S'il est un lieu magique au centre de l'hexagone,
c'est bien ce Morvan montagneux aux ténébreuses forêts de hêtres, et
dominant ce Morvan, l'imposante hauteur du mont Beuvray. Bien que se
dépeuplant progressivement, le Morvan est resté tel qu'il fut, tel qu’on
l’aime : un vestige archéologique vivant. Dans cette forêt druidique,
de mystérieuses légendes hantent les sous-bois, les pierres branlantes
et les rivières à truites... http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
Le 17 septembre 1985, le Président de la République fait sa première
grande visite officielle au site du mont Beuvray, entouré de nombreux
ministres dont celui de la Culture, Jack Lang. Le mont Beuvray est
déclaré « site national ». François Mitterrand se recueille face à la
grande plaine de l’Histoire comme il aimait le faire depuis la roche de
Solutré.
On rêve. On affirme que les fouilles laissent augurer de très
importantes découvertes. On s’engage devant l’opinion à la tenir au
courant avec la plus grande célérité et sans restriction aucune. A
Autun, on déclare : « Le mont Beuvray sera peut-être le plus grand site
de l’Occident. »... http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
1995, PATATRAS ! Suite
à mes courriers et après la publication de mes ouvrages, on prend
conscience en haut lieu que les archéologues se sont trompés et que le
mont Beuvray n'est que le site boïen de Gorgobina. Le 3 avril, lors de
l'inauguration du centre archéologique européen dont la construction a
coûté aux contribuables une somme fabuleuse, aucun discours n'est
prononcé au grand étonnement de tous, ni par le président de la
République, ni par le ministre de la Culture, Jacques Toubon. Le 10
avril, François Mitterrand m'envoie une carte pour me remercier. Le 15
mai, il accorde au Monde une interview (édition du 29 août), dans
laquelle il met en exergue l'importance de l'Histoire, véritable culture
de l'homme politique, mais il rejette sur l'historien la responsabilité
de l'interprétation. Le 13 novembre, le ministre de la défense, Charles
Millon, me fait savoir que le courrier que je lui ai envoyé a retenu
toute son attention. Le 20 novembre, le ministre Jacques Toubon, lecteur
très intéressé de mes ouvrages, me félicite vivement par lettre écrite
mais me fait savoir par un ami qu'il n'est pas dans son rôle
d'intervenir dans le débat. Dans les années qui suivent, Annie Lhéritier
me confirme que le président de la République, Jacques Chirac, est
informé mais me renvoie au ministre de la Culture. Interrogés par
lettres officielles et questions écrites parlementaires, il ne sera
répondu que par des réponses "langue de bois" ou sans suite par les
ministres successifs de la Culture, Trautmann, Tasca, Aillagon,
Donnedieu de Vabres, Albanel...
Mais qui donc a décidé, à l'origine, de cette stratégie du type
combat retardateur qui consiste à toujours repousser dans le temps le
jour où la vérité éclatera ?
Jacques Chirac qui ne voulait pas être accusé de ternir la mémoire de
François Mitterrand ? Jacques Toubon qui pensait, contrairement à moi,
que l'immigration est une chance pour notre pays et qui sera chargé de
réaliser le musée de l'immigration ? Ou d'autres ? Et d'autres ?
Et qui donc a fait en sorte que cette stratégie fonctionne ? Ne
serait-ce pas l'ensemble de la communauté archéologique dont la
hiérarchie pyramidale s'est construite sur l'affaire "Bibracte au mont
Beuvray" ?
Grand patron de l'archéologie française, Christan GOUDINEAU fut un des
premiers directeurs de la reprise des fouilles décidée par François
Mitterrand. De président du comité scientifique du site, il s'est vu
propulsé jusqu'à la chaire prestigieuses du Collège de France. L'un de
ses premiers ouvrages porte sur Bibracte au mont Beuvray. Le directeur
de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne était, à
ce moment-là, M. Michel CLÉMENT, archéologue d'origine. Il montera
jusqu'au poste de directeur du patrimoine et de l'architecture au
ministère de la Culture. M. GRENIER DE MONNER était alors l'éminence
grise de la Sous-direction de l'Archéologie. Apparemment, cet
administrateur civil semble avoir été beaucoup plus soucieux de son
projet de statut en faveur des archéologues que de rétablir la vérité
historique. Concernant les DRAC, Il coule de source que les nominations
d'archéologues dans ces services n'ont pu se faire qu'en accord avec la
doxa prônée par les livres de Christian Goudineau. En outre, cette
oligarchie - car c'est bien le nom qu'il faut lui donner - peut compter
sur ses relations dans le monde universitaire, sur des journalistes
accrédités, sur sa revue L'Archéologue, sur sa maison d'édition Epona,
sur un administrateur de Wikipédia pseunommé Luscianusbeneditus etc. En
dehors de cette doxa, impossible à un archéologue de publier ses
travaux, ou alors, ils sont minimisés, comme la mise au jour d'une
urbanisation à caractère religieux sur le mont Lassois avant celle du
mont Beuvray. Importante personnalité dans le domaine de la recherche
archéologique, Vincent GUICHARD, directeur du Centre archéologique
européen, a même osé déclarer le 13 septembre 2007, à Europe I, au micro
de Jacques Pradel, que la petite ville récemment découverte sur le mont
Lassois n'aurait été qu'une tentative urbaine avortée qui n’a pas eu de
suite.
Mais comment expliquer que cette stratégie n'ait pas éte dénoncée par la suite ?
De 2003 à 2011, Mme Isabelle BALSAMO, est chargée de la Sous-direction
de l'archéologie. J'ai entretenu avec elle un courrier amical mais sans
résultat. Elle est actuellement cheffe de l'inspection du patrimoine,
belle carrière.
De 2003 à 2007, Marie-Christine LABOURDETTE, ancienne de l'ENA, est
chargée de la DRAC Bourgogne. Elle est au courant de l'existence de mes
ouvrages mais prendra ouvertement le parti des archéologues du mont
Beuvray. Elle est actuellement directrice des musées de France, belle
carrière.
A partir de là, on commence à comprendre l'esprit de la manoeuvre.
Il s'agit de faire en sorte que le centre archéologique européen du
mont Beuvray devienne un musée modèle, non seulement archéologique mais
plus largement culturel, et même, un musée de rayonnement international,
son identification stricte a la capitale éduenne ne devenant dès lors qu'un problème secondaire.
Parallèlement, il s'agit d'attirer l'attention de l'opinion sur le
nouveau musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée de
Marseille, qui devient le nouvel emblème à porter au crédit de
l'archéologie française.
Mais qui donc rédige les réponses "langue de bois " que les
différents et différentes ministres de la Culture signent aveuglément,
en toute connaissance de cause... ou bien en étant abusés ? Est-ce
M. Philippe BELAVAL, ancien directeur général du patrimoine, Philippe
BERJOT, l'actuel directeur, Vincent GUICHARD, directeur du centre
archéologique ?
11/02/95. Dans une interview accordée à France-culture, Vincent
GUICHARD déclare qu'il n'a pas l'intention de recommencer pour Gergovie
la polémique dont le site d'Alésia a été l'objet ; on ne peut pas être
plus clair pour signifier qu'on refuse tout débat.
1998. Revue Gallia n° 55. Concernant la localisation de Bibracte au
mont Beuvray, on y reprend les interprétations napoléoniennes de Bulliot
comme un fait acquis sans évoquer les contestations auxquelles cette
thèse avait donné lieu. On y apprend que les onze années de fouilles
archéologiques initiées par le président de la République, François
Mitterrand - et qui se continuent encore de nos jours - n’ont dorénavant
plus pour objet que de comprendre l’urbanisme du lieu. Vincent Guichard
reconnaît pourtant que le développement d’une ville (Bibracte) à cet
endroit (mont Beuvray) défie apparemment toute logique mais il y
maintient le site de la capitale gauloise.
13/4/99, FR3 Bourgogne. Ma thèse fait légèrement sourire au mont
Beuvray, simple agitation, juge-t-on ici, d'un amateur peu averti. Dans
la communauté scientifique, déclare Vincent Guichard, ça fait
belle-lurette que plus personne ne doute. Ça fait au moins 130 ans que
plus personne ne doute de la localisation de Bibracte, capitale des
Eduens, mentionnée par César à multiples reprises, sur le mont Beuvray.
C'est absolument clair.
18/04/1999, le Progrès de Lyon. Il (Christian Goudineau) les écarte
(mes arguments) avec le bouclier de la science et l’armure de
l’institution, sans se donner la peine de les réfuter. Jean-Philippe
Mestre, grand reporter.
19/04/1999, JO, page 2337. A une question qui lui est posée,
Mme Trautmann, ministre de la Culture, déclare que la question de
l’éventuelle mise en cause du bien-fondé de la localisation au mont
Beuvray des vestiges de l’oppidum n’est pas un sujet de débat pour
l’immense majorité des archéologues.
2/7/2001, JO, page 3835. A la question qui est de nouveau posée par
le député Marc-Philippe Daubresse, Mme Tasca, ministre de la Culture,
répond que les recherches archéologiques sur le mont Beuvray... ne
s’occupent pas de la localisation mais plutôt de l’environnement...On
peut noter, ajoute-t-elle, que M. Goudineau, professeur au Collège de
France, juge certaine la localisation de Bibracte au Mont Beuvray.
2002. La preuve par la pioche.
Régulièrement, la presse aime relancer le débat sur la localisation des
sites d’Alésia de Gergovie ou de Bibracte : "science officielle" contre
"gens du terrain" soucieux de donner tort à leur inventeur, Napoléon
III. La polémique tient du combat d’arrière garde : au XIXe siècle, tout
érudit local se devait de prouver que "son" site collait le mieux au
récit de la Guerre des Gaules. Du désir à la réalité, il y a un fossé.
Ou plutôt... des fossés, relevés par les archéologues. Aux savantes interprétations,
ces derniers opposent mille faits objectifs : plans, armes, pièces
d’équipement et projectiles d’artillerie datés de l’époque césarienne,
inscriptions... Inexplicables hors du contexte de la Guerre des Gaules,
ces objets sont évidemment absents des autres sites (ce
qui est un pur mensonge en ce qui concerne le Mont-Saint-Vincent dont
je dis et prouve qu'il est le site de la véritable Bibracte). Ils
sont pourtant de ceux qui font toute la différence entre le "possible"
et le "plausible". (extrait du catalogue de l’exposition de Bibracte
"sur les traces de César par Vincent Guichard, http://arafa.fr/SPIP/spip.php?rubrique10).
11/6/2013. JO page 6077. Au député Christophe Siruge qui l'interroge
de nouveau sur la question de l'éventuelle mise en cause du bien-fondé
de la localisation au mont Beuvray des vestiges de l'oppidum de
Bibracte, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, répond, en langue
de bois, que les recherches archéologiques mises en oeuvre depuis 1984
sur le site du Mont Beuvray visent notamment à constituer des corpus de
données susceptibles d'alimenter les questionnements des chercheurs
européens autour des problématiques liées à la formation et au
développement des premières formes d'urbanisation en Gaule, à
l'organisation et à l'exploitation des territoires, à l'économie et aux
échanges autour et à partir des oppida. Dans cette perspective, les
questionnements relatifs à la stricte identification de Bibracte au site
du Mont Beuvray s'avèrent d'un intérêt accessoire.
Terrible aveu de ce qui est devenu un mensonge d'État qu'on ne veut toujours pas assumer.
E. Mourey, 15/10/2013
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