Comment comprendre économiquement que la révolution bolchevique fut financée par des banquiers américains ?
Le capitalisme américain se base sur l’existence d’une banque
centrale qui n’appartient qu’à une minorité de banquiers commerciaux.
Cette dernière leur procurant de l’argent facile en particulier depuis
la fin des accords de Brettons Woods.
Cette création artificielle de monnaie, qui plus est par la méthode
des réserves fractionnaires, engendre une croissance inflationniste qui a
un effet de redistribution automatique des richesses. Les premiers
détenteurs de la nouvelle monnaie engendrent une inflation pour les
seconds.
À terme, l’accumulation de capital se fait par une seule et même
entité. Cette tendance au monopole conduit à une centralisation complète
des moyens de production et donc à une perte totale de possibilité
d’entrepreneuriat. Le salariat devient indispensable pour survivre dans
une seule et même organisation transnationale. Cette dernière peut gérer
les salaires de la manière qu’elle souhaite car il n’y a plus de
concurrence.
En Union soviétique, en planifiant complètement l’économie et en
interdisant la propriété privée, la centralisation du pouvoir sur
l’effort et les fruits du travail des individus se fait directement.
L’essence philosophique est la même. L’usure au sens large (création
artificielle de monnaie des banques commerciales et de la banque
centrale) a pu feindre de se faire voir au grand jour en mettant en
place un alter-ego d’une grande puissance grâce au génie marxiste.
Anthony Sutton nous expose ces différents investissements des
Rockefeller et des Morgan, qui s’inscrivent dans une stratégie de long
terme. Ainsi, le capitalisme américain est loin d’être un libéralisme.
Le rêve américain est mensonger de par son appareil financier et son
ex-collègue russe le rejoignait sur l’essentiel.
La monnaie est une marchandise comme une autre, elle peut être
légitimement créée à tout moment par n’importe quel citoyen. Des
expériences de plus en plus nombreuses ont d’ailleurs lieu dans des
régions de France à culture plus traditionnelle, comme au pays basque
avec l’Eusko ou le Sol violette à Toulouse.
L’inconvénient réside dans le fait que ces monnaies sont fiduciaires
et n’ont pas de valeur intrinsèque ; il serait plus judicieux de
fabriquer une monnaie en métal jaune ou argent. Mais ces expériences
sont toujours bénéfiques et manifestent une volonté de changement ainsi
qu’un renouveau d’actions politiques sans attendre le consentement des
hautes sphères.
Cet adversaire factice qu’a été la subversion bolchévique a pu
détourner une attention qui ne voit malheureusement plus maintenant
d’autre alternative au capitalisme américain, source du nouvel ordre et
gouvernement mondial.
Accaparé
par les nécessités du combat politique et la rédaction de ses articles
quotidiens, Maurras n’a pas pu écrire tous les livres dont il avait le
projet. Heureusement - et ceux qui ont beaucoup fréquenté son oeuvre le
savent bien -, il a souvent donné de précieuses indications à leur sujet
dans les nombreux avant-propos ou préfaces qu’il a rédigés à l’occasion
des fréquentes rééditions de certains de ses textes sous forme
d’anthologies. C’est le cas en 1922 avec le volume Romantisme et Révolution qui unit L’Avenir de l’Intelligence à Trois Idées politiques et dont la préface est l’objet de notre article. Il affirme dans ce long prologue son intention d’entreprendre un vaste « exposé d’histoire politique et littéraire
» qui compléterait sa critique du romantisme encore éparpillée dans
plusieurs textes comme les deux réédités dans le volume ou comme ses
célèbres Amants de Venise, consacrés à George Sand et Musset. Le projet ne verra jamais le jour mais la préface de Romantisme et Révolution en constitue, comme nous allons le voir, une version synthétique déjà substantielle. Maurras
veut d’abord y disculper le classicisme de l’accusation d’avoir
accouché de la Révolution : les auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles
partagent la même écriture mais pas la même pensée, le même goût pour
l’art des orateurs républicains de l’Antiquité mais éclairé par l’étude
de l’Histoire chez les uns, aveugle et sans réserve chez les autres.
L’Histoire nous l’apprend en effet : « ces antiques expériences du gouvernement populaire […] comportaient
des conditions très spéciales, la servitude par exemple, et ces
conditions favorables ne purent épargner au régime insensé des
conséquences qui font figures de sanction. » C’est toute une
interprétation de la Révolution comme conséquence logique du mouvement
de l’humanisme et du classicisme - interprétation attribuée par Maurras à
Taine mais que l’on retrouve au XXe siècle chez un Guénon par exemple -
qui est ici récusée. La réalité et l'idée Au-delà
d’un simple plaidoyer en faveur du classicisme, Maurras dénonce
l’opposition des faits et de la raison dans laquelle se fourvoie une
certaine contre-révolution anti-rationaliste et anti-intellectualiste.
Il faut montrer au contraire que les idées révolutionnaires sont
pernicieuses non parce qu’elles sont abstraites mais parce qu’elles sont
fausses. « La réalité et l’idée n’ont rien d’opposé ni
d’incompatible. Il y a des idées conformes au réel, ce sont les idées
vraies ; il y a des réalités conformes aux plus nobles idées, ce sont
les choses saintes et les personnes grandes. S’il y a une opposition
qu’il vaille la peine d’instituer, c’est celle des idées vraies et des
idées fausses, des réalités bonnes et des mauvaises. » Maurras nous
invite donc à ne pas calomnier la raison et à attaquer l’idéologie
révolutionnaire non seulement sur le terrain de l’Histoire mais aussi
sur celui de la philosophie et des principes. Il
prend l’exemple de l’article II de La Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen. Son énoncé n’est pas seulement contestable parce que,
voulant fonder la cité sur des principes universels, elle en oublie que
la politique s’occupe d’hommes concrets qui vivent dans une société
réelle, mais surtout parce que, sur le plan même des idées pures, son
raisonnement est faux. Relisons-le : « Le but de toute association
politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de
l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la
résistance à l'oppression. » Maurras
remarque que ce texte définit la société comme une simple “association”
(proposition irrationnelle puisque la société préexiste à l'individu et
à son éventuelle volonté de s’associer) et lui assigne pour but non le
Bien commun (l'intérêt du tout étant nécessairement supérieur à celui
des parties) mais la conservation de “droits”, en particulier du droit
de propriété. Les rédacteurs de cet article auraient été bien inspirés
de relire le livre I de La Politique d’Aristote dont Maurras
reprendra, en se situant justement sur le terrain philosophique, la
démonstration dans une autre préface, celle de Mes Idées politiques. Bouleversement de la sensibilité Le
maître de l’Action française peut alors proposer sa propre généalogie
des idées révolutionnaires. Il convient pour cela de prendre la mesure
du bouleversement de la sensibilité initié par Rousseau qui introduit
derrière le classicisme apparent de l’écriture, une révolution
intellectuelle et morale qui fait du "Moi" le juge de tout et le
critérium des valeurs, en opposition totale avec la pensée classique. « Les
arts, les lettres, les sciences, la tradition, le passé, en un mot tout
ce qui était fait, n’importaient plus, car la nature pure introduisait
immédiatement au divin : elle seule pouvait parler au monde le langage
infaillible de l’avenir. On donnait la parole, entre les hommes, à
l’homme ignorant, entre les peuples, au peuple en retard. » Maurras
opère donc un tri à l’intérieur de la littérature du XVIIIe siècle
entre les éléments matériels, qui prolongent la langue et l’écriture du
siècle précédent, et les éléments spirituels, en particulier
l’exaltation de la conscience individuelle et l’opposition entre la
nature et la civilisation, qui annoncent l’avènement du romantisme au
siècle suivant. Que des romanciers et des poètes romantiques aient -
dans un premier temps - été favorables à la Restauration ne doit pas
masquer cette parenté profonde entre romantisme et révolution. Crise individualiste Maurras
veut regarder la littérature comme un témoin particulièrement
révélateur de la crise individualiste moderne par l’exaltation du style
propre à chaque auteur et de son prétendu génie au détriment de
l’écriture et de la pensée. « Soeur légitime de ce que les
philologues appellent le langage individuel, une littérature
individualiste tendait à supprimer tout autre lecteur que l’auteur :
comment n’eût-elle pas attiré l’attention sur le système social qui
oppose le citoyen à l’État et, au nom d’un État meurtrier de lui-même,
provoque tour à tour aux fureurs de l’insurrection et aux torpeurs de
l’indifférence civique ? » La solidarité de fond de la Révolution
et du romantisme réside donc dans le drame d’une liberté absolue
revendiquée par le créateur dans le domaine littéraire ou artistique et
par le citoyen dans le domaine politique qui, au bout du compte, aboutit
dans un cas à la ruine de l’oeuvre, dans l’autre à la ruine de la cité.
Pour la littérature, Maurras rapporte ce jugement très pénétrant de
Barrès sur les conséquences de ce primat de la liberté et de la
spontanéité de l’écrivain : « Chose étrange, au XIXe siècle, il est plus aisé de citer des noms immortels que des oeuvres qui ne périront pas. » Aux
yeux de Maurras, qui développe ici un véritable Art poétique, ce n’est
pas l’intensité de ce que ressent le créateur qui importe mais l’art
avec lequel il va traduire ses émotions, comme l’indique l’étymologie du
terme "poète" (du grec "faire") : « la structure de son nom donne
son signe exact. Il est celui qui fait quelque chose avec ce qu’il sent.
Les autres n’en font rien que le vulgaire usage pour vivre et pour
mourir. » On peut dire que la poétique maurrassienne en se situant à
égale distance du romantisme, qui subordonne l’art aux forces brutes du
sentiment, et du Parnasse, qui prône l’art pour l’art, rejoint le
classicisme éternel dont la formule consiste à équilibrer inspiration et
technique. C’est ce dialogue permanent entre poétique et politique qui
fait de la préface de Romantisme et Révolution, un texte exemplaire de
l’oeuvre de Maurras. L’Action Française 2000 du 17 au 30 novembre 2005
Si les acteurs du trafic de l’opium semblent avoir changé, la CIA
n’en a pas moins accru son emprise… et, depuis la fin de la guerre
froide, sa connivence avec l’intégrisme musulman pour lequel le contrôle
de l’opium est vital. Le territoire afghan a vu depuis sa libération
une augmentation de 59 % de sa production d’opium sur une superficie de
165 000 hectares. En termes de production annuelle, cela représente
6 100 tonnes, soit 92 % de la production mondiale. L’ONU rapporte que
dans la province de Helmand, la culture de l’opium a augmenté de 162 %
sur une superficie de 70 000 hectares. Ces statistiques sont d’autant
plus alarmantes que ce sont seulement 6 des 34 provinces afghanes qui en
sont productrices. Les Nations-Unies ont bien entendu proposé une aide
au développement économique pour les régions non encore touchées par
cette culture. Ce à quoi le président afghan Hamid Karsai a répondu de
manière très explicite et franche que l’on devait d’abord réviser les
succès du « camp anti-drogue »…
Les Skulls and Bones et les services secrets
L’implication des Etats-Unis dans la production et la consommation de
la drogue n’est pas récente. Pour en comprendre les raisons, il faut
remonter plus de 150 ans en arrière, car elle fait partie intégrante de
l’histoire des Etats-Unis et de celle des sectes supra-maçonniques. Des
noms très célèbres apparaissent sur le devant de cette scène très
macabre. Ce sont pour la plupart des membres de la société initiatique
des Skull and Bones (Les Crânes et les Os) de l’Université de
Yale qui se partagent le monopole de la commercialisation de l’opium.
L’instigatrice de cet ordre est la famille Russell, érigée en trust. Les
Russell en constituent encore l’identité légale.
De quoi s’agit-il ?
En 1823, Samuel Russel fonde la compagnie de navigation Russell & Company
qui lui permet de se ravitailler en Turquie en opium et d’en faire la
contrebande avec la Chine. En 1830, avec la famille Perkins, il crée un
cartel de l’opium à Boston pour sa distribution avec l’Etat voisin du
Connecticut. A Canton, leur associé s’appelle Warren Delano jr,
le grand-père de Franklin Delano Roosevelt. En 1832, le cousin de Samuel
Russell, William Hintington, fonde le premier cercle américain des Skull and Bones
qui rassemble des financiers et des politiques du plus haut rang comme
Mord Whitney, Taft, Jay, Bundy, Harriman, Bush, Weherhauser, Pinchot,
Rockefeller, Goodyear, Sloane, Simpson, Phelps, Pillsbury, Perkins,
Kellogg, Vanderbilt, Bush, Lovett. D’autres familles influentes comme
les Coolidge, Sturgi, Forbes, Tibie rejoindront cette nébuleuse fermée.
Ces noms démontrent qu’au fil des générations la démocratie reste
l’affaire de cercles pseudo-élitistes. Le pouvoir ne se partage pas ! A
noter aussi que tous ces membres du Skull and Bones ont toujours
entretenu des liens très étroits avec les services secrets américains…
L’ancien président des Etats-Unis George Bush sr., ancien étudiant à Yale, a par exemple été directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) en 1975-76. Ajoutons que pour cet établissement, tout a commencé quand quatre diplomates y ont formé le Culper Ring,
qui est le nom d’une des premières missions des services secrets
américains montée par George Washington dans le but de recueillir des
informations sur les Britanniques pendant la Guerre d’Indépendance.
En 1903, la Divinity School de Yale monte plusieurs écoles et
hôpitaux sur tout le territoire chinois. Le très jeune Mao Tse Toung
collaborera plus tard à ce projet. La diplomatie actuelle de ces deux
pays en est-elle une des conséquences ? Quoi qu’il en soit, le commerce
de l’opium se développe. Son sous-produit, l’héroïne, est un nom
commercial de l’entreprise pharmaceutique Bayer qu’elle lance en 1898. L’héroïne reste légalement disponible jusqu’à ce que la Société des Nations
l’interdise. Paradoxalement, après sa prohibition, sa consommation
augmente de manière exponentielle : on crée un besoin et une population
dépendante ; des textes définissent ensuite les contours d’une nouvelle
législation, fixent de nouvelles interdictions, afin d’accroître la
rentabilité d’un produit ou le cas échéant d’une drogue.
L’implication des hauts commandements militaires
Imitant leurs homologues américains, les services secrets français
développent en Indochine la culture de l’opium. Maurice Belleux,
l’ancien chef du Service de documentation extérieure et de
contre-espionnage (SDECE), confirme le fait lors d’un entretien avec le
Pr Alfred Mc Coy : « Les renseignements militaires français ont
financé toutes les opérations clandestines grâce au contrôle du commerce
de la drogue en Indochine. » Ce commerce sert à soutenir la guerre
coloniale française de 1946 à 1954. Belleux en révèle le fonctionnement.
Nos paras sont contraints de prendre l’opium brut et de le transporter à
Saïgon à bord d’avions militaires, où la mafia sino-vietnamienne le
réceptionne pour sa distribution. Nous constatons une fois encore que la
République n’a aucune honte à souiller la nation. De leur côté, les
organisations criminelles corses, sous couvert du gouvernement français,
réceptionnent la drogue à Marseille pour la transformer en héroïne
avant sa distribution aux Etats-Unis. C’est la French Connection.
Les profits sont placés sur des comptes de la Banque centrale.
M. Belleux explique que la CIA a récupéré ce marché pour en continuer
l’exploitation en s’appuyant au Vietnam sur l’aide des tribus
montagnardes.
Cet élément doit être conjugué à l’évidente supériorité de l’armée
américaine pendant la guerre du Vietnam. Une seule année aurait suffi
pour que les Etats-Unis remportassent ce conflit. Mais cette logique
n’est pas celle des Affaires étrangères et des cercles d’influence
mondialistes.
En 1996, le colonel Philip Corso, ancien chef de l’Intelligence Service ayant servi dans les troupes commandos d’Extrême-Orient et en Corée, déclare devant le National Security Council que cette « politique de la défaite »
entrait dans les plans de la guerre froide. C’est après 1956 que le
colonel Corso, assigné au Comité de coordination des opérations du
conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, découvre cette
politique de la « non-victoire » opérée au profit de la guerre froide et
de l’expansion du communisme.
En revanche, la lutte pour le monopole de l’opium s’intensifie. Dans
ce trafic, nous trouvons des militaires appartenant au haut commandement
de l’armée vietnamienne, comme le général Dang Van Quang, conseiller
militaire du président Nguyen Van Thieu pour la sécurité… Quang organise
un réseau de stupéfiants par l’intermédiaire des Forces spéciales
vietnamiennes opérant au Laos, un autre fief de la CIA.
Le général Vang Pao, chef de tribu des Meo, reçoit l’opium à l’état
brut cultivé dans toute la partie nord du Laos et le fait acheminer à
Thien Tung à bord d’hélicoptères appartenant à une compagnie de la CIA, Air America. Thien Tung est un énorme complexe construit par les Etats-Unis. Il est appelé le « Paradis des espions ». C’est ici que l’opium du général Pao est raffiné pour devenir de l’héroïne blanche.
La CIA intervient à ce stade de la fabrication pour sa distribution.
Et Vang Pao dispose à cet effet d’une ligne aérienne personnelle. Dans
le milieu, elle est nommée « Air Opium ».
De l’héroïne dans le cercueil des GI’s !
Les points essentiels du trafic sont établis à proximité des bases
aériennes américaines comme celle de Tan Son Nhut. Une partie de la
drogue est d’ailleurs destinée à la consommation des militaires
américains. Chapeauté par les réseaux de Quang, la plus grande part de
la production est expédiée à Marseille d’où elle part à Cuba, via la
Floride. Là-bas, le gang des Santos Trafficante contrôle le
marché. Ce détour est essentiel ; il faut récupérer les paquets
d’héroïne dissimulés à l’intérieur des corps des soldats américains
morts que l’on rapatrie. De plus, leur sort indiffère les représentants
politiques. Le secrétaire d’Etat Henri Kissinger déclarera aux
journalistes Woodward et Berristein du Washington Post que « les
militaires sont stupides, ils sont des animaux bornés dont on se sert
comme des pions pour les intérêts de la politique extérieure ». Les bénéfices seront investis en Australie, à la Nugan Hand Bank.
Le cas du Cambodge est semblable à celui de ses voisins. Après son
invasion par les Etats-Unis en mai 1970, un autre réseau voit le jour.
Des régions entières sont destinées à la culture de l’opium. La
contrebande est contrôlée par la marine vietnamienne. Elle dispose de
bases à Phnom Penh et le long du Mékong. Une semaine avant le début des
hostilités, une flotte de cent quarante navires de guerre de la Marine
vietnamienne et américaine commandée par le capitaine Nyugen Thaanh Chau
pénètre au Cambodge. Après le retrait des troupes américaines, le
général Quang, considéré dans son pays comme un grand trafiquant
d’opium, séjourne quelque temps sur la base militaire de Fort Chaffee
dans l’Arkansas, et s’installe à Montréal. Concernant la Birmanie, elle
produit en 1961 quelques mille tonnes d’opium, que contrôle Khun Sa, un
autre valet de la CIA. Le gouvernement américain est son unique
acquéreur.
L’éradication de la concurrence
Devons-nous croire aux principes d’une politique anti-drogue? En
1991, le Pr Alfred Mc Coy dénonce à la radio un rapport institutionnel
volontairement trop proche entre le Drug Enforcement Administration (DEA) et la CIA. Avant la création de ce premier organisme, dans les années 1930, est fondé le Federal Bureau of Narcotics
(FBN) qui a pour fonction gouvernementale et secrète la vente des
narcotiques. Le FBN emploie des agents dans le cadre d’opérations
clandestines. Ils seront transférés après 1945 dans le nouvel Office of Strategic Services
(OSS), précurseur de la CIA. Ces imbrications rendent impuissant le DEA
contre les magouilles de la CIA. Car la drogue qui entre aux Etats-Unis
est sous le monopole de la CIA qui en détient tous les circuits de
distribution depuis le sud-est asiatique et la Turquie. Quand, en 1973,
le président Richard Nixon lance « la guerre à la drogue », il provoque
la fermeture du réseau de la contrebande turque qui passait par
Marseille. Le résultat en est une augmentation directe de la demande
d’héroïne provenant du Triangle d’Or et particulièrement de Birmanie.
Aujourd’hui, nous avons suffisamment de recul pour nous interroger
lucidement et remettre en doute le rôle officiel de la CIA et la
politique des Etats-Unis dans le monde. Nous observons que le commerce
de l’opium et des autres drogues, par des cartels dont les populations
blanches et européennes sont la cible, s’opère depuis toujours entre la
CIA et des partenaires présentés au grand public comme des « ennemis à abattre » : le communisme et l’islam.
Cet état de fait est d’autant plus grave qu’il intervient après les
événements du 11 septembre 2001, le conflit du Kossovo dont l’emblème
national sous Tito était un pavot, et l’invasion de l’Irak par l’armée
américaine. La CIA et la drogue apparaîtraient donc comme les piliers
cachés mais bien réels d’une stratégie mondialiste ayant pour but
l’asservissement des peuples.
Enfin, les arguments étudiés prouvent d’une part que le pouvoir n’est
pas l’affaire du peuple et d’autre part, que notre actualité et notre
avenir ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat de plans mis en
œuvre secrètement par des groupes d’influence extrêmement dangereux.
Haithabu,
c'est un ancien port du Schleswig-Holstein qui fut un grand centre
commercial à l'époque des Vikings. C'est aujourd'hui un site
archéologique de première importance pour comprendre le fonctionnement
global du commerce en Europe au cours du premier millénaire de notre
ère. Haithabu, écrit Herbert Jankuhn, s'est constitué par le hasard de
l'histoire, quand les relations commerciales en Europe du Nord et de
l'Ouest se sont progressivement modifiées au contact d'un empire franc
dont le poids venait de basculer vers l'Austrasie, autrement dit sa
partie septentrionale largement germanisée.
Avec
les Mérovingiens et les Carolingiens, le poids politique de l'ensemble
franc se focalise donc sur la côte septentrionale de la Méditerrannée et
l'arrière-pays provençal et rhodanien en bénéficie. Les côtes de la Mer
du Nord, avoisinant, en Zélande, le delta des fleuves (Rhin, Meuse,
Escaut), acquièrent une importance stratégique et économique qu'elles ne
perdront plus. Dès la fin du VIème siècle, ce glissement vers le Nord
finit par englober la Scandinavie. La presqu'île "cimbrique",
c'est-à-dire le Jutland et le Slesvig, bénéficiera de cette évolution,
en marche depuis les Romains. Les découvertes archéologiques démontrent
que les Germains des côtes frisonnes (néerlandaise et allemande) ainsi
que leurs congénères de l'arrière-pays entretenaient des relations
commerciales suivies avec l'Empire romain. Les voies de pénétration de
ces échanges sont 1) la mer et 2) les grands fleuves (Rhin, Weser, Elbe,
Oder, Vistule).
En
traversant l'isthme du Slesvig, le commerce germano-romain touche le
bassin occidental de la Baltique. Par l'Oder et la Vistule, il accède au
bassin oriental. Entre le cours inférieur de la Vistule et la côte
septentrionale de la Mer Noire, les Germains commercent avec les
établissements coloniaux grecs. Depuis la préhistoire et depuis les
premiers mouvements des peuples indo-européens, ces axes fluviaux
existent: avec l'Empire romain, le trafic s'y fait simplement plus
intense. Les invasions hunniques, qui réduisent à néant le pouvoir
conquis des Goths, établis entre la Baltique et la Mer Noire, éliminent
toutes les possibilités d'échanges portées par cet axe fluvial oriental.
Plus tard, l'axe central de l'Oder cessera, lui aussi, de fonctionner à
cause des Huns. L'axe occidental, celui du cabotage le long des côtes
de la Mer du Nord, sera le dernier à s'effondrer. A Vème siècle, le
commerce avec la Scandinavie diminue pour connaître son intensité
minimale à la fin du VIème siècle. Mais, à la même époque, avec
Théodoric le Grand, Roi des Ostrogoths fixés en Italie, l'axe central
reprend vigueur, tandis que la littérature épique germanique prend son
envol.
Les
produits échangés le long de ces axes fluviaux et maritimes sont
essentiellement l'ambre et les fourrures. L'irruption des Avars dans
l'espace danubien, vers 565, ruine une seconde fois ce réseau d'échange
italo-baltique. Après les Avars, les tribus slaves s'emparent de
l'Europe centrale, isolant la zone baltique et coupant les voies
d'échange qui, depuis des siècles, voire un ou deux millénaires,
reliaient la Baltique à la Méditerranée. Ce blocage par les Avars et les
Slaves redonne vigueur à la région flamande-frisone centrée autour du
delta des grands fleuves: l'Ile de Walcheren en Zélande (avec le port de
Domburg) et Dorestad, au sud-ouest d'Utrecht, prennent, à cette
occasion, une dimension nouvelle.
Ce
va-et-vient continuel entre l'Est et l'Ouest, Herbert Jankuhn, auteur
d'un ouvrage remarquable sur le site de Haithabu, révèle, finalement,
l'importance des grands fleuves (Rhin, Meuse, Escaut) pour l'échange des
marchandises entre le Nord scandinave et le Sud gaulois et
méditerranéen.
Et
Haithabu, port ouest-baltique, comment acquiert-il son importance?
Quand l'ère viking s'amorce officiellement avec le pillage, le 8 juin
793, du monastère anglais de Lindisfarne, la Scandinavie a déjà,
pourtant, un passé pluriséculaire, marqué de mouvements migratoires vers
le midi. Le territoire de la Scandinavie ne peut accepter une
démographie trop dense. Les côtes norvégiennes, ouvertes sur
l'Atlantique, ne sont guère propres à l'agriculture intensifiée. La
Suède, à l'époque couverte d'épaisses forêts, permet certes une
colonisation intérieure, mais clairsemée. Le Danemark possède des terres
fertiles à l'Est mais chiches à l'Ouest, où la côte ne permet, de
surcroît, la construction d'aucune installation portuaire digne de ce
nom.
Avant
César, dès la tragique aventure des Cimbres et des Teutons, ce sont des
raisons identiques, d'ordre géographique et démographique, qui ont
poussé les Scandinaves à émigrer vers le Sud. Aux VIIème et VIIIème
siècles, une nouvelle émigration massive commence: d'abord vers les îles
de la Mer du Nord, les Shetlands, les Orkneys et les Hébrides. Elles
porteront les Scandinaves partout en Grande-Bretagne, en Irlande, en
Normandie, en Sicile et dans les plaines russes.
C'est
donc dans la foulée de ce mouvement migratoire, parfois violent, que
Haithabu connaîtra son apogée. La localité est située au fond d'un
"fjord" de plaine, sans falaises, situé sur la côte baltique du Slesvig.
Le fond de cette baie, la Schlei, devenue navigable à partir du VIème
siècle, constitue le prolongement le plus profond de la Baltique en
direction de la Mer du Nord. D'Haithabu à celle-ci, la distance est la
plus courte qui soit entre les deux mers nordiques sur l'ensemble
territorial de la presqu'île du Jutland-Slesvig. Danois, Frisons, Saxons
et Wendes/Obotrites (tribus slaves) se juxtaposent dans la région.
Stratégiquement,
la région, depuis l'Eider, petite presqu'île s'élançant dans la Mer du
Nord, en face d'Héligoland, en passant par le tracé de la rivière
Treene, constituait, sans doute depuis, plusieurs siècles, la zone
idéale pour transborder des marchandises et pour couper par voie
terrestre, en évitant de contourner le Jutland sans port -ce qui constitue un risque majeur en cas de tempête- sur une mer qui, de surcroît, est dominée par de violents vents d'Ouest, provoquant énormément de nauvrages de voiliers.
Haithabu
doit donc son existence au commerce entre la Rhénanie et le Delta
friso-flamand et le Gotland suédois. Les Suédois, entretemps, ont pris
pied en Finlande, dans les Pays Baltes et dans plusieurs territoires
slaves. Des Suédois se fixent au Sud du Lac Ladoga, fondent Novgorod,
puis Kiev, et ouvrent les voies du Dnieper et de la Volga, restaurant
l'axe gothique perdu lors de l'invasion des Huns et contournant le
verrou avar qui bloquait l'espace danubien. Par la maîtrise de ces
fleuves, les Scandinaves entrent en contact avec Byzance et l'Islam. Le
commerce nord-occidental en direction de ces régions passera dès lors
par Haithabu. Du Danemark à Bagdad, s'inaugure une voie commerciale,
aussi importante géopolitiquement, sans nul doute, que celle que voulut
recréer Guillaume II, Empereur d'Allemagne, en construisant le chemin de
fer Berlin-Bagdad. Le souvenir de la gloire d'Haithabu doit nous
laisser entrevoir les potentialités d'une connexion du port de Hambourg,
héritier d'Haithabu, avec le nouveau Transsibérien soviétique (Cf.
VOULOIR no. 31).
Les
sources arabes (Ibn Faldan) nous renseignent sur les modalités de
transaction dans l'espace aujourd'hui russe, dominé jadis par les
Varègues suédois. Les Scandinaves rencontrent les marchands arabes à
Bolgar sur la Volga, capitale du Royaume des Bulgares, et leur
fournissent notamment des fourrures qui seront ensuite transportées vers
la Mésopotamie par les caravanes de chameaux organisées par les
Khazars. A Bolgar aboutit également la route de la soie qui mène en
Chine. Les pièces de soie retrouvées en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas
et datant de cette époque, proviennent de Chine, via Haithabu et Bolgar.
L'âge d'or, pour Haithabu, sera le Xème siècle, celui de la domination
varègue en Russie qui permit un intense commerce avec le Sud-Est
islamique.
A
partir de l'an 1000, où saute le verrou avar, le déclin commence pour
Haithabu. La région perd son intérêt stratégique. De plus les tribus
slaves du Holstein oriental s'emparent du site, le pillent et
l'incendient. Puis, petit à petit, le nom d'Haithabu disparaît des
chroniques. Le livre de Herbert Jankuhn retrace, avec minutie, cette
évolution économique et politique, mais, bien sûr, cette relation
captivante n'est pas le seul intérêt de son magnifique ouvrage. Il y
décrit les fouilles en détail, y compris celles qui ont mis à jour les
reliefs du "Danewerk", ce mur défensif érigé par le Roi des Danois entre
Haithabu et le cours de la Treene, pour arrêter les poussées slaves. On
acquiert, grâce au travail systématique de Jankuhn, une vue d'ensemble
sur les types d'échanges commerciaux, le type d'habitation et
d'entrepôts d'un port scandinave du Xème siècle, sur les monnaies, les
habitants, etc.
Herbert
JANKUHN, Haithabu, Ein Handelsplatz der Wikingerzeit, Wachholtz Verlag,
Neumünster, 1986, 260 S. (Format 21 x 25 cm), DM 48.
Pour les Anciens, Homère était « le commencement, le milieu et la fin
». Une vision du monde et même une philosophie se déduisent
implicitement de ses poèmes. Héraclite en a résumé le socle cosmique par
une formulation bien à lui : « L’univers, le même pour tous les
êtres, n’a été créé par aucun dieu ni par aucun homme ; mais il a
toujours été, est et sera feu éternellement vivant… »
1. La nature comme socle
Chez Homère, la perception d’un cosmos
incréé et ordonné s’accompagne d’une vision enchantée portée par les
anciens mythes. Les mythes ne sont pas une croyance, mais la
manifestation du divin dans le monde. Les forêts, les roches, les bêtes
sauvages ont une âme que protège Artémis (Diane pour les Romains). La
nature tout entière se confond avec le sacré, et les hommes n’en sont
pas isolés. Mais elle n’est pas destinée à satisfaire leurs caprices. En
elle, dans son immanence, ici et maintenant, ils trouvent en revanche
des réponses à leurs angoisses :
« Comme naissent les feuilles, ainsi
font les hommes. Les feuilles, tour à tour, c’est le vent qui les épand
sur le sol et la forêt verdoyante qui les fait naître quand se lèvent
les jours du printemps. Ainsi des hommes : une génération naît à
l’instant où une autre s’efface » (Iliade, VI, 146). Tourne la roue
des saisons et de la vie, chacun transmettant quelque chose de lui-même
à ceux qui vont suivre, assuré ainsi d’être une parcelle d’éternité.
Certitude affermie par la conscience du souvenir à laisser dans la
mémoire du futur, ce que dit Hélène dans l’Iliade : « Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons plus tard chantés par les hommes à venir » (VI, 357-358).
Peut-être, mais la gloire d’un noble nom s’efface comme le reste. Ce
qui ne passe pas est intérieur, face à soi-même, dans la vérité de la
conscience : avoir vécu noblement, sans bassesse, avoir pu se maintenir
en accord avec le modèle que l’on s’est fixé.
2. L’excellence comme but
A l’image des héros, les hommes
véritables, nobles et accomplis (kalos agatos), cherchent dans le
courage de l’action la mesure de leur excellence (arétê), comme les
femmes cherchent dans l’amour ou le don de soi la lumière qui les fait
exister. Aux uns et aux autres, importe seulement ce qui est beau et
fort. « Etre toujours le meilleur, recommande Pelée à son fils Achille, l’emporter sur tous les autres » (Iliade, VI, 208).
Quand Pénélope se tourmente à la pensée que son fils Télémaque pourrait
être tué par les “prétendants” (usurpateurs), ce qu’elle redoute c’est
qu’il meurt « sans gloire », avant d’avoir accompli ce qui ferait de lui
un héros à l’égal de son père (Odyssée, IV, 728). Elle sait que les
hommes ne doivent rien attendre des dieux et n’espérer d’autre ressource
que d’eux-mêmes, ainsi que le dit Hector en rejetant un présage funeste
: « Il n’est qu’un bon présage, c’est de combattre pour sa patrie » (Iliade, XII, 243).
Lors du combat final de l’Iliade, comprenant qu’il est condamné par les
dieux ou le destin, Hector s’arrache au désespoir par un sursaut
d’héroïsme tragique : « Eh bien ! non, je n’entends pas mourir sans
lutte ni sans gloire, ni sans quelque haut fait dont le récit parvienne
aux hommes à venir » (XXII, 304-305).
3. La beauté comme horizon
L’Iliade commence par la colère
d’Achille et se termine par son apaisement face à la douleur de Priam.
Les héros d’Homère ne sont pas des modèles de perfection. Ils sont
sujets à l’erreur et à la démesure en proportion même de leur vitalité.
Pour cette raison, ils tombent sous le coup d’une loi immanente qui est
le ressort des mythes grecs et de la tragédie. Toute faute comporte
châtiment, celle d’Agamemnon comme celle d’Achille. Mais l’innocent peut
lui aussi être soudain frappé par le sort, comme Hector et tant
d’autres, car nul n’est à l’abri du tragique destin. Cette vision de la
vie est étrangère à l’idée d’une justice transcendantale punissant le
mal ou le péché. Chez Homère, ni le plaisir, ni le goût de la force, ni
la sexualité ne sont jamais assimilés au mal. Hélène n’est pas coupable
de la guerre voulue par les dieux (Iliade, III, 161-175). Seuls les
dieux sont coupables des fatalités qui s’abattent sur les hommes. Les
vertus chantées par Homère ne sont pas morales mais esthétiques. Il
croit à l’unité de l’être humain que qualifient son style et ses actes.
Les hommes se définissent donc au regard du beau et du laid, du noble et
du vil, non du bien ou du mal. Ou, pour dire les choses autrement,
l’effort vers la beauté est la condition du bien. Mais la beauté n’est
rien sans loyauté ni vaillance. Ainsi Pâris ne peut être vraiment beau
puisqu’il est couard. Ce n’est qu’un bellâtre que méprise son frère
Hector et même Hellène qu’il a séduite par magie. En revanche, Nestor,
en dépit de son âge, conserve la beauté de son courage. Une vie belle,
but ultime du meilleur de la philosophie grecque, dont Homère fut
l’expression primordiale, suppose le culte de la nature, le respect de
la pudeur (Nausicaa ou Pénélope), la bienveillance du fort pour le
faible (sauf dans les combats), le mépris pour la bassesse et la
laideur, l’admiration pour le héros malheureux. Si l’observation de la
nature apprend aux Grecs à mesurer leurs passions, à borner leurs
désirs, l’idée qu’ils se font de la sagesse avant Platon est sans
fadeur. Ils savent qu’elle est associée aux accords fondamentaux nés
d’oppositions surmontées, masculin et féminin, violence et douceur,
instinct et raison. Héraclite s’était mis à l’école d’Homère quand il a
dit : « La nature aime les contraires : c’est avec elle qu’elle produit l’harmonie. »
Albert Einstein est considéré comme le plus grand savant du 20ème
siècle suite à la célèbre découverte de la théorie de la relativité qui
lui est attribuée.
Depuis l’année 1905, celui-ci a une place de choix dans le milieu
scientifique, les médias et dans les différentes publications ou livres
sur le sujet. Son nom est toujours associé à la théorie, on parle de la
relativité d’Einstein.
Pourtant depuis cette date, une controverse a eu lieu au sujet de
cette découverte : certains physiciens ont remis en cause la paternité
de la relativité attribuée à Albert Einstein. Cette controverse n’a
jamais été relayée par les médias traditionnels mais était connue
uniquement dans un milieu scientifique très fermé et initié, pas du
grand public.
Parmi ces physiciens, le docteur en physique nucléaire américain
Dean Mamas, considère qu’Albert Einstein(1879-1955) a plagié la théorie
de la relativité laquelle a été selon lui en réalité découverte par le
français mathématicien et physicien Henri Poincaré(1854-1912).
Avant de revenir sur le fond du sujet et de la polémique, nous
allons tenter de définir brièvement l’idée de la théorie de la
relativité.
La théorie de la relativité
Il est très difficile de trouver un seul livre, un article ou un
site web qui explique et qui résume de manière la plus simple possible
cette théorie en quelques lignes.
D’une manière générale, lorsque l’on parle de relativité, cela
signifie que quelque chose dépend d’une autre chose par opposition à une
notion absolue qui est indépendante de toute chose.
Plus précisément, dans ce contexte il s’agit de l’espace et du temps
et par extension de la vitesse qui est le quotient d’une distance par
un temps.
La théorie de la relativité devrait s’appeler théorie de la
relativité de l’espace et du temps ou théorie de la relativité de
l’espace-temps car l’espace et le temps sont indissociables tel un être
humain composé d’un corps et d’un esprit.
Un référentiel est un point de repère utilisé comme référence pour
mesurer distance, temps et vitesse comme par exemple la Terre, un train
en mouvement…
L’observateur qui effectue une mesure de distance, de temps ou de
vitesse d’un objet le fait toujours par rapport à un référentiel donc
relativement à celui-ci.
On distingue habituellement :
la relativité restreinte qui est limitée ou restreinte à certains cas,
référentiels dits galiléens ou inertiels sans entrer dans les détails
la relativité générale qui est valable dans les autres référentiels
Que dit précisément la théorie ?
La théorie de la relativité restreinte indique que les mesures
d’espace et de temps dépendent de la vitesse de l’observateur de
l’événement. En particulier, les lois de cette théorie montrent que :
le temps se dilate : le temps mesuré par une horloge en mouvement
s’écoule plus lentement par rapport au temps mesuré par une horloge
fixe
l’espace se contracte : la longueur d’un objet en mouvement est
diminuée par rapport à la mesure faite dans le référentiel où l’objet
est immobile
la vitesse de la lumière est constante quelque soit le repère ou
référentiel dans lequel l’observateur se trouve, elle est toujours
d’environ 300000 km par seconde, c’est en quelque sorte une exception,
un cas limite, cette vitesse est donc absolue et non pas relative
Dans la suite de l’article, il sera question de la relativité
restreinte dont la découverte a été prétendument attribuée à Albert
Einstein en 1905.
Entretien avec Dean Mamas sur radio courtoisie
Des articles du British journal publiés entre 1965 et 1966 montrent
définitivement que c’est bien Poincaré qui a découvert la théorie de la
relativité.
Henri Poincaré a publié la formule e=mc², l’énergie est égale à la
masse multiplié par la vitesse de la lumière au carré, en 1900 soit 5
ans avant Einstein. Ce dernier l’a reprise sans citer Poincaré, il a
également repris le mot relativité.
Sir Edmund Wittaker, historien des sciences anglais du 20ème sicèle,
a publié un livre en 1953 sur l’histoire des sciences dans lequel il a
écrit un chapitre intitulé « la relativité de Poincaré ». Il considère
que Poincaré a formulé en premier le principe de la relativité et la
formule e=mc² en 1900.
Lorsque Einstein a été amené à démontrer la validité de la formule e=mc², il y avait certaines carences.
Dans le livre « Einstein myth », le mythe d’Einstein qui cite le
journal d’optique américain publié en 1952, lorsqu’ Einstein a dérivé
pour la première fois la formule e=mc², sa dérivation
était défectueuse mais il est quand même parvenu au bon résultat. Il
savait donc à quoi il devait aboutir malgré ses erreurs. C’est ainsi que
l’on reconnait un copieur à l’école : le résultat est juste mais la
démonstration est fausse.
Le premier article d’Einstein ne comportait aucune citation, aucune
référence en bas de page ce qui ne se fait jamais dans les publications
scientifiques car les scientifiques ne partent jamais de zéro mais de
travaux, résultats et études précédents.
Tout le monde était étonné qu’Einstein ait pu trouver la relativité
avec le poste qu’il occupait au bureau des brevets en Suisse. Il lisait
simplement les publications de Poincaré.
Henri Poincaré a présenté la théorie de la relativité en 1904 à la
foire internationale de Saint Louis aux Etats-Unis. Einstein a pu
prendre connaissance de la théorie à ce moment là.
Poincaré est mort en 1912 et Einstein a été lancé par les médias de
masse dans les années 1920, c’est ainsi qu’Einstein a été popularisé.
D’après l’encyclopédie Britannica, Einstein n’a pas eu le prix Nobel
de physique pour la théorie de la relativité mais pour l’effet
photoélectrique qui se fait en une demi-page. Dean Mamas s’étonne de
cette attribution pour ce simple fait.
Aux Etats-Unis, les trois grandes chaînes NBC, ABC et NBS ont lancé
Einstein dans les années 1920 à la radio initialement puis à la
télévision. David Sarnoff, russe spécialiste du talmud et de la Torah
(NBC, ABC) et William Paley (CBS) ont projeté leur protégé Einstein de
la même communauté telle une vedette de cinéma et l’ont rendu célèbre.
Deux mois avant sa mort, Einstein prétendait qu’il ne savait rien de
Poincaré mais comment se fait t-il qu’il a utilisé le mot de relativité
qui a été inventé par Poincaré. Il a donc non seulement fait preuve de
plagiat mais également de mensonge.
Comment le jeune et ambitieux Einstein s’est approprié la relativité restreinte de Poincaré
Ce livre traite de cette question de manière plus détaillée.
Les cinq premiers chapitres du livre reviennent sur la théorie
elle-même et les notions d’espace et de temps ainsi que la découverte
d’Henri Poincaré.
Le sixième chapitre traite de l’appropriation de la théorie de
Poincaré par Einstein et le septième chapitre de la personnalité des
deux protagonistes.
Nous ne traiterons pas des cinq premiers chapitres mais nous
présenterons quelques citations des deux derniers chapitres qui sont
le cœur du problème.
Einstein s’approprie les travaux de Poincaré
« Les fondements de la relativité restreinte de Poincaré sont
éparpillés dans divers textes publiés au fur et à mesure de l’avancée de
ses recherches. Elles commencent avec La mesure du temps, paru en 1898,
et se poursuivent jusqu’à son résumé Sur la dynamique de l’électron du 5
juin 1905, dont le détail des calculs est donné en juillet. »
« Par contre un jeune physicien ambitieux, Albert
Einstein(1879-1955) va reprendre les travaux de recherche publiés par
Poincaré en les rassemblant dans un texte unique intitulé « Sur
l’électrodynamique des corps en mouvement ». Cette publication paraît
dans le journal Annalen der Physik où le manuscrit reçu le 30 juin 1905,
soit 25 jours après la publication du 5 juin dans les Comptes rendus de
l’Académie des Sciences… »
« Par contre Einstein ajoute aux postulats de Poincaré celui de l’invariance de la vitesse de la lumière. »
« C’est ce qui a en grande partie conduit à attribuer la
paternité de la relativité à Einstein. Or ce postulat est non seulement
superflu mais encore il engendre un sérieux doute sur la crédibilité de
la théorie relativiste. »
« En effet, pourquoi les propriétés fondamentales de l’espace et
du temps devraient-elles être tributaires d’un phénomène physique
particulier, celui de la lumière ? »
« Tel qu’il est présenté, l’article d’Einstein serait
certainement refusé de nos jours par tous les journaux scientifiques car
il ne cite aucun des travaux antérieurs auxquels il emprunte des idées
et des résultats. »
« Ayant d’ailleurs une bonne connaissance de la langue
française, Einstein pouvait lire rapidement ces textes afin d’en
extraire le meilleur. »
Deux personnages hors du commun
Henri Poincaré : 1854-1912
« Son séjour à Polytechnique est resté célèbre car il suivit les
cours, tout au moins ceux de mathématiques, sans prendre de notes, ni
même se soucier des feuilles autographiées reproduisant les leçons du
professeur. Il n’en avait pas besoin. »
« Présenté pour la première fois à l’âge de 26 ans à l’Académie
des Sciences, il y fut admis comme membre en 1887…De très nombreuses
distinctions honorifiques, nationales et internationales, lui furent
décernées. »
« C’était un homme comblé qui resta toujours modeste. En matière
scientifique sa seule préoccupation fut la recherche de la vérité. Il
se soucia peu de la gloire. Il eût aimé que son nom ne fût donné à
aucune de ses découvertes. »
« On a vu qu’il a appelé transformation de Lorentz la relation
fondamentale de la relativité restreinte, alors que c’est finalement
Poincaré qui en a été le véritable auteur. »
« Il avait eu le bonheur d’unir sa vie à celle d’une compagne
intelligente, discrète et dévouée qui embellissait son existence et lui
facilitait la tâche. »
« Poincaré mourut « jeune », à 58 ans. Opéré le 9 juillet 1912,
il paraissait hors de danger, lorsque brusquement, le 17, dans son lit,
l’embolie le surprit et le terrassa en un quart d’heure. »
Albert Einstein : 1879-1955
« Toutes les tentatives d’Einstein, depuis sa sortie de l’Ecole
polytechnique de Zurich jusqu’à sa nomination comme privatdozent à
l’université de Zurich, montrent qu’il avait la ferme ambition de
devenir professeur d’université. Comment parvenir à ses fins, se demande
le jeune ambitieux. Evidemment en publiant des articles scientifiques
qui le feront remarquer. »
« N’ayant pu obtenir un poste d’assistant à l’Ecole
polytechnique de Zurich, il va quémander un emploi chez les physiciens
célèbres…Ses démarchent n’aboutissent pas. »
« Albert et Mileva se marièrent le 6 janvier 1903…Son divorce aura
lieu seulement en 1919 mais auparavant Einstein fera cruellement
souffrir Mileva. »
« Dans son ouvrage Autoportrait, paru en anglais en 1949,
Einstein reconnaît que ses publications en physique statistique des
années 1902-1904 ne faisaient que redécouvrir des théories déjà
connues… »
« Un jeune physicien ambitieux veut publier un maximum
d’articles scientifiques pour se faire connaître. Au printemps 1905, il
avait déjà commencé à prendre des notes sur le temps et la
synchronisation des horloges à partir des publications de Poincaré. Cela
n’avait pas été difficile car Einstein connaissait assez bien le
français. »
« Autant dire qu’Einstein pouvait facilement lire les articles
scientifiques en provenance de revues et d’ouvrages en français. Il ne
s’en priva pas. Il lut et relut le livre de Poincaré La science et
l’hypothèse paru en 1902. »
« Durant l’année 1904, Einstein va s’entendre avec les éditeurs
de la plus prestigieuse revue scientifique d’Allemagne de cette époque,
Annalen der Physik, pour leur fournir régulièrement des comptes rendus
d’articles parus dans divers journaux scientifiques de pays étrangers. »
« Ce n’est qu’à partir de 1907 que le premier tome des Papiers
d’Albert Einstein fut publié par l’université de Princeton, aux USA.
Divers documents et lettres d’Einstein avaient en effet été gardés
secret par les exécuteurs testamentaires d’Einstein, Helen Dukas et Otto
Nathan. »
« Je crois qu’il (Einstein) était beaucoup plus opportuniste qu’on l’imagine…, il faut prendre ce facteur en considération… »
« L’article du 5 juin de Poincaré lui montre qu’il est urgent et opportun de publier sur ce sujet. »
« Sa vie durant, Einstein se proclamera le seul créateur de la
relativité restreinte. Pratiquement jamais, sauf deux mois avant sa
mort, il ne rendra hommage à Poincaré. Dès son article de 1905, Einstein
ne mentionne aucun des travaux de recherches dont il est redevable ; il
ne cite personne comme s’il avait tout inventé par lui-même, alors que
même ses biographes les plus inconditionnels reconnaissent qu’il a puisé
dans les travaux de recherche de Poincaré. Sa technique, consistant à
tirer toute la couverture à lui, va être payante car il va bénéficier de
la modestie de Poincaré. »
« Poincaré sera sans doute heureux de voir que ses idées sont
reprises par la jeune génération. Il se dit qu’il n’y a rien de vraiment
nouveau dans le texte d’Einstein , et il passe à d’autres problèmes. »
« Peut-être Einstein était-il jaloux de la supériorité en
mathématiques de Poincaré qui est incontestablement reconnu comme un
créateur dans diverses branches des mathématiques. Einstein n’a rien
créé dans ce domaine. »
« Hermann Minkowski fut l’un des professeurs de mathématique
d’Einstein à l’Ecole polytechnique de Zurich. Lorsqu’il commence à
entendre chanter les louanges de son ancien élève, il lui écrit
cordialement pour lui demander un tiré à part de ses articles. »
« Minkowski s’approprie à son tour une partie des travaux de Poincaré. »
Quelques dates clés
- 1898 au 5 juin 1905 : publications éparses de Poincaré sur la relativité.
- 1900 : Poincaré publie la formule e=mc².
- 1904 : Poincaré présente la théorie de la relativité à la foire internationale de Saint Louis aux Etats-Unis.
- 30 juin 1905 : Einstein publie son célèbre article sans aucune
référence ou citation. Poincaré semble ne pas s’insurger à cause de sa
modestie et de sa volonté de diffuser la vérité pour la science.
- 17 juillet 1912 : Henri Poincaré meurt. En l’absence d’une enquête
et d’une autopsie on ne peut exclure aucune hypothèse sur les causes de
son décès. Dès cet instant, Einstein a le champ libre.
- années 1920 et suivantes : Poincaré est déjà mort depuis des
années, Einstein est propulsé par les médias acquis à sa cause, d’abord à
la radio puis à la télévision et dans les journaux.
En résumé
Au vu de tous ces éléments, on peut dire sans prendre trop de
risques qu’Henri Poincaré est le véritable fondateur de la théorie de la
relativité restreinte et qu’Albert Einstein, en s’appropriant les
travaux de Poincaré sans le citer et en niant avoir eu connaissance de
ceux-ci, n’est pas le plus grand savant du 20ème siècle mais est le plus
grand plagiaire, menteur, opportuniste, imposteur de tous les temps.
Poincaré n’a pas manqué d’éloges envers Einstein mais ce dernier n’a jamais montré au premier la moindre reconnaissance.
Einstein ne doit sa notoriété actuelle et son salut qu’ à un ensemble de circonstances suivantes :
une grande modestie d’Henri Poincaré qui force le respect qui ne
cherchait pas son intérêt personnel mais celui de la vérité pour la
science
le manque de professionnalisme de la majorité des chercheurs en
physique qui ne vont pas à la source des articles pour retracer les
faits exacts mais se contentent simplement de reprendre les livres
écrits par d’autres sur le sujet
l’utilisation habile par Einstein d’un postulat ou d’un principe
superflu qui est celui de l’invariance de la vitesse de la lumière
quelque soit le référentiel choisi et qui n’est pas nécessaire pour
démontrer la théorie
un puissant lobby communautaire qui domine aux niveaux politique,
médiatique, scientifique et qui verrouille toute remontée d’informations
dans les livres, les revues et dans l’éducation nationale, la
relativité c’est Einstein point final, on ne discute pas
Dès lors la célèbre image d’Einstein tirant la langue prend tout son sens. Il s’agissait probablement d’un message subliminal.
Pour finir, si la théorie de la relativité et sa fameuse formule
e=mc² vous semblent compliquer, rassurez-vous on peut la résumer par une
formule beaucoup plus simple :
Albert Einstein est le produit d’un menteur et d’un copieur élevé au Poincaré.
Cette formule pourra être reprise par quiconque à condition de citer la source, n’est-ce pas Albert !
Au moins cette formule, il ne risque pas de la plagier !
Alexandre
Soljénitsyne (1918-2008) est connu pour son courageux combat de
dissident, opposant déclaré au communisme au sein même de l'Union
soviétique durant les années 1960 et 1970. Khrouchtchev avait pensé
utiliser l'auteur d'Une journée d'Ivan Denissovitch (1962),
nouvelle dénonçant la monstruosité des camps, peuplés de masses
d'innocents, pour illustrer sa thèse de la perversion stalinienne d'un
marxisme-léninisme fondamentalement bon ; or Soljénitsyne refuse d'être
utilisé de quelque manière que ce soit par le régime, intrinsèquement
mauvais. Il est expulsé de son pays en 1974. En exil aux États-Unis, il
multiplie les déclarations présentant sa vision de la Russie, conforme à
son génie national, slave et orthodoxe, et non aux idéaux prétendus
universels libéraux et capitalistes. Il a eu la politesse évidente de
remercier ses hôtes, mais sans rien céder de ses principes. Il
rentre en Russie en 1994, participe au débat public. Il développe une
pensée très personnelle, difficilement classable, rarement limpide : ses
essais nombreux, parfois contradictoires, comme sa désapprobation de la
Première Guerre de Tchétchénie et son approbation de la Seconde,
déroutent souvent, notamment ceux sur les juifs en Russie : les juifs
seraient des gens absolument géniaux, mais pas des Russes. Globalement,
il partage la vision politique de Poutine, soit un retour immédiat de
l'autorité de l'Etat, préparant l'avènement d'une démocratie réelle sur
le long terme, auquel il a apporté un soutien critique. Même si beaucoup
de ses analyses sont certainement discutables, elles sont souvent
intéressantes. Il est l'un des rares notamment à placer la monstruosité
communiste dans le temps long de la Russie, comme une forme pervertie de
l'identité russe, le besoin d'encadrement fort, voire d'un pouvoir
tyrannique. L'impiété n'est pas non plus sans précédents, même s'il
insiste sur le caractère largement non-russe des révolutionnaires
d'Octobre, avec Lénine demi-Tatar et quart-Juif, Trotsky juif, Staline
Géorgien... Homme courageux, essayiste patriote, il est avant tout un
grand écrivain, un des plus grands auteurs russes du XXe siècle. L'ARCHIPEL DU GOULAG De l'œuvre étendue de Soljénitsyne, on retient généralement avant tout L'Archipel du Goulag
(1974-1976), dont le début de la parution motive son expulsion d'URSS.
Il s'agit d'un « essai d'investigation littéraire » selon Soljénitsyne,
objet unique qui essaye d'ordonner une compilation de témoignages,
plusieurs dizaines, dont le sien propre, de victimes du régime
soviétique. Toute
la perversion de la société est bien retranscrite, la corruption
systématique de l'homme transformé en monstre au service du système, et
vénérant Staline. Le plus émouvant et le plus juste des témoignages est
celui de l'auteur lui-même qui raconte son endoctrinement, sa foi
d'adolescent et de jeune adulte dans le système, le mépris condescendant
de la foi orthodoxe de la grand-mère, son sinistre mépris de la vie
humaine acquise au cours de l'éducation et aggravée par la formation
d'officier durant la guerre germano-soviétique et les pratiques du
front. Il raconte son arrestation, au milieu des combats en Poméranie,
pour un prétendu complot contre l'Etat en groupe organisé, soit deux
personnes, donc un groupe, qui avaient osé, dans le cadre d'une
correspondance privée, une légère plaisanterie à peine codée sur Staline
; l'ennui vient du doute, aussi léger soit-il au départ. Il développe
les récits des interrogatoires, interminables et absurdes à la Loubianka
- siège du NKVD - à Moscou, son expérience des camps, révélation
tardive de la monstruosité du communisme. En prison, il réfléchit, et
admet que qui voulait savoir, simplement se poser des questions, ne
pouvait pas être trompé par les grossiers mensonges staliniens. Pire, il
s'agissait au fond d'une forme de consentement tacite collectif. Là,
s'enchevêtrent des dizaines de récits de vies brisées, une mise en
parallèle des procédures policières, des formes à prétention juridique
ridicule. Parfois, il faut reconnaître une certaine impression de
confusion à la lecture, mais justement, l'intention est de donner une
vision d'ensemble, une mosaïque de destins brisés, pour la grande
majorité parfaitement innocents des faits reprochés - pas même des
opposants à un régime des plus illégitimes -. Un hommage émouvant est
rendu au courage des chrétiens, le plus souvent des femmes,
particulièrement maltraités, poussés à l'apostasie, qui pour la plupart
tiennent jusqu'au martyre. Le monde des zeks - détenus - constitue une
fresque essentielle, et sans que son talent se limite à ce thème,
Soljénitsyne demeure unique, irremplaçable, pour décrire ce véritable
enfer sur Terre. Le creusement du Canal de la Mer Blanche - Belomorkanal
-, vitrine du régime des camps, entre le Lac Onega et la Mer Blanche,
entreprise folle au cœur de l'hiver, effectuée en moins de deux ans en
1931-33, est particulièrement bien décrit, dans toute sa monstruosité et
absurdité - le canal n'est pas assez profond pour la navigation
maritime -. Le contraste entre cette sinistre réalité de dizaines de
milliers de travailleurs forcés, le plus souvent innocents, morts à la
tâche et la propagande d'époque, fort bien répercutée en Occident,
assimilant les travailleurs forcés à des délinquants en bonne voie de
resocialisation par le travail, et les textes du poète officiel de
l'URSS, Maxime Gorki qui chante littéralement les "réussites" de
Staline, impressionne. Soljénitsyne se trompe de bonne foi en attribuant
la mort naturelle du poète officiel, en 1936, à une exécution du
régime, mais cette erreur de détail - une de celles sur lesquelles se
fondent les thuriféraires du communisme pour contester la portée de
l’Archipel - n'enlève rien à la portée globale de son œuvre. Le
système des camps ne tient pas alors par la terreur des gardes de la
police politique -Tchéka, puis GPU, puis NKVD - mais par la
collaboration des détenus délinquants professionnels qui terrorisent la
grande masse des autres, innocents désarmés dans ce monde sauvage. Ils
sont significativement définis par le régime comme éléments socialement
proches. Soljénitsyne perd toute illusion en camp quant à l'idée d'un
homme systématiquement et fondamentalement bon. La plupart de ces
délinquants, dans n'importe quel régime politique, auraient fini en
prison - sauf peut-être dans la France folle actuelle, inconnue de
l'auteur dans les années 1970 évidemment -. S'ils refusent de travailler
eux-mêmes, ils détournent l'insuffisante nourriture à leur profit,
acceptent leur fonction de contrôle, par la pression violente ou la
délation. Le régime concentrationnaire tient aussi par la présence
certaine de traîtres parmi les éventuels groupes de détenus tentés de
résister qui se formeraient. Les détenus développent un langage
spécifique, une forme d'argot russe des camps, absolument intraduisible
en langue étrangère ; l'auteur, de formation scientifique, note ces
curieuses inventions langagières, étrangeté pour les Russes eux-mêmes
paraît-il. Dès
l'automne 1945, et a fortiori les années suivantes, Soljénitsyne finit
par se sentir beaucoup plus proche des détenus allemands et même
japonais, dont il ne parle pourtant absolument pas la langue, soldats
captifs déportés massivement dans les camps, au motif collectif de «
crimes de guerre » contre l'URSS. Ce prétexte s'avère particulièrement
absurde pour les Nippons capturés lors de l'invasion russe de la
Mandchourie en août 1945, qui n'avaient jamais envahi l'URSS lors du
Second Conflit Mondial. Après 1945, le nombre de détenus atteint
vraisemblablement un pic, car ils sont chargés de reconstruire l'URSS.
Les camps sont alimentés par des rafles collectives, sans guère de tri,
en Europe occupée par l'URSS, ce qui amène, outre des masses
d'Allemands, civils ou militaires, des curiosités, tels des prisonniers
de guerre français ou même américains vite nostalgiques de leur
captivité allemande. Il loue l'honnêteté des Allemands incapables de
comprendre que dans le régime soviétique, en théorie de propriété
collective, en pratique tout le monde vole tout le monde ; ils
écrivaient très souvent en mauvais russe des lettres de dénonciation
contre les chefs de chantiers qui détournaient massivement les biens de
l’État à des fins privées, et ce sans aucun profit dans la délation, par
pur sens du devoir, révoltés qu'ils étaient par de telles pratiques. Outre
celle des droits communs, détestable, l'auteur décrit particulièrement
la mentalité des gardiens, monstrueuse, mais dans la lignée logique du
régime. Il reconnaît avec honnêteté que vers 1940, jeune étudiant,
malgré une absence d'attirance, il n'aurait pas résisté à une pression
forte, selon un chantage courant sur la définition du « bon soviétique
», honoré de servir le régime, tandis qu'un refus aurait les pires
conséquences. Rejoindre une école d'officiers du NKVD lui avait été
simplement suggéré, ce qui ne l'attirait pas. Il analyse le caractère de
ces gardes, fondamentalement mauvais ; un homme bon n'aurait jamais eu
l'idée d'y entrer, ou recruté de force, chose rare, aurait rapidement
été éliminé comme trop mou par le système lui-même. Pendant
la Guerre, peu soucieux d'accomplir leur devoir patriotique au front,
les membres de la police politique ont multiplié les complots fascistes
imaginaires dans les camps, afin de prétendre démontrer leur plus grande
utilité à des milliers de kilomètres du front ; ces farces grossières
ont causé des dizaines de milliers de morts supplémentaires.
Soljénitsyne lui-même a été victime d'une branche du NKVD, le
contre-espionnage militaire, qui l'arrête sur le front en février 1945,
et les descriptions ironiques de ces policiers qui craignent de mourir
des derniers obus de la guerre abondent, ce qui donne des instants de
relâchements comiques appréciables à une oeuvre sombre. L'officier
du NKVD, plus éduqué que les gardiens souvent analphabètes voire
non-russophones - Tatars en particulier -, n'en est que plus coupable ;
avec un cynisme total, il monte un dossier d'accusation, fait signer des
aveux, et ce sans aucun souci de la crédibilité, a fortiori de la
vérité, notion qui leur échappe à cause d'un relativisme simpliste - au
fond, la vérité n'existerait pas -. Un cas attire particulièrement
l'attention, celui d'un travailleur russe déporté en Allemagne, diacre
de l'Eglise orthodoxe clandestine, arrêté par la Gestapo sur
dénonciation de communistes pour « propagande communiste », relâché,
puis envoyé en camp soviétique comme la grande majorité des travailleurs
russes déportés par l'Allemagne, et alors interrogé par le NKVD : « il
avait bien connu les deux systèmes, et la comparaison n'était
franchement pas en notre faveur. Certes, il avait été torturé ici et là,
mais la Gestapo, elle, recherchait la vérité ; celle-ci établie, il fut
relâché, même avec des excuses. Quant à nos gars, ils se moquaient
complètement de la vérité, ils lui ont fait signer une longue liste de
délits impossibles ou absurdes, après d'interminables et douloureuses
séances d'interrogatoires pour respecter leur procédure. » Précisons
que le point de vue de l'auteur sur la guerre relève d'un patriotisme
russe classique. S'imposerait le devoir moral de la défense du pays
contre l'invasion allemande, même si la victoire russe implique la
survie de facto d'un régime absolument détestable. Il reconnaît ce
dilemme, comprenant sans les approuver ses compatriotes engagés dans
l'armée Vlassov ; il ne va pas au-delà parce que c'eût été indicible
dans l'URSS des années 1970, encore moins à l'étranger, telle est sa
conviction profonde. Toutefois, il ose établir le parallèle entre les «
Polizei », auxiliaires policiers russes des forces d'occupation et le
NKVD ; contrairement à toute la propagande du régime, il soutient que
ceux, nombreux, qui, par un paradoxe superficiel, ont réussi à intégrer
le NKVD en 1944, ont certes pour beaucoup été arrêtés par la suite, mais
sans que cette tache biographique ait pu apparaître comme un manque de
qualités professionnelles au service du stalinisme... Il a été témoin de
la réjouissante disparition, pour les détenus, de certains de ses
tortionnaires. Outre
les policiers, en fait rares, et les délinquants professionnels,
minorité sur laquelle reposent les camps, l'auteur essaie de classer la
population carcérale en plusieurs catégories : les enfants, les femmes,
les politiques. Le
régime soviétique a produit des hordes d'enfants orphelins, souvent
survivants des famines paysannes causées par les vagues de
collectivisation forcée des campagnes au début des années 1930. Ils sont
en masse devenus des délinquants multirécidivistes ; dans les camps,
ils se révèlent particulièrement agressifs et amoraux. Par exception,
Soljénitsyne réussit à sympathiser avec un adolescent ukrainien, pas
complètement mauvais. Il avait volé durant toute sa vie à Kiev, n'en
était pas à son premier séjour en camp soviétique. Avait-il été aussi en
prison puisqu'il était voleur sous l'Occupation allemande ? « Non, il
travaillait, honnêtement, car les Allemands fusillaient tous les voleurs
». L'auteur n'ose pas en tirer de morale immédiate. Relevons que pour
le Français cet amour des délinquants anime la magistrature et les média
français postmarxistes, ce qui doit constituer plus qu'une simple
coïncidence. Les
femmes, théoriquement rigoureusement séparées des hommes, mais souvent
enfermées dans des camps-jumeaux, ont été victimes systématiquement des
violences que l'on imagine de la part des gardiens et des détenus de
droits communs - très doués pour franchir tous les murs ou grillages
possibles, non pour s'évader, mais pour satisfaire leurs bas instincts
-. Dans le camp même des hommes, de nombreux pervers gardiens ou détenus
de droits communs, s'attaquent aussi couramment aux adolescents.
Paradoxalement une grossesse, phénomène fréquent dans ces circonstances,
constitue une garantie de quelques mois de calme relatif, donc de
survie pour ces détenues. Les bébés, lorsqu'ils survivent, sont enlevés
aux mères de manière quasiment systématique. Les
"politiques", soit la très grande majorités des internés, presque tous
innocents - ou pour les plus "coupables" auteurs d'une plaisanterie ou
d'une parole d'humeur contre le régime -, sont les victimes permanentes,
soumises à un travail intensif, et elles meurent massivement. La vertu
individuelle, celle consistant à avoir un caractère sérieux et
travailleur, conduit rapidement à la mort. L'auteur le démontre par les
rations : celle, disciplinaire, très réduite, de celui qui refuse de
travailler, conduit au final bien plus lentement à la mort que celle
double du travailleur méritant, qui meurt d'épuisement inévitablement en
quelques jours, quelques semaines au plus. Même
si elle souffre d'une certaine confusion formelle assumée, l'œuvre
démontre la perversité intrinsèque du système, dont les rares réussites
économiques proclamées reposent sur l'utilisation massive de
main-d'œuvre esclave. Le soi-disant paradis des travailleurs constitue
pour eux un enfer pire que le régime capitaliste - que l'auteur n'a pas
la naïveté de prendre pour bon en soi -. Soljénitsyne s'insurge
particulièrement contre la récupération possible de ses nouvelles par le
régime, au nom d'un "bon" communisme qui s'opposerait à sa perversion
stalinienne. Il critique justement la masse de textes de communistes
dénonçant la vague de purges de 1937, et seulement celle-là, car elle
frappe massivement les membres du parti, singulièrement les cadres,
alors tous de parfaits staliniens - sinon, ils auraient disparu bien
avant - ; il raconte au passage l'histoire des différentes vagues de
destruction des ennemis - réels ou supposés du régime -, et dénonce le
fait que les socialistes, puis les communistes, refusent
systématiquement de se mêler aux autres détenus, et forment un vivier
permanent et sûr d'indicateurs pour les gardiens ; bref, ceux-là ne sont
pas des innocents et ne méritent aucune compassion - à rebours du
discours officiel soviétique des années 1960 -. LES ROMANS Le Pavillon des Cancéreux
(1968) est une œuvre particulièrement sombre. Soljénitsyne évoque un
monde de malades, qui sont tous ou presque à terme condamnés. Si les
détails médicaux nombreux, parfois pénibles - avec des discussions
techniques de médecins -, rendent la lecture au premier degré crédible,
on peut aussi discerner une parabole de l'URSS, monde malade, voire de
l'humanité : tout homme est condamné tôt ou tard à passer le Styx, et la
réflexion sur la mort est valable pour tous. L'absurdité du système
soviétique est encore démontrée par ce monde médical : sur les cinq à
six médecins-chirurgiens théoriques de la clinique, deux effectuent
réellement, avec un dévouement exemplaire, leur travail ; les autres
sont plus ou moins incompétents - dont le Kalmouk promu au titre des
minorités - ou simplement fainéants ou dépourvus de toute éthique de
travail ; le problème s'étend évidemment aux infirmières, au personnel
de salle et de nettoyage - travail essentiel que la propreté en hôpital
-, qui accomplissent le plus souvent mal leur fonction.
L'irresponsabilité, la négligence sont systématiques. Les patients
meurent, et fatalisme, mourraient probablement de toute façon ; de
meilleurs soins ne feraient que prolonger leurs souffrances... Cette
œuvre se caractérise par son pessimisme absolu. Le Premier Cercle (1968) constitue probablement le chef-d'œuvre de Soljénitsyne. Le titre renvoie au premier cercle de L'Enfer de Dante,
les limbes ; les membres de ce cercle ne sont pas abominablement
torturés comme dans tous les cercles inférieurs, mais il s'agit
nonobstant d'une forme d'entrée dans le monde infernal, celui des camps
de travail soviétique. Le contexte très particulier intéresse en soi :
il s'agit d'un atelier de recherche soviétique, à objectifs multiples,
mais travaillant en particulier sur les débuts de la télévision, et
employant un personnel concentrationnaire, des condamnés pour délits
politiques imaginaires mais sauvés du pire - mines de Sibérie orientale
ou du Grand-Nord - ; à la fin des années 1940, la main-d'œuvre de ces
chercheurs russes détenus est massivement composés de déportés allemands
ou lettons. La proximité de Moscou permet de construire un véritable
roman-choral où se retrouvent des procureurs et leur famille, profiteurs
du régime, nouvelle classe dirigeante très satisfaite d'elle-même, par
définition solidaire des Soviets, dont toutefois la perversité n'offre
aucune garantie pour elle-même : un des membres de cette classe
dirigeante, pur hédoniste jusque-là, accomplit un jour dans sa vie un
geste bon, courageux, sauve un inconnu d'une manipulation du NKVD, et
passe de ce paradis artificiel à l'enfer de la prison, puis des camps.
L'inconnu est un médecin soviétique, qui a commis la naïveté de prendre
au premier degré la notion d'échanges scientifiques avec l'Ouest, au
lieu d'espionnage à sens unique au profit de l'URSS, et a l'idée de
livrer un médicament soviétique - par exception particulièrement
efficace - après en avoir reçu gratuitement de nombreux autres de
l'Occident. Ainsi est encore démonté le plus gros mensonge soviétique,
celui de prétendre servir l'humanité dans son ensemble, évidence pour le
médecin, considéré comme traître à l'URSS, et sauvé du pire de
justesse. Le NKVD recherche le coupable de cette information, trouve six
suspects ; le scientifique du camp forcé de collaborer dans l'analyse
sonore du coup de téléphone salvateur - relativement, car le médecin est
déporté quand même - pense sauver cinq hommes sur les six suspects,
résolution de son dilemme moral, mais finalement deux sont arrêtés et le
NKVD « trouvera certainement quelque chose contre l'un et l'autre », cynisme révélateur de la monstruosité du régime. La Roue Rouge
(1972-2009), vaste œuvre inachevée, a pour ambition de constituer une
vaste fresque historique du basculement de la Russie de la monarchie
tsariste à la dictature bolchevique, monde radicalement nouveau, somme
toute en très peu de temps. Les dirigeants politiques connus - parfois
oubliés, comme les libéraux russes - et une masse d'inconnus - parmi
lesquels le lecteur parfois se perd - constituent la trame complexe de
l'ouvrage. L'auteur s'est livré pour l'écriture de ce roman historique à
un effort consciencieux de documentation ; s'il a commis des erreurs de
détails - relevés par des spécialistes -, le sens général semble juste. Toutefois,
si l'on comprend et partage la détestation de Soljénitsyne pour les
dirigeants bolcheviques, le fait de les présenter comme des personnages
ridicules, mélange d'intellectuels dogmatiques incompréhensibles, de
fous, de simples voleurs - qui se donnent bonne conscience en se
définissant avant-garde prolétarienne - n'explique pas, au contraire, la
Révolution d'Octobre ; des personnages aussi nuls n'auraient rien
tenté, ou auraient été balayés ; ils étaient malgré tout intelligents,
organisés, déterminés, d'où leur réussite, qui ne saurait tenir d'un
complet, miraculeux, infernal hasard. De
même lors des élections législatives générales à peu près libres
suivant la Révolution avortée de 1905, au suffrage universel direct
masculin, les électeurs se prononcent majoritairement pour des partis se
réclamant du socialisme, certes certainement pas les bolcheviques, mais
il ne faudrait pourtant pas au nom de la diversité, du caractère
spécifiquement russe de ces socialismes - en particulier celui
majoritaire des « socialistes-révolutionnaires » paysans - nier la
propension majoritaire de la société russe à des évolutions vers des
formes de socialisme. Certes, les électeurs étaient facilement
manipulables, l'ont été, mais voir un sain conservatisme russe
foncièrement majoritaire relève du vœu rétrospectif. En outre, les vrais
conservateurs sont nettement moins nombreux en voix que les libéraux,
dont les cercles, très hostiles au tsarisme et aux traditions russes-
qualifiées d'arriérations - regroupent presque toute l'élite dirigeante -
moins la partie suicidaire, numériquement significative, qui donne dans
des formes de socialisme -. Soljénitsyne réussit à rendre vie à tous
ces militants politiques qui ont contribué efficacement à détruire le
régime en place - qui ne trouve aucun défenseur en février 1917 - et ont
été assassinés le plus souvent peu après. C'est un des grands intérêts
de son œuvre : si le caractère du petit peuple russe ne réussit pas
complètement à emporter l'adhésion par sa recherche excessive du
pittoresque, les cercles de réflexion aristocratiques ou bourgeois sont
globalement bien rendus. Dans
le contexte de guerre, l'évocation de la vie de l'arrière se perd un
peu dans des chroniques familiales un peu artificielles, complexes, qui
tendent à reconstituer ce petit peuple russe disparu à l'évidence
idéalisé - même quand il ne paraît pas a priori à son avantage -.
Certains portraits demeurent toutefois irrésistibles, comme celui du
paysan demi-intellectuel tolstoïen, qui « partageait ses sophismes
de lycéen contestataire sur le christianisme primitif, qui imposerait le
refus de toute hiérarchie religieuse, et en politique de toute guerre
», mais qui est précisément déjà en rupture volontaire. Sinon, il
retrouve un ton juste dès qu'il évoque le problème quotidien, central
des questions de ravitaillement ; il est vrai que les meneurs
bolcheviques ont réussi à mobiliser les ouvriers menacés de disette, et
ont conduit en quelques mois, et sur quelques années, à une situation
bien pire de véritable famine : la Révolution aboutit à des millions de
morts de faim, en attendant celles à venir provoquées par la
collectivisation sous Staline, une décennie plus tard. Evidemment,
on partage le regret rétrospectif de l'auteur : un Nicolas II
énergique, mieux informé, aurait contenu l'agitation, ce qui aurait
évité à la Russie et au monde les affres du Communisme. Mais au final,
c'eût été un homme différent. L'impératrice est caricaturée à l'excès ;
certes, son équilibre mental est discuté, mais son rôle de mauvais démon
du tsar est exagéré ; au contraire, sa volonté de partager la mentalité
populaire russe aurait pu être vue comme une volonté touchante
d'intégration de la part d'une Allemande d'origine ; après tout
Raspoutine, son conseiller occulte, qui la ridiculisait quelque temps
peut-être, incarne fort bien la paysannerie superstitieuse, et avait
déconseillé absolument l'entrée en guerre fatale au régime en août 1914. Les
opérations militaires, la vie au front sont particulièrement bien
rendues, dans leur dimension générale, le niveau des états-majors, des
officiers de terrain et des soldats. Soljénitsyne dénonce des erreurs
connues dans la conduite russe de la guerre, des offensives mal dirigées
avec des pertes énormes, mais soutient que l'effondrement du Front en
1917 est la conséquence directe du sabotage léniniste, voulu par les
Allemands. Si la thèse peut paraître excessive, car après trois ans de
défaites ou de demi-victoires au mieux très provisoires et sanglantes,
l'armée russe était effectivement épuisée - plus que la française
touchée pourtant par les mutineries de la fin du printemps 1917 -, le
rôle destructeur de la Révolution intérieure est indiscutable. On sent
l'expérience du terrain de Soljénitsyne, ses souvenirs d'artilleur -
avec des matériels pas fondamentalement différents d'une guerre à
l'autre -, et ses pages sur le premier conflit mondial constituent un
apport trop peu connu au genre passé de mode des romans de guerre. Lire
Soljénitsyne permet véritablement de comprendre la perversité extrême
du communisme, et son talent d'écrivain possède en outre le don
exceptionnel de rendre supportable la lecture d'un catalogue
d'absurdités et de monstruosités... On en parle encore trop peu en
France, qui possède encore un grand nombre de partis qui se réclament
explicitement du communisme - au moins un post-stalinien et trois
trotskystes -, ou implicitement, comme les Verts et les socialistes,
presque toujours favorables aux délinquants, réputés socialement proches
des prolétaires - point de vue bien sûr insultant pour les nombreux
travailleurs pauvres et honnêtes -. Nicolas Bertrand Écrits De Paris février 2012