande d’héroïne provenant du Triangle d’Or et particulièrement de Birmanie.
Aujourd’hui, nous avons suffisamment de recul pour nous interroger lucidement et remettre en doute le rôle officiel de la CIA et la politique des Etats-Unis dans le monde. Nous observons que le commerce de l’opium et des autres drogues, par des cartels dont les populations blanches et européennes sont la cible, s’opère depuis toujours entre la CIA et des partenaires présentés au grand public comme des « ennemis à abattre » : le communisme et l’islam.
Cet état de fait est d’autant plus grave qu’il intervient après les événements du 11 septembre 2001, le conflit du Kossovo dont l’emblème national sous Tito était un pavot, et l’invasion de l’Irak par l’armée américaine. La CIA et la drogue apparaîtraient donc comme les piliers cachés mais bien réels d’une stratégie mondialiste ayant pour but l’asservissement des peuples.
Enfin, les arguments étudiés prouvent d’une part que le pouvoir n’est pas l’affaire du peuple et d’autre part, que notre actualité et notre avenir ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat de plans mis en œuvre secrètement par des groupes d’influence extrêmement dangereux.

Il etait une fois La Mesopotamie


samedi 25 mai 2013

Archéologie de Haithabu, port viking

Haithabu, c'est un ancien port du Schleswig-Holstein qui fut un grand centre commercial à l'époque des Vikings. C'est aujourd'hui un site archéologique de première importance pour comprendre le fonctionnement global du commerce en Europe au cours du premier millénaire de notre ère. Haithabu, écrit Herbert Jankuhn, s'est constitué par le hasard de l'histoire, quand les relations commerciales en Europe du Nord et de l'Ouest se sont progressivement modifiées au contact d'un empire franc dont le poids venait de basculer vers l'Austrasie, autrement dit sa partie septentrionale largement germanisée.
Avec les Mérovingiens et les Carolingiens, le poids politique de l'ensemble franc se focalise donc sur la côte septentrionale de la Méditerrannée et l'arrière-pays provençal et rhodanien en bénéficie. Les côtes de la Mer du Nord, avoisinant, en Zélande, le delta des fleuves (Rhin, Meuse, Escaut), acquièrent une importance stratégique et économique qu'elles ne perdront plus. Dès la fin du VIème siècle, ce glissement vers le Nord finit par englober la Scandinavie. La presqu'île "cimbrique", c'est-à-dire le Jutland et le Slesvig, bénéficiera de cette évolution, en marche depuis les Romains. Les découvertes archéologiques démontrent que les Germains des côtes frisonnes (néerlandaise et allemande) ainsi que leurs congénères de l'arrière-pays entretenaient des relations commerciales suivies avec l'Empire romain. Les voies de pénétration de ces échanges sont 1) la mer et 2) les grands fleuves (Rhin, Weser, Elbe, Oder, Vistule).
En traversant l'isthme du Slesvig, le commerce germano-romain touche le bassin occidental de la Baltique. Par l'Oder et la Vistule, il accède au bassin oriental. Entre le cours inférieur de la Vistule et la côte septentrionale de la Mer Noire, les Germains commercent avec les établissements coloniaux grecs. Depuis la préhistoire et depuis les premiers mouvements des peuples indo-européens, ces axes fluviaux existent: avec l'Empire romain, le trafic s'y fait simplement plus intense. Les invasions hunniques, qui réduisent à néant le pouvoir conquis des Goths, établis entre la Baltique et la Mer Noire, éliminent toutes les possibilités d'échanges portées par cet axe fluvial oriental. Plus tard, l'axe central de l'Oder cessera, lui aussi, de fonctionner à cause des Huns. L'axe occidental, celui du cabotage le long des côtes de la Mer du Nord, sera le dernier à s'effondrer. A Vème siècle, le commerce avec la Scandinavie diminue pour connaître son intensité minimale à la fin du VIème siècle. Mais, à la même époque, avec Théodoric le Grand, Roi des Ostrogoths fixés en Italie, l'axe central reprend vigueur, tandis que la littérature épique germanique prend son envol.
Les produits échangés le long de ces axes fluviaux et maritimes sont essentiellement l'ambre et les fourrures. L'irruption des Avars dans l'espace danubien, vers 565, ruine une seconde fois ce réseau d'échange italo-baltique. Après les Avars, les tribus slaves s'emparent de l'Europe centrale, isolant la zone baltique et coupant les voies d'échange qui, depuis des siècles, voire un ou deux millénaires, reliaient la Baltique à la Méditerranée. Ce blocage par les Avars et les Slaves redonne vigueur à la région flamande-frisone centrée autour du delta des grands fleuves: l'Ile de Walcheren en Zélande (avec le port de Domburg) et Dorestad, au sud-ouest d'Utrecht, prennent, à cette occasion, une dimension nouvelle.
Ce va-et-vient continuel entre l'Est et l'Ouest, Herbert Jankuhn, auteur d'un ouvrage remarquable sur le site de Haithabu, révèle, finalement, l'importance des grands fleuves (Rhin, Meuse, Escaut) pour l'échange des marchandises entre le Nord scandinave et le Sud gaulois et méditerranéen.
Et Haithabu, port ouest-baltique, comment acquiert-il son importance? Quand l'ère viking s'amorce officiellement avec le pillage, le 8 juin 793, du monastère anglais de Lindisfarne, la Scandinavie a déjà, pourtant, un passé pluriséculaire, marqué de mouvements migratoires vers le midi. Le territoire de la Scandinavie ne peut accepter une démographie trop dense. Les côtes norvégiennes, ouvertes sur l'Atlantique, ne sont guère propres à l'agriculture intensifiée. La Suède, à l'époque couverte d'épaisses forêts, permet certes une colonisation intérieure, mais clairsemée. Le Danemark possède des terres fertiles à l'Est mais chiches à l'Ouest, où la côte ne permet, de surcroît, la construction d'aucune installation portuaire digne de ce nom.
Avant César, dès la tragique aventure des Cimbres et des Teutons, ce sont des raisons identiques, d'ordre géographique et démographique, qui ont poussé les Scandinaves à émigrer vers le Sud. Aux VIIème et VIIIème siècles, une nouvelle émigration massive commence: d'abord vers les îles de la Mer du Nord, les Shetlands, les Orkneys et les Hébrides. Elles porteront les Scandinaves partout en Grande-Bretagne, en Irlande, en Normandie, en Sicile et dans les plaines russes.
C'est donc dans la foulée de ce mouvement migratoire, parfois violent, que Haithabu connaîtra son apogée. La localité est située au fond d'un "fjord" de plaine, sans falaises, situé sur la côte baltique du Slesvig. Le fond de cette baie, la Schlei, devenue navigable à partir du VIème siècle, constitue le prolongement le plus profond de la Baltique en direction de la Mer du Nord. D'Haithabu à celle-ci, la distance est la plus courte qui soit entre les deux mers nordiques sur l'ensemble territorial de la presqu'île du Jutland-Slesvig. Danois, Frisons, Saxons et Wendes/Obotrites (tribus slaves) se juxtaposent dans la région.
Stratégiquement, la région, depuis l'Eider, petite presqu'île s'élançant dans la Mer du Nord, en face d'Héligoland, en passant par le tracé de la rivière Treene, constituait, sans doute depuis, plusieurs siècles, la zone idéale pour transborder des marchandises et pour couper par voie terrestre, en évitant de contourner le Jutland sans port  -ce qui constitue un risque majeur en cas de tempête-  sur une mer qui, de surcroît, est dominée par de violents vents d'Ouest, provoquant énormément de nauvrages de voiliers.
Haithabu doit donc son existence au commerce entre la Rhénanie et le Delta friso-flamand et le Gotland suédois. Les Suédois, entretemps, ont pris pied en Finlande, dans les Pays Baltes et dans plusieurs territoires slaves. Des Suédois se fixent au Sud du Lac Ladoga, fondent Novgorod, puis Kiev, et ouvrent les voies du Dnieper et de la Volga, restaurant l'axe gothique perdu lors de l'invasion des Huns et contournant le verrou avar qui bloquait l'espace danubien. Par la maîtrise de ces fleuves, les Scandinaves entrent en contact avec Byzance et l'Islam. Le commerce nord-occidental en direction de ces régions passera dès lors par Haithabu. Du Danemark à Bagdad, s'inaugure une voie commerciale, aussi importante géopolitiquement, sans nul doute, que celle que voulut recréer Guillaume II, Empereur d'Allemagne, en construisant le chemin de fer Berlin-Bagdad. Le souvenir de la gloire d'Haithabu doit nous laisser entrevoir les potentialités d'une connexion du port de Hambourg, héritier d'Haithabu, avec le nouveau Transsibérien soviétique (Cf. VOULOIR no. 31).
Les sources arabes (Ibn Faldan) nous renseignent sur les modalités de transaction dans l'espace aujourd'hui russe, dominé jadis par les Varègues suédois. Les Scandinaves rencontrent les marchands arabes à Bolgar sur la Volga, capitale du Royaume des Bulgares, et leur fournissent notamment des fourrures qui seront ensuite transportées vers la Mésopotamie par les caravanes de chameaux organisées par les Khazars. A Bolgar aboutit également la route de la soie qui mène en Chine. Les pièces de soie retrouvées en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas et datant de cette époque, proviennent de Chine, via Haithabu et Bolgar. L'âge d'or, pour Haithabu, sera le Xème siècle, celui de la domination varègue en Russie qui permit un intense commerce avec le Sud-Est islamique.
A partir de l'an 1000, où saute le verrou avar, le déclin commence pour Haithabu. La région perd son intérêt stratégique. De plus les tribus slaves du Holstein oriental s'emparent du site, le pillent et l'incendient. Puis, petit à petit, le nom d'Haithabu disparaît des chroniques. Le livre de Herbert Jankuhn retrace, avec minutie, cette évolution économique et politique, mais, bien sûr, cette relation captivante n'est pas le seul intérêt de son magnifique ouvrage. Il y décrit les fouilles en détail, y compris celles qui ont mis à jour les reliefs du "Danewerk", ce mur défensif érigé par le Roi des Danois entre Haithabu et le cours de la Treene, pour arrêter les poussées slaves. On acquiert, grâce au travail systématique de Jankuhn, une vue d'ensemble sur les types d'échanges commerciaux, le type d'habitation et d'entrepôts d'un port scandinave du Xème siècle, sur les monnaies, les habitants, etc.
Herbert JANKUHN, Haithabu, Ein Handelsplatz der Wikingerzeit, Wachholtz Verlag, Neumünster, 1986, 260 S. (Format 21 x 25 cm), DM 48.
(texte paru sous le pseudonyme de "Serge Herremans", Vouloir, 1986). http://robertsteuckers.blogspot.fr

La triade homérienne

Pour les Anciens, Homère était « le commencement, le milieu et la fin ». Une vision du monde et même une philosophie se déduisent implicitement de ses poèmes. Héraclite en a résumé le socle cosmique par une formulation bien à lui : « L’univers, le même pour tous les êtres, n’a été créé par aucun dieu ni par aucun homme ; mais il a toujours été, est et sera feu éternellement vivant… »
1. La nature comme socle
Chez Homère, la perception d’un cosmos incréé et ordonné s’accompagne d’une vision enchantée portée par les anciens mythes. Les mythes ne sont pas une croyance, mais la manifestation du divin dans le monde. Les forêts, les roches, les bêtes sauvages ont une âme que protège Artémis (Diane pour les Romains). La nature tout entière se confond avec le sacré, et les hommes n’en sont pas isolés. Mais elle n’est pas destinée à satisfaire leurs caprices. En elle, dans son immanence, ici et maintenant, ils trouvent en revanche des réponses à leurs angoisses :
« Comme naissent les feuilles, ainsi font les hommes. Les feuilles, tour à tour, c’est le vent qui les épand sur le sol et la forêt verdoyante qui les fait naître quand se lèvent les jours du printemps. Ainsi des hommes : une génération naît à l’instant où une autre s’efface » (Iliade, VI, 146). Tourne la roue des saisons et de la vie, chacun transmettant quelque chose de lui-même à ceux qui vont suivre, assuré ainsi d’être une parcelle d’éternité. Certitude affermie par la conscience du souvenir à laisser dans la mémoire du futur, ce que dit Hélène dans l’Iliade : « Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons plus tard chantés par les hommes à venir » (VI, 357-358). Peut-être, mais la gloire d’un noble nom s’efface comme le reste. Ce qui ne passe pas est intérieur, face à soi-même, dans la vérité de la conscience : avoir vécu noblement, sans bassesse, avoir pu se maintenir en accord avec le modèle que l’on s’est fixé. 
2. L’excellence comme but
A l’image des héros, les hommes véritables, nobles et accomplis (kalos agatos), cherchent dans le courage de l’action la mesure de leur excellence (arétê), comme les femmes cherchent dans l’amour ou le don de soi la lumière qui les fait exister. Aux uns et aux autres, importe seulement ce qui est beau et fort. « Etre toujours le meilleur, recommande Pelée à son fils Achille, l’emporter sur tous les autres » (Iliade, VI, 208). Quand Pénélope se tourmente à la pensée que son fils Télémaque pourrait être tué par les “prétendants” (usurpateurs), ce qu’elle redoute c’est qu’il meurt « sans gloire », avant d’avoir accompli ce qui ferait de lui un héros à l’égal de son père (Odyssée, IV, 728). Elle sait que les hommes ne doivent rien attendre des dieux et n’espérer d’autre ressource que d’eux-mêmes, ainsi que le dit Hector en rejetant un présage funeste : « Il n’est qu’un bon présage, c’est de combattre pour sa patrie » (Iliade, XII, 243). Lors du combat final de l’Iliade, comprenant qu’il est condamné par les dieux ou le destin, Hector s’arrache au désespoir par un sursaut d’héroïsme tragique : « Eh bien ! non, je n’entends pas mourir sans lutte ni sans gloire, ni sans quelque haut fait dont le récit parvienne aux hommes à venir » (XXII, 304-305).

3. La beauté comme horizon

L’Iliade commence par la colère d’Achille et se termine par son apaisement face à la douleur de Priam. Les héros d’Homère ne sont pas des modèles de perfection. Ils sont sujets à l’erreur et à la démesure en proportion même de leur vitalité. Pour cette raison, ils tombent sous le coup d’une loi immanente qui est le ressort des mythes grecs et de la tragédie. Toute faute comporte châtiment, celle d’Agamemnon comme celle d’Achille. Mais l’innocent peut lui aussi être soudain frappé par le sort, comme Hector et tant d’autres, car nul n’est à l’abri du tragique destin. Cette vision de la vie est étrangère à l’idée d’une justice transcendantale punissant le mal ou le péché. Chez Homère, ni le plaisir, ni le goût de la force, ni la sexualité ne sont jamais assimilés au mal. Hélène n’est pas coupable de la guerre voulue par les dieux (Iliade, III, 161-175). Seuls les dieux sont coupables des fatalités qui s’abattent sur les hommes. Les vertus chantées par Homère ne sont pas morales mais esthétiques. Il croit à l’unité de l’être humain que qualifient son style et ses actes. Les hommes se définissent donc au regard du beau et du laid, du noble et du vil, non du bien ou du mal. Ou, pour dire les choses autrement, l’effort vers la beauté est la condition du bien. Mais la beauté n’est rien sans loyauté ni vaillance. Ainsi Pâris ne peut être vraiment beau puisqu’il est couard. Ce n’est qu’un bellâtre que méprise son frère Hector et même Hellène qu’il a séduite par magie. En revanche, Nestor, en dépit de son âge, conserve la beauté de son courage. Une vie belle, but ultime du meilleur de la philosophie grecque, dont Homère fut l’expression primordiale, suppose le culte de la nature, le respect de la pudeur (Nausicaa ou Pénélope), la bienveillance du fort pour le faible (sauf dans les combats), le mépris pour la bassesse et la laideur, l’admiration pour le héros malheureux. Si l’observation de la nature apprend aux Grecs à mesurer leurs passions, à borner leurs désirs, l’idée qu’ils se font de la sagesse avant Platon est sans fadeur. Ils savent qu’elle est associée aux accords fondamentaux nés d’oppositions surmontées, masculin et féminin, violence et douceur, instinct et raison. Héraclite s’était mis à l’école d’Homère quand il a dit : « La nature aime les contraires : c’est avec elle qu’elle produit l’harmonie. »

Dominique Venner
Source: Du Haut des Cimes
http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

Albert Einstein : du génie à l’imposteur

Albert Einstein est considéré comme le plus grand savant du 20ème siècle suite à la célèbre découverte de la théorie de la relativité qui lui est attribuée.
Depuis l’année 1905, celui-ci a une place de choix dans le milieu scientifique, les médias et dans les différentes publications ou livres sur le sujet. Son nom est toujours associé à la théorie, on parle de la relativité d’Einstein.
Pourtant depuis cette date, une controverse a eu lieu au sujet de cette découverte : certains physiciens ont remis en cause la paternité de la relativité attribuée à Albert Einstein. Cette controverse n’a jamais été relayée par les médias traditionnels mais était connue uniquement dans un milieu scientifique très fermé et initié, pas du grand public.
Parmi ces physiciens, le docteur en physique nucléaire américain Dean Mamas, considère qu’Albert Einstein(1879-1955) a plagié la théorie de la relativité laquelle a été selon lui en réalité découverte par le français mathématicien et physicien Henri Poincaré(1854-1912). 
Avant de revenir sur le fond du sujet et de la polémique, nous allons tenter de définir brièvement l’idée de la théorie de la relativité.
La théorie de la relativité
Il est très difficile de trouver un seul livre, un article ou un site web qui explique et qui résume de manière la plus simple possible cette théorie en quelques lignes.
D’une manière générale, lorsque l’on parle de relativité, cela signifie que quelque chose dépend d’une autre chose par opposition à une notion absolue qui est indépendante de toute chose.
Plus précisément, dans ce contexte il s’agit de l’espace et du temps et par extension de la vitesse qui est le quotient d’une distance par un temps.
La théorie de la relativité devrait s’appeler théorie de la relativité de l’espace et du temps ou théorie de la relativité de l’espace-temps car l’espace et le temps sont indissociables tel un être humain composé d’un corps et d’un esprit. 
Un référentiel est un point de repère utilisé comme référence pour mesurer distance, temps et vitesse comme par exemple la Terre, un train en mouvement…
L’observateur qui effectue une mesure de distance, de temps ou de vitesse d’un objet le fait toujours par rapport à un référentiel donc relativement à celui-ci. 
On distingue habituellement :
  • la relativité restreinte qui est limitée ou restreinte à certains cas, référentiels dits galiléens ou inertiels sans entrer dans les détails
  • la relativité générale qui est valable dans les autres référentiels
Que dit précisément la théorie ?
La théorie de la relativité restreinte indique que les mesures d’espace et de temps dépendent de la vitesse de l’observateur de l’événement. En particulier, les lois de cette théorie montrent que :
  • le temps se dilate : le temps mesuré par une horloge en mouvement s’écoule plus lentement par rapport au temps mesuré par une horloge fixe 
  • l’espace se contracte : la longueur d’un objet en mouvement est diminuée par rapport à la mesure faite dans le référentiel où l’objet est immobile
  • la vitesse de la lumière est constante quelque soit le repère ou référentiel dans lequel l’observateur se trouve, elle est toujours d’environ 300000 km par seconde, c’est en quelque sorte une exception, un cas limite, cette vitesse est donc absolue et non pas relative
Dans la suite de l’article, il sera question de la relativité restreinte dont la découverte a été prétendument attribuée à Albert Einstein en 1905. 
Entretien avec Dean Mamas sur radio courtoisie

Des articles du British journal publiés entre 1965 et 1966 montrent définitivement que c’est bien Poincaré qui a découvert la théorie de la relativité.
Henri Poincaré a publié la formule e=mc², l’énergie est égale à la masse multiplié par la vitesse de la lumière au carré, en 1900 soit 5 ans avant Einstein. Ce dernier l’a reprise sans citer Poincaré, il a également repris le mot relativité.
Sir Edmund Wittaker, historien des sciences anglais du 20ème sicèle, a publié un livre en 1953 sur l’histoire des sciences dans lequel il a écrit un chapitre intitulé « la relativité de Poincaré ». Il considère que Poincaré a formulé en premier le principe de la relativité et la formule e=mc² en 1900.
Lorsque Einstein a été amené à démontrer la validité de la formule e=mc², il y avait certaines carences.
Dans le livre « Einstein myth », le mythe d’Einstein qui cite le journal d’optique américain publié en 1952, lorsqu’ Einstein a dérivé pour la première fois la formule e=mc², sa dérivation était défectueuse mais il est quand même parvenu au bon résultat. Il savait donc à quoi il devait aboutir malgré ses erreurs. C’est ainsi que l’on reconnait un copieur à l’école : le résultat est juste mais la démonstration est fausse.
Le premier article d’Einstein ne comportait aucune citation, aucune référence en bas de page ce qui ne se fait jamais dans les publications scientifiques car les scientifiques ne partent jamais de zéro mais de travaux, résultats et études précédents.
Tout le monde était étonné qu’Einstein ait pu trouver la relativité avec le poste qu’il occupait au bureau des brevets en Suisse. Il lisait simplement les publications de Poincaré.
Henri Poincaré a présenté la théorie de la relativité en 1904 à la foire internationale de Saint Louis aux Etats-Unis. Einstein a pu prendre connaissance de la théorie à ce moment là.
Poincaré est mort en 1912 et Einstein a été lancé par les médias de masse dans les années 1920, c’est ainsi qu’Einstein a été popularisé.
D’après l’encyclopédie Britannica, Einstein n’a pas eu le prix Nobel de physique pour la théorie de la relativité mais pour l’effet photoélectrique qui se fait en une demi-page. Dean Mamas s’étonne de cette attribution pour ce simple fait.
Aux Etats-Unis, les trois grandes chaînes NBC, ABC et NBS ont lancé Einstein dans les années 1920 à la radio initialement puis à la télévision. David Sarnoff, russe spécialiste du talmud et de la Torah (NBC, ABC) et William Paley (CBS) ont projeté leur protégé Einstein de la même communauté telle une vedette de cinéma et l’ont rendu célèbre.
Deux mois avant sa mort, Einstein prétendait qu’il ne savait rien de Poincaré mais comment se fait t-il qu’il a utilisé le mot de relativité qui a été inventé par Poincaré. Il a donc non seulement fait preuve de plagiat mais également de mensonge.
Comment le jeune et ambitieux Einstein s’est approprié la relativité restreinte de Poincaré
Comment le jeune et ambitieux Einstein s'est approprié la relativité restreinte de Poincaré
Ce livre traite de cette question de manière plus détaillée.
Les cinq premiers chapitres du livre reviennent sur la théorie elle-même et les notions d’espace et de temps ainsi que la découverte d’Henri Poincaré.
Le sixième chapitre traite de l’appropriation de la théorie de Poincaré par Einstein et le septième chapitre de la personnalité des deux protagonistes.
Nous ne traiterons pas des cinq premiers chapitres mais nous présenterons quelques citations des deux derniers chapitres qui sont le cœur du problème.
Einstein s’approprie les travaux de Poincaré
« Les fondements de la relativité restreinte de Poincaré sont éparpillés dans divers textes publiés au fur et à mesure de l’avancée de ses recherches. Elles commencent avec La mesure du temps, paru en 1898, et se poursuivent jusqu’à son résumé Sur la dynamique de l’électron du 5 juin 1905, dont le détail des calculs est donné en juillet. »
« Par contre un jeune physicien ambitieux, Albert Einstein(1879-1955) va reprendre les travaux de recherche publiés par Poincaré en les rassemblant dans un texte unique intitulé « Sur l’électrodynamique des corps en mouvement ». Cette publication paraît dans le journal Annalen der Physik où le manuscrit reçu le 30 juin 1905, soit 25 jours après la publication du 5 juin dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences… »
« Par contre Einstein ajoute aux postulats de Poincaré celui de l’invariance de la vitesse de la lumière. » 
« C’est ce qui a en grande partie conduit à attribuer la paternité de la relativité à Einstein. Or ce postulat est non seulement superflu mais encore il engendre un sérieux doute sur la crédibilité de la théorie relativiste. »
« En effet, pourquoi les propriétés fondamentales de l’espace et du temps devraient-elles être tributaires d’un phénomène physique particulier, celui de la lumière ? »
« Tel qu’il est présenté, l’article d’Einstein serait certainement refusé de nos jours par tous les journaux scientifiques car il ne cite aucun des travaux antérieurs auxquels il emprunte des idées et des résultats. »
« Ayant d’ailleurs une bonne connaissance de la langue française, Einstein pouvait lire rapidement ces textes afin d’en extraire le meilleur. »
Deux personnages hors du commun 
Henri Poincaré : 1854-1912
« Son séjour à Polytechnique est resté célèbre car il suivit les cours, tout au moins ceux de mathématiques, sans prendre de notes, ni même se soucier des feuilles autographiées reproduisant les leçons du professeur. Il n’en avait pas besoin. »
« Présenté pour la première fois à l’âge de 26 ans à l’Académie des Sciences, il y fut admis comme membre en 1887…De très nombreuses distinctions honorifiques, nationales et internationales, lui furent décernées. »
« C’était un homme comblé qui resta toujours modeste. En matière scientifique sa seule préoccupation fut la recherche de la vérité. Il se soucia peu de la gloire. Il eût aimé que son nom ne fût donné à aucune de ses découvertes. »
« On a vu qu’il a appelé transformation de Lorentz la relation fondamentale de la relativité restreinte, alors que c’est finalement Poincaré qui en a été le véritable auteur. »
« Il avait eu le bonheur d’unir sa vie à celle d’une compagne intelligente, discrète et dévouée qui embellissait son existence et lui facilitait la tâche. »
« Poincaré mourut « jeune », à 58 ans. Opéré le 9 juillet 1912, il paraissait hors de danger, lorsque brusquement, le 17, dans son lit, l’embolie le surprit et le terrassa en un quart d’heure. »
Albert Einstein : 1879-1955
« Toutes les tentatives d’Einstein, depuis sa sortie de l’Ecole polytechnique de Zurich jusqu’à sa nomination comme privatdozent à l’université de Zurich, montrent qu’il avait la ferme ambition de devenir professeur d’université. Comment parvenir à ses fins, se demande le jeune ambitieux. Evidemment en publiant des articles scientifiques qui le feront remarquer. »
« N’ayant pu obtenir un poste d’assistant à l’Ecole polytechnique de Zurich, il va quémander un emploi chez les physiciens célèbres…Ses démarchent n’aboutissent pas. »
« Albert et Mileva se marièrent le 6 janvier 1903…Son divorce aura lieu seulement en 1919 mais auparavant Einstein fera cruellement souffrir Mileva. »
« Dans son ouvrage Autoportrait, paru en anglais en 1949, Einstein reconnaît que ses publications en physique statistique des années 1902-1904 ne faisaient que redécouvrir des théories déjà connues… »
« Un jeune physicien ambitieux veut publier un maximum d’articles scientifiques pour se faire connaître. Au printemps 1905, il avait déjà commencé à prendre des notes sur le temps et la synchronisation des horloges à partir des publications de Poincaré. Cela n’avait pas été difficile car Einstein connaissait assez bien le français. » 
« Autant dire qu’Einstein pouvait facilement lire les articles scientifiques en provenance de revues et d’ouvrages en français. Il ne s’en priva pas. Il lut et relut le livre de Poincaré La science et l’hypothèse paru en 1902. »
« Durant l’année 1904, Einstein va s’entendre avec les éditeurs de la plus prestigieuse revue scientifique d’Allemagne de cette époque, Annalen der Physik, pour leur fournir régulièrement des comptes rendus d’articles parus dans divers journaux scientifiques de pays étrangers. »
« Ce n’est qu’à partir de 1907 que le premier tome des Papiers d’Albert Einstein fut publié par l’université de Princeton, aux USA. Divers documents et lettres d’Einstein avaient en effet été gardés secret par les exécuteurs testamentaires d’Einstein, Helen Dukas et Otto Nathan. »
« Je crois qu’il (Einstein) était beaucoup plus opportuniste qu’on l’imagine…, il faut prendre ce facteur en considération… »
« L’article du 5 juin de Poincaré lui montre qu’il est urgent et opportun de publier sur ce sujet. »
« Sa vie durant, Einstein se proclamera le seul créateur de la relativité restreinte. Pratiquement jamais, sauf deux mois avant sa mort, il ne rendra hommage à Poincaré. Dès son article de 1905, Einstein ne mentionne aucun des travaux de recherches dont il est redevable ; il ne cite personne comme s’il avait tout inventé par lui-même, alors que même ses biographes les plus inconditionnels reconnaissent qu’il a puisé dans les travaux de recherche de Poincaré. Sa technique, consistant à tirer toute la couverture à lui, va être payante car il va bénéficier de la modestie de Poincaré. »
« Poincaré sera sans doute heureux de voir que ses idées sont reprises par la jeune génération. Il se dit qu’il n’y a rien de vraiment nouveau dans le texte d’Einstein , et il passe à d’autres problèmes. »
« Peut-être Einstein était-il jaloux de la supériorité en mathématiques de Poincaré qui est incontestablement reconnu comme un créateur dans diverses branches des mathématiques. Einstein n’a rien créé dans ce domaine. »
« Hermann Minkowski fut l’un des professeurs de mathématique d’Einstein à l’Ecole polytechnique de Zurich. Lorsqu’il commence à entendre chanter les louanges de son ancien élève, il lui écrit cordialement pour lui demander un tiré à part de ses articles. »
« Minkowski s’approprie à son tour une partie des travaux de Poincaré. » 
Quelques dates clés
- 1898 au 5 juin 1905 : publications éparses de Poincaré sur la relativité.
- 1900 : Poincaré publie la formule e=mc².
- 1904 : Poincaré présente la théorie de la relativité à la foire internationale de Saint Louis aux Etats-Unis.
- 30 juin 1905 : Einstein publie son célèbre article sans aucune référence ou citation. Poincaré semble ne pas s’insurger à cause de sa modestie et de sa volonté de diffuser la vérité pour la science. 
- 17 juillet 1912 : Henri Poincaré meurt. En l’absence d’une enquête et d’une autopsie on ne peut exclure aucune hypothèse sur les causes de son décès. Dès cet instant, Einstein a le champ libre.
- années 1920 et suivantes : Poincaré est déjà mort depuis des années, Einstein est propulsé par les médias acquis à sa cause, d’abord à la radio puis à la télévision et dans les journaux.
En résumé
Au vu de tous ces éléments, on peut dire sans prendre trop de risques qu’Henri Poincaré est le véritable fondateur de la théorie de la relativité restreinte et qu’Albert Einstein, en s’appropriant les travaux de Poincaré sans le citer et en niant avoir eu connaissance de ceux-ci, n’est pas le plus grand savant du 20ème siècle mais est le plus grand plagiaire, menteur, opportuniste, imposteur de tous les temps.
Poincaré n’a pas manqué d’éloges envers Einstein mais ce dernier n’a jamais montré au premier la moindre reconnaissance.
Einstein ne doit sa notoriété actuelle et son salut qu’ à un ensemble de circonstances suivantes :
  • une grande modestie d’Henri Poincaré qui force le respect qui ne cherchait pas son intérêt personnel mais celui de la vérité pour la science
  • le manque de professionnalisme de la majorité des chercheurs en physique qui ne vont pas à la source des articles pour retracer les faits exacts mais se contentent simplement de reprendre les livres écrits par d’autres sur le sujet
  • l’utilisation habile par Einstein d’un postulat ou d’un principe superflu qui est celui de l’invariance de la vitesse de la lumière quelque soit le référentiel choisi et qui n’est pas nécessaire pour démontrer la théorie
  • un puissant lobby communautaire qui domine aux niveaux politique, médiatique, scientifique et qui verrouille toute remontée d’informations dans les livres, les revues et dans l’éducation nationale, la relativité c’est Einstein point final, on ne discute pas 
Dès lors la célèbre image d’Einstein tirant la langue prend tout son sens. Il s’agissait probablement d’un message subliminal.
Pour finir, si la théorie de la relativité et sa fameuse formule e=mc² vous semblent compliquer, rassurez-vous on peut la résumer par une formule beaucoup plus simple :
  \begin{equation*}\boxed{\begin{array}{rcl}Einstein=Menteur \times Copieur^{Poincar\'e}\end{array}}\end{equation}
Albert Einstein est le produit d’un menteur et d’un copieur élevé au Poincaré.
Cette formule pourra être reprise par quiconque à condition de citer la source, n’est-ce pas Albert !
Au moins cette formule, il ne risque pas de la plagier !

vendredi 24 mai 2013

L'œuvre de Soljénitsyne, témoignage sur l'Union soviétique et le peuple russe

Alexandre Soljénitsyne (1918-2008) est connu pour son courageux combat de dissident, opposant déclaré au communisme au sein même de l'Union soviétique durant les années 1960 et 1970. Khrouchtchev avait pensé utiliser l'auteur d'Une journée d'Ivan Denissovitch (1962), nouvelle dénonçant la monstruosité des camps, peuplés de masses d'innocents, pour illustrer sa thèse de la perversion stalinienne d'un marxisme-léninisme fondamentalement bon ; or Soljénitsyne refuse d'être utilisé de quelque manière que ce soit par le régime, intrinsèquement mauvais. Il est expulsé de son pays en 1974. En exil aux États-Unis, il multiplie les déclarations présentant sa vision de la Russie, conforme à son génie national, slave et orthodoxe, et non aux idéaux prétendus universels libéraux et capitalistes. Il a eu la politesse évidente de remercier ses hôtes, mais sans rien céder de ses principes.
Il rentre en Russie en 1994, participe au débat public. Il développe une pensée très personnelle, difficilement classable, rarement limpide : ses essais nombreux, parfois contradictoires, comme sa désapprobation de la Première Guerre de Tchétchénie et son approbation de la Seconde, déroutent souvent, notamment ceux sur les juifs en Russie : les juifs seraient des gens absolument géniaux, mais pas des Russes. Globalement, il partage la vision politique de Poutine, soit un retour immédiat de l'autorité de l'Etat, préparant l'avènement d'une démocratie réelle sur le long terme, auquel il a apporté un soutien critique. Même si beaucoup de ses analyses sont certainement discutables, elles sont souvent intéressantes. Il est l'un des rares notamment à placer la monstruosité communiste dans le temps long de la Russie, comme une forme pervertie de l'identité russe, le besoin d'encadrement fort, voire d'un pouvoir tyrannique. L'impiété n'est pas non plus sans précédents, même s'il insiste sur le caractère largement non-russe des révolutionnaires d'Octobre, avec Lénine demi-Tatar et quart-Juif, Trotsky juif, Staline Géorgien... Homme courageux, essayiste patriote, il est avant tout un grand écrivain, un des plus grands auteurs russes du XXe siècle.
L'ARCHIPEL DU GOULAG
De l'œuvre étendue de Soljénitsyne, on retient généralement avant tout L'Archipel du Goulag (1974-1976), dont le début de la parution motive son expulsion d'URSS. Il s'agit d'un « essai d'investigation littéraire » selon Soljénitsyne, objet unique qui essaye d'ordonner une compilation de témoignages, plusieurs dizaines, dont le sien propre, de victimes du régime soviétique.
Toute la perversion de la société est bien retranscrite, la corruption systématique de l'homme transformé en monstre au service du système, et vénérant Staline. Le plus émouvant et le plus juste des témoignages est celui de l'auteur lui-même qui raconte son endoctrinement, sa foi d'adolescent et de jeune adulte dans le système, le mépris condescendant de la foi orthodoxe de la grand-mère, son sinistre mépris de la vie humaine acquise au cours de l'éducation et aggravée par la formation d'officier durant la guerre germano-soviétique et les pratiques du front. Il raconte son arrestation, au milieu des combats en Poméranie, pour un prétendu complot contre l'Etat en groupe organisé, soit deux personnes, donc un groupe, qui avaient osé, dans le cadre d'une correspondance privée, une légère plaisanterie à peine codée sur Staline ; l'ennui vient du doute, aussi léger soit-il au départ. Il développe les récits des interrogatoires, interminables et absurdes à la Loubianka - siège du NKVD - à Moscou, son expérience des camps, révélation tardive de la monstruosité du communisme. En prison, il réfléchit, et admet que qui voulait savoir, simplement se poser des questions, ne pouvait pas être trompé par les grossiers mensonges staliniens. Pire, il s'agissait au fond d'une forme de consentement tacite collectif. Là, s'enchevêtrent des dizaines de récits de vies brisées, une mise en parallèle des procédures policières, des formes à prétention juridique ridicule. Parfois, il faut reconnaître une certaine impression de confusion à la lecture, mais justement, l'intention est de donner une vision d'ensemble, une mosaïque de destins brisés, pour la grande majorité parfaitement innocents des faits reprochés - pas même des opposants à un régime des plus illégitimes -. Un hommage émouvant est rendu au courage des chrétiens, le plus souvent des femmes, particulièrement maltraités, poussés à l'apostasie, qui pour la plupart tiennent jusqu'au martyre. Le monde des zeks - détenus - constitue une fresque essentielle, et sans que son talent se limite à ce thème, Soljénitsyne demeure unique, irremplaçable, pour décrire ce véritable enfer sur Terre. Le creusement du Canal de la Mer Blanche - Belomorkanal -, vitrine du régime des camps, entre le Lac Onega et la Mer Blanche, entreprise folle au cœur de l'hiver, effectuée en moins de deux ans en 1931-33, est particulièrement bien décrit, dans toute sa monstruosité et absurdité - le canal n'est pas assez profond pour la navigation maritime -. Le contraste entre cette sinistre réalité de dizaines de milliers de travailleurs forcés, le plus souvent innocents, morts à la tâche et la propagande d'époque, fort bien répercutée en Occident, assimilant les travailleurs forcés à des délinquants en bonne voie de resocialisation par le travail, et les textes du poète officiel de l'URSS, Maxime Gorki qui chante littéralement les "réussites" de Staline, impressionne. Soljénitsyne se trompe de bonne foi en attribuant la mort naturelle du poète officiel, en 1936, à une exécution du régime, mais cette erreur de détail - une de celles sur lesquelles se fondent les thuriféraires du communisme pour contester la portée de l’Archipel - n'enlève rien à la portée globale de son œuvre.
Le système des camps ne tient pas alors par la terreur des gardes de la police politique -Tchéka, puis GPU, puis NKVD - mais par la collaboration des détenus délinquants professionnels qui terrorisent la grande masse des autres, innocents désarmés dans ce monde sauvage. Ils sont significativement définis par le régime comme éléments socialement proches. Soljénitsyne perd toute illusion en camp quant à l'idée d'un homme systématiquement et fondamentalement bon. La plupart de ces délinquants, dans n'importe quel régime politique, auraient fini en prison - sauf peut-être dans la France folle actuelle, inconnue de l'auteur dans les années 1970 évidemment -. S'ils refusent de travailler eux-mêmes, ils détournent l'insuffisante nourriture à leur profit, acceptent leur fonction de contrôle, par la pression violente ou la délation. Le régime concentrationnaire tient aussi par la présence certaine de traîtres parmi les éventuels groupes de détenus tentés de résister qui se formeraient. Les détenus développent un langage spécifique, une forme d'argot russe des camps, absolument intraduisible en langue étrangère ; l'auteur, de formation scientifique, note ces curieuses inventions langagières, étrangeté pour les Russes eux-mêmes paraît-il.
Dès l'automne 1945, et a fortiori les années suivantes, Soljénitsyne finit par se sentir beaucoup plus proche des détenus allemands et même japonais, dont il ne parle pourtant absolument pas la langue, soldats captifs déportés massivement dans les camps, au motif collectif de « crimes de guerre » contre l'URSS. Ce prétexte s'avère particulièrement absurde pour les Nippons capturés lors de l'invasion russe de la Mandchourie en août 1945, qui n'avaient jamais envahi l'URSS lors du Second Conflit Mondial. Après 1945, le nombre de détenus atteint vraisemblablement un pic, car ils sont chargés de reconstruire l'URSS. Les camps sont alimentés par des rafles collectives, sans guère de tri, en Europe occupée par l'URSS, ce qui amène, outre des masses d'Allemands, civils ou militaires, des curiosités, tels des prisonniers de guerre français ou même américains vite nostalgiques de leur captivité allemande. Il loue l'honnêteté des Allemands incapables de comprendre que dans le régime soviétique, en théorie de propriété collective, en pratique tout le monde vole tout le monde ; ils écrivaient très souvent en mauvais russe des lettres de dénonciation contre les chefs de chantiers qui détournaient massivement les biens de l’État à des fins privées, et ce sans aucun profit dans la délation, par pur sens du devoir, révoltés qu'ils étaient par de telles pratiques.
Outre celle des droits communs, détestable, l'auteur décrit particulièrement la mentalité des gardiens, monstrueuse, mais dans la lignée logique du régime. Il reconnaît avec honnêteté que vers 1940, jeune étudiant, malgré une absence d'attirance, il n'aurait pas résisté à une pression forte, selon un chantage courant sur la définition du « bon soviétique », honoré de servir le régime, tandis qu'un refus aurait les pires conséquences. Rejoindre une école d'officiers du NKVD lui avait été simplement suggéré, ce qui ne l'attirait pas. Il analyse le caractère de ces gardes, fondamentalement mauvais ; un homme bon n'aurait jamais eu l'idée d'y entrer, ou recruté de force, chose rare, aurait rapidement été éliminé comme trop mou par le système lui-même.
Pendant la Guerre, peu soucieux d'accomplir leur devoir patriotique au front, les membres de la police politique ont multiplié les complots fascistes imaginaires dans les camps, afin de prétendre démontrer leur plus grande utilité à des milliers de kilomètres du front ; ces farces grossières ont causé des dizaines de milliers de morts supplémentaires. Soljénitsyne lui-même a été victime d'une branche du NKVD, le contre-espionnage militaire, qui l'arrête sur le front en février 1945, et les descriptions ironiques de ces policiers qui craignent de mourir des derniers obus de la guerre abondent, ce qui donne des instants de relâchements comiques appréciables à une oeuvre sombre.
L'officier du NKVD, plus éduqué que les gardiens souvent analphabètes voire non-russophones - Tatars en particulier -, n'en est que plus coupable ; avec un cynisme total, il monte un dossier d'accusation, fait signer des aveux, et ce sans aucun souci de la crédibilité, a fortiori de la vérité, notion qui leur échappe à cause d'un relativisme simpliste - au fond, la vérité n'existerait pas -. Un cas attire particulièrement l'attention, celui d'un travailleur russe déporté en Allemagne, diacre de l'Eglise orthodoxe clandestine, arrêté par la Gestapo sur dénonciation de communistes pour « propagande communiste », relâché, puis envoyé en camp soviétique comme la grande majorité des travailleurs russes déportés par l'Allemagne, et alors interrogé par le NKVD : « il avait bien connu les deux systèmes, et la comparaison n'était franchement pas en notre faveur. Certes, il avait été torturé ici et là, mais la Gestapo, elle, recherchait la vérité ; celle-ci établie, il fut relâché, même avec des excuses. Quant à nos gars, ils se moquaient complètement de la vérité, ils lui ont fait signer une longue liste de délits impossibles ou absurdes, après d'interminables et douloureuses séances d'interrogatoires pour respecter leur procédure. »
Précisons que le point de vue de l'auteur sur la guerre relève d'un patriotisme russe classique. S'imposerait le devoir moral de la défense du pays contre l'invasion allemande, même si la victoire russe implique la survie de facto d'un régime absolument détestable. Il reconnaît ce dilemme, comprenant sans les approuver ses compatriotes engagés dans l'armée Vlassov ; il ne va pas au-delà parce que c'eût été indicible dans l'URSS des années 1970, encore moins à l'étranger, telle est sa conviction profonde. Toutefois, il ose établir le parallèle entre les « Polizei », auxiliaires policiers russes des forces d'occupation et le NKVD ; contrairement à toute la propagande du régime, il soutient que ceux, nombreux, qui, par un paradoxe superficiel, ont réussi à intégrer le NKVD en 1944, ont certes pour beaucoup été arrêtés par la suite, mais sans que cette tache biographique ait pu apparaître comme un manque de qualités professionnelles au service du stalinisme... Il a été témoin de la réjouissante disparition, pour les détenus, de certains de ses tortionnaires.
Outre les policiers, en fait rares, et les délinquants professionnels, minorité sur laquelle reposent les camps, l'auteur essaie de classer la population carcérale en plusieurs catégories : les enfants, les femmes, les politiques.
Le régime soviétique a produit des hordes d'enfants orphelins, souvent survivants des famines paysannes causées par les vagues de collectivisation forcée des campagnes au début des années 1930. Ils sont en masse devenus des délinquants multirécidivistes ; dans les camps, ils se révèlent particulièrement agressifs et amoraux. Par exception, Soljénitsyne réussit à sympathiser avec un adolescent ukrainien, pas complètement mauvais. Il avait volé durant toute sa vie à Kiev, n'en était pas à son premier séjour en camp soviétique. Avait-il été aussi en prison puisqu'il était voleur sous l'Occupation allemande ? « Non, il travaillait, honnêtement, car les Allemands fusillaient tous les voleurs ». L'auteur n'ose pas en tirer de morale immédiate. Relevons que pour le Français cet amour des délinquants anime la magistrature et les média français postmarxistes, ce qui doit constituer plus qu'une simple coïncidence.
Les femmes, théoriquement rigoureusement séparées des hommes, mais souvent enfermées dans des camps-jumeaux, ont été victimes systématiquement des violences que l'on imagine de la part des gardiens et des détenus de droits communs - très doués pour franchir tous les murs ou grillages possibles, non pour s'évader, mais pour satisfaire leurs bas instincts -. Dans le camp même des hommes, de nombreux pervers gardiens ou détenus de droits communs, s'attaquent aussi couramment aux adolescents. Paradoxalement une grossesse, phénomène fréquent dans ces circonstances, constitue une garantie de quelques mois de calme relatif, donc de survie pour ces détenues. Les bébés, lorsqu'ils survivent, sont enlevés aux mères de manière quasiment systématique.
Les "politiques", soit la très grande majorités des internés, presque tous innocents - ou pour les plus "coupables" auteurs d'une plaisanterie ou d'une parole d'humeur contre le régime -, sont les victimes permanentes, soumises à un travail intensif, et elles meurent massivement. La vertu individuelle, celle consistant à avoir un caractère sérieux et travailleur, conduit rapidement à la mort. L'auteur le démontre par les rations : celle, disciplinaire, très réduite, de celui qui refuse de travailler, conduit au final bien plus lentement à la mort que celle double du travailleur méritant, qui meurt d'épuisement inévitablement en quelques jours, quelques semaines au plus.
Même si elle souffre d'une certaine confusion formelle assumée, l'œuvre démontre la perversité intrinsèque du système, dont les rares réussites économiques proclamées reposent sur l'utilisation massive de main-d'œuvre esclave. Le soi-disant paradis des travailleurs constitue pour eux un enfer pire que le régime capitaliste - que l'auteur n'a pas la naïveté de prendre pour bon en soi -. Soljénitsyne s'insurge particulièrement contre la récupération possible de ses nouvelles par le régime, au nom d'un "bon" communisme qui s'opposerait à sa perversion stalinienne. Il critique justement la masse de textes de communistes dénonçant la vague de purges de 1937, et seulement celle-là, car elle frappe massivement les membres du parti, singulièrement les cadres, alors tous de parfaits staliniens - sinon, ils auraient disparu bien avant - ; il raconte au passage l'histoire des différentes vagues de destruction des ennemis - réels ou supposés du régime -, et dénonce le fait que les socialistes, puis les communistes, refusent systématiquement de se mêler aux autres détenus, et forment un vivier permanent et sûr d'indicateurs pour les gardiens ; bref, ceux-là ne sont pas des innocents et ne méritent aucune compassion - à rebours du discours officiel soviétique des années 1960 -.
LES ROMANS
Le Pavillon des Cancéreux (1968) est une œuvre particulièrement sombre. Soljénitsyne évoque un monde de malades, qui sont tous ou presque à terme condamnés. Si les détails médicaux nombreux, parfois pénibles - avec des discussions techniques de médecins -, rendent la lecture au premier degré crédible, on peut aussi discerner une parabole de l'URSS, monde malade, voire de l'humanité : tout homme est condamné tôt ou tard à passer le Styx, et la réflexion sur la mort est valable pour tous. L'absurdité du système soviétique est encore démontrée par ce monde médical : sur les cinq à six médecins-chirurgiens théoriques de la clinique, deux effectuent réellement, avec un dévouement exemplaire, leur travail ; les autres sont plus ou moins incompétents - dont le Kalmouk promu au titre des minorités - ou simplement fainéants ou dépourvus de toute éthique de travail ; le problème s'étend évidemment aux infirmières, au personnel de salle et de nettoyage - travail essentiel que la propreté en hôpital -, qui accomplissent le plus souvent mal leur fonction. L'irresponsabilité, la négligence sont systématiques. Les patients meurent, et fatalisme, mourraient probablement de toute façon ; de meilleurs soins ne feraient que prolonger leurs souffrances... Cette œuvre se caractérise par son pessimisme absolu.
Le Premier Cercle (1968) constitue probablement le chef-d'œuvre de Soljénitsyne. Le titre renvoie au premier cercle de L'Enfer de Dante, les limbes ; les membres de ce cercle ne sont pas abominablement torturés comme dans tous les cercles inférieurs, mais il s'agit nonobstant d'une forme d'entrée dans le monde infernal, celui des camps de travail soviétique. Le contexte très particulier intéresse en soi : il s'agit d'un atelier de recherche soviétique, à objectifs multiples, mais travaillant en particulier sur les débuts de la télévision, et employant un personnel concentrationnaire, des condamnés pour délits politiques imaginaires mais sauvés du pire - mines de Sibérie orientale ou du Grand-Nord - ; à la fin des années 1940, la main-d'œuvre de ces chercheurs russes détenus est massivement composés de déportés allemands ou lettons. La proximité de Moscou permet de construire un véritable roman-choral où se retrouvent des procureurs et leur famille, profiteurs du régime, nouvelle classe dirigeante très satisfaite d'elle-même, par définition solidaire des Soviets, dont toutefois la perversité n'offre aucune garantie pour elle-même : un des membres de cette classe dirigeante, pur hédoniste jusque-là, accomplit un jour dans sa vie un geste bon, courageux, sauve un inconnu d'une manipulation du NKVD, et passe de ce paradis artificiel à l'enfer de la prison, puis des camps. L'inconnu est un médecin soviétique, qui a commis la naïveté de prendre au premier degré la notion d'échanges scientifiques avec l'Ouest, au lieu d'espionnage à sens unique au profit de l'URSS, et a l'idée de livrer un médicament soviétique - par exception particulièrement efficace - après en avoir reçu gratuitement de nombreux autres de l'Occident. Ainsi est encore démonté le plus gros mensonge soviétique, celui de prétendre servir l'humanité dans son ensemble, évidence pour le médecin, considéré comme traître à l'URSS, et sauvé du pire de justesse. Le NKVD recherche le coupable de cette information, trouve six suspects ; le scientifique du camp forcé de collaborer dans l'analyse sonore du coup de téléphone salvateur - relativement, car le médecin est déporté quand même - pense sauver cinq hommes sur les six suspects, résolution de son dilemme moral, mais finalement deux sont arrêtés et le NKVD « trouvera certainement quelque chose contre l'un et l'autre », cynisme révélateur de la monstruosité du régime.
La Roue Rouge (1972-2009), vaste œuvre inachevée, a pour ambition de constituer une vaste fresque historique du basculement de la Russie de la monarchie tsariste à la dictature bolchevique, monde radicalement nouveau, somme toute en très peu de temps. Les dirigeants politiques connus - parfois oubliés, comme les libéraux russes - et une masse d'inconnus - parmi lesquels le lecteur parfois se perd - constituent la trame complexe de l'ouvrage. L'auteur s'est livré pour l'écriture de ce roman historique à un effort consciencieux de documentation ; s'il a commis des erreurs de détails - relevés par des spécialistes -, le sens général semble juste.
Toutefois, si l'on comprend et partage la détestation de Soljénitsyne pour les dirigeants bolcheviques, le fait de les présenter comme des personnages ridicules, mélange d'intellectuels dogmatiques incompréhensibles, de fous, de simples voleurs - qui se donnent bonne conscience en se définissant avant-garde prolétarienne - n'explique pas, au contraire, la Révolution d'Octobre ; des personnages aussi nuls n'auraient rien tenté, ou auraient été balayés ; ils étaient malgré tout intelligents, organisés, déterminés, d'où leur réussite, qui ne saurait tenir d'un complet, miraculeux, infernal hasard.
De même lors des élections législatives générales à peu près libres suivant la Révolution avortée de 1905, au suffrage universel direct masculin, les électeurs se prononcent majoritairement pour des partis se réclamant du socialisme, certes certainement pas les bolcheviques, mais il ne faudrait pourtant pas au nom de la diversité, du caractère spécifiquement russe de ces socialismes - en particulier celui majoritaire des « socialistes-révolutionnaires » paysans - nier la propension majoritaire de la société russe à des évolutions vers des formes de socialisme. Certes, les électeurs étaient facilement manipulables, l'ont été, mais voir un sain conservatisme russe foncièrement majoritaire relève du vœu rétrospectif. En outre, les vrais conservateurs sont nettement moins nombreux en voix que les libéraux, dont les cercles, très hostiles au tsarisme et aux traditions russes- qualifiées d'arriérations - regroupent presque toute l'élite dirigeante - moins la partie suicidaire, numériquement significative, qui donne dans des formes de socialisme -. Soljénitsyne réussit à rendre vie à tous ces militants politiques qui ont contribué efficacement à détruire le régime en place - qui ne trouve aucun défenseur en février 1917 - et ont été assassinés le plus souvent peu après. C'est un des grands intérêts de son œuvre : si le caractère du petit peuple russe ne réussit pas complètement à emporter l'adhésion par sa recherche excessive du pittoresque, les cercles de réflexion aristocratiques ou bourgeois sont globalement bien rendus.
Dans le contexte de guerre, l'évocation de la vie de l'arrière se perd un peu dans des chroniques familiales un peu artificielles, complexes, qui tendent à reconstituer ce petit peuple russe disparu à l'évidence idéalisé - même quand il ne paraît pas a priori à son avantage -. Certains portraits demeurent toutefois irrésistibles, comme celui du paysan demi-intellectuel tolstoïen, qui « partageait ses sophismes de lycéen contestataire sur le christianisme primitif, qui imposerait le refus de toute hiérarchie religieuse, et en politique de toute guerre », mais qui est précisément déjà en rupture volontaire. Sinon, il retrouve un ton juste dès qu'il évoque le problème quotidien, central des questions de ravitaillement ; il est vrai que les meneurs bolcheviques ont réussi à mobiliser les ouvriers menacés de disette, et ont conduit en quelques mois, et sur quelques années, à une situation bien pire de véritable famine : la Révolution aboutit à des millions de morts de faim, en attendant celles à venir provoquées par la collectivisation sous Staline, une décennie plus tard.
Evidemment, on partage le regret rétrospectif de l'auteur : un Nicolas II énergique, mieux informé, aurait contenu l'agitation, ce qui aurait évité à la Russie et au monde les affres du Communisme. Mais au final, c'eût été un homme différent. L'impératrice est caricaturée à l'excès ; certes, son équilibre mental est discuté, mais son rôle de mauvais démon du tsar est exagéré ; au contraire, sa volonté de partager la mentalité populaire russe aurait pu être vue comme une volonté touchante d'intégration de la part d'une Allemande d'origine ; après tout Raspoutine, son conseiller occulte, qui la ridiculisait quelque temps peut-être, incarne fort bien la paysannerie superstitieuse, et avait déconseillé absolument l'entrée en guerre fatale au régime en août 1914.
Les opérations militaires, la vie au front sont particulièrement bien rendues, dans leur dimension générale, le niveau des états-majors, des officiers de terrain et des soldats. Soljénitsyne dénonce des erreurs connues dans la conduite russe de la guerre, des offensives mal dirigées avec des pertes énormes, mais soutient que l'effondrement du Front en 1917 est la conséquence directe du sabotage léniniste, voulu par les Allemands. Si la thèse peut paraître excessive, car après trois ans de défaites ou de demi-victoires au mieux très provisoires et sanglantes, l'armée russe était effectivement épuisée - plus que la française touchée pourtant par les mutineries de la fin du printemps 1917 -, le rôle destructeur de la Révolution intérieure est indiscutable. On sent l'expérience du terrain de Soljénitsyne, ses souvenirs d'artilleur - avec des matériels pas fondamentalement différents d'une guerre à l'autre -, et ses pages sur le premier conflit mondial constituent un apport trop peu connu au genre passé de mode des romans de guerre.
Lire Soljénitsyne permet véritablement de comprendre la perversité extrême du communisme, et son talent d'écrivain possède en outre le don exceptionnel de rendre supportable la lecture d'un catalogue d'absurdités et de monstruosités... On en parle encore trop peu en France, qui possède encore un grand nombre de partis qui se réclament explicitement du communisme - au moins un post-stalinien et trois trotskystes -, ou implicitement, comme les Verts et les socialistes, presque toujours favorables aux délinquants, réputés socialement proches des prolétaires - point de vue bien sûr insultant pour les nombreux travailleurs pauvres et honnêtes -.
Nicolas Bertrand Écrits De Paris février 2012