Le 11 mai 330, l'empereur Constantin donne une nouvelle capitale à l'empire romain sous le nom officiel de «Nouvelle Rome». Cette cité prendra le nom de l'empereur après la mort de celui-ci. C'est sous ce nom, Constantinopolis ou Constantinople, qu'elle restera dans l'Histoire.
Jean-François Zilberman
Trop vaste empire
L'empire romain avait atteint ses plus grandes dimensions au siècle
précédent. Il était devenu ingouvernable et résistait mal à la pression
des Barbares.
En 293, l'empereur Dioclétien
déplace le siège du gouvernement dans quatre villes proches des
frontières les plus exposées (Milan, Nicomédie, Sirmium et Trèves). Il
instaure un gouvernement collégial pour mieux tenir les frontières mais
sa tentative fait long feu. Son successeur Constantin 1er s'établit à
Nicomédie (aujourd'hui Izmit, au fond du golfe du même nom, sur la mer
de Marmara) après avoir rétabli à son profit l'unité de l'empire.
Constantin cherche un site propice à une nouvelle capitale et en 324,
jette son dévolu sur la ville de Byzance. Le choix est judicieux.
Byzance a été fondée 1000 ans plus tôt, en 667 avant notre ère, par des
colons venus de Mégare, sur les détroits qui séparent l'Europe de
l'Asie.
La ville est située sur un promontoire à l'entrée du Bosphore. Cet étroit chenal ouvre sur la mer Noire (le Pont-Euxin en grec ancien), au nord, et sur la mer de Marmara, au sud.
Cette mer fermée débouche elle-même sur la mer Égée et la Méditerranée par le détroit des Dardanelles (l'Hellespont des Grecs anciens).
La nouvelle capitale surplombe la mer de Marmara et le Bosphore.
Elle est délimitée à l'est par un estuaire étroit qui remonte vers le nord et auquel sa beauté a valu d'être appelé la Corne d'Or (aujourd'hui, les bords de l'estuaire sont devenus une zone insalubre).
Contantinople commande les passages entre l'Europe et l'Asie. Elle
est également proche des frontières du Danube et de l'Euphrate. Elle est
enfin située au coeur des terres de vieille civilisation hellénique.
Comme il en est allé de Rome à ses lointaines origines, le périmètre
de la ville a été d'abord délimité par un sillon tracé à la charrue.
Puis, des dizaines de milliers de terrassiers se sont mis à l'oeuvre.
Dédicace
L'inauguration solennelle (ou «dédicace») est empreinte de
rites païens, avec un sacrifice à la Fortune et une dédicace du
philosophe néoplatonicien Sopâtros. Mais Constantinople naît à l'époque
où le christianisme s'impose dans l'empire romain et, à la différence de
Rome, elle sera dépourvue de temples païens et presque exclusivement
chrétienne.
Les habitants reçoivent les mêmes privilèges que les Romains,
notamment l'exemption de l'impôt et les distributions gratuites de
froment. Un Sénat est constitué à l'image du Sénat romain. Des
patriciens romains et grecs bénéficient de palais. Constantin lui-même
réside dans la nouvelle capitale jusqu'à sa mort en 337.
Un empire de mille ans
Mêlant avec bonheur les cultures hellénique et latine, la ville se
développe très vite et surpasse Rome. En 395, avec la scission de
l'empire romain entre un empire d'Orient et un empire d'Occident, elle
devient la capitale de l'Orient. Sa population atteint un million
d'habitants à son apogée deux siècles plus tard, sous le règne de
l'empereur Justinien.
Le 27 décembre 537, celui-ci dote la ville de son joyau : la basilique Sainte Sophie (Haghia Sofia ou Sainte Sagesse comme l'appellent encore les Turcs).
Avec l'empereur Héraclius,
Constantinople abandonnera ses références latines et deviendra
exclusivement grecque. L'empire prendra alors l'appellation de byzantin,
en référence au nom grec de la ville.
Après plus de mille ans d'existence (un record !), l'empire byzantin cèdera le pas à l'empire ottoman. Constantinople en deviendra la capitale sous le nouveau nom d'Istamboul.
Après la prise
de la ville par les Turcs en 1453, la cité devient la capitale de
l'empire ottoman et la résidence officielle du calife musulman. Dans
l'usage courant, elle prend alors le nom d'Istanbul (ou Istamboul
en français). Selon une thèse très répandue, ce serait une déformation
populaire de l'expression qu'employaient les Grecs pour dire : (je vais)
eis tin Polin (à la Ville).
Selon une autre thèse, ce nom viendrait d'une altération populaire progressive de «Konstinoupolis» en Konstantinopol (comme Sevastopolis est devenue Sébastopol) puis Stantinopol. Comme la phonétique turque ne peut prononcer un st sans le faire précéder d'un i (ainsi stylo devenant istilo), on a donc eu Istantinopol puis, la paresse aidant, Istantpol, Istanbul (Istamboul en français littéraire).
D'après une aimable contribution de Jean-Marc Meyer, byzantinistehttp://www.herodote.net
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