mercredi 30 avril 2014

30 avril 1524 : mort de Bayard

Lors d’un combat contre les troupes de Charles Quint, un coup d’arquebuse tiré par un soldat anonyme tue le chevalier Pierre Terrail, seigneur de Bayard, homme de guerre français, qui en 1515 contribua d’une manière décisive à la victoire de Marignan.
Modèle des vertus du courage et d’honneur militaire, il fut surnommé le « chevalier sans peur et sans reproches ».
Avec lui meurt l’idéal du combat chevaleresque favorisant l’affrontement des vertus, des honneurs et des valeurs individuelles.
Invincible à l’épée, Bayard n’a rien pu contre le mortel hasard d’une rencontre avec une balle ennemie.
L’admiration suscitée par le chevalier Bayard, à la fois de son vivant et longtemps après sa mort, peut être rapprochée de celle inspirée par les épopées de Jeanne d’Arc ou Bertrand Du Guesclin.
Détails sur sa fin :
Bayard est mortellement blessé par un coup d’escopette dans le dos le , à Romagnano Sesia (Novara) ou Rovasenda (Vercelli), tandis qu’il couvre la retraite de l’armée française.
La colonne vertébrale brisée, il enjoint à ses compagnons de le quitter et leur dit : « Je n’ai jamais tourné le dos devant l’ennemi, je ne veux pas commencer à la fin de ma vie ».
Le connétable de Bourbon, qui s’était retourné contre le roi de France, poursuit les Français à la tête des troupes de Charles Quint. Il vient devant Bayard et dit :
— « Ah ! Monsieur de Bayard, que j’ai grand-pitié de vous voir en cet état, vous qui fûtes si vertueux chevalier ! »
— « Monsieur, » répondit le mourant, « il n’est besoin de pitié pour moi, car je meurs en homme de bien ; mais j’ai pitié de vous, car vous servez contre votre prince et votre patrie ! ».
Il agonise dans le camp adverse, pleuré par ses ennemis.
Son corps est ramené en France et, après des obsèques solennelles à la cathédrale de Grenoble, il est enterré au couvent des Minimes de Saint-Martin-d’Hères (près de Grenoble). Ses restes présumés sont transférés le en la Collégiale Saint-André de Grenoble.

Ernst JÜNGER et l'écriture de la guerre

Pourquoi les USA avaient besoin d'un printemps arabe avant la 3ème guerr...

mardi 29 avril 2014

Passé Présent #10

Albert Camus et l’ordre du monde

Qu’est ce qui caractérise la pensée d’Albert Camus ? L’amour du monde et le souci de l’homme. En d’autres termes, c’est l’amour du monde et le souci de la justice. Plus encore, il convient de dire : l’amour du monde et le souci d’être juste. La justice n’est en effet pas une question extérieure à l’homme, c’est une exigence qu’il incombe à chacun de porter. De là est issue la conception camusienne de la responsabilité de l’homme. Il en ressort que l’écrivain Albert Camus rejette l’historicicisme. Il y a chez Camus une double dimension : éthique, et c’est le souci d’être juste qui doit animer l’homme, et esthétique. C’est cette vision esthétique qui va retenir notre attention. C’est la vision du monde de Camus, l’ordre du monde selon Camus.
Jean-Paul Sartre et Françis Jeanson ont reproché à Camus son « incompétence philosophique ». La mesure et la limite ne font pas une philosophie, suggèrent-ils. Mais Camus est loin de se borner à l’éloge au demeurant nécessaire de la limite, de la prudence (la phronesis) et au refus de la démesure (l’hubris).
Albert Camus refuse le culte de l’histoire, il récuse « ce jouet malfaisant qui s’appelle le progrès » et en refusant le culte de l’histoire rejette « les puissances d’abstraction et de mort ». Au-delà de l’histoire et du progrès, c’est au culte de la raison qu’il refuse de sacrifier. « Je ne crois pas assez à la raison pour croire à un système », affirme-il. Camus choisit donc le monde contre l’histoire même si un jour il affirma le contraire (dans Le mythe de Sisyphe). En conséquence, il n’y a pour lui pas de violence légitime pour des raisons métaphysiques. La violence peut être nécessaire à un moment donné, rien de plus. L’histoire n’efface jamais la responsabilité humaine. Pourquoi ? Parce que c’est le monde, c’est le cosmos qui est à l’origine de tout, et non l’histoire. 
A deux reprises, Albert Camus met en exergue des paroles d’Hölderlin. Dans L’Homme révolté il est question de « la terre grave et souffrante », dans L’été Camus écrit qu’un homme est « né pour un jour limpide ». L’œuvre de Camus est d’inspiration cosmique : « le vent finit toujours par y vaincre l’histoire » (Noces). Camus retourne même la formule de Terence « rien de ce qui est humain ne m’est étranger » pour expliquer que « rien de ce qui est barbare ne nous est étranger ». Camus fait l’éloge d’une « heureuse barbarie » initiale, primordiale. C’est que les puissances du monde renferment un « être plus secret ». La pensée de Camus est inspirée par « les jeux du soleil et de la mer ». Cela nous renvoie au quadriparti (Das Geviert) de Heidegger. Il s’agit des quatre « régions » du monde : la terre, le ciel, les hommes (les mortels) et les dieux (les immortels). 
Chez Camus, le soleil renvoie au ciel, la mer renvoie à la terre. Restent les hommes et les dieux. « Les soupirs conjugués de la terre et du ciel couvrent les voix des dieux et exténuent les paroles des hommes » dit à ce propos Jean François Mattéi. Quand l’histoire se fait oublier (et le monde aide à vite l’oublier), il ne reste qu’un « grand silence lourd et sans fêlure ». Il y a un jeu amoureux entre la terre et le ciel, un ballet, une symphonie, un soupir réciproque, et n’oublions pas à ce moment que Camus avait travaillé sur Plotin, chez qui le soupir est une notion centrale. On pense aussi à Rainer Maria Rilke : «  Sur le soupir de l'amie / toute la nuit se soulève, / une caresse brève / parcourt le ciel ébloui. / C'est comme si dans l'univers / une force élémentaire / redevenait la mère / de tout amour qui se perd. » (Vergers).
Albert Camus évoque souvent « la grande respiration du monde », « le chant de la terre entière », la présence physique de la terre (et il ne faut pas oublier que cela inclue la mer chez Camus, c’est-à-dire le proche, le sensible, le charnel). Camus parle encore de la « vie à goût de pierre chaude ». Chaque jour, la terre renouvelle, dans ses noces avec le ciel, le miracle du premier matin du monde. Tout est écrit dans la description de cette fenêtre que fait Camus dans L’envers et l’endroit (1938) ; c’est une fenêtre par laquelle il voit un jardin, sent la « jubilation de l’air », voit cette « joie épandue sur le monde », sent le soleil entrer dans la pièce, l’habitat de l’homme envahi par l’ivresse du monde, le « ciel mêlé de larmes et de soleil », l’homme saisi par le cosmos, écoutant la leçon du soleil. C’est l’homme et sa pitié qui reçoivent le don royal de la plénitude du monde et c’est pourquoi il faut « imaginer Sisyphe heureux » (comme l’a dit le philosophe Kuki Shuzo avant Camus). Cet embrasement du monde amène les noces de l’homme et de la terre. C’est cela qu’il faut préserver.
Dans le quadriparti, il y a un équilibre à connaitre et à respecter. Le nazisme et, d’une manière générale, les totalitarismes ont consisté en une alliance entre les hommes et de faux dieux, des idoles en fait (la race, la société sans classe) au détriment de la terre c’est-à-dire du proche, du concret, du charnel, de l’immanent, et aussi au détriment du ciel, c’est-à-dire du transcendant. C’est pourquoi Camus ne choisit pas l’histoire contre le totalitarisme, c’est-à-dire une histoire contre une autre ; il choisit la justice comme figure humaine de la terre. « J’ai choisi la justice au contraire pour rester fidèle à la terre. » écrit-il dans Lettres à un ami allemand.
Ciel et terre, l’un n’est pas concevable sans l’autre, la terre se tourne vers le ciel, le ciel se penche sur la terre. Les noces du ciel et de la terre orchestrent celles de tout le quadriparti, c’est à dire incluent les vivants mortels que sont les hommes et les vivants immortels que sont les dieux. Ce sont ce que René Char appelle les « noces de la grenade cosmique ». 
Chez Camus, cet ensemble prend une tournure particulière. Le ciel, c’est le père, ce père que Camus n’a pas connu et qui reste donc pour lui un silence, une énigme, tandis que la terre, c’est sa mère, et c’est la mer, l’élément liquide aussi, la mer dans laquelle on se baigne, et la mer d’où vient la vie. Ciel et terre, cela veut dire père et mère : le père de Camus était mort et sa mère, illettrée, ne savait déchiffrer les signes des hommes. 
Les dieux, quant à eux, font signe mais ne disent rien et bien fol est celui qui croit savoir quel message ils délivreraient s’il leur convenait d’en signifier un. Pour Camus, comme pour Hölderlin, nous ne venons pas du ciel, la terre est « le pays natal » et c’est le but : « ce que tu cherches cela est proche et vient déjà à ta rencontre. » dit Hölderlin. 
Où habitent les hommes et les dieux ? Dans l’entre-deux entre le ciel et la terre. L’Ouvert, c’est justement ce qui permet d’accueillir hommes et dieux, gestes des hommes et signes des dieux. Notre patrie est là, terre et ciel, terre sous le ciel, terre grande ouverte vers le ciel, « au milieu des astres impersonnels », écrit René Char, si souvent proche de Camus. 
Mais voilà que risque de s’éteindre le chant nuptial du ciel, nous dit Camus, cette grande danse du quadriparti. Voici que s’absentent les dieux, et voici que les hommes oublient d’être au monde. Voici que l’homme, à sa fenêtre, ne découvre plus que sa propre image. Que sont les gestes des hommes sans signes divins ? Ces gestes ne peuplent plus l’Ouvert du sacré. Les dieux ne font plus lien entre le ciel et la terre. La terre ne fait alors plus signe vers le ciel. Aux hommes, la terre ne parle plus. Il ne reste que les grands « cris de pierre ». 
Or, quand plus rien ne fait signe, c’est alors que les gestes deviennent insensés, c’est le meurtre gratuit de l’Arabe par Meursault dans L’étranger (en ce sens, qui est Meursault ? Celui qui ne triche pas, celui qui déchire le voile social. Il refuse les facilités sociales qui trouvent trop facilement un sens au monde), alors, ce sont les totalitarismes sanglants, alors, maintenant, c’est le totalitarisme liquide de notre époque, c’est le rêve insensé d’une plasticité totale de l’homme et l’idéologie « pourtoussiste » (mariage pour tous, procréation pour tous, choix de son sexe pour tous), comme si de petites gesticulations humaines pouvaient remplacer le grand murmure du monde. Nous sommes maintenant loin de Friedrich Hölderlin qui disait dans La mort d’Empédocle : « Et ouvertement je vouai mon coeur à la terre grave et souffrante, et souvent, dans la nuit sacrée, je lui promis de l’aimer fidèlement jusqu’à la mort, sans peur, avec son lourd fardeau de fatalité, et de ne mépriser aucune de ses énigmes. Ainsi, je me liai à elle d’un lien mortel. » 
Oui, la beauté, c’est-à-dire en un sens la vérité de l’amour, a déserté le monde, mais nous savons une chose, elle est aussi réelle que le monde lui-même, nous ne savons pas si elle « sauvera le monde » mais nous savons que le monde ne se sauvera pas sans elle.
Pierre Le Vigan - Conférence au Cercle George Orwell, 9 avril 2014.

Les matrices préhistoriques des civilisations antiques dans l'œuvre posthume de Spengler:

Atlantis, Kasch et Turan 
Généralement, les morphologies de cultures et de civilisations proposées par Spengler dans son ouvrage le plus célèbre, Le déclin de l'Occident, sont les seules à être connues. Pourtant, ses positions ont changé après l'édition de cette somme. Le germaniste italien Domenico Conte en fait état dans son ouvrage récent sur Spengler. En effet, une étude plus approfondie des textes posthumes édités par Anton Mirko Koktanek, notamment Frühzeit der Weltgeschichte, qui rassemble les fragments d'une œuvre projetée mais jamais achevée, L'épopée de l'Homme.
Dans la phase de ses réflexions qui a immédiatement suivi la parution du Déclin de l'Occident, Spengler distinguait quatre stades dans l'histoire de l'humanité, qu'il désignait tout simplement par les quatre premières lettres de l'alphabet: a, b, c et d. Le stade “a” aurait ainsi duré une centaine de milliers d'années, aurait recouvert le paléolithique inférieur et accompagné les premières phases de l'hominisation. C'est au cours de ce stade qu'apparaît l'importance de la “main” pour l'homme. C'est, pour Spengler, l'âge du Granit. Le stade “b” aurait duré une dizaine de milliers d'années et se situerait au paléolithique inférieur, entre 20.000 et 7000/6000 avant notre ère. C'est au cours de cet âge que naît la notion de vie intérieure; apparaît “alors la véritable âme, inconnue des hommes du stade “a” tout comme elle est inconnue du nouveau-né”. C'est à partir de ce moment-là de son histoire que l'homme “est capable de produire des traces/souvenirs” et de comprendre le phénomène de la mort. Pour Spengler, c'est l'âge du Cristal. Les stades “a” et “b” sont anorganiques.
Le stade “c” a une durée de 3500 années: il commence avec le néolithique, à partir du sixième millénaire et jusqu'au troisième. C'est le stade où la pensée commence à s'articuler sur le langage et où les réalisations techniques les plus complexes deviennent possibles. Naissent alors les “cultures” dont les structures sont de type “amibien”. Le stade “d” est celui de l'“histoire mondiale” au sens conventionnel du terme. C'est celui des “grandes civilisations”, dont chacune dure environ 1000 ans. Ces civilisations ont des structures de type “végétal”. Les stades “c” et “d” sont organiques.
Spengler préférait cette classification psychologique-morphologique aux classifications imposées par les directeurs de musée qui subdivisaient les ères préhistoriques et historiques selon les matériaux utilisés pour la fabrication d'outils (pierre, bronze, fer). Spengler rejette aussi, à la suite de cette classification psychologique-morphologique, les visions trop évolutionnistes de l'histoire humaine: celles-ci, trop tributaires des idéaux faibles du XVIIIième siècle, induisaient l'idée “d'une transformation lente, flegmatique” du donné naturel, qui était peut-être évidente pour l'Anglais (du XVIIIième), mais incompatible avec la nature. L'évolution, pour Spengler, se fait à coup de catastrophes, d'irruptions soudaines, de mutations inattendues. «L'histoire du monde procède de catastrophes en catastrophes, sans se soucier de savoir si nous sommes en mesure de les comprendre. Aujourd'hui, avec H. de Vries, nous les appelons “mutations”. Il s'agit d'une transformation interne, qui affecte à l'improviste tous les exemplaires d'une espèce, sans “causes”, naturellement, comme pour toutes les choses dans la réalité. Tel est le rythme mystérieux du réel» (L'homme et la technique). Il n'y a donc pas d'évolution lente mais des transformations brusques, “épocales”. Natura facit saltus.
Trois cultures-amibes
 Dans le stade “c”, où émergent véritablement les matrices de la civilisation humaine, Spengler distingue trois “cultures-amibes”: Atlantis, Kasch et Turan. Cette terminologie n'apparaît que dans ses écrits posthumes et dans ses lettres. Les matrices civilisationnelles sont “amibes”, et non “plantes”, parce que les amibes sont mobiles, ne sont pas ancrées dans une terre précise. L'amibe est un organisme qui émet continuellement ses pseudopodes dans sa périphérie, en changeant sans cesse de forme. Ensuite, l'amibe se subdivise justement à la façon des amibes, produisant de nouvelles individualités qui s'éloignent de l'amibe-mère. Cette analogie implique que l'on ne peut pas délimiter avec précision le territoire d'une civilisation du stade “c”, parce que ses émanations de mode amibien peuvent être fort dispersées dans l'espace, fort éloignées de l'amibe-mère.
“Atlantis” est l'“Ouest” et s'étend de l'Irlande à l'Egypte; “Kasch” est le “Sud-Est”, une région comprise entre l'Inde et la Mer Rouge. “Turan” est le “Nord”, s'étendant de l'Europe centrale à la Chine. Spengler, explique Conte, a choisi cette terminologie rappelant d'“anciens noms mythologiques” afin de ne pas les confondre avec des espaces historiques ultérieurs, de type “végétal”, bien situés et circonscrits dans la géographie, alors qu'eux-mêmes sont dispersés et non localisables précisément.
Spengler ne croit pas au mythe platonicien de l'Atlantide, en un continent englouti, mais constate qu'un ensemble de sédiments civilisationnels sont repérables à l'Ouest, de l'Irlande à l'Egypte. ‘Kasch” est un nom que l'on retrouve dans l'Ancien Testament pour désigner le territoire de l'antique Nubie, région habitée par les Kaschites. Mais Spengler place la culture-amibe “Kasch” plus à l'Est, dans une région s'articulant entre le Turkestan, la Perse et l'Inde, sans doute en s'inspirant de l'anthropologue Frobenius. Quant à “Turan”, c'est le “Nord”, le haut-plateau touranique, qu'il pensait être le berceau des langues indo-européennes et ouralo-altaïques. C'est de là que sont parties les migrations de peuples “nordiques” (il n'y a nulle connotation racialisante chez Spengler) qui ont déboulé sur l'Europe, l'Inde et la Chine.
Atlantis: chaude et mobile; Kasch: tropicale et repue
 Atlantis, Kasch et Turan sont des cultures porteuses de principes morphologiques, émergeant principalement dans les sphères de la religion et des arts. La religiosité d'Atlantis est “chaude et mobile”, centrée sur le culte des morts et sur la prééminence de la sphère ultra-tellurique. Les formes de sépultures, note Conte, témoignent du rapport intense avec le monde des morts: les tombes accusent toujours un fort relief, ou sont monumentales; les défunts sont embaumés et momifiés; on leur laisse ou apporte de la nourriture. Ce rapport obsessionnel avec la chaîne des ancêtres porte Spengler à théoriser la présence d'un principe “généalogique”. Les expressions artistiques d'Atlantis, ajoute Conte, sont centrées sur les constructions de pierre, gigantesques dans la mesure du possible, faites pour l'éternité, signes d'un sentiment de la vie qui n'est pas tourné vers un dépassement héroïque des limites, mais vers une sorte de “complaisance inerte”.
Kasch développe une religion “tropicale” et “repue”. Le problème de la vie ultra-tellurique est appréhendé avec une angoisse nettement moindre que dans Atlantis, car, dans la culture-amibe de Kasch domine une mathématique du cosmos (dont Babylone sera l'expression la plus grandiose), où les choses sont d'avance “rigidement déterminées”. La vie d'après la mort suscite l'indifférence. Si Atlantis est une “culture des tombes”, en Kasch, les tombes n'ont aucune signification. On y vit et on y procrée mais on y oublie les morts. Le symbole central de Kasch est le temple, d'où les prêtres scrutent la mathématique céleste. Si en Atlantis domine le principe généalogique, si les dieux et les déesses d'Atlantis sont père, mère, fils, fille, en Kasch, les divinités sont des astres. Y domine un principe cosmologique.
Turan: la civilisation des héros
 Turan est la civilisation des héros, animée par une religiosité “froide”, axée sur le sens mystérieux de l'existence. La nature y est emplie de puissances impersonnelles. Pour la culture-amibe de Turan, la vie est un champ de bataille: “pour l'homme de ce Nord (Achille, Siegfried)”, écrit Spengler, “seule compte la vie avant la mort, la lutte contre le destin”. Le rapport hommes/divin n'est plus un rapport de dépendance: “la prostration cesse, la tête reste droite et haute; il y a “moi” (homme) et vous (les dieux)”. Les fils sont appelés à garder la mémoire de leurs pères mais ne laissent pas de nourriture à leurs cadavres. Pas d'embaumement ni de momification dans cette culture, mais incinération: les corps disparaissent, sont cachés dans des sépultures souterraines sans relief ou dispersés aux quatre vents. Seul demeure le sang du défunt, qui coule dans les veines de ses descendants. Turan est donc une culture sans architecture, où temples et sépultures n'ont pas d'importance et où seul compte un sens terrestre de l'existence. L'homme vit seul, confronté à lui-même, dans sa maison de bois ou de torchis ou dans sa tente de nomade.
Le char de combat
 Spengler porte toute sa sympathie à cette culture-amibe de Turan, dont les porteurs aiment la vie aventureuse, sont animés par une volonté implaccable, sont violents et dépourvus de sentimentalité vaine. Ils sont des “hommes de faits”. Les divers peuples de Turan ne sont pas liés par des liens de sang, ni par une langue commune. Spengler n'a cure des recherches archéologiques et linguistiques visant à retrouver la patrie originelle des Indo-Européens ou à reconstituer la langue-source de tous les idiomes indo-européens actuels: le lien qui unit les peuples de Turan est technique, c'est l'utilisation du char de combat. Dans une conférence prononcée à Munich le 6 février 1934, et intitulée Der Streitwagen und seine Bedeutung für den Gang der Weltgeschichte (= Le char de combat et sa signification pour le cours de l'histoire mondiale), Spengler explique que cette arme constitue la clef pour comprendre l'histoire du second millénaire avant J.C.. C'est, dit-il, la première arme complexe: il faut un char (à deux roues et non un chariot à quatre roues moins mobile), un animal domestiqué et attelé, une préparation minutieuse du guerrier qui frappera désormais ses ennemis de haut en bas. Avec le char naît un type d'homme nouveau. Le char de combat est une invention révolutionnaire sur le plan militaire, mais aussi le principe formateur d'une humanité nouvelle. Les guerriers deviennent professionnels, tant les techiques qu'ils sont appelés à manier sont complexes, et se rassemblent au sein d'une caste qui aime le risque et l'aventure; ils font de la guerre le sens de leur vie.
L'arrivée de ces castes de “charistes” impétueux bouleversent l'ordre de cette très haute antiquité: en Grèce, ils bousculent les Achéiens, s'installent à Mycène; en Egypte, ce sont les Hyksos qui déferlent. Plus à l'Est, les Cassites se jettent sur Babylone. En Inde, les Aryens déboulent dans le sous-continent, “détruisent les cités” et s'installent sur les débris des civilisations dites de Mohenjo Daro et d'Harappa. En Chine, les Tchou arrivent au nord, montés sur leurs chars, comme leurs homologues grecs et hyksos. A partir de 1200, les principes guerriers règnent en Chine, en Inde et dans le monde antique de la Méditerranée. Les Hyksos et les Kassites détruisent les deux plus vieilles civilisations du Sud. Emergent alors trois nouvelles civilisations portées par les “charistes dominateurs”: la civilisation greco-romaine, la civilisation aryenne d'Inde et la civilisation chinoise issue des Tchou. Ces nouvelles civilisations, dont le principe est venu du Nord, de Turan, sont “plus viriles et énergiques que celles nées sur les rives du Nil et de l'Euphrate”. Mais les guerriers charistes succomberont aux séductions du Sud amollissant, déplore Spengler.
Un substrat héroïque commun
 Cette théorie, Spengler l'a élaborée en accord avec le sinologue Gustav Haloun: il y a eu quasi simultanéité entre les invasions de Grèce, des Hyksos, de l'Inde et de la Chine. Spengler et Haloun estiment donc qu'il y a un substrat commun, guerrier et chariste, aux civilisations méditerranéenne, indienne et chinoise. Ce substrat est “héroïque”, comme le prouve les armes de Turan. Elles sont différentes de celles d'Atlantis: ce sont, outre le char, l'épée ou la hache, impliquant des duels entre combattants, alors qu'en Atlantis, les armes sont l'arc et la flèche, que Spengler juge “viles” car elles permettent d'éviter la confrontation physique directe avec l'adversaire, “de le regarder droit dans les yeux”. Dans la mythologie grecque, estime Spengler, arc et flèches sont autant d'indices d'un passé et d'influences pré-helléniques: Apollon-archer est originaire d'Asie Mineure, Artemis est libyque, tout comme Héraklès, etc. Le javelot est également “atlante”, tandis que la lance de choc est “touranique”. Pour comprendre ces époques éloignées, l'étude des armes est plus instructive que celle des ustensiles de cuisine ou des bijoux, conclut Spengler.
L'âme touranique dérive aussi d'un climat particulier et d'un paysage hostile: l'homme doit lutter sans cesse contre les éléments, devient ainsi plus dur, plus froid et plus hivernal. L'homme n'est pas seulement le produit d'une “chaîne généalogique”, il l'est tout autant d'un “paysage”. La rigueur climatique développe la “force de l'âme”. Les tropiques amolissent les caractères, les rapprochent d'une nature perçue comme plus maternante, favorisent les valeurs féminines.
Les écrits tardifs de Spengler et sa correspondance indiquent donc que ses positions ont changé après la parution du Déclin de l'Occident, où il survalorisait la civilisation faustienne, au détriment notamment de la civilisation antique. La focalisation de sa pensée sur le “char de combat” donne une dimension nouvelle à sa vision de l'histoire: l'homme grec et l'homme romain, l'homme indien-aryen et l'homme chinois, retrouvent tous grâce à ses yeux. La momification des pharaons était considérée dans Le déclin de l'Occident, comme l'expression égyptienne d'une volonté de durée, qu'il opposait à l'oubli impliqué par l'incinération indienne. Plus tard, la momification “atlante” déchoit à ses yeux au rang d'une obsession de l'au-delà, signalant une incapacité à affronter la vie terrestre. L'incinération “touranique”, en revanche, indique alors une volonté de concentrer ses efforts sur la vie réelle.
Un changement d'optique dicté par les circonstances ?
 La conception polycentrique, relativiste, non-eurocentrique et non-évolutionniste de l'histoire chez le Spengler du Déclin de l'Occident a fasciné des chercheurs et des anthropologues n'appartenant pas aux milieux de la droite allemande, notamment Alfred L. Kroeber ou Ruth F. Benedict. L'insistance sur le rôle historique majeur des castes de charistes de combat donne à l'œuvre tardive de Spengler une dimension plus guerrière, plus violente, plus mobile que ne recelait pas encore son Déclin. Doit-on attribuer ce changement de perspective à la situation de l'Allemagne vaincue, qui cherche à s'allier avec la jeune URSS (dans une perspective eurasienne-touranienne?), avec l'Inde en révolte contre la Grande-Bretagne (qu'il incluait auparavant dans la “civilisation faustienne”, à laquelle il donnera ensuite beaucoup moins d'importance), avec la Chine des “grands chefs de guerre”, parfois armés et encadrés par des officiers allemands? Spengler, par le biais de sa conférence, a-t-il cherché à donner une mythologie commune aux officiers ou aux révolutionnaires allemands, russes, chinois, mongols, indiens, afin de forger une prochaine fraternité d'arme, tout comme les “eurasistes” russes tentaient de donner à la nouvelle Russie soviétique une mythologie similaire, impliquant la réconciliation des Turco-Touraniens et des Slaves? La valorisation radicale du corps à corps “touranique” est-elle un écho au culte de l'“assaut” que l'on retrouvait dans le “nationalisme soldatique”, notamment celui des frères Jünger et de Schauwecker?
Enfin, pourquoi n'a-t-il rien écrit sur les Scythes, peuples de guerriers intrépides, maîtres des techniques équestres, qui fascinaient les Russes et sans doute, parmi eux, les théoriciens de l'eurasisme? Dernière question: le peu d'insistance sur les facteurs raciaux dans ce Spengler tardif est-il dû à un sentiment rancunier à l'égard des cousins anglais qui avaient trahi la solidarité germanique et à une mythologie nouvelle, où les peuples cavaliers du continent, toutes ethnies confondues (Mongols, Turco-Touraniens, descendants des Scythes, Cosaques et uhlans germaniques), devaient conjuguer leurs efforts contre les civilisations corrompues de l'Ouest et du Sud et contre les thalassocraties anglo-saxonnes? Les parallèles évident entre la mise en exergue du “char de combat” et certaines thèses de L'homme et la technique, ne sont-ils pas une concession à l'idéologie futuriste ambiante, dans la mesure où elle donne une explication technique et non plus religieuse à la culture-amibe touranienne? Autant de thèmes que l'histoire des idées devra clarifier en profondeur...
Robert STEUCKERS.
Domenico CONTE, Catene di civiltà. Studi su Spengler, Edizioni Scientifiche Italiane, Napoli, 1994, 394 p., Lire 58.000, ISBN 88-7104-242-924-1.

Le « droit de cuissage », un mensonge républicain grossier

« Forgé de toutes pièces par les Républicains, le mythe du droit de cuissage, poncif régulièrement invoqué par les pourfendeurs d’un Ancien Régime y trouvant ainsi un moyen aisé de le discréditer, est encore dans toutes les têtes.
Mis en lumière par nombre d’historiens du XVIIIe siècle, le prétendu droit que s’arrogeait le seigneur de passer la première nuit avec la nouvelle mariée, offrit aux Révolutionnaires un argument de poids pour stigmatiser le régime féodal, et fit l’objet d’une virulente polémique au XIXe siècle : d’amalgames en approximations naquit une croyance tenace.
Appelé droit du seigneur, de jambage, de prélibation, de markette ou de culage, le droit de cuissage fut présenté comme ayant existé par certains auteurs du XVIIIe siècle. Voltaire écrivait ainsi qu’au XIIIe siècle, les usages les plus ridicules et les plus barbares étaient alors établis, et que les seigneurs avaient imaginé le droit de cuissage consistant à coucher la première nuit avec les nouvelles mariées leurs vassales roturières…
Le droit de cuissage n’est qu’un mythe, colporté par les philosophes des lumières, puis complaisamment repris par les auteurs républicains du XIX° siècle, à qui nous devons déjà plusieurs fariboles célèbres, telles que « nos ancêtres les Gaulois », « au Moyen Age les gens ne se lavaient pas », etc…
Cette étrange coutume fut dénoncée pour la première fois au cours du XVIIIè siècle par les philosophes des lumières. Voltaire, dans le Dictionnaire philosophique, à l’article « Cuissage ou Cullage », révéla que certains seigneurs du Moyen âge n’auraient pas hésité à avoir des relations sexuelles avec les épouses de leurs sujets. Toutefois, Voltaire indiquait lui même que cette pratique tyrannique ne fut jamais approuvée par la loi…
Ce n’est qu’au cours du XIX° siècle que le droit de cuissage apparut sous un nouveau jour, sous la plume de certains auteurs. Ainsi, ces derniers, sans même se baser sur des sources d’époque, fustigèrent sans retenue cette soi-disant coutume moyenâgeuse. Mais rappelons qu’à cette date, l’objectif de ces auteurs républicains était de « noircir » l’époque médiévale et d’encenser la République, afin que les jeunes générations ne souhaitent pas retrouver une France d’avant la Révolution. »
Pierre Monteil – Les Mensonges de l’Histoire (2012)

lundi 28 avril 2014

La Voix de la Russie - La Monarchie sauverait-elle la France ? (+playlist)

Illuminati…

Les Illuminatis ? Cette secte née en Bavière au dix-huitième siècle continue d’intriguer.
Un nouveau livre y est consacré. En voici quelques extraits afin de commencer à aborder le sujet.
[EXTRAITS] Leur symbole
« Lorsqu’ils (les novices) accèdent enfin au premier grade de l’Ordre, ils prennent le nom de Minervaux, autrement dit de disciples de Minerve, déesse romaine de la guerre mais aussi de la sagesse. L’animal symbolique qui l’accompagne est le hibou ou la chouette, réputé voir dans l’obscurité. C’est traditionnellement l’animal totémique des philosophes (ou « amis de la sagesse ») et les Illuminati l’adoptent pour emblème, symbole de la lumière balayant les ténèbres, que l’on trouve représenté sur nombre de bijoux de l’Ordre. »
Nom de guerre : Spartacus
« Dans l’esprit de cet homme de vingt-huit ans, le recrutement des membres devra obéir à des critères d’une grande exigence, tandis que leurs travaux devront atteindre des sommets de rigueur en matière philosophique et scientifique. Enfin, la société visera à améliorer concrètement le sort de l’humanité, fût-ce au prix d’une lenteur titanesque. [...] Weishaupt recrute, pour commencer, ses étudiants les plus doués et les plus ouverts aux idées nouvelles. Le 1er mai 1776, les fondateurs se réunissent, à l’instigation de Weis-haupt… dans sa propre chambre. Ils sont cinq en tout et pour tout : lui-même et quatre de ses étudiants. Ils adoptent l’appellation d’Illuminatenorden ou Ordre des Illuminés, soit, en latin, Illuminati. La lumière (Licht) [...] évoque également l’Aufklärung, l’éclaircissement, mot d’ordre du mouvement d’idées qui, à l’époque, commence à remuer les consciences les plus éveillées. L’Europe des Lumières se lève, et Weishaupt [...] se situe résolument dans ce courant d’avant-garde, auquel le clergé local, sentant son pouvoir mis en danger, va s’opposer de toutes ses forces et par tous les moyens, à commencer par la censure intellectuelle. C’est également la raison pour laquelle Weishaupt souhaite recruter les membres de son Ordre avec la plus grande prudence : la moindre indiscrétion mettrait en danger non seulement la société qu’il vient de créer, mais aussi sa propre carrière d’enseignant en droit canonique, déjà en butte à différentes vexations parce qu’il n’appartient pas au parti dominant et que son enseignement est jugé subversif. Ce climat particulier explique également en partie la raison pour laquelle les cinq membres fondateurs s’attribuent, comme le feront les affiliés à venir, un « nom de guerre ». Weishaupt, dans la société des Illuminés, s’appelle désormais Spartacus. Un patronyme qui en dit long, puisqu’il est emprunté au chef de la révolte des esclaves qui, entre 73 et 71 avant Jésus-Christ, fit trembler Rome.
Très vite, l’Ordre tente de s’agréger des jeunes gens au profil intéressant, susceptibles d’occuper des fonctions officielles dans un proche avenir, ou des rejetons de la noblesse disposant de moyens importants, utiles au développement de l’organisation. Cependant, en 1778, deux ans après sa fondation, la société ne compte encore que dix-neuf membres. Ceci est probablement dû, en grande partie, à la longue période d’observation, ou de surveillance, à laquelle sont astreints les « novices » avant d’être effectivement intégrés dans l’Ordre… Ajoutons que le procédé doit sans doute également beaucoup à une dérive un peu paranoïaque de l’esprit de Weishaupt, régulièrement obsédé par l’espionnite. [...] Mais le développement de l’Ordre patine. »

TVL : Spéciale Indochine avec Roger Holeindre

Radio Courtoisie - Jacques Hogard 20140328

dimanche 27 avril 2014

Prisonniers du FLN, Raphaëlle Branche (Guerre d'Algérie)

Documentaire - Le crepuscule des Celtes

1954 61 les bombes H de la guerre froide (Documentaire ARTE)

1820 : "L'enfant du miracle"

Cette année-là, Louis XVIII, soixante-cinq ans, roi de France de jure depuis la mort de son neveu Louis XVII en 1795, roi effectif depuis 1814 (sauf de mars à juin 1815 pendant les funestes Cent Jours napoléoniens), avait mérité la reconnaissance des Français en empêchant quatre ans plus tôt, par sa prudence et sa détermination, le démembrement de la France, en activant l'évacuation des armées étrangères et en reconstituant, avec l'aide du baron Louis, les finances du pays. La restauration avançait dans tous les domaines. Comme le montre Jacques Bainville, le roi s'était toutefois fait illusion sur la possibilité en France d'un régime d'assemblées. En octroyant la Charte, il avait donné à la classe politique le goût d'oublier dans les jeux parlementaires le service de la France. Depuis le renvoi en 1816 de la chambre des députés à majorité royaliste, dite "chambre introuvable", et l'arrivée au pouvoir du "modéré" Decazes qui n'hésitait pas, au nom du juste milieu, à se servir de la gauche pour battre "l'extrême droite", le parti libéral se commettait avec une gauche s'affichant de plus en plus antidynastique. Il s'en était suivi toute une agitation de tribune, relayée par une presse fort turbulente, dont le rôle venait d'être encore accru fin 1819 par une loi fort libérale à son sujet.
Joie et espérance
De son côté le roi venait de mettre au pas la Chambre des pairs, considérée comme "ultra", tandis que l'élection à Grenoble de l'ancien évêque constitutionnel l'abbé Grégoire qui avait, certes non pas voté, mais réclamé la mort de Louis XVI, constituait une véritable insulte à la monarchie. Ouvrant quelque peu les yeux sur la fragilité de l'utopie du juste milieu, Decazes entreprit alors de modifier la loi électorale de façon à défavoriser la moyenne bourgeoisie tout acquise au libéralisme. Le projet de loi devait être déposé à la Chambre le 14 février 1820.
Or, dans la nuit du dimanche 13, le neveu du roi, le duc de Berry, fils du comte d'Artois, fut poignardé sur les marches de l'Opéra, rue de Richelieu, alors qu'il venait de raccompagner son épouse à sa voiture. L'assassin, vite rattrapé, se nommait Louis-Pierre Louvel, sellier aux écuries royales. Il déclara aussitôt qu'il avait voulu par son geste éteindre la « tige féconde et régénératrice » de la race « maudite » des Bourbons. Bien qu'il eût toujours dit qu'il avait agi seul, un véritable danger révolutionnaire se dessina jusque dans la rue les jours suivants, et l'on rendit Decazes responsable par son laxisme de la mort du prince.
Une mort d'autant plus catastrophique que l'autre neveu de Louis XVIII, Louis-Antoine, duc d'Angoulême (1775-1851), n'ayant pas eu d'enfant de son mariage avec sa cousine Marie-Thérèse-Charlotte (Madame Royale), fille de Louis XVI, tout l'avenir de la dynastie reposait sur le défunt Charles-Ferdinand, duc de Berry, né en 1778, qui avait épousé en 1816 Marie-Caroline de Bourbon, fille de François Ier roi des Deux- Siciles, née à Naples en 1798, et dont il n'avait pour le moment qu'une fille, Louise-Marie-Thérèse, née en 1819 (future duchesse de Parme). La branche aînée paraissait quelque peu étriquée, en comparaison avec la famille du fils de Philippe Égalité, Louis-Philippe, duc d'Orléans, qui, au Palais-Royal, tout près des Tuileries, ne cachait pas sa fierté des trois garçons que lui avait déjà donnés son épouse Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, nièce par sa mère de la reine Marie-Antoinette et tante de la jeune duchesse de Berry !
Toutefois le sinistre Louvel, condamné à mort le 6 juin 1820 et guillotiné le 7, mourut sans savoir que le prince, expirant en grand chrétien, avait demandé sa grâce. Il ne sut pas non plus que son forfait n'avait servi à rien : la duchesse de Berry était enceinte et Dieu voulut qu'elle accouchât le 29 septembre de la même année (jour de la Saint-Michel !) au Palais des Tuileries... enfin d'un garçon : Henri-Charles-Ferdinand-Marie-Dieudonné, duc de Bordeaux.
Avec les jeunes poètes Lamartine et Victor Hugo, avec tout Paris carillonnant, c'est tout le coeur de la France qui se mit à vibrer de joie et d'espérance. Decazes dut se retirer et les libéraux réduire pour un temps leurs exigences. Une souscription publique fut ouverte pour offrir à « l'enfant du miracle » le château de Chambord dont il devait porter le titre avec celui de roi Henri V, après son départ en exil en 1830 à l'âge de dix ans, avec son grand-père comte d'Artois devenu Charles X et son oncle duc d'Angoulême devenu Louis XIX, tous deux abdiquant pour ne pas avoir à faire couler le sang français lors d'une émeute préparée par une bourgeoisie qui n'incarnerait en rien le pays réel français. Quel malheur que ce prince jusqu'à sa mort à Froshdorf en 1883 fût si méconnu des Français dont, en vrai capétien, il aurait si bien compris les besoins – ses déclarations sur les ouvriers en font foi – face aux nouvelles féodalités du capitalisme sans frein !
Michel Fromentoux : L’Action Française 2000 n° 2749 – du 12 au 18 juin 2008

Contes et légendes du communisme français : la légende « résistentialiste »

Dès 1943-1944, plus encore après la libération et jusque dans ces dernières années, le PCF s’est présenté comme le premier parti de la résistance à l’occupant. Premier par le nombre, mais aussi premier par la date de l’engagement. Pourtant, dès 1946 l’ancien président du Conseil, Edouard Daladier révélait que le PCF avait entretenu des relations avec les nazis au début de l’occupation, en juillet 1940, afin d’obtenir la légalisation de la presse, interdite en septembre 1939 par le gouvernement de... ce même Daladier, pour propagande défaitiste. 
Bien entendu, le PCF, par la voix de son numéro deux, Jacques Duclos, démentit bruyamment ces informations, les mettant sur le compte d’une propagande anticommuniste « primaire ». Il ne manque pas d’insister sur « l’appel du 10 juillet », signé de Thorez et de lui-même, et qui inaugurait la résistance des communistes à l’occupant. Or, l’étude attentive de cet appel puis l’ouverture des archives de Moscou montrent au contraire, à cette date de juillet 1940, des relations du PCF avec les Allemands qui sont plutôt compromettantes pour un parti revendiquant la précocité de son entrée en résistance. 
Le 14 juin 1940, alors même que les Allemands entrent dans Paris, Jacques Duclos et Fried y arrivent, venant de Belgique dans une voiture diplomatique. Le 18 juin, au moment même où le général de Gaulle lance à la BBC son premier appel à la résistance, une militante communiste, sur ordre de Duclos, se présente à la propagandastaffel – l’organe de la censure allemande – pour demander la reparution légale de L’Humanité. L’autorisation est accordée le 19 dans l’après-midi alors que le matin même L’Humanité clandestine a diffusé « le communiqué officiel publié par ordre de l’autorité militaire allemande » et que la veille elle appelait à la fraternisation entre ouvriers français et soldats allemands. 
Pendant que les Allemands libèrent de prison les communistes emprisonnés par le gouvernement Daladier pour défaitisme, Otto Abetz, le représentant personnel de Hitler à Paris, reçoit à l’ambassade d’Allemagne, le 26 juin, une délégation communiste avec laquelle il engage des négociations politiques. Le lendemain, Duclos fait parvenir à Abetz un mémorandum qui propose « la répression énergique de toute action tendant à entraîner de nouveau le peuple français dans la guerre » et « la conclusion d’un pacte d’amitié avec l’URSS, qui compléterait le pacte germano-soviétique et constituerait un important facteur de pacification européenne ». Foin de la résistance et vive la pax totalitaria ! 
Les négociations vont se poursuivre avec Abetz jusqu’au milieu du mois d’août et Staline sera régulièrement informé par Duclos de leur évolution, avant de considérer que ce jeu de chat et de souris n’en vaut plus la chandelle. En attendant, les communistes parisiens, croyant à leur retour à la légalité, sont sortis au grand jour, ce qui permettra à la police de Vichy – après feu vert de l’occupant – de les arrêter par centaines en octobre 1940 et de les mettre en camps d’internement qui serviront bientôt de réservoirs d’otages. Non seulement le PCF est « entré en résistance » en cherchant une alliance avec l’occupant, mais sa politique de Gribouille a coûté l’arrestation et bientôt la vie à des centaines de ses militants fusillés comme otages. Nul doute que ce « retard à l’allumage » d’entrée dans la résistance ne fut pas étranger à l’espèce de frénésie antinazie qui, à partir de l’attaque allemande contre l’URSS, poussa Jacques Duclos, le chef du PCF dans la clandestinité, à développer à partir de juillet 1941 un discours ultra-patriotique, voire chauvin, qui allait aboutir à des slogans comme « A chacun son boche ! ». 
Dès avant la libération, le PCF se vantait d’avoir été le premier à engager la lutte armée contre l’occupant, mais il oubliait de préciser dans quelles conditions d’improvisation, pour quels résultats et à quel prix ! 
Dès août 1941, Duclos lança les Jeunesses communistes dans un combat totalement irréaliste contre l’occupant, afin de rattraper le précieux « temps politique » perdu depuis septembre 1939, face au général de Gaulle et à l’ensemble de la résistance. Cette décision se traduisit, à l’été et l’automne 1941, par des actions armées et des sabotages contre l’armée allemande. 
     Très rapidement, elle entraîna d’abord des vagues massives de dizaines d’exécutions d’otages communistes – dont les 50 otages de Chateaubriand et le désormais fameux Guy Môquet – pour chaque soldat allemand blessé ou tué, puis par l’arrestation et l’exécution de dizaines de ces jeunes envoyés au sacrifice. Et tout cela pour six Allemands tués entre juillet 1941 et mars 1942, alors qu’au même moment Hitler perdait des centaines de milliers d’hommes sur le front de l’Est ! 
     Mais Duclos avait démontré sa solidarité avec Moscou et le PCF allait pouvoir critiquer « l’attentisme » de l’ensemble de la résistance qui, sur les conseils du général de Gaulle, estimait que le moment de l’action armée n’était pas encore venu. 
Pendant des décennies, le PCF a nié ces évidences, a continué de colporter ses légendes et a vilipendé les historiens qui mettaient au jour ces vérités. Mais aujourd’hui, après l’ouverture des archives de Moscou ou de la préfecture de police de Paris, ces légendes s’évanouissent en fumée, et comme à tout conte il faut une « morale », nous retiendrons celle-ci : « Tel est pris qui croyait prendre. » 
Stéphane Courtois, Mythes et polémiques de l’histoire

Képler 186f et les mensonges cabalistiques de l’astronomie, par Laurent Glauzy

« Le 17 avril, la Nasa annonçait avec grand bruit la découverte d’une exoplanète (planète en dehors de notre système solaire), baptisée Képler 186f, pouvant accueillir la vie. L’agence gouvernementale responsable du programme spatial des États-Unis entend par ce genre de spéculations et de mensonges habituer nos mentalités à une possibilité extraterrestre dans le cadre de la préparation de la venue de l’Antéchrist qui s’opérera par de faux miracles. (Pour dire les choses directement et sans ambages !)
Toutes ces vérités sont solidement étayées dans mon livre Extraterrestres, les messagers du New Age, expliquant entre autres pourquoi les Illuminati et en particulier les Rockefeller ont financé dans les années 1980 Mme Galbraith, l’épouse de l’ambassadeur US à Paris pour répertorier les scientifiques faisant des recherches sur l’énergie des soucoupes volantes.
L’extrait ci-dessous, tiré du chapitre Les exoplanètes, une moisson trompeuse, expose l’impossibilité et les arguments cachés pour lesquels la « science » ne peut absolument pas parler d’exoplanète.
Il est étayé sur les explications de scientifiques créationnistes (mettant Dieu au centre de la Création) britanniques et américains. C’est cette même science entre les mains des satanistes et des Francs-maçons des Brights qui le 25 décembre (!) 2003, envoyait Beagle 2 (Beagle, nom du bateau qui amena de Darwin au Galápagos) pour chercher des indices de vie sur Mars. Mais, la sonde se perdit mystérieusement et le projet échoua.
Comme le laisse très clairement entendre la Bible, la Terre est un miracle de la Création ne tenant qu’à un fil, et les seuls extraterrestres existant sont les anges les démons ; et rien de plus !

Les exoplanètes : une moisson trompeuse

Le 6 octobre 1995, la presse présente la découverte de la première planète extrasolaire, 51 Peg b. Deux Suisses, Michael Mayor, professeur au département d’astronomie de l’université de Genève et Didier Queloz, astronome à l’observatoire de la même ville, ont en effet annoncé l’observation d’une masse orbitant autour de l’étoile 51 Pegasi, dans la constellation de Pégase. Malgré des calculs très affinés, les scientifiques estiment très généreusement le diamètre de l’exoplanète entre la moitié et le double de celui de Jupiter.
Pendant les huit prochaines années, cent sept exoplanètes auraient été localisées. En 2007, elles seraient plus de deux cents. En juillet 2008, on en recenserait trois cent sept qui, comme Gliese 581 c, seraient enfouies dans un nuage de poussières obstruant toute étude minutieuse. L’opacité de ces poussières peut y être cent mille fois supérieure à notre système solaire. Cet environnement nébuleux est composé de gaz et de poussières. Il explique en partie l’invisibilité des exoplanètes. On y attribue aussi le processus de formation des étoiles, bien que celui-ci soit inconnu. A cela, s’ajoute l’imprécision des deux principales méthodes de détection : la méthode par vitesse radiale s’appuie sur les perturbations que l’exoplanète provoquerait sur le mouvement de l’étoile ; tandis que la méthode de transit consiste à étudier l’orbite de l’exoplanète quand elle passe entre son étoile et la Terre. Tout ceci reste très théorique, car les exoplanètes n’émettent guère de lumière par elles-mêmes. Elles ne sont visibles que par réflexion de l’éclat de l’étoile qui les inonde de luminosité.
Il n’est donc pas fortuit que ces récentes découvertes se trouvent assombries par une nuée de contradictions, d’incohérences et de fausses publications. Ainsi, contrairement à toutes les affirmations, tout commence en 1992 par une fausse alerte, où la variation des émissions radio d’un trou noir n’est pas provoquée par la présence d’une exoplanète, mais par le propre mouvement orbital de notre planète !
Trois ans plus tard, et de manière tout aussi discrète, l’on reviendra également sur l’existence de planètes orbitant entre autres autour des étoiles de Bernard, de 61 Cygni et Vb8b. C’est sur ces cas d’erreurs appelant à beaucoup de circonspection que Donald B. DeYoung, Docteur en Physique ne craignant nullement les condamnations de la science prend le contre-pied de la nouvelle vogue des exoplanètes, souvent mâtinée de romantisme et d’« avancées technologiques ». Étant donné les difficultés que pose par exemple l’observation de Pluton, il ne comprend pas que l’on soit capable de se prononcer sur les caractéristiques d’exoplanètes (masse, température, orbite), cinq cent mille fois plus éloignées de la Terre que cette dernière planète du système solaire.
Aussi, dans l’article New Stars, New Planets ?, à travers une argumentation pertinente, D. B. DeYoung revisite la question des exoplanètes à travers la célèbre 51 Peg b, 70 Virginis et 47 Ursae Majoris b :
51 Pegasi située à quarante-cinq années-lumière, dissimulerait une planète très différente de la Terre. Les émissions radio enregistrées sur les télescopes électroniques indiqueraient la présence d’un satellite cent quatre-vingt-dix fois plus lourd que notre planète et dont la position par rapport à 51 Pegasi serait de 0,05 Unité astronomique (U.A.). Cette unité correspond à la distance moyenne entre la Terre et le Soleil, soit environ cent cinquante millions de kilomètres. On pense que la surface de 51 Peg b excèderait 1 300 °C. La présence d’un tel satellite accomplissant une révolution complète de quatre jours autour de 51 Pegasi, pose plusieurs défis. Les astronomes ont longtemps affirmé que cette exoplanète serait le résultat d’un amalgame de plusieurs débris de planètes provenant initialement d’un disque entourant 51 Pegasi. Wayne R. Pencer contredit cette supposition dans l’article The Existence and Origin of Extrasolar Planets (L’existence et l’origine des planètes extrasolaires). Selon ce physicien diplômé de la Wichita State University, le disque estimé à plusieurs millions d’années se serait dissipé avant la formation du centre de l’exoplanète.
Il reste donc peu crédible que ce mécanisme ait pu se concrétiser à une distance si proche de l’étoile, sans que l’exoplanète ne soit avalée. De plus, dans ses premiers instants appelés stade « T. Tauri », l’étoile aurait été cent fois plus volumineuse, émettant donc de puissantes radiations.
L’annonce d’une planète extrasolaire 70 Virginis b effectuant sa révolution autour de 70 Virginis dans la constellation de la Vierge, marque l’aboutissement d’observations minutieuses menées pendant sept ans ! Deux mille cinq cents fois plus lourde que la Terre, soit plus de quarante fois la masse de Jupiter, sa distance de 70 Virginis serait de 0,5 U.A. Malgré sa température élevée et la recherche vaine d’une hypothétique trace d’eau, des scientifiques se plaisent à imaginer que la nouvelle planète abriterait une forme de vie. L’hebdomadaire américain Time utilise ces hypothèses pour affirmer dans un sous-titre « choc » mais mensonger : « Des astronomes ont détecté de l’eau sur des planètes autour d’autres étoiles ». [Nous remarquons qu’avec Képler les affabulateurs de la Nasa n’en sont pas à leur premier coup d’essai.] Il est à noter que la gravité et peut-être la pression atmosphérique surdimensionnées d’une telle exoplanète empêcheraient le développement de toute forme de vie. Malgré tous ces tâtonnements, on établit que l’exoplanète 70 Virginis b aurait une ou plusieurs lunes qui influenceraient une orbite décrite comme très elliptique.
L’étoile 47 Ursae Majoris serait une naine jaune localisée dans la constellation de la Grande ourse. Ses oscillations seraient dues à l’orbite d’une exoplanète mille fois plus lourde que la Terre, 47 Ursae Majoris b, une géante gazeuse éloignée de deux U.A. de 47 Ursae Majoris. Bien que la distance des planètes au Soleil ne soit pas un critère définitif (la température de Vénus est de 500 °C, tandis que celle de Mercure, deux fois plus près du Soleil, est de 125 °C), au regard de sa position, on en conclut que la surface de l’exoplanète avoisine –100 °C.
De pareilles spéculations prolifèrent comme s’il s’agissait dès à présent de planter le décor d’une vie extraterrestre et pourquoi pas de visiteurs de l’espace. Les exoplanètes gazeuses ont précédé les exoplanètes telluriques. Dans ce brouhaha infernal où les dessins d’artistes se substituent à l’absence de toute preuve formelle, nous pouvons déjà nous demander quelles seront les prochaines affirmations de l’astronomie ?
Des astronomes plus prudents préfèrent interpréter les oscillations communément accordées aux exoplanètes par la présence de naines brunes. Présentant une masse intermédiaire entre les planètes et les étoiles, la quantité de deutérium (composition très proche de l’atome d’hydrogène) de ces astres est insuffisante pour déclencher toute fusion nucléaire de la matière. Cette hypothèse s’avère plus réaliste. Elle montre que le néologisme d’exoplanète est employé sans modération. A ce propos, Ron Bernitt, journaliste en astronomie, s’étonne dans l’article Extrasolar Planets Suggest Our Solar System Is Unique And Young (Les exoplanètes suggèrent la singularité et la jeunesse de notre système solaire) que les caractéristiques des exoplanètes soient si différentes des géantes gazeuses du système solaire, auxquelles on les compare. L’ellipse de ces dernières est cependant située à une distance respectable du soleil supérieure à trois U.A., au contraire de 75 % des exoplanètes qui orbitent à proximité de leur étoile.
Marsha Freeman, géophysicienne, reconnaît dans la revue 21st Century Science & Technology l’imprudence des astronomes à transposer leurs connaissances du système solaire dans d’autres réalités et régions de la Voie lactée qui s’opposent à la formation des planètes du système solaire. D’après elle, les scientifiques ont affirmé à tort que les autres systèmes solaires pouvaient être conformes, au moins pour les paramètres de base, au nôtre. Ce constat est aussi partagé par leFrankfurter Allgemeine Zeitung. En mars 2008, dans ses pages scientifiques, le célèbre quotidien allemand écrit : « Les autres mondes planétaires qui auraient ressemblé au nôtre paraissent de plus en plus rares », etdéfend l’unicité de notre système solaire.Ce qui remet bien entendu en cause le schéma universel du Big Bang.
A l’évidence, la multiplication des exoplanètes dénonce une certaine incompréhension de l’univers et la subjectivité d’une science de plus en plus échafaudée à coup de dogmes et de couvertures de magazines. »
 Laurent Glauzy