LA STRATEGIE DU POSITIONNEMENT EVITE LA REALITE ET FAVORISE L’ILLUSION (II).
MEMOIRE – CC/1999
1.1.2 La rhétorique : instrument de manipulation
Aristote, bien que disciple de Platon, n’a pas
craint d’écrire un Art rhétorique en trois volumes. La rhétorique, selon
Aristote « consiste dans la faculté de découvrir tous les moyens
possibles de se faire croire sur tout sujet ».
Sa rhétorique se propose d’apprendre à
persuader aussi bien par le sentiment que par la preuve. Elle diffère de
la dialectique tout en restant en parenté avec elle. Elle ne relève
pas de la théorie ; son objectif est extérieur à elle : c’est la
persuasion des interlocuteurs.
Elle possède ses règles et se prête à la
connaissance, c’est une sorte de « science appliquée » dont la finalité
est de persuader.
Aristote fonde l’usage de son art de persuader
sur sa conception de l’auditoire : certains auditeurs modestes (les gens
du commun) n’ont pas la capacité de suivre un raisonnement élaboré et
ceux qui ont le pouvoir de décision sont en général des gens simples.
Dans ces conditions, Aristote recommande la pratique d’une rhétorique
calquée sur la dialectique, mais dépouillée.
(…)
1.1.3 Manipulation et « art de bien dire »
(…)
1.2.1 Les corruptions modernes de manipulations
Le cerveau est éminemment manipulable et cela
malgré les systèmes de défense les plus blindés en apparence. Les
opérations de colonisation psychologique des esprits, notamment par la
propagande, les enclaves dans l’esprit d’autrui, font qu’en général on
s’insurge contre ces techniques. L’une des ressources premières, fille
de la sophistique, de l’art oratoire et de la rhétorique en général,
repose sur les falsifications du discours. La psycholinguistique est à
même aujourd’hui d’identifier les mécanismes à l’œuvre, l’architecture
souterraine de la manipulation. Ce qui rend tendancieuse la
communication, ce qui signe l’intentionnalité d’une conduite
manipulatoire, tout ce qui a valeur de « charger » le discours de façon
plus ou moins dissimulée vaut d’être recensé.
1.2.2 Les enseignements de la rhétorique : les « tours » et les « figures »
De la rhétorique, il reste l’enseignement que
le maniement du langage peut faire de la parole un moyen d’action. Les
orateurs politiques restent de fidèles usagers des « tours » conseillés
par toute la littérature traitant de l’éloquence depuis Aristote,
Cicéron et Quintilien et repris plus tard par Saint Augustin.
Même si ces moyens paraissent désuets, voire
vieillots, ils continuent à faire partie du bagage du « faiseur de
discours » : ils cherchent à émouvoir avant tout, fidèle à l’essence
même de la rhétorique : être l’instrument de l’opinion.
Voici quelques exemples :
– pratiquer la tautologie (je sais, je crois, je sens…) ;
– pratiquer la métonymie en faisant parler les faits eux-mêmes (la crise nous a obligé à prendre des mesures désagréables) ;
– rejeter les maladresses comme pour les exorciser de son propre discours (je ne ferai pas de démagogie…) ;
– se livrer à l’inflation des valeurs (justice, liberté, croissance, prospérité…) ;
– utiliser des maximes (tout n’est pas possible) ;
– fabriquer des métaphores (nous avons construit les fondations, nous allons ensemble bâtir la maison) ;
– se placer au milieu de ses interlocuteurs (nous tous, nous pouvons…) ;
– créer des slogans, des refrains (une société plus juste, plus humaine, plus libre) ;
– pratiquer la contre-objection (certes, on me reprochera de…) ;
– énoncer des lieux communs (ce qui compte c’est l’essentiel) ;
– lancer des séries anaphoriques (ceux qui… ceux qui… ceux qui…) ;
– redoubler les termes (la crise et quelle crise…) ;
– établir des constats afin de créer des assertions se voulant indéniables (il s’agit de… il est vrai… il faut dire…) ;
– faire référence à ce qui a été dit ;
– répéter les mots pour faire croire à leur signification (je suis un homme honnête) ;
– provoquer le contradicteur éventuel (je voudrais réfléchir avec vous) ;
– créer le mouvement en jouant du style antithétique (hier/demain, choisir/renoncer, vouloir/pouvoir, dire/faire) ;
– préférer la consécutivité à la causalité (utiliser « c’est pourquoi » au lieu de « parce que »)
– exprimer le définitif (désormais, sans, jamais) et l’absolu (jusqu’au bout, totalement) ;
– apostropher l’auditoire (vous, chers amis, qui…)
– pratiquer la métonymie en faisant parler les faits eux-mêmes (la crise nous a obligé à prendre des mesures désagréables) ;
– rejeter les maladresses comme pour les exorciser de son propre discours (je ne ferai pas de démagogie…) ;
– se livrer à l’inflation des valeurs (justice, liberté, croissance, prospérité…) ;
– utiliser des maximes (tout n’est pas possible) ;
– fabriquer des métaphores (nous avons construit les fondations, nous allons ensemble bâtir la maison) ;
– se placer au milieu de ses interlocuteurs (nous tous, nous pouvons…) ;
– créer des slogans, des refrains (une société plus juste, plus humaine, plus libre) ;
– pratiquer la contre-objection (certes, on me reprochera de…) ;
– énoncer des lieux communs (ce qui compte c’est l’essentiel) ;
– lancer des séries anaphoriques (ceux qui… ceux qui… ceux qui…) ;
– redoubler les termes (la crise et quelle crise…) ;
– établir des constats afin de créer des assertions se voulant indéniables (il s’agit de… il est vrai… il faut dire…) ;
– faire référence à ce qui a été dit ;
– répéter les mots pour faire croire à leur signification (je suis un homme honnête) ;
– provoquer le contradicteur éventuel (je voudrais réfléchir avec vous) ;
– créer le mouvement en jouant du style antithétique (hier/demain, choisir/renoncer, vouloir/pouvoir, dire/faire) ;
– préférer la consécutivité à la causalité (utiliser « c’est pourquoi » au lieu de « parce que »)
– exprimer le définitif (désormais, sans, jamais) et l’absolu (jusqu’au bout, totalement) ;
– apostropher l’auditoire (vous, chers amis, qui…)
Toutes ces figures ressortent du domaine de
l’énonciation langagière, familière aux milieux de la politique, de la
justice, des affaires (discours, plaidoiries, diplomatie, commerce,
etc.). Elles manifestent une volonté de donner de l’éclat, de l’énergie
un élan à la pensée en vue de frapper, d’émouvoir.
Les figures du discours empruntent parfois les
chemins du symbole, de la suggestion, de l’allusion (H. Suhamy, 1987).
Elles allègent ou exagèrent l’expression. C’est à ce titre qu’elles ont
été condamnées : certains n’y voient qu’une vulgaire technique de
manipulation exploitant les réflexes et les passions du public dans ce
qu’ils ont de grégaire et d’irrationnel.
Insister, charger le discours, c’est bien la
fonction de figure telles que la battologie (de Battos, roi de Cyrène
qui était bègue), redondance consistant à appuyer de façon rythmique et
accumulative comme dans : « ce projet est mort et enterré » ou « c’est
fini, fi-ni ! » ; la périssologie, figure consistant à renforcer une
déclaration par des précisions théoriquement inutiles comme dans : « je
l’ai vu de mes propres yeux ».
La manipulation doit faire un grand usage des
figures de répétitions et d’amplification. C’est le cas de l’anaphore
(elle consiste à commencer plusieurs phrases ou membres de phrases
successifs par le même mot ou groupe de mots), dont l’emploi fréquent
aujourd’hui signifie, selon H. Suhamy, le besoin de retrouver un certain
formalisme magique et primitif :
« Nous disons à François Mitterand :
l’heure n’est plus à l’ironie et aux petites phrases. L’heure est à la
discussion. L’heure est à la décision. L’heure est à l’accord» (G. Marchais, Le Monde 16 février 1978)
Autre intentionnalité nettement manipulatoire
encore avec la question rhétorique.Cette figure a pour fonction de
transmettre des certitudes sous forme de questions posées à un
interlocuteur où a un auditoire que l’on suppose acqui d’avance (cette
figure renvoie à la notion de stratagème que nous analyserons plus
loin). Cette attitude rhétorique s’apparente au théâtre en ce sens
qu’elle simule un dialogue dans lequel l’orateur manipule les questions
et les réponses de manière à se donner l’avantage :
« Alors ce programme, il était mauvais ? Il
ne suffisait pas ? Il fallait le changer ? C’était bien utile de
demander d’y ajouter ceci ou cela si c’était pour le détruire. Quoi ? Le
programme ne convient pas ? Mais il ne convenait pas non plus l’an
dernier. »
La communication est un autre figure exemplaire
des pièges du discours visant à influencer. Son ressort est la
connivence. Selon P. Fontanier la communication est une figure de
pensée, une attitude qui consiste « à mieux persuader ceux à qui l’on
parle. On a l’air de les consulter, d’entrer en conférence avec eux, et
de s’en rapporter à ce qu’ils décideront eux-mêmes ». http://www.mecanopolis.org
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