jeudi 29 août 2013

Guerre Iran-Irak : les États-Unis coupables de complicité de crimes de guerre et de complicité de génocide

1980 : mécontent de la tournure que prend la Révolution islamique (avec en point d’orgue la prise en otage du personnel de l’ambassade des États-Unis à Téhéran) et de ses conséquences géopolitiques, Washington rompt ses relations diplomatiques et instaure des sanctions économiques contre l’Iran.
Le projet de conquête par Saddam Hussein des champs de pétrole du Khuzestan en territoire iranien enthousiasme les États-Unis, qui y voient de nombreux avantages. Pendant que les deux nations s’épuiseront dans une lutte implacable, elles ne s’occuperont pas des projets d’Israël et de l’Oncle Sam au Moyen-Orient... C’est aussi une opportunité de vente massive d’armes aux deux camps [1].
En septembre 1980, Saddam Hussein donne l’ordre à son armée de pénétrer en Iran. C’est en 1983 que celle-ci procède à l’utilisation de l’arme chimique sur le front, en la combinant avec des tirs d’artillerie conventionnelle pour masquer son usage.
Reagan et son administration sont parfaitement au courant de l’existence d’usines de fabrication de gaz moutarde ou de gaz sarin, et de l’achat d’équipement, facilitant la production d’obus pouvant contenir des agents neurotoxiques, à des fournisseurs italiens.
« Les Irakiens ne nous ont jamais dit qu’ils avaient l’intention d’utiliser un gaz neurotoxique. Ils n’avaient pas besoin de le faire. Nous savions déjà  [2].
Déclaration du colonel de l’US Air Force en retraite Rick Francona (ayant servi pour la NSA, la DIA, la CIA au Vietnam, au Laos et au Moyen-Orient).
L’Iran tente, en vain, d’alerter l’opinion publique sur ces attaques chimiques.
« Au fur et à mesure que les attaques irakiennes se poursuivent et s’intensifient, les chances augmentent de voir les forces iraniennes mettre la main sur un obus au gaz moutarde non-explosé et portant des marques de fabrication irakienne. Téhéran présentera de telles preuves devant l’ONU et accusera les États-Unis de complicité de violation de lois internationales  [3].
Rapport top secret de la CIA de novembre 1983.
Saddam Hussein (tout comme les « combattants de la liberté » afghans qui luttent contre l’Armée rouge) est alors dans le camp du « Bien ». Les médias ne se mobiliseront que pour dénoncer l’usage de ces armes... par l’Union soviétique en Afghanistan.
Bien que l’utilisation du gaz de combat ne permette pas de remporter une victoire décisive, elle est un moyen de contrer la stratégie iranienne, inspirée des Soviétiques, de vagues d’assauts successives de fantassins.
En 1987, l’état-major iranien aperçoit une faille dans le dispositif militaire irakien à la hauteur de la ville de Bassorah. Le cours de la guerre risque de basculer au profit de Téhéran. Ronald Reagan informe ses collaborateurs, à la lecture du rapport de la CIA à ce sujet qu’« une victoire de l’Iran est inacceptable ».
Fort des informations livrées par le Pentagone, l’armée irakienne déjoue le projet d’offensive décisive de l’Iran et lance quatre attaques chimiques de grande envergure pour affaiblir ses adversaires.
Du 16 au 19 mars 1988, La dernière de ces attaques aura pour cible la ville d’Halabja, dont vient de s’emparer l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), allié de la République islamique. Le bombardement massif de la ville, sur ordre du général Ali Hassan al-Majid (dit « Ali le Chimique »), fera près de 5 000 morts, victimes d’un mélange de gaz moutarde et des neurotoxiques Tabun, Sarin et VX [4].
Le 22 juillet 1988, un cessez-le-feu entre en vigueur entre les deux belligérants, épuisés par 8 ans de guerre.
Notes
[1] La vente d’arme à l’Iran servira à financer la lutte contre-révolutionnaire des Contras au Nicaragua.
[2] http://www.huffingtonpost.com/2013/08/26/us-gave-iraq-intel-ignored-chemical-attacks_n_3817868.html
[3] http://www.huffingtonpost.com/2013/08/26/us-gave-iraq-intel-ignored-chemical-attacks_n_3817868.html
[4] Une vingtaine de victimes de cette attaque ont porté plainte contre X en juin 2013 à Paris pour « génocide et crimes contre l’humanité » à l’encontre d’entreprises françaises, qui auraient une part de responsabilité dans la fourniture de matériel ayant faciliter la production de gaz de combat.
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