Le Figaro Magazine - 12/04/2013
Soeur de Louis XVI, elle était l'homme de la famille.
Le 10 mai 1794, à 6 heures du soir, « Elisabeth-Philippine-Marie-Hélène Capet », condamnée à mort par le Tribunal révolutionnaire, monte à la guillotine. La veille, avant d’être tondue, elle a été fouillée. Sur elle ont été trouvées une mèche de cheveux de Louis XVI, une médaille, écrira le greffier, « de la ci-devant Vierge » et une petite croix en or. Sur l’échafaud, la princesse, majestueuse et digne, encourage ses compagnons d’infortune : « Songez que nous serons bientôt avec nos familles dans le sein de Dieu. »
Anne Bernet raconte avec sensibilité, dans cette biographie, la vie de Madame Elisabeth. La figure de la jeune sœur de Louis XVI, femme de caractère, intelligente et jolie, mérite en effet de sortir de l’ombre.
Orpheline à 3 ans, Elisabeth reçoit une éducation solide. Sportive, douée pour les mathématiques et le dessin, elle est extrêmement pieuse. Après l’échec de plusieurs projets de mariage, elle vit à Versailles, dans le domaine de Montreuil que lui a offert Louis XVI, mais au milieu d’un cercle de confidents qui partagent son peu de goût pour la Cour, et qui préfèrent les œuvres de charité aux plaisirs du monde. Anne Bernet souligne néanmoins que le destin de Madame Elisabeth n’avait rien d’une vocation religieuse contrariée, comme le prouve son amour impossible pour un roturier, le docteur Dassy.
Le comportement de la princesse était une critique implicite – et parfois explicite – de sa belle-sœur, la reine Marie-Antoinette. Quand viendra le temps des épreuves, elle lui sera pourtant fidèle. En 1789, lorsque la foule emmène le roi à Paris, en 1791, lors de la fuite à Varennes, ou en 1792, lors de la prise des Tuileries, c’est librement, volontairement, que Madame Elisabeth, refusant l’exil, partage le sort de la famille royale. Depuis le début de la Révolution, elle reprochait à Louis XVI sa faiblesse. Madame Elisabeth, du point de vue des idées, était une ultra, mais une ultra que tempérait son indulgence envers les hommes.
« Ange consolateur », elle s’est sacrifiée pour les siens. Son corps, jeté dans une fosse commune, n’a jamais été retrouvé. Ce beau livre, après d’autres, est un peu son tombeau.
Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com
Madame Elisabeth, d’Anne Bernet, Tallandier.
Exposition « Madame Elisabeth, une princesse au destin tragique, 1764-1794 », Domaine de Madame Elisabeth, 73, avenue de Paris, 78000 Versailles, du 27 avril au 21 juillet 2013.
Soeur de Louis XVI, elle était l'homme de la famille.
Le 10 mai 1794, à 6 heures du soir, « Elisabeth-Philippine-Marie-Hélène Capet », condamnée à mort par le Tribunal révolutionnaire, monte à la guillotine. La veille, avant d’être tondue, elle a été fouillée. Sur elle ont été trouvées une mèche de cheveux de Louis XVI, une médaille, écrira le greffier, « de la ci-devant Vierge » et une petite croix en or. Sur l’échafaud, la princesse, majestueuse et digne, encourage ses compagnons d’infortune : « Songez que nous serons bientôt avec nos familles dans le sein de Dieu. »
Anne Bernet raconte avec sensibilité, dans cette biographie, la vie de Madame Elisabeth. La figure de la jeune sœur de Louis XVI, femme de caractère, intelligente et jolie, mérite en effet de sortir de l’ombre.
Orpheline à 3 ans, Elisabeth reçoit une éducation solide. Sportive, douée pour les mathématiques et le dessin, elle est extrêmement pieuse. Après l’échec de plusieurs projets de mariage, elle vit à Versailles, dans le domaine de Montreuil que lui a offert Louis XVI, mais au milieu d’un cercle de confidents qui partagent son peu de goût pour la Cour, et qui préfèrent les œuvres de charité aux plaisirs du monde. Anne Bernet souligne néanmoins que le destin de Madame Elisabeth n’avait rien d’une vocation religieuse contrariée, comme le prouve son amour impossible pour un roturier, le docteur Dassy.
Le comportement de la princesse était une critique implicite – et parfois explicite – de sa belle-sœur, la reine Marie-Antoinette. Quand viendra le temps des épreuves, elle lui sera pourtant fidèle. En 1789, lorsque la foule emmène le roi à Paris, en 1791, lors de la fuite à Varennes, ou en 1792, lors de la prise des Tuileries, c’est librement, volontairement, que Madame Elisabeth, refusant l’exil, partage le sort de la famille royale. Depuis le début de la Révolution, elle reprochait à Louis XVI sa faiblesse. Madame Elisabeth, du point de vue des idées, était une ultra, mais une ultra que tempérait son indulgence envers les hommes.
« Ange consolateur », elle s’est sacrifiée pour les siens. Son corps, jeté dans une fosse commune, n’a jamais été retrouvé. Ce beau livre, après d’autres, est un peu son tombeau.
Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com
Madame Elisabeth, d’Anne Bernet, Tallandier.
Exposition « Madame Elisabeth, une princesse au destin tragique, 1764-1794 », Domaine de Madame Elisabeth, 73, avenue de Paris, 78000 Versailles, du 27 avril au 21 juillet 2013.
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