À
l’heure actuelle [i], lorsqu’en Allemagne occidentale on qualifie de «
nationales-bolchevistes » des tendances politiques, des groupes ou des
particuliers (avec l’intention de faire de la polémique et une nuance
péjorative, comme pour « trotzkyste » ou « titiste »), on entend par là
que ces tendances, ces groupes ou ces personnes sont orientés vers
l’Est et pro-russes, ou du moins sympathisants. Mais cette définition
ne suffit pas à caractériser le mouvement qui, entre la fin de la
première guerre mondiale et la prise du pouvoir par Hitler, attira
l’attention des sphères théorético-politiques, à l’« extrême-droite »
comme à l’« extrême-gauche », de bien des façons et sous le même nom.
De deux côtés, le
mouvement était, au fond, basé sur des motifs de politique intérieure :
les socialistes révolutionnaires se ralliaient à l’idée de nation,
parce qu’ils y voyaient le seul moyen de mettre le socialisme en
pratique. Les nationalistes convaincus tendaient vers la « gauche »,
parce qu’à leur avis, les destinées de la nation ne pouvaient être
remises en toute confiance qu’à une classe dirigeante nouvelle. Gauche
et droite se rapprochaient dans la haine commune de tout ce qu’elles
appelaient l’impérialisme occidental, dont le principal symbole était le
traité de Versailles et le garant, le « système de Weimar ». Aussi
était-il presque inévitable qu’on se tournât, en politique extérieure,
vers la Russie, qui n’avait pas pris part au traité de Versailles. Les
milieux « nationaux » le firent avec l’intention de poursuivre la
politique du baron von Stein, de la convention de Tauroggen, et enfin
celle « réassurance » de Bismarck ; la gauche dissidente, elle, en dépit
des critiques souvent violentes qu’elle formulait contre la politique
communiste internationale de l’Union Soviétique, restait convaincue du
caractère socialiste, donc apparenté à elle, de l’URSS, et en attendait
la formation d’un front commun contre l’Ouest bourgeois et
capitaliste.
Le
national-bolchevisme comptait donc dans ses rangs des nationalistes et
des socialistes allemands qui, introduisant dans la politique allemande
une intransigeance sociale-révolutionnaire croissante, tablaient sur
l’aide de la Russie pour parvenir à leurs fins.
Le « national-communisme » de Hambourg
Le
national-bolchevisme allemand apparaît pour la première fois dans une
discussion entre certaines fractions du mouvement ouvrier
révolutionnaire. La chance lui a souri pour la première fois le 6
novembre 1918 et le 28 juin 1919. C’est le 6 novembre 1918 que, dans le «
Champ du Saint-Esprit » près de Hambourg, Fritz Wolffheim appela le
peuple à la « révolution allemande » qui, sous l’égide du drapeau rouge,
continuerait la lutte contre l’« impérialisme occidental ». Le 28 juin
1919 fut signé le traité de Versailles que Scheidemann et
Brockdorff-Rantzau avaient refusé de parapher.
Fritz Wolffheim et
Heinrich Laufenberg, président du Conseil d’ouvriers et de soldats de
Hambourg, menaient la lutte contre les mots d’ordre défaitistes du
Groupe Spartacus et prêchaient la guerre « jacobine » de l’Allemagne
socialiste contre le Diktat de paix. En sa qualité de chef de la
délégation de paix, le ministre allemand des Affaires étrangères, le
comte Brockdorff-Rantzau, avait eu l’intention de prononcer devant
l’Assemblée Nationale allemande un discours d’avertissement, soulignant
qu’une « paix injuste » renforcerait l’opposition révolutionnaire au
capitalisme et à l’impérialisme, et préparerait ainsi une explosion
sociale-révolutionnaire. Le discours ne fut pas prononcé, et sa teneur
ne fut publiée que plus tard.
Lorsque le
corps-franc du général von Lettow-Vorbeck fit son entrée à Hambourg, on
adressa au chef du corps-franc un appel lui demandant de se joindre
aux ouvriers révolutionnaires pour participer à cette lutte contre une «
paix injuste ». Une Association libre pour l’étude du communisme
allemand, fondée par des communistes et de jeunes patriotes – les
frères Günther y prenaient une part active – essaya de démontrer aux
socialistes et aux nationalistes la nécessité de cette lutte commune,
menée dans l’intérêt de la nation et du socialisme. Bien que des
contacts locaux aient eu lieu dans quelques villes, le mouvement n’eut
jamais d’influence réelle sur les masses.
Lors des « Journées
du Parti » à Heidelberg en 1919, le parti communiste récemment fondé
prononça l’exclusion des « gauches » de Hambourg, groupés autour de
Wolffheim et de Laufenberg, et celle du Groupe Spartacus et de quelques
autres (les deux mouvements s’étaient joints au Parti communiste).
Cette mesure avait pour cause les déviations anti-parlementaires et «
syndicalistes » (dans la question des syndicats) des intéressés.
Wolffheim et Laufenberg se rallièrent alors au Parti communiste ouvrier
allemand, qui était en train de se former. Mais on manque total de
cohésion et son absence d’unité idéologique amenèrent bientôt la
dislocation du parti. Les fidèles de Wolffheim restèrent groupés dans
la Ligue communiste, qui portait comme sous-titre officieux Ligue
nationale-communiste. Lénine et Radek avaient jeté tout leur prestige
dans la balance (la mise en garde de Lénine contre le « radicalisme »
visait surtout les Hambourgeois[ii]) pour soutenir Paul Levi,
adversaire de Wolffheim au sein du Parti communiste allemand. Les
Hambourgeois furent isolés et leur rayon d’action se réduisit à une
fraction de gauche.
Il était également
impossible de rallier un nombre suffisant d’activistes de droite. Le
comte Ulrich von Brockdorff-Rantzau partit en 1922 pour Moscou, en
qualité d’ambassadeur d’Allemagne. Il avait l’intention de « réparer de
là-bas le malheur de Versailles ». C’est à ses efforts que nous devons
le traité de Rapallo du 16 avril 1922 (dont son ami Maltzan avait fait
le plan) et le traité de Berlin d’avril 1926.
La variante
révolutionnaire d’un national-bolchevisme allemand avait échoué. Après
Rapallo, la forme évolutive de ce national-bolchevisme se poursuivit
sous forme de multiples contacts entre les chefs de la Reichswehr
(Seeckt et ses successeurs) et l’Union Soviétique. Nous ne pouvons
entrer ici dans les détails de cette collaboration.
Les idées de Wolfheim et du « comte rouge » poursuivaient leur route souterraine.
L’« Union peupliste-communiste »
Les communistes
firent le second pas dans la voie d’un front commun, patriotique et
socialiste, contre l’Occident. Le 20 juin 1923, lors de la session du
Comité exécutif élargi de l’Internationale Communiste, Karl Radek
prononça son célèbre discours sur « Leo Schlageter, voyageur du néant
», où il s’inclinait devant le sacrifice du saboteur nationaliste et
encourageait ses camarades à poursuivre, aux côtés de la classe
ouvrière révolutionnaire, la lutte commune pour la liberté nationale de
l’Allemagne.
Des discussions
s’ensuivirent dans Die rote Fahne et la revue allemande-peupliste Der
Reichswart : Moeller van den Bruck, le comte Reventlow, Karl Radek et
d’autres encore prirent la parole sur le thème : « Un bout de chemin
ensemble ? ». Des rencontres eurent lieu à l’occasion. Le « mouvement
national », où Adolf Hitler, le capitaine Ehrhardt et les peuplistes du
Groupe Wulle-Gräfe faisaient de plus en plus parler d’eux, resta à
l’écart.
Le mot d’ordre «
national » du Parti communiste sonnait faux. Au fond, il a toujours
sonné faux pour la majorité des activistes nationaux. En août-septembre
1930, le parti communiste allemand avait encore annoncé un programme de
« libération nationale et sociale du peuple allemand »[iii]. Il avait,
en outre, sous le nom de l’ex-lieutenant de la Reichswehr et nazi
Richard Scheringer[iv], rassemblé quelques centaines d’ex-nazis,
officiers et hommes des corps-francs, dans les milieux de « brèche »
(Aufbruch), autour de la revue du même nom. Pourtant, le «
national-bolchevisme » contrôlé par le Parti communiste, c’est-à-dire «
dérivé », n’est jamais devenu, ni au sein du mouvement communiste ni
en dehors, un facteur susceptible de déterminer la stratégie et la
tactique du mouvement de masse. Il ne fut jamais qu’un instrument en
marge de la NSDAP, chargé des besognes de désagrégation. Les tendances
national-bolchevistes authentiques reparurent dans une direction toute
différente.
Le « troisième parti »
Sous la République
de Weimar, il a existé en Allemagne un mouvement de rébellion «
jeune-national ». Ce mouvement se situait à l’« extrême-droite », à
côté des partis conservateurs-nationaux, du national-socialisme, des
différents groupes « peuplistes » parfois en concurrence avec lui, et
des associations nationales de défense. De 1929 à 1932, il prit des
formes concrètes, et son étiquette de « droite » n’eut bientôt plus
rien de commun avec celle en usage dans la géographie parlementaire. On
s’appelait « national-révolutionnaire », on formait ses propres
groupes, on éditait ses propres journaux ou revues, ou bien on essayait
d’exercer une influence morale sur des associations de défense, des
groupes politiques, des mouvements de jeunesse, et de les entraîner à
une révolution complète de l’état, de l’économie et de la société.
Après comme avant on
restait nationaliste, mais on inclinait de plus en plus aux
revendications anticapitalistes et socialistes, voire partiellement
marxistes.
Ces « gauches de la
droite », comme les a appelés Kurt Hiller, essayèrent d’abord d’établir,
« par-dessus les associations », des relations entre radicaux de
gauche et de droite, en prenant pour base leur « attitude commune
anti-bourgeoise et sociale-révolutionnaire ». Lorsque le poids de
l’appareil du parti eut fait, aux deux pôles, échouer ces efforts, les
intéressés décidèrent de se créer leur propre plate-forme
révolutionnaire dans les groupes et journaux nationaux-révolutionnaires.
Le ralliement, en 1930, du Groupe Wolffheim au Groupe des
nationalistes sociaux-révolutionnaires qui, dans les revues Die
Kommenden et Das Junge Volk, avait commencé à construire une
plate-forme de ce genre, et la fusion, dans la « résistance », des
jeunes-socialiste de Hofgeismar avec le Groupe Oberland, donnèrent une
vigueur nouvelle, sur un plan supérieur, aux thèses des
nationaux-communistes de Hambourg. Ce fut également le cas pour
certaines tendances pro-socialistes qui se manifestaient dans quelques
groupes de radicaux de droite ayant joué un rôle actif en Haute-Silésie
ou dans la résistance de la Ruhr.
Les groupes
nationaux-révolutionnaires sont toujours restés numériquement
insignifiants (depuis longtemps, l’opinion publique ne les désignait
plus que du terme bien clair de « nationaux-bolchevistes » !) ; mais,
sur le plan idéologique, il y avait là une sorte d’amalgame authentique
entre conceptions de « droite » et conceptions de « gauche ». Le
national-bolchevisme ne voulait être ni de droite ni de gauche. D’une
part, il proclamait la nation « valeur absolue », et, de l’autre, voyait
dans le socialisme le moyen de réaliser cette notion dans la vie du
peuple.
Moeller van den Bruck
fut le premier théoricien jeune-conservateur à professer de semblables
idées. C’est pour des raisons uniquement publicitaires qu’il a
intitulé son œuvre principale Le Troisième Reich, formule que devait
usurper par la suite le mouvement hitlérien. Moeller lui-même voulait
appeler son livre Le Troisième Parti. Son idée directrice était
l’inverse des théories hitlériennes. Moeller van den Bruck donnait un
fondement idéologique aux théories politiques du national-bolchevisme.
Partant du principe que « chaque peuple a son propre socialisme », il
essayait de développer les lignes principales d’un « socialisme
allemand » exempt de tout schématisme internationaliste. Le « style
prussien » lui paraissait l’attitude la meilleure ; aussi la position
de Moeller, se tournant vers l’Est, même sur le plan politique,
n’était-elle que la conséquence logique de cette parenté spirituelle.
Il voulait être « conservateur » par opposition à « réactionnaire », «
socialiste » par opposition à « marxiste », « démocratique » par
opposition à « libéral ». C’est ici qu’apparurent pour la première fois
des formules qui, par la suite, radicalisées, simplifiées et en partie
utilisées de façon sommaire, formèrent une sorte de base commune pour
tous les groupes nationaux-bolchevistes.
En dehors d’Oswald
Spengler et de son livre Prussianisme et socialisme[v], qui cessa très
vite de fasciner lorsqu’on en reconnut le caractère purement tactique,
deux intellectuels venus de la social-démocratie ont contribué à la
pénétration des idées socialistes dans les rangs de la bourgeoisie
jeune-nationale : August Winnig et Hermann Heller. Comme l’avait fait
jusqu’à un certain point le poète ouvrier Karl Broeger, Winnig et
Heller avaient noué des relations, à l’époque de la résistance dans la
Ruhr, avec le mouvement national de sécession dit de Hofgeismar, issu
du mouvement jeune-socialiste du SPD. Foi dans le prolétariat de Winnig
et Nation et socialisme de Heller furent le point de départ de
rencontres fécondes entre socialistes (qui avaient reconnu la valeur du
nationalisme) et nationalistes (qui avaient reconnu la nécessité du
socialisme).
Le « nouveau nationalisme »
En outre, même dans
le camp national de la « génération du front » s’élevèrent des voix
rebelles. D’abord dans le cadre du Casque d’Acier, puis en marge, enfin
avec la malédiction de ce mouvement, elles s’exprimèrent dans des
revues comme Standarte, Arminius, Vormarsch, Das Reich, opposant un «
nouveau nationalisme » au mouvement national patriotico-bourgeois, et
surtout à la NSDAP. Lorsque tout espoir fut perdu d’exercer une
influence au sein des grandes associations, des groupes et des partis,
ils s’opposèrent résolument à tous les mots d’ordre de « communauté
populaire ». « Nous en avons assez d’entendre parler de nation et de ne
voir que les revenus réguliers du bourgeois. Nous en avons assez de
voir mélanger ce qui est bourgeois et ce qui est allemand. Nous ne nous
battrons pas une seconde fois pour que les grandes banques et les
trusts administrent ’’dans l’ordre et le calme’’ l’état allemand. Nous
autres nationalistes ne voulons pas, une seconde fois, faire front
commun avec le capital. Les fronts commencent à se séparer ! » Pour la
première fois dans le mouvement social-révolutionnaire, la frontière
est franchie entre le « nouveau nationalisme » purement soldatique et
le véritable national-bolchevisme. Les mots d’ordre anti-impérialistes
en politique extérieure n’en étaient que la conséquence logique.
Le chef spirituel du «
nouveau nationalisme » était Ernst Jünger. D’abord connu pour ses
romans de guerre réalistes, il a ensuite tiré des résultats de la
première guerre mondiale, sa philosophie du « réalisme héroïque », qui
supprime le vieil antagonisme entre idéalisme et matérialisme. Par sa
vision du Travailleur, le Jünger « première manière » encourageait les
jeunes rebelles qui se tournaient vers le monde où sont en marche « la
domination et la forme » du prolétariat – bien qu’il ait expressément
élaboré la figure de ce travailleur en dehors des données sociologiques
–, après avoir, dans La mobilisation totale, analysé et déclarée
inévitable la venue d’un nouvel ordre social collectiviste. Jünger ne
faisait partie d’aucun groupe, était reconnu par tous, et publia
jusqu’en 1932 des articles dans beaucoup de revues représentant ces
courants.
La plate-forme sociale-révolutionnaire
Les théories
professées dans ces milieux étaient loin d’être toujours rationnelles.
Franz Schauwecker déclarait : « Il fallait que nous perdions la guerre,
pour gagner la nation ». On évoquait « le Reich », soit-disant
caractérisé par « la puissance et l’intériorité ». Mais le programme
comportait , à côté de la métaphysique , des points forts réalistes. On
approuvait la lutte des classes, certains – s’inspirant d’ailleurs
davantage des modèles d’auto-administration offerts par l’histoire
d’Allemagne que de l’exemple russe – prônaient le système des «
conseils ». On essayait de prendre contact avec les mouvements
anti-occidentaux extra-allemands : mouvement d’indépendance irlandais,
milieux arabes, indiens, chinois (une Ligue des peuples opprimés fut
opposée à la SDN !). On défendait énergiquement l’idée d’une alliance
germano-russe, on proclamait la nécessité d’une révolution allemande,
d’un front commun avec le prolétariat révolutionnaire. Toutes les
revendications radicales sociales-révolutionnaires avaient le même point
de départ : l’opposition au traité de Versailles. Ernst Niekisch
déclara un jour : « La minorité est décidée à renoncer à tout en faveur
de l’indépendance nationale, et même, s’il est impossible de l’obtenir
autrement, à lui sacrifier l’ordre social, économique et politique
actuel ».
Ces milieux
considéraient le national-socialisme comme « appartenant à l’Ouest ».
Le prussianisme, le socialisme, le protestantisme – et même, jusqu’à un
certain point, le néo-paganisme – furent utilisés contre le
national-socialisme et ses visées « à tendances catholiques et
Contre-Réforme », prétendait-on, visées qui faussaient le mot d’ordre
tant socialiste que national et l’infléchissaient dans le sens du
fascisme. Bien que, dans les dernières années avant 1933, la lutte
contre le mouvement hitlérien soit de plus en plus devenue l’objectif
principal des nationaux-révolutionnaires, l’opinion publique a
considéré à cette époque, précisément pour les raisons que nous venons
de dire, les tendances nationales-bolchevistes comme un danger réel
pour la République.
Le mouvement n’a
jamais été centralisé. Les différents groupes et journaux n’ont jamais
réussi à acquérir une cohésion réelle ; ils se sont cantonnés dans un
individualisme farouche, jusqu’au moment où Hitler les élimina tous en
les interdisant, et en faisant arrêter, exiler ou tuer leurs leaders.
Si l’« Action de la Jeunesse » contre le Plan Young eut du moins un
certain succès de presse, les groupes ne réussirent pas à se mettre
d’accord sur le choix de Claus Heim comme candidat commun aux élections
à la présidence du Reich. Il en fut de même, fin 1932, pour les
efforts en vue de créer un parti national-communiste unique.
L’intelligentzia anticapitaliste
En 1932, régnait
pourtant une inquiétude générale, et on se demandait – surtout dans la
presse bourgeoise – si les paroles d’Albrecht Erich Guenther ne
contenaient pas un peu de vrai : « La force du national-bolchevisme ne
peut pas être évaluée en fonction du nombre de membres d’un parti ou
d’un groupe, ni en fonction du tirage des revues. Il faut sentir
combien la jeunesse radicale est prête à se rallier sans réserves au
national-bolchevisme, pour comprendre avec quelle soudaineté un tel
mouvement peu déborder des cercles restreints pour se répandre dans le
peuple. » La formule menaçante de Gregor Strasser sur « la nostalgie
anticapitaliste du peuple allemand » continuait à tinter
désagréablement aux oreilles de certains, surtout à droite. 1932 était
devenu l’année décisive. La NSDAP et le parti communiste faisaient
marcher leurs colonnes contre l’état. Alors surgit brusquement du no
man’s land sociologique un troisième mouvement qui non seulement faisait
appel à la passion nationale, mais encore brandissait la menace d’une
révolution sociale complète – et tout cela avec un fanatisme paraissant
plus sérieux que celui du national-socialisme, dont les formules
semblaient identiques aux yeux d’un observateur superficiel.
Dans les milieux qui
n’avaient pourtant rien à voir avec les activistes des cercles
nationaux-révolutionnaires, apparurent brusquement des thèses
semblables, même si le langage en paraissait plus mesuré, plus objectif
et plus réaliste. La jeune intelligentzia de tous les partis, menacée
de n’avoir jamais de profession, risquait de plus en plus de devenir la
proie des mots d’ordre radicalisateurs, anticapitalistes et en partie
anti-bourgeois. Ces tendances se manifestèrent par la célébrité
soudaine du groupe Die Tat, réuni autour de la revue mensuelle du même
nom. Cette revue, issue de l’ancien mouvement jeunesse allemand-libre,
était dirigée par Hans Zehrer, ancien rédacteur chargé de la politique
étrangère à la Vossische Zeitung. Elle mettait en garde contre le
dogmatisme stérile des radicaux de gauche et de droite, et reprenait à
son compte les revendications essentielles des
nationaux-révolutionnaires. La revue soutenait les attaques de Ferdinand
Fried contre l’ordre capitaliste, et prenait parti, avec lui, pour une
économie planifiée et une souveraineté nationale garantie – l’autarcie
–, s’appropriant ainsi les mots d’ordre du mouvement hitlérien.
Ce «
national-bolchevisme modéré », s’il est permis de s’exprimer ainsi,
faillit devenir un facteur réel. Le tirage de Die Tat atteignit des
chiffres jusqu’alors inconnu en Allemagne ; l’influence de ses analyses
pondérées et scientifiques dépassa de loin celle des groupes
nationaux-bolchevistes traditionnels.
À un certain moment,
le général Schleicher commença à prendre contact avec les syndicats et
avec Gregor Strasser qui, depuis la disparition des «
nationaux-socialistes révolutionnaires » de son frère Otto,
représentait les tendances « de gauche » au sein de la NSDAP ; il
voulait asseoir dans la masse le « socialisme de général » pour lequel
il avait fait une propagande assez habile et dont le slogan
sensationnel était celui-ci : « La Reichswehr n’est pas là pour
protéger un régime de propriété suranné. » Die Tat s’appuya alors sur
cette doctrine. Zehrer prit la direction de l’ancien quotidien
chrétien-social Tägliche Rundschau et se fit le défenseur d’un
Troisième Front axé sur Schleicher. Après avoir, quelque temps
auparavant, lancé comme mot d’ordre à l’égard des partis existants le
slogan : « Le Jeune Front reste en dehors ! », ce « Troisième Front »
s’avéra une simple variante « réformiste » du Front anticapitaliste des
jeunes de la droite jusqu’à la gauche, représenté par les milieux
nationaux-révolutionnaires. Le renvoi brutal de Schleicher par le
Président Hindenburg mit également fin cette campagne.
Sous l’égide du drapeau noir
Les
nationaux-révolutionnaires n’avaient jamais travaillé la masse.
Quelques milliers de jeunes idéalistes s’étaient rassemblés autour d’une
douzaine et demi de revues et des chefs de quelques petits groupes.
Lorsqu’Otto Strasser fonda en 1930 son propre groupe, appelé par la
suite le Front Noir, les nationaux-révolutionnaires essayèrent de
prendre contact avec lui, mais y renoncèrent bientôt. Pas plus que le
Groupe Scheringer, le Groupe Strassser n’a jamais été vraiment
national-révolutionnaire. Mais le mouvement que Strasser déclencha
indirectement en quittant la NSDAP, provoqua beaucoup d’adhésions au
national-bolchevisme. Dès avant 1933, des groupes de SA et de Jeunesse
Hitlériennes ont été formés, dans quelques villes, sous l’égide –
illégale – des nationaux-révolutionnaires. Mais il s’agissait là de cas
isolés, et non de travail de masse.
Une seule fois, le
symbole des nationaux-révolutionnaires, le drapeau noir (Moeller van
den Bruck l’avait proposé comme emblème et tous les groupes
nationaux-bolchevistes l’avaient accepté) a joué un rôle historique
sous le régime de Weimar : dans le mouvement rural de
Schleswig-Holstein (qui avait des ramifications dans le Wurtemberg, le
Mecklembourg, la Poméranie, la Silésie, etc.). Claus Heim, un riche
paysan plein d’expérience, devint le centre de la défense des paysans
contre le « système » de Weimar. Alors des intellectuels
nationaux-révolutionnaires ont eu en mains l’éducation idéologique de
masses paysannes qui, naturellement, n’étaient pas du tout «
nationales-bolchevistes ». Bruno et Ernst von Salomon, et bien d’autres
encore, ont essayé, surtout dans les organes du mouvement rural, de
donner un sens « allemand-révolutionnaire » et dépassant les intérêts
locaux, aux bombes lancées contre les Landratsämter, aux expulsions des
fonctionnaires du fisc venus percevoir l’impôt dans les fermes, à
l’interdiction par la force des enchères.
Lorsqu’au cours du «
procès des dynamiteurs », Claus Heim et ses collaborateurs les plus
proches furent mis en prison, le mouvement perdit de sa force, mais la
police prussienne n’était pas très loin de la vérité lorsqu’au début de
l’enquête, méfiante, elle arrêta provisoirement tous ceux qui se
rendaient au « Salon Salinger » à Berlin, très nationaliste. Les hommes
qui y venaient n’étaient pas au courant des différents attentats, mais
ils étaient les instigateurs spirituels du mouvement.
Les groupes de combat nationaux-révolutionnaires
Alors que le Casque
d’Acier ne subissait pour ainsi dire pas l’influence des mots d’ordre
nationaux-bolchevistes, et que l’Ordre jeune-allemand, axé en principe
sur une politique d’alliance franco-allemande, manifestait à l’égard de
ces groupes une hostilité sans équivoque, deux associations moins
importantes de soldats du front, appartenant à la droite, se ralliaient
assez nettement à eux : le Groupe Oberland et le Werwolf. Le Groupe
Oberland avait fait partie au début du Groupe de combat allemand qui,
avec les SA de Goering, était l’armature militaire du putsch de
novembre 1923. Mais, dès le début, il n’y avait pas été à sa place.
Ernst Röhm raconte dans ses mémoires qu’il avait eu l’intention, à une
des premières « Journées allemandes », de saisir cette occasion pour
proposer au prince Rupprecht la couronne de Bavière. Mais les chefs du
Groupe Oberland, à qui il fit part de ses projets, lui déclarèrent
nettement qu’ils viendraient avec des mitrailleuses et tireraient sur
les « séparatistes » au premier cri de « Vive le roi » ; sur quoi
l’ancien chef de la Reichskriegsflagge dut, en grinçant des dents,
renoncer à son projet. Un autre exemple tiré de l’histoire des
corps-francs montre que l’Oberland était un groupe à part : lorsqu’après
le célèbre assaut d’Annaberg en 1921, le Groupe Oberland, sur le
chemin du retour, traversa Beuthen, des ouvriers y étaient en grève.
Comme, en général, les corps-francs étaient toujours prêts à tirer sur
les ouvriers, les chefs du Groupe Oberland furent priés de briser la
grève par la force des armes. Ils refusèrent.
Le corps-franc fut
ensuite dissout et remplacé par le Groupe Oberland, qui édita plus tard
la revue Das Dritte Reich. Très vite, les membres les plus importants
du groupe se rapprochèrent, sur le plan idéologique, des
nationaux-bolchevistes ; Beppo Römer, le véritable instigateur de
l’assaut d’Annaberg, adhéra même au groupe communiste de Scheringer. En
1931, les sections autrichiennes du groupe, relativement fortes,
élurent comme chef du groupe le prince Ernst Rüdiger von Starhemberg,
chef fasciste de la Heimwehr : les nationaux-révolutionnaires
quittèrent alors le groupe et, sous l’étiquette de
Oberlandkameradschaft, passèrent au groupe de résistance de Ernst
Niekisch, dont ils formèrent bientôt le noyau.
Un deuxième groupe de
défense reprit à son compte certaines théories du mouvement
national-révolutionnaire : le Werwolf (dans le Groupe de Tannenberg de
Ludendorff, des voix de ce genre étaient l’exception). Le Werwolf
modifia sa position pour deux raisons : premièrement, ce groupe
comptait dans ses rangs un nombre relativement grand d’ouvriers, qui
exerçaient une pression très nette en faveur d’un nationalisme «
non-bourgeois » ; deuxièmement, son chef, le Studienrat Kloppe,
éprouvait le besoin constant de se différencier des groupes plus
importants. Comme les « nouveaux nationalistes » étaient tombés en
disgrâce auprès du Casque d’Acier, de la NSDAP et du DNVP, le Werwolf se
rapprocha d’eux de façon spectaculaire. Lorsqu’Otto Strasser, après
avoir lancé son appel « Les socialistes quittent le Parti », fonda en
1930 le groupe du « véritable national-socialisme », Kloppe, dont les
idées coïncidaient pourtant parfaitement avec celles de Strasser, ne se
rallia pas à lui : il fonda un groupe dissident, appelé « possédisme
[vi]». Les membres du groupe, en majorité plus radicaux, ne prirent pas
trop au sérieux cette nouvelle doctrine, mais obtinrent que le bulletin
du groupe représentât en général, pour le problème russe comme sur le
plan social, le point de vue qu’avaient adoptés, en dehors des organes
déjà mentionnés, Der junge Kämpfer, Der Umsturz (organe des «
confédérés »), Der Vorkämpfer, (organe du Jungnationaler Bund, Deutsche
Jungenschaft), et d’autres encore. En 1932, le Werwolf décida
brusquement, de son propre chef, de présenter des candidats aux
élections communales, renonçant ainsi à son antiparlementarisme de
principe.
Typologie du national-bolchevisme
La plupart des
membres des groupes nationaux-révolutionnaires étaient des jeunes ou
des hommes mûrs. On y comptait aussi un nombre relativement élevé
d’anciens membres ou de militants appartenant aux associations de la
Jugendbewegung.
Aucun groupe
important de l’Association de la Jeunesse n’était en totalité
national-bolcheviste. Mais presque chaque groupe comptait des
sympathisants ou des adhérents des mouvements
nationaux-révolutionnaires. Les organes nationaux-révolutionnaires ont
exercé une action indirecte relativement grande sur les groupes et,
inversement, le monde romantique de la Jugendbewegung a influencé la
pensée et le style des nationaux-révolutionnaires.
Si l’on fait
abstraction du mouvement rural révolutionnaire, du Groupe Oberland et du
Werwolf, presque tous les groupes nationaux-bolchevistes ont intégré
certains éléments de la Jugendbewegung dans la structure de leurs
groupes : groupes d’élites basés sur le principe du service volontaire.
La minorité – mais très active – était composée d’anciens membres de la
jeunesse prolétarienne, d’anciens communistes ou sociaux-démocrates,
presque tous autodidactes ; la majorité comprenait des membres de
l’Association de la Jeunesse, d’anciens membres des corps-francs et des
associations de soldats, des étudiants – et des nationaux-socialistes
déçus à tendance « socialistes ». Seul le groupe Die Tat a recruté des
membres dans le « centre » politique.
Au fond, tous ces
jeunes étaient plus ou moins en révolte contre leur classe : jeunesse
bourgeoise désireuse de s’évader de l’étroitesse du point de vue
bourgeois et possédant, jeunes ouvriers décidés à passer de la classe au
peuple, jeunes aristocrates qui, dégoûtés des conceptions sclérosées
et surannées sur le « droit au commandement » de leur classe,
cherchaient à prendre contact avec les forces de l’avenir. Sous forme
de communautés d’avant-garde analogues à des ordres religieux, des
outsiders sans classe de l’« ordre bourgeois » cherchaient dans le
mouvement national-révolutionnaire une base nouvelle qui, d’une part,
fasse fructifier certains points essentiels de leur ancienne position
(éléments sociaux-révolutionnaires et nationaux-révolutionnaires de «
gauche » ou de « droite »), et, d’autre part, développe certaines
tendances séparatistes d’une « jeunesse nouvelle » dotée d’une
conscience souvent exacerbée de sa mission.
Les hommes qui se
rassemblaient là avaient un point commun : non pas l’origine sociale,
mais l’expérience sociale. Nous ne songeons pas ici uniquement au
chômage, à la prolétarisation des classes moyennes et des intellectuels,
avec toutes ses conséquences. Tous ces faits auraient dû, au cours de
la radicalisation générale des masses, mener au national-socialisme ou
au communisme. Mais, à côté de cette expérience négative, il y en avait
une positive : celle d’une autre réalité sociale – l’expérience de la
communauté dans le milieu sélectionné que représentaient les «
associations » de toutes sortes. En outre – il s’agissait, à quelques
exceptions près, des générations nées entre 1900 et 1910 – ces groupes
se heurtaient au mutisme des partis politiques existants, lorsqu’ils
leur posaient certaines questions.
Aussi le mouvement
national-révolutionnaire fut-il, pour tous ceux qui ne se rallièrent pas
aveuglément au drapeau hitlérien, une sorte de lieu de rassemblement,
un forum pour les éléments de droite et de gauche éliminés à cause de
leur sens gênant de l’absolu : collecteur de tous les activistes «
pensants » qui essayaient, souvent de façon confuse mais du moins en
toute loyauté, de combler l’abîme entre la droite et la gauche.
Tout cela a parfois
conduit à des excès de toutes sortes, à un certain romantisme
révolutionnaire, à un super-radicalisme trop souvent exacerbé (surtout
parce qu’il manquait le correctif d’un mouvement démocratique de
masse). Il n’en reste pas moins vrai qu’un certain nombre de jeunes
intellectuels de la bourgeoisie « nationale » ont été, grâce à cela,
immunisés contre les mots d’ordre contradictoires de la NSDAP. Même dans
les organismes militants du national-socialisme, le mouvement
national-révolutionnaire a rappelé à l’objectivité et suscité des germes
de révolte.
Cette vague de
national-bolchevisme allemand n’eut pas d’influence politique. La prise
du pouvoir par les nazis mit fin à ses illusions – et à ses chances.
Conclusion
Le
national-bolchevisme appartient aujourd’hui à l’histoire. Même ses
derniers adhérents, la résistance, si lourde de sacrifices, qu’ont
menée, dans la clandestinité, beaucoup de ses membres contre le régime
hitlérien, la brève flambée de tactique « nationale-bolcheviste »
inspirée par les communistes et dirigée par Moscou, tout cela n’est plus
que de l’histoire. Quelques-uns des nationaux-révolutionnaires les
plus connus ont capitulé devant le national-socialisme. Rappelons ici, à
la place de certains autres, le nom de Franz Schauwecker. Exécution,
réclusion, camp de concentration, expatriation, furent le lot des
résistants appartenant au mouvement national-révolutionnaire – et celui
de tous les adversaires de Hitler.
Comme exemple de
lutte active et clandestine sous le régime hitlérien, citons Harro
Schulze-Boysen, chef du Groupe des adversaires (de Hitler), et Ernst
Niekisch, l’un des rares qui, après 1945, « suivirent le chemin
jusqu’au bout », c’est-à-dire se rallièrent au SED. La plupart de ceux
qui représentèrent autrefois les tendances nationales-révolutionnaires
ont adopté des idées nouvelles : c’est le cas de Friedrich Hielscher et
du Ernst Jünger « seconde manière ». Ils ont continués à bâtir sur des
bases consolidées.
Lorsque le Front
National d’Allemagne orientale (pâle copie de la ligne « nationale » du
Parti communiste allemand représentée pendant la guerre par le Comité
National de l’Allemagne Libre de Moscou et l’Union des officiers
allemands du général von Seydlitz), le Mouvement des sans-moi[vii] et
la propagande en faveur de « conversations entre représentants de toute
l’Allemagne » cherchent à mettre en garde contre le mouvement
national-bolcheviste d’autrefois, ou au contraire se réfèrent à lui,
ils sont dans l’erreur la plus totale. D’autres réalités en matière de
politique mondiale ont créé des problèmes nouveaux – et des buts
nouveaux –.
Le compte-rendu –
incomplet – que nous avons essayé de faire ici ne tend ni à défendre ni à
démolir certaines prises de position de naguère. Les faits parlent
d’eux-mêmes.
Le
national-bolchevisme allemand de 1918 à 1932 a été une tentative
légitime pour former la volonté politique des Allemands. Personne ne
peut dire avec certitude si, arrivé à son apogée, il aurait été une
variante positive et heureuse, ou au contraire haïssable, de la révolte
imminente (inspirée par l’idée collectiviste) des générations
intermédiaires contre l’état bourgeois. Il s’est limité à des
déclarations grandiloquentes, en fin de compte pré-politiques : la
chance de faire ses preuves dans la réalité quotidienne lui a été
refusée.
La majorité de ses
représentants ont été des hommes intègres, désintéressés et loyaux, ce
qui facilite peut-être aujourd’hui, même à ses adversaires de naguère,
la tâche de le considérer uniquement, en toute objectivité et sans
ressentiment, comme un phénomène historique.
(Aussenpolitik d’avril 1952) Karl O. Paetel http://www.voxnr.com
NOTES :
Les annexes et notes suivantes sont dues au site Et puis après ? ( http://etpuisapres.hautetfort.com)
Annexes
Le texte complet du Traité de Versailles (1919) peut être consulté sur le site :
http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles.htm
Sur Karl Otto Paetel, on lira l’intéressant article de Luc Nannens, intitulé « K.O. Paetel, national-bolcheviste » et paru dans le N° 5 de la Revue VOULOIR, désormais disponible sur le site suivant : http://vouloir.hautetfort.com/archive/2010/10/10/paetel.html (augmenté de références bibliographiques et de renvois à des articles complémentaires sur le thème).
Nos lecteurs anglophones pourront également consulter, les « Karl M. Otto Paetel Papers » sur http://library.albany.edu/speccoll/findaids/ger072.htm#history. On peut y mesurer la « masse » des écrits de K.O. Paetel non traduits en français à ce jour.
Sur Claus Heim et le Landvolkbewegung, on consultera avec profit la thèse de Michèle Le Bars, Le mouvement paysan dans le Schleswig-Holstein 1928-1932. Peter Lang, Francfort sur Main / Berne / New-York, 1986 (une brève biographie de Claus Heim fait partie des documents en annexe) mais aussi Michèle Le Bars, Le « général-paysan » Claus Heim : tentative de portrait, in Barbara Koehn (dir.) La Révolution conservatrice et les élites intellectuelles. Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2003. Bien évidemment pour des versions romancées, mais faisant revivre les événements de façon saisissante, on lire La Ville, d’Ernst von Salomon et Levée de fourches, de Hans Fallada.
Sur le Groupe Die Tat : on peut lire l’article d’Alex[andre] M[arc] Lipiansky, paru dans La revue d’Allemagne et des Pays de langue allemande, N°60, du 15 octobre 1932, Paris, intitulé : « Pour un communisme national. La revue Die Tat. ». Cet article a été republié intégralement par le bulletin privé C’est un rêve, N°11, automne-hiver 1996, Marseille. Il est également disponible sur le site de la BNF : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5405292f.r=”die+t…. D’autre part, Edmond Vermeil, dans son ouvrage Doctrinaires de la révolution allemande 1918-1932, (Fernand Sorlot, Paris, 1938) consacre le chapitre IV au Groupe de la « Tat » (aperçus disponibles sur Google Livres).
Sur le groupe des Adversaires (Gegner) on peut lire l’article d’Alexandre Marc paru dans La revue d’Allemagne et des Pays de langue allemande, N°66, du 15 avril 1933, Paris, intitulé : « Les Adversaires (Gegner) ». Cet article a été republié intégralement par le bulletin privé C’est un rêve, N°12, automne-hiver 1996, Marseille. On peut aussi le retrouver sur Gallica (en cherchant bien !)
Annexes
Le texte complet du Traité de Versailles (1919) peut être consulté sur le site :
http://mjp.univ-perp.fr/traites/1919versailles.htm
Sur Karl Otto Paetel, on lira l’intéressant article de Luc Nannens, intitulé « K.O. Paetel, national-bolcheviste » et paru dans le N° 5 de la Revue VOULOIR, désormais disponible sur le site suivant : http://vouloir.hautetfort.com/archive/2010/10/10/paetel.html (augmenté de références bibliographiques et de renvois à des articles complémentaires sur le thème).
Nos lecteurs anglophones pourront également consulter, les « Karl M. Otto Paetel Papers » sur http://library.albany.edu/speccoll/findaids/ger072.htm#history. On peut y mesurer la « masse » des écrits de K.O. Paetel non traduits en français à ce jour.
Sur Claus Heim et le Landvolkbewegung, on consultera avec profit la thèse de Michèle Le Bars, Le mouvement paysan dans le Schleswig-Holstein 1928-1932. Peter Lang, Francfort sur Main / Berne / New-York, 1986 (une brève biographie de Claus Heim fait partie des documents en annexe) mais aussi Michèle Le Bars, Le « général-paysan » Claus Heim : tentative de portrait, in Barbara Koehn (dir.) La Révolution conservatrice et les élites intellectuelles. Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2003. Bien évidemment pour des versions romancées, mais faisant revivre les événements de façon saisissante, on lire La Ville, d’Ernst von Salomon et Levée de fourches, de Hans Fallada.
Sur le Groupe Die Tat : on peut lire l’article d’Alex[andre] M[arc] Lipiansky, paru dans La revue d’Allemagne et des Pays de langue allemande, N°60, du 15 octobre 1932, Paris, intitulé : « Pour un communisme national. La revue Die Tat. ». Cet article a été republié intégralement par le bulletin privé C’est un rêve, N°11, automne-hiver 1996, Marseille. Il est également disponible sur le site de la BNF : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5405292f.r=”die+t…. D’autre part, Edmond Vermeil, dans son ouvrage Doctrinaires de la révolution allemande 1918-1932, (Fernand Sorlot, Paris, 1938) consacre le chapitre IV au Groupe de la « Tat » (aperçus disponibles sur Google Livres).
Sur le groupe des Adversaires (Gegner) on peut lire l’article d’Alexandre Marc paru dans La revue d’Allemagne et des Pays de langue allemande, N°66, du 15 avril 1933, Paris, intitulé : « Les Adversaires (Gegner) ». Cet article a été republié intégralement par le bulletin privé C’est un rêve, N°12, automne-hiver 1996, Marseille. On peut aussi le retrouver sur Gallica (en cherchant bien !)
NOTES :
[i] Source :
Documents - Revue mensuelle des questions allemandes - no 6/7 -
juin-juillet 1952, pp.648-663 : Karl A Otto Paetel “Le
national-bolchevisme allemand de 1918 à 1932″. Il s’agit de la
traduction de l’article “Der deutsche Nationalbolschewismus 1918/1932.
Ein Bericht,” paru dans Außenpolitik, No. 4 (April 1952). [NDLR][ii] Karl Otto Paetel fait bien évidemment référence ici au livre de Lénine Le gauchisme, maladie infantile du Communisme : « Mais en arriver sous ce prétexte à opposer en général la dictature des masses à la dictature des chefs, c'est une absurdité ridicule, une sottise. Le plaisant, surtout, c'est qu'aux anciens chefs qui s'en tenaient à des idées humaines sur les choses simples, on substitue en fait (sous le couvert du mot d'ordre “à bas les chefs!”) des chefs nouveaux qui débitent des choses prodigieusement stupides et embrouillées. Tels sont en Allemagne Laufenberg, Wolfheim, Horner, Karl Schroeder, Friedrich Wendel, Karl Erler. » et plus loin : « Enfin, une des erreurs incontestables des “gauchistes” d'Allemagne, c'est qu'ils persistent dans leur refus de reconnaître le traité de Versailles. Plus ce point d e vue est formulé avec “poids” et “sérieux”, avec “résolution” et sans appel, comme le fait par exemple K. Horner, et moins cela paraît sensé. Il ne suffit pas de renier les absurdités criantes du “bolchevisme national” (Laufenberg et autres), qui en vient à préconiser un bloc avec la bourgeoisie allemande pour reprendre la guerre contre l'Entente, dans le cadre actuel de la révolution prolétarienne internationale. Il faut comprendre qu'elle est radicalement fausse, la tactique qui n'admet pas l'obligation pour l'Allemagne soviétique (si une République soviétique allemande surgissait à bref délai) de reconnaître pour un temps la paix de Versailles et de s'y plier. » (in Lénine, Œuvres complètes, Vol 31, p.37 et p. 70) [NDLR]
[iii] Le texte complet du « Programme » a été traduit par Louis Dupeux et joint aux documents accompagnant sa thèse Stratégie communiste et dynamique conservatrice. Essai sur les différents sens de l'expression « National-bolchevisme » en Allemagne, sous la République de Weimar (1919-1933), 2 volumes, Honoré Champion, Paris, 1976. [NDLR]
[iv] Sur Richard Scheringer, on consultera à profit l’article (en anglais) de Thimoty S. Brown, Richard Scheringer, the KPD and the Politics of Class and Nation in Germany: 1922-1969, in Contemporary European History, August 2005, Volume 14, Number 1
disponible sur le net :
http://www.history.neu.edu/faculty/timothy_brown/1/documents/Richard_Scheringer_and_the_KPD.pdf.
[v] Il existe une traduction française de ce livre : Oswald Spengler, Prussianisme et socialisme, Actes Sud, Arles, 1986.
[vi] Cf. Fritz KLOPPE, Der possedismus. Die neue deutsche wirtschaftsordnung. Gegen kapitalismus und marxistischen sozialismus; gegen reaktion und liberalismus., Wehrwolf-verlag, Halle, 1931
[vii] « Ohne mich-Bewegung » mené par Kurt Schumacher et dont les protestations seront portées par les syndicats, les intellectuels, les groupes chrétiens et les groupes féministes (en particulier la Westdeutsche Frauenfriedensbewegung).
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