SERGEY SPIGELGLAS
Il ne fera qu’un passage éclair à la tête de l’INO,
de février à novembre 1938, mais sa carrière n’est pas inintéressante,
loin de là. Il naît en 1897 dans une famille juive de Bélarus et fera
son droit à l’Université de Moscou. Mais sa vocation est ailleurs.
Après la révolution d’octobre, il rejoint la tchéka
où, en raison de ses compétences linguistiques étendues, on l’affecte
au département « étranger ». En 1926, il se trouve en Mongolie, engagé
dans des opérations secrètes contre la Chine et le Japon.
En 1930 : changement de décor. Il est à Paris, en tant que chef clandestin de la Guépéou.
[Tiens, la LICRA venait tout juste d’être créée, à Paris aussi, par des
admirateurs de la « grande annonciation ». Tout ce petit monde ne
devait pas manquer de sujets de conversation …] Comme couverture, il
ouvre une poissonnerie de luxe près du boulevard Montmartre.
Spécialité : les langoustes. Mais c’est dans d’autres eaux qu’il va
pêcher, du côté des émigrés russes blancs et des trotskystes, une
obsession de Staline. Il infiltrera ces milieux en y plaçant des agents à
lui.
Puis il rentre à Moscou pour y former les cadres de l’espionnage et devient l’adjoint d’Abram Slutsky. Il est particulièrement en charge de la liternoye,
ou opérations de liquidation. Il organisera l’assassinat du
nationaliste ukrainien Yevhen Konovalets à Rotterdam en mai 1938, ainsi
que les opérations Ignace Reiss et Evgenii Miller, dont nous avons parlé
hier.
Il
est également fortement suspecté d’avoir fait assassiner en France en
1937 Georges Agabekov, ex-agent du NKVD ayant fait défection par amour
pour une Anglaise et en 1938, toujours en France, le trotskyste Rudolf
Klement.
Lorsque
son chef direct, Abram Slutsky, meurt empoisonné en février 1938, c’est
lui qui le remplace à la tête de l’INO. Mais il ne restera pas
longtemps à ce poste qui était un vrai siège éjectable. Le nouveau chef
du NKVD, Lavrenti Beria, le fait arrêter en novembre 1938. Il devenait
un témoin gênant de trop de crimes.
Il est emprisonné, torturé pour lui arracher une fausse confession. Il déclarera notamment dans cette confession que Lev Sedov,
le fils de Trotsky, était mort de mort naturelle et non assassiné par
des agents de Staline. Après un simulacre de procès, il est exécuté en
janvier 1941.
Franchement,
je me demande comment il pouvait encore y avoir des candidats à ce
poste …. Et pourtant, il y en eut. Encore et encore.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire