La
fin de la Première Guerre mondiale a marqué un tournant décisif dans
l'histoire de l'Europe. Après les terribles saignées subies par les pays
engagés dans un conflit à nul autre pareil et les bouleversements qui
en ont découlé, se posait la question de l'organisation nouvelle à
donner au continent. Quelle serait la nouvelle carte de l'Europe ?
À partir du 18 janvier 1919 se réunit à Paris une « conférence de la paix » censée mettre en place un nouvel équilibre européen et même mondial, compte tenu des répercussions sur les autres continents. Mais dès le départ cette conférence, dont les travaux se prolongeront jusqu'au mois d'août 1920. est marquée par une partialité évidente : l'Allemagne, considérée a priori comme coupable, seule coupable, de la guerre, doit expier (« l'Allemagne paiera ») et, se trouvant donc exclue des négociations, devra se plier aux exigences des vainqueurs. Ceux-ci sont représentés par vingt-sept délégations mais le travail effectif de mise en forme est confié à une cinquantaine de comités d'experts, qui ont la charge de remettre leurs conclusions au Conseil des Quatre (Clemenceau pour la France. Lloyd George pour l'Angleterre. Wilson pour les États-Unis, Orlando pour l'Italie). C'est à ce cénacle qu'appartient la réalité du pouvoir de décision.
Cela ne va pas sans tensions et divergences, car les intérêts, donc les intentions, des uns et des autres ne concordent pas. Ainsi, face à l'intransigeance de la France à l'égard de l'Allemagne, qu'il s'agît d'abaisser le plus possible par tous les moyens et sur tous les plans, l'Angleterre souhaite plus de souplesse, à la fois par crainte d'une prééminence française en Europe trop affirmée et par souci des intérêts économiques anglais bien compris d'Allemagne peut et doit redevenir un important débouché de l'industrie et du commerce britanniques, ce qui exclut qu'elle soit ruinée). Quant à l'Italie, elle se voit refuser par Wilson les gains territoriaux (Fiume et la Dalmatie) qui lui avaient été promis pour son entrée en guerre. Le même Wilson refuse que la France annexe la Sarre.
Quand les vainqueurs parviennent, vaille que vaille, à fixer les clauses du traité, très dures pour l'Allemagne, les autorités allemandes mais aussi l'opinion allemande refusent de les accepter, d'autant qu'elles sont présentées comme la conséquence de la culpabilité allemande. Le 17 juin l'ultimatum est lancé : l'Allemagne doit accepter dans les cinq jours, sinon... Hermann Müller, le nouveau ministre des Affaires étrangères allemand, doute que son pays ait la capacité de résister. Il signe le traité le 28 juin.
L'Allemagne perd en Europe 68 000 km2 et 8 millions d'habitants, au profit de la France, de la Pologne, de la Belgique. Elle perd aussi toutes ses colonies, en Afrique et en Asie, attribuées à la France, à la Grande-Bretagne, au Japon, à la Nouvelle-Zélande, à l'Australie, à l'Afrique du Sud et à la Belgique. Sur le plan militaire, l'Allemagne n'aura qu'une armée de 100 000 hommes, sans équipement lourd (artillerie, chars), sans aviation, avec une marine sans cuirassés ni sous-marins, tandis que le grand état-major est dissous. En clair, l'Allemagne n'a plus une réelle capacité de défense.
Sur le plan économique, le pays vaincu doit livrer une partie de sa flotte commerciale, de son matériel ferroviaire et de ses machines industrielles, tout en perdant les trois quarts de son minerai de fer, le quart de son charbon et de son acier, 15 % de sa production agricole.
De plus les Allemands vont devoir payer des "réparations", dont le montant sera fixé par une commission, pour le 1er mai 1921 au plus tard. En attendant, l'Allemagne doit verser la somme de 20 milliards de marks-or. Dans un pays où règne la misère (des anciens combattants invalides, y compris des officiers, en sont réduits à la mendicité et la mortalité infantile est impressionnante), ces mesures provoquent une grande exaspération. D'autant que, pour prendre des gages, les armées alliés annoncent l'occupation de la rive gauche du Rhin, ainsi que, sur la rive droite, des viles de Cologne, Mayence et Coblence.
Ratifié par le gouvernement allemand le 10 janvier 1920, le traité de Versailles était censé tirer un trait sur le cauchemar des tranchées et rendre impuissante à jamais l'Allemagne. Treize ans plus tard, le peuple allemand, en portant par ses votes (il paraît que cela s'appelle la démocratie) Adolf Hitler au pouvoir, entendait effacer l'humiliation de Versailles et redonner à l'Allemagne son droit à l'identité et à la puissance.
Pierre VIAL. Rivarol du 27/1/2012
À partir du 18 janvier 1919 se réunit à Paris une « conférence de la paix » censée mettre en place un nouvel équilibre européen et même mondial, compte tenu des répercussions sur les autres continents. Mais dès le départ cette conférence, dont les travaux se prolongeront jusqu'au mois d'août 1920. est marquée par une partialité évidente : l'Allemagne, considérée a priori comme coupable, seule coupable, de la guerre, doit expier (« l'Allemagne paiera ») et, se trouvant donc exclue des négociations, devra se plier aux exigences des vainqueurs. Ceux-ci sont représentés par vingt-sept délégations mais le travail effectif de mise en forme est confié à une cinquantaine de comités d'experts, qui ont la charge de remettre leurs conclusions au Conseil des Quatre (Clemenceau pour la France. Lloyd George pour l'Angleterre. Wilson pour les États-Unis, Orlando pour l'Italie). C'est à ce cénacle qu'appartient la réalité du pouvoir de décision.
Cela ne va pas sans tensions et divergences, car les intérêts, donc les intentions, des uns et des autres ne concordent pas. Ainsi, face à l'intransigeance de la France à l'égard de l'Allemagne, qu'il s'agît d'abaisser le plus possible par tous les moyens et sur tous les plans, l'Angleterre souhaite plus de souplesse, à la fois par crainte d'une prééminence française en Europe trop affirmée et par souci des intérêts économiques anglais bien compris d'Allemagne peut et doit redevenir un important débouché de l'industrie et du commerce britanniques, ce qui exclut qu'elle soit ruinée). Quant à l'Italie, elle se voit refuser par Wilson les gains territoriaux (Fiume et la Dalmatie) qui lui avaient été promis pour son entrée en guerre. Le même Wilson refuse que la France annexe la Sarre.
Quand les vainqueurs parviennent, vaille que vaille, à fixer les clauses du traité, très dures pour l'Allemagne, les autorités allemandes mais aussi l'opinion allemande refusent de les accepter, d'autant qu'elles sont présentées comme la conséquence de la culpabilité allemande. Le 17 juin l'ultimatum est lancé : l'Allemagne doit accepter dans les cinq jours, sinon... Hermann Müller, le nouveau ministre des Affaires étrangères allemand, doute que son pays ait la capacité de résister. Il signe le traité le 28 juin.
L'Allemagne perd en Europe 68 000 km2 et 8 millions d'habitants, au profit de la France, de la Pologne, de la Belgique. Elle perd aussi toutes ses colonies, en Afrique et en Asie, attribuées à la France, à la Grande-Bretagne, au Japon, à la Nouvelle-Zélande, à l'Australie, à l'Afrique du Sud et à la Belgique. Sur le plan militaire, l'Allemagne n'aura qu'une armée de 100 000 hommes, sans équipement lourd (artillerie, chars), sans aviation, avec une marine sans cuirassés ni sous-marins, tandis que le grand état-major est dissous. En clair, l'Allemagne n'a plus une réelle capacité de défense.
Sur le plan économique, le pays vaincu doit livrer une partie de sa flotte commerciale, de son matériel ferroviaire et de ses machines industrielles, tout en perdant les trois quarts de son minerai de fer, le quart de son charbon et de son acier, 15 % de sa production agricole.
De plus les Allemands vont devoir payer des "réparations", dont le montant sera fixé par une commission, pour le 1er mai 1921 au plus tard. En attendant, l'Allemagne doit verser la somme de 20 milliards de marks-or. Dans un pays où règne la misère (des anciens combattants invalides, y compris des officiers, en sont réduits à la mendicité et la mortalité infantile est impressionnante), ces mesures provoquent une grande exaspération. D'autant que, pour prendre des gages, les armées alliés annoncent l'occupation de la rive gauche du Rhin, ainsi que, sur la rive droite, des viles de Cologne, Mayence et Coblence.
Ratifié par le gouvernement allemand le 10 janvier 1920, le traité de Versailles était censé tirer un trait sur le cauchemar des tranchées et rendre impuissante à jamais l'Allemagne. Treize ans plus tard, le peuple allemand, en portant par ses votes (il paraît que cela s'appelle la démocratie) Adolf Hitler au pouvoir, entendait effacer l'humiliation de Versailles et redonner à l'Allemagne son droit à l'identité et à la puissance.
Pierre VIAL. Rivarol du 27/1/2012
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