Constantinople
ne s’étant pas défendue en 1261, la ville ne fut reprise par les Grecs
que par surprise. Michel VIII Paléologue fut la souche d’une dynastie
qui dura près de deux siècles.
Si
le règne de Michel fut un succès bien temporaire, le déclin définitif
de Byzance commença dès sa mort, en raison de la lutte qu’il fallut
mener sur deux fronts, le premier à l’ouest, contre les « Latins », le
second à l’est, contre les Ottomans, ou Osmanslis, à l’origine petite
tribu turque d’Anatolie qui a réussi, profitant de circonstances
favorables, à se constituer un domaine couvrant tout l’ouest de l’Asie
mineure et une grande partie des Balkans, et aussi en conséquence des
luttes pour le trône impérial et des luttes religieuses internes, plaies
presque permanentes de l’Empire d’Orient, dès sa création...
Les
empereurs sont alors tentés par la réconciliation avec Rome, le schisme
apparaissant - sans doute à juste titre - comme une des causes
essentielles de la décadence apparemment irrésistible de l’Empire. Des
croisades pour desserrer le joug ottoman sont projetées et continueront
de l’être, jusqu’au XVIe siècle et au-delà, dans tous les
traités entre souverains chrétiens, mais elles relèvent plus de
conventions que d’un véritable souci de combattre les Turcs.
Le pape, qui, lui aussi, voit, en cette période des XIVe et XVe siècles,
son autorité contestée en Occident, n’est pas en mesure de les
organiser, d’autant qu’il se heurte à l’aveuglement et à l’égoïsme
féroce des républiques marchandes, Gênes et Venise, qui ne voient pas le
danger turc et préfèrent assurer leur domination commerciale ;
d’ailleurs, leurs exactions passées leur ont valu, de la part des Grecs
byzantins, une haine inexpiable. Aussi quand, en 1439, l’empereur, le
patriarche et une partie des évêques tentent une réconciliation avec
Rome, c’est avec une incroyable violence que le peuple et la majorité du
clergé s’y opposeront, tandis que la croisade, cependant organisée pour
venir au secours de Constantinople, était écrasée en 1544 à Varna.
Non
seulement la défaite des Serbes par les Ottomans à Kosovo en 1389 ne
délivre pas Constantinople de la menace turque, mais elle place la ville
et ce qui reste de l’empire à l’intérieur d’une tenaille ottomane.
Celle-ci dut s’ouvrir quand les Mongols de Tamerlan battirent le sultan
Bajazet à Angora en 1402, mais seulement pour vingt ans. Dès 1422, les
Turcs étaient à nouveau sous les murs de Constantinople.
En 1451, Mahomet II décide que Constantinople sera sa capitale et il mettra tous les moyens pour y parvenir.
Contrairement
à une légende tenace, non seulement les défenseurs de la ville ne
perdirent pas leur temps à disserter sur le sexe des anges, mais ils
organisèrent une défense désespérée, malgré l’absence quasi totale de
tout secours venu d’Occident. Cette défense dura sept semaines mais dut
céder devant un ennemi vingt fois supérieur en nombre et mieux pourvu
d’artillerie. Dans le dernier combat, l’empereur, Constantin XI
Dragagète, se fit courageusement tuer. Huit ans plus tard, les derniers
débris de l’empire romain d’Orient tombaient aux mains des Turcs. Si la
Grèce et la principauté de Serbie devaient obtenir leur indépendance en
1830 et les peuples des Balkans successivement jusqu’en 1912,
Constantinople est toujours turque.
Les
sultans ottomans installèrent leur capitale, véritable tête de pont en
Europe, d’où ils lancèrent d’innombrables attaques contre les pays
chrétiens, conquérant au passage Rhodes, Chypre et la Crète. Leur
expansion fut ralentie par la victoire de Lépante en 1571 (gagnée après
que le peuple catholique tout entier se fut mis en prière, récitant sans
relâche le saint Rosaire), mais, un peu plus d’un siècle plus tard, ils
arrivèrent sous les murs de Vienne d’où ils furent repoussés,
définitivement, espérait-on.
Définitivement ?
Aujourd’hui les Européens sont prêts à toutes les concessions, y
compris à renier leurs origines chrétiennes, pour obtenir que la Turquie
adhère à l’Union européenne. Or, en raison de sa natalité galopante, ce
pays sera bientôt, s’il y adhère, le pays le plus peuplé, donc le plus
représenté, de cette Union, c’est-à-dire que tôt ou tard la Turquie
islamique dominera l’Europe d’origine chrétienne.
On
pourrait penser que cette attitude des gouvernements européens
provenait de leur soumission excessive aux désirs des Etats-Unis qui
avaient promis, en récompense du soutien turc dans la guerre du Golfe de
1991, de conduire l’Europe à accepter cette adhésion. Il semble qu’il
n’en soit rien, puisque les Etats-Unis n’ont pas obtenu le même soutien
en 2003 et sont dorénavant beaucoup moins favorables aux souhaits des
Turcs. Doit-on en conclure que l’objectif des gouvernements européens
est, en fait, moins de complaire aux Etats-Unis que de détruire
définitivement, par invasion intérieure, la chrétienté européenne ? On
pourrait le croire quand on constate que certains seraient également
favorables à l’adhésion d’Israël et des pays musulmans du Maghreb...
Tout
cela fait que la date du 29 mai a, dans notre histoire, une importance
considérable. Or, il n’en a été fait nulle commémoration, du moins en
France, par les organismes habituellement chargés des commémorations.
Ils
ne peuvent pourtant pas arguer que la prise de Constantinople par les
Turcs ne concerne pas la France puisque, l’an prochain, la prise de la
même ville par les Croisés en 1204 sera le prétexte de grandes
commémorations.
Il
est vrai que cela permettra de présenter les chrétiens croisés comme
des barbares et des vandales comparés aux adeptes de l’islam, religion
de paix, d’amour et de tolérance... par Anne Merlin-Chazelas http://www.france-courtoise.info
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