Les chutes du Niagara sont-elles la conséquence du Déluge et
démontrent-elles l’existence d’une terre "jeune" comme donne à penser
une appréhension littérale de la Genèse ?
Telle est la question étrange mais sérieuse que s’est posée le physicien John D. Morris.
Le cours d’eau des chutes du Niagara est l’aboutissement du déversoir
du Lac Erie. Ce canal naturel chemine paisiblement d’abord sur
24 kilomètres vers le nord. Sur cette première partie, il descend en
moyenne de 20 centimètres par kilomètre. Sur un peu moins de deux
kilomètres ensuite, il accélère et devient agité puis les eaux du fleuve
se scindent partiellement en deux parties. Une du côté Canada où son
lit atteint 330 mètres, l’autre du coté Etats-Unis où son lit a une
largeur de plus de 450 mètres. Finalement, il forme une chute de
60 mètres puis reprend son cours dans un canyon de 200 à 400 mètres de
large entre des parois rocheuses qui le dominent de 70 à 100 mètres de
haut. Sur 11 km, le fleuve reste tumultueux. Il connaît plusieurs
variations de débits rapides jusqu’à la ville de Queenston où,
traversant une vaste plaine, son cours devient très calme sur 13 km avec
une déclinaison de 1,3 mètre par kilomètre avant de se verser dans le
lac Ontario.
A Queenston, de l’autre côté du fleuve, une falaise marque la fin du
ravin et donne l’impression que les chutes occupaient originellement ce
lieu et qu’elles ont reculé vers l’amont à force d’éroder le ravin
jusqu’à leur position actuelle, onze kilomètres plus haut. Les chutes
continuent cependant leur travail d’érosion et atteindront dans un
lointain avenir les rives du Lac Erie.
La paroi rocheuse est constituée par les dolomites de Lockport, dures
et peu érosives sous lesquelles se trouve une paroi plus fragile
appelée la Rochester Shale. L’eau érode cette paroi et en transporte les
parties les plus friables. Les cycles de gel et de dégel facilitent
également l’éclatement de la roche jusqu’à ce que d’importants blocs de
dolomites se détachent de la paroi, malgré les efforts réalisés par des
ingénieurs pour la stabiliser et la fixer.
Ce sont les travaux de ces ingénieurs et surtout les relevés
effectués depuis les années 1850 qui ont permis d’établir qu’en moyenne,
la vitesse de l’érosion est de 1,3 à 1,7 mètres par an. La distance
entre Queenston et les chutes d’eau étant de 11 667 mètres, un simple
calcul fondé sur l’hypothèse raisonnable que la vitesse d’érosion est
restée constante permet de déduire que le canyon a commencé à se former
il y a au plus neuf mille ans.
Mais ce commencement peut être beaucoup plus tardif encore.
La supposition d’un taux, d’une vitesse constants dans un passé
inconnu s’attache au principe de l’uniformité : "le présent est la clé
du passé". Or, concernant les chutes du Niagara, nous disposons d’une
source insoupçonnée : la Bible.
La quasi-totalité des chercheurs sérieux admet l’authenticité
historique du déluge rapporté par la Bible. Un tel cataclysme a
forcément entraîné de grandes érosions et transporté d’importantes
couches de sédiments contenant d’innombrables fossiles d’organismes
marins. S’agissant des chutes du Niagara, ces couches sédimentaires sont
probablement celles des Dolomites de Lockport et de Rochester-Shale.
Pendant des siècles des catastrophes moindres ont vraisemblablement
succédé au Déluge alors que la Terre recouvrait un nouvel équilibre. Il
est raisonnable de supposer que d’épaisses couches de glace couvraient
la partie septentrionale du continent américain aujourd’hui occupée par
le Canada. En se déplaçant, ces couches ont creusé des gorges et des
dépressions dans les dépôts sédimentaires encore frais.
La fonte des couches glaciaires a en outre provoqué la formation de
nombreux lacs, comme Erie et Ontario. Enfin, le gonflement des rivières
résultant de la fonte des eaux de l’âge de Glace et des précipitations
coulant sur les couches sédimentaires encore meubles a encore accéléré
l’érosion.
Il est donc probable que le rythme d’érosion de 1,3 à 1,7 mètres par
an est une hypothèse basse et que les choses sont allées beaucoup plus
vite. Dans ce cas, l’âge du canyon pourrait être bien inférieur à neuf
mille ans, et coïncider avec la période du Déluge qu’Ussher situe en
2348 av. J.C.(1).
Sir Charles Lyell, considéré comme le père de l’uniformité, est le
premier a populariser cette technique de datation. Il visite les chutes
du Niagara en 1841 et 1842. Son livre Principles of Geology,
publié en 1833, explique ses recherches sur l’application de
l’uniformité dans toutes les situations géologiques. Les années
suivantes, il parcourt le monde à la recherche d’arguments qui
démontreraient le bien fondé de sa théorie. Notons que les chutes du
Niagara semblent bien loin de toutes ces préoccupations scientifiques.
Peut-être parce que les évolutionnistes savent par avance qu’ils n’y
trouveront pas en matière de datation de la terre, d’explications, de
confirmations des catastrophes comme le déluge.
Néanmoins, même si Lyell n’a aucune formation pratique de la géologie, il agit avec toute sa rigueur de juriste.
Il relève dans un autre ouvrage intitulé Principles(2) les témoignages des résidents de la région des chutes du Niagara : « M. Bakewell,
fils de l’éminent géologue qui visita les chutes en 1829, a été le
premier à établir des datations à partir des observations d’une personne
qui fut la première à habiter et vécut pendant quarante ans à proximité
des chutes. Elle témoigne qu’en ces temps la paroi rocheuse recule d’un
mètre par an à cause de l’érosion. Mais après plusieurs enquêtes
soigneusement menées, j’ai pu établir pendant ma visite en 1841-42 que
la vitesse d’érosion était en moyenne de 33 cm par an. Par ailleurs, si
cette vitesse avait toujours été constante, il aurait fallu 35 000 ans
pour que les chutes arrivent de Queenston jusqu’au présent site ».
Lyell n’a jamais expliqué pourquoi il a rejeté l’observation
témoignant d’une érosion d’un mètre par an et comment en revanche il a
calculé 33 cm par an.
Nous avons vu d’une part que la précision des calculs de Lyell avait
permis aujourd’hui une évaluation du taux d’érosion de 1,3 à 1,7 mètres
par an et que cette érosion était certainement bien plus élevée pendant
la formation des chutes du Niagara. Mais d’autre part, l’erreur
d’évaluation de Lyell a influencé la pratique de la géologie à travers
une mauvaise interprétation et application de l’uniformité qui connaît
un nouveau regain. Les travaux de Lyell ont influencé les idées de
Darwin, notamment dans la remise en question des Saintes Ecritures. La
datation de 35 000 ans est en contradiction avec l’échelle temporelle de
la bible et plus particulièrement de la Genèse qui explique la création
du monde en six jours. Par interprétation, la terre aurait entre 6 000
et 10 000 ans au lieu de l’explication fantasmagorique des
évolutionnistes qui hasardent une datation "officielle" de 4,5 milliards
d’années. Or l’apôtre Pierre le dit : Mais il est une chose,
bien-aimés, que vous ne devez pas ignorer, c’est que, pour le Seigneur,
un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. (II Pierre III,8).
Le cas des chutes du Niagara montre que l’uniformité commet la grave
erreur de ne pas tenir compte des supposés variations naturelles. Elle
renie le point essentiel : Dieu créateur. Voilà pourquoi cette hypothèse
a tant séduit Darwin et les évolutionnistes.
Les Saintes Ecritures, pourtant, ont mis en garde contre les fausses
philosophies qui deviendront courantes à la fin des temps : Sachez
avant tout que dans les derniers temps, il viendra des moqueurs pleins
de railleries, vivant au gré de leurs convoitises, et disant : "Où est
la promesse de son avènement ?
Car depuis que nos pères sont morts, tout continue à subsister
comme depuis le commencement de la création". Ils veulent ignorer que,
dès l’origine, des cieux existaient, ainsi qu’une terre que la parole de
Dieu avait fait surgir du sein de l’eau, au moyen de l’eau, et que par
là même le monde d’alors périt submergé. Quant aux cieux et à la terre
d’à présent, la même parole de Dieu les tient en réserve et les garde
pour le feu, au jour du jugement et de la ruine des hommes impies (II Pierre III,3-7).
Laurent Blancy
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