Une semaine après avoir remporté une victoire sanglante sur l’armée russe à la bataille de Borodino, la Grande Armée de Napoléon Bonaparte entre dans la ville de Moscou, mais la population est évacuée et l’armée russe recule. Moscou était le but de l’invasion, mais il n’y avait aucun officiel tsariste dans la ville déserte pour demander la paix et pas de réserves de nourriture ou de ravitaillement pour récompenser les soldats français de leur longue marche. Puis, juste après minuit, des incendies ont éclaté dans toute la ville, apparemment déclenchés par des patriotes russes, laissant ainsi la gigantesque armée de Napoléon sans moyens pour survivre à l’hiver russe à venir.
En 1812, l’empereur français Napoléon Ier était encore au sommet de sa gloire. La guerre péninsulaire contre la Grande-Bretagne était une épine dans le pied de son grand empire européen, mais il était convaincu que ses généraux triompheraient bientôt en Espagne. Il ne restait plus qu’à compléter son ” système continental ” – un blocus unilatéral européen destiné à isoler économiquement la Grande-Bretagne et à forcer son assujettissement – par la coopération de la Russie. Après un conflit antérieur, Napoléon et Alexandre Ier avaient maintenu une paix fragile, mais le Tsar russe n’était pas disposé à se soumettre au système continental, qui était ruineux pour l’économie russe. Pour intimider Alexandre, Napoléon avait rassemblé ses forces en Pologne au printemps 1812, mais le Tsar résistait toujours.
Le 24 juin, Napoléon ordonne à sa Grande Armée, la plus grande force militaire européenne jamais réunie à ce jour, d’entrer en Russie. L’énorme armée comptait plus de 500 000 soldats et employés et comprenait des contingents de Prusse, d’Autriche et d’autres pays sous tutelle de l’empire français. Les succès militaires de Napoléon résidaient dans sa capacité à déplacer ses armées rapidement et à frapper rapidement, mais dans les premiers mois de son invasion russe, il fut contraint de se contenter d’une armée russe en retraite perpétuelle. Les forces russes en fuite adoptèrent une stratégie de la ” terre brûlée “, s’emparant ou brûlant tout ravitaillement que les Français pourraient piller dans la campagne. Pendant ce temps, les lignes de ravitaillement de Napoléon s’allongeaient à mesure qu’il avançait de plus en plus profondément dans l’étendue russe.
De nombreux membres du gouvernement tsariste ont critiqué le refus de l’armée russe d’affronter Napoléon dans une confrontation directe. Sous la pression de l’opinion publique, Alexandre a nommé le général Mikhaïl Koutouzov commandant suprême en août, mais le vétéran des défaites précédentes contre Napoléon a continué à battre en retraite. Enfin, Koutouzov a accepté de s’arrêter dans la ville de Borodino, à environ 70 milles à l’ouest de Moscou, et d’affronter les Français. Les Russes construisent des fortifications, et le 7 septembre, la Grande Armée attaque. Napoléon était inhabituellement prudent ce jour-là ; il n’a pas essayé de déborder les Russes, et il a refusé d’envoyer des renforts indispensables dans la mêlée. Le résultat fut une victoire sanglante et étroite et une autre retraite de l’armée russe.
Bien que troublé par le déroulement de la campagne, Napoléon était sûr qu’une fois Moscou prise, Alexandre serait contraint de capituler. Le 14 septembre, les Français entrent dans un Moscou déserté. La totalité des 275 000 habitants de la ville, à l’exception de quelques milliers, ont disparu. Napoléon se retira dans une maison à la périphérie de la ville pour la nuit, mais deux heures après minuit, il fut informé qu’un incendie avait éclaté dans la ville. Il se rendit au Kremlin, où il regarda les flammes continuer à grandir. D’étranges rapports ont commencé à faire état d’incendies allumés par des Russes et d’incendies alimentés par les flammes. Soudain, un incendie éclate au Kremlin, apparemment déclenché par un policier militaire russe qui est immédiatement exécuté. Avec la propagation de la tempête de feu, Napoléon et son entourage sont contraints de s’enfuir dans les rues brûlantes de la banlieue de Moscou et évitent de justesse d’être asphyxiés. Lorsque les flammes se sont éteintes trois jours plus tard, plus des deux tiers de la ville ont été détruits.
Au lendemain de la catastrophe, Napoléon espérait toujours qu’Alexandre demanderait la paix. Dans une lettre au Tsar, il écrit : “Mon seigneur Frère. La belle et magique Moscou n’existe plus. Comment avez-vous pu détruire la plus belle ville du monde, une ville qui a mis des centaines d’années à se construire ?” L’incendie aurait été allumé sur ordre du gouverneur général de Moscou, Fiodor Rostopchine, qui aurait par la suite nié l’accusation. Alexandre a dit que l’incendie de Moscou “illuminait son âme”, et il a refusé de négocier avec Napoléon.
Après un mois d’attente pour une reddition qui n’a jamais eu lieu, Napoléon a été contraint de conduire son armée affamée hors de la ville en ruines. Soudain, l’armée de Koutouzov apparaît et livre bataille le 19 octobre à Maloyaroslavets. La Grande Armée en désintégration est forcée d’abandonner la route fertile et méridionale par laquelle elle espérait battre en retraite et est obligée de reprendre le chemin ravagé qu’elle avait emprunté pour son arrivée dans la région. Pendant la retraite désastreuse, l’armée de Napoléon subit le harcèlement continu de l’impitoyable armée russe. Poursuivie par la faim, des températures inférieures à zéro et les lances mortelles des cosaques, l’armée décimée a atteint le fleuve Berezina fin novembre, près de la frontière avec la Lituanie occupée par la France. Cependant, contre toute attente, la rivière avait dégelé et les Russes avaient détruit les ponts de Borisov.
Les ingénieurs de Napoléon réussirent à construire deux ponts de fortune à Studienka, et le 26 novembre, le gros de son armée commença à traverser la rivière. Le 29 novembre, les Russes firent pression depuis l’est, et les Français furent forcés de brûler les ponts, laissant quelque 10 000 retardataires de l’autre côté. Les Russes abandonnèrent en grande partie leur poursuite après ce point, mais des milliers de soldats français continuèrent à succomber à la faim, à l’épuisement et au froid. En décembre, Napoléon abandonna ce qui restait de son armée et retourna à Paris, où les rumeurs disaient qu’il était mort et qu’un général avait mené un coup d’état sans succès. Il a voyagé incognito à travers l’Europe avec quelques escortes et a atteint la capitale de son empire le 18 décembre. Six jours plus tard, la Grande Armée réussit enfin à s’échapper de la Russie, ayant perdu plus de 400 000 hommes lors de cette invasion désastreuse.
Avec une Europe enhardie par son échec catastrophique en Russie, une force alliée se lève pour vaincre Napoléon en 1814. Exilé sur l’île d’Elbe, il s’enfuit en France au début de 1815 et lève une nouvelle armée qui a des succès éphémères en juin 1815. Napoléon fut alors exilé sur l’île lointaine de Sainte-Hélène, où il mourut six ans plus tard.
Dans les épisodes précédents, nous avons examiné la politique britannique envers l’Allemagne nazie, conçue pour opposer le Führer à la Russie soviétique. Pour ce faire, Hitler reçut une assistance économique et politique substantielle entre 1933 et 1939, après la restitution des plus grandes zones industrielles de l’Allemagne qui avaient été perdues après la Première Guerre Mondiale, et l’on détourna les yeux de l’Anschluss autrichien, ainsi que de la persécution des Juifs en Allemagne et dans les territoires occupés. La Grande-Bretagne, la France et les États-Unis étaient activement impliqués dans la guerre d’Espagne aux côtés des insurgés de Franco, que soutenait également Hitler. Et à la suite d’accords secrets entre Londres et Berlin, la nation indépendante de la Tchécoslovaquie fut sacrifiée à Hitler en septembre 1938. Dans ce chapitre, nous expliquerons pourquoi, moins d’un an plus tard, en septembre 1939, le Führer s’était transformé en «agresseur provocateur» aux yeux de ses mécènes britanniques.
Comment Londres voyait-il le scénario de la guerre entre l’Allemagne et l’Union Soviétique? Très simplement: l’Allemagne devait lancer une offensive en utilisant les opportunités économiques, territoriales et politiques qui lui étaient offertes. Le peuple polonais était également impliqué dans ce conflit, car il avait longtemps rêvé de la renaissance de la «Grande Pologne», qui devait inclure un morceau important de terres d’Ukraine, de Biélorussie et de Russie. Hitler pourrait vaincre rapidement la Russie ou se retrouver complètement enlisé là-bas, mais cela n’avait aucune importance. Selon les instructions de Londres, l’Allemagne, menacée sur ses arrières par la Pologne, découvrirait que le «robinet avait été fermé». La Pologne fermerait les portes, laissant les troupes allemandes sans munitions ni carburant. Et ensuite les Britanniques et les Américains apparaîtraient au milieu du conflit. En tant que conciliateurs, naturellement.
En URSS, le pouvoir changerait de mains en faveur de la démocratie, un gouvernement qui accepterait la responsabilité de toutes les dettes du Tsar, remettrait les industries nationalisées à leurs propriétaires occidentaux et permettrait de pomper le pétrole, d’extraire les diamants et de niveler les forêts russes, pratiquement gratuitement.
En Allemagne, Hitler, qui avait entraîné les Allemands en conflit contre le monde civilisé, serait remplacé par des généraux.
La présence des troupes polonaises aux frontières du pays, et en mesure de menacer les arrières de l’armée allemande opérant en Russie, rendrait pratiquement impossible les opérations militaires des Allemands. À ce stade, les militants des droits de l’homme et les journalistes seraient forcés de se réveiller et de «voir» les atrocités commises par les nazis. Plus tard, il y aurait des procès (de Nuremberg), la condamnation du nazisme, l’exécution de ses dirigeants, bref, tout ce qui s’est réellement passé.
Il est important de comprendre que bien qu’ils opposaient Hitler à la Russie, les Anglo-Saxons ne prévoyaient nullement de faire de lui un égal ou de l’accepter à leur côté à leur propre “table”. Après son travail difficile et sanglant dans les vastes étendues de la Russie, ce qui attendait Adolf n’était pas un partenariat égalitaire avec les seigneurs et les nobles, mais plutôt un box au tribunal ou une fiole de poison. Une fois qu’il aurait achevé son sale boulot pour débarrasser la Russie des bolcheviks (ou, plus précisément, des Russes eux-mêmes), le nazisme allait disparaître dans l’histoire. Et une humanité reconnaissante aimerait d’autant plus les Britanniques, les Français et les Américains d’assurer leur salut des horreurs du fascisme. La Tchécoslovaquie, l’Autriche et les Etats baltes redeviendront “indépendants” et “libres”. Jusqu’à la prochaine fois,
Nous n’avons fourni qu’un aperçu provisoire et superficiel de ce plan d’agression future. Puisque les événements se sont déroulés différemment dans la réalité, personne n’a jamais parlé de la façon dont tout avait été “planifié”. Les futurs vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale – ceux qui étaient directement responsables de son organisation – auraient alors été exposés sous un jour désagréable.
Le Kremlin a-t-il compris ce jeu de solitaire que les gouvernements anglais et français étaient en train de jouer sur la table politique de l’Europe? Bien sûr que oui. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas pouvoir voir et noter quel était le pays dont la mort aurait constitué la base de l’expansion active du Reich hitlérien. Le 1er mars 1936, bien avant que Hitler ne reçoive l’Autriche et la Tchécoslovaquie en cadeaux, Joseph Staline est interviewé par le journaliste américain Roy Howard. Ainsi, en réponse à la question “Comment l’Union Soviétique envisage-t-elle une telle agression de la part de l’Allemagne? De quelle position, dans quelle direction les forces allemandes opéreraient-elles?” le chef de l’URSS avait répondu ceci :
“L’histoire montre que, lorsqu’un Etat a l’intention de faire la guerre à un autre Etat, même si cet état n’est pas adjacent, il commence à chercher des frontières à travers lesquelles il peut atteindre les frontières de l’Etat qu’il veut attaquer. Habituellement, l’état agressif trouve de telles frontières … Je ne sais pas exactement quelles frontières l’Allemagne peut adapter à ses objectifs, mais je pense qu’elle trouvera des gens prêts à lui «prêter» une frontière. » [1]
Comme nous l’avons vu, Joseph Staline avait raison: l’Autriche et à la Tchécoslovaquie furent «prêtées» à Hitler, puis lentement mais sûrement il fut conduit à la frontière soviétique. Pour accomplir ce qui était nécessaire, il fallait donner au Führer plus que le simple territoire des Sudètes – il devait se faire livrer tout le territoire de l’État tchécoslovaque. Au-delà des terres tchèques et celles qui la bordent face à l’Ukraine soviétique, se trouvait une zone clé pour l’organisation d’une future guerre contre la Russie – La Ruthénie Sub-Carpatienne.
Même l’agresseur le plus fourbe a besoin d’un prétexte pour lancer une guerre. Plus c’est crédible, mieux c’est. Et cette excuse a été créée pour Hitler. Il y avait des plans pour remettre à Hitler le reste de la Tchécoslovaquie, avec la Slovaquie, dont une partie était composée des Carpates Ukrainiennes. Une méthode très simple était prévue pour violer les garanties faites aux Tchèques à Munich et honorer l’accord avec Hitler. Dans une conversation, le Premier ministre britannique, Neville Chamberlain, a déclaré sans ambages: … à cause de la «perturbation interne de l’État dont nous avions proposé de garantir les frontières … Le gouvernement de Sa Majesté ne peut plus se tenir plus longtemps lié par cette obligation». Cette garantie ne s’applique qu’en cas d’agression non provoquée. [2]
L’Occident ne garantissait l’intégrité physique des restes de l’Etat tchécoslovaque que s’il était attaqué. Mais s’il s’autodétruit, aucune garantie ne s’appliquerait! C’était précisément le mécanisme choisi pour remettre à Hitler tout le territoire de la Tchécoslovaquie.
Le Führer ne possédait toujours pas un territoire peuplé d’Ukrainiens ethniques, mais la presse occidentale poussa des hurlements tels qu’ils ont littéralement provoqué Hitler à prendre des mesures agressives contre l’URSS. Les journalistes assidus ont ouvertement incité le Führer à franchir les étapes suivantes, en précisant que ses actions seraient accueillies avec compréhension et le soutien dans les capitales européennes. “Pourquoi l’Allemagne risquerait-elle d’entrer en guerre avec la Grande-Bretagne et la France en exigeant des colonies qui lui fourniraient beaucoup moins que ce qu’elle trouverait en Ukraine?”, avait publié le journal parisien Gringoire, le 5 janvier 1939. Cet article brossait sans relâche un tableau détaillé de la richesse inouïe – une abondance de nourriture, de céréales et de ressources minérales – qui attendait ses nouveaux propriétaires. Et c’était juste à côté, à peine à plus d’une centaine de kilomètres!
Les rumeurs selon lesquelles Hitler était sur le point d’avancer en Ukraine ont provoqué une vague d’excitation pour l’Olympe politique mondial. L’ambassadeur de France en Allemagne, Robert Coulondre, a cité des conversations avec des dirigeants nazis lorsqu’il a rapporté à Paris: “Il semble que les voies et les moyens restent à déterminer, mais le but semble être de créer une Ukraine plus grande, qui servira de grenier à pain pour l’Allemagne. Pour y parvenir, il sera nécessaire de conquérir la Roumanie, d’arriver à un accord avec la Pologne et de découper des terres de l’URSS. Le dynamisme allemand ne faiblira pas avant un seul de ces défis, et les cercles militaires parlent déjà d’une marche vers le Caucase et Bakou. » [3]
Mais il se passa quelque chose qui obligea l’histoire à prendre un cours différent. Le 10 mars 1939, Joseph Staline prononça un discours diffusé pour la première fois à la télévision soviétique. Cette allocution est si cruciale pour une bonne compréhension des événements futurs que nous devons demander au lecteur d’être patient et de lire attentivement les points principaux du discours de Staline, ainsi que nos commentaires:
Staline en 1940 : “… Voici une liste des événements les plus importants qui ont marqué le début d’une nouvelle guerre impérialiste. En 1935, l’Italie a attaqué et envahi l’Abyssinie. À l’été 1936, l’Allemagne et l’Italie organisèrent une intervention militaire en Espagne, tandis que l’Allemagne s’implantait dans le nord de l’Espagne, au Maroc espagnol et en Italie, dans le sud de l’Espagne et dans les îles Baléares. En 1937, le Japon, s’étant emparé de la Mandchourie, envahit le nord et le centre de la Chine, occupa Pékin, Tianjin et Shanghai et commença à faire sortir ses concurrents étrangers de la zone occupée. Au début de 1938, l’Allemagne a envahi l’Autriche, et à l’automne de 1938 – les Sudètes tchèques. À la fin de 1938, le Japon s’empare de Canton et, au début de 1939, l’île de Hainan …
“L’une des caractéristiques de la nouvelle guerre impérialiste est qu’elle n’est pas encore devenue une guerre universelle ou mondiale. La guerre est menée par des pays agresseurs qui, de toute manière, portent atteinte aux intérêts des États non agresseurs qui sont principalement l’Angleterre, la France et les États-Unis, et ceux-ci se retirent et abandonnent le terrain, concession après concession, aux agresseurs. Ainsi, nous assistons à un découpage flagrant du monde et de ses sphères d’influence, aux dépens des États non agresseurs, sans aucune tentative de résistance, et même avec un peu d’assentiment. C’est difficile à croire, mais c’est ainsi. “
Le Kremlin a regardé avec inquiétude les «miracles» de la paix s’emparer des puissances mondiales les plus fortes. Cependant, il n’y avait aucune illusion sur la raison pour laquelle cela se produisait.
“Qu’est-ce qui peut expliquer la nature étrange et déséquilibrée de cette nouvelle guerre impérialiste? Comment les nations suprêmement compétentes et non agressives pourraient-elles si facilement et sans résistance abandonner leurs positions et leurs obligations au profit des agresseurs ? Cela peut-il être attribué à la faiblesse des Etats non-agresseurs? Certainement pas! Pris en tant que groupe, les États démocratiques non agressifs sont sans conteste plus forts que les États fascistes, économiquement et militairement.
“Alors, comment expliquons-nous les concessions systématiques de ces Etats aux agresseurs? La raison principale est que la majorité des pays non agresseurs, notamment la Grande-Bretagne et la France, ont abandonné leur politique de sécurité collective et de résistance collective aux agresseurs, passant à une position de non-intervention, une position de «neutralité» … Cependant, la politique de non-ingérence signifie tolérer l’agression, le déclenchement de la guerre – et, par conséquent, sa transformation en une guerre mondiale.
“La politique de non-intervention trahit le désir de ne pas entraver les agresseurs dans leurs actes infâmes, comme ne pas entraver, par exemple, la participation du Japon à la guerre contre la Chine et mieux encore contre l’Union Soviétique, et non dissuader l’Allemagne, par exemple, de se laisser entraîner dans des événements en Europe ou de s’impliquer dans une guerre avec l’Union Soviétique. On peut voir un motif pour permettre à tous les participants aux hostilités de s’enfoncer profondément dans les sables mouvants de la guerre, de les pousser subrepticement vers l’avant, de leur permettre de s’affaiblir et de s’épuiser mutuellement, puis, lorsque leur force sera suffisamment réduite, apparaître sur la scène avec de nouvelles forces, prendre position, «dans l’intérêt mondial» naturellement, et dicter des conditions aux belligérants paralysés.
Staline divulguait franchement et ouvertement les plans précis qui ne se matérialiseraient jamais, mais qui constituaient à ce moment-là la principale menace pour l’URSS. Pourquoi les événements ont-ils pris un tour différent? Parce que Staline s’adressa directement à Hitler à propos du sort qui attendait l’Allemagne: affaiblis par la guerre avec l’URSS, les Allemands (et aussi les Japonais) seraient soumis aux diktats sévères des “Etats non-agresseurs” pendant qu’ils poursuivaient leur politique de “Non-intervention”.
“Ou, prenez l’Allemagne, par exemple. L’Autriche lui a été cédée, et, malgré l’obligation de protéger son indépendance, les Sudètes ont également été cédées, la Tchécoslovaquie a été abandonnée à son sort, en violation de tous les engagements, puis des mensonges ont été publiés dans la presse sur la faiblesse de l’armée russe, «la désintégration de l’armée de l’air russe» et le «désordre» de l’Union Soviétique, poussant les Allemands plus à l’est, leur promettant une cible molle, et continuant à dire: «Commencez juste une guerre avec les bolcheviks et tout ira bien. Il faut reconnaître que tout cela ressemble beaucoup à des incitations et des encouragements pour un agresseur.
“C’est ce qui caractérisait la clameur de la presse anglo-française et nord-américaine sur l’Ukraine soviétique. Des journalistes importants s’époumonaient jusqu’à en être enroués pour dire que les Allemands marchaient sur l’Ukraine soviétique, qu’ils tenaient déjà ce qu’on appelle l’Ukraine des Carpates, avec une population d’environ 700 000 personnes, et que les Allemands dès ce printemps annexeraient l’Ukraine soviétique, avec une population de plus de 30 millions, à cette Ukraine des Carpates. Il semble que ce chahut particulier ait pour but de provoquer la fureur de l’Union Soviétique contre l’Allemagne, d’empoisonner l’atmosphère et de déclencher un conflit avec l’Allemagne sans raison apparente. “
L’appel lancé à Hitler était clair et simple: si vous êtes attaqué, nous serons amenés à nous défendre. Et pendant que nous sommes occupés à nous combattre, “ils” diviseront nos ressources naturelles et, une fois de plus, saigneront l’Allemagne. Est-ce ce dont vous avez besoin, Adolf Hitler? Est-ce pour cela que vous avez fondé votre parti politique et que vous vous êtes mis à tirer l’Allemagne de l’abîme dans lequel elle était conduite par les politiciens vénaux de Weimar?
Et puis Staline parle sans détour à Hitler:
“Il est encore plus révélateur que certains politiciens et journalistes influents en Europe et aux Etats-Unis aient perdu patience dans leur attente de la” marche sur l’Ukraine soviétique “et commencent eux-mêmes à exposer la véritable signification de la politique de non-intervention. Ils parlent directement et écrivent noir sur blanc que les Allemands les ont cruellement «déçus» parce que, au lieu de s’avancer plus à l’est contre l’Union Soviétique, ils se sont tournés vers l’ouest et exigent des colonies. On pourrait penser que les Allemands ont reçu ces régions de la Tchécoslovaquie comme le prix de leur engagement à lancer une guerre contre l’Union Soviétique, et maintenant les Allemands refusent de payer la facture, ils ont clairement indiqué ce que l’Occident peut faire avec. “
“Je ne suis pas du tout du genre à faire la morale sur la politique de non-intervention ou à parler de traitrise ou de trahison, etc. Il serait naïf de prêcher la morale à ceux qui ne connaissent aucune morale humaine. La politique, c’est la politique, comme disent les vieux diplomates bourgeois endurcis. Il convient toutefois de noter que ce jeu politique gigantesque et dangereux, initié par les partisans de la politique de non-intervention, peut aboutir à un grave fiasco pour eux.”
On pourrait sans cesse débattre de l’impact exact de ce discours sur Hitler, mais la réalité est que peu de temps après, le Führer allemand refusa pour la première fois de suivre les «bons conseils» venant de Londres et commença à diriger son propre jeu.
L’historiographie occidentale admet généralement comme un truisme, qu’après l’occupation allemande des vestiges de la Tchécoslovaquie à la mi-mars 1939, l’Angleterre comprit “soudain” le fait évident que l’on ne pouvait plus croire en Hitler et qu’il était un agresseur intrinsèquement “fourbe”. Mais tout cela n’est qu’un mensonge destiné à dissimuler la laideur de la vérité.
La trahison et l’agression de Hitler envers ses «architectes» britanniques et américains ne pouvaient être attribuées au fait que l’Allemagne avait occupé les restes de la Tchécoslovaquie et les avait annexés, mais plutôt au fait qu’elle ne l’avait pas fait !
Afin de comprendre ce paradoxe étrange et très important, nous devons nous rendre à la ville de Bratislava, un marécage d’eau trouble selon les standards politiques européens, et à la ville encore plus “lointaine” de Hust en Transcarpatie, [4] qui est devenue un épicentre de l’intrigue politique mondiale en mars 1939.
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NOTES
[1]Staline, Josef. Conversation avec M. Roy Howard, président de la chaîne de journaux américaine Scripps-Howard, le 1er mars 1936. Howard, Roy. “Entretien avec Josef Staline”,The Communist, avril 1936, p. 338.
[2]Welch, David A. Lajustice et la genèse de la guerre. P. 147.
[3] Bien sûr, Hitler ne possédait toujours pas un pouce de terre en Transcarpatie, mais la lettre de l’ambassadeur de France mentionne les prochaines étapes de Hitler pour déployer son armée contre la Russie. Afin de séparer l’Ukraine de l’URSS, il avait besoin du territoire de la Pologne et de la Roumanie. La lettre de Coulondre ne contient pas un mot sur l’annexion de Transcarpatie au Reich. Pourquoi ? Parce que cette question avait déjà été acceptée et résolue, et les diplomates français et britanniques discutaient des actions ultérieures de Hitler qui conduiraient directement au déclenchement d’un conflit germano-soviétique.
[4] Après que la Hongrie ait reçu une partie de la Carpatho-Ukraine dans le cadre de la “première” partition de la Tchécoslovaquie en novembre 1938, la ville de Hust devint la capitale de la section de Transcarpatie (pour l’instant) restée aux mains tchécoslovaques avec les villes d’Uzhgorod et de Mukachevo.
Le 24 septembre septembre 1863, les navires de la Flotte impériale russe ont commencé à se regrouper près de New York, avant qu’une autre escadre fasse de même quelques jours plus tard sur la côte Ouest. Dans son journal, le secrétaire américain à la Marine exprimait son soulagement : «Bénis soient les Russes !».
Formellement, la Russie et les USA n’étaient liés par aucun engagement d’allié mais étaient rapprochés par l’existence d’ennemis communs, et, au premier semestre 1861, par la similitude de leurs problèmes intérieurs, écrit Vzgliad.
L’élection présidentielle de 1860 avait été remportée par le représentant du jeune parti républicain, Abraham Lincoln — il s’agissait de la première tentative réussie des «éléphants» de s’emparer de la Maison-Blanche.
Après son élection, les opinions de Lincoln sont devenues plus nuancées. Selon lui, l’abolition de l’esclavage était un objectif noble mais lointain, et rien ne devait menacer la propriété «noire» des gentlemen respectables du Sud.
L’élection de Lincoln a tout de même fait déborder le vase, après quoi le Sud a annoncé sa sortie de l’Union. Lincoln a refusé de laisser le Sud faire sécession, ce qui a conduit à la guerre la plus sanguinaire de l’histoire des USA.
Pendant l’été 1863, il est devenu évident que Londres cherchait à former une coalition internationale contre la Russie avec la France, l’Autriche — qui avait également participé au partage de la Pologne — ainsi que la Suède qui avait des prétentions pour la Finlande russe. En cas de grand conflit, la flotte baltique aurait été coincée à Kronstadt, comme pendant la guerre de Crimée.
L’expérience de l’Alabama, qui utilisait les ports français et anglais «neutres», a donné une idée au grand-prince Constantin et au ministre de la Marine Nicolaï Krabbe : et si les Américains mettaient à disposition leur ports «neutres» aux navires russes ? 5 ou 6 navires pouvaient suffire à paralyser le commerce transatlantique des Anglais et des Français.
Washington était prêt à accorder une telle aide, d’autant que les Britanniques se renforçaient (notamment leur marine) au Canada. Plusieurs navires de guerre pouvaient certainement servir à Lincoln, tout comme l’épaule amicale d’Alexandre II.
L’expédition a été préparée dans le plus grand secret. La frégate Osliabia a été la première à jeter l’ancre à New York le 24 septembre. Les autres navires quittaient Kronstadt un par un pour ne pas attirer l’attention, avant de se regrouper une fois en mer. Fin septembre, ils sont arrivés aux États-Unis.
La présence en ville de militaires russes amicaux avait un effet rassurant pour les partisans de Lincoln et dissuasif sur ses rivaux.
Cette fois, Londres et Paris n’avaient plus de doutes concernant l’existence d’un accord militaire entre Washington et Pétersbourg, signifiant que l’attaque contre l’une des puissances entraînerait automatiquement l’implication de l’autre. Les Anglais et les Français, déjà enlisés dans une occupation du Mexique, ne voulaient pas mener une guerre sur trois fronts à la fois.
Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur de l’article repris d’un média russe et traduit dans son intégralité en français.
Pure émanation du chaos révolutionnaire, la guillotine en est devenue le véritable étendard. Un étendard sanglant compromettant singulièrement l’idéal initial et impulseur de la révolution, un idéal présenté comme l’incarnation de la justice populaire.
Conçue pour « mettre fin aux éxecutions inhumaines de l’Ancien Régime », elle ne permit que de les accelérer, de les systématiser et de les mécaniser à un rythme infernal, transformant ainsi la place publique en abattoir à ciel ouvert, où le bourgeois jouissait d’un droit supplémentaire, celui de vie et de mort sur ses semblables, et des petites gens. Ceux accusés de comploter contre la république naissante, les fidèles au Roi passèrent un à un, à la chaîne, sous le couperet tranchant de l’échafaud assoiffé.
Les exécutions y furent arbitraires, décidées unilatéralement par la caste dominante dramatiquement émancipée de toute morale et conception du droit naturel, affichant dès lors des ambitions fondatrices destructrices au profit de celle que nous appelerons, plus tard, la Gueuse.
L’un des divers drames de la révolution est l’institution d’un mode d’exécution mécanisé, tel que nous pourrions abattre une bête ; l’inhumanité ne réside pas en l’exécution elle-même mais bien en sa systématisation, sa « démocratisation » et, par conséquent, son caracètre quasi industriel. Le travail est propre, l’on s’en trouve rapidement débarassé et le spectable est garanti. Mais la guillotine est désormais un intermédiaire qui sépare le bourreau du condamé, une barrière à l’humanité ; cela aura pour conséquence l’éloignement physique de ce dernier qui ne tuera point directement l’individu, au même titre qu’un éloignement sentimental et émotionnel du fait de cette mécanisation, en opposition aux exécutions « artisanales » archaïques, où la pitié humaine est oubliée. Cet abandon de la pitié dans l’exécution-guillotine est la conséquence même de sa mécanisation ; on ne peut désormais croiser le regard du condamné, dont le sort ne dépendra plus que d’une goupille lâchée et d’une poulie enclenchée. Ainsi, l’éxécution résulte d’un mécanisme et d’une automatisation déshumanisant cette pratique et, par conséquent, facilisant son recours en la normalisant. L’abandon de la pitié marque le délaissement de la morale chrétienne dans l’exécution ; la guillotine est un mode d’exécution laïcisé, où la froideur du reniement de la foi ne conduit qu’à la barbarie systématique.
En cela, une synthèse de la lâcheté révolutionnaire est dévoilée : exécution des opposants, déshumanisation et industrialisation de la peine capitale, menant ainsi à la méconnaissance de tout humanisme et à l’abandon de toute responsabilité au regard de Dieu, et de ses pairs.
La guillotine perpétrait comme un outil de censure totale ; la parole était coupée en même temps que l’attribut par lequel elle était formulée. Pour autant, l’esprit de la guillotine perdure encore aujourd’hui dans l’insconscient collectif, où elle réprimande les comportements conservateurs, pouvant heurter l’orgeuil du régime si durement installé. L’ombre de la guillotine plane toujours sur le peuple de France, ayant sans cesse peur d’être accusé de fomenter un complot contre une quelconque autorité du pays légal dès qu’il ose questionner « les valeurs de la république ».
La guillotine reste également le symbole de l’anti-royalisme. La décapitation de Louis XVI fut un choc si profond dans notre histoire qu’elle installa une certaine pudeur – voire une gêne – à l’égard de la restauration monarchique, bien que celle-ci eut lieu, une courte et agitée période. La république souhaitait faire vivre – jusqu’à l’abolissement de la peine de mort en 1981 – en la guillotine ce sentiment de toute puissance face à la monarchie sur laquelle elle a diaboliquement triomphé.
Elle fait perdurer sa victoire, le fait qu’elle ait vaincu le Roi, et a marqué selon elle la fin d’un « ancien » régime, de par une prétendue caducité de sa politique dont elle se tait à démontrer l’inneffectivité.
La république, de sa première forme jusqu’à la cinquième, souhaitait maintenir son autorité par la pratique-guillotine héritée du despotisme jacobiniste et robespierriste. Il en revêt indéniablement une certaine culture républicaine de la guillotine, chacune d’entre elles ayant pratiqué la décapitation par le titillement de la goupille. La culture de la tête coupée nettement est donc une constante du régime, un culte, à croire même, un élément constitutif de sa nature intrinsèque.
La guerre civile espagnole prit officiellement fin le 1er avril 1939. Mais à ce moment-là, l’Europe n’était plus confrontée à un simple conflit local, mais à une guerre qui engloutirait tout le continent. Il était temps de lâcher Hitler pour qu’il puisse faire ce que les Britanniques attendaient de lui – attaquer l’URSS. La Grande-Bretagne s’est donc empressée ” d’en finir ” avec les républicains afin de mettre un terme à la guerre en Espagne le plus rapidement possible. Le 27 février 1939, la Grande-Bretagne et la France reconnaissaient officiellement le gouvernement dirigé par Francisco Franco et rompaient tout aussi formellement leurs relations avec le gouvernement républicain. Les Américains firent de même. Bientôt, le croiseur de la Royal Navy HMS Devonshire aida directement les rebelles espagnols à prendre l’île de Minorque. Non seulement le navire britannique transporta l’émissaire de Franco sur ces côtes, mais sous la menace d’un bombardement, il obligea le commandant de la base navale de l’île à céder le pouvoir à un officier loyal à Franco. [1]
À ce moment-là, Adolf Hitler était en train de regrouper une autre région qui se trouvait entre l’Allemagne et les frontières de l’Union Soviétique. C’était la Tchécoslovaquie. Il faut dire que les créateurs des traités de Versailles et de Saint-Germain avaient fourni au Führer un fondement à son grief contre cette nation. Grâce à ces accords, 3,4 millions d’anciens Allemands autrichiens s’étaient retrouvés dans le nouvel État de Tchécoslovaquie, une nation bricolée à partir des fragments de l’ancien empire austro-hongrois.
La Tchécoslovaquie était l’un des pays les plus prospères à émerger des terres qui avaient été victimes du carnage de la Première Guerre mondiale. Le nouvel État tchèque et slovaque s’est avéré être le seul pays d’Europe centrale ou du Sud-Est à exporter des capitaux à grande échelle. Tous les secteurs de l’économie tchécoslovaque ont connu une croissance, mais certains secteurs ont été particulièrement impressionnants. Les industries les plus développées dans ce pays sont celles qui produisent des armes et des chaussures. Par exemple, en 1928, la Tchécoslovaquie dominait le monde dans l’exportation de chaussures, bottes et sandales. Cependant, cette belle aventure économique fut de courte durée – le jeune Etat tchécoslovaque ne dura que 20 ans (de 1918 à 1938), après quoi ses alliés de Londres et Paris décidèrent de céder le pays à Hitler. Le Troisième Reich devait avancer vers les frontières de l’URSS, et les ouvriers tchèques étaient nécessaires pour chausser et équiper l’armée allemande.
Au printemps 1938, la presse allemande, galvanisée par les nombreuses victoires sanglantes d’Hitler, mena une campagne active en faveur du respect des exigences des Allemands de souche vivant dans le Sudetenland tchécoslovaque (les Sudètes). La communauté allemande au sein du pays est également devenue plus active. Le parti Sudeten German Party, dirigé par Konrad Henlein, lança l’idée de “renvoyer tous les Allemands à un seul Reich”. L’Anschluss autrichien fournit un excellent prétexte pour soulever la question de la violation des droits de la minorité allemande en Tchécoslovaquie. Après tout, les Allemands autrichiens faisaient maintenant partie de cette “famille unie”, et leurs frères Sudeten ne méritaient-ils pas la même chose? Le parti de Henlein réclame “l’autonomie territoriale” pour le Sudetenland.
Le gouvernement tchécoslovaque n’était nullement prêt à se rendre aux Allemands. Ils n’avaient aucune raison de le faire. L’armée tchécoslovaque, l’une des plus fortes d’Europe, était prête à protéger son pays contre tout agresseur, et les Tchécoslovaques avaient autant de détermination qu’ils avaient de force. Contre 39 divisions allemandes composées de 1,8 million de soldats, les Tchèques pouvaient déployer 36 divisions de 1,6 million de soldats, et contre les 2400 avions et 720 chars d’Hitler, la Tchécoslovaquie pouvait compter sur ses propres 1500 avions et 400 chars d’assaut. Il ne faut pas oublier non plus que l’armée tchécoslovaque était en position défensive, alors que les Allemands seraient forcés de se mettre à l’offensive.
Leur traité d’alliance avec la France donnait également aux dirigeants tchécoslovaques des raisons d’être optimistes. Les Tchèques étaient logiquement convaincus qu’un allié puissant et efficace comme Paris ne céderait tout simplement pas à Berlin. Si l’on regarde une carte, il est clair que la position géographique de la Tchécoslovaquie n’obligeait les Français à défendre activement la Tchécoslovaquie – au cas où la France se trouverait dans un conflit armé avec l’Allemagne, les Tchèques pourraient frapper les Allemands par derrière. En outre, les usines militaires de Škoda dans le territoire tchèque produisaient chaque année autant d’armes que toute l’industrie de l’armement britannique. Quelle personne saine d’esprit livrerait un tel trésor à Hitler?
Cependant, les événements autour de la Tchécoslovaquie commencèrent à prendre une tournure très “étrange”. Au lieu de résister activement aux exigences d’Hitler, des intrigues mesquines se sont développées. Le résultat fut l’infâme Accord de Munich de septembre 1938, qui donna à Hitler tout ce qu’il voulait. Peut-être l’Occident était-il une fois de plus effrayé par la puissance militaire allemande? Les armées allemandes n’étaient pas capables de vaincre les Français en 1938 ou 1939 “, écrit Winston Churchill. En d’autres termes, Hitler ne pouvait pas vaincre les Tchèques, les Français et les Britanniques en même temps – c’était assez évident. Pourquoi alors les dirigeants des “pays démocratiques” n’ont-ils pas agi de manière plus décisive? Parce que leur intérêt n’était pas de remporter une victoire sur l’Allemagne qu’ils avaient engendrée et élevée! Personne ne tuerait un chien d’attaque, élevé pour le combat mortel, avant la bataille.
La première conférence sur le sort de la Tchécoslovaquie s’est tenue à Londres du 28 au 30 avril 1938. A l’étonnement des Tchèques, les hommes d’Etat français ont soudainement soutenu la demande des diplomates anglais d’éviter à tout prix un affrontement avec l’Allemagne. Le 15 mai 1938, une dépêche de Londres fut publiée dans le New York Herald-Tribune, déclarant clairement que puisque ni la France ni l’Union soviétique n’étaient prêtes à entrer en guerre contre la Tchécoslovaquie, la Grande-Bretagne avait encore moins de raisons de prendre les armes pour défendre cette république slave. C’est pourquoi la Tchécoslovaquie devrait évaluer sobrement sa situation et reconnaître que sa seule option était une résolution pacifique de la question des Sudètes allemands.[3]
Naturellement, après de telles déclarations, les revendications d’Hitler prirent un ton encore plus intransigeant. Et l’article publié dans le journal américain coïncidait “étonnamment” avec un événement très révélateur. Deux jours avant la parution du New York Herald-Tribune, Konrad Henlein, le chef du Sudeten German Party, était arrivé à Londres. Le fait même d’une telle visite suscitait quelques spéculations. Henlein tint plusieurs réunions avec des membres du Parlement britannique et de l’opposition. Par la suite, ses revendications (et donc le thème récurrent de ses discours) passèrent de l’autonomie au démembrement de la Tchécoslovaquie.
Non seulement les services de renseignements allemands, mais aussi britanniques travaillaient activement avec le dirigeant des Sudètes allemands. Ce n’était pas un secret en Allemagne, mais rien n’a été fait pour bloquer ce contact. C’est parce qu’à cette époque, les Allemands et les Britanniques jouaient dans la même équipe, qui se préparait à livrer la Tchécoslovaquie à Hitler. “Les services secrets britanniques étaient assez bien informés…. un de leurs agents, le colonel Christie, qui avait déjà conféré plusieurs fois avec Henlein, le rencontra de nouveau au début d’août 1938, à Zurich “, lit-on dans les mémoires du chef des services secrets allemands.
Le 18 juillet 1938, l’envoyé d’Hitler, le capitaine Wiedemann, apporta un message personnel d’Hitler au Premier ministre britannique Neville Chamberlain à Londres. Les propositions d’Hitler furent jugées irrecevables. Le 22 juillet 1938, l’Angleterre demanda à la Tchécoslovaquie de prendre des mesures décisives pour la “pacification de l’Europe”. Les Tchèques répondirent par un accord d’autonomie pour les Sudètes allemands. Cependant, Henlein fit immédiatement, le 29 juillet 1938, une déclaration publique: tout Allemand dans n’importe quel pays ne devrait être soumis “qu’au gouvernement allemand, aux lois allemandes et à la voix du sang allemand”.
Les diplomates britanniques ont par la suite continué à exercer des pressions sur les Tchèques. Le 3 août, Lord Runciman, l’émissaire de Chamberlain, arrive à Prague. Ce “médiateur impartial” était en fait censé convaincre la Tchécoslovaquie de céder le Sudetenland aux Allemands. Les Tchèques refusèrent de reconnaître que tout avait déjà été décidé depuis longtemps pour eux. Le 7 septembre 1938, le London Times publia un article invitant les Tchèques à ne pas résister mais à jouer le jeu et à accepter de devenir un “État homogène”.
La situation tchécoslovaque était d’autant plus curieuse que, outre l’accord franco-tchèque, il existait également un accord entre l’Union soviétique et la Tchécoslovaquie. En cas d’attaque, l’URSS devait venir en aide à la victime de l’agression. Cependant, il y avait un détail intéressant dans le texte de l’accord: Moscou ne devait prêter assistance à Prague que si Paris offrait le même type d’aide. Au début de septembre 1938, le gouvernement français demanda au gouvernement soviétique quelle serait sa position si la Tchécoslovaquie était assiégée. La réponse de Moscou était simple: les représentants de l’URSS, de la Grande-Bretagne et de la France devraient être immédiatement convoqués pour faire une déclaration au nom de ces puissances, avertissant que la Tchécoslovaquie se verrait offrir une assistance militaire en cas d’attaque allemande. Quant à l’Union soviétique, ce pays est prêt à s’acquitter des obligations qui lui incombent en vertu de son traité.[5]
Quel type de réaction pensez-vous que les propositions soviétiques ont reçu? Vous donnez votre langue au chat ? Alors voici une autre question : ceux qui avaient préparé Hitler pour une invasion de l’URSS avaient-ils besoin d’éviter cette agression? Voulaient-ils vaincre l’Allemagne en utilisant les forces conjointes de la France, de la Tchécoslovaquie et de l’Union Soviétique? Avaient-ils besoin qu’Hitler batte en retraite et que son avance à la frontière soviétique soit stoppée?
L’Occident ayant un objectif différent, comme l’a écrit Churchill, “l’offre soviétique a en fait été ignorée. elle n’a pas été mise dans la balance contre Hitler, et a été traitée avec indifférence – pour ne pas dire avec dédain – ce qui a laissé une marque dans l’esprit de Staline. Les événements ont suivi leur cours comme si la Russie soviétique n’existait pas.” [6]
Ainsi, au lieu de repousser l’agresseur et d’adopter une position ferme aux côtés de l’Union soviétique, les Britanniques ont “fortement armé” les Tchèques. Premièrement, il a été suggéré au gouvernement tchécoslovaque que les traités avec la France et l’URSS soient abrogés. Ensuite, la note conjointe anglo-française du 19 septembre demandait à Prague de remettre immédiatement le Sudetenland à l’Allemagne. La Tchécoslovaquie fit preuve d’une faible résistance. Le 20 septembre 1938, les ambassadeurs britanniques et français reçoivent la réponse du gouvernement tchécoslovaque. Elle comportait une demande pour reconsidérer la décision et renvoyer la question à l’arbitrage conformément au traité germano-tchécoslovaque de 1925.
Une telle résistance tchèque pourrait tout gâcher. Le fait est qu’en cas de conflit militaire avec l’Allemagne, la France devait intervenir en faveur des Tchèques! Et si cela devait arriver, l’Union soviétique pourrait venir en aide non seulement à Prague, mais aussi à Paris! Un système d’alliances allait se mettre en place: le Traité franco-soviétique d’assistance mutuelle du 2 mai 1935 et le Traité d’Alliance tchécoslovaque-soviétique signé le 16 mai 1935.
Et Londres et Paris commencèrent à perdre patience. Le soir du 20 septembre, l’ambassadeur britannique, Basil Newton, déclara au gouvernement tchèque qu’il devait “accepter la proposition sans réserve et sans plus tarder, faute de quoi le gouvernement de Sa Majesté ne s’intéressera plus au sort de votre pays”. L’ambassadeur de France, Victor de Lacroix, appuya cet avertissement menaçant. Mais les diplomates n’étaient toujours pas satisfaits. A deux heures du matin (!), les ambassadeurs ” amis ” britannique et français réveillèrent du lit le président tchécoslovaque, Edvard Beneš. C’était leur cinquième visite en 24 heures. Les invités de la soirée remirent à Beneš une note, qui était en fait un véritable ultimatum: “Si le gouvernement tchécoslovaque n’accepte pas le plan anglo-français, le monde entier considérera la Tchécoslovaquie comme le seul responsable d’une guerre inévitable”.
Le 21 septembre 1938, l’ultimatum des “alliés” fut discuté lors d’une réunion du gouvernement tchécoslovaque. Leur décision n’était pas difficile à prévoir. Les ministres acceptèrent ce qui serait littéralement le suicide de leur nation. [7]
Entre le 29 et le 30 septembre 1938, le fameux accord de Munich fut signé dans la capitale bavaroise, légalisant le transfert du Sudetenland à l’Allemagne. L’accord a été signé par Hitler, Mussolini, Chamberlain et Édouard Daladier.8] Les représentants tchèques n’étaient même pas invités à cette rencontre entre leurs “maîtres” – ils attendaient simplement dans la salle voisine d’être informés du sort de leur pays une fois que les négociations et la signature étaient terminées. L’accord de Munich a été signé dans une telle hâte qu’il n’y avait même pas eu le temps de remplir l’encrier dans la salle où la politique mondiale était créée. Et pourquoi avaient-ils besoin d’encre? Tout avait été arrangé à l’avance, donc la signature n’était qu’une simple formalité…
Le 1er octobre 1938, les troupes allemandes entrent en Tchécoslovaquie. Ils n’ont rencontré aucune résistance. Plus tard, les généraux allemands inspectèrent les fortifications tchèques et acquiescèrent d’un signe approbateur: quelle merveille que le sage Führer ait réussi à régler la question pacifiquement. Parce que le Sudetenland lui-même était parsemé de bastions. “A la surprise des experts, un bombardement test avait montré que nos armes n’auraient pas prévalu contre eux”,[9] note avec diplomatie Albert Speer dans ses mémoires. Son évaluation révèle l’incapacité totale de l’armée allemande à prendre d’assaut les fortifications tchèques. C’est pourquoi les diplomates occidentaux, évaluant sobrement les capacités encore modestes de la Wehrmacht, avaient insisté à tel point que la Tchécoslovaquie se rendit sans condition!
Immédiatement après la signature de l’accord de Munich, le deuxième acte de ce spectacle cruel commença. Les Allemands n’étaient pas les seuls prédateurs à s’attaquer au cadavre de la Tchécoslovaquie. Immédiatement après la signature de l’accord de Munich, le gouvernement polonais adressa un ultimatum au gouvernement tchèque, lui demandant de céder immédiatement la région frontalière de Těšín ! Bien que la Pologne fût bientôt une ” victime innocente ” de l’agression, comme un véritable charognard, elle se précipita joyeusement pour grignoter un morceau de territoire tchèque….
Voyant comment d’autres avaient si habilement réussi à puiser dans ce bonanza (quelque chose de très précieux, rentable ou enrichissant – Ndt) de de territoires étrangers libres, le Premier ministre hongrois, Béla Imrédy, protesta alors contre le fait que les intérêts de la minorité hongroise de Tchécoslovaquie avaient été “ignorés”. Et il obtint ce qu’il voulait – le 2 novembre 1938,12 000 kilomètres carrés du sud de la Slovaquie et une petite partie de la région connue sous le nom de Ruthénie subcarpatique (Transcarpathie), avec une population d’environ un million d’habitants, passa aux mains des Hongrois.
Qui a offert Vienne et Prague à Hitler ?
Cela a été fait par ceux qui, malgré leurs positions inébranlables, ont ” soudain ” permis l’annexion de l’Autriche par le Reich.
Cela a été fait par ceux qui, contre le droit international, ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour entraver les tentatives du gouvernement légitime de l’Espagne de vaincre ses insurgés et n’ont ” pas du tout prêté attention ” à l’aide allemande et italienne au général Franco.
Cela a été fait par ceux qui, en dépit de leurs obligations conventionnelles, n’ont pas aidé la Tchécoslovaquie, bien au contraire, ont tout fait pour assurer sa capitulation.
Notes :
Il est intéressant de noter que lorsque la guerre mondiale a commencé le 1er septembre 1939, Franco a demandé un prêt pour reconstruire son pays – non pas à ses “amis ” Mussolini et Hitler “- mais… à la Grande-Bretagne.
Winston Churchill. La Seconde Guerre Mondiale. Vol. 1. La tempête de rassemblement. P. 304.
Comme s’ils fonctionnaient selon des instructions, les journaux britanniques ” libres ” et ” indépendants ” publièrent en mai 1938 une série d’articles semblables. Le 6 mai, le Daily Mail a dénigré la Tchécoslovaquie dans son éditorial comme ” un État dégoûtant peuplé exclusivement de racistes, dont l’attitude honteuse envers les habitants germanophones des Sudètes ne peut plus être tolérée par les Britanniques “.
Walter Schellenberg. Le Labyrinthe. 34.
Au plus fort de la crise germano-tchèque, l’URSS se mit en état d’alerte militaire et déplaça 60 divisions d’infanterie et 16 divisions de cavalerie, 3 corps de chars, 22 chars indépendants et 17 brigades aériennes jusqu’à la frontière avec la Pologne, un pays que l’Union Soviétique devait traverser pour venir en aide aux Tchèques. En outre, 330 000 réservistes avaient été appelés et des dizaines de milliers de soldats devant être libérés avaient été retenus. (Bullock, Alan. Hitler et Staline: Parallel Lives, p. 577).
Churchill, Winston. The Second World War. Vol. 1. The Gathering Storm. Pgs. 274-275.
Plus de sept décennies se sont écoulées depuis, mais personne n’a rien appris. Une fois de plus, nous voyons en Europe les mêmes États “indépendants”, “souverains”, qui se conforment volontiers aux caprices de leurs maîtres. Ils installent volontiers des radars et des missiles américains à l’intérieur de leurs frontières, envoient sans hésiter leurs propres soldats loin en Irak et négocient volontiers avec l’État russe ou avec des compagnies russes privées ce qui entre dans leurs intérêts. Leur maître parle – et avec un grand sourire, ils passent leur tête dans le nœud coulant, comme la Tchécoslovaquie l’a fait en septembre 1938.
Voici un fait peu connu : le lendemain de la signature de l’Accord de Munich, le Premier ministre britannique, Neville Chamberlain, invita Hitler à un entretien privé. Et puis il sort soudain une feuille de papier de sa poche: “Nous, le Führer et Chancelier allemand et le Premier ministre britannique, avons eu une autre réunion aujourd’hui et nous sommes d’accord pour reconnaître que la question des relations anglo-allemandes est de première importance pour les deux pays et pour l’Europe”, dit le document. Et “l’accord signé hier soir et l’accord naval anglo-allemand” étaient considérés par les dirigeants des deux pays comme “le symbole de la volonté” des deux nations “de ne jamais entrer en guerre l’une contre l’autre”. Les historiens oublient généralement ce document.
Cependant, c’est cet accord sans prétention qui a garanti l’agression d’Hitler vers l’Est, pas l’accord de Munich qui ne concernait que la Tchécoslovaquie! Le retour de Chamberlain de Munich à Londres est assez souvent décrit dans les documentaires historiques. Il est debout près de son avion, secouant un morceau de papier en l’air, et proclame haut et fort: “La paix pour notre temps!” Et la foule pense que le Premier ministre britannique détient une copie de l’accord de Munich. Mais en fait, Neville Chamberlain était en train de brandir cette déclaration germano-britannique supplémentaire.
Albert Speer. Dans le Troisième Reich. Mémoires. P. 111.
Eric Morillot vous a concocté un plateau d’experts :
- Jacques Sapir : économiste français spécialiste de l'économie russe. Il enseigne à l’université de Paris Nanterre, puis il est directeur de l’École des hautes études en sciences sociales. Il tient peut-être son attachement à la Russie de son père qui est né dans ce pays alors en pleine révolution. Il est avec Michel Onfray un des deux intellectuels qui prônent le rapprochement des souverainistes de gauche et de droite pour lutter contre la mondialisation malheureuse.
- Philippe Murer : lui aussi a sa page sur Front Populaire. C’est un économiste et un écologiste. Après des études d'ingénieur en mathématiques appliquées et en finance à l'Ensimag, il obtient un 3ᵉ cycle de sciences économiques. Il enseigne la finance à la Sorbonne.
- Régis Le Sommier : journaliste à Paris Match où il sera grand reporter, chef de bureau aux États-Unis, puis directeur général adjoint. Il rejoint RT France jusqu’à l’interdiction de la chaîne. Il ne se laisse pas abattre et fonde le média Omerta.
- Yves Pozzo di Borgo : cet ancien sénateur de l’UDI irrite la bien-pensance par son refus de la vaccination obligatoire, ses activités au sein de l’association "Dialogue franco-russe" et ses prises de position sur l’opération spéciale en Ukraine. - Charles-Henri Gallois : directeur financier dans des maisons prestigieuses du luxe. Cet ancien cadre de l’UPR est le président du mouvement Génération Frexit. Il a sa page sur le site Front Populaire.
Que j’aime cette escrologie au quotidien et ce foutage de visage régulier quand on parle d’écologie dans notre pays.
C’est d’une hypocrisie exquise.
Les grands prêtres de l’icoulogie font n’importe quoi mais les croyants béats pensent quand même, à chaque fois qu’ils font pipi sous la douche, qu’ils vont sauver la planète.
Effrayant de bêtise collective.
Le « réemploi des voitures vouées à la casse ».
Le texte prévoit que les collectivités territoriales, à travers les autorités organisatrices de la mobilité, puissent récupérer certains véhicules éligibles à la prime à la conversion, au bénéfice des personnes « socialement défavorisées ».
« Le modèle économique des garages solidaires a été largement fragilisé par la mise en place de la prime à la conversion », a fait valoir la rapporteuse du texte, l’écologiste Marie Pochon, rappelant l’envoi « chaque année à la casse de milliers de véhicules, parfois peu polluants, parfois sans beaucoup de kilométrage et utilisables ».
Ces véhicules « constituaient le gros des dons aux garages solidaires qui garantissaient la mobilité à ceux qui, sinon, y renoncent », a-t-elle ajouté. La possibilité de les réutiliser, par l’intermédiaire de ces garages, notamment dans les territoires ruraux et isolés, est une « mesure d’intérêt général », a-t-elle plaidé.
Patrice Vergriete, ministre délégué aux transports, a soutenu le texte, jugeant qu’il fallait « assurer l’accompagnement social qui est indispensable à la réussite » de la transition écologique, en tenant compte « des besoins et des contraintes particulières des Français les plus modestes ».
Interdire aux gens de garder leur voitures… pour qu’ils les retrouvent à la Mairie ou l’association du coin !
Je ne sais pas si ceux qui nous dirigent se rendent compte du délire total dans lequel ils sont tombés en réglant des problèmes qu’ils créent eux-mêmes de toutes pièces en nous coûtant un pognon de dingue.
Nous sommes dans la maison des fous d’Astérix.
En clair, l’Etat met de telles contraintes que les gens sont obligés ou se croient obligés de se séparer de leurs vieux véhicules fonctionnant très bien et déjà payés. Plus grave, avec ces incitations et interdictions sur les véhicules, cela assèche totalement le marché des voitures d’occasion pas trop chères si utiles et pratiques notamment pour les jeunes qui démarrent dans la vie et tous ceux qui n’ont pas de grosses payes.
Donc comme la politique de l’Etat fait disparaître les voitures comme elle fait disparaître les logements en location, l’Etat finit par créer une crise de la mobilité.
Une crise qu’il pense pouvoir régler en récupérant les voitures qu’il vient d’interdire pour les relouer aux pauvres.
C’est surréaliste.
Les autorités organisatrices de la mobilité (AOM)
« Le texte prévoit que les collectivités territoriales, à travers les autorités organisatrices de la mobilité (AOM), puissent récupérer certains véhicules éligibles à la prime à la conversion, au bénéfice des personnes « socialement défavorisées », à travers des systèmes de location de véhicules à bas prix.
Sont concernées les voitures essence classées Crit’Air 3 ou mieux classées, qui pourront être réutilisées par le biais d’« associations reconnues d’utilité publique ou d’intérêt général », comme les garages solidaires. »
Quand on vous dit que toute politique doit d’abord ne pas nuire, nous sommes en plein dedans.
Ils légifèrent tellement qu’ils sont en train de tourner en rond dans leur propre folie organisationnelle.
Conclusion ?
Surtout, quoi qu’ils racontent et disent, gardez vos véhicules crit’air 3. Le système ne peut pas fonctionner sans eux, comme le système ne pourra pas fonctionner sans les logements classés F déjà que les G manquants mettent une sacrée pagaille.
Charles SANNAT
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« Audaces fortuna juvat ». Ce vers figure dans L’Énéide, la grande œuvre inachevée de Virgile, publiée peu après sa mort, en 19 av. J.-C. Dans cette épopée des origines, l’écrivain rattache l’histoire romaine au mythe troyen.
Luca Giordano – “Énée terrassant Turnus” (Fin du XVIIe siècle)
Un peu plus de mille ans plus tôt, Troie avait été vaincue par la coalition des Achéens, et le Troyen Énée s’était enfui. Après une traversée périlleuse, le fugitif voulut s’installer en Italie.
Virgile s’inspire ainsi du retour d’Ulysse chanté par Homère sept siècles avant lui, mais la perspective est inversée: tandis qu’Ulysse rentra en vainqueur dans son royaume qu’il devait reconquérir, Énée arriva en vaincu sur une terre inconnue, le Latium, qu’il devait conquérir.
À l’annonce du débarquement de la petite armée conduite par le Troyen, le général Turnus, bouillant neveu du roi Latinus, se rua sur son adversaire. Il trouva quand même le temps de haranguer ses troupes : « Vous pouvez culbuter l’ennemi sous vos coups. Mars en personne est entre vos mains (…). Courons de nous-mêmes à la mer, pendant que, tout tremblants, ils font leurs premiers pas sur le sol ! La fortune sourit aux audacieux ! »
Mais le Latin téméraire fut tué par le Troyen en combat singulier.
Le vers, immortalisé par Virgile dans un sens ironique, était déjà un dicton très populaire, employé auparavant par Térence (vers 190-159 av. J.-C.) et par Cicéron (106-43 av. J.-C.). Il était si populaire que l’orateur le citait en abrégé !
Mais chez Virgile, ces mots avaient également un sens politique contemporain, aujourd’hui oublié. En effet, une douzaine d’années plus tôt, la fortune avait fui Marc Antoine, qui avait la réputation d’être un grand audacieux, mais parfois imprudent et brouillon.
Une sorte de nouveau Turnus. En revanche, elle avait souri à son adversaire Octave Auguste, certes audacieux, mais toujours réfléchi. L’Énéide est donc aussi une célébration du culte impérial rendu au nouvel Énée, digne successeur du roi Latinus (Jules César).