jeudi 21 juin 2012

La Gauche, l’occupation et la collaboration

Qui dit aujourd’hui la vérité est un impertinent...
La vérité est aujourd’hui la limite de la science.
Ludwig Feuerbach
Un livre important a été bienveillamment passé sous silence il y a quelques années ; il s’agit de l’ouvrage de Simon Epstein sur le "Paradoxe français" pendant l’Occupation. Ce paradoxe tient en une phrase : loin d’avoir été l’apanage de l’extrême-droite confondue avec le nationalisme, la collaboration a surtout été l’apanage d’une certaine gauche et d’une non moins certaine extrême gauche bien antiraciste. M. Epstein, spécialiste aussi de la question dreyfusarde et installé en Israël, a eu le courage de l’écrire et le mérite de le démontrer, et nous l’en remercions. On n’aura pas parlé beaucoup de son travail, et il ne faut guère s’en étonner. Je reprendrai à ce propos ce que disait jadis un philosophe allemand d’extrême-gauche : « Enfin moral est le mensonge et le mensonge seul, parce qu’il cache et dissimule le mal de la vérité, ou, ce qui est la même chose, la vérité du mal. »
Les médias qui parlèrent de l’ouvrage s’en tirèrent par leur légendaire haussement d’épaules et incriminèrent le pacifisme (car il faut toujours faire la guerre aux côtés d’Hillary, et surtout à la Russie !), ce qui me semble très limité : il y avait des apparentements plus terribles à faire ! Je ne veux pas me lancer dans des imprécations. Je donne les noms suivants et leurs fiches tels qu’ils ressortent de cet abondant ouvrage. M. Epstein cite les noms suivants. On commencera bien sûr par les gros poissons dont je rappelle les perles.
Marcel Déat, député SFIO, membre du comité de vigilance antifasciste, était un chantre de l’antiracisme dans les années 1920 et 1930 : « Il n’y a pas de pays qui soit plus réfractaire que la France à la notion de race, elle qui est l’admirable résultante historique de mélanges constants et de métissages indéfinis »... On sait que Déat finira en partisan fanatique de la collaboration avec le Reich hitlérien.
Jacques Doriot, dirigeant des Jeunesses communistes à partir de 1923, maire de Saint Denis en 1931, haut responsable du PCF, était l’avocat passionné de l’antimilitarisme et de l’anticolonialisme. Contrairement au reste du Parti communiste, il était alors proche de la LICA.
Poursuivons par du plus menu fretin.
René Belin, numéro 2 de la CGT qui déclarait à la revue antiraciste Droit de vivre en juin 1939 : « La classe ouvrière est profondément antiraciste. Je suis entièrement d’accord avec l’action de la LICA ». Belin fut tout content de devenir ministre de la production industrielle et du travail du maréchal Pétain et de figurer parmi les signataires du statut des Juifs du 8 octobre 1940 !
Gaston Bergery, membre du parti radical, qui écrivait en 1936 : « Le racisme et l’antisémitisme sont contraires à l’idée de Nation... ». Il vota les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, devint un militant actif de la Révolution nationale et de la collaboration, avant d’être nommé ambassadeur du maréchal à Moscou puis à Ankara.
Georges Bonnet, député radical-socialiste, ministre des affaires étrangères en 1938 et 1939, qui déclarait en 1938 : « La France doit donner l’hospitalité à tous ceux dont la vie est menacée », devient aussi un notable de Vichy et approuve la rencontre de Montoire entre Pétain et Hitler dont il salue le « caractère historique » car « marquant le début d’une organisation nouvelle de l’Europe dans laquelle la France et l’Allemagne, chacune avec son génie, doivent tenir une place... »
L’auteur cite énormément d’intellectuels et écrivains, connus pour leur engagement gauchiste et antiraciste, dans les années 1920-1930 qui se sont ralliés au régime de Vichy, par pacifisme, et ont soutenu, à des degrés divers, le principe de collaboration : Georges Blondel, René Laforgue, Marcelle Capy, Jean Cocteau, Jean Giono, Maurice Rostand, Marcel Aymé, Pierre Benoit, Jacques de Lacretelle, Marcel Jouhandeau, André Thérive, tous de bons écrivains d’ailleurs. On sait aussi que sous la collaboration, on ne persécuta pas, c’est le moins que l’on puisse dire, Sartre, Camus et quelques autres qui publièrent ou représentèrent toutes les oeuvres qu’ils voulaient.
A l’inverse M. Epstein rappelle que la Résistance trouva en grande partie ses origines dans la droite française, la droite républicaine mais aussi dans les mouvements nationalistes comme les Camelots du Roi, les Jeunesses Patriotes ; et qui rompirent avec Maurras. Parmi ces initiateurs de la Résistance française se trouvent notamment D’Estienne d’Orves, Rémy, Pierre Fourcaud, Maurice Duclos, André Dewavrin, Loustanau-Lacau, Marie-Madeleine Fourcade, le Colonel Groussard, Pierre Nord, Henri Frenay, Pierre de Benouville, Charles Vallin, les frères François et Henri d’Astier de la Vigerie, etc.
Je relisais récemment le très beau texte programmatique du comité de la résistance française. Il me semble qu’il pourrait nous inspirer aujourd’hui avec sa tonalité nationale, populaire et sociale ; comme les autres peuples d’Europe la France est aujourd’hui ruinée par l’euro, cannibalisée par l’universalisme antiraciste, paralysée par la folie bruxelloise, dont on connaît depuis John Laughland les origines totalitaires, ou qu’elle est notre France, déshonorée avec ses soldats assassinés en Afghanistan, bientôt en Syrie, et ses banlieues en flammes, ses frontières ouvertes, ses usines exsangues. Et je ne m’étonne pas, à la lecture du livre de M. Epstein, que la résistance à cet ordre nouveau et aberrant, pour l’instant moins cruel, mais aussi supranational, ruineux et incohérent, vienne de la droite et des nationaux. Face à cette barbarie abrutie et technocratique, toutes les bonnes volontés sont bien sûr bienvenues. Car il est malheureusement écrit que nous ne sommes pas au bout de nos peines...
C’est reparti comme en 40 !

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