Clemenceau
est né le 28 septembre 1841 en Vendée. Il est le fils d’un médecin de
Nantes, républicain, façonné par les idées nouvelles, libéral, radical,
agnostique et même anticlérical. Georges a dix ans quand se produit, le 2
décembre 1851, le coup d’Etat de celui qui sera Napoléon lII. Les
gendarmes viennent arrêter le docteur Clemenceau. Le petit serre les
poings : « Je te vengerai ». Son père lui répond : « Travaille pour devenir un homme.
» Il sera maire du 18e arrondissement, président du conseil municipal
de Paris, député, et président du Conseil, et même académicien, bien
qu’il ne siégeât jamais. Celui qui fut surnommé le Tigre, pour
sa bravoure et sa férocité à combattre ses multiples adversaires,
s’imposa par sa verve, davantage que par sa plume, comme le chef
incontesté des républicains radicaux et de l’opposition d’extrême gauche
aux Opportunistes, emmenés par Gambetta. L’écrivain Julien Gracq
évoquera son « agressivité pure, gratuite, incongrue », et une « personnalité aux arêtes tranchantes comme un rasoir.
» Quand éclate la Commune, il est maire de Montmartre, et traînera
toute sa vie l’accusation (injuste) d’avoir laissé fusiller les généraux
Lecomte et Clément Thomas. Il se battra avec fougue pour l’amnistie des
communards. Le gouvernement Waddington veut-il exclure de l’amnistie
ceux qui « se déclarent ennemis de la société » ? Clemenceau suscite les rires de la Chambre en déclarant : « A quel signe, à quel critérium reconnaît-on un ennemi de la société ?
M.
le duc de Broglie est un ennemi de la société aux yeux de M. Baudry
d’Asson, et moi je tiens M. Baudry d’Asson pour un ennemi de la société.
Nous sommes ainsi 36 millions d’ennemis de la société qui sommes
condamnés à vivre dans la même société. » Le Tigre sait se montrer féroce… Il prétendait ne pas aimer son surnom : « Le tigre ? Tout en mâchoire et peu de cervelle. Cela ne me ressemble pas.
» Farouchement opposé au colonialisme et au « parti colonial » qui est
affairiste en diable, il défend la nécessité de préparer en priorité
l’armée française face à l’Allemagne. Il s’attaque au libéralisme
économique, déclarant ; « Qu’est-ce que votre laissez-faire, votre
loi de l’offre et de la demande, sinon l’expression pure et simple de la
force ? Le droit prime la force : voilà le principe de la civilisation. » Il défend Dreyfus et « invente » le titre du fameux pamphlet de Zola, publié dans l’Aurore : J’accuse… « Premier flic de France
» (les fameuses Brigades du Tigre doivent leur surnom à Clemenceau),
s’illustre par sa détermination à faire face aux importantes grèves,
parfois insurrectionnelles qui secouent le pays. Il écrase de son mépris
les médiocres politiciens. Il retire ainsi son portefeuille des
Finances à Ribot, déclarant : « Il est voûté, mais ce n’est pas un abri
sûr. » Il trouve moyen de se brouiller durablement avec Jaurès. Voici un
échange amusant au Parlement : « Jaurès, vous n’êtes tout de même pas le Bon Dieu ? — Et vous, vous n’êtes pas le Diable ? » Et Clemenceau de répliquer : « Qu’en savez-vous ?
» Clemenceau s’oppose à la peine de mort et décrit dans des pages
impressionnantes l’exécution de l’anarchiste Emile Henry, évoquant « un
bruit de craquements prolongés comme d’os lentement écrasés, broyés »,
concluant son article par : « Que des barbares aient des mœurs
barbares, c’est affreux, mais cela s’explique. Mais que des civilisés
irréprochables[...] s’acharnent vertueusement à couper un homme en deux,
voilà ce qu’on ne peut expliquer que par une régression atavique vers
la barbarie primitive ».
Vient la Grande Guerre. Clemenceau est résolu de se battre à outrance. Chez lui, pas de romantisme et de fleurs au fusil. « La parole est au canon. Et maintenant, aux armes ! Tous. Mourir n’est rien. Il faut vaincre. » Lorsqu’il présente, le 8 mars 1918, son programme de gouvernement à la tribune, il déclare : « Vous voulez la paix ? Moi aussi. Il serait criminel d’avoir une autre pensée. Mais ce n’est pas en bêlant la paix qu’on fait taire le militarisme prussien. Politique intérieure ? Je fais la guerre. Politique étrangère ? Je fais la guerre. Je fais toujours la guerre. » Il continua, hélas, de faire la guerre après la guerre, portant une lourde responsabilité dans la catastrophe prévisible que préparait le traité de Versailles.
Il meurt le 24 novembre 1929 à Paris. Sur son lit de mort, voyant arriver un prêtre, il avait dit « Enlevez-moi ça ! » Il refusait des obsèques officielles. Ses dernières volontés furent : « Pour mes obsèques, je ne veux que le strict minimum, c’est-à-dire moi. » Il fut enterré debout, tourné vers l’est. Seuls quelques paysans réussirent à forcer les barrages de gendarmes pour lui rendre un dernier hommage…
R.S. RIVAROL 9 SEPTEMBRE 2011
Vient la Grande Guerre. Clemenceau est résolu de se battre à outrance. Chez lui, pas de romantisme et de fleurs au fusil. « La parole est au canon. Et maintenant, aux armes ! Tous. Mourir n’est rien. Il faut vaincre. » Lorsqu’il présente, le 8 mars 1918, son programme de gouvernement à la tribune, il déclare : « Vous voulez la paix ? Moi aussi. Il serait criminel d’avoir une autre pensée. Mais ce n’est pas en bêlant la paix qu’on fait taire le militarisme prussien. Politique intérieure ? Je fais la guerre. Politique étrangère ? Je fais la guerre. Je fais toujours la guerre. » Il continua, hélas, de faire la guerre après la guerre, portant une lourde responsabilité dans la catastrophe prévisible que préparait le traité de Versailles.
Il meurt le 24 novembre 1929 à Paris. Sur son lit de mort, voyant arriver un prêtre, il avait dit « Enlevez-moi ça ! » Il refusait des obsèques officielles. Ses dernières volontés furent : « Pour mes obsèques, je ne veux que le strict minimum, c’est-à-dire moi. » Il fut enterré debout, tourné vers l’est. Seuls quelques paysans réussirent à forcer les barrages de gendarmes pour lui rendre un dernier hommage…
R.S. RIVAROL 9 SEPTEMBRE 2011
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