Bibracte,
sur l’actuel Mont-Beuvray, au sud de la Bourgogne et à la pointe
méridionale du massif du Morvan, fut au 1er siècle av. J.-C. une
agglomération fortifiée de quelques centaines ou quelques milliers
d’habitants.
L’oppidum
s’étendait sur 200 hectares. Sa plus ancienne enceinte avait sept
kilomètres de long ; la plus récente, plus resserrée, 5 kilomètres
seulement.
C'était la capitale des Éduens, peuple celte qui occupait une grande partie de l'actuelle Bourgogne.
Comme
la plupart des autres Gaulois, les Éduens de Bibracte n’avaient pas
attendu la conquête de la Gaule par Jules César pour entrer en contact
avec les Romains et s’initier à leurs coutumes, voire se romaniser.
Un
quart de siècle après la conquête, les habitants de Bibracte ne se
satisfont pas de la construction de quelques belles maisons en pierre («domus»)
au sommet de leur mont. Ils descendent dans la plaine et fondent à 25
kilomètres de là une nouvelle cité au-dessus de la rivière Arroux :
Augustodunum.
Dans
ce nom, qui va évoluer jusqu’à devenir Autun, nom actuel de la ville,
on retrouve le surnom de l’empereur, Auguste, et le suffixe dunum
d’origine celte qui désigne un site élevé.
Caprice présidentiel
Les
premières fouilles sur le Mont-Beuvray remontent aux années 1860. Elles
sont menées par un érudit local, Joseph Déchelette. Elles révèlent la
double enceinte et deux voies principales le long desquelles sont
érigées des constructions en bois et en terre.
Les
fouilles ont été relancées dans les années 1980 à l’initiative du
président François Mitterrand, lequel avait un moment conçu l’idée de se
faire inhumer sur le site, tel un chef gaulois. Il a acquis pour cela
un lot de terrain près du monument qui marque le sommet du mont mais a
finalement renoncé à son idée devant l’opposition des archéologues et
par crainte des moqueries.
Aujourd’hui,
le site archéologique est un établissement public tripartite (État,
département, région) unique en son genre par sa surface visitable (200
hectares). Il fait partie des dix sites labellisés Grand Site de France.
Les
gestionnaires ont à cœur d’en améliorer l’aspect en corrigeant les
plantations au cordeau de pins Douglas, qui ont chassé les hêtres sur
une bonne partie du mont. Au temps des Éduens, notons-le, le mont était
sans doute très largement déboisé.
Le
musée est une belle réalisation de l'architecte Pierre-Louis Faloci,
discrète et bien intégrée à l’environnement forestier. Il offre un coup
de projecteur sur le 1er Âge du Fer, de l’an 800 av. J.-C. au IIe siècle
avant JC et plus spécialement sur le IIe Âge du Fer (IIe siècle av.
J.-C. – 1er siècle de notre ère).
Il
met l’accent sur le 1er siècle av. J.-C., courte période durant
laquelle s’épanouit l’oppidum de Bibracte à travers des scénographies
didactiques, orientées vers le grand public et les enfants. Ainsi sont
évoquées les différentes activités des habitants mais aussi l'histoire
encore méconnue des Celtes, qui peuplaient au 1er millénaire av. J.-C.
toute l'Europe centrale, de l'Atlantique au bassin du Danube. On y voit
peu de pièces d'origine mais beaucoup de copies et de reconstitutions de
qualité.
La
visite du musée est le préalable à la découverte du Mont-Beuvray, avec
ses sous-bois champêtres, ses chantiers de fouilles et ses points de vue
exceptionnels sur le pays bourguignon.
À côté du musée, le restaurant Le chaudron vaut le détour.
Animé
par une archéologue passionnée de gastronomie gauloise, il propose des
plats qu'auraient pu consommer Astérix et ses amis : porc (et non
sanglier), fèves et pois, pâtisserie à base de miel (et non de sucre)...
Construit
en 1994 face au Mont Beuvray, dans le village de Glux-en-Glenne, le
Centre archéologique européen poursuit les recherches sur les Celtes.
Nous lui devons de bien mieux connaître et apprécier la civilisation de «nos ancêtres les Gaulois».
André Larané http://www.herodote.net
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