Le 1er mars 293, Dioclétien instaure la «tétrarchie».
Ce mot d'origine grecque désigne un gouvernement à quatre. Cette forme
originale de gouvernement avait été pratiquée dans quelques cités
grecques avant d'être adoptée par l'empereur romain.
Jean-François Zilberman.
Un redresseur d'empire
Dioclétien
est un soldat de grand mérite originaire des régions du Danube. Comme
ses prédécesseurs du IIIe siècle, eux aussi originaires de l'Illyrie, il
comprend que le gouvernement de l'Empire dépasse désormais les forces
d'un seul homme.
L'Empire romain à son apogée
Cliquez pour agrandirCette carte montre l'Empire romain dans sa plus grande extension (fin du Ier siècle après Jésus-Christ). Au centre de cet immense empire était la mer Méditerranée que les Romains appelaient avec orgueil et très justement Mare Nostrum (Notre mer). Cet empire est aujourd'hui éclaté en États rivaux que divisent les différences linguistiques, politiques, religieuses, sociales et économiques.
La
pression des Barbares se fait de plus en plus forte aux frontières et
certaines provinces comme la Gaule en arrivent à se gouverner seules.
Depuis l'époque de Septime Sévère, les armées elles-mêmes sont de plus en plus indisciplinées.
Dans
l'année qui suit son arrivée au pouvoir, en 286, Dioclétien se donne un
collègue, Maximien. Encouragé par le succès de cette première
cohabitation, il complète le système avec deux nouveaux empereurs d'un
rang inférieur. Ainsi naît la tétrarchie, gouvernement à quatre têtes dans lequel Dioclétien conserve un rang prééminent.
L'empereur
découpe les vastes provinces de l'empire et crée des circonscriptions
de taille plus réduite, plus faciles à organiser et défendre. Rome n'est
plus le siège du gouvernement. La Ville éternelle est délaissée au
profit de quatre capitales frontalières plus proches des légions.
Dioclétien et Maximien prennent le titre d'Auguste. Le premier gouverne l'Orient (capitale : Nicomédie, au sud de la mer de Marmara, en face de Byzance, le second l'Italie et l'Afrique (capitale : Milan).
Les adjoints prennent le titre de César.
Constance Chlore gouverne l'Espagne, la Bretagne et la Gaule (capitale :
Trèves), Galère l'Illyrie (capitale : Sirmium ; aujourd'hui Sremska Mitrovica, en Serbie, province de Voïvodine).
Les premiers résultats se révèlent satisfaisants : mieux encadrées, les légions repoussent avec succès les assauts barbares.
La tétrarchie
On peut voir à Venise, sur le mur extérieur de la basilique Saint-Marc, une belle sculpture antique en pierre rouge dont on suppose qu'elle représente les tétrarques. Elle a été découverte à Constantinople et ramenée à Venise comme prise de guerre par des croisés.
La grande persécution
Dans
le même temps où il décentralise l'administration de l'Empire,
Dioclétien éprouve la nécessité de renforcer sa cohésion culturelle et
politique. C'est pourquoi son règne est marqué par de violentes
persécutions contre les communautés chrétiennes qui refusent de
sacrifier au culte impérial. Ces persécutions sont les plus dures qu'ait
jamais connues l'Empire romain. Elles obligent les chrétiens à choisir
entre le reniement et le «martyre».
La «grande persécution»
commence en 299 avec l'exclusion de l'armée des soldats baptisés, ces
derniers refusant en effet de verser le sang ! Puis, de février 303 à
février 304, quatre édits impériaux inspirés à Dioclétien par Galère
ordonnent de brûler les livres saints et de raser les églises partout
dans l'empire.
La
persécution atteint son paroxysme avec un édit qui prescrit au début de
304 un sacrifice général dans tout l'Empire, sous peine de mort ou de
condamnation aux travaux forcés dans les mines.
Les
fonctionnaires locaux exécutent les édits avec un zèle relatif. En 311,
constatant l'échec de la répression, l'empereur Galien publie un édit
de tolérance. Deux ans plus tard, son successeur Constantin en étend
l'application, faisant du christianisme la nouvelle religion dominante.
Vie et mort de la tétrarchie
Selon
la règle qu'ils ont eux-mêmes fixée, Dioclétien et Maximien se retirent
de leur plein gré en 305. Mais leurs successeurs montrent beaucoup
moins de désintéressement. La tétrarchie sombre dans les rivalités
intestines jusqu'à la victoire de Constantin sur ses rivaux. Mais elle
aura préparé la scission de l'Empire entre l'Orient et l'Occident. http://www.herodote.net
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