Cette année-là, Henri de Bourbon, roi de Navarre, 40 ans, était, par les lois de l’hérédité monarchique, de jure le roi de France Henri IV depuis déjà quatre années, mais la Ligue – le parti catholique dirigé par le duc de Mayenne (de la famille des Guise) – occupait toujours Paris et plusieurs grandes villes du royaume, ce qui semblait devoir confiner le Béarnais dans le rôle peu enviable de chef du parti protestant. Ses brillantes victoires remportées par son “panache blanc” sur Mayenne à Arques (1589) et dans la plaine d’Ivry (1590), puis sur Farnèse duc de Parme dans la région parisienne, n’avaient point débloqué la situation militaire. Toutefois le parti des “politiques”, qu’avait réuni autour de lui Michel de l’Hospital (1505-1573), au nom du principe dynastique et par-delà les querelles religieuses, n’avait jamais cessé de préparer les esprits à l’entente entre Français...
Henri, de son côté, n’oubliait pourtant pas la recommandation de son prédécesseur Henri III l’engageant à se convertir au catholicisme pour pouvoir réellement régner sur le trône de Clovis et de saint Louis. De fait, le nouveau roi avait promis dès le 4 août 1589, dans sa déclaration de Saint-Cloud, le maintien de la religion catholique et sa propre instruction en celle-ci, mais il aurait souhaité n’abjurer le protestantisme qu’une fois maître de la capitale : « Toute sa manoeuvre, explique Jacques Bainville dans sons Histoire de France, tenait à préserver l’indépendance du pouvoir royal et à éviter jusqu’aux apparences d’une conversion imposée par les ligueurs. »
« Le bon roi Henri »
Or ceux-ci, d’année en année, montraient leur totale incapacité à donner à la France un gouvernement. Le temps jouait en faveur du Vert Galant qui venait de tomber follement amoureux de Gabrielle d’Estrées... Il savait que la Ligue n’était pas monolithique. Mayenne devait lutter contre quelques curés (les “Seize”) plus démocrates et factieux que les protestants eux-mêmes. La pagaille s’éternisait dans Paris depuis la mort en 1590 du pseudo-roi “Charles X” que les ligueurs s’étaient donné en la personne du cardinal de Bourbon (un oncle d’Henri).
Mayenne s’avisa alors de convoquer les états généraux ; le désordre qui s’ensuivit servait ouvertement les intérêts de Philippe II roi d’Espagne, cherchant à placer sa fille Isabelle, petite- fille, par sa mère, d’Henri II, sur le trône capétien. La peur de voir le royaume en lambeaux et la couronne sur une tête étrangère rétablit un peu de bon sens. Si les Français dans leur ensemble s’étaient sentis proches de la Ligue par peur de l’hérésie, ils n’entendaient nullement sacrifier la France et attendaient maintenant tout de la conversion du Roi.
L’heure d’Henri IV était venue. S’entourant de toutes les précautions spirituelles, il entreprit à Suresnes de longs pourparlers avec les représentants les plus lucides de la Ligue, puis se fit instruire par l’archevêque de Bourges, les évêques de Nantes, de Maillezais, de Chartres et deux curés de Paris.
Enfin, le dimanche 25 juillet 1593, devant la basilique de Saint-Denis, il abjura solennellement et publiquement le protestantisme. Les apprentis sorciers qui croyaient sauvegarder la foi en pactisant avec l’étranger étaient confondus. S’il faut reconnaître que la résistance de la Ligue avait quand même permis au royaume de rester catholique, c’était le respect du principe de l’hérédité monarchique qui sauvait la France dans son existence même, dans son unité et dans son indépendance. Le roi allait pouvoir être sacré à Chartres (Reims étant encore pour quelque temps aux mains de la Ligue) dès le 27 février 1594 puis accomplir, le 22 mars suivant, son entrée solennelle dans Paris. Peu après, en 1598 le ‘“bon roi Henri” accorderait l’édit de Nantes, assurant ainsi une relative paix religieuse qui allait permettre en France pendant tout le XVIIe siècle un magnifique élan catholique.
MICHEL FROMENTOUX L’Action Française 2000 du 21 février au 5 mars 2008
Henri, de son côté, n’oubliait pourtant pas la recommandation de son prédécesseur Henri III l’engageant à se convertir au catholicisme pour pouvoir réellement régner sur le trône de Clovis et de saint Louis. De fait, le nouveau roi avait promis dès le 4 août 1589, dans sa déclaration de Saint-Cloud, le maintien de la religion catholique et sa propre instruction en celle-ci, mais il aurait souhaité n’abjurer le protestantisme qu’une fois maître de la capitale : « Toute sa manoeuvre, explique Jacques Bainville dans sons Histoire de France, tenait à préserver l’indépendance du pouvoir royal et à éviter jusqu’aux apparences d’une conversion imposée par les ligueurs. »
« Le bon roi Henri »
Or ceux-ci, d’année en année, montraient leur totale incapacité à donner à la France un gouvernement. Le temps jouait en faveur du Vert Galant qui venait de tomber follement amoureux de Gabrielle d’Estrées... Il savait que la Ligue n’était pas monolithique. Mayenne devait lutter contre quelques curés (les “Seize”) plus démocrates et factieux que les protestants eux-mêmes. La pagaille s’éternisait dans Paris depuis la mort en 1590 du pseudo-roi “Charles X” que les ligueurs s’étaient donné en la personne du cardinal de Bourbon (un oncle d’Henri).
Mayenne s’avisa alors de convoquer les états généraux ; le désordre qui s’ensuivit servait ouvertement les intérêts de Philippe II roi d’Espagne, cherchant à placer sa fille Isabelle, petite- fille, par sa mère, d’Henri II, sur le trône capétien. La peur de voir le royaume en lambeaux et la couronne sur une tête étrangère rétablit un peu de bon sens. Si les Français dans leur ensemble s’étaient sentis proches de la Ligue par peur de l’hérésie, ils n’entendaient nullement sacrifier la France et attendaient maintenant tout de la conversion du Roi.
L’heure d’Henri IV était venue. S’entourant de toutes les précautions spirituelles, il entreprit à Suresnes de longs pourparlers avec les représentants les plus lucides de la Ligue, puis se fit instruire par l’archevêque de Bourges, les évêques de Nantes, de Maillezais, de Chartres et deux curés de Paris.
Enfin, le dimanche 25 juillet 1593, devant la basilique de Saint-Denis, il abjura solennellement et publiquement le protestantisme. Les apprentis sorciers qui croyaient sauvegarder la foi en pactisant avec l’étranger étaient confondus. S’il faut reconnaître que la résistance de la Ligue avait quand même permis au royaume de rester catholique, c’était le respect du principe de l’hérédité monarchique qui sauvait la France dans son existence même, dans son unité et dans son indépendance. Le roi allait pouvoir être sacré à Chartres (Reims étant encore pour quelque temps aux mains de la Ligue) dès le 27 février 1594 puis accomplir, le 22 mars suivant, son entrée solennelle dans Paris. Peu après, en 1598 le ‘“bon roi Henri” accorderait l’édit de Nantes, assurant ainsi une relative paix religieuse qui allait permettre en France pendant tout le XVIIe siècle un magnifique élan catholique.
MICHEL FROMENTOUX L’Action Française 2000 du 21 février au 5 mars 2008
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