Le 6 juin de l'an 48 av. J.-C. (9 août selon le calendrier d'avant la réforme julienne), Jules César (52 ans) écrase l'armée de son rival Pompée le Grand
(58 ans) à Pharsale, en Thessalie (Grèce du nord). Cette victoire met
un terme à l'affrontement des deux généraux pour le pouvoir. Elle
consacre la mort de la République romaine.
Une victoire chèrement acquise
La victoire de Pharsale est l'aboutissement d'un longue traque. Jules César, fort du prestige acquis par la conquête des Gaules,
a, dans un premier temps, poursuivi et dispersé les troupes restées
fidèles à Pompée dans son proconsulat d'Espagne. Ensuite seulement, il a
décidé de traverser la mer Adriatique pour en finir avec celui-ci.
En janvier de l'an 48 av. J.-C., César passe d'Italie en Grèce où il
est rejoint par ses troupes et son fidèle lieutenant Antoine, chef de la
cavalerie. Il peut, enfin, aller au-devant de Pompée.
Ce dernier est défait à Pharsale malgré une supériorité numérique
écrasante. Il aligne en effet 45.000 fantassins et 7.000 cavaliers face
aux 22.000 fantassins et 1.000 cavaliers de César.
Après la bataille, Pompée, en fuite, se réfugie en Égypte où il est
assassiné sur ordre du jeune pharaon Ptolémée XII Philopator (13 ans)
qui croit ainsi s'attirer les grâces du vainqueur.
César arrive à son tour en Égypte. Il fait mine de s'offusquer de
l'exécution du grand Pompée et lui accorde des funérailles solennelles.
Il réprime enfin une révolte à Alexandrie et fait déposer le jeune
pharaon mais se rend aux charmes de sa soeur, la reine Cléopâtre.
Là-dessus, iI soumet Pharnace II, roi du Pont (la région de l'actuel détroit du Bosphore) à Zéla en 47 avant JC.
La paix enfin
La défaite et la mort de Pompée font espérer aux Romains la fin des
guerres civiles. Le vainqueur est nommé par les comices romaines
dictateur pour un an (et non plus seulement onze jours). Il est aussi
fait consul pour cinq ans. C'est un premier pas vers le pouvoir absolu.
Mais la paix n'est pas encore assurée. S'arrêtant à peine à Rome,
César passe en Afrique et écrase une armée de partisans de Pompée à
Thapsus en février de l'an 46 avant JC. Cela lui vaut de voir sa
dictature et son consulat étendus à dix ans.
La dernière bataille de cette interminable guerre civile a lieu à
Munda, près de Cordoue, en Espagne, le 17 mars de l'an 45 avant JC. Elle
voit la défaite de la dernière armée pompéienne, bien que celle-ci,
forte d'environ 10.000 hommes, se soit battue avec l'énergie du
désespoir. Un fils du grand Pompée, Sextus Pompée, arrive à s'échapper.
Fort de quatre triomphes (un de plus que Pompée le Grand !), César
obtient dès lors la dictature à vie ainsi que les pouvoirs d'un tribun
et ceux d'un censeur, avec le titre de préfet des moeurs... Il a partie
gagnée contre ses adversaires et devrait pouvoir se reposer sur ses
lauriers... Toujours généreux, il n'oublie pas de distribuer toutes
sortes de prébendes pour s'assurer ce que l'on appelle ouvertement une clientèle.
César entreprend des réformes civiles, étend le bénéfice de la
citoyenneté à de nouvelles catégories d'habitants et limite de moitié
les bénéficiaires des distributions gratuites de blé. Il établit ses
vétérans dans les régions dépeuplées d'Italie, unifie les constitutions
municipales des villes de province sur le modèle de Rome... Il porte de
600 à 900 le nombre de sénateurs en élevant à cette dignité beaucoup de
provinciaux, en particulier des Gaulois ! Il réforme même le calendrier, fait commencer l'année en janvier et... donne son propre nom au septième mois (juillet, qui nous vient de Julius). Il s'essaye enfin à une politique de réconciliation nationale après cinquante ans de guerre civile.
Pendant les cinq années qui courent de la traversée du Rubicon à son assassinat,
César transforme ainsi le gouvernement de la cité en celui d'un grand
État méditerranéen sans rien changer à la forme des institutions. C'est
la fin de la République sénatoriale et le début de ce que l'on appellera
plus tard l'Empire.
Jean-François Zilberman www.herodote.net
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