Ce
grand penseur politique naquit à Dublin, le 1er janvier 1729, d'un père
protestant et d'une mère catholique. Il fut élevé dans la religion
anglicane, à laquelle il resta attaché toute sa vie. Il suivit avec
succès de solides études de philosophie et d'histoire, avant
d'entreprendre, à Londres, des études de droit. Il créera une
association d'étudiants qui est considérée comme la plus ancienne au
monde. Il s'intéressera très tôt à la politique et deviendra le
secrétaire privé de Lord Rockingam, qui dirigera le gouvernement de 1765
à 1767. Élu à la Chambre, il lutte pour les libertés dans les colonies
d'Amérique, aux Indes, en Irlande. Il devient le leader du parti Whig,
concurrent des Tories (les conservateurs). Les whigs ne sont pas
comparables à l'actuel parti travailliste, ni au parti libéral. Opposés à
l'absolutisme royal, on pourrait tenter une comparaison avec le parti
radical, en France, dans les années 1925. Toujours est-il que Burke, qui
a été initié franc-maçon dans la loge Jérusalem 44 en 1769, se situe
dans la faction conservatrice du parti.
Mais Burke est surtout célèbre pour son opposition farouche à la philosophie des Lumières et pour l'horreur que lui inspirent les idées à la mode en France, qui prépareront le terrain à la Révolution française, et qui représentent pour lui le mal politique. Il présente ainsi Jean-Jacques Rousseau comme un faux prophète. Ses écrits anti-révolutionnaires ne tardèrent pas à faire de Burke « le porte-parole de l'Europe monarchique ». Il cristallisa l'opinion anglaise et mobilisa son pays contre la Révolution. Son livre le plus célèbre est Réflexions sur la Révolution de France où il prédit la dérive dictatoriale de la Révolution française. Pour lui, il est impératif de préserver la hiérarchie sociale, de limiter la participation politique, de briser dans l'œuf toute velléité de démocratisation et de se conformer à la tradition. Burke critique l'esprit d'innovation qui est « le résultat d'un caractère intéressé et de vues bornées. » Il observe que ceux qui ne se conforment pas aux principes de leurs aïeux n'auront guère le souci de leur postérité. Refuser l'héritage des ancêtres revient à s'appauvrir.
S'adressant aux révolutionnaires français, il leur dit : « Vous avez mal commencé, parce que vous avez commencé par mépriser tout ce qui vous appartenait. »
Burke s'en prend à la composition de l'Assemblée constituante, formée d'hommes qui n'ont pas l'expérience des affaires publiques. Il estime qu'aucune élection ne peut donner à un homme des compétences qu'il ne possède pas. Pour lui, il est absurde de penser que la vérité et le bien commun pourraient sortir de la volonté du grand nombre. L'homme individuellement connaît rarement son intérêt bien compris. Quant aux foules, elles se laissent aller aux pires instincts et sont gouvernées par les passions qui sont un obstacle, comme le savaient déjà les sages de l'Antiquité, à l'exercice de la réflexion. Faire confiance au seul nombre reviendrait à ouvrir la porte à toutes les aventures. Quant aux parlements, il vaut mieux éviter une surreprésentation des juristes car « ils concevront la politique comme un vaste champ de chicane ». Pris dans leurs habitudes professionnelles, leur spécialisation étroite, ils ne posséderont pas l'aptitude à voir les choses de plus haut et de plus loin, et seront incapables de faire la synthèse des intérêts multiples qui constituent un État. L'Assemblée, pour Burke, ne doit pas être omnipotente. Il cite Montesquieu : « Le pouvoir rend fou et le pouvoir absolu, absolument fou... »
Pour lui, l'art de gouverner est une expérience qui ne s'apprend qu'avec du temps et de la patience. Il faut voir à long terme. L'instabilité politique est un mal en soi. Lorsque tout peut être toujours remis en question, rien de solide ne peut être construit.
Burke considère que la religion est la base de la vie civile, « la source de tout bien et de toute consolation. » L'homme est par nature un animal religieux, et Burke ajoute ces paroles prophétiques : si par malheur, les hommes venaient à se détacher du christianisme, des superstitions grossières et dégradantes viendraient le remplacer...
Burke eut une grande influence auprès des penseurs et écrivains français : Joseph de Maistre, Alexis de Tocqueville, Taine, Renan et aussi Barrés. Ce dernier sut voir, comme Burke, le poids du passé et la présence des morts à nos côtés.
Burke meurt le 9 juillet 1797.
R.S. Rivarol du 27/1/2012
Mais Burke est surtout célèbre pour son opposition farouche à la philosophie des Lumières et pour l'horreur que lui inspirent les idées à la mode en France, qui prépareront le terrain à la Révolution française, et qui représentent pour lui le mal politique. Il présente ainsi Jean-Jacques Rousseau comme un faux prophète. Ses écrits anti-révolutionnaires ne tardèrent pas à faire de Burke « le porte-parole de l'Europe monarchique ». Il cristallisa l'opinion anglaise et mobilisa son pays contre la Révolution. Son livre le plus célèbre est Réflexions sur la Révolution de France où il prédit la dérive dictatoriale de la Révolution française. Pour lui, il est impératif de préserver la hiérarchie sociale, de limiter la participation politique, de briser dans l'œuf toute velléité de démocratisation et de se conformer à la tradition. Burke critique l'esprit d'innovation qui est « le résultat d'un caractère intéressé et de vues bornées. » Il observe que ceux qui ne se conforment pas aux principes de leurs aïeux n'auront guère le souci de leur postérité. Refuser l'héritage des ancêtres revient à s'appauvrir.
S'adressant aux révolutionnaires français, il leur dit : « Vous avez mal commencé, parce que vous avez commencé par mépriser tout ce qui vous appartenait. »
Burke s'en prend à la composition de l'Assemblée constituante, formée d'hommes qui n'ont pas l'expérience des affaires publiques. Il estime qu'aucune élection ne peut donner à un homme des compétences qu'il ne possède pas. Pour lui, il est absurde de penser que la vérité et le bien commun pourraient sortir de la volonté du grand nombre. L'homme individuellement connaît rarement son intérêt bien compris. Quant aux foules, elles se laissent aller aux pires instincts et sont gouvernées par les passions qui sont un obstacle, comme le savaient déjà les sages de l'Antiquité, à l'exercice de la réflexion. Faire confiance au seul nombre reviendrait à ouvrir la porte à toutes les aventures. Quant aux parlements, il vaut mieux éviter une surreprésentation des juristes car « ils concevront la politique comme un vaste champ de chicane ». Pris dans leurs habitudes professionnelles, leur spécialisation étroite, ils ne posséderont pas l'aptitude à voir les choses de plus haut et de plus loin, et seront incapables de faire la synthèse des intérêts multiples qui constituent un État. L'Assemblée, pour Burke, ne doit pas être omnipotente. Il cite Montesquieu : « Le pouvoir rend fou et le pouvoir absolu, absolument fou... »
Pour lui, l'art de gouverner est une expérience qui ne s'apprend qu'avec du temps et de la patience. Il faut voir à long terme. L'instabilité politique est un mal en soi. Lorsque tout peut être toujours remis en question, rien de solide ne peut être construit.
Burke considère que la religion est la base de la vie civile, « la source de tout bien et de toute consolation. » L'homme est par nature un animal religieux, et Burke ajoute ces paroles prophétiques : si par malheur, les hommes venaient à se détacher du christianisme, des superstitions grossières et dégradantes viendraient le remplacer...
Burke eut une grande influence auprès des penseurs et écrivains français : Joseph de Maistre, Alexis de Tocqueville, Taine, Renan et aussi Barrés. Ce dernier sut voir, comme Burke, le poids du passé et la présence des morts à nos côtés.
Burke meurt le 9 juillet 1797.
R.S. Rivarol du 27/1/2012
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